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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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Certains peuvent offrir leurs désirs en justification de tous leurs crimes || SOLY VI :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Sofiane Rasak
Sofiane Rasak
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Lun 27 Déc - 10:05
Certains peuvent offrir leurs désirs en justification de tous leurs crimes
SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane

« Allons par cet immeuble, on devrait pouvoir filer facilement. » Sofiane acquiesce et les deux comparses filent dans la pénombre de la nuit. Cela aurait dû être une mission facile, une mission simple, un jeu d’enfant. On leur avait demandé de placer de nouvelles balises sur les toits afin de neutraliser les pouvoirs d’un plus grand nombre de sorciers ; d’apparence, tout aurait du très bien se passer mais les sorciers leur sont tombés dessus immédiatement. Le jeu d’enfant s’est transformé en une boucherie sanguinaire ; si le jeune syrien se contente de penser qu’il a fait son job en achevant ces monstres, l’air perdu de Charly indique le contraire. Sofiane ignore si c’est parce qu’elle est choquée à cause de l’attaque ou si c’est à cause de ce qu’elle a du faire : peut-être un peu des deux. Sofiane, quant à lui, est serein. Il n’a qu’une idée en tête, sortir de ce merdier afin de ne pas risquer davantage sa vie et celle de Charly, le reste n’a au final aucune importance. Il retournera placer les balises plus tard. L’ancien militaire se pose mille et une question, se demandant pourquoi cela a mal tourné : il avait pourtant pris ses précautions, fait attention et il était resté sur ses gardes. Sofiane est en homme entraîné au combat, il a appris à réagir aux situations de stress et d’angoisse, il a appris à choisir la meilleure option de survie et à tuer sans ressentir la moindre honte. Mais ce soir, les dés en ont décidé autrement rien n’a fonctionné comme d’habitude. Comme lorsqu’ils sont partis en mission avec Olivia, celle-ci s’est soldée par un échec. Arrivant à la conclusion que la présence des jeunes femmes l’empêche d’agir comme il le ferait s’il était en solo, Sofiane se promet de faire cavalier seul à partir de maintenant. Pourtant, Charly l’a sauvé. Mais il ne saura jamais si elle aurait eu besoin de le faire s’il avait agi différemment. C’est ce qui le préoccupe en réalité ; s’être inquiété pour elle lui a fait prendre des risques inconsidérés. Devoir regarder en arrière, devoir prendre soin de l’autre : tout cela l’a ralenti et Sofiane sait que son attachement pour la jeune femme dépasse son égoïsme permanent. Il jure dans sa belle langue natale tandis qu’il aide Charly à descendre du dernier balcon. Même si la hauteur est franchement dérisoire, Charly semble ailleurs, perdue, décontenancée. La pénombre de la nuit dissimule un peu son visage mais les lampadaires ne parviennent pas à cacher la pâleur de sa peau de porcelaine. « Viens. » dit-il en lui prenant doucement le bras. Charly n’oppose aucune résistance alors qu’il la pousse dans le dos, prêt à intervenir si elle se sent chancelante. Le degré de leurs blessures est similaire mais Sofiane semble mieux encaisser le choc, probablement parce qu’il n’est pas aux prises d’un violent dilemme intérieur, il a l’esprit tranquille. Charly non. Conscient de cela, se refusant à la laisser seule, ils marchent quelques minutes dans le silence et la jeune femme ne demande à aucun moment leur destination jusqu’à ce qu’il arrive dans un quartier reculé et que Sofiane pousse la porte d’un immeuble. S’engouffrant dans l’ascenseur, sa tête se repose contre le métal froid et lui apporte un réconfort certain alors qu’il appuie sur le numéro 5. Grimpant les étages, Sofiane entraîne Charly jusqu’à la porte de son appartement et alors qu’il met la clé dans la serrure, il se dit qu’elle n’est jamais venue ici.

L’appartement est austère, impersonnel. On pourrait presque croire à un logement loué pour la nuit. Rien ne traîne, rien ne laisse penser que Sofiane vit ici. Tout est à sa place. Seule sa sacoche de photographe posée négligemment sur la table pourrait donner un indice sur le propriétaire des lieux. Aucun meuble n’est superflu et Sofiane est tout à fait conscient de vivre là où personne ne souhaiterait vivre mais il n’en a strictement rien à faire. Peu lui importe le confort relatif de cet appartement. Sofiane a fait de la prison, il a connu les pièces exiguës et insalubres, le manque d’intimité et d’agrément alors louer un F2 avec une chambre et une salle de bain séparées fait office de palace. Sofiane n’a rien, il se contente donc de peu. Il regarde Charly, s'attarde sur le sang qui orne ses vêtements, son visage ; un pli soucieux se crée sur son front et il la dirige vers la salle de bain. Le silence, c’est ce qui semble caractériser le mieux la situation mais celui-ci n’est absolument pas gênant pour Sofiane. Il force Charly à s’asseoir sur le rebord de la baignoire avant de faire couler de l'eau chaude dans le bain et d’attraper la trousse de secours. Sofiane retire son pull gris tâché de sang et se rend compte pour la première fois de l’étendue de ses propres blessures qu’il avait sciemment négligé le temps d’arriver jusqu’ici. Les bleus, les contusions, les marques commencent déjà à décolorer sa peau basanée mais celles-ci sont encore plus visibles chez Charly. Il l’aide à retirer son manteau et alors qu’elle est en tee-shirt, il perçoit l’étendue des dégâts. « Fais voir. » dit-il simplement tandis qu’il s’agenouille à ses côtés, inspectant chaque parcelle de cette peau qu’il a si souvent touchée. Sofiane n’a aucune idée de ce qu’il est en train de faire et décide de ne rien dire ; maintenant qu’ils sont en sécurité, il se rend compte d’une chose : Charly est là auprès de lui et il ne sait pas s’il a envie de l’embrasser ou de l’étrangler. Maintenant que leurs vies sont sauves, tous les sentiments contradictoires et ambivalents qu’il a pu ressentir ces dernières semaines remontent à la surface. L’état confusionnel dans lequel il plonge la tête la première ne l’aide pas vraiment à y voir plus clair.
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Mer 29 Déc - 0:03


Certains peuvent offrir leurs désirs
en justification de tous leurs crimes
Soly VI


En me rendant à cette mission, je n’avais pas imaginé ce qu’il allait arriver. Je pensais simplement  poser des balises en pratiquant mon sport préféré. Il y avait toujours une part de risque bien sûr, mais les mettre sur les hauteurs de la ville devait être une nouvelle stratégie pour mieux les dissimuler. Ils n’auraient pas dû se trouver là. Cela faisait si peu de temps que cette méthode avait été décidée… Ils nous étaient tombés dessus à plusieurs reprises. Tant et si bien que je n’arrivais même plus à compter le nombre de cadavres qui avaient été abandonnés sur les toits. Enfin, il y en avait particulièrement un que je n’oublierais jamais. J’avais agi pour sauver Sofiane. Il était en prise à une terrible souffrance, sous le joug de ce type qui usait d’un puissant sortilège. Comment aurais-je pu faire autrement ? Si je n’avais pas appuyé sur cette gâchette, Sofiane ne serait certainement pas debout à côté de moi. Je ne parvenais pas à comprendre le sentiment qui m’envahissait. Je ne me sentais pas triste finalement de l’avoir tué. C’était quelque chose de différent. C’était le fait de l’avoir fait avec cette volonté farouche de l’achever, avec cette satisfaction de l’avoir vu tomber à terre suite à mon geste. Je n’avais jamais donné la mort. Volontairement du moins. A dire vrai, je me doutais bien, dans le fond, que lors de certaines missions, des sorciers que je croisais avaient perdu la vie à cause de moi. Durant leurs attaques, je me défendais, ne cherchant pas à les tuer, mais à me sauver. Ce soir… J’avais attaqué cet homme par-derrière. Pas pour moi, mais pour Sofiane. J’étais certes blessée, mais en dehors du dernier type qui m’avait plaquée au sol et qui avait voulu me piquer, je m’étais débarrassée de ceux qui m’avaient combattu. A ma façon… L’image de Sofiane venant achever l’un d’entre eux me revenait en tête. Sa phrase. Cet exemple qu’il n’avait pas choisi au hasard en parlant de mes frères. J’avais tué pour lui. De quoi serais-je capable pour eux ? De tout. Du pire. Et c’était ce qui me terrifiait. En quoi étais-je meilleure que ces sorciers si j’agissais comme eux ? En quoi je servais mon pays et mes semblables en ressentant cette étrange satisfaction ? J’ai tué un homme ce soir. Je ne suis pas indifférente comme semble l’être Sofiane. Je ne suis pas insensible. Je devrais. Ils ne m’auraient sûrement pas épargnée s’ils en avaient eu l'occasion, non ?

Je m’accrochais aux raisons qui m’avaient poussée à rejoindre les Blood Circle. Les sorciers qui avaient fait écrouler le pont sur lequel je me trouvais quand j’étais enfant. Celui qui avait achevé mes parents alors qu’ils tentaient de me sauver. Doryan qui avait subi les flammes de ces démons. Alice qui s’était retrouvée à leur prise… Je suis dans une étrange dualité, entre la non-culpabilité et l’impression que j’ai fait ce qu’il fallait. Ce qui me perturbe le plus, c’est l’acte. Le fait d’avoir agit sur un coup de tête, sans réfléchir, de l’avoir avec toute la volonté dont étaient capables mes tripes. Je repense à Jonas quand il me disait être mal tandis qu’il avait sûrement tué un sorcier. Je me souviens lui avoir répondu qu’il avait dû se défendre, que c’était normal. Qu’il ne devait pas s’en vouloir. Évidemment ce n’était pas si facile… Je jetais un regard à Sofiane alors que nous descendions d’un immeuble. Il m’aidait même à le faire. D’habitude, je l’aurais certainement envoyé promener. Là, je me contentais de le suivre sans même réfléchir.

