Amber & Helios

Respecter le règlement n’avait jamais fait partie des priorités d’Amber. Elle tenait à sa liberté et à tout ce qu’il pouvait y avoir autour. Ce n’était pas pour rien qu’elle avait fait perdre des centaines de points à sa maison depuis sa première année à Poudlard. Elle aimait se rendre dans la forêt interdite pour découvrir le fonctionnement de la nature et de créatures magiques qui l’intriguaient. Elle aimait sortir et aller à la tour d’astronomie quand le couvre-feu était dépassé, parce qu’elle aimait observer les étoiles et se perdre dans ses pensées. Et récemment, elle s’était découvert un tout nouveau loisir : emprunter la salle de bain des préfets après l’heure autorisée. Autant enfreindre plusieurs règles d’un coup, plutôt que de se faire punir deux fois pour des choses différentes.

Ce soir-là, Amber avait besoin d’évacuer toute la colère qu’elle avait en elle. Depuis plusieurs mois, elle s’était renfermée et n’avait presque parlé à personne. Même certains idiots de Serpentard s’inquiétaient de ne plus avoir de répliques cinglantes lorsqu’ils la provoquaient dans un couloir. La jeune sorcière avait commencé à s’ouvrir au monde et s’était instantanément refermée quand elle avait compris la violence de celui-ci. Elle n’était pas prête à perdre son père, aussi monstrueux soit-il. Sans oublier qu’elle était encore moins disposée à le perdre par sa faute. Tobias avait cherché à la défendre ce soir-là, alors qu’elle subissait un Doloris depuis plusieurs minutes. Amber avait cru perdre la tête et ressentait encore ces ronces invisibles qui lui déchiquetaient la peau. Ce souvenir traumatique ne quitterait jamais son esprit et, encore moins, ce qui avait suivi. Elle revoyait le crâne de son père se fracturait contre la bibliothèque, alors qu’il tombait lourdement au sol. Elle revoyait la culpabilité de son grand frère, celui qui avait juste cherché à la protéger. Le reste de la soirée était assez flou. Amber avait du mal à se rappeler de certains détails. Elle savait seulement que rien n’avait été comme avant, après cet épisode.

Tobias ne lui adressait presque plus la parole et lui donnait l’impression que tout était de sa faute, ce qu’elle avait fini par croire. Leur mère commençait à remonter la pente et sortait très souvent, ce qui laissait Amber dans un manoir vide et silencieux. Elle restait tous les week-ends avec ses idées noires, à ruminer ce qu’elle aurait pu faire d’une autre façon. Elle se demandait quelle direction prendrait son avenir, maintenant que son père n’était plus là pour le diriger. Surtout, elle se demandait comment elle allait pouvoir redevenir celle qu’elle était avant, en dépit de tous ces traumatismes.

Amber n’était pas quelqu’un de mauvais, mais elle se donnait l’impression de le devenir. Elle ne parvenait plus à être agréable avec qui que ce soit, comme si le monde extérieur risquait de lui nuire à tout moment. Elle s’était créée une carapace qui l’empêchait de montrer ses véritables sentiments. Elle ne le devait pas. Si la jeune sorcière parlait, son frère tomberait avec elle et elle ne pourrait jamais se le pardonner. Tobias avait toujours voulu la protéger et elle ne pouvait pas lui en vouloir. Pourtant, il n’était plus présent pour lui montrer le chemin et elle commençait à se perdre. Amber n’avait aucune idée de la personne qu’elle était devenue aujourd’hui et cela la tétanisait.

Bien décidée à apaiser son esprit, elle s’était rendue dans la salle de bain des préfets. Le mot de passe n’avait pas été difficile à découvrir. Un idiot l’avait prononcé un peu trop fort, un soir où elle tentait de revenir discrètement à son dortoir, et Amber l’avait aussitôt mémorisé. Il fallait dire qu’ils avaient de sacrés privilèges, ces préfets ! Pourquoi n’avait-elle pas une aussi charmante salle de bain ? Elle avait une vieille pièce qu’elle partageait avec les autres filles de sa maison.

— Fraîcheur des pins, clama-t-elle au tableau situé devant elle.

Qui déterminaient ces mots de passe ridicules ? Même un enfant de huit ans était plus inspiré pour donner un nom à un animal de compagnie. L’imagination ne volait pas haut, ce qui lui faisait penser que la personne ne venait pas de Serdaigle. Ils étaient bien plus futés que ça !

— Enfin un peu de calme, râla-t-elle entre ses lèvres.

Amber ne perdit pas de temps et déboutonna sa chemise. Elle plongerait dans un bon bain chaud d’ici quelques minutes ! Prendre des risques avait du bon, parfois. Ou presque. En venant dans cette pièce du château, la jeune sorcière n’imaginait pas qu’elle se retrouverait nez-à-nez avec son ami Hélios, à qui elle n’avait pas parlé depuis plusieurs semaines. Elle n’avait d’ailleurs pas été très agréable avec lui. Enfin… Elle n’en savait rien. Ses souvenirs étaient assez flous depuis la rentrée. Elle était bien plus plongée dans sa tête que dans le monde qui l’entourait. La jeune femme n’avait pas fait attention au fait d’être agréable ou pas avec son camarade. Qu’importe !

