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J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri, de nous voir plus fort que la vie || PANINI III :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Luca Zabini
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Mar 2 Nov - 11:22

Et pourtant moi, j' me suis menti
De nous croire tellement à l'abri
De nous voir plus fort que la vie
Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

Luca scrute l’immense longère qui appartient à sa famille depuis des années et un profond soupir d’aise s’échappe bien malgré lui de sa bouche. Il se tourne vers Anjelica, scrutant avec attention chacune de ses réactions. Si Luca n’est pas revenu sur leur terre natale depuis le mois d’avril, il en est de même pour sa sœur cadette. Les souvenirs de ces moments demeurent gravés dans sa mémoire comme le commencement de ce que Luca appelle désormais « la trahison » : si Luca avait accueilli son frère de cœur et sa sœur les bras ouverts, se réjouissant de leurs fiançailles, se réjouissant de les revoir malgré une dispute houleuse avec Anja sur les raisons de son départ inopiné et le fait qu’il n’ait donné aucune nouvelle pendant presque dix mois, la fin du séjour sur les terres italiennes a été ponctué par l’altercation entre certains hommes de la Cosa Nostra et Jaeden, révélant au prime abord son enfance au bordel. Luca avait bien entendu apporté son soutien à son meilleur ami sur ses sujets, n’ayant aucune raison de douter. Il savait tout ça, il s’était porté garant de lui. Malgré tout, leur père avait demandé à ce que tous les pans de sa vie soient passés au crible pour rassurer les autres membres de la famille. Luca était alors rentré le cœur léger en Angleterre, persuadé qu’ils ne trouveraient rien. Mais ensuite, l’enquête avait révélé les mensonges concernant l’intronisation de Théodora et tout avait alors changé. Luca avait eu du mal à passer outre mais pour autant, les mois avaient passé ; que ce soit Jaeden ou Théodora, il leur avait pardonné. Mais pas Anja. Luca, pris à parti entre les deux camps, ne sachant plus bien comment se positionner, avait replongé plus profondément dans la drogue, entraînant Anja dans son sillage ; l’esprit ravagé, fracassé, tout lui semblait pourtant plus facile à supporter. C’est pour cela qu’être ici, dans un lieu où il s’est toujours senti en sécurité, cela apporte à Luca un peu d’espoir ; il est né pour devenir dirigeant de la Cosa Nostra à l’instant même où il a choisi la fiole de poison. Il est né pour cela, mais pour autant, Luca se sent parfois englué sous toutes les responsabilités qui lui incombent avec le besoin irrépressible de parler avec son père. Faire le point. Comme avant le procès. Mais cette fois, Anja sera à ses côtés. Il n’a plus envie de la mettre à l’écart, il n’a plus envie de lui mentir. Elle sait pour la drogue. Elle sait qu’il a besoin d’elle et que cette faiblesse est aussi la sienne. Elle a besoin de lui elle aussi. Maintenant plus que jamais. Il demande dans leur belle langue : « Va bene ? » Le voyage en portoloin n’est pas du plus agréable mais Luca le trouve toujours plus sécurisant qu’un transplanage, surtout à cette distance. Alors qu’ils s’approchent de la porte d’entrée, une ombre furtive passe le pas de leur porte et ils se retrouvent en quelques secondes serrés contre leur mère : « Mamma. » murmure Luca doucement en posant sa tête dans la cime de ses cheveux. Et l’espace d’un instant, il oublie tout. Il oublie la Cosa Nostra, il oublie l’Angleterre, redevenant un fils qui retrouve sa mère.

Passées les retrouvailles à évoquer la pluie et le beau temps en compagnie de leurs parents autour d’un thé et d’une farandole de desserts préparée par leur mère, Alessandro Zabini invite ses enfants à le suivre dans son bureau pour discuter affaires. Ils s’y installent tranquillement tandis que Luca retrouve avec plaisir cette pièce qu’il a toujours affectionné ; décoré selon les gouts de son père, l’odeur du tabac froid et du cigare, tout est rassurant pour Luca ici. « Ditemi, figli miei. » demande-t-il. Luca décide de prendre la parole en premier pour laisser à sa sœur le temps de se préparer. Peut-être pour lui laisser le temps à lui de se préparer. Luca espère secrètement qu’Anja n’officialisera pas les choses auprès de leur père afin qu’il puisse, lui, rester dans une sorte d’état de déni ; le break entre Jaeden et Anjelica s’éternise depuis juillet et dire à leur père qu’ils étaient en froid, c’est comme rendre les choses plus réelles. S’exprimant en italien, Luca expose la situation à leur père : « Après le procès, les affaires ont repris petit à petit. Le climat était très tendu mais la sentence a calmé le jeu, les représentants des familles ont accepté le jugement. Depuis, chacun a repris sa place et son rôle et il n’y a pas eu de difficultés particulières. Anja et moi avons été confrontés à certains clients récalcitrants mais aucun incident n’est à déplorer. » Il ajoute : « Les Giacometti se tiennent à carreau et il n’y a pas eu de représailles pour l’assassinat de Del Piero. C’est même plutôt calme depuis quelques temps. On est sur le coup et les indics font bien leur boulot. » Luca expose en quelques mots la situation actuelle en Angleterre : « La disparition de Potter et la montée en puissance des Blood Circle font que nous sommes plutôt tranquilles. On nous laisse faire sans vraiment nous poser de questions, le gouvernement a d'autres chats à fouetter. Nous avons infiltré le Conseil d’Administration, notre agent double me fait des rapports réguliers et la Cosa Nostra se porte plutôt bien financièrement ; notre influence sur le territoire se répand. » Mais ce n’est pas tout. « Néanmoins, Anja et moi avons beaucoup réfléchi suite à ce qu’il s’est passé en juillet et nous estimons que nous devons être plus sélectifs et plus restrictifs sur le choix de nos alliés et des sympathisants. Par ailleurs, nous envisageons aussi de prendre des mesures radicales pour éviter que ce qu’il s’est passé cet été se reproduise. » Trop de gens au courant, trop de gens qui pouvaient les trahir. La fratrie Zabini est bien consciente de cela. Luca se tourne vers sa sœur afin qu’elle puisse elle aussi prendre la parole. Plus jamais il ne la mettra à l’écart de ces discussions qui les concernent tous les deux.
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Lun 27 Déc - 0:12


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
de nous voir plus fort que la vie
Luca & Anjelica


Mon regard s’assombrit un instant alors que j’observais notre demeure Italienne. Nous n’étions pas revenus depuis avril, mais cela me semble si loin et si proche à la fois. J’étais avec Jaeden et nous allions annoncer notre décision de nous marier… Un soupir fila d’entre mes lippes. Quelle belle connerie quand j’y pensais. Les mois défilaient et je n’avais pas réussi à le pardonner. Il m’avait trop menti. Trop eu d’occasions de me dire la vérité. Tellement de fois il avait gardé ses mensonges pour lui. Je ne parvenais pas à passer au-delà. A me répéter qu’une relation stable pouvait être bâtie sur des boniments. Luca avait réussi à pardonner. Pas moi. Je savais que mon frère était affecté par toute cette situation. Revenir en Italie était un devoir envers notre père, mais je me disais que cela me ferait du bien. Tout partait en couille depuis… J’étais en tête de liste… Suivre le rythme effréné de Luca dans la drogue ne m’aidait peut-être pas à y voir plus clair, mais est-ce que cela ne m’arrangeait pas dans le fond ? Je passais mes soirées au White à boire, à fumer ou à me droguer. Je traînais dans les courses bien plus qu’à l’accoutumée. Je m’étais même battue à plusieurs reprises me fichant royalement des conséquences que cela pouvait entraîner. Je prenais mission sur mission pour penser à autre chose. J’avais survécu à un accident mortel de moto, j’étais donc increvable. Une idée courrait dans mon esprit d’ailleurs. Vaincre le mal par le mal. Recommencer là où tout s’est arrêté. J’allais me remettre en selle. Quoi de mieux que mon pays pour le faire ? Luca me demanda alors si j’allais bien et je me contentais de hocher la tête. Je lui répondais dans notre langue maternelle. « Et toi ? » Je savais que tout cela n’était pas simple pour lui. Il s’était senti trahi également. Jaeden était son meilleur ami et cet incident n’effaçait d’un revers de la main tout le passif entre nous tous. J’avais longtemps souffert de cette situation inconfortable où les sentiments étaient toujours présents, sous-jacents et prêts à m’ébranler. Aujourd’hui, cette souffrance s’estompait même si elle avait laissé des séquelles dans mes attitudes et pensées. Il n’y avait plus que Luca pour croire que cela pourrait un jour reprendre avec Jaeden.

A peine à la porte, nous nous retrouvons enlacés par notre mère. Un sourire étire mes lippes alors que je les serres à mon tour dans mes bras. Il n’y a que cela qui compte. Les seuls à qui je pouvais faire confiance étaient présents. Les instants suivants furent agréables. Les échanges, les desserts… Mamma qui me couvait de son regard protecteur. Mon père aussi même s’il se cachait derrière cette façade plus sévère. Il ne tarde pas à nous demander de le suivre dans son bureau. Ce bureau où tout a commencé lorsqu’il a décidé de mener l’enquête que Jaeden.  Franchissant le seuil, je me revois le défendre bec et ongle devant ces allégations… Je secoue légèrement la tête. J’étais stupide. Aveugle et stupide. Je m’installe et laisse mon frère prendre la parole. J’en ai voulu à notre père. Longtemps. De ne pas m’avoir consultée. De ne pas avoir demandé mon avis. Mais j’avais compris. Il savait que je ne serais jamais impartiale. Aussi cruelle avait été cette sanction, qui m’avait tout autant punie que Jaeden, cela m’avait permis d’avoir le recul nécessaire. Luca se tourne vers moi et je sens que je dois prendre la parole. « Effectivement, nous sommes arrivés à la conclusion que nos alliés pouvaient s’avérer être un jour des traîtres. La solution qui s’impose est le serment inviolable. Ils meurent s’ils nous mentent au sujet de la Famille. Ils meurent s’ils révèlent notre secret. S’ils n’ont pas notre avale pour une raison précise, ils meurent tout simplement. » J’avais annoncé les faits assez froidement. En dehors d’Adèle et de Khris, je savais que quelques personnes étaient au courant. Notamment, Soledad, Toni ou encore Towsen. Même cet Ombrage mais c’était une autre histoire. Jaeden aurait pu perdre la vie s’il avait été soumis à ce sortilège. Ca aurait évité bien des merdes s’il n’avait pas pu le faire… « Je voulais aussi t’annoncer quelque chose. » Je jette un regard à Luca. Il ne va pas aimer Mia Luce. Non il espère. Il n’y croit pas encore. « Je t’écoute ma fille. » répond-il avec calme. « J’ai mis un terme à ma relation avec Jaeden Evans. » Mes prunelles s’accrochent durant quelques secondes à celles de mon père. Un silence qui semble durer. C’est officiel. Quelque chose se brise au fond de moi et me libère tout à la fois. « C’est mieux pour tout le monde. Et pour toi surtout ma fille. » Les menteurs, ça ne plaît pas à notre padre. La valeur du sang, il s’en fiche. Qu’il était dans un bordel aussi. Mais le mensonge… Jamais. Je garde le visage tourné vers mon père, l’abaisse légèrement alors qu’il a parlé. J’évite mon frère et me referme dans cette bulle. « J’approuve votre idée. Par ailleurs, je veux que vous me dressiez une liste de ces personnes. Une enquête sera menée. Nous aviserons selon les résultats. » Je hoche la tête et reste silencieuse. Nous continuons à discuter comptabilité, blanchissement d’argent, missions et autres joyeusetés jusqu’à tard le soir. Quand nous sortons du bureau, je m’adresse à Luca « Comme avant ? » Comme avant, c’est aller à la cascade. Comme avant, c’est y sombrer tout en parlant.

