Graviora manent

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Every second I spend with you is a sweet torture Il avait réussi ! Une victoire grisante après tous les échecs qu’il avait été obligé d’essuyer sans relâche. Au moins de ce point de vue là, son année s’était bien terminée. C’était déjà ça quand on prenait en considération le reste. Contrairement à d’habitude, Rory n’avait pas imposé sa présence à son père dans le manoir familial pour les fêtes d’année. Ce qui signifiait qu’il n’avait pas non plus eu l’occasion de voir Lili. Leurs rapports étant tendus depuis fin novembre, les deux enfants Barjow ne parvenaient pas à trouver de terrain d’entente. Chacun restant fermement campé sur sa position, incapable d’entamer un dialogue constructif et posé. Bien que Rory s’était réfugié dans des boîtes de nuits bondées de corps peu vêtus appelant à la promiscuité pour Noël et le Nouvel An, cela ne l’avait aidé en rien à chasser ce sentiment de profonde solitude qui le titillait depuis quelques temps. Ça n’avait pas été faute d’essayer à grands renforts de demoiselles toutes plus charmantes les unes que les autres. Rien à faire ! Rory se retrouvait comme bloqué. Dans l’incapacité de prolonger un simple baiser, bien vite éloigné par une force étrange qu’il était incapable d’identifier. Ouai… Enfin…

Comme à son habitude, il avait préféré osciller entre fêtes débridées, notamment en compagnie d’Anje, et travail acharné. A présent que ses prototypes d’e-bombes magiques fonctionnaient à merveille, il pouvait en revenir à ses petites expériences et excursions nocturnes en quête de nouveaux artefacts et ingrédients. Une petite effraction par ci, quelques vols par là, deux-trois agressions bien planifiées et voilà qu’il pouvait plus facilement se changer les idées. Rory prenait un malin plaisir à retrouver ses petites aventures plus ou moins dangereuses. Un rush d’adrénaline et une certaine forme de liberté qui lui avaient manqué dernièrement. Bien évidemment, et principalement pour ne pas se faire réprimander par Lexi, il prenait toujours grand soin à savoir où il allait et analysait plus en détails le lieu de ses missions. Un seul arrêt cardiaque lui avait suffi. Mieux vaut s’arrêter là. Sans compter sur l’aspect handicapant des blessures dont il pouvait écoper quand il ne faisait pas attention. Seuls quelques égratignures et plaies mineures étaient parfois les témoins silencieuses de ses expéditions nocturnes. Pas besoin de déranger son amie pour cela. Il préférait leur « nouvelle » relation, moins prise de tête, s’épargnant mutuellement inquiétude et sujets de discorde. Elle a pas besoin de tout savoir non plus…

C’est avec cette mentalité que Rory finissait de bander son biceps droit sur lequel était venu se loger une entaille peu profonde. Désinfectée, recousue et quotidiennement inspectée, il prenait bien soin d’y appliquer un onguent de cicatrisation avant de la recouvrir d’un léger bandage. Simple mesure de précaution pour ne pas que cela s’infecte bien qu’il n’était pas le moins du monde gêné par cette petite plaie. Il faut dire aussi qu’il avait vu pire. Un bref soupir quitta ses lèvres alors que son regard avait brièvement accroché les nombreuses cicatrices présentes sur son torse. D’un geste un peu brusque, prouvant indirectement cette rancoeur qu’il gardait au plus profond de lui, il s’empara de son pull kaki rangé dans son casier et l’enfila avant de refermer la porte de ce dernier. Machinalement, l’héritier Barjow activa sa baguette pour que les restes du travail du jour retournent à leur place sur les étagères de l’arrière boutique. Il fixa ses deux couteaux de chasse à sa ceinture et finit par transplaner dans son appartement. Ce fut quand ses prunelles accrochèrent l’invitation au gala laissée par Lexi qu’un petit sourire amusé étira enfin ses lèvres pour la première fois de la journée. Autre petite victoire personnelle : il avait réussi à la convaincre de lui donner un cours de valse. Non seulement il était son cavalier mais en plus il allait avoir le privilège de danser avec elle à cette fameuse soirée. Il était pas peu fier.