— Bordel ! Qu’est-ce que tu fous là, Carrow ?

Encore une fois, elle ne cherchait pas à être sociable. Amber ne s’attendait tout simplement pas à voir le Serpentard plongé dans un bon bain chaud. SON bain chaud. Elle comptait bien se détendre ici, qu’il le veuille ou non ! Et s’il le fallait, elle se sortirait par la peau des fesses et sans le moindre scrupule. Personne n’avait le droit de lui voler ce moment de détente. Elle en avait bien plus besoin que lui !

Le pire était qu’Amber cherchait à répondre avec classe et amertume, alors qu’elle avait sursauter comme une gamine, lorsqu’elle avait tourné son regard en direction de Hélios, persuadée d’être seule en ces lieux. Toutefois, elle faisait en sorte de réparer les pots cassés et de ne montrer aucun signe de faiblesse. N’était-ce pas ce qu’on attendait d’elle ?

— Tu allais partir, je suppose ?

Oui, Amber avait une drôle de manière de demander les choses. Cela sonnait plutôt comme un ordre, mais elle ne comptait pas lui céder sa place. Si elle devait l’embarrasser pour qu’il prenne ses jambes à son cou, alors elle le ferait avec plaisir. Ce n’était pas elle que ça dérangeait de se retrouver devant un étudiante, la chemise déboutonnée. La pudeur n’avait jamais fait partie intégrante de sa personnalité, de toute manière !

Amber & Helios

La vie d’Amber n’avait véritablement aucun sens, ces derniers mois. Elle avait l’impression de ne pas savoir ce qu’elle faisait sur Terre. Elle voguait à ses occupations, mais n’avait aucune notion de la raison pour laquelle elle le faisait. Quel était le sens de son existence ? Elle n‘avait jamais été autant perdue et il fallait dire que l’année 2020 avait été douloureuse dans bien des domaines. Tout avait commencé avec l’attaque du Blood Circle, une soirée où Amber avait ôté la vie de quelqu’un sans la moindre culpabilité. Helios était au courant et avait tenté de lui ouvrir les yeux, malgré des opinions divergentes sur certains sujets. Malgré tout, elle avait commencé à se perdre à ce moment-là, alors que son père lui avait annoncé un mariage arrangé avec un enfant de bonne famille, un gamin, un adolescent puéril… L’envie de hurler et de se révolter avait grandi et s’était nourrie de toute la noirceur qu’Amber cachait au fond de son âme. Elle avait tenté de prendre quelques informations auprès d’Adèle, pour savoir comment s’émanciper de sa famille, même si elle tenait énormément à son frère Tobias.

Enfin, elle put respirer un peu et voir le bout du tunnel. William lui avait permis de faire annuler ses fiançailles en enquêtant sur ce Lestrange qui n’était pas vraiment de sang-pur. Des mensonges qui n’avaient pas du tout plu à son père. Thorfinn avait d’ailleurs choisi de passer ses nerfs sur elle et l’avait envoyé en mission avec un de ses associés en affaire. Ce qu’elle n’avait pas imaginé, c’était le fait qu’on l’oblige à torturer un moldu. Ce qui l’avait le plus surpris ? Que son sortilège marche. Le Doloris ne marchait que si le lanceur avait la volonté de faire souffrir la personne en face de lui. Perdue et en colère, elle était rentrée au manoir des Towsen et s’en était pris à son père. La situation s’était rapidement retournée contre elle et elle avait subi le sortilège de torture pendant de longues minutes. Amber avait cru sombrer dans la folie, jusqu’à ce que Tobias intervienne et envoie un Stupéfix sur leur père. Ils n’avaient simplement pas anticipé qu’il se briserait le crâne contre la bibliothèque.

Cette nuit hantait ses esprits. Elle se souvenait de l’arrivée de Alexis qui les avait aidé à cacher le corps. Elle se souvenait des nausées qu’elle avait eu les jours suivants et surtout de l’enterrement auquel elle avait dû prendre sur elle pour ne rien laisser entrevoir. Amber était totalement dépossédée depuis ce jour. Elle avait envoyé promener tous ses amis et s’était retrouvée atrocement seule. Même Tobias lui adressait peu la parole… Sa vie était devenue plus sombre que jamais et elle devait avouer que des bruits de couloirs s’étaient déjà formés à son sujet. Les élèves parlaient énormément et avaient fait comprendre à tous qu’elle était vraiment désagréable au possible. Le directeur avait même fini par la convoquer pour lui donner un avertissement.

Amber avait donc fini par prendre sur elle et ne plus parler à ceux qui l’entouraient. Ce bain était peut-être la seule chose positive de la journée et elle n’allait sûrement pas laisser tomber. Quand Helios se moqua d’elle en mentionnant des mandragores, elle lui fit un petit sourire forcé et lui adressa un doigt qui parlait très bien de lui-même.