Le silence enrobait nos pas tandis que la nuit berçait notre avancée. Nous semblions bel et bien débarrassés de ces monstres. Aucun d’eux n’avait popé dans les airs pour nous tomber à nouveau dessus. Finalement, nous nous arrêtions devant un immeuble que je ne connaissais pas du tout. Je comprends que nous venons d’arriver chez lui alors que nous nous engouffrons dans un ascenseur. Un sentiment de sécurité m’envahit, laissant derrière nous la folie de ce que nous avons vécu. Mes prunelles azurées s’attardent sur le profil du Syrien. Heureusement, nous ne croisons personne. Vu notre état, il y aurait de quoi faire peur. Je sors petit à petit de mes pensées, tente de me reconnecter à la réalité. Mon regard erre sur l’appartement de Sofiane. Plus impersonnel, impossible. Il n’y a rien. Pas de photo, pas de décoration. Rien. C’est presque angoissant. Je le suis encore une fois alors qu’il me dirige vers la salle de bain. Qu’est-ce que je fais là ? Il y a encore trois heures, je me disais l’avoir rayé de mon existence. Nous ne nous parlions plus depuis des semaines. Comme quoi, une petite attaque de sorciers et ça repart. Je soupire alors qu’il me force à m’asseoir. « Ca va Sofiane, je suis encore capable de me retirer mes fringues toute seule. » Soufflais-je, tout en passant mon sweat par dessus ma tête. Des seringues anti-magie tombent au sol, s’échappant de la poche ventrale. Je les observe quelques secondes me demandant ce que cela aurait pu me faire d’avoir ça dans les veines. Je détache le gilet anti-magie qui me rappelle un peu trop mes années passées sur le front pour mes reportages. Sofiane se met à regarder mes blessures. Des éraflements sur les bras, les genoux. Certainement des ecchymoses ne tarderont pas à marquer ma chair également. « C’est rien… J’ai survécu à un loup-garou alors, ça, c’est la nioniotte. » Je tente de dédramatiser la situation, car je sens que Sofiane est tendu. Est-ce que la trêve est terminée ? Va-t-il finalement me noyer dans sa baignoire après tous ces efforts pour survivre mutuellement à cette folle attaque ? Je penche légèrement vers lui. « C’est toi qui as failli mourir ce soir, pas moi. » murmurais-je. Je lève ma main abîmée vers son visage marqué par la fatigue et caresse sa joue. Mon regard plonge dans le sien. « J’ai tué un homme pour toi. » Mes doigts s’immobilisent, mes prunelles survolent ses lèvres. Ma respiration se coupe. Mon assassine s’accroche à sa nuque.

Ma bouche s’écrase sur la sienne.

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Sofiane Rasak
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Mer 29 Déc - 18:55
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SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane

Cela aurait dû être de la routine. Simple et facile. Il suffisait pourtant de grimper et de placer les balises à l’endroit indiqué par le Blood Circle. Il n’y avait rien de plus facile que cela en apparence. Sofiane et Charly étaient habitués à grimper en hauteur ; Charly pratiquait le FreeRun depuis des années, Sofiane depuis beaucoup moins de temps qu’elle mais il avait atteint en quelques mois un niveau vraiment intéressant et cela uniquement dans le but de se rapprocher de Charly. Cette fixette malsaine s’est accentuée au moment même où il l’a revu lors de son intronisation au sein du Cercle. Dès lors, il avait pourtant tenté de mettre un frein à ses envies morbides et s’était rabattu sur le FreeRun. Sofiane se connait, il est perfectionniste et il savait que cela serait un moyen de retarder le moment de lui parler à nouveau ; mais Sofiane étant ce qu’il est c’est-à-dire doué en tout et parfait LOL, il ne lui avait pas fallu des années pour maîtriser cet art complet ; les années d’entraînement militaires et un entretien régulier à la salle de sport du centre pénitencier l’avait bien conservé. La souplesse, il l’avait déjà avant ; il n’avait finalement fallu qu’apprendre comment grimper et comment bien tomber. Et puis finalement, le FreeRun était également un avantage considérable lors de combats, et plus sobrement, dans son travail en tant que photographe puisqu’il lui permettait de capter des images absolument magnifiques à des endroits où d’ordinaire personne n’allait jamais. Alors placer des balises en haut d’immeuble, cela aurait dû être du gâteau. Une putain de part même. La possibilité qu’ils soient attaqués par des sorciers avait effleuré l’esprit de Sofiane mais il n’avait pas imaginé que cela puisse arriver ; la mort de leur leader les avait tenus à distance et depuis presque un mois, le Cercle était tranquille : pas d’attaques, pas de morts, pas d’embuscade. Il allait falloir remettre à zéro les jours sans incident. Sofiane et Charly ne sont pas morts mais ils auraient pu. Sofiane aurait pu mourir. Charly s’en est admirablement bien sortie et dans un autre contexte, le syrien aurait été fier d’elle. Néanmoins, il n’avait pas oublié la raison pour laquelle il était si désagréable avec elle au début de la mission.

Ce qu’il s’est passé dans le bar a remis Sofiane en question, l’a remis en question sur sa manière d’asseoir son emprise sur elle. Il n’est pas du genre à accepter qu’on lui file entre les doigts ainsi même s’il s’y était attendu. Il n’y avait au final que deux choix possibles en réalité : soit elle revenait, soit elle mourrait mais apparemment on peut pas tuer un autre personnage donc du coup elle va revenir hein loulou on est d’accord ? parfait. Sofiane avait pesé le pour et le contre des dizaines de fois : si elle ne voulait pas être avec lui, elle ne serait avec personne. La réponse lui est apparue clairement et s’il n’avait encore eu le temps d’assouvir ce besoin irrépressible de la tuer, c’est surtout parce qu’il avait été très occupé. Alors qu’il l’accompagne à son appartement, cette idée lui trotte dans la tête telle une litanie sans fin, sans savoir ce qu’il allait faire, sans avoir s’il allait pouvoir mettre son plan à exécution. Assassiner Charly maintenant serait simple et facile comme la mission mais le Cercle savait qu’il était avec elle ce soir, cela occasionnerait trop de questions indélicates, et ça, Sofiane le comprend. Alors qu’il fait entrer Charly dans son appartement, il se raisonne, préférant simplement tâter la température ; le reste peut bien attendre encore un jour ou deux. Ils viennent de vivre une expérience qui -pour tout à chacun- peut s’avérer traumatisante. Pour autant, pour Sofiane, ce n’est que la routine. Pour Charly, c’est nouveau et les pensées incroyablement perverties du jeune homme espèrent qu’un jour elle aimera ça. Tuer, donner la mort, donne à Sofiane un sentiment d’impunité innommable : dans le creux de sa main, il peut décider qui vit et qui meurt. A partir du moment où il a commencé à tuer à la guerre, il n’a plus su s’arrêter. Ce n’est qu’un combat de plus, un besoin supplémentaire afin d’assouvir ses besoins pathologiques.

Il emmène Charly vers la salle de bain et maintenant qu’ils sont seuls entre quatre murs et que le silence les englobe, l’esprit de Sofiane se demande s’il ne doit pas mettre immédiatement sa menace à exécution. L’étrangler maintenant serait d’une facilité déconcertante. Elle bougonne, comme à son habitude, lorsqu’il l’aide à retirer son sweat. Refreinant l’envie de lui en coller une, il se contente de souffler fortement à son tour, exprimant son exaspération face à son comportement immature. Il veut l’aider, elle rechigne ? Sofiane n’a jamais connu plus ingrate que cette fille. Il se concentre sur ses blessures mais elles ne sont que superficielles comparativement à celles qu’elle avait après ce qu’il s’est passé dans la forêt. Alors que Sofiane repense à cette nuit où il a bien failli mourir d’une hémorragie interne, il se dit qu’ils s’en sortent bien au final. Charly doit songer la même chose car elle se contente de dire que ce ne sont que de petites blessures. « Oui, c’est rien. Tu vas t’en remettre. » dit-il calmement. Sofiane attrape tout de même sa trousse de secours et sort des crèmes cicatrisantes à mettre sur ses blessures mais Charly n’a pas l’air de cet avis. Elle se penche vers lui et lui dit qu’il a failli mourir cette nuit. Il relève ses yeux sombres vers elle et le fixe si intensément afin de savoir ce qu’elle pense vraiment. La peur ou la déception ? Aurait-elle préféré qu’il meurt là-bas ? Probablement que non puisqu’elle est venue à son secours. Sa main vient trouver sa joue, Sofiane frissonne sans s’en rendre compte et fronce les sourcils, ne comprenant pas où elle veut en venir. « J’ai tué un homme pour toi. » Peut-être échappera-t-elle à la mort finalement. N’était-ce pas là la marque de son attachement à son égard ? Le début de la descente aux enfers et de ce qu’elle pourra faire pour lui si jamais il le lui demandait ? Peut-être. Il chuchote : « Moi aussi. » Lui aussi a tué pour elle en décidant d’achever les autres sorciers. Ils avaient vu son visage, ils avaient vu à quoi elle ressemblait, ils étaient dangereux. Ils ne l’auraient peut-être jamais lâchée. Alors il a tué. Froidement. Sans aucun scrupule. Et j’en fais pas toute une histoire pense-t-il mais avant qu’il n’ait le temps de réagir autrement, les doigts de Charly s’agrippent à sa nuque et sa bouche s’écrase sur les lippes du syrien. Sans comprendre ce qu’il fait, retrouvant la sensation grisante ressentie au bar alors qu’il la plaquait contre le mur, Sofiane attrape ses hanches et la soulève pour la coller avec avidité contre lui. Un air de déjà-vu se rappelle à lui, comme la première fois qu’ils ont couché ensemble sur le toit, elle installée sur lui, lui souhaitant assouvir un désir incommensurable. Sans plus de cérémonie, leurs langues se fouillent et Sofiane accentue le ballet délicieux qui les anime tandis que ses mains effleurent la peau de la jeune femme, s’attardant sur ses blessures, sur les cicatrices de son épaule, sur chaque grain de peau qu’il connait désormais si bien. Il quitte ses lèvres pour déposer d’ardents baisers sur l’épiderme recouvrant sa clavicule, ses doigts venant pétrir les courbes de sa poitrine et déclenchant chez lui la réaction la plus naturelle pour un homme. Il capture à nouveau sa bouche au bout d’un moment et des pensées concupiscentes s’installent en lui. Alors qu’il s’imagine déjà la prendre tout de suite sur le sol de sa salle de bain, Sofiane rompt le baiser d’une manière absolument inattendue et sans aucune douceur. Sans aucune transition, il dit : « C’est plus à laisser maintenant ? » Ces mots lui rappelleront probablement la décision qu’elle a prise dans ce putain de bar. Il la repousse sur le carrelage et s’assoit dos contre la baignoire, fermant les yeux, passant sa main dans sa chevelure sombre. « En fait c’est quand t’as décidé et quand t’as envie c’est ça ? » dit-il sèchement. « Mais c’est pas vraiment comme ça que ça fonctionne en fait. » Plaçant ses pions, Sofiane se refuse à lui offrir ce qu’elle demande, surtout pas comme ça. Il doit maîtriser la partie, pas l’inverse. « Je joue pas Charly, pas comme ça. Je ne comprends pas ce que tu veux. »
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Mer 29 Déc - 23:47


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Ce n’était pas la première mission que je réalisais, mais peut-être l’une des plus chaotiques. Surtout lorsqu’elle n’était pas censée tourner de cette façon. Qu’il n’y avait pas de logique à ce que cela se soit passé ainsi. Visiblement, les sorciers commençaient à repérer certaines de leur ruse et cela les mettait en danger. Le rapport qu’ils allaient adresser aux Représentants du Blood Circle n’allait pas révéler de bonnes surprises. Ils avaient au moins réussi à s’échapper de là en vie, sans en attirer d’autres. Ils avaient aussi pu récupérer les balises qu’ils n’avaient pas mis en place. Cela limitait les dégâts matériels. Concernant ceux qui martelaient mon esprit depuis que nous nous étions enfuis, c’était une autre histoire. Pourquoi avais-je tué ce type ? J’aurais tout simplement pu le blesser, le paralyser juste assez pour le mettre sur la touche. Comme je l’avais toujours fait. Mais non, cette fois, quelque chose m’avait poussé à aller plus loin, à aller contre mes convictions. J’avais agi de façon irrationnelle et pourquoi ? Parce que j’avais eu peur qu’il meure. Elle était là la vérité. Ces cris de douleurs résonnaient encore dans mon esprit. J’étais persuadée que ce sorcier allait l’achever et qu’il prenait un malin plaisir à le faire souffrir. J’ai voulu que cela cesse. J’ai souhaité le mettre à terre. Le tuer. Pour Lui. Parce que malgré tout ce que je pouvais me marteler en tête, je m’étais attachée à lui, à nos petites habitudes et cela m’avait terrifié. L’idée qu’il pouvait peut-être remplacer Timothy était inacceptable. Je cachais depuis tellement d’années derrière cette désinvolture, cette liberté sensuelle que c’était difficile d’admettre qu’au fond de moi, une part de mon être avait eu envie de lui dire ‘à prendre’.