Depuis qu’ils se connaissaient, et ça commençait à remonter maintenant, Lexi et Rory n’avaient jamais véritablement prévu le temps qu’ils passaient ensemble. Bien sûr ils avaient déjà eu l’occasion de travailler en collaboration et s’organisaient pour cela des séances d’expérimentations. Cette fois-ci c’était tout de même différent. Ils s’étaient fixés un vrai rendez-vous pour qu’il lui apprenne à danser. On aura tout vu putain ! En prévision de sa venue, il fit de la place dans son salon en un seul coup de baguette. Son large canapé vint se positionner contre la baie vitrée, suivi par la table basse et celle de sa salle à manger. L’espace dont il disposait dans sa pièce à vivre allait être largement suffisant pour qu’ils puissent s’entraîner dignement. Alors qu’il s’apprêtait à s’occuper des réglages pour le son, Rory fut interrompu par sa sonnette. Show time ! Un léger sourire taquin aux lèvres, il alla ouvrir et se stoppa net en la voyant vêtue de son habituel manteau et d’un pantalon sombre. Quelle déception ! Lui qui s’attendait à la voir bien apprêtée. « T’aurais pu faire un effort quand même… Je suis déçu là. Tu veux t’entraîner à danser et tu viens même pas en tenue ?! » Il s’écarta pour la laisser entrer dans l’appartement et referma la porte derrière elle, gardant un très léger sourire aux lèvres. Il allait donc devoir attendre un peu plus avant de la découvrir en tenue de soirée. Sans qu’il ne veuille vraiment se l’admettre, Rory était impatient. La voir sous un jour nouveau avait quelque chose d’intriguant et d’un poil excitant. Si depuis leur remise au point ils étaient en bons termes et semblaient occulter l’incident de la morgue, l’héritier Barjow n’en restait pas moins attiré par elle, pour son plus grand malheur. « Bon heureusement ma méthode s’applique même si tu n’as pas la tenue appropriée. Ça sera peut-être plus compliqué pour toi à gérer si tu mets une robe mais bon… Au pire on pourra s’arranger. » Il avait bien quelques idées, s’inspirant de quand il apprenait à Lili la valse. Bien qu’elle était privée de soirées mondaines, la cadette Barjow adorait la danse. Rory lui avait donc appris en cachette les pas de bases et ils s’étaient amusés à lui attacher un drap à son pantalon pour simuler les pans d’une robe. Voir Lexi accoutumée de la sorte aurait au moins le don de l’amuser… « Bon par contre il faudrait que tu retires tes chaussures pour commencer. » Dit-il en retournant vers le fond du salon pour aller régler le son et mettre en place tout ce dont ils avaient besoin pour la musique.

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C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VI
2020 s’est terminé comme 2019 pour Lexi, submergée par le travail à l’hôpital. Cette période de l’année n’est jamais de tout repos. Les vacances de Noël entrainent régulièrement une augmentation des accidents domestiques (« Mon Papa a voulu faire le Père-Noël et il est tombé de 6m de haut »), des violences physiques (« 36, mais l’an dernier l’an dernier j’en avais 37 » et bam un coup de poing en pleine figure) et sexuelles (« Mais je vous jure, elle était consentante même avec 36G de GHB dans son verre ») mais aussi des homicides (« Ma belle-mère a mal cuit la dinde donc un couteau a malencontreusement terminé dans son estomac »). Cette augmentation de patients, subtile mais bien réelle, couplée à de nombreux médicomages en congé pour être avec leur famille, faisait que l’hôpital est régulièrement en effervescence face au flux tendu des patients qui arrivent et dont on doit s’occuper. Lexi, n’ayant personne avec qui « fêter » Noël, s’est comme tous les ans depuis qu’elle travaille ici, portée volontaire pour donner un coup de main et faire davantage d’heures que prévues afin de pallier à l’absence de ses collègues. Toujours prête à se plonger à corps perdu dans le travail, Lexi le fait bien volontiers. Elle n’a jamais vraiment aimé cette période écœurante où la plupart des gens respirent la joie de vivre, sont heureux et veulent à tout prix être altruiste. Quoi que cette année, l’ambiance à l’hôpital demeure maussade ; l’assassinat de Potter reste encore dans les mémoires de chacun et l’avenir du monde sorcier étant incertain, certains médicomages ne parvenaient pas vraiment à se réjouir des fêtes de fin d’années. D’autres, au contraire, voyaient le décès du chef de l’Ordre du Phénix comme la preuve ultime qu’il fallait profiter de la vie car tout pouvait s’arrêter d’un claquement de doigt, ou plutôt d’une balle dans la tête.