— Pardon, j’ai dû me tromper. Pendant un instant, j’ai cru que tu étais préfet, mais de ce que je vois tu respectes aussi bien le règlement que moi.

Helios semblait s’amuser et se délecter de cette situation, mais Amber n’allait pas baisser les bras. Ce bain était pour elle et, s’il le fallait, elle allait le faire sortir par la peau des fesses. Cela risquait d’être douloureux pour le Carrow, mais elle s’en moquait. Si elle ne se détendait pas, d’une manière ou d’une autre, elle allait devenir folle à se remémorer cette soirée-là.

Son camarade lui fit un petit commentaire sur sa tenue, auquel elle ne répondit même pas. Amber n’était pas la fille la plus coquette de l’année. Elle ne prenait pas souvent le temps de se maquiller ou de faire des coiffures originales. En revanche, elle s’était beaucoup entraînée au combat au corps à corps avec Jaeden. Le sortilège de Doloris de William l’avait aussi aidé à dessiner de belles courbes. Il fallait dire que ses muscles étaient constamment en train de travailler et elle avait de sacrées courbatures le lendemain. Même si elle ne les voyait plus depuis le drame, les entraînements sportifs n’avaient pas cessé. Elle faisait du sport quand le château dormait encore et parcourait le magnifique parc de Poudlard. Ce n’était pas étonnant que de jolis muscles commençaient à se dessiner. Helios ne l’embarrassait pas du tout. Amber n’avait jamais été pudique.

D’ailleurs, comme pour lui prouver que son stratagème n’avait pas fonctionné, mais aussi pour le provoquer un peu, elle retira l’ensemble de ses vêtements. Helios avait tourné le dos à la jeune femme et lui laissait tout le loisir de l’emmerder un peu. Elle avait quand même gardé ses sous-vêtements (il ne fallait pas non plus abuser, le Serpentard ne s’en remettrait jamais sinon!).

— Merci d’avoir préparé le bain. Elle est à la température idéale.

Amber se glissa dans l’eau chaude et arqua un sourcil, d’un air un peu provocateur. Avec un peu de chance, elle intimidait suffisamment Helios, il prenait ses jambes à son cou et lui laissait la salle de bain des préfets rien que pour elle. Le bonheur !

La jeune femme savait qu’elle n’était pas la plus agréable du monde, ces derniers mois, mais elle avait envie de remonter la pente. Elle se disait simplement qu’elle pourrait le faire, le jour où elle retrouverait un sens à son existence. La sorcière avait l’impression que plus rien ne lui provoquait du bonheur ou du plaisir. Elle avait déjà essayé des coups d’un soir, comme elle avait l’habitude de le faire autrefois (même si elle le prenait le temps de choisir son partenaire et que le rythme était assez calme). Pourtant, elle n’avait jamais ressenti les mêmes sensations. Soit ses partenaires étaient vraiment nuls, soit Amber avait du mal à lâcher prise ou à se laisser ressentir une once de plaisir. Cela devenait vraiment contraignant au quotidien… Alors Hélios allait la laisser profiter de son fichu bain !

Amber & Helios

Amber et Helios n’avaient que très peu de temps pour échanger. Leur amitié restait secrète depuis des années et ils y trouvaient tout les deux leur compte. Le Serpentard pouvait continuer à fréquenter ses autres amis, dont Grigori qu’elle détestait au plus haut point, sans prendre le risque de se prendre des vannes sur le fait qu’il parlait à Amber. Elle n’était pas l’étudiante avec la meilleure réputation à Poudlard. Même si elle était particulièrement assidue en cours, elle se faisait aussi remarquer pour son manque de respect du règlement de Poudlard. Une fâcheuse habitude qui l’avait suivi jusqu’à sa dernière année d’étude. Dans quelques mois, elle serait diplômée et allait devoir rentrer dans une case. Le Ministère de la Magie ne plaisantait pas avec le règlement et elle ne prendrait plus le risque de transgresser la loi. Pas en dehors de ce château où elle pouvait encore se permettre d’être irresponsable.

Elle se demandait à quoi ressemblerait son quotidien, sans ses joutes verbales avec des Serpentards, comme Grigori. Cet idiot méritait plusieurs paires de claques. Il était insupportable au possible et elle se demandait comme Helios pouvait être ami avec quelqu’un comme lui. Il valait mieux que ça quand même ! Un prétentieux qui pétait plus haut que son cul, voilà comment elle qualifierait Grigori. Elle se souvenait encore de leurs mésaventures dans l’une des tours du château. Amber était presque sûre qu’il l’aurait balancé par la fenêtre s’il en avait l’occasion. Elle se demandait comment ils avaient pu en rester qu’aux mots violents, alors qu’il méritait clairement qu’elle passe au stade supérieur. Peut-être qu’un petit poing pouvait échapper à son contrôle avant la fin de sa scolarité, n’est-ce pas ? Grigori n’était pas du genre à aller cafter à son directeur de maison. Il aurait trop honte de dire qu’une fille l’avait frappé au visage. Hum… Quelle charmante idée ! Elle la notait dans un coin de son esprit.