Assise sur le rebord de sa baignoire, je me demande ce que je fais là. Je suis perdue. Entre ce qu’il s’est passé ce soir et nos derniers échanges dans ce bar. Nous ne nous étions plus parlé durant des semaines. D’ailleurs si ces créatures sorcières n’étaient pas arrivées, nous ne nous serions certainement pas adressé la parole de la soirée. Il me faisait redouter cette impression de prison. Sa réaction avec Jonas ne laisse aucune place au doute. Si je pouvais accepter l’idée d’avoir une sorte de relation exclusive avec Sofiane, je ne pouvais pas faire une croix sur ma vie, mes amis. Si je voulais voir Jonas ou encore Tac, je devais pouvoir le faire sans subir de crise existentielle. Mais peut-être que ce n’était que la colère qui avait parlé ce soir pour Sofiane ? Qu’il pouvait en être autrement ? Je n’en savais rien.

C’est avec l’esprit confus que je me retrouvais, la main sur sa joue, cherchant à comprendre ce qu’il se passait. « Moi aussi. » Est-ce que c’était une façon malsaine de se dire qu’on tenait l’un à l’autre ? Sans réfléchir davantage, je l’embrasse. Me fichant de ces dernières semaines, de ce silence entre nous. Je cède à cette pulsion qui m’appelle, à ce besoin de goûter à nouveau ses lippes, de venir caresser sa langue de la mienne. C’est grisant, étourdissant. Je me laisse attraper et glisser sur lui. Son empressement embrase mon échine à mesure que ses mains ne couvrent mes courbes. Une passion brute et brutale qui m’enlise dans son sillon. Un baiser farouche et exaltant alors que je me colle davantage à lui, mes bras s’accrochant autour de son cou. Je sens son entrejambe enflé et j’accentue ce contact entre nous d’un mouvement de hanches. Ses lèvres quittent les miennes et mon visage bascule en arrière. J’en oublie tout. Jusqu’à ce dernier baiser qu’il interrompt. Les paroles qui suivent me laissent silencieuse. L’instant d’après, il me repousse, me désarçonnant l’espace de quelques secondes. Tandis qu’il garde les yeux fermés et qu’il parle, je me relève pour couper l’eau qui coule dans la baignoire. Mon myocarde s’embrase au creux de ma poitrine. Je sens encore ses mains et ses lèvres sur chaque parcelle de ma carcasse. Je souffle à ses paroles. Qu’est-ce que ça me coûte d’essayer ? « Je joue plus… » murmurais-je. Je retire mon t-shirt, grimaçant légèrement, les douleurs s’éveillant petit à petit. « Je suis allée contre tous mes principes Sofiane ce soir. Pour te sauver. Parce que ça m’a rendue folle de voir ce mec te faire du mal à ce point. » Je laisse tomber mon legging le long de mes jambes. « J’aurais pu que le blesser pour le neutraliser, mais ma colère m’a poussé à lui exploser la tête… » Je retire mes sous-vêtements et enjambe le rebord de la baignoire. « Je prends Sofiane. » Je me glisse dans l’eau et profite des biens faits de la chaleur qui épouse ma carcasse qui se fait douloureuse. Je cherche du regard celui du Syrien. Un sourire s’installe doucement mes lippes avant que je n’ajoute. « Ferme la Sofiane. T’as dit que tu devais me remercier, non ? » Je m’étire de façon aguicheuse. S’il me rejette et bien tant pis. Ca serait le jeu. Un signe que je n’aurais pas du céder et que je ne le ferais plus jamais.

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Sofiane Rasak
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Jeu 30 Déc - 10:51
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SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane
La mission étant un échec cuisant, quelle autre solution restait-il à Sofiane en dehors de rentrer chez lui ? Il aurait pu se rendre au quartier général du Blood Circle, il aurait pu exiger un médecin pour soigner leurs quelques blessures mais une solution plus chaotique s’est imposée à lui plus aisément. La rage, la fureur, l’exaltation qu’il a ressenti pendant les quelques semaines où Charly était loin de lui revient immédiatement en pleine figure, comme le retour du boomerang qui n’a pas fini de trancher la tête de ses assaillants. Charly était la gangréné qui affectait son système défensif, qui affaiblissait ses capacités de réflexion et qui obscurcissait son jugement. Depuis qu’il la connaissait, sa vie n’était plus qu’une succession d’erreurs. Sa blessure dans la forêt ? Sa faute. La mission avec Olivia ? Sa faute. Ce qu’il s’est passé avec Garnet à Charlestone il y a quelques jours ? Sa faute. De près ou de loin, pour Sofiane, tout est de la faute de la jolie blonde. Elle l’obsède. Elle l’obsède tellement qu’il songe à elle-même lorsqu’il ne le faut pas et que cela l’empêche d’être aussi réactif qu’il le devrait. Pour autant, Sofiane le sait, tout cela ne représente que les prémices d’un attachement houleux et déviant. Tout chez Sofiane n’est que déviance, rien n’est jamais simple avec lui ; tout est sujet à interprétation, chacun de ses mots, de ses gestes ne sont jamais aussi clairs qu’avec un autre et il le sait. Il s’en fiche. Cela a toujours été comme ça ; s’il est en vie aujourd’hui, c’est aussi parce qu’il a cette capacité d’adaptation à toute épreuve, c’est aussi parce qu’il se contente de survivre sans regarder les sillons sanglants qu’il laisse derrière lui. Une vie n’a aucune valeur à partir du moment où cela n’est pas la sienne. Ou celle de Charly. Celle de Charly n’a de la valeur qu’au regard de la dépendance qu’il a développé à son égard, qu’au regard de l’emprise qu’il cherche à avoir sur elle. L’emmener dans son appartement n’est qu’une marque supplémentaire de son inconséquence, des pensées trop maladives qui l’assaillent, de besoins trop primaires à assouvir. Son cœur bat la chamade alors qu’il l’emmène jusqu’à la salle de bain, ne sachant pas bien ce qu’il allait bien pouvoir y faire ; laisser ses pulsions l’envahir ? Mais quelles pulsions ? Celles qui seront irrémédiables en prenant la vie de Charly sur le champ ou celles plus socialement acceptées en forniquant à même le sol ?

Alors que Sofiane est en proie à un violent débat intérieur, Charly décide de clore celui-ci en posant ses lèvres contre les siennes. Retrouvant pendant quelques instants les sensations délicieuses et la passion dévorante qui les animaient lorsqu’ils unissaient leurs corps sur le toit de la bibliothèque, un long frisson parcourt la colonne vertébrale du syrien, en oubliant ses blessures et les douleurs liées à celles-ci. Rien ne compte plus que le contact exaltant de leurs lèvres, de ses doigts qui découvrent à nouveau ses courbes, des mouvements que Charly entreprend pour le rendre dingue. Mais la raison -qui l’eut cru ?- s’empare de Sofiane qui la repousse sans crier gare, sans effet d’annonce. Il doit reprendre le contrôle de la partie, cesser de subir ainsi. Ce n’est pas comme ça que cela fonctionne, ce n’est pas comme ça qu’il conçoit leur relation. Sofiane garde un goût amer de leur dernière discussion où il a eu l’impression de perdre pied ; pour lui tout était clair. Ils couchaient ensemble régulièrement, elle lui appartenait. Point. Il n’y avait pas d’autres alternatives possibles, pas d’autres réponses possibles à donner. Mais Charly ne semblait pas l’entendre ainsi, continuant de flirter avec d’autres hommes que Sofiane se serait empressé de tuer s’il en avait eu l’occasion. Il avait défoulé sa rage sur d’autres sorciers emprisonnés au Blood Circle après cela, tentant vainement d’extérioriser sa colère de manière constructive, mais Charly lui revenait en tête bien trop souvent à tel point qu’il avait songé à l’éliminer elle aussi.