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Lun 27 Déc - 22:14

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Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

Se retrouver en Italie accentue le doux parfum d’amertume qui enveloppe Luca depuis des semaines. Il a beau faire comme si tout allait bien, il sent bien que quelque chose s’est brisé chez sa sœur, quelque chose que même lui n’arrive plus à combler, n’arrive plus à réparer. Pourtant, il a toujours été là dans les moments difficiles, à la mort d’Andréa, après son accident, après le procès. Ils ont tant traversé à deux. Mais les années ont passé et Luca avait oublié à quel point c’était facile de se reposer également sur Jaeden ; lorsqu’il a appris qu’ils allaient se fiancer, Luca s’est réjoui pour eux, confiant ce qu’il avait de plus cher à son meilleur ami. Sa sœur, sa vie, la prunelle de ses yeux. Sans hésiter un seul instant. Rien ne s’est passé comme prévu. Les mensonges de Jaeden et Théodora ont fait trop de mal à Anja et Luca sait que s’il a su pardonner à Jaeden, c’est en partie grâce ou à cause de Théodora. Les sentiments qu’il éprouve bien malgré lui pour la jeune femme l’empêche d’être totalement impartial et il sait qu’il n’a pas eu la force qu’Anjelica a eu ; il sait qu’il aurait dû lui aussi mettre un terme définitif à sa relation avec elle mais il laissait encore planer le doute que cela soit possible entre eux parce qu’il entretenait également l’espoir que Jaeden et Anjelica se réconcilient. Il demeure dans un entre-deux délicat, un entre-deux qui lui est difficile à supporter mais qu’il le maintient à la limite de la déraison. La fratrie Zabini souffre, c’est un fait indéniable. Et dans leur douleur, ils demeurent solidaires ; Luca suivait sa sœur à la trace, buvant, fumant et se droguant tout autant qu’elle mais il le faisait à ses côtés, là où il pouvait garder un œil sur elle et sur son comportement qu’il jugeait intolérable, son comportement à moitié causé par lui et il le sait. Il sait qu’il a entraîné Anjelica sur cette pente dangereuse et il sait tout autant qu’il craint plus que tout qu’elle s’abandonne définitivement ; pour autant, rien ne pouvait plus les stopper. Ce sentiment d’invulnérabilité, Luca le connaît bien et il le sait, rien ne pourra raisonner sa sœur. Sauf leur père peut-être.

Espérant qu’il pourra être d’un quelconque soutien, Luca et Anjelica le suivent dans son bureau après les retrouvailles avec leurs parents. Ceux-ci se sont contentés de peu à leur arrivé, ils leur avaient demandé comment ils allaient et Luca avait fait la même réponse à ses parents qu’à Anjelica. Il va bien. Voilà ce qu’il leur a dit, un mensonge qui ne leurrait personne, surtout pas Anjelica. Mais de toute manière, comment pourrait-il dire que tout partait à vau-l’eau dans sa vie depuis le procès ? Il n’y avait bien que les affaires du garage et du bar qui tournaient bien et Luca se satisfait de cela alors qu’il annonce à son père toutes les mesures et les idées qu’Anja et lui ont eu ces dernières semaines. Le serment inviolable était apparu comme une solution tierce qui permettrait de resserrer les rangs et de maintenir l’ordre et une certaine mainmise sur les sympathisants à la Cosa Nostra : Luca aurait préféré devoir s’en passer, jugeant ce serrage de vis contraires aux valeurs confraternelles que son père avait réussi à instaurer en Italie. Mais l’Angleterre n’est pas l’Italie et le contexte politique du pays n’aidait en rien à se faire sa place, même si l’influence de la famille commence sérieusement à porter ses fruits ; la méthode adoptée se doit d’être différente et cela, Luca l’a bien compris.

Luca se tourne vers sa cadette lorsqu’elle dit vouloir lui annoncer quelque chose. Ses doigts se crispent sur l’accoudoir de son fauteuil et il garde le silence. Néanmoins, l’espoir qu’il nourrissait depuis des mois vient de disparaître à tout jamais. Il connait sa sœur et il le sait, elle ne l’aurait jamais annoncé à leur père si elle n’avait pas été sûre d’elle, encore moins s’il restait une petite possibilité pour qu’ils puissent se pardonner mutuellement. Quelque chose se brise chez l’Italien et il continue simplement de se taire, écoutant leur échange dans le plus grand des calmes alors que le volcan bouillonne en lui. Ressentant néanmoins le besoin de continuer d’avoir foi en Jaeden, Luca intervient : « Il conservera néanmoins sa place, son emploi et les acquis obtenus jusqu’alors. » Jaeden est son meilleur ami et malgré la trahison, Luca ne peut pas oublier cela. En réalité, rien n’est de la faute de Jaeden. Tout est de sa faute à elle. Théodora. Et Luca la déteste tellement. Il la déteste tellement au point de ne pas réussir à la laisser partir. Il sait qu’il le faut, il sait qu’il le doit. Pourquoi ne le peut-il pas ? Qu’est-ce qu’il lui trouve à cette fille ? Leur père acquiesce avant d’approuver le reste de leurs idées. La discussion continue jusqu’à tard et lorsqu’ils sortent enfin du bureau, Anja lui demande s’ils font comme avant. Comprenant instantanément où elle veut en venir, il transplane. Pas directement à la cascade, il passe d’abord par la case cuisine, vole deux trois bouteilles à leurs parents ainsi que le plat de tiramisu de leur mère et transplane à nouveau à la cascade où Anja l’attendait déjà, se demandant probablement où est-ce qu’il était barré. « J’ai ramené de quoi nous ravitailler. » Il s’installe contre le tronc d’arbre, ce même arbre qui a célébré leurs retrouvailles il y a seulement quelques mois. Enlevant le bouchon de la bouteille de Vodka, Luca la porte à sa bouche et avale une si longue gorgée qu’il suffira seulement de ce geste pour qu’Anja comprenne que la discussion avec leur père l’a ébranlé. Craignant qu’elle parle de Jaeden, voire même de Théodora, il se précipite pour ouvrir la discussion et ne pas lui laisser le champ libre. « Cela va être chaud d’annoncer à tout le monde pour le serment inviolable. Comment vont réagir tes potes ? » Il parle d’Adèle, il parle de Toni, il parle de Soledad Velasquez aussi. Il n’y avait finalement pas que ses potes. Ceux de Jaeden également. Quel merdier. « Ils vont nous détester. Faudra se blinder, ça va faire la gueule et crier à la dictature. » Tout cela, il va falloir s'y attendre.
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Mar 1 Fév - 17:42


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
de nous voir plus fort que la vie
Luca & Anjelica


J’avais tant voulu revenir sur mes terres natales, tant espéré que cela me ferait du bien de renouer avec mes racines. Malheureusement, ce n’était pas aussi bienfaiteur que je ne l’avais pensé. Les images de mon précédent séjour avaient déferlé dans mon esprit sournoisement, me rappelant l’annonce de mes fiançailles, gâchée par ces membres de la Cosa Nostra. Ces deux-là deux êtres ravis à présent. La sanction qui s’était abattue sur Jaeden et Theodora avait fait du bruit. Je m’étonnais même que les Giacometti n’aient pas profité de cet instant de faiblesse pour venir enfoncer le clou. Tout ce bordel… Je ne retenais que les mensonges, le fait de m’être fait avoir. Nous étions passés pour des faibles. Nous étions arrivés à un niveau de sanction qui nous ridiculisait. Mon père m’avait littéralement mise de côté dans ces décisions. J’étais passée pour une faible, aveuglée par l’amour. Et c’était que j’étais. Jaeden avait eu tant de fois l’occasion de me révéler la vérité. Je l’aurais défendu de toute mon âme s’il avait eu le cran de me dire ce qu’il avait fait. Entre Theodora et moi, cela n’avait jamais été le grand amour. Au départ de Luca, nous avions commencé à nous apprivoiser doucement, mais aujourd’hui, je ne lui accordais plus un regard. Quant à Jaeden, je ne savais pas comment me comporter. Je lui en voulais. Je restais en colère contre lui. Cette rupture n’avait rien de simple. Il était le meilleur ami de Luca. Il travaillait au même endroit que moi. Il faisait partie de la Famille. Si je souhaitais l’oublier, c’était presque impossible tant sa présence était omnisciente. Alors je plongeais. Dans les soirées. L’alcool. La drogue. Tout. Tout était bon pour passer à autre chose. Ce retour au pays ne ferait pas exception.

Tandis que nous sommes dans le bureau de notre père, à dérouler les dernières nouvelles, je me revois défendre Jaeden face à lui, face à ces deux hommes. Un sentiment de honte m’envahit. J’étais si ridicule. J’ai peur de ce que mon patriache pouvait penser de moi. Dire que l’idée de tout plaquer pour rester avec Jaeden m’avait effleuré l’esprit… Je parle alors du Serment Inviolable, explique que tous ceux qui sont au courant sans faire partie de la famille devront le faire. Je n’ai aucun état d’âme à ce sujet. Seul Adèle et Khris sont concernés à mes yeux. Je sais que je peux avoir une confiance absolue en eux et que cela ne changera rien. Serment ou non, ils sont des tombes. Je finis par dire à mon père que j’ai rompu avec Jaeden. Un aveu qui me pèse tout autant qu’il me fait du bien. Etrange sentiment de vertige et de légèreté à la fois. Je sens que Luca me fixe tandis que j’ai commencé à parler, mais mes yeux s’accrochent et se rivent à ceux de notre père. Lorsque Mia Luce prend la parole, je persiste à ne pas le regarder. Mon coeur se serre, mes poings aussi. C’est bien là tout mon problème. Il reste. Luca lui a tout pardonné et moi je suis incapable de ne pas souffrir quand j’aperçois sa peau ancrée. J’abaisse le visage, quelques mèches de cheveux venant cacher l’humidité teintant mes prunelles. Et si je ne repartais pas ? Et si moi aussi je fuyais tout comme Luca ? Je pourrais rester ici. Oeuvrer pour la Cosa Nostra loin de l’Angleterre. Sur ces pensées, la discussion perdura jusqu'à tard, nous libérant enfin pour nous permettre de faire ce qu’on souhaitait. Et clairement, mes idées n’avaient rien d’honorable. Luca le comprit très bien ce dont je voulais parler.

Je transplane à la cascade me disant que nous irions chercher ensuite de quoi boire, mais je remarque que Luca ne m’a pas suivi. Je profite de son absence pour faire fondre une gélule sous ma langue. Je ne me vois pas consommer devant lui, mais dans son dos, je peux le faire. J’en ai besoin, car cette première journée est lourde à porter. Je n’y arrive plus. Le pop de Luca se fit entendre et je lui adressais un sourire tandis qu’il apparaissait avec plusieurs bouteilles. J’attrape celle de Prosecco et m’installe à ses côtés, mes yeux se perdant sur la cascade. Je fais sauter le bouchon qui roule au sol devant nous. Je me tends alors qu’il prend la parole et tourne un regard furieux vers lui. « Mes potes ? T’es sérieux Luca ? Tu crois que la Santana ou Soledad sont mes potes ? Tu crois que ta Theodora, c’était ma pote au départ ? C’est lui qui les a introduits. En ce qui concerne Adèle et Khrys, j’en fais mon affaire. » Je coupe court à cette conversation. Je n’en peux déjà plus d’avoir du « Jaeden par ici » et du « Jaeden par là », ce n’est pas non plus pour me prendre ses conneries dans la figure. Je bois de longue gorgée à la bouteille avant d’ajouter, agacée. « T’as qu’à demander à ton pote si on peut lui faire confiance, leur faire confiance… C’est un gage de qualité, ça c’est certain. » L’amertume coule sur mes mots. Le cynisme aussi. Pourtant je ne déteste pas Jaeden à ce point. C’est juste que tout ça me met en colère. Après quelques secondes de silence, je reprends. « Je devrais peut-être rester ici, Luca. » Je murmure ces paroles. C’est fuir. C’est s’enfermer dans une bulle. C’est tirer un trait sur cette vie que j’ai commencée à me créer là-bas. C’est plus facile, tout simplement…

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Lun 21 Fév - 17:45

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PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

La discussion avec leur père a ébranlé Luca plus qu’il ne l’aurait pensé. Parler des faits semblait simple au premier abord et l’italien aurait aimé se contenter de cela, se contenter d’énoncer quelques vérités, quelques mesures impactantes et déraisonnées auxquelles Luca et Anje avaient pensées lorsqu’ils étaient encore à Londres. Le serment inviolable était une mesure radicale mais pourtant nécessaire et les deux frère et sœur avaient compris qu’ils ne pouvaient plus se reposer uniquement sur la confiance accordée aux membres de leur « famille ». Pourtant, la Cosa Nostra a toujours mis à l’honneur la loyauté entre les membres du clan, entre les membres du groupe et Luca avait grandi dans cette ambiance où le tout est plus important que la somme des parties, où le dévouement unissant la famille prévalait sur tout le reste. C’était peut-être le cas en Italie, là où l’influence de la Cosa Nostra n’était plus à revendiquer, là où elle est implantée depuis tellement longtemps dans le décor que chacun sait à quoi s’attendre si jamais il sort du droit chemin ou des règles établies. Luca avait été trop magnanime à son arrivée à Londres, il avait trop fait confiance, il avait été trop gentil, trop crédule. Calquant sa vision des choses sur ce qu’il connaissait, il ne lui avait pas paru pertinent de se protéger, ni même de protéger Anjelica. Ceux qui entraient dans la famille le méritaient par leurs actes et services rendus à la famille et une fois leur intronisation, il n’y avait aucune raison de douter d’eux ; ils choisissaient cette vie, ils choisissaient de vivre et donner leur existence au service de la communauté, au service de la mafia que Luca dirige. Pour autant, Luca sait qu’il a commis deux erreurs lors de l’implantation de la famille dans la capitale anglaise ; il avait sous-estimé la difficulté à se faire une place dans cette ville de requin et il avait laissé la drogue le décrédibiliser aux yeux de son père. Certes, que ce soit son père, ou même Anja d’ailleurs, ils n’avaient jamais remis en cause sa place de dirigeant quand bien même qu’il avait montré à quel point il avait failli à ce poste. Pourtant, il y a été préparé toute sa vie mais il était tellement difficile de se hisser en haut de la marche, d’être à la hauteur des attentes grandissantes de son père. Luca a fait de son mieux, c’était certain.