Pour en revenir à Helios, il méritait certainement mieux que cet ami. Soit ! Elle n’allait pas lui parler de ses fréquentations alors qu’elle était devenue amie avec des moldus. Ils ne se comprendraient sans doute jamais sur ce point-là. Elle se contenta donc de l’écouter parler de sa mère et roula des yeux. Elle avait oublié ce détail, même si elle n’était pas certain qu’il s’agissait d’une véritable excuse. La vice-rectrice avait justement une réputation à tenir. Elle ne pouvait se permettre de laisser son fils faire des vagues. Son explication ne tenait pas la route une seule seconde. Nul besoin d’être à Serdaigle pour le remarquer !

— Si tu le dis.

À la suite de cet échange, Amber décida de rester dans la salle de bain des préfets. Elle n’avait pas pris tous ces risques pour rien. Et, par Merlin, qu’est-ce qu’elle le voulait ce bon bain chaud ! Helios avait même décidé de fermer les yeux. Si ce n’était pas une invitation pour se déshabiller et le rejoindre ! Amber prit ça comme une opportunité et retira son uniforme qu’elle déposa soigneusement sur le rebord du lavabo. Elle n’était pas du genre très coquette lorsqu’elle avait le choix de ses tenues vestimentaires. La sorcière faisait littéralement le strict minimum et ne passait pas dix ans dans la salle de bain à choisir une tenue, une coiffure et un maquillage. La Towsen était une femme assez naturelle, qui se sentait bien dans son corps. Inutile d’y ajouter des artifices qui disparaîtraient le soir même. Elle en était à un stade où elle était suffisamment à l’aise pour avoir des contacts charnels, le temps d’un clair de lune, avec des inconnus (ou pas). Elle pensait notamment à Jonas qu’elle avait fréquenté en mai dernier. Il avait été d’une très bonne compagnie, alors qu’elle n’était pas non plus du genre à changer de partenaires toutes les semaines. Amber se suffisait à elle-même et profitait de la vie lorsqu’elle en avait envie, tout simplement.

Ce bain faisait d’ailleurs partie de ces petits plaisirs qu’elle s’octroyait. Sans la permission de son ami, elle se glissa dans l’eau et se plaça face à lui. Elle regretta même de ne pas avoir retiré l’intégralité de ses sous-vêtements. Elle aurait pu le faire fuir et profiter de ce moment toute seule. Amber le regretta même dès lors qu’il ouvrit la bouche pour lui faire des remarques inintéressantes. Le bain était peut-être gigantesque, mais il avait réussi à la faire se sentir à l’étroit en une seule phrase. Il était doué ! Très doué ! La sorcière garda son visage désintéressé et planta ses yeux émeraude dans ceux de son interlocuteur. Elle avait à ne plus montrer quand elle était touchée depuis plusieurs mois maintenant.

— Ou des moldus à aller tuer ? lui lança-t-elle en arquant un sourcil. Tu peux le dire. Je ne suis plus une enfant, Carrow.

L’étudiant lui posa une nouvelle question, alors qu’elle avait refermé les yeux, persuadée que cet échange était terminé. Ce n’était visiblement pas le cas. Elle n’avait pas encore envie d’être celle qui faisait des confessions. Sûrement pas au sujet de son père. Pas après tous les délits qu’elle avait commis avec son frère.

— Pourquoi ça n’irait pas ?

Amber n’était pas dans le déni de ce qu’elle ressentait. Elle savait très bien ce que voulait savoir son interlocuteur et elle n’avait pas envie d’alimenter cette conversation. Elle ne voulait pas dévoiler ses faiblesses au grand jour alors qu’elle montrait de l’animosité depuis des mois. La froideur était une meilleure arme que la vulnérabilité, après tout !

— Et toi, comment vas-tu ?

Cet échange était ridicule. Amber avait envie d’occuper son temps de manière plus intéressante, elle qui avait pris l’habitude d’aboyer sur le premier passant depuis la reprise des cours… Elle s’amusa à brasser de l’eau avec le bout de ses doigts et analysa les petits vagues qu’elle créait à la surface du bain. Si c’était pour parler d’elle, elle aurait peut-être mieux fait de se tirer lorsqu’elle en avait l’occasion. Amber n’avait aucune envie de parler de cette nuit-là… Plus jamais.

Amber & Helios

Amber détestait parler d’elle, alors pourquoi Helios s’acharnait-il ? Elle n’avait pas envie de parler des soucis qui animaient son quotidien. Elle avait déjà assez à penser et ne voulait pas savoir ce que les autres imaginaient à son sujet. Elle avait perdu un père, qui était également un monstre. La seule culpabilité qu’elle ressentait était dû au fait qu’elle ne ressentait justement rien. Thorfinn n’était plus de ce monde et cela valait mieux pour tout le monde. Les sorciers comme les moldus se porteraient mieux sans lui. Il était doué pour faire souffrir et manipuler les personnes qui l’entouraient. Il ne ressentait aucun amour, pas même pour sa femme et ses enfants. Amber avait subi le Doloris et l’Impérium à de nombreuses reprises. L’objectif était de la faire rentrer dans les cases, mais cela n’avait jamais fonctionné. Quant à son frère, il avait subi le sortilège de l’oubliette, mais n’en avait jamais vraiment parlé avec Amber. Il était assez pudique sur ce sujet et sortait davantage de ses gonds quand cela concernait sa jeune sœur, comme si son propre sort ne l’intéressait pas. Il avait agi de la même manière lorsqu’il avait donné la mort à leur père. Il avait pensé à elle, avant de penser à leur géniteur. Il avait simplement voulu la protéger, sans imaginer une seule seconde le dur fardeau qu’ils porteraient pour le restant de leur vie.