Lui rappelant qu’au bar, elle avait elle-même décidé de mettre un terme à leur relation particulière, Sofiane veut une réponse. Une réponse précise et claire. Il refuse de rester dans cet amas d’incertitude, à attendre quelque chose qui ne viendra pas. Soit elle est avec lui, soit elle ne l’est pas. Soit elle vit, soit elle meurt. Voilà l’ultimatum qu’il consent à lui offrir. « Je joue plus… » Sofiane réouvre les yeux à ses mots, la regardant fixement, attendant la suite. Va-t-elle sombrer ? Enfin ? Alors ainsi, la folie l’a envahi lorsqu’elle l’a vu souffrir ? Cette douleur était intense, sévère, intolérable ; Sofiane a cru mourir et pourtant, il recommencerait sans hésiter. Il vient de trouver un angle d’attaque, l’angle qui lui manquait pour faire succomber la jeune femme. La peur. C’est ainsi qu’il pourra tenir Charly, par la peur de le perdre. Alors que les pensées de Sofiane s’obscurcissent, ses yeux s’activent à regarder sans vergogne la jeune femme se déshabiller et il tente de garder contenance alors que tout son corps la désire ardemment. Encore plus maintenant qu’il sait. La colère. La colère l’a forcée à agir ainsi et Sofiane s’en contentera. La colère est un bon moteur, le moteur qui régit la plupart des actes du syrien. « Je prends Sofiane. » Un sourire carnassier s’installe sur ses lèvres, symbole de sa victoire. Une victoire qu’il savourera sans doute toute la nuit alors qu’il la regarde s’immiscer dans l’eau brûlante de la baignoire. Lorsqu’elle parle de remerciements, il secoue la tête, un léger sourire sur son visage. « Ta gueule Rosebury. Tu me fais chier. » dit-il en se penchant vers elle pour lier à nouveau leurs lèvres dans un baiser furieux, un baiser sauvage, marquant toute la frustration qu’il ressent à ce moment-là. Il quitte ses lippes quelques instants pour retirer à son tour son tee-shirt, son jogging et son caleçon. Lui faisant signe de se pousser, il s’installe derrière elle, Charly entre ses jambes et profite des bienfaits de l’eau chaude sur sa peau, du contact bouillant de leurs épidermes enfin réunies. « Tu sais que ça sera jamais simple avec moi Charly ? N’est-ce pas ? » dit-il. Non pas pour gâcher ce moment mais plutôt pour la mettre en garde, la mettre en garde contre les démons qui l’enserrent, contre sa noirceur, contre les ténèbres dans lesquelles il compte l’emmener. « Mais… » Il prend soin de choisir ses mots, se refusant de dire que cela l’excite de savoir qu’elle a tué pour lui : « Ce que tu as fait pour moi là-bas, je n’oublierai pas. Jamais. » Sofiane resserre son étreinte autour de son ventre et commence distraitement à effectuer des cercles autour de son nombril. Il se souvient de ses mots, du fait qu’elle est allée contre ses principes pour lui et un sourire apparaît sur ses lèvres tandis que celles-ci viennent trouver son cou. « La culpabilité n’est pas une bonne chose Charly quand on pense à sa survie. Je t’apprendrai à te détacher de tout ça. » Il ajoute : « Mais pour l’instant… » Il lui murmure à l’oreille : « Dis moi à quoi tu pensais pour les remerciements exactement ? Même si j'en ai une vague idée. » Les doigts de Sofiane glissent le long de son ventre pour aller titiller doucement son intimité et il retrouve cette sensation dans un plaisir non dissimulé, son sexe se tendant contre elle. « Tu me casses tellement les couilles Charly. » dit-il dans un soupire tandis que son autre main la force à tourner la tête vers lui pour unir à nouveau leurs lèvres, la ferveur du baiser qu’il lui donne ne laissant aucun doute sur ses intentions, tandis que ses doigts s’activent à la mener exactement là où il le désire.
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Soly VI


Ce soir, je réalisais encore une fois à quel point les Sorciers pouvaient être puissants et parfois cruels. Celui qui s’en était pris à Sofiane ou encore le dernier qui avait voulu m’injecter le sérum. Ils n’avaient pas agi pour se défendre, mais pour faire souffrir. La nuance était peut-être mince aux yeux de beaucoup, mais pour moi elle avait jusqu’à présent une énorme importance. Pourtant en mettant fin aux jours de ce sorcier, j’avais fait tout simplement l’impasse sur mes volontés, mes principes. La peur pour Sofiane dont les cris de souffrance m’avaient percutée avec violence. J’avais laissé mes émotions guider mes actes sous le coup de la colère. Une impulsion que je n’avais pas maîtrisée. J’étais impulsive dans la vie. J’agissais souvent sans réellement penser aux conséquences. Mais cette fois, j’étais allée bien plus loin. Pourtant comme le Syrien l’avait souligné, je m’étais battue pour notre survie. Sa survie. L’avoir fait me démontrait bien des choses. Ce dont je pouvais être capable si on touchait aux gens que j’appréciais. Mettre Sofiane dans cette catégorie, ce n’était pas réellement une révélation. C’était le degré de mon attachement qui se dévoilait suite à tout cela qui me troublait plus que de raison. Peut-être même plus que l’acte en lui-même. Ca et le soulagement, comme une pointe de satisfaction de voir sa carcasse s’écraser au sol, délivrant Sofiane de cette emprise infernale.

Lorsqu’il me répond moi aussi, ça me perturbe tout au fond de mon être. C’est étrange. Comme un attachement malsain. Un attachement que nous nous étions prouvé en assassinant ces hommes. C’était immoral, je le savais bien. Ma conscience me criait que ce n’était pas normal, mais ma raison, elle, elle se faisait la malle. Au point que j’embrassais Sofiane. Je me laissais aller en grimpant sur lui, prête à coucher avec lui, à même le carrelage de cette salle de bain. Alors que nos blessures étaient ouvertes, morales comme dans notre chair. Que le sang marquait nos vêtements, notre peau. Je me foutais du contexte, de la sagesse. De ce qu’il était bien ou non de faire. Je le désirais lui. Maintenant. Un étrange vide se creuse quand il s’éloigne. Une tempête de sentiments tumultueux m’envahit à ses paroles. Pourtant je ne veux plus hésiter. Je me lance. Il ne m’avait pas demandé d’être en couple avec lui. Juste de ne pas aller voir ailleurs… J’aurais bien le temps de réfléchir aux conséquences de cet engagement si particulier. J’avais l’étrange impression de passer un pacte avec le Diable. Un Diable aux allures entêtantes et voluptueuses. A se damner. Au sens propre, comme au figuré.

Alors je me laisse enliser, provoque même cette chute éreintante tout en retirant chacun de mes vêtements. Je me glisse dans cette eau, comme si cela allait laver les péchés que nous avions commis et ceux à venir. Je sens ses prunelles sur ma peau et ça m’électrise. Un rire s’échappe de mes lèvres quand il répond à ma dernière provocation. Son baiser réveille tous mes sens, me happe dans une bulle où plus rien ne compte. Je le regarde à mon tour se dévêtir et un frisson court le long de mon échine alors qu’il se glisse dans mon dos, pour s’installer dans la baignoire. Je repose mes épaules contre son torse profitant de ce contact grisant entre nos peaux et l’eau chaude. « Qui a dit que cela serait simple avec moi ? » Si Sofiane cache ses démons derrières ces airs ténébreux, les miens se tapit sous mes sourires si solaires et si facilement trompeurs. Je relève le visage vers lui. « Et puis on se ferait chier… » Ses bras glissent autour de mon ventre et mes mains se posent dessus, suivant sensuellement ses mouvements. Je laisse aller ma nuque contre son épaule alors que ses lèvres viennent s’installer au creux de mon cou. Je ferme une secondes les yeux profitant de son contact, ses paroles imprégnant un instant mon esprit. Peut-être qu’il avait raison. Peut-être que je devrais me blinder davantage…

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Ven 7 Jan - 23:09
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SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane
« Qui a dit que cela serait simple avec moi ? » Un sourire s’échappe des lippes de Sofiane lorsqu’elle ose reprendre les termes de la mise en garde déguisée qu’il vient de prononcer. Jamais rien n’est simple avec Sofiane, étrangement, il a toujours attiré les ennuis, les emmerdes. Au bout d’un moment, il a compris qu’il ne les attirait pas, il les créait à cause de son comportement, de ses attitudes, de sa difficulté à maîtriser les subtilités de la vie en société. Si son enrôlement au sein d’une organisation militaire lorsqu’il sortait à peine de l’adolescence avait permis de structurer un peu la vie du jeune syrien, l’horreur de la guerre lui a appris au fur et à mesure de se détacher des sentiments qu’il pouvait bien ressentir sur le champ de bataille, là où l’instinct de survie doit prévaloir sur le reste. Sofiane a compris qu’il était différent des autres lorsqu’il préférait sauver sa peau plutôt que de se préoccuper du « mec d’à côté ». A l’armée, on appelle « le mec d’à côté » celui qui vient porter secours, qui protège, qui couvre lorsque l’autre s’expose. Mais Sofiane n’a jamais rien eu à foutre du mec d’à côté, pensant uniquement à sa survie, pensant uniquement aux nombres de balles qui avaient transpercé la peau de l’ennemi. Si la plupart des autres militaires se contentaient d’une balle dans l’abdomen, Sofiane a commencé à aimer tirer une balle dans la cervelle des opposants, se délectant des morceaux de chair, du sang, de crâne qui explosaient alors que la balle atteignait sa cible. Il y avait les combats, et il y avait le reste. Si au départ le cadre imposé par les supérieurs hiérarchiques du jeune homme avait organisé sa vie, lui donnant l’encadrement dont il avait toujours manqué, plus les années passaient et moins il avait envie de dépendre des décisions d’un homme. Un homme peut prendre de mauvaises décisions là où Sofiane, irrationnel, prenait toujours les chemins les plus escarpés mais choisissait l’option qui lui permettait de rester en vie : au sens strict comme figuré. L’insubordination s’est insidieusement immiscée entre lui et les sergents capitaines, une fois, deux fois. Les avertissements n’y avaient rien changé et lorsqu’il s’est fait révoquer, Sofiane a tout perdu, replongeant dans les affres de sa folie, cherchant partout un autre moyen d’exercer son contrôle sur les autres. Il avait le droit de vie et de mort sur ses adversaires à la guerre, maintenant, il avait le droit de vie ou de mort sur Charly. Alors que la jeune femme explique qu’ils s’ennuieraient si tout était simple. « Clairement. Personne pour me les briser, ça serait d’un ennui mortel. » L’ambivalence que ressent Sofiane à cette évocation le transperce de toute part alors qu’il commence l’exploration de la silhouette voluptueuse de Charly ; effectivement, il voudrait qu’elle se soumette totalement à lui, qu’elle lui obéisse au doigt et à l’œil mais pour autant, il prenait plaisir à jouer à ce jeu avec elle tout en sachant qu’il fera tout ce qui lui est possible pour gagner. L’ambiguïté de ses désirs ne lui permettant pas d’être rationnel, Sofiane se contente de réfléchir à la solution sensorielle qui s’offre à lui.