Sa journée terminée, Lexi se change dans le vestiaire et enfile un survêtement noir qu’elle utilise d’ordinaire lorsqu’elle s’entraîne sur sa terrasse et retire son débardeur noir pour en enfiler un kaki, suivi d’un sous pull léger de la même couleur. Elle replace avec une attention tout particulière ses couteaux invisibles sur sa cuisse droite avant de vérifier le contenu de son sac à dos. La robe noire à dentelle qu’elle avait mise l’an dernier à la soirée du nouvel an est bien pliée dans l’un des compartiments du sac ainsi que les chaussures à talons qu’elle avait portées lors de ce même évènement. L’esprit de Lexi est pragmatique et se dit toujours -au cas où-. Au cas où elle en aurait besoin cet après-midi. La jeune médicomage lève les yeux au ciel et soupire de s’être laissée tentée par la proposition de Rory. Si au départ, elle lui avait fourni un non catégorique lors de leur dernière entrevue, après avoir bu son thé et alors qu’elle était sur le point de partir, Lexi s’était allée à quelques confidences, expliquant au jeune homme à quel point cette soirée -en dehors de sa présentation sur laquelle elle n’avait strictement aucune crainte- l’angoissait. Devoir se mêler au monde, elle si taciturne ; devoir faire comme si, elle si austère ; devoir danser, elle qui n’avait jamais appris à se mouvoir ainsi ; devoir porter une tenue que tout le monde jugera -une robe qui plus est-, elle qui se fiche pertinemment de son apparence. L’aspect social de la soirée l’inquiétait plus que de raison : d’ordinaire, elle se rend déjà peu à ce genre d’évènements mais lorsqu’elle s’y rend contrainte et forcée, elle n’est pas l’invitée d’honneur sur laquelle tous les regards se portent et pouvait vaquer à ses occupations sans prendre la peine d’être polie ou d’être un tant soit peu sociable. Là, ce serait différent. Tout le monde souhaitera lui parler, tout le monde souhaitera la remercier pour ses travaux, tout le monde souhaitera être vu en sa compagnie. Certains lui demanderont peut-être même de les accompagner sur la piste de danse. Voilà pourquoi, raisonnable et raisonnée, Lexi se retrouve maintenant à transplaner devant la porte du duplex de Rory, attendant patiemment qu’il lui ouvre la porte après avoir appuyée sur la sonnette. Rory est un habitué de ce genre de mondanités de part son rang et son sang. Lorsqu’il s’est proposé pour être son cavalier, Lexi a accepté sans vraiment y songer mais plus elle y repense et plus elle l’en remercie ; avec Rory à ses côtés, elle sera probablement moins alpaguée par les autres invités et Rory savait rendre amusante la plus barbante des situations. Peut-être même qu’elle appréciera la soirée finalement. Qui sait ?