En tout cas, depuis son retour, partager la tâche qui lui incombe avec Anjelica lui paraissait plus naturel, plus simple qu’auparavant. Après tout, elle avait géré et tenu la boutique pendant son « absence » et elle l’avait fait d’une main de maître, sans flancher. Luca le savait désormais, il avait besoin de sa cadette pour l’épauler ; seul, c’était trop difficile. Avec Anja, ils partageaient donc maintenant le leadership sans que cela ne paraisse étrange aux yeux des autres membres, ils étaient un duo, envers et contre tous. Et l’avantage d’être deux, c’est qu’ils se partageaient aussi les emmerdes. Les déconvenues, les bavures, les erreurs. Ils se soutenaient de manière inébranlable en toutes circonstances. Pourtant, dans le bureau de leur père alors qu’ils ont exposé la situation, Luca sait qu’il existe quand même entre eux une certaine fracture à cause de Jaeden. Si Luca avait été plus enclin au pardon, Anjelica n’avait pas pu et le jeune homme ne pouvait absolument pas le lui reprocher. Il y avait eu trop de non-dits, trop de difficultés, trop de mensonges. Pourtant, il y croyait encore à leur histoire et n’était pas prêt à entendre le clap de fin. Alors lorsqu’Anje avait prononcé les mots qu’il ne désirait pas entendre, Luca avait dû contrattaquer, signifier à sa sœur que malgré tout, Jaeden resterait un membre à part entière de la famille. Il aimait l’homme comme un frère malgré ce qu’il avait fait, il avait fait pénitence et pour le moment, ils reconstruisaient aussi ensemble leur relation et la confiance que Luca avait perdu commençait doucement à revenir. Le jeune homme ne se rendait même pas compte que tout cela avait également un lien avec Théodora mais il préfère largement faire ne pas voir. Ignorer lui paraît plus simples.  

Après l’épisode du bureau, sentant qu’il a autant besoin qu’Anjelica de passer rapidement à autre chose, ils se retrouvent à cette cascade, à cet arbre. Leur fief ici, sans doute l’endroit où Luca a le plus passé de temps lorsqu’il a tenté de se désintoxiquer seul. Alors que les deux frangins Zabini s’abreuvent de leur boisson préférée à même le goulot, le sujet qui brûle les lèvres de l’aîné de la fratrie est remis sur le tapis. Maintenant que l’idée du serment inviolable est réellement envisagée, il va falloir l’annoncer aux « heureux élus ». Autant dire que la tâche s’avère ardue et difficile. « Nan, je sais bien tout ça. » dit-il lorsqu’elle lui demande s’il est sérieux quand il qualifie Santana ou Velasquez de « potes ». La bouteille toujours dans la main, Luca la porte à nouveau à sa bouche et la Vodka s’accumule dans sa gorge, chauffant les parois de son œsophage au passage. Arquant un sourcil à l’évocation de Théodora et de l’adjectif possessif qu’elle emploie pour la qualifier, il se sent dans l’obligation d’intervenir, agacé : « C’est pas ma Théodora. Redescends. » L’air furieux d’Anjelica ne lui dit rien qui vaille mais Luca soutient celui-ci sans ciller. Avec Anja, ils ont toujours préféré les poings aux mots. Alors qu’ils sont installés à l’un des endroits emblématiques de leur enfance, Luca se sent soudainement bien peu à sa place. « Il répondra que oui. Mais c’est pas la question de toute manière. C’est plus une question de croire en eux, en ce qui les concerne. » Il ajoute tout de même : « Mais tu as raison, j’ai confiance en Khris moi aussi. » finit-il par dire au bout d’un moment. Il était bien le seul d’ailleurs. Quant aux autres, il faudra bien qu’ils acceptent la sentence qu’ils vont leur soumettre. Luca le sait bien, l’expérience sera probablement douloureuse mais il sait que ce sacrifice est nécessaire. Voyant que la conversation n’ira pas dans la bonne direction s’ils continuent ainsi, il la laisse mourir sans hésitation.

L’amertume présente dans le ton de voix de sa sœur lui montre bien que derrière ses grands airs, Anjelica semble autant perdue qu’il ne l’est, coincée dans cette ambivalence sans nom : refaire confiance à Jaeden ou non ? Accorder à nouveau sa confiance à Théodora ? Luca soupire. Ces dernières semaines, il a vécu une parenthèse avec la comptable, une relation plus apaisée semblant se réinstaurer entre eux malgré les engueulades successives suite au procès. Il y avait quelque chose d’étrange dans la manière dont les évènements se déroulaient. Pour autant, maintenant qu’Anjelica et Jaeden étaient officiellement séparés, Luca ne se voyait pas continuer avec Théodora. Quand bien même il n’y avait entre eux qu’une relation qu’il ne saurait qualifier… Il ne comprend rien de ce qu’il se passe entre eux et il comprend encore moins la manière dont les choses évoluent ; ses émotions venant brouiller le tableau déjà confus. Perdu dans ses réflexions, les paroles d’Anjelica le font réatterrir sur terre. Il tourne la tête vers elle, avec une lenteur inégalée et garde le silence pendant un temps. Au bout de quelques minutes, ne pouvant se résoudre à se montrer égoïste alors que c’est probablement l’un de ses traits de caractère le plus criants, Luca dit : « Je ne pourrais pas t’en vouloir si tu le faisais. » Après tout, lui aussi avec chercher à fuir, lui aussi avait voulu mettre à distance ses émotions et ses tourments en fuyant l’Angleterre. « Sois égoïste Anja, c’est ton tour. T’as le droit. Je te soutiendrai, peu importe tes choix. » N’osant même plus la regarder, laissant ses yeux fuir au loin, Luca s’enferme dans une bulle qui n’appartient qu’à lui. Sans sa sœur, il le sait, il va sombrer. Mais jamais il ne lui imposera de rester en Angleterre si ce n’est pas son choix et il refuse qu’elle prenne une décision qui sera biaisée s’il lui dit qu’il a désespérément besoin d’elle. Ils ont toujours été un soutien l’un pour l’autre, une ancre à laquelle se raccrocher, deux pôles opposés d’un même aimant qui ne peuvent s’empêcher de s’attirer. La relation fusionnelle qui les unie, peu la comprenne. Une chose est certaine, la vie de sa sœur valait bien mieux que la sienne et Luca est prêt à tout pour qu’elle soit confortable, même si cela doit nuire son propre bien être. Il est prêt à se mettre en parenthèse, pour une fois.
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Mar 26 Avr - 16:55


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
de nous voir plus fort que la vie
Luca & Anjelica


Je ne sais pas si ce retour au pays était une si bonne idée dans le fond. Cependant nous n’avions pas réellement eu le choix. Notre père semblait décidé depuis l’incident de cet été à resserrer les vis. Les comptes-rendus par hibou ne lui convenaient plus. Il n’y avait rien de tel que le face à face et la communication orale avait-il déclaré. Je comprenais par là que cela allait régulièrement se répéter. Je ne savais pas réellement cueillir cette nouvelle, perdue entre cette nouvelle vie que je m’étais construite en Angleterre et le pays de mes racines que j’avais fui après mon accident de moto. Rien n’était simple à Londres. Nous partions de rien et il fallait asseoir notre autorité, notre système. Il n’y avait pas ce même bagage hérité au fil des années. Il fallait tout créer et si certaines personnes de la Cosa Nostra italienne nous avaient suivis, il fallait reconnaître que les membres anglais étaient bien plus réticents. La preuve, c’était à cause d’eux que nous en étions là. Ils avaient pris cela pour un jeu. Un jeu sans conséquence. Qu’ils avaient eu tort. Le prix à payer était coûteux. Moralement tout autant que physiquement. Je ne parvenais plus à y voir clair dans ce bordel. Peut-être parce que je passais mon temps à ingurgiter des drogues pour tenter de faire bouger mon frère… Mais l’envie de tout plaquer était présente. Jaeden était en permanence au garage et j’avais beaucoup de difficultés à gérer cette situation. Décider que c’était terminé entre nous n’avait pas été simple. Pourtant, quelque chose c’était brisé lors du procès. Je n’arrivais pas à lui pardonner de m’avoir menti en me regardant droit dans les yeux. J’avais eu mal parce que j’avais rarement aimé un homme aussi fort. Au point de porter son nom. Les non-dits, les mensonges, tout cela avaient eu raison de nous. Ma confiance ne revenait plus. Jaeden m’avait laissé durant l’été et à la fin de celui-ci, je m’étais faite à l’idée : je n’arrivais plus à le regarder dans les yeux.

Et si les semaines qui suivirent avaient été compliquées émotionnellement, je commençais enfin à sortir la tête de l’eau. L’annoncer à mon père, l’officialiser avait été intense et m’avait remué brutalement. Pourtant aussi difficile à dire, cela m’avait ôté d’un certain poids. J’étais libre à présent. C’était acté de la façon la plus importante qu’il soit. Je savais que Luca ne souhaitait pas l’entendre et sa réaction à maintenir la place de Jaeden, à vouloir protéger son ami malgré tout ce qu’il avait fait, cela m’agaçait. Pourtant je ne pouvais pas dire que je détestais mon ancien fiancé. C’était juste le vide dans mon myocarde à présent. J’étais prête à tourner la page, mais il ne restait jamais très loin de moi et passer à un autre chapitre devenait compliqué. Surtout quand j’avais conscience que, pour une sombre raison qui m’était inconnue, Luca le vivait presque plus mal que moi.

Une fois à la cascade, Luca ne met pas longtemps à revenir avec les précieuses bouteilles. Le comprimé a eu le temps de fondre sous ma langue et cela va m’aider à me détendre un peu. D’ailleurs, la conversation est assez tendue. Je ne comprends pas pourquoi il m’associe à ces personnes que Jaeden a rapprochées de la Cosa Nostra. Je mords en l’envoyant rapidement promener et je provoque en mentionnant Theodora volontairement. Sa Theodora. Objectif atteint puisqu’il s’agace en me répondant. « A d’autre… Vu comment tu m’as détruit la main au procès quand tu as cru qu’elle allait y passer… » Je ne prends pas de gants pour évoquer ce que j’ai vu ce jour. Un Luca anxieux pour une nana avec qui il est censé uniquement coucher. Un Luca qui réfute que ce soit sa Theodora quand l’inquiétude avait traversé tous les pores de sa peau. J’enfonce le clou en parlant de Jaeden. Son pote. Oui je l’ai en travers. Ca m’énerve qu’il continue à le fréquenter. Qu’il tente de reconstruire leur amitié tandis que je me sens si blessée de ce que mon ex m’a fait endurer. « Pourtant tu l’as bien défendu devant papa » concluais avec amertume. Quant à Khris, il n’a jamais fait parler de lui. A toujours su garder nos secrets sans s’y mêler. Il s’est attiré la sympathie du garage et s’est montré fidèle. Depuis bien plus longtemps que certains… Adèle, j’ai une confiance absolue en elle. Qu’il les compare aux autres que Jaeden nous a ramenés, ça m’énerve au plus haut point. Après quelques secondes j’ajoute que je devrais peut-être rester ici… Je prends plusieurs gorgées de Prosecco. Je veux m’enivrer et ne plus penser. Le comprimé commence d’ailleurs doucement à me détendre les nerfs. J’observe Luca et un sourire dépité se dessine sur mes lèvres. Il y a un monde entre ce que son visage exprime et les mots qu’ils prononcent.