Alors qu’espérait Helios ? Qu’elle fonde en larmes devant lui ? Elle ne comptait pas le faire. Son père n’était plus de ce monde et cela lui convenait parfaitement. Cette pourriture ne serait plus là pour lui faire du mal ou lui trouver un hideux mari issu d’une famille de sang-pur. Amber était dorénavant libre de ses choix et de ses mouvements, jusqu’à preuve du contraire.

— La vie est ainsi faite. On finira tous par perdre un parent, un jour ou l’autre. Tous ceux qui refusent de le voir s’infligent des souffrances inutiles.

Pourtant, Amber le percevait très bien et elle ne pouvait s’empêcher de souffrir au fond d’elle. Elle n’en parlerait pas à Helios, ni à quiconque. Elle voulait garder ses faiblesses pour elle. Personne ne devait savoir ce qu’il s’était passé, ce soir de printemps, dans le manoir des Towsen. Personne ne devait découvrir la monstruosité de leur acte. Personne ne devait retrouver le corps de Thorfinn. Jamais. Alors il valait mieux ne pas en parler. Surtout pas à Helios. Elle l’appréciait mais elle était persuadée qu’il ne comprendrait jamais ce qu’elle traverse. Elle ne voulait pas finir à Azkaban avec son frère. Il ne méritait pas ça pour lui avoir sauvé la vie.

— Mieux ? Ca n’allait pas ?

Ces deux-là ne s’étaient pas parlés depuis un moment. Amber aboyait littéralement sur tout le monde depuis la rentrée et ce n’était pas à l’enterrement de Thorfinn qu’ils avaient partagé les petits potins. La sorcière s’était éloignée de beaucoup de monde et n’avait aucune idée de ce qu’il se passait dans la vie de ceux qu’elle considérait autrefois comme ses amis. Elise et elle ne se parlaient pratiquement plus. Amber avait été exécrable avec elle et elle s’en voulait quelques fois de ne pas avoir fait d’efforts. Quant à Helios, elle n’avait pas pris le temps de savoir comment il allait. Elle n’avait rien fait depuis des mois…

Comme s’il voulait la fâcher davantage, il lui parla de son frère. Tobias était en train de gravir les échelons et arpentait les couloirs de leur manoir comme s’il était devenu le nouveau chef de la famille. Même si c’était un peu le cas, Amber n’aimait pas la tournure que prenait les événements. Et si le pouvoir lui montait à la tête ? S’il redevenait exécrable avec elle ? Trop de questions douloureuses lui vinrent à l’esprit, alors qu’elle voulait simplement se changer les idées.

— Tu n’es pas amusant, Helios.

Elle lança cette phrase en effectuant une petite brasse pour le rejoindre et s’asseoir à ses côtés. Qu’importe qu’il soit complètement nu sous l’eau. Ce n’était plus son problème à partir du moment où il avait décidé de rester dans ce bain.

— On ne pourrait pas parler ou faire des choses plus intéressantes.

Amber était venue ici pour se vider la tête. Helios ne faisait que réveiller d’affreux tourments en elle, ce qui était absolument le contraire de ce qu’elle voulait ressentir. Il était hors de question qu’elle le laisse continuer dans cette voie-là, une voie qui la faisait sentir faible et impuissante. La sorcière avait envie de rire et de se changer les idées. En tout cas, le Serpentard avait une chance de ne pas la voir insultante ou désagréable. Il aurait tort de ne pas la saisir et de continuer à lancer des sujets houleux. Amber risquerait de ne pas rester de bonne humeur très longtemps.

— Ou alors, tu me laisses le bain et tu retournes dans ta salle commune, répliqua-t-elle avec un petit haussement de sourcils provocateurs.

Elle tapota deux fois l’épaule de son ami, en espérant le faire réagir, et y laissa sa main. Si elle le gênait suffisamment, peut-être se plierait-il à ses désirs en retournant dans son cachot et en lui laissant son intimité (aussi peu pudique soit-elle) ?