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Mer 12 Jan - 0:26


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Soly VI


J’ai l’impression que la soirée a totalement basculé. De cette mission complètement ratée, il en ressort un brutal rapprochement avec Sofiane. Une promesse que je lui fais de n’être qu’avec lui à présent. Un sentiment étrange s’empare de mon être. J’ai encore du mal à réaliser ce dans quoi je m’engage. Pas un couple, c’est certain. Une sorte de sexfriend exclusif ? Il n’est pas simple de mettre un mot sur ce qui nous lie à présent. J’ai bien compris dans ce bar, cette nuit-là, qu’il s’était montré jaloux envers Jonas. Si je voulais bien être la femme d’un seul homme, je n’étais pas prête à sacrifier mes amis et les soirées avec eux sous prétexte qu’ils étaient des mecs. Je repoussais ces questionnements et me disais que j’aurais bien le temps de voir ce qu’il en serait. Et puis si cela ne me convenait plus, si cela allait bien trop loin, il ne suffirait que de quelques mots pour mettre un terme à tout cela, non ? J’avais également ce sentiment étrange suite à cette mission. Cette impression d’avoir laissé des pulsions primaires prendre le contrôle. Un besoin d’assouvir cette colère, d’éliminer cet homme pour venger Sofiane. Et cet acte, avoir tué, l’avoir vu tuer, avoir agi de la sorte ensemble avait quelque chose de profondément troublant. Comme si cela nous liait d’une façon nocive et immorale. La main de Sofiane glissant sur ma peau finit de repousser ces derniers doutes qui s’immisçaient dans mon esprit. « Je vais vraiment devoir vérifier qu’il n’y a rien de réellement brisé. Ce serait dommage. » répliquais-je avec un sourire malicieux. Bien sûr que je n’allais pas dans le sens de Sofiane à chaque fois. Il était du genre à donner des ordres et à vouloir être écouté. Manque de chance, je n’avais jamais été du style à obéir sagement. La preuve, si ce soir je l’avais fait, il serait certainement mort sur ce toit…



Après quelques ébats, je m’endors dans les draps de Sofiane. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard que je me réveille avec une envie pressante. Je me lève, enfile le t-shirt de Sofiane et ma culotte afin de déambuler dans l’appartement encore baigné dans l’obscurité de la nuit. Je n’ai pas remarqué de toilettes dans la salle de bain de mémoire, mais j’étais bien trop occupée par nos corps l’un contre l’autre… Je me dirige vers le salon me disant que cela devait être vers l’entrée. Erreur visiblement, puisqu’une fois à côté du canapé, je réalise qu’il n’y a pas les commodités dans le coin. Je m'apprête à retourner sur mes pas quand un dossier attire mon attention. Une légère lueur venant des lampadaires extérieurs me permet de remarquer les lettres C.R. Cela pourrait être n’importe quoi… Comme Compte Rendu, Compte de Résultat, Costa Rica… ou Charly Rosebury… Bercée par le silence ambiant, je finis par m’approcher et je soulève le dessus de la pochette. Je lâche un léger cri de surprise, ma main se posant sur ma bouche pour l’étouffer. J’attrape ce qui semble être une pile de photos de moi. Des photos dont j’ignorais l’existence, mais aussi certaines qu’il avait prises alors que j’étais dénudée… Un sentiment d’angoisse s’étiole le long de mon échine à mesure que je fais défiler les images réalisant que bon nombre ont été shootées à mon insu. Je les repose et ferme le dossier, décidée à me tirer pendant qu’il dort. À peine je me tourne que je retrouve le Syrien, debout à quelques pas. Depuis combien de temps est-il là ? M’a-t-il vu regarder les photos ? Je recule légèrement. « Je cherchais les toilettes. » Je ne lui mens pas. Je ne lui dis pas non plus la vérité. Un entre-deux. Un coup de poker pour savoir ce qu’il a pu voir. Je n’ai qu’une idée, me tirer d’ici, ayant l’impression soudaine d’être en danger comme toutes ces nanas dans ces films policiers. Peut-être qu’il ne sait pas que j’ai trouvé les photographies et que j’ai une chance de filer sans risquer quoi que ce soit. Même si je devine derrière son regard que ce n’est pas comme cela que cela se terminer…

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Sofiane Rasak
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Dim 16 Jan - 10:45
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Alors que Sofiane s’enfonce plus profondément en elle, la silhouette frêle de Charly est secouée par l’orgasme et Sofiane la serre davantage contre lui pour ressentir à son tour cet état d’extase. Le plaisir s’empare de son corps alors qu’il accentue ses mouvements une dernière fois avant qu’un long frisson lui déchire l’échine et que leurs corps se relâchent doucement dans l’eau. Putain. Depuis le bar, Sofiane s’est tapée cette nana au Blood Circle, une fille de la salle de sport mais rien de comparable avec Charly. Pourtant, ce sont les mêmes gestes, les mêmes mouvements et pourtant, avec Charly, c’est différent. Le jeune syrien ne saurait expliqué pourquoi, il ne saurait expliqué comment mais alors que leurs lèvres se retrouvent une dernière fois pour signer la fin de leurs ébats, Sofiane se détend un peu. Il le sait, ces dernières semaines ont été difficiles et marquées par un profond brouillard où il s’est englué. Il a trouvé le réconfort dans le voyage à Charlestone avec Davis où il a pu laisser échapper ses pulsions morbides, se nourrissant de la délectation de Garnet à assassiner certains membres de sa famille. Cela étant dit, la suffisance de Charly lui avait manqué, ses mots tranchants lui avaient manqué et il n’y avait qu’elle pour lui parler ainsi, telle l’emmerdeuse qu’elle est. Elle lui résiste et il déteste cette ambivalence qu’elle fait naître en lui : l’envie nécessaire de la posséder et le besoin irrépressible de la faire taire à jamais. Sofiane laisse son souffle reprendre un ballet plus ordinaire et ne dit pas un mot, se contentant de rester contre elle, de laisser l’eau chaude détendre son corps tandis qu’il pousse légèrement ses hanches pour s’échapper d’elle. Alors qu’il se retire, Charly lui murmure qu’elle aimerait visiter le rester de l’appartement et un sourire carnassier s’étire sur les lèvres de l’ex-militaire. Il passe ses mains sous les fesses de Charly, la rapprochant encore de lui et pousse sur ses genoux pour se relever. Il sort du bain ainsi, Charly nouant ses jambes autour de ses hanches, se fichant bien de l’eau qu’ils mettent partout, leurs lèvres se nouent à nouveau alors qu’ils ont à peine passer la porte de la chambre et que Sofiane la jette sur le lit sans ménagement, la lueur folle dans ses yeux ayant réapparue bien rapidement, il s’allonge sur elle, prêt à lui montrer à quel point elle lui est insupportable.

Encore à moitié endormi, la main de Sofiane s’agite à ses côtés et ne trouve qu’un lit froid. Les sens soudainement en éveil, il se redresse brusquement en constatant que Charly n’est plus là. Mille questions se déroulent dans sa tête, se demandant si elle est partie, si elle va revenir, si et si et si. Sofiane se lève sans un bruit et se dirige vers le salon tel un félin qui se faufile sans que sa proie ne le voie. Il l’aperçoit dans la lueur provenant des lumières extérieures, lui qui n’a pas pris le temps de fermer les volets avant de se coucher, debout près de son bureau où se mêlent plusieurs dossiers dont l’un semble avoir trouvé un certain intérêt à ses yeux. Sofiane ne dit rien, ne bouge pas, il se contente de la regarder observer les photos qu’il a prises d’elle d’une main tremblante, tandis que l’autre s’évertue à étouffer les cris qui s’échappent de sa bouche au fur et à mesure qu’elle se rend compte du nombre de fois où il l’a suivie, du nombre de fois où il l’a observé à son insu, du nombre de fois où il s’inquiétait tellement pour elle qu’il se sentait obligé de la surveiller, du nombre de fois où il a été tabasser un mec avec qui elle avait juste échangé deux ou trois mots dans la rue ; ce besoin qu’il a d’avoir une mainmise sur la vie de Charly s’accentue depuis plusieurs mois et il le sait, rien ne pourra arrêter cela, pas tant qu’elle ne consentira pas à lui appartenir pleinement, sans condition. Mais Charly résiste. Elle ne voit pas cela comme une preuve de son attachement envers elle mais plutôt comme de la perversité, de la folie. Il le sait, il le comprend et il s’en fout. Ce qu’il se demande, c’est ce qu’elle va faire maintenant.

Elle ne sait pas encore qu’il est là, elle ne l’a pas encore sentie dans son dos, preuve s’il en faut encore une, qu’elle a besoin de lui. Elle a besoin qu’il la protège de ceux qui pourraient lui faire du mal, de ceux qui pourraient la prendre par surprise. Il serait si facile de la tuer maintenant. De la tuer tout de suite alors qu’elle referme enfin le dossier après plusieurs minutes à observer chacune d’elles. Sofiane devine tout de suite qu’elle va tenter de s’échapper, de fuir ce qu’elle ne comprend, de fuir cette situation qui lui parait probablement inconvenante. Avec une lenteur inégalée, elle se retourne et l’aperçoit enfin ; elle recule légèrement. Sofiane comprend qu’elle se demande ce qu’elle doit dire, ce qu’elle doit faire, tandis qu’il se tient à quelques mètres d’elle, quasiment nu. Sofiane décide de jouer, d’entrer dans son manège. Juste pour voir jusqu’où elle peut aller. « Elles sont là. » dit-il en pointant la porte attenante à la salle de bain. Il la regarde s’engouffrer dans cette petite pièce d’un mètre carré où elle n’aura aucun moyen de sortir et il attend. Elle devra bien sortir au bout d’un moment, non ? Le reste de ses vêtements git toujours dans la salle de bain avec ses autres effets personnels et son téléphone, elle ne peut prévenir personne, elle ne peut rien faire que de continuer à jouer la comédie de celle qui va vraiment aux toilettes. Mais au bout d’un moment, la bombe devra exploser. Et Sofiane est prêt. Il s’accoude contre l’embrasure de la porte de la salle de bain, si bien que lorsqu’elle déverrouille enfin la porte des toilettes, elle tombe nez-à-nez avec lui, son visage inexpressif qui plus est, tandis qu’il lui rappelle : « Je t’avais prévenu que ce serait pas simple. » Cherchant à prendre immédiatement l’ascendant sur elle alors qu’elle avait probablement inventé un petit discours pour se barrer le plus rapidement possible, il lui fait comprendre qu’il sait qu’elle sait. C’est aussi simple que ça. « Dis-moi, tu vas faire quoi maintenant Charly ? » dit-il dans un murmure tandis qu’il se rapproche d’elle et qu’elle est acculée contre le mur. Si elle tente de se débattre, il va la plaquer au mur et il ignore comment cela pourra se terminer. Des envies sanguinolentes l’assaillent soudainement alors qu’il perçoit l’air apeuré qu’il lui insuffle. Sofiane a toujours été ainsi, soit on le comprend, soit on le craint. L’entre-deux est délicat ; Charly et lui viennent de franchir une limite qu’il ne voulait pas franchir immédiatement, pas maintenant alors qu’elle n’est pas encore totalement sous sa coupe. Ce n’est pas après deux baises dans son appartement qu’il a pu asseoir une certaine forme d’emprise sur elle et étant donné sa réaction à la découverte des photos, elle vient probablement seulement de se rendre compte à quel genre de personnage elle a vraiment affaire.
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Mar 18 Jan - 23:40