Je laisse en suspens ma réponse le temps de fouiller dans mes poches pour m’allumer une cigarette. Egoïste. Je n’aime pas ce mot. Il m’agace en fait. Je sais qu’il ne voulait pas, mais pourtant ça m’énerve. Je ne suis pas égoïste. Il pouvait juste me dire de prendre du temps pour moi, de me ressourcer… Non, il avait choisi ce terme. Je tire sur ma clope longuement avant de libérer des volutes de fumée. Je sais ce qu’il pense, ce qui traverse son esprit. Mia Luce… pourtant de la lumière, il ne semble rester que l’ombre. « C’est juste que… c’est compliqué le garage. Travailler avec Jaeden tous les jours… Voir que tu lui parles… » Putain, on est pas bon pour communiquer tous les deux. Je sais qu’il comprend de toute façon. « Je veux juste passer à autre chose. » décrétais-je avec assurance. Je ferme les yeux. La tête me tourne légèrement. Je reprends à boire. Oui, il est temps de balancer ce bouquin et de voir comment commencer le second.

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Mer 4 Mai - 21:13

Et pourtant moi, j' me suis menti
De nous croire tellement à l'abri
De nous voir plus fort que la vie
Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie
La cascade de Tivoli a toujours été un lieu sacré pour la fratrie Zabini, chargée de souvenirs, témoin de quelques discussions à cœur ouvert. Pourtant, Luca et Anjelica n’ont jamais été très enclins à ce type d’effusions, préférant la chaleur et la dureté de leurs poings à la franchise parfois tranchante des mots. Ils ont grandi dans cette ambiance mafieuse aussi mystérieuse qu’incompréhensible aux yeux des autres mais peu importe la manière dont s’expriment leurs sentiments, il n’y a personne d’autres au monde qui comprend aussi bien Luca que sa sœur. Sans se parler, ils peuvent en dire bien plus qu’il n’y parait. Le fait de se retrouver ici en est la preuve. Et si la cascade permet de délier les langues, elle ne permet néanmoins pas l’apaisement des tensions encore existantes dans les nœuds du cerveau de Luca. La conversation qu’ils viennent d’avoir avec leur père vient de raviver les braises incandescentes représentant la précarité de l’équilibre de la Cosa Nostra, en plus de mettre un terme définitif à la relation entre Jaeden et Anja, une relation à laquelle il croyait encore et qu’il idéalisait peut-être.

Lorsqu’elle évoque Théodora, utilisant un qualificatif qu’il ne saurait accepter ni encore moins assumer, Luca ne peut réagir qu’en s’agaçant ; seule réponse qu’il peut lui fournir. « Elle peut nous servir. » Et pas uniquement comme vide-couille, bien sûr, pense Luca, portant un jugement sévère sur les sentiments qu’il éprouve pour la jeune femme, préférant les annihiler, nier leurs existences afin de soulager le profond dilemme qui s’est installé en lui depuis quelques mois. Résumer leur relation à une simple relation sexuelle semble bien plus simple à envisager que tout le reste. Ne pas se poser de question semble plus facile et moins contraignant. « Son don peut nous servir. » explique-t-il, comme pour se dédouaner, comme pour justifier cette angoisse de la voir succomber lors du procès. « Elle n’avait aucun risque d’y passer. » dit-il d’un ton assuré. Une voix dans sa tête lui intime qu’il ne l’aurait pas laissé mourir mais une autre lui dit qu’il n’aurait pas eu le choix que de la regarder passer l’arme à gauche si elle avait décidé de ne pas utiliser son don. Ce don qui pourtant lui avait bel et bien sauvé la mise cette fois-là ; Luca savait qu’elle se détestait de l’avoir fait même si cela lui avait permis de rester en vie. Se concentrant sur Jaeden afin de clore la conversation sur la comptable, la vive contradiction qu’Anjelica lui offre sur un plateau suffit pour achever Luca, lui d’ordinaire si difficile à ébranler. « J’veux pas croire que je me sois planté à ce point. » avoue-t-il à demi-mots. Jaeden a été son ami avant d’être l’amant puis le fiancé d’Anjelica. Il était de la responsabilité de Luca de s’assurer qu’il soit fiable, qu’il soit loyal. Et pourtant, il y avait eu ce secret qui avait tout bouleversé et qui avait bien failli réduire en miette les efforts des deux dernières années. Luca avait fait une erreur de jugement qui aurait pu leur être fatal à tous. La confiance se gagne durement, il le sait pourtant. Et même si l’intention de Jaeden et de Théodora n’étaient pas de nuire à la Cosa Nostra, tout semble plus fragile depuis.

Alors que sa cadette exprime tant bien que mal les difficultés qu’elle rencontre en Angleterre, Luca se sent prêt à tout reconsidérer pour elle. L’idée qu’elle puisse rester ici après qu’ils aient réglé leurs affaires avec leur père lui déchire le cœur. Pour autant, il sait qu’il devra l’accepter si son choix se détermine ainsi. Après tout, lorsque Luca a fui Londres après son overdose, l’Italie avait été d’un réconfort certain. Pendant qu’il retrouvait ainsi ses repères, réinvestissant toute son énergie dans la ville qui l’a vu naître avec la volonté d’aller mieux, Anjelica avait été le pilier de la Cosa Nostra en Angleterre, gérant d’une main de maître le garage et le bar sans faillir à ses engagements, sans faillir et sans faiblir là où Luca en était incapable. C’était peut-être son tour désormais de tourner une page importante de sa vie et le fait qu’elle ait évoquée avec leur père sa rupture montrait qu’elle y était prête, même si cela n’était pas le cas de son frère. Luca regarde sa sœur avec intensité, cherchant à comprendre les raisons qui la pousseraient à quitter la vie qu’ils se construisent ensemble au-delà de la Manche. Jaeden semble être celle qui pèse le plus dans la balance et Luca peut aisément le comprendre. « Il va aller travailler au garage moldu. Je lui en ai parlé juste avant qu’on parte. » dit-il sans chercher à prendre des pincettes. Comprenant aisément le dilemme qui pouvait se jouer dans l’esprit de sa sœur, cette solution lui avait paru acceptable. Jaeden avait accepté sans hésiter. « Te voir comme ça, Anja… Je peux pas. » Il en était de même pour Jaeden en définitive. C’est insupportable pour l’aîné des Zabini d’être au milieu des deux et de sentir cette profonde impuissance lui tordre les boyaux. « Cela sera mieux, pour toi comme pour lui. » décrète-t-il tout en avalant à son tour une autre gorgée d’alcool, la chaleur de la Vodka s’immisçant petit à petit dans son corps.

Mimant sa sœur en s’allumant à son tour une cigarette, son esprit cherchant comment se rendre utile, il demande : « Comment je peux t’aider Anja ? Prends appui sur moi, dis-moi ce que je peux faire. » Mia Luce. Anja. Il se revoit des années en arrière alors qu’ils n’étaient que des enfants et qu’il s’assurait que sa sœur ait tout ce qu’elle désire. Non pas qu’elle n’était pas capable de l’obtenir par elle-même -Anjelica a toujours été fière et indépendante-, mais Luca s’est toujours évertué à rendre la vie de sa cadette plus agréable, peu importe les conséquences. Ils ont traversé des épreuves que personne n’ose imaginer, ils sont plus forts à deux, ils sont plus forts ensemble. « Il y a tant de moyens pour passer à autre chose. » Il relève la tête et dit : « On est mardi non ? » Nul besoin d’en dire davantage. Le mardi, les courses illégales à la tombée de la nuit s’emparaient de Tivoli, non loin du bosquet à la limite de la propriété des Zabini. Mais avec tout ce que cela impliquait derrière. Pas certain que ce soit l’idée du siècle, mais Luca la propose néanmoins. Tourner la page et le chapitre d’une vie, cela ne peut se faire que dans la douleur. Et Luca sait à quel point remonter sur une moto sera éprouvant pour Anja : fallait-il combattre le feu par le feu ?
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Lun 27 Juin - 14:22


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Luca & Anjelica


Mon regard se perd sur la cascade qui a bercé toute notre enfance, toute notre adolescence. Lieu de rencontre entre nous, mais aussi l’endroit idéal pour nos soirées en toute tranquillité. Cet endroit… Il est important pour nous. Il a vu des évenements qui racontent toute notre histoire et c’est ancré en souvenirs dès que nous y mettons les pieds. C’est un refuge comme ce soir où les tensions sont nombreuses et pèsent sur nos épaules. Même entre nous il est difficile de communiquer tant le sujet est épineux… Nous avons vécu les choses différemment. D’abord vexée d’avoir été évincée par notre père, j’avais envisagé de tout abandonner. Tourner le dos à ce monde puisque je n’étais pas considérée. La sentence avait été décidée sans me demander mon avis… et quelle sentence. Malgré les vérités révélées, frapper Jaeden avait été un moment douloureux. Bien au-delà des coups physiques que je lui avais portés. Pire encore, ce soutien sans faille qu’il avait eu pour Theodera. C’était pour elle qu’il m’avait menti en me regardant droit dans les yeux. Et ce jour là encore, il n’avait eu de mot que pour elle. Aucun pour moi. Rien. Il ne m’avait même pas retenue quand j’avais couru après mon frère. Ma confiance en lui était à présent totalement brisée.

Si je suis aux prises avec mes sentiments que je ne gère plus, Luca n’est pas forcément au mieux non plus… Il a beau nier, je le connais assez pour savoir qu’il se trame quelque chose avec Dora. Et putain que cela me fait chier. Je ne m’étais jamais entendu avec elle. Durant l’absence de Luca, nous étions parvenues à fendre la glace et je m’étais même prise de sympathie pour elle. Et puis il y avait toute cette merde… Je lui en voulais d’être si importante aux yeux de Jaeden pour m’évincer. Pour l’obliger à me mentir… J’étais censée devenir sa femme. Porter son nom. Pourtant, il me plaçait au second plan. Pour elle. Dora ou une autre, dans le fond la finalité était la même. Jaeden avait volontairement choisi de me mettre de côté, de taire ses secrets. Et je ne parvenais pas à pardonner. A faire comme si de rien n’était. La trahison m’avait littéralement fait suffoquer ces dernières semaines. Je lève les yeux au ciel alors qu’il répond concernant la Vélane avec une indifférence feinte. « Menteur… » soufflais-je dans notre langue maternelle. « Tu n’aurais jamais réagi comme ça. Tu penses vraiment que je vais te croire ? » C’était étrange dans le fond. Nos parents étaient un modèle d’amour, de respect et de fidélité. Ils étaient presque trop parfaits quand je comptais les échecs que je cumulais par le passé. Mais contrairement à Luca, j’avais toujours osé me lancer… Jusqu’à pouvoir imaginer que j’allais me marier. Aujourd’hui, je revoyais ma copie sur le sujet et si l’on me posait la question, il était clair que je ne souhaitais plus avoir de relation sérieuse pour le moment et encore moins me faire passer la bague au doigt. « Enfin… ce qui est sûr, c’est qu’on ne m’y prendra plus. » Je portais la bouteille à mes lèvres, buvant de longues gorgées.