Amber & Helios

Amber n’avait effectivement pas envie de s’étendre sur le sujet de son père. Elle était déjà honteuse de ce qui avait pu se passer. Helios n’avait pas besoin de savoir qu’elle ne ressentait aucun chagrin à l’idée que son père ne soit plus de ce monde. Il n’avait jamais eu de filtres avec elle, tout comme elle n’en avait jamais eu avec lui. C’était bien ce qui l’effrayait le plus dans cette situation. Et si la vérité était trop lourde à porter ? Amber ne voulait pas prendre le risque de finir à Azkaban avec son frère parce qu’elle avait placé sa confiance au mauvais sorcier. Raphaël avait été une exception à la règle, mais elle était capable de lui confier sa vie. La sorcière connaissait suffisamment bien ce moldu pour savoir qu’il ne lui voudrait pas de mal. Il culpabiliserait à en mourir si elle finissait à Azkaban par sa faute. Trahir n’était pas dans ses gênes… Elle ne dirait pas la même chose des mages noirs. L’idée d’avoir plus pouvoir pouvait rendre dingue la plupart d’entre eux.

Amber craignait d’ailleurs que son frère ait choisi cette voie. Depuis le décès de leur père, il s’était positionné comme étant le chef de famille. Il était sans cesse en déplacement, en train d’accomplir des missions ou de mettre en place des stratégies dont elle ignorait les ampleurs. La jeune sorcière ne voulait pas qu’il devienne comme Thorfinn. Elle ne voulait pas que le pouvoir monte à la tête de Tobias. Il ne lui parlait pratiquement plus depuis le mois de juin et elle commençait véritablement à s’inquiéter pour lui. C’était lui qui avait porté le coup fatal. Il ne lui disait plus rien et semblait s’aventurer en terrain glissant. Très dangereux…

Les questions d’Helios firent émerger tous ces questionnements et elle n’avait honnêtement pas envie de les mettre en mots, ni même de s’attarder sur ce sujet. Une moue plaqué sur les lèvres, elle changea de sujet et s’intéressa de plus près au quotidien de son ami, tout en gardant cet air détaché qui donnait l’impression qu’elle s’en fichait et faisait surtout des politesses. En vérité, elle mourrait d’envie de savoir ce que devenait le Serpentard quand il ne croisait pas sa route.

— Tu veux en parler ?

Il allait certainement refuser, mais Amber voulait lui donner la possibilité d’interagir avec elle, s’il le souhaitait. Pourtant, le sorcier était rentré dans son jeu et lui avait renvoyé la balle en parlant cette fois-ci de Tobias. Ces banalités commençaient à l’ennuyer. Elle ne voulait pas parler de tout ça. Ne l’avait-il pas compris un peu plus tôt lorsqu’elle avait changé de conversation ? Amber hésita à lui renvoyer une nouvelle fois la balle, mais elle était certaine que cela ne fonctionnerait pas. Elle changea donc de tactique et se rapprocha de lui, rentrant dans une provocation constituée de quelques ambiguïtés. Réussirait-elle à le mettre aussi mal à l’aise qu’elle lorsqu’il l’avait interrogé sur son père ? Le défi était de taille et elle s’était lancée dedans sans attendre son consentement.

Helios rentra dans son jeu et lança quelques mots d’un ton piquant. Elle ? Ne pas rire depuis un moment ? Bon, il n’avait pas vraiment tort. Elle n’allait pas se vexer. À la place, elle lui jeta une pichenette d’eau au visage. Elle en avait bien plus dans le ventre, mais elle n’allait pas sortir l’artillerie lourde pour le moment, tout de même ! Sa dernière remarque la fit rire. Il voulait qu’elle lâche l’affaire, mais peinait à cacher son petit sourire en coin. Du bout de l’index, elle vint effleurer le coin de sa lèvre.

— C’est marrant, le sourire que tu t’efforces de cacher me donne plutôt envie de continuer dans cette lignée.

Elle récupéra sa main, avant qu’il ne la retire une nouvelle fois ou ne décide de lui casser le poignet quand il en aurait marre. Le Serpentard renchérit sur son fidèle acolyte : Grigori. Un rire franc quitta les lèvres de la sorcière.

— Parce que tu écoutes les conseils d’un crétin comme lui ? Je pensais que tu étais capable de prendre des décisions par toi-même.

Hop ! Une nouvelle provocation. Il fallait dire qu’elle détestait ce Grigori. Il ne manquait pas d’air ! Misogyne, provocateur, instable… Elle était incapable de lui trouver une qualité à cet imbécile. Helios méritait bien mieux que lui comme ami. Mais elle n’était personne pour lui conseiller qui fréquenter. Il était libre de prendre ses propres décisions.

— Je savais que je t’avais manqué, lui lança-t-elle avec un petit sourire amusé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle tu es encore ici. Tu ne peux pas te passer de moi. Ce n’est plus une surprise, Carrow. Je trouverai ça presque mignon si ton gros postérieur ne prenait pas la moitié de ce bain.

Une lueur de joie pouvait se lire dans son regard. Elle était heureuse de pouvoir passer un moment comme celui-ci, sans être hautaine ou froide comme elle l’était depuis septembre.