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Soly VI


A quel moment cette nuit allait s’arrêter ? Elle avait commencé dans une hostilité profonde entre Sofiane et moi durant cette mission. Elle s’était poursuivie avec la peur de mourir tandis que les sorciers n’avaient cessé de venir de plus en plus nombreux. Un rapprochement brutal nous avait liés alors que nous avions dû lutter ensemble. Au point que j’avais accepté de tenter cette étrange aventure avec lui. Juste Lui et aucun autre homme pour partager mes nuits. Vu comment cela avait débuté dans la baignoire et perduré dans son lit alors que nous étions encore trempés, je me disais que côté plaisir je n’allais rien y perdre, bien au contraire. Il devenait ni plus ni moins un sexfriend. Un sexfriend exclusif et un peu trop possessif, mais j’avais rejeté ces doutes au loin, pensant que j’aurais bien le temps de réfléchir à tout cela plus tard. J’avais profité de ce plaisir charnel avant de m’endormir sereinement au creux de ses draps, sans même me douter un seul instant de ce que j’allais trouver quelques heures plus tard. Me levant avec l’envie d’aller aux toilettes, ne sachant même plus où j’avais laissé mon téléphone pour m’éclairer, je partais en exploration. L'appartement n’était pas si grand, mais je n’avais aucun souvenir de la présence des commodités dans la salle de bain. Si j’avais au moins fait attention à cette porte… Je ne serais jamais tombée sur ce dossier. Je ne savais pas quoi penser des photographies que j’avais fait défiler sous mes yeux. Malgré la pénombre dans le salon, je me retrouvais sur les images à des soirées, dans la rue, au travail en pleine interview… et ces photos où j’avais posé dénudée… Comment devais-je interpréter ces clichés ? Il me suivait. Il m’épiait. Cela confirmait mon idée que ce soir-là au bar, il n’avait pas été là par hasard. Un frisson parcourut mon échine. C’était tout simplement flippant. Ce n’était pas normal d’agir ainsi. De garder des photos de moi. Je devais me tirer. Sofiane était peut-être bien plus dérangé que je ne l’avais jamais imaginé. Je savais qu’il avait parfois des réactions étranges, mais j’avais toujours mis cela sur son passé. La guerre n’aidait pas un homme à se construire… Bien que Tim, lui, n’ait jamais présenté ces travers. Mon Dieu, je devais juste trouver mes affaires et filer. Je n’étais pas prête à l’affronter et à tenter de comprendre…

Malheureusement, alors que je me retournais, je tombais nez à nez avec le Syrien. Retenant un léger sursaut, je reculais instinctivement. Je ne savais pas s’il m’avait vu regarder dans la pochette. Je ne l’avais même pas entendu arriver. Est-ce que cela était si étonnant, alors qu’en vérité, il était dans mon ombre depuis certainement des semaines sans même que je ne le réalise ? Je ne mentais pas quand je lui demandais pour les toilettes, mais je ressentais une tension malsaine et grandissante. Mon regard se pose sur la porte qu’il indique vers la salle de bain. « Une pièce qu’on a pas visitée tiens ! » Je tente un sourire de surface et me rends vers l’endroit qu’il m’a montré, espérant en mon for intérieur qu’il y a une fenêtre. Rien à faire d’être en culotte avec un t-shirt de mec, je devais juste m’en aller. Lâche, peut-être. Mais mon instinct me dictait mes actes. Je referme la porte à clé derrière moi. Mon regard se porte sur une minuscule lucarne. Voulant donner le change s’il guette le moindre de mes gestes, j’en profite pour évacuer ma vessie, tire la chasse qui va camoufler le bruit et allume l’eau pour me laver les mains et surtout la laisser couler. Je rabats le plus silencieusement possible la cuvette, grimpe dessus et ouvre le vasistas. « Fais chier… » murmurais-je. Je ne pouvais pas m’échapper par là. C’était à peine si je passais un bras. Je descendais et coupais l’eau. Je devais trouver une excuse. Mon téléphone. Le retrouver et prétexter une urgence avec Alice. Je sortais finalement et me confrontais une nouvelle fois à Sofiane qui patientait sagement pour mieux me coincer. Mes prunelles azurées plongent dans les siennes à sa première phrase. Et merde. Il m’a vu… Il avance m’acculant contre le mur. Instinctivement, je tends les bras pour l’empêcher d’aller plus loin. Son torse s’appuie contre eux et je sais parfaitement que s’il le souhaitait il peut très bien passer cette frêle barrière que j’érige entre nous.

Sa question me déstabilise. Je voulais me tirer, voilà ce que je voulais faire. « Et toi qu’est-ce que tu comptes faire ? » soufflais-je. Est-ce que je devrais vraiment avoir peur de Sofiane ? Je ne suis pas rassurée par son comportement, par ses photographies qu’il a prises. Je découvre un pan de sa personnalité qui n’a rien de normal, de raisonné. J’ai beau retourner le sujet dans mon esprit, c’est malsain ce qu’il a fait. « C’est quoi ces photos Sofiane ? » Je resserre mes poings, résistant pour l'empêcher de s’approcher. Je sais me battre, me défendre. Mais j’ai conscience qu’il s’agit de Sofiane. Un ancien soldat plus qu’entraîné… Et si j'appréciais son torse musclé, en cet instant, cela me rappelle que je n’ai aucune chance de m’échapper de son emprise. « Tu me suis ? Je comprends pas. A quoi tu joues ? Et ces photos de moi à moitié nue ? Tu m’avais dit que je serais la seule à les avoir. » Je veux éviter son contact, m’échapper de l’étau de fer de ses bras. Ca me perturbe, je ne sais pas comment assimiler ces informations. Puis la colère monte. Je lui faisais confiance. J’allais lui accorder cette exclusivité. J’avais tué un type pour lui. Et lui, il jouait les voyeurs pendant ce temps là ? « Putain, dire que je t’ai fait confiance ! Je suis vraiment trop conne. C’est pas compliqué ça, Sofiane, c’est juste… dingue ! Tu peux pas me suivre comme ça ! Je comprends ton envie que je ne voie pas d’autres mecs, mais ça ! Ca n’a pas de sens ! » J’avais haussé le ton en parlant, exprimant ma colère et mon désarrois face à ses agissements. « Pousse-toi bordel ! Laisse-moi respirer ! » Je le percutais de tout mon poids pour le rejeter loin de moi profitant du mince espace qui s’offrait à moi pour tenter de m’éloigner de lui. J’étais furieuse. En colère. Me prenait-il pour une poupée dont il pouvait disposer à sa guise ? « J’avais confiance… » soufflais-je alors qu’il me retenait sans mal malgré ma tentative, me rattrapant sans avoir l’impression de se fatiguer. Un murmure. Ma voix se brise. Putain, j’ai failli trahir Tim pour un fou furieux.

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SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane
Sofiane constate immédiatement que Charly cherche à fuir. Comme les autres avant elle. Mais la technique qu’elle utilise est tellement ridicule que Sofiane lui rirait bien au nez s’il considérait que c’était l’attitude à adopter. En réalité, il ignore la manière de réagir à cela, il sait pertinemment que ce qu’il fait n’est pas socialement accepté mais il s’en fiche. Il en a envie, il le fait, c’est aussi simple que cela. Pour autant, c’est la première fois qu’on fouille dans ses affaires, qu’on vienne bafouer son intimité ainsi l’hôpital qui se fout de la charité. Voilà pourquoi il n’emmenait finalement personne dans cet appartement, les femmes finissent toujours par être décevantes. Est-ce qu’il est déçu de Charly parce qu’elle a fouiné ? Bien sûr. Ne peut-elle pas se contenter de lui obéir simplement ? De rester auprès de lui sans broncher ? Mais si elle le faisait, serait-il satisfait ? Sofiane n’a aucune idée de comment réagir avec une femme et encore moins de comment réagir avec Charly. Il a beau faire comme si c’était simple, cela ne l’est pas. S’il a suivi Charly c’était simplement pour lui et il le sait ; pour satisfaire sa curiosité, pour satisfaire son besoin irrépressible de contrôler tous les pans de sa vie, pour éviter de buter le moindre connard qui commentait ses photos Instagram. Sofiane avait décidé d’utiliser une manière plus saine pour contrôler sa folie : la surveillance contrôlée. Qui elle voyait, qui elle rencontrait, avec qui sortait-elle. Il s’était surpris à se complaire dans cette filature inopinée. Il n’avait rien vu venir. Ce n’était pas prévu. Comment c’est arrivé ? Les photos sur le toit. Si Sofiane avait donné la carte SD à Charly cette fois-ci, il n’avait pas pensé un seul instant à la mémoire vive qui conservait elle aussi quelques clichés. Se retrouvant avec des photos d’elle dénudées, l’envie d’en posséder d’autres l’avait ébranlé et il s’était mis à la suivre. Pas tous les jours tout de même, il n’est pas si fou que cela. Se limitant à une fois par semaine, il l’avait surveillé grâce à son habitude persistante de poster des story sur Instagram, c’était simple en réalité, facile. Elle l’avait presque poussé aux vices en réalité. Tout est de sa faute.

Alors qu’elle s’enferme dans les toilettes alors qu’il sait bien qu’elle ne pourra pas en ressortir, Sofiane attend. Il tente de mettre de l’ordre dans ses pensées, il tente de la prendre au dépourvu en patientant ainsi auprès de la porte. Sa réaction, il l’espère, il l’attend, tout en ne sachant pas si celle-ci va le satisfaire et si sa réaction va l’empêcher de serrer ses mains autour de son cou. Il ne comprend pas ce qu’il ressent ; maintenant qu’elle sait tout, il ne la désire que davantage. Elle vient de découvrir qui il est vraiment mais l’ambivalence de ses émotions lui intime de mettre fin à cette hérésie. Pour autant, il est décontenancé par sa première phrase, presque déstabilisé. Il ne s’attendait pas à ce qu’elle lui retourne la question. Elle tente de mettre de la distance entre eux, laissant sa main entre leurs deux corps et Sofiane attend la suite. Après l’incompréhension, vient souvent la colère non ? Et celle-ci ne tarde pas à pointer le bout de son nez alors qu’elle s’agite, tentant de s’enfuir mais Sofiane la maintient fermement tandis qu’elle murmure à voix basse qu’elle lui faisait confiance. Sa prise sur Charly se relâche doucement alors qu’il prend conscience que quelque chose vient de se briser en elle. « C’est pas ce que tu crois. » Les codes sociaux Sofiane, les codes sociaux lui répète la voix dans sa tête. Il la regarde sans dire un mot de plus, profitant du silence pesant pour mettre de l’ordre dans son esprit dérangé. Il doit prendre une décision, maintenant. Soit il la tue, soit il joue le jeu. Et quel jeu ? Mentir ? Se trouver des excuses ? Dire que ce n’est pas grave ? Alors que sa main glisse sans s’en rendre compte dans son cou, effleurant sa peau dénudée, il se rend compte qu’il ne pourra jamais la tuer et cette vérité lui est insupportable. Qu’a-t-elle de différent ? Il considérait encore il y a quelques instants que sa mort réglerait ses problèmes. Pour autant, alors qu’il l’envisage enfin sérieusement, quelque chose l’en empêche. Ne reste alors que le mensonge pour s’en sortir.