Je tente ensuite d’exprimer ce qui me donne envie de m’éloigner. De fuir cette situation pesante. Je veux avancer, me reconstruire, mais comment est-ce possible lorsque je suis obligée de cohabiter avec mon ex ? De travailler avec lui ? De voir mon propre frère renouer leur lien d’amitié ? Je suis persuadée qu’il en ait de même pour Jaeden. Le plus simple serait donc que je reste ici quelque temps… Mais en ai-je réellement envie ? Je relève mes prunelles ambrées vers lui tandis qu’il me dit que Jaeden va aller chez les moldus. « Oh… » soufflais-je, mes épaules semblant soudainement plus légère. Je tire sur ma cigarette alors qu’il me demande ce qu’il peut faire pour m’aider. « Arrêtons de parler d’eux pour commencer… » Je lui adresse un petit sourire qui veut tout dire. Un Ti Amo qui ne sort jamais entre nous, mais qui est pourtant entêtant. Luca serait toujours devant n’importe qui. Des moyens pour passer à autre chose ? Je l’observe avec curiosité. Quand il ajoute que nous sommes mardi, quelque chose éclate dans ma poitrine. Une envie soudaine. Et si ? Et si pour fermer ce putain de livre j’en étais capable ? Une étincelle dans le regard, je termine ma clope et prends une gorgée d’alcool. D’accord, ce n’est pas sérieux, mais vu les circonstances, je peux me le permettre. Je finis par me relever et tends la main à Luca. « On y va ? »

Nous transplanons au garage de la maison où se trouvent certaines de nos motos restées ici. J’ai fait rapatrier ma préférée en Angleterre, mais il y a de bons restes. « Je prends la noire. » Ma bécane habituelle était d’un rouge pétant, presque agressif. Je l’adorais. Mais pour retourner sur les circuits après tant d’années, je me disais que la discrétion et cette couleur, si proche du deuil, seraient parfaites. Remonter là où tout avait pris fin. Remonter pour symboliser un nouveau départ. J’aimais l’idée. Je buvais à nouveau plusieurs gorgées pour me donner du courage et manœuvrer ensuite l’engin pour le faire sortir, attendant que Luca en fasse de même avant de l’allumer. Depuis combien de temps n’avions-nous pas volé ensemble ? Juste pour se promener ? Le chemin fut agréable sous l’air doux de Tivoli et de sa banlieue. Une fois sur place, nous sommes loin de passer inaperçus. Beaucoup nous connaissent. « Tu vas en faire une aussi ? » Mon regard s’assombrit quand je vois des siamoises se préparer. Si je me sens d’attaquer pour courir à nouveau seule, ce n’est pas encore le cas pour ces duos de l’enfer…

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Mer 13 Juil - 18:32

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Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

Luca s’évertuait à dissimuler les sentiments contradictoires qu’il ressentait pour la jeune comptable tout en sachant qu’il n’arriverait jamais à leurrer sa sœur. Il n’avait jamais pu. Sauf peut-être lorsqu’il était tombé profondément dans la drogue et que ses addictions l’avaient rendu taciturne, violent et virulent. À ce moment-là, oui, la honte l’avait tellement envahi qu’il avait tenté de dissimuler qu’il plongeait de plus en plus dans les méandres d’une profonde et lente dépendance qui prenait de plus en plus de place dans ma vie et qui modifiait son rapport aux autres. Luca n’avait pas aimé ce qu’il était devenu au point de se réfugier en Italie dans l’optique de récupérer une vie plus ordinaire ; son retour en Angleterre ne s’était pas passé comme il l’avait souhaité et imaginé. Lorsque Jaeden et Anjelica avaient débarqué à Tivoli et qu’elle lui avait annoncé leurs fiançailles, il avait espéré que tout serait différent. Et cela l’avait été, vraiment. Mais cela n’avait pas pu durer car la vérité les avait rattrapé grâce au procès et les anciennes habitudes de Luca lui avaient collé à la peau. En proie à des émotions qu’il n’avait jamais su envisager, Luca préféra -et de loin- nier ce qui le retenait à Théodora parce que la vérité était tout bonnement impossible à gérer pour lui. Luca n’avait jamais été en couple sérieusement, il n’avait même jamais vraiment essayé. Contrairement à Anjelica qui avait eu quelques relations sérieuses par le passé, Luca s’était toujours évertué à voler de femme en femme sans chercher à s’attacher, s’imaginant peut-être inconsciemment qu’un jour, il vivrait une relation similaire à celle de ses parents qu’il idéalisait probablement. Il n’avait jamais vraiment essayé d’être avec quelqu’un, personne ne trouvait grâce à ses yeux et à ses exigences démesurées. Sa sœur le traita de menteur et Luca encaissa l’insulte sans rechigner, parce qu’il savait qu’elle était dans le vrai, qu’elle avait raison. Mais pourtant, il ne voulait rien entendre, il ne voulait rien de plus qu’étouffer ce qu’il ressentait. Par facilité, clairement. « Ouais. » souffla-t-il lorsqu’elle lui demanda s’il imaginait un seul instant qu’elle allait le croire. Il ne cherchait pas à la duper en disant cela, il n’en avait pas besoin ; ses actes parlaient d’eux-mêmes et Anjelica avait raison sur un point : s’il n’y avait pas eu ce quelque chose entre Théodora et lui, il l’aurait laissé crever au procès. Parce que c’était ainsi qu’on maintenait l’ordre dans une mafia, parce que le sang doit parfois couler pour signifier qui commandait. Lorsqu’elle expliqua qu’elle ne se fera pas avoir une seconde fois, les yeux de Luca se rivèrent vers la cascade dont le torrent continuait sa chute inébranlable et murmura : « Moi non plus. » Cette phrase était si simple et pourtant, si lourde de sens. À demi-mots, il avouait ainsi que sa relation avec Théodora était différente mais pourtant il la rejetait tout aussi fortement.

Le débat étant clos, Anjelica tenta d’expliquer à son frère ce qui la pesait et ce qui l’empêchait d’avancer. La présence de Jaeden au Thestral Motor y était pour quelque chose et Luca s’était déjà occupé de cela juste avant leur départ. Pour leur bien à tous les deux, il avait envisagé l’option d’envoyer Jaeden travailler pour le garage moldu et il avait accepter sans hésiter. Lui aussi souffrait de la rupture et Luca ne supportait plus de les voir s’ignorer et s’éviter ; cela lui rappelait aussi à quel point s’attacher était inutile. Il informa sa sœur de cette décision et il remarqua ses épaules s’affaisser, comme si un poids s’envolait soudainement. Luca regretta de n’y avoir pas pensé plus tôt mais il le sait, il avait espéré au début qu’ils se réconcilient mais maintenant qu’elle avait annoncé à leur père leur séparation, il allait devoir à son tour faire le deuil de cette relation. « Totalement d’accord. » dit-il après qu’elle lui ait demandé d’arrêter de parler d’eux. Un sourire s’installa sur les lèvres de sa cadette et Luca en fit de même, conscient qu’ils n’avaient nul besoin de davantage de mots pour se témoigner leur amour réciproque. Peu comprenaient le lien qu’ils entretenaient, peu avaient conscience que Luca et Anjelica étaient les deux faces d’une même pièce : différents mais complémentaires. Ils n’avaient jamais vraiment eu besoin de mots pour se comprendre, préférant souvent les actes aux effusions d’amour. Faisant une proposition osée à sa sœur, Luca la regarda intensément afin de guetter sa réaction. Cela faisait combien de temps qu’il ne l’avait pas vu seule sur une moto ? Des années. Et pourtant, et si cette soirée était le moment pour elle de fermer définitivement ce chapitre ? S’il était temps de tourner la page ? La lueur qu’il perçut dans son regard lui intima qu’il avait attisé la flamme qui s’était presque éteinte à la mort d’Andréa. Mais elle avait encore tant de nouveaux moments à vivre mais qu'elle en soit persuadée, Luca serra à ses côtés dans chacun d’entre eux. Il attrapa sa main sans hésiter lorsqu’elle la lui tendit et ils s’éclipsèrent jusqu’au garage de la longère dans lequel quelques motos étaient encore entreposées. Luca en avait rapatrié certaines en Angleterre mais d’autres attendaient sagement son retour en Italie. Anjelica choisit une moto noire et les yeux de son aîné balayèrent le garage à la recherche d’une de ses favorites. La bleu nuit. Il en avait passé des heures à la débrider, il en avait passé des heures dans le ciel avec celle-ci. Elle faisait partie de celles qu’il choisissait pour les courses, celle qui lui avait permis de gagner à de multiples reprises.

A Tivoli, la fratrie Zabini était connue pour ses compétences hors norme dans le domaine et jamais personne n’avait réussi à les départager. Tout deux étaient des adverses redoutables dont il fallait se méfier. Après une courte promenade, ils arrivèrent à l’endroit où se déroulerait la course et immédiatement, de nombreuses têtes se tournèrent vers ce duo infernal. « Évidemment. » trancha-t-il rapidement lorsqu’elle lui demanda s’il comptait concourir. Il y avait deux raisons à cela. La première était toute simple : Luca aimait la course et l’ambiance des rallyes anglais était loin d’égaler celle plus exaltantes des courses italiennes. Quant à la seconde, elle était plus personnelle mais s’entendait tout autant : il n’avait aucune envie de laisser sa sœur rouler seule. Certains semblaient se préparer pour une course siamoise mais Luca préféra les éloigner de celle-ci, ce n’était vraiment pas le moment pour Anjelica. Il lui fallait un autre type de challenge. Alors qu’il allait porter son dévolu sur une course qui semblait s’amorcer, il n’en eut pas le temps. « Tiens donc, les Zabini. La belle surprise. » scanda une voix qui s’élevait dans la foule. « Bienvenue au pays. » Luca ne prit même pas la peine de descendre de sa moto et se contenta de regarder d’un air dédaigneux l’homme qui vient de les interpeller. Il n’avait jamais vraiment apprécier le personnage, le trouvant trop hautain et bien trop fouille-merde. Ces talents pour les courses en moto n’étaient plus à faire et Luca l’avait affronté à de bien nombreuses reprises et l’avait battu à de nombreuses autres mais il lui avait aussi concédé quelques défaites. Et à chaque fois, il revenait à la charge, espérant peut-être faire pencher la balance en sa faveur. « Trop aimable. » dit-il d’un ton sec. Ils étaient chez eux ici et il leur fallait peut-être une piqure de rappel pour qu’ils s’en souviennent. Il bouillonnait intérieurement, son côté orgeuilleux n'appréciant guère les remarques acerbes de son interlocuteur. « Un deux contre deux, ça vous tente ? » demanda-t-il en pointant la fratrie Zabini, la jeune femme brune installée sur la moto à ses côtés et lui-même. Luca jeta un regard à sa sœur. Il ne connaissait pas l’autre motarde mais Luca n’avait aucun doute sur le fait qu’Anjelica la battra à plate couture, même en ayant pas pratiqué pendant des mois. « Bien sûr, si vous n’avez pas peur de la double humiliation. » La foule s’agitait déjà face aux deux hommes qui se confrontaient ; Luca, un sourire aux lèvres était si sûr de lui, si sûr de sa sœur qu’il n’hésitait pas un seul instant à le discréditer sans la moindre hésitation. « T’es plus le roi du monde Zabini, les temps changent. » Ne pouvant s’empêcher de ricaner, Luca ajouta : « Les temps changent peut-être mais on ne fera jamais d’un âne un cheval de course. » L’autre se leva de sa moto, agacé par le comportement railleur de Luca qui s’amusait à l’échauffer et cela fonctionnait avec une facilité déconcertante. D’un air innocent, il demanda : « On la fait cette course ? »

Citation :
Oui - La course est rude, il faudra tout donner
Non - C'est beaucoup trop facile, les Panini défoncent tout sur leur passage

Cinq minutes plus loin, les quatre concurrents se placèrent sur la ligne de départ. Luca et Anjelica prirent les places libres sur la droite. Un sourire amusé s’amorça sur les lèvres de Luca juste avant qu’il n’enfile son casque et il se positionna sur sa moto, prêt à en découdre. Il jeta un dernier regard à sa cadette, elle-même dans les starting block ; il lui tendit son poing pour que leurs phalanges se percutent avant de rabattre sa visière. L'attente du début de course était toujours insoutenable mais la concentration était de mise. Une fois le drapeau baissé, Luca démarra en trombe et il dépoussiéra son moteur dès la première ligne droite.  Mais ce n’était pas aussi facile qu’il ne l’aurait cru. Était-il rouillé ? Les routes anglaises étaient-elles à ce point différentes ? Il ne parvenait pas à distancer son adversaire direct qui se tenait juste derrière lui, dans un mouchoir de poche. En réalité, la course s’avérait plus serrée que prévu mais Luca n’avait pas dit son dernier mot ; ils allaient la gagner cette course. Pour lui, pour sa sœur, pour les Zabini.
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Mer 13 Juil - 18:32
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J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri, de nous voir plus fort que la vie || PANINI III D12-icon
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J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri, de nous voir plus fort que la vie || PANINI III Oui
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Jeu 21 Juil - 0:36


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
de nous voir plus fort que la vie
Luca & Anjelica


« Moi non plus. » Je tournais mon regard vers Luca pour l’observer. Je le connaissais par cœur. Je savais bien que quelque chose ne tournait pas rond devant ses agissements avec Theodora. Comme quoi nous nous étions tous les deux fait baiser par ce duo invraisemblable. A eux deux et avec leur manigance, ils avaient prouvé que nous étions faibles. Que nous nous étions laissés abuser en leur faisant bien trop confiance. Nous nous étions laissé aller à cause de nos sentiments pour eux. L’amour rend aveugle et il n’était que trop vrai dans notre cas ce proverbe à la con. En dehors de la trahison, ils nous avaient ridiculisés… Il fallait à présent se remettre de ces échecs sentimentaux, mais aussi regagner la confiance de notre père. Autant le dire, il y aurait du travail. Beaucoup… Il était facile de le décevoir, bien moins d’avoir son respect. Mes iris restent accrochés aux prunelles de Luca. Un silence qui n’a pas de prix. J’ai bien compris l’information qu’il m’a lâchée en trois mots. Ce moi non plus qui veut tout dire. Qui avoue à mi-mot que ce n’était pas qu’un coup d’un soir… Je lâche un soupire dépitée. Luca qui ne s’était jamais réellement attaché à une fille, il fallait que cela arrive avec une trahison à la clé… « Fais chier… » murmurais-je doucement.