En y repensant, c’est bien la première fois qu’ils « prévoient » de se voir. Les visites de Rory ou les siennes sont toujours inopinées et il faut bien l’avouer, intéressées : Lexi avait besoin d’une potion, Rory avait besoin d’un onguent ou de soins urgents. Ce genre de choses. Seules leurs séances de travail dans le cadre des expérimentations pour Kesabel avaient nécessité des rendez-vous programmés afin que cela puisse coïncider avec l’emploi du temps plutôt variable de Lexi en raison de ces gardes à l’hôpital. La sensation est donc étrange pour la jeune femme qui n’a pas tellement l’habitude d’être conviée ainsi chez le jeune Barjow. Alors qu’il ouvre la porte, un sourire mi-figue mi-raisin s’installe sur les lèvres de la jeune femme lorsqu’elle aperçoit l’air amusé de Rory, cela n’annonce rien de rassurant. La médicomage se demande même si elle ne ferait pas mieux de faire demi-tour dès maintenant. Surtout lorsqu’il lui balance qu’elle n’est pas habillée en conséquence. « Bonjour Rory ? Ouais t’as raison, dire bonjour, c’est surfait. » dit-elle d’un ton qui se veut humoristique, cherchant à retrouver l’ironie qui ponctuait habituellement leurs conversations avant. Avant quoi ? demande la voix dans l’esprit de la cheffe de service, prête à mettre Lexi face à ses contradictions et à son attitude qui n’a rien de comme avant. Pourtant, elle s’y évertue fortement à retrouver le semblant d’amitié dysfonctionnelle qu’ils avaient avant mais Lexi n’est plus vraiment elle-même depuis quelques semaines, marchant sur des œufs de dragon, craignant qu’à tout moment, tout s’effondre à nouveau. « Ne m’en demande pas trop Rory, je t’en prie. Déjà je suis là, cela devrait te suffire. » dit-elle d’un ton un peu plus sérieux dans lequel l’inquiétude peut aisément se lire pour quelqu’un d’averti, quelqu’un qui connait suffisamment la jeune femme pour savoir lorsqu’elle est mal à l’aise : quelqu’un comme lui.

Lexi jette un regard à son appartement : la disposition des meubles a changé afin de laisser la place à une piste de danse improvisée. Lexi avale durement sa salive. Putain, si elle panique déjà pour ça, comment se sera lorsqu’elle sera entourée de dizaines d’autres personnes qui auront le regard braqué sur elle ? « Et je te fais remarquer que tu n’es pas en tenue non plus ! » dit-elle en tirant légèrement sur son pull pour accentuer ses propos. Elle pose son sac à dos sur le mange-debout de la cuisine en prenant bien soin de ne pas révéler ce qu’il s’y cache à l’intérieur. « Tu n’auras pas le privilège de découvrir en avant-première cette fameuse robe que j’ai toujours pas achetée, soit dit en passant. Peut-être que je me contenterai de porter un sac à patate. » Rory lui explique alors que sa « méthode » fonctionne même sans tenue appropriée. Lexi hausse un sourcil en se retournant vers lui. « C’est quoi ta méthode ? » demande-t-elle en retirant son manteau, dévoilant avec un plaisir non dissimulé son pull assorti au sien, en référence à leur discussion de la dernière fois sur la garde-robe de Lexi. « Tu remarqueras tout de même que j'ai fait un effort vestimentaire pour toi. » dit-elle pour détendre l’atmosphère. Ou pour se détendre elle-même ? Lexi regarde Rory se diriger vers le salon tout en lui demandant de retirer ses chaussures. « Quoi ?! » dit-elle, interloquée. « Pourquoi tu veux que j’enlève mes chaussures, j’en ai besoin. » d’une voix qui n'est ni naturelle, voire même un peu trop aigüe pour la jeune femme, témoignant du caractère incongru de la demande de Rory, une demande qu’elle ne comprend absolument pas. Lexi jette un coup d’œil sur ses Rangers noires mais capitule en les délassant avec une lenteur inégalée. Rory doit bien avoir ses raisons. Au bout de ce qu’il semble des heures, elle se redresse et une mèche de cheveux vient lui chatouiller le nez. Elle se penche à nouveau afin de dompter sa folle chevelure en un chignon déstructuré. Elle