Alors, dans un murmure, il avoue : « Oui je te suis. » Inutile de nier cela, les photos sont les preuves de sa culpabilité. « Parce que j’ai peur pour toi. » dit-il en haussant les épaules, comme si ça justifiait tout. « J’ai peur tout le temps. » ment-il en baissant les yeux comme s’il avait honte. « Les photos, c’était pas voulu. Je te le jure. Je m’en suis rendu compte qu’après. » Il les avait pourtant imprimé au lieu de les supprimer mais il garde cela pour lui. « Je m’en fous des autres mecs. C’est pas pour ça. » dit-il, inventant un autre mensonge. « C’est à cause des sorciers. C’est irrationnel dans ma tête. J’ai peur qu’il t’arrive quelque chose, comme quand t’étais petite. » Sofiane tente de jouer sur la corde sensible de Charly, il tente de l’amadouer et il estime que c’est le bon moment pour la lâcher totalement. « Tu peux toujours avoir confiance. Je ne t’ai pas trahi, je ne les ai montrés à personne. Je n’aurai pas dû les garder, je sais. Mais c’était plus fort que moi. » Il plonge son regard dans ses yeux clairs et lui dit : « Je t’en ai pas parlé parce que je voulais pas que tu découvres ce qu’il y a de plus sombre en moi. » Voilà la seule vérité. « Je suis comme ça Charly. » Il ne lui fera pas encore le coup du C’est à prendre ou à laisser, il connait déjà la réponse. Elle va fuir. Et Sofiane aura un autre nom à ajouter sur la liste de celles qui ont été assez sensées pour s’échapper à son emprise. Mais ce n’est pas ce qu’il veut pour Charly et lui. Mais contrairement aux autres, Charly a un passé. Un passé douloureux qu’il pourrait bien tourner à son avantage ; ses fêlures sont profondes et elles sont peut-être exploitables. Tout n’est peut-être pas perdu. Il subsiste un léger fil entre eux, un fil qui les relie tous les deux, c’est leur combat contre les sorciers. Contre ce qu’ils font, contre ce qu’ils ont fait. Sofiane ignore si cela sera suffisant.
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Soly VI


J’ai besoin de prendre du recul, de la distance. Il me faut de l’espace. Découvrir ces photographies, c’est comme une trahison. Une impression d’être épiée, trompée, suivie. Bafouée dans mon intimité, dans ma liberté. J’ai regardé les clichés à plusieurs reprises, me souvenant parfaitement de chaque instant, de chaque jour qui avait été concerné. Il y avait de tout. Du moment le plus professionnel au plus privé. Cela n’a rien de normal d’agir ainsi. J’ai beau retourner dans mon esprit les raisons qui le pousseraient à avoir ces images de moi sur son bureau… je n’en trouve aucune qui soit saine. Pire encore ces clichés où je suis dénudée. Je me suis faite avoir une comme idiote. Je l’ai cru. J’ai apprécié chacun de ces moments que j’avais passés avec lui. Un peu trop. Au point de préférer rester à distance. Il y avait certaines pages de mon histoire que je n’étais pas encore capable de tourner. Toute ma vie sentimentale était un pan désastreux depuis le décès de Tim. J’avais choisi de m’amuser, de flirter et de m’envoyer en l’air avec de parfaits inconnus plutôt que de tenter de trouver une vraie relation. Alors quand Sofiane est arrivé avec ses histoires de ‘à prendre ou à laisser’, j’ai préféré m’éloigner encore une fois. Je ne pouvais pas lui promettre quelque chose dont j’avais l’impression d’être incapable. Et puis, il y avait eu ce soir… Cette nuit. Cette mission. Cela avait éveillé mes instincts les plus primaires. Quelque chose que je ne pensais même pas pouvoir faire : tuer de sang-froid. Pour Lui. Pour Le sauver. Alors je m’étais dit que peut-être je pouvais tenter cette folie de ne côtoyer que lui. Qu’est-ce que cela me coûtait dans le fond ?

Et maintenant que je me retrouvais enfermée dans ses toilettes comme une idiote, je me disais que j’avais encore bien joué mon coup dans cette histoire… Comment j’allais me sortir de ce merdier ? De ce piège dans lequel je m’étais embourbée toute seule. Je n’avais pas d’autre solution que de lui faire face à présent. Je n’avais pas réellement conscience du danger que représentait le Syrien. Je savais bien sûr tout ce dont il était capable. A l’image d’Ambrose. Je fermais les yeux sur leurs actes. Mais Sofiane me voulait-il vraiment du mal ? Ces photos, que démontraient-elles ? Que j’étais sa proie ? Qu’il faisait une forme de fixation sur moi et qu’au moindre écart qui ne lui plaisait pas, il m’éliminerait, comme dans ces films avec des psychopathes ? Je ferme le robinet d’eau qui coulait pour rien, oubliant la possibilité de m’échapper. Sofiane ne m’avait jamais rien fait. Ses propos étaient parfois douteux, étranges, mais ce soir lui aussi m’avait aidé. Pourquoi se donner tant de peine pour m’assassiner deux heures plus tard… Je chassais ses pensées sans queue ni tête, loin d’imaginer un seul instant que tout cela pouvait être vrai. Pourtant, à peine sortie, sa carcasse s’impose. Sans me laisser une chance de m’éloigner, il s’avance, me coinçant entre le mur et lui. Si j’ai tenté de me raisonner, sa proximité ne m’aide pas du tout. Je ne comprends pas ce qu’il veut, ce qu’il cherche avec ses paroles. Que souhaite-t-il que je fasse ? Après l'incompréhension vient la colère. J’étouffe de le sentir si près. Je suis perdue. Je veux juste qu’il s’éloigne, qu’il me laisse respirer. Ma voix se brise. Putain. Pourquoi je lui avais fait confiance ?

Je m’en voulais d’être stupide. Je m’en voulais d’avoir baissé ma garde. Pour une fois que je le faisais, il fallait que je tombe sur un malade qui était obsédé par ma vie dans ses moindres détails. Il semble pourtant desserrer sa prise à mes derniers mots. Oh pas assez pour que je puisse m’échapper de l’étau de ses bras, de son odeur qui m’assaille de toute part. « Ah c’est pas ce que je crois… » souffles-tu avec cynisme. Mon regard cherche un instant le sien pour tenter de trouver une réponse, une logique à ce que j’ai découvert. Un frisson parcourt mon échine alors que sa main vient effleurer mon cou. Le doute me percute brutalement. A quoi pense-t-il ? Si le geste m’a mué dans le silence le plus total, je profite qu’il soit perdu dans ses pensées pour me libérer et m’éloigner. Je prends une profonde inspiration tandis qu’il se met à parler. A distance, mes prunelles s’ancrent dans les siennes. Je veux le sonder, voir ce qu’il ressort de ses émotions alors qu’il me délivre ce discours. C’est fou. Ca n’a pas de sens. Est-ce qu’il ment ? Je ne sais pas. Il y a des incohérences dans ce qu’il me dit. Je le sens. Quand il parle des photos dénudées par exemple ou encore lorsqu’il me dit se foutre des autres mecs. Je ne relève pas. Je ne veux plus faire de vague. J’ai l’étrange intuition que c’est ce qu’il y a de mieux pour moi. Pourtant c’est dur. La colère me ronge. Je l’observe, interdite. Je suis comme ça. me reste en travers de la gorge. « Ce soir là au bar, tu m’avais suivi ? » Je ne peux me retenir de poser la question. J’avais fait le lien avec ma story à l’époque. Dans les clichés, je sais que certains sont liés également à ça… Je vais l’empêcher de les voir dès que je le pourrais…

Je passe une main lasse sur mon visage, repoussant mes cheveux en arrière. C’est trop. Trop d’informations. Trop de choses que je n’arrive pas à mettre bout à bout. « J’ai vingt-huit piges… J’ai survécu à cet attentat, j’ai vu la guerre de près, j’ai surmonté des pertes douloureuses, mais j’avance. Je… J’ai pas besoin qu’on me protège. Encore moins de cette façon là. » Qu’il ait mentionné ce qu’il m’est arrivé enfant me perturbe plus que je ne voudrais bien l’admettre. « Je suis éprise de ma liberté. Je ne suis pas le genre de nana qui se cache derrière son mec… Ce que tu as fait… c’est compliqué effectivement. »Murmurais-je finalement. Compliqué, c’est le mot. Je n’en ai pas d’autre. Je ne sais pas même si je le crois sur toute la ligne. Mais je cherche à lui expliquer sans éveiller sa colère. Je l’ai aperçu dans ce bar et je sais que ce n’est pas le moment de le provoquer.« J’ai besoin de réfléchir à tout ça Sofiane… » Je commence à ramasser mes affaires qui sont éparpillées ci et là. Je ne ferme pas la porte au Syrien. Enfin c’est ce que je veux lui faire croire pour le moment. Dans le fond, je ne sais même pas ce que je pense de ce qu’il vient de me livrer. Si cela part réellement d’une envie de me protéger, c’est juste… improbable. Je m’habille dans le calme comme pour lui prouver que je ne vais pas m’enfuir en courant, qu’une part de cette confiance est toujours présente. J’ai l’impression de chercher à apprivoiser un félin sauvage pour mieux me sortir de là.

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SOLY VI - Janvier 2021 - Appartement de Sofiane
La découverte des photographies change la donne, bien évidemment. Sofiane le sait. Les comportements qu’il adopte sont irrationnels et suffisamment frustrants pour lui-même alors il n’imagine même pas ce qu’elle a dû ressentir en les trouvant. Sofiane, par ailleurs, a envie de laisser éclater sa colère, sa détresse face à sa propre bêtise et au fait qu’il ait laissé traîner les preuves de sa folie. Mais comment aurait-il pu deviner qu’ils en arriveraient là ? La mission aurait dû être simple, facile, tranquille. Cela l’aurait peut-être été s’il n’avait pas eu Charly comme partenaire ? Il n’en sait rien mais ce qu’il comprend de tout cela, c’est qu’à cause d’elle, il prend des risques démesurés, des risques qui dépassent la raison et l’entendement. Ils n’auraient pas dû être ensemble sur cette mission, il n’aurait pas dû la ramener chez lui, ils n’auraient pas du coucher ensemble ? Pourtant, Sofiane la désire ardemment et même là alors qu’elle est effrayée, il ressent une pulsion malsaine qui lui intime d’assouvir à nouveau de bas instincts avec elle. Mais si Sofiane apprécie tant Charly, c’est aussi pour son caractère entreprenant et l’ambivalence que cela fait naître chez lui est suffisante pour qu’il fasse taire cette idée. Il est là, à s’imposer devant elle, mais il attend quoi en réalité ? Qu’elle s’écrase ? Qu’elle se mette à genoux devant lui ? Il le sait, jamais elle ne soumettra ainsi, pas maintenant. C’est trop tôt. Elle a soif de liberté, lui avait-elle dit une fois. Et alors que Sofiane espérait pouvoir à nouveau l’embarquer avec elle sur une pente glissante, voilà qu’il commettait l’erreur de ne pas avoir mieux dissimulé les photographies. Non, Sofiane ne regrette en rien son geste, ce qu’il regrette, c’est de ne pas avoir été assez prudent. De s’être fait prendre.