C’est assez rapidement que nous décidions de ne plus en parler. Cela nous pesait suffisamment ainsi, autant essayer de passer à autre chose. Se changer les idées. C’était naturellement que je me tournais vers l’alcool que Luca avait apporté. Nous étions dans notre cachette. Notre coin à nous quand nous voulions être seuls. Autant que celui quand nous ramenions une conquête pour la charmer. Plus encore quand nous organisions des fêtes à l’abri des regards de nos parents. Rien n’avait changé. La cascade s’élançait depuis des années. Elle était forte, puissante. Elle passait les âges à mesure que Luca et moi avions grandi. A mesure de nos hauts et de nos bas. Lorsqu’il me propose indirectement d’aller faire une course, je sens mon palpitant s’emballer. Si je remonte, si je fais des vols simples, quelques missions pour la mafia, je me contente d’observer d’en bas les circuits. Je n’ai refait qu’une fois une siamoise. Et c’était avec Jaeden, pour prouver aux membres de la Cosa Nostra que je n’avais pas peur malgré le poids du départ de Luca à l’époque. Cela avait eu son effet. J’avais étrangement assuré leur respect, mais je n’étais jamais remontée pour courir et encore moins pour m’installer dans le dos d’un conducteur.  

Nous transplanions au garage avant de faire route jusqu’à Tivoli et ses recoins cachés. L’ambiance était déjà lourde. La musique, le bruit des moteurs. L’odeur de l’essence. Les rires. Les provocations. C’était cela qui m’avait toujours plu. Sur place, nous avons le droit à quelques saluts, des embrassades pour certains. Quand d’autres nous regardent comme si nous étions des étrangers. La distance fait que nous ne participons plus à ce genre d'évènement ici. Pourtant nous avons fait nos preuves par le passé. Plus d’une fois. L’un d’eux s’adresse avec défiance à Luca, je tourne le regard vers lui pour l’observer. Ici, il n’y a pas que des membres de la mafia. N’importe quel sorcier vient courir. Lui n’est clairement pas de la famille. Il cherche à nous défier, car il sait que notre nom pèse dans le jeu sans réellement comprendre à quel point, ni même pourquoi. Ce n’est pas la première fois que cela arrive, je me souviens de son visage et de ses tentatives d’intimidation. Lorsqu’il propose une course en duo, je reste silencieuse et mes yeux surs tournent sur la jeune femme qui l’accompagne. Je ne la connais pas du tout. Je ne saurais me faire une idée sur ses capacités à être ou non une bonne conductrice. Je lâchais un rire tandis qu’il disait à mon frère qu’il n’était plus le roi du monde. Cela me valut une œillade sombre de notre adversaire. « Allé, montre-nous ton gros cylindre plutôt que de jacter des heures. » concluais-je narquoise à l’intention de notre chalengeur.

Nous nous retrouvions alors sur la ligne de départ avant le décollage. Le poing de Luca rencontra le mien. « A l’ancienne Mia Luce ? » A l’ancienne, cela signifiait qu’on acceptait tous les risques pour gagner. J’avais toujours eu une conduite brusque, à la limite du danger. Je prenais les virages trop courts, trop rapidement. Je coupais la route à mes concurrents. Si je voulais réellement remettre le pied à l’étrier, autant le faire bien. Je baissais la visière de mon casque pour me concentrer sur le décollage. Les bornes lumineuses qui délimitaient la piste s’élevaient devant nous montant petit à petit dans les airs. Une nana au sol vint agiter les drapeaux. Mon myocarde accéléra brutalement. Je sentais le moteur vibrer, l’adrénaline me gagnait petit à petit. Je jetais un regard à nos concurrents et quelques secondes après nous étions dans les airs.

Une fois en haut, je cherche mes réflexes. Cela fait bien trop longtemps que je n’ai pas conduit dans ce genre de contexte. Je ne sais pas ce qu’il en est pour Luca, mais je réalise qu’il n’est pas autant à l’aise que prévu. De mon côté, la nana dont j’ignorais tout s’avérait plutôt bonne. Je lui collais l’arrière-train pendant un moment. D’une part, elle semblait mieux connaître le trajet, d’une autre, j’identifiais mes repères. Et cela passait notamment l’observation de cette jeune femme. Et aussi jolie soit-elle, je ne comptais pas la laisser gagner. J’étais donc en dernière position, mais prenant un peu plus de hauteur, je pouvais étudier ce duo. Je pris une inspiration, puis une seconde. Si je ne m’engageais pas maintenant, cela serait foutu. Trois, deux… je lançais un décompte mental tandis que je rétrogradais mes vitesses. Un. Je plongeais droit sur mon adversaire. Sans ciller un instant, elle me vit arriver du coin de son rétroviseur et releva ses yeux. Comme je ne freinais pas, elle fut obligée de dévier sa course et sortir du parcours. Je lui faisais un signe de la main au moment où je m’éloignais déjà en rattrapant son acolyte. Je me décalais, jetant un regard à Luca alors qu’il tournait légèrement la tête. Sans même parler, nous nous comprenions. Une danse endiablée commença ensuite. Une fois mon frère, une fois moi. Une accélération, un coup frein trop brutal. Un virage pris brusquement. Le but du jeu étant de déstabiliser le dernier adversaire. Car s’il y avait une chose que ces deux-là n’avaient pas saisie, dans un tour en duo, ce n’était pas chacun pour sa gueule. C’était un travail d’équipe. Et s’il nous donnait du fil à retordre, nous finissions malgré tout l’un à côté de l’autre alors que la ligne d’arrivée se dessinait devant nous. Une vieille habitude me revint tandis que je lâchais les commandes comme à chaque fois quand je gagnais une course. Un moment hors du temps. L’euphorie grisante. Ne plus penser.

Quand nous atterrissions à terre, je retirais mon casque et éclatais de rire. Merlin que cela m’avait fait du bien. « Qu’est-ce que ça m’avait manqué putain ! » Je levais un instant mon regard vers le ciel, espérant qu’Andrea serait fier de moi. D’être enfin remontée et pas seulement pour faire du cent à l’heure. « Allons prendre un verre ! Ou plus ! » Je mettais ma bécane sur béquille alors que plusieurs personnes s’étaient attroupées autour de nous pour nous féliciter. Nos concurrents nous observaient la mine sombre. « Au fait machin… » Je lui adressais un grand sourire, attirant déjà quelques rires. « Tu peux nous dire qui est le roi du monde maintenant ? » C’était quitte ou double. Soit je déclenchais une bagarre, soit ils étaient bons joueurs…

Mais lorsque Machin s'approcha de moi avec le regard sombre, me repoussant en arrière, mon dos butta contre Luca qui s'était rapproché rapidement. « Vous êtes dangereux ! Votre conduite c'est... C'est pas étonnant que t'aies eu un putain d'accident ! » Je me redressais brusquement et sans même réfléchir mon poing s'écrasa dans son nez. Le sang chaud commença à couler sur ma paume de main et son visage. « Je vais le buter ! » Annonçais-je comme pour prévenir Luca alors que je sautais déjà sur cet enfoiré, prête à en découdre.

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Et pourtant moi, j' me suis menti
De nous croire tellement à l'abri
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Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

Luca n’avait jamais eu besoin de beaucoup parler pour que sa sœur le comprenne. Lorsqu’elle était entrée dans sa vie, il aurait pu la haïr et la détester pour l’attention qu’elle obtenait de leurs parents mais c’était l’inverse qui s’était produit. Il n’était âgé que de quelques années et pourtant, le lien indéfectible qui s’est créé entre eux a débuté ce jour-là alors qu’il se penchait au-dessus de son berceau et alors même qu’il n’était qu’un gamin. Il avait l’impression d’avoir toujours pu lire en elle comme dans un livre ouvert et la réciproque était vraie, du moins jusqu’à ce qu’ils immigrent en Angleterre. Étrangement, tout paraissait toujours plus simple à Luca sur les terres italiennes qui les avaient vu naître, dans la ville dans laquelle ils avaient grandi ; il s’y sentait davantage chez lui, il avait l’impression qu’il pouvait être lui-même, sans conditions alors que les nuages gris de la ville de Londres rendaient tout plus morose. Ici, les yeux rivés sur la cascade de Tivoli, Luca pouvait avouer, à demi-mots, que lui aussi était bouleversé par le procès, par ce que Théodora et Jaeden avaient causé comme désordre dans leur vie. Anjelica avait rompu ses fiançailles et la perspective d’une histoire entre Théodora et Luca s’était arrêtée avant même qu’elle n’ait réellement commencé. Et pourtant, si Luca entretenait autant de rancœur, c’était bien parce qu’il y avait eu quelque chose entre eux, même s’il s’évertuait à dire le contraire. Ne plus parler de Théodora arrangeait fortement l’Italien qui préférait s’adonner à l’une de ses activités favorites afin de se changer les idées : le vol en moto.

C’était une pratique à laquelle on initiait les enfants Zabini dès leur premier âge et lourde était la trahison de celui qui montait sur un balai. La marque de fabrique de la famille résidait bel et bien à la fabrication et à la conduite de ces bolides que le monde entier leur enviait pour leur facture. Ils étaient les meilleurs dans tous les domaines et ils comptaient bien le montrer à nouveau. Toutefois, après avoir récupérés leurs motos, les Zabini sont accueillis sur le terrain de la course de deux manières ; il y avait ceux qui se réjouissaient de leur retour, de leur passage sur leurs terres natales et ceux qui jalousaient de loin cette fratrie qui tirait les ficelles des courses de la ville et qui raflait tous les titres. Leur nom était connu de tous et pourtant, Luca sentit rapidement une différence, exactement comme lorsqu’il était revenu au pays pour sa désintox ; il leur fallait à nouveau une piqure de rappel afin de se souvenir de qui ils étaient. Luca se sentait euphorique, exalté. Il avait hâte de se mesurer de nouveau aux membres de la ville ; auprès des anglais, il avait l’impression de se ramollir à force de n’avoir personne à sa hauteur. En tout cas, le challenge s’avérait de taille après qu’un des motards les ait provoqués en duel, venant titiller l’orgueil déjà écorché de Luca, malmené par le procès et les conséquences qui s’en suivirent pour la Cosa Nostra. Il y avait là un besoin maladif de montrer qu’il était toujours en capacité de diriger, en capacité d’être le leader d’une mafia aussi importante que celle que sa famille avait fondé. Alors, il accepta le duel, n’ayant aucun doute sur la manière dont celui-ci allait se terminer. Ses compétences n’étaient plus à démontrer, tout comme celles d’Anjelica. Même rouillée, elle pouvait leur mettre une dérouillée ça rime pas si bien que ça à la lecture lol. Prêts à décoller sur la ligne de départ, son poing percutant celui de sa cadette, un sourire en coin, il lui répondit : « Les rois du monde font tout ce qu’ils veulent. » désolée j’suis fatiguée Loulou, les conneries sortent toutes seules. Rabattant sa visière, Luca se mit dans sa bulle, prêt à faire tourner son moteur à plein régime. Le signal de départ fut lancé et rapidement, Luca fut grisé par les sensations intenses qu’il ressentait : le vent qui le fouettait, la vitesse à laquelle il roulait, les adversaires qui lui collaient au cul. Tout cela rendait le challenge plus qu’excitant.