Amber & Helios

Amber savait que son comportement allait porter préjudice à leur amitié, autant que ça avait pu le faire avec Elise. Elle n’y pouvait rien. C’était plus fort qu’elle. Les répliques cinglantes et froides débitaient toutes seules. La sorcière était en colère contre la vie, contre tout ce qui l’entourait. Elle trouvait ce monde injuste et pathétique, alors qu’il était autrefois parsemé de belles promesses et d’un avenir radieux. Comment la vie avait-elle pu prendre un tel tournant, sa vie ? Évidemment qu’elle n’avait pas envie de se confier à Helios. Ni à qui que ce soit d’ailleurs. Elle restait persuadée que personne ne pourrait comprendre son mal-être. Sa vie avait été tragique. Elle n’avait jamais eu la chance de choisir son destin, mais maintenant qu’elle le pouvait, la vie se moquait d’elle et la laissait se renfermer sur elle-même. Ce n’était pas du tout la vision qu’elle avait eu de son indépendance, loin de là. Ça craignait !

La voilà donc plongée dans le même bain que son ami. Elle se comportait de façon étrange. En vérité, elle ne savait plus vraiment comment se comporter avec qui que ce soit. Son envie de profiter de la vie revenait au galop, mais sa crainte de blesser une autre personne qu’elle aimait persistait. Elle ne voulait pas faire subir tous ces tracas à Helios. Il avait toujours été franc avec elle. Bien trop franc et elle craignait de ne pas réussir à supporter l’ampleur de ses propos si elle rentrait dans la confidence avec lui. Amber se sentait si fragile en ce moment. Cette carapace était sa seule façon d’éviter de montrer ses failles, de ne pas se faire briser par une personne malintentionnée.

Helios commença à s’agacer quand elle parla mal de son meilleur ami. Elle n’y pouvait rien. C’était sorti tout seul. Pourtant, le Serpentard n’était pas stupide. Tout le monde avait des défauts, même lui, alors pourquoi n’acceptait-il pas ceux de Grigori ? Ils étaient si nombreux et il était inutile de le nier. Elise était la meilleure amie d’Amber et elle savait très bien qu’elle était loin d’être parfaite. Tout être humain avait ses défauts. Un véritable ami se devait de les accepter plutôt que de les nier.

— Ton très cher ami a essayé de me balancer par la fenêtre de la volière, l’année dernière. Je pense que mon jugement envers sa personne est mérité, lança-t-elle spontanément. Et puis, je pensais que nous aussi nous étions amis, pourtant ça ne t’empêche pas de ne jamais réagir quand il me provoque devant toi. Non ?

Amber arqua un sourcil et se renferma sur elle-même, encore un peu plus. Elle n’avait pas tort sur ce point et elle le savait. Inutile qu’Helios cherche à contre-argumenter. Il n’avait jamais pris sa défense devant Grigori alors qu’il tenait des propos à la limite du raisonnable. Certes, elle n’était pas une princesse en détresse et savait se défendre toute seule, mais le voir défendre un crétin comme lui avec autant de vivacité la blessait quelque peu. Amber était persuadée qu’il n’avait jamais fait la même chose pour elle.

Une moue sur le visage, elle tenta de passer outre cet épisode et de poursuivre son but premier : récupérer l’entièreté de ce bain pour être seule avec ses sombres pensées. Heureusement, la conversation dévia vers un tout autre sujet et empêcha Amber de s’agacer davantage. Elle se contenta d’écouter le monologue de son ami et d’esquisser un nouveau sourire, plus timide ou discret, cette fois-ci.

— J’attends que ça ! lança-t-elle à l’encontre du postérieur de Helios.

Puis, il posa une question beaucoup plus sérieuse et Amber posa, un court instant, son regard émeraude sur l’eau du bain. Il lui avait posé une colle. Pourquoi était-elle venue ici ? Quel était son but véritable ? Si ce n’était d’engager un combat de coq avec son ami, pour savoir qui prendrait possession de cet espace.

— Je suis là pour me changer les idées, commença-t-elle avant de planter son regard dans celui de son interlocuteur. Peut-être aussi parce que j’ai besoin d’un peu de compagnie pour ne pas devenir folle et que ta présence me manquait.

La sorcière était visiblement une étrange créature. Elle venait clairement de lui avouer qu’elle ne voulait pas qu’il sorte de ce bain et que sa présence lui convenait très bien. Amber n’avait peut-être pas envie de se retrouver seule, finalement. Son être tout entier réclamait du bien-être, de l’attention et de la relaxation. Elle en avait assez de se battre, même si elle laissait penser le contraire.

Son regard scruta le visage de Helios. Elle ne l’avait sans doute jamais vu d’aussi près. D’ici, elle pouvait admirer la véritable couleur de ses yeux, le moindre détail sans trop de difficulté. En général, il était à l’autre bout d’une table et ils discutaient sans trop se regarder pour ne pas que les autres découvrent leur amitié. Sa peau n’avait aucune imperfection. Son teint était sans aucun doute plus clair que le sien. Quant à ses lèvres, elle semblait aussi douce qu’elles étaient lisses.

Amber prit alors conscience qu’elle avait peut-être abusé sur la proximité physique et que le Serpentard devait peut-être se sentir trop mal à l’aise. Autant qu’elle quand elle cessa de l’observer, se racla la gorge et se décala de quelques centimètres sur le côté, histoire de remettre une distance décentre entre eux deux.