Le cynisme de Charly transpire par tous les pores de sa peau et le syrien sait qu’il va devoir se montrer malin et rusé s’il veut l’amadouer. La battre à son propre jeu, se servir de ses faiblesses et de ses blessures contre elle-même. Alors qu’il réfléchit, il desserre suffisamment sa prise pour qu’elle puisse de libérer et lorsqu’elle peut s’éloigner de lui, elle le fait volontiers. Il comprend aisément pourquoi. Peut-être qu’elle ne l’admettra pas à voix haute, mais ce qu’il a fait lui a fait peur, suffisamment pour qu’elle tente de faire comme si de rien n’était en se cachant dans les WC. Sachant qu’il doit abattre ses cartes immédiatement, Sofiane reprend la parole, mentant comme jamais, se servant des angoisses de Charly comme d’un levier pour l’aider à regagner sa confiance. Et une fois qu’il a terminé, il ne sait absolument pas s’il l’a convaincu ou non. Il est plutôt doué pour retourner une situation à son avantage d’ordinaire mais il y a une différence de taille aujourd’hui : elle l’a prise au dépourvu. Il ne s’attendait déjà pas à faire équipe avec elle pour la mission et maintenant ça… C’est trop d’incertitudes pour Sofiane, ce n’est pas cadré, pas mesuré, pas contrôlé. Rien ne va en réalité. « Non, j’en ai pas eu besoin. » Il ne rajoute rien de plus, il sait qu’elle sait comment il a eu accès à ces informations. Charly a toujours trop eu tendance à se géolocaliser sur Instagram lorsqu’elle poste des clichés… Sofiane va devoir trouver d’autres moyens pour savoir où elle se trouve car il est fort à parier qu’elle va le bloquer une fois sorti d’ici. Pas grave, il pourra créer un faux profil au pire, ou faire appel à de vieux copains tolards pour placer un mouchard sur sa bagnole. Il y avait d’autres moyens pour lui de conserver une sorte d’emprise sur elle, même si elle n’en savait rien.

Lorsqu’elle évoque le fait qu’elle est une véritable adulte qui n’est pas besoin de protection, Sofiane lève les yeux au ciel. « Parce que tu te crois invincible ? » Personne ne l’est, encore moins des écorchés de la vie comme eux. « Parce que tu penses que parce que tu as survécu à ça, rien d’autre ne peut t’arriver ou te toucher ? » dit-il sèchement. Elle se leurre tellement. Sofiane le sait bien. L’être humain est insensé par nature et dès lors qu’on lui laisse la possibilité de choisir, il fait le mauvais choix, inlassablement, immanquablement. L’humanité reproduit les mêmes erreurs du passé depuis des générations, la leur n’est pas différente. « Ce n’est jamais fini Charly. Il y aura toujours une nouvelle mission, un nouveau combat, un nouvel ennemi. Cela ne se termine jamais. La menace est partout. » Alors qu’elle dit qu’elle n’est pas du genre à de dissimuler derrière son mec, il dit : « J’ai jamais voulu que tu sois ce genre de fille, et puis on est pas ensemble. » dit-il résolu, préférant cracher ça avant qu’elle ne le fasse et que cela le détruise. « J’ai jamais menti sur qui j’étais ou sur ma personnalité. Je suis compliqué, je le sais. Et tu le savais aussi, depuis le début. J’ai jamais dissimulé que je réfléchis pas comme tout le monde. Je te demande pas de changer, me demande pas de changer toi non plus. » concède-t-il. « C’est impossible. Pas dans ce contexte, pas avec la guerre qui rayonne tout autour de nous, pas avec… » Il ferme les yeux doucement et répète : « Pas avec la crainte qu’il ne t’arrive quelque chose. » Il hausse les épaules.

Perplexe lui-même, ne sachant plus très bien s’il ment à nouveau ou s’il le pense réellement, Sofiane se décale tandis qu’elle se dirige vers la salle de bain. Il la regarde se rhabiller avec une lenteur inégalée et il se demande si elle cherche à lui montrer qu’elle n’a pas peur de lui pour qu’il la laisse s’en aller ou si elle se fiche de savoir ce qu’il pourrait lui faire si elle lui échappe réellement. En proie avec ces pensées inquiétantes, Sofiane réenfile lui aussi son jogging et attrape un pull sombre pendu sur un porte-manteau. Retournant dans la pièce de vie, il prend le dossier de photos qu’il feuillette une dernière fois avant de lui tendre. « Tu pourras les détruire toi-même. » dit-il sans rajouter quoi que ce soit, c’est inutile. Cela ne l’empêchera sûrement pas de recommencer, mais la prochaine fois, il prendra le temps de les dissimuler autre part. En soit, il n’avait même aucun intérêt à les développer, mais le besoin irrépressible d’admirer son œuvre s’était faite ressentir. Au-delà du voyeurisme, les clichés sont magnifiques, elle ne peut pas lui retirer son talent. « Au revoir. » dit-il, résolument calme pour quelqu’un qui mourrait d’envie de la tuer il y a encore quelques minutes. Il ne sait pas ce qu’il ressent, il ne sait plus, il est perdu ; et c’est bien la première fois que Sofiane est plongé dans un tel sentiment d’incertitude.
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Dès que j’en ai l’occasion, je m’échappe de l’emprise de Sofiane. Je ne sais pas si c’est réellement par peur. Je ressens surtout le besoin de m’éloigner, car ce qu’il a fait me rend folle. Cela m’écoeure de me dire que le Syrien m’a suivi de cette façon dans mon ombre sans que je ne m’en rende compte. Que son regard a épié chacun de mes gestes durant plusieurs moments de mon intimité ou dans le cadre de mon boulot. Je ne sais pas comment il est parvenu à me pister ainsi et c’est peut-être ce qui est le plus angoissant. Est-il si facile de me traquer ? Ces photographies ont quelque chose de malsain. De complètement dingue. J’ai encore du mal à réaliser qu’il en est arrivé là. J’ai des difficultés à me dire que c’est réel que je ne suis pas dans un mauvais rêve et que je vais me réveiller. Comme dans les films les plus tordus dans lesquels je me moque d'habitude de l’actrice principale qui chiale comme une idiote ou qui au lieu d’en retourner une, finit par lui pardonner. Pourtant je suis en face de lui et oui au fond de moi j’ai presque envie de pleurer tellement je trouve la situation désespérante. Quant à la gifle, je ne suis pas certaine que je parvienne à lui en mettre une vu comment il réussit à maitriser. Au final, j’étais aussi pathétique que ces nanas dans les films ou séries qui passaient l’après-midi sur BBC One.

A ses paroles, je comprends qu’Instagram m’a trahi. Je m’en doutais. J’y avais pensé le soir même où il s’était trouvé à mes côtés dans le bar. Je me souviens encore de sa réplique mordante quand je lui avais posé la question. Amatrice… Il aurait été un serial-killer, je lui offrais sur un plateau d’argent la solution pour venir s’en prendre à moi. Je le fusille du regard alors qu’il me demande si je me crois invincible. Il est certain que cela m’a donné des forces qu’on ne pouvait pas soupçonner. J’ai affronté des choses si étranges que je me sens prête à tout combattre. Même un Sofiane totalement irraisonné. « C’est moi qui t’ai sauvé la vie ce soir Sofiane. Est-ce que je dois te coller au cul pour autant sans que tu le saches ? » Je repasserais pour jouer le rôle de la femme calme qui ne veut pas énerver le type étrange en face d’elle. Il poursuit pourtant et je lâche un soupir agacé tandis qu’il précise que nous ne sommes pas ensemble. « C’était une façon de parler. » répliquais-je sèchement. Je secouais la tête totalement perdue face à ses propos. J’étais en désaccord le plus complet avec ce qu’il me disait. Ne pas me changer, disait-il ? Évidemment qu’il le voulait dans le fond. Il souhaitait que je ne voie pas d’autres hommes en dehors de lui et que j’accepte qu’il me traque ? C’était bafouer ma liberté. « Bien sûr que tu cherches à me changer en imaginant que je vais tolérer que tu me suives comme une ombre à mon insu… Je n’ai pas besoin qu’on me couve comme ça… Je ne pourrais pas le supporter. » Mes parents et mes propres frères n’agissaient pas comme ça avec moi. Cela n’avait pas de sens que Sofiane, qui n’éprouvaient aucun sentiment pour moi de ce qu’il disait, en vienne à de telles extrémités.

Je n’arrive même plus à savoir s’il me dit la vérité ou non. Son discours me trouble. Mais il fallait qu’il se raisonne… J’étais rentrée au sein du Blood Circle bien avant lui. Je me mettais régulièrement en danger. Quand j’étais encore reporter de guerre, j’avais risqué ma peau tous les jours. Et lui ? Ancien militaire ? Il n’était vraiment pas mieux que moi sur ce terrain. Je ramassais mes affaires au sol pour les enfiler et retrouvais mon sac à dos avec mon téléphone à l’intérieur, soulagée. Alors que nous passons par le salon pour que je puisse m’en aller, il s’arrête pour me tendre le dossier des photos. Je recule légèrement, sans m’en saisir. Je fais peut-être une erreur, mais rien ne me prouve qu’il n’en a plus les fichiers sur son ordinateur. « La dernière fois aussi tu m’as dit ça, Sofiane… » J’enfile mon sweat puis mon sac. Je passe le seuil de la porte, soulagée sans réellement savoir pour quoi, mais totalement perdue après ce qu’il vient de se passer. Cette mission avait bouleversé ma façon de voir les choses avec Sofiane. J’avais accepté sa demande de ne fréquenter que lui… Nous avions couché ensemble… pour finir à se regarder froidement de loin. C’était presque irréel. J’avais le sentiment qu’une seconde s’était écoulée depuis que j’avais quitté le travail pour retrouver les toits et maintenant. Une seconde si lourde de conséquences… « Salut Sofiane… » soufflais-je avant de m’élancer dans les escaliers pour quitter le plus rapidement possible les lieux.

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Certains peuvent offrir leurs désirs en justification de tous leurs crimes || SOLY VI
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