Pour autant, la course n’était pas aussi facile que Luca l’avait imaginé et il dut redoubler d’efforts pour adapter sa conduite. La sienne était plutôt souple et mesurée mais il n’hésitait pas à prendre des risques lorsqu’il le fallait. Le style d’Anja, au contraire, s’opposait au sien avec une conduite plus ardente et saccadée que Luca avait appris à maîtriser. Cela désarçonnait toujours leurs adversaires qu’elle puisse ainsi débouler comme une forcenée sans qu’ils n’y comprennent rien. Sans grande surprise, Luca était en tête tandis que les deux autres étaient bien proches de lui, Anjelica était en queue de peloton mais à aucun moment l’italien ne fut inquiet. Il connaissait sa sœur, il savait ce qui les attendait, contrairement aux deux autres concurrents qui allaient bientôt subir la course ; eux qui pensaient probablement pouvoir en maîtriser l’issue. Lorsqu’elle distança la femme, Luca sut que c’était le signal ; immédiatement, les Zabini s’engagèrent dans un ballet rythmé dans lequel ils avaient leurs habitudes. Anjelica n’avait pas perdu ses réflexes et alors qu’elle accélérait brutalement pour dépasser son frère, Luca freina dans le virage pour obliger l’homme qui le collait à faire une embardée et ralentir sa vitesse. Le cœur battant, il accéléra comme un forcené afin de rattraper sa sœur et ils recommencèrent ce tour à plusieurs reprises, empêchant leurs opposants de revenir dans la course, leur assurant une victoire plutôt large. Si large que lorsqu’ils franchirent la lignée d’arrivée, Anjelica prit même le temps de lâcher ses commandes tandis que la foule les acclamait comme s’ils avaient gagné le grand chelem. Rien ne semblait pouvoir les arrêter alors qu’ils rejoignaient ensemble le sol. Le visage rayonnant d’Anjelica suffisait à Luca ; il avait gagné son pari, elle souriait à nouveau et cela valait tout l’or du monde. « Moi aussi ça m’avait manqué les courses avec toi. » Ne pas avoir besoin de se parler pour se comprendre, ne pas avoir besoin d’un plan d’action prédéfini à l’avance ; voilà la force de ce duo diabolique. Luca et Anje gagnaient systématiquement lorsqu’ils étaient à deux parce qu’il existait entre eux une connivence à nulle autre pareille. Satisfait de la tournure que prenait la soirée, Luca acquiesça lorsqu’elle parla de prendre un verre. Il était grand temps que l’ivresse s’empare de lui.

Alors qu’ils se dirigeaient vers les boissons, Anjelica taquina au passage les perdants et un sourire en coin s’installa sur son visage, amusé par son audace et au manque d’humilité dont ils faisaient preuve. Ils avaient gagné, à la loyale, dans une course d’anthologie et ils les avaient humilié au passage. Cela remettait les pendules à l’heure. Les Zabini étaient toujours même exilé sur l’île britannique. L’excitation de la fin de course que Luca ressentait encore s’envola à l’instant même où l’homme posa ses mains sur Anjelica. Immédiatement en alerte, Luca menaça : « Touche-la encore et je t’étripe. » Ce n’était pas des paroles en l’air, ce n’était pas qu'une technique d’intimidation. Étrangement, autour d’eux régnait brusquement un silence de plomb jusqu’à ce que leur concurrent prononce les mots qu’il ne fallait pas. Le poing d’Anjelica s’enfonça sur son visage et Luca laissa faire sans sourciller, elle n’avait pas besoin de lui pour cogner un homme indélicat. Son cœur battait néanmoins la chamade, tant la douleur de la perte d’Andréa venait d’être ravivée par ce mauvais perdant. Ce ne fut que lorsque sa sœur annonça qu’elle allait le tuer qu’il se permit d’intervenir pour ne pas envenimer la situation même s’il avait lui aussi très envie de lui faire voir trente-six chandelles. Ses mains entourèrent la taille de sa cadette tandis qu’elle se débattait avec la fureur d’une lionne. « Elle est complètement cinglée ma parole! Faut lui mettre une muselière ! » Ce fut trop pour Luca qui lâcha sa sœur en la repoussant en arrière et qui sans que personne ne puisse s’y attendre, se jeta sur l’individu qui esquiva sur la droite exactement comme Luca l’avait imaginé. Alors lorsque son adversaire sauta, Luca percuta son pied gauche pile au moment où il s’apprêtait à reprendre sa foulée pour l’attaquer. Frappant fortement de haut en bas grâce à l’intérieur du pied, visant le talon d’’Achille, l’impact fut suffisant pour déstabiliser l’homme qui termina sa course au sol dans un bruit sourd. Il n’y avait pas que pour les vols en moto que les Zabini étaient bons ; les techniques de combat avec la boxe étaient aussi une de leur spécialité à laquelle il venait de goûter. Le pied de Luca s’écrasa contre la poitrine de l’adversaire pour l’empêcher de se relever et il lui assura : « Rappelle-toi de ça, ducon, attaque n’importe lequel d’entre nous et les représailles seront à la hauteur de l’affront. T’es pas armé pour ça mon gars. » Pas ici, pas sur leurs terres, pas au milieu de la foule dont la moitié faisait partie de la Cosa Nostra. Ils n’avaient aucun pouvoir, aucune marge de manœuvre et il venait d’insulter la personne que Luca aimait le plus au monde et il le savait, cette phrase allait lui faire bien plus mal que le reste. « Dégagez. » Luca le relâcha et attrapa le bras de sa sœur et lui tourna le dos, ne craignant pas un seul instant que l’homme puisse le prendre en traitre par derrière. Avant de l’atteindre lui, il allait falloir passer devant tous les autres membres de la famille. Insulter un membre revenait à tous les insulter ; la Cosa Nostra s’étendait ici comme une toile d’araignée et si l’homme ne voulait pas terminer dans ce filet, il avait tout intérêt à revenir en arrière, ravalant sa fierté.  

Il éloigna sa sœur de l’euphorie de la course, traversant la foule, attrapant au passage deux verres à l’un des stands et en tendit un à Anjelica. « Ils ont la défaite amer. » commenta-t-il pour ouvrir la conversation, avant de demander, plus sérieux : « Est-ce que ça va ? » L’idée de cette course était de permettre à Anjelica de souffler, de retrouver des sensations passées, de lui redonner confiance en l’avenir. De lui montrer qu’elle était toujours capable. Que la femme qu’elle était avait la force de tout surmonter, de tout encaisser. Ils étaient venus ici pour tenter d’effacer les blessures causées à Jaeden et brutalement, celles liées à Andréa venaient de ressortir d’un vieux placard. Ce n’était pas vraiment ce qu’il avait imaginé, ce n’était pas ce qu’il avait voulu et Luca craignait soudainement que son idée plonge sa sœur dans le plus violent des tourments.
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Aussi loin que j'me souvienne

Nos plus belles années, on était ensemble

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Anjelica Zabini
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Mar 1 Nov - 19:46


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
de nous voir plus fort que la vie
Luca & Anjelica


Le retour en Italie me faisait du bien. Je devais admettre que les petites habitudes avaient rapidement refait surface. Rien que parler italien. Ne plus avoir à réfléchir à l’anglais et accrocher un mot. Que votre accent chantant est charmant. Blaireaux. Le pire c’est que parfois je me mettrais à penser en anglais. Et là je me disais que le délire allait bien trop loin. Après tout ce qu’il s’était passé dernièrement que revenir aux sources ferait du bien ! Nous avions commencé par boire à notre cascade de tous les temps. J’avais même avalé un cachet qui me faisait légèrement tourner la tête sans qu’il s’en aperçoive. Du moins, il ne l’avait pas fait remarquer. Quelques échanges se firent entre Luca et moi. Autant le dire, nous n’étions pas de grand bavard. Il suffisait de quelques mots. A peine une parole énoncée et nous savions parfaitement ce que l’autre voulait. Nous avions quatre années d’écart, pourtant nous étions si fusionnelles que nous aurions pu être considérés comme des jumeaux. Si nous parlions, c’est rapidement en quelques mots. Les échanges autour de Dora et Jae avaient été finalement assez rapidement. Je savais qu’il se tramait un truc avec elle et mon frère. De là à ce qu’il y soit attaché… Pour une fois que cela arrivait, il faisait que ce jugement vienne révéler leurs pires mensonges.

Mais la parlote, cela va bien quelques minutes. Sinon Luca savait qu’il finirait par tomber dans l’eau de la cascade avec moi à côté. L’idée d’une course, ça, c’était bien mieux. Nous prenions nos vieilles bécanes restées en Italie pour nous rendre sur un circuit. Si je ressentais une pointe de stress à redécoller mes roues dans les airs, l’ambiance sur place exalta mon envie de tenter ma chance. Surtout lorsque deux idiots vinrent nous provoquer. Si la course ne fut pas si facile, avec Luca nous nous en étions sortis haut la main, mais le fait que je me trouvais encore rouillée. « On devrait le faire plus souvent quand même. » disais-je en lui adressant un sourire nostalgique de toutes ces soirées. Mais Luca avait encore du mal à résister à la drogue… Alors que nous nous rendions vers les stands de boissons, je ne pus me remettre et lâchais une petite remarque à nos compétiteurs qui nous avaient cherchés en étant certains de gagner. Visiblement, ils n’étaient pas bons joueurs. L’un d’eux vint me repousser en arrière, butant contre Luca qui se trouvait derrière. J’entendis Luca proférer des menaces, mais mon sang ne fit qu’un tour. Que cet enfoiré parle de cet accident avec tant de légèreté, cela me rendait folle. Si bien que mon poing s’éclata dans son nez, le faisant saigner. J’esquivais un de ses poings avant de lui enfoncer mon coude dans l’estomac. C’est que je me sentais réellement mauvaise et c’est pour cela que j’avais prévenu Luca pour qu’il me retienne d’en faire davantage. Pourtant j’allais retourner prête à lui en coller une de nouveau. Mais les bras de mon frangin s’agrippèrent à ma taille pour me faire reculer. L’autre faisait à présent le malin. Quel con. Luca me repoussa en arrière et je croisais les bras lui prêtant mon joujou. L’homme se retrouva à terre très rapidement alors que j’approchais de Luca, pour l’observer de haut alors que le pied de mon frère le maintenait au sol.

Luca nous entraîna un peu loin de la tension ambiante sur le circuit. Il n’oublia pas les boissons au passage. Il était parfait ce frère. « Finir une course en baston… c’est la perfection. » répliquais-je avec un grand sourire. Je sortais une clope de mon paquet et le tendais à Luca s’il en voulait une. « Putain je suis remontée pour des courses Luca ! C’était si exaltant ! » Même si je ne ferais sûrement plus de siamoise, ce type de course avait celle qui avait été mortelle pour Andrea. Ne jamais dire jamais. Mais chaque étape en son temps. Je buvais une longue gorgée de mon verre puis tirée sur ma cigarette. Je m’appuyais contre un muret. Même si cet enfoiré n’avait pas mentionné mon meilleur ami, je voulais finir ce périple par un passage au cimetière en pleine nuit. C’était un rituel quand j’avais instauré quand j’étais sortie de l’hôpital d’abord, puis le peu de fois que je suis revenue, j’ai réitéré l'infraction des lieux pour me souler sur la tombe de mon meilleur ami décédé. « Tu sais qu’il en ait parlé ou non, je comptais aller le voir cette nuit. C’est mon petit truc quand je suis à Tivoli. » J’attendais l'approbation de Luca et nous retournions à nos bécanes pour nous envoler dans les airs. Nous nous garions un peu loin afin de ne pas attirer l’attention. Je prenais mon sac dans lequel j’avais gardé nos bouteilles. « Je suis passée par derrière la dernière fois.  » Je lui indiquais un chemin qui s’enlisait dans la pénombre. La palissade qui refermait le cimetière était haute, mais je l’avais franchie plus d’une fois. Elle se hissa et pivota pour se laisser tomber de l’autre côté. J'attendis que Luca en fasse de même et je l’entraînais entre les allées jusqu’à arriver devant la sépulture d’Andrea. Elle n’avait rien de singulier. Il était un biker, un Cosa Nostra. Le serpent et la dague étaient gravés sur la pierre. Des motos en marbres, la devise de la mafia y était gravée. Il y avait des bougies, des bouteilles vides… J’inspire un coup et versais une giclée de prosecco sur le marbre avant d’en boire une grande gorgée. « A la tienne Andrea… Oui je sais t’aimais pas le Prosecco. Mia Luce, tu as quoi en stock ? » dis-je avec un petit sourire avant de m’asseoir au sol d’un côté de la tombe et de m’appuyer dessus de mes bras. « Tu me manques tellement… » soufflais-je. « J’ai plus la même souffrance qu’au début. Mais c’est l’absence le pire. » dis-je à Luca. « Je vais retrouver celui qui nous a fait ça. Je le tuerai de mes propres miens. Parole de Zabini » déclarais-je le plus sérieusement possible.