— Enfin voilà, quoi…

Amber & Helios

Amber et Hélios n’avaient jamais dévoilé leur amitié au grand public. La sorcière le faisait surtout pour lui, parce qu’elle savait que certains de ses amis Serpentards ne comprendraient pas sa décision. La jeune femme n’avait pas toujours bonne réputation auprès d’eux, tout particulièrement auprès d’enfants de mangemorts. Elle s’était montrée odieuse envers eux dès leur première année, dès les premières moqueries qu’on lui avait lancées. Depuis, une joute verbale était déclenchée à chaque fois qu’elle en croisait certains en particulier. Toujours des personnes du même âge qu’elle. Une longue histoire de haine et de provocations était derrière eux et elle allait bientôt se terminer dès que leurs études toucheraient à leur fin. Amber avait hâte de ne plus revoir leurs vieilles têtes qu’elle avait envie de cogner contre un mur.

Parmi eux, il y avait une exception. Helios Carrow. Elle l’avait toujours estimé. Elle avait toujours aimé connaître sa vision des choses, quitte à rentrer dans des débats interminables, voire houleux. Leur amitié était quelque chose de précieux pour elle et elle ne voulait pas prendre le risque de la perdre après les études. C’était le cas de nombreux étudiants et elle ne savait vraiment pas ce que cela donnerait entre eux.

— On ne s’est pratiquement pas croisé en plusieurs semaines, voire mois. Ça va donner quoi quand on quittera ce château ? lança-t-elle avec une légère moue. On est déjà si éloignés alors qu’on est dans la même école.

Les inquiétudes d’Amber avaient été posées sur la table. Elle préférait être honnête avec le Carrow. Leur amitié n’avait vécu aucune bataille, aucun moment difficile. Ils s’étaient toujours confiés l’un à l’autre ou avaient débattu de longues minutes. Aucun d’eux n’avait eu le temps de laisser un élément extérieur entaché leur relation. Qu’en serait-il en dehors de ses murs ? Allaient-ils finir par se perdre de vue ? La sorcière n’espérait vraiment pas que ce soit le cas. Helios avait une grande importance dans sa vie, aussi minime soit sa présence. Un étrange contraste qu’elle avait fini par accepter.

Amber finit par se confier au sujet de son besoin de se changer les idées. Quelque chose se produisit entre eux, mais elle finit par s’éloigner, ayant peur que ce ne soit que des spéculations. Jamais elle n’avait ressenti d’attirance pour Helios. Il était juste son voisin de table à la bibliothèque. Elle l’observait à peine quand ils se parlaient pour ne pas prendre le risque d’être attrapés par leurs camarades. Pourtant, il avait des yeux magnifiques dans lesquels elle avait commencé à se perdre. Des lèvres parfaitement bien dessinées.

Effrayée par cette attirance soudaine pour son ami, elle avait fini par s’éloigner et ne fit pas immédiatement attention au fait qu’il se soit penché dans sa direction. Amber ne pouvait pas ressentir ce genre de choses pour Helios. Leur relation était déjà compliqué et étrange. D’un autre côté… Elle se demandait ce que serait le risque d’un tel geste. Jamais l’étudiant n’irait parler de cet épisode avec ses camarades. Jamais il ne prendrait le risque de dire qu’il s’était retrouvé nu, dans le même bain qu’Amber. Son meilleur ami lui rirait au nez et le jugerait un peu. Il y avait de fortes chances pour que ça se passe ainsi.

La sorcière finit par rire à la remarque de son camarade. Il était vrai qu’elle pouvait être un peu folle sur les bords, sinon elle ne se serait jamais mis dans un bain avec un homme totalement nu. D’un autre côté, elle n’avait jamais été très pudique. Il suffisait de voir Jonas, quelques mois plus tôt, qu’elle avait rencontré dans un bar. Amber se contentait de s’amuser de temps à autre, sans jamais se lancer dans quelque chose de sérieux. Pour elle, la sexualité était quelque chose de normal, à ne pas toujours assimiler aux sentiments. C’était simplement un bon moment qu’elle aimait passer en compagnie d’une autre âme égarée.

— Tu vas sans doute me trouver encore plus folle que je ne le suis déjà, mais je sais exactement ce que tu pourrais faire pour m’aider.

Amber se lançait peut-être dans la pire bêtise de sa vie, mais elle s’avança en direction du Serpentard et plaqua ses lèvres contre les siennes. Peut-être le regretterait-elle, mais ce soir-là, elle préféra écouter ses pulsions. Son corps demandait à être libéré de toutes ses tensions et Helios était la seule personne intéressante qu’elle avait rencontrée ces dernières semaines. Au bout d’un instant, elle recula son visage et planta son regard émeraude dans le sien.

— Tu pourrais m’aider en me faisant me sentir vivante, le temps d’une soirée ? murmura-t-elle, une main posée sur l’épaule de son camarade.

Et si jamais Amber avait commis une drastique erreur, elle était prête à dire que c’était une tentative pour le voir partir du bain. Elle ne voulait pas perdre ces échanges précieux qu’elle avait avec Helios. Quoi qu’il en coûte.

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