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Luca Zabini
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Mar 29 Nov - 20:20

Et pourtant moi, j' me suis menti
De nous croire tellement à l'abri
De nous voir plus fort que la vie
Mais ces choses-là on ne les sait pas

PANINI III - Mi novembre 2020, Tivoli en Italie

Il y avait quelque chose d’exaltant à être en Italie, à se pavaner comme des rois dans la foule réunie pour des courses illégales, à montrer que les Zabini étaient toujours dans le coup et n’avaient rien perdu de leur superbe. Il apparaissait important pour Luca qu’on ne vienne pas les défier, sur leurs terres natales. Ils étaient les maîtres ici et il fallait quelques retours au pays de temps en temps pour que la population locale s’en souvienne. Luca n’était parti que depuis quelques mois et déjà, certains se permettaient d’imaginer qu’ils avaient le droit de prendre leurs aises. Il était temps de leur faire une petite piqûre de rappel, histoire que cela soit bien imprégné dans leurs petites têtes de moineaux qu’ici, ils étaient sur leurs terres, les terres de la Cosa Nostra et qu’ils en étaient les maîtres incontestés oui il a le boulard le Lulu, laissons-le dans son délire mdr. Les courses, c’était leur cheval de bataille sans mauvais jeu de mot mdr j’suis en forme ce soir alors Luca et Anjelica s’appliquèrent à effectuer une démonstration de force face à un public exalté. Le temps ne leur avait pas volé leurs talents, quand bien même que certains de leurs réflexes semblaient moins automatiques ; la course n’ayant pas été aussi facile que ce que Luca avait imaginé, la victoire n’en était que plus belle. Associé à sa sœur, son alliée, sa moitié, rien n’aurait pu l’arrêter ; ils se comprenaient sans avoir besoin de parler, sans avoir besoin d’expliquer. Tout était si simple lorsqu’ils étaient ensemble et lors d’une course en duo, la complicité entre les membres d’une même équipe était le ciment de la réussite. Voilà pourquoi ils sortaient vainqueurs, encore une fois. « C’est quand tu veux, tu sais. » Certes, en Angleterre, tout était différent et la victoire aurait probablement une autre saveur parce que le niveau n’était pas aussi relevé qu’ici mais cela n’empêchait pas de s’amuser, bien au contraire.

Évidemment, que les Zabini viennent à nouveau asseoir leur autorité, montrant leur suprématie au pauvre petit peuple ne semblait guère plaire au mauvais perdant qui enclencha une vulgaire bagarre. Ils avaient la défaite amer et un sourire amusé s’installa sur les lèvres du jeune italien tandis que l’autre commençait à leur chercher des noises. Rien ne pourrait ternir leur belle victoire, c’était certain. Sauf… La remarque acérée du motard fut de trop et la conversation se termina corps contre corps, poings contre poings. Mais même pour cela, leur adversaire semblait mauvais parce qu’Anjelica puis Luca ne firent qu’une bouchée de l’agitateur. Luca n’eut pas d’autres choix que de défendre sa sœur, quand bien même elle n’avait nul besoin de lui pour mettre à l’autre la dérouillée de sa vie. Néanmoins, les mots qu’ils avaient eu été rudes et il ignorait si sa cadette s’aurait s’arrêter. Le tuer au milieu de la foule semblait être une mauvaise idée ; alors il décida tout simplement de les éloigner du brouhaha, retrouvant leur quiétude fraternelle. « Il fallait bien que cela dégénère à un moment donné, sinon, ça n’aurait pas été une course à l’ancienne. » décréta Luca en avalant une gorgée de sa boisson après que sa sœur lui ait dit que cela se terminait en beauté. Il attrapa une clope lorsqu’elle lui tendit son paquet et s’en alluma une. Anjelica semblait prendre enfin conscience de ce qu’elle avait réussi à faire lors de cette course ; elle avait vaincu, elle était remontée sur une moto seule. Sûr de lui, Luca sourit et affirma : « Je savais que tu y arriverais. » Elle était forte Anja, elle l’avait toujours été. Il ne rajouta rien de plus, cela semblait inutile. Il était fier de sa sœur, il l’avait toujours été ; elle était si forte, même dans la douleur. Elle s’était toujours montrée digne de toutes les épreuves que le destin semblait lui faire subir. Il n’avait jamais douté d’elle.

Profitant de l’instant, buvant et fumant allègrement, Luca se revoyait des années en arrière, lorsque tout n’était qu’une question de point de vue, lorsque tout les englobait, lorsqu’il ne s’agissait que d’elle et que de lui. La vie italienne lui manquait, irrémédiablement. À Londres, il avait appris à aimer d’autres aspects de son existence, mais rien ne valait Tivoli. Jamais rien ne vaudrait l’Italie. Perdu dans ses pensées, le regard de Luca se tourna vers sa sœur lorsqu’elle ouvrit la bouche à nouveau. « Je sais. » Elle n’avait nul besoin d’expliquer, nul besoin d’en dire davantage. Elle avait besoin de ça à chaque fois qu’elle venait ici et ce n’était pas lui qui viendrait lui dire quoi que ce soit. « Tu veux que je vienne avec toi ? » demanda-t-il dans un murmure. C’était son moment à elle, peut-être n’avait-elle pas envie qu’il soit présent mais elle lui confirma le contraire. Ils enfourchèrent leurs bécanes et s’envolèrent quelques minutes dans les airs. Restant derrière sa sœur, il la suivit sur tout le chemin et se gara auprès d’elle. Emboîtant son pas, la pénombre de la nuit n’éclairait que peu les murs qui entouraient le cimetière. La porte était close, évidemment. Mais cela n’empêcha ni Anje ni Luca de se hisser. Ils déambulèrent entre les allées, passant rapidement devant l’immense caveau familial des Zabini où reposaient nombreux de leurs ancêtres avant d’arriver devant la tombe qui les intéressait. Celle d’Andrea. Luca n’était pas revenu ici depuis bien longtemps en réalité et cela lui faisait bizarre de se retrouver face à la pierre tombale. Cela lui rappelait tant de mauvais souvenirs. Son retour précipité en Italie pour rejoindre sa sœur blessée à l’hôpital, la peur qu’il avait ressenti lorsqu’on lui avait annoncé qu’un des deux passagers était décédé, le soulagement lorsqu’il avait su que ce n’était pas le cadavre de sa sœur qui gisait dans la morgue de l’hôpital. Il n’avait jamais eu honte de l’égoïsme qu’il avait ressenti à ce moment-là ; Andrea était son ami mais Anjelica était sa sœur et elle passerait toujours avant tout le monde, avant tous les autres, à chaque moment, à chaque instant. C’était ainsi.

Le Zabini regarda sa cadette procéder à une petite célébration à sa manière, une célébration qui lui ressemblait. « J’ai du Whiksy-pur-Malt. » Il déboucha la bouteille, avala une immense gorgée et imita sa sœur en en renversant sur la tombe, arrosant son nom et les fichues dates. « A la tienne mon pote, j’en bois une autre pour toi. » Portant encore la bouteille à ses lèvres, s’arrachant l’œsophage au passage, avant de s’installer de l’autre côté de la tombe, en face de sa sœur, à moitié avachie sur celle-ci. Luca avala durement sa salive. Andrea lui manquait à lui aussi, mais sa sœur était toujours à ses côtés ; il avait honte aujourd’hui que cette pensée lui traverse l’esprit mais mieux valait lui qu’elle. Il ferma les yeux et allongea son bras pour lui attraper le poignet, tentant de lui transmettre toute son affection et son soutien. « Je sais. Le temps n’efface pas tout. » Lorsqu’elle parla de vengeance, il ajouta : « Et je serai là à tes côtés Anja. Toujours.. » Il n’y avait guère besoin d’en dire davantage. C’était une promesse. Ils n’arrêteraient pas tant qu’ils n’auraient pas trouvé les responsables. Le temps avait passé, les plaies s’étaient refermées, il était maintenant temps de penser à l’avenir, de penser aux représailles et de préparer la riposte.
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Dim 19 Fév - 15:21


J'me suis menti de nous croire tellement à l'abri,
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Luca & Anjelica


L’Italie était grisante. Tivoli était transcendant. Il s’agissait de notre pays, notre contrée, notre ville. A Tivoli, tout le monde connaissait plus ou moins la famille Zabini. Plus encore les membres de la Cosa Nostra. Nous étions connus. Notre départ en Angleterre n’avait rien effacé à cette forme de célébrité. Toutefois, ce soir, des petits malins avaient voulu prouver qu’ils avaient pris notre siège. Que nous avions perdu notre place. Une tentative étouffée dans l’œuf à la suite de cette course exaltante. Elle s’était d’ailleurs terminée dans la plus pure des traditions avec ces coups échangés avec nos challengers. C’était impressionnant comme je me sentais soudainement vivante et pleine d’adrénaline. Prête à tout pour refaire surface et recentrer mon palpitant s’agiter au creux de ma poitrine. Pourtant quand Luca me répondait que nous pouvions faire cela quand nous le voulions, je n’y croyais pas réellement. Je haussais les épaules incertaines. Les responsabilités étaient lourdes à présent. Plus encore depuis le bordel que Jaeden avait créé avec Theodora. Notre fiabilité était remise en cause par notre propre père. Cela n’avait pas de sens de se sentir ainsi trahis et en plus assumer l’échec de certaines de nos décisions. Je me sentais faible dans le regard de notre père. Avions-nous réellement encore le temps pour ces frivolités ? Ce genre d’attitude n’était pas ce qui était considéré comme responsable. « Tu sais que c’est faux… » soufflais-je. En plus avec ses addictions, ce genre de soirée n’était qu’une tentation supplémentaire pour lui. Je ne voulais pas l’entraîner là-dedans. Aujourd’hui, je devais être plus présente que je ne l’avais été avant qu’il ne retourne ici, chez nous.

Eloignés de l’ambiance dévorante du circuit, Luca et moi échangions quelques mots. Je lâchais un petit rire à sa réplique. « Il faut respecter les traditions, c’est important. » Un sourire presque rêveur s’étira sur mes lèvres alors que je me rendais compte que j’étais parvenue à remonter sur une moto. Que j’avais même fait une course. C’est quelque chose que je pensais impossible depuis l’accident. J’avais déjà fait quelques tours en bécane, notamment grâce à Jaeden, mais jamais je n’étais repassée sur la course de circuit en conduisant moi-même. Pourtant je n’avais rien oublié. Mes réflexes, ma façon de courir plus que limite en termes de sécurité. Les sensations m’avaient happé dans une tornade sulfureuse. Une volonté de recommencer encore et encore. Ce sentiment d’avoir sa vie au creux de ses mains au moindre mouvement de guidon. Cette impression de puissance alors que la vitesse augmentait, que le vent filait contre moi. Le moteur qui vibrait, l’odeur de l’essence. L’effervescence autour de la course. C’était plus fort qu’une ligne de poudre. Un vrai shoot qui faisait flamber mon myocarde. Mon regard accrocha celui de Luca alors qu’il me disait qu’il était certain que j’y arriverai. « Par contre les siamoises… » Je grimaçais en prononçant ces mots. J’avais dû en faire une avec Jaeden. Une façon de prouver aux membres de la Cosa Nostra en Angleterre que je n’étais pas faible. Si cela n’avait pas été lui aux commandes… Un frisson me parcourut. J’avais eu tellement confiance en lui. Il connaissait tout de ma vie. Lui avait menti. En me regardant droit dans les yeux. Plus d’une fois, il avait eu l’occasion de me dire la vérité. Jamais il ne l’avait fait pour protéger Theodora. Je fermais les yeux l’espace d’une seconde pour chasser ses pensées et indiquer à Luca que je voulais aller voir Andrea. J’acquiesçais quand il me demanda s’il pouvait venir.

Le trajet se fit sans embûches et rapidement nous nous retrouvions devant la tombe de mon meilleur ami. Cela me faisait toujours autant de peine. Cette sensation de vide. Le fait de ne plus jamais entendre sa voix, de ne plus pouvoir le toucher. Le prendre dans mes bras, rien qu’une fois de plus, une dernière fois. Son regard… J’avais longtemps gardé une bouteille de son parfum pour me dire que je pouvais encore avoir son odeur. Elle était d’ailleurs toujours dans ma chambre. Assise d’un côté, Luca vint s’asseoir en face de moi. Il se saisit de mon poignet tandis qu’il fermait les yeux. Un soupire fila d’entre mes lèvres. Une larme coula le long de ma joue. Le temps n’effaçait rien. L’absence était toujours présente. « Sempre, Mia Luce. » Une promesse. De toute façon, nous avions toujours fonctionné ainsi. La preuve en était encore à la suite de toute cette merde au garage. J’étais partie avec Lui. Ce serait toujours Lui. Luca était mon centre de gravité. Je ne pourrais jamais avancer sur cette terre sans lui. Depuis notre enfance, nous avions toujours été inséparables. Le sens de la famille était plus qu’important. Mes doigts glissèrent également sur son bras et je le resserrais doucement. Je fermais également les yeux à mon tour. La soirée avait été dense, riche en émotions. Doucement, nous ressortions de notre bulle. La réalité nous rattrapait.

Demain, il faudrait redevenir des adultes et se montrer forts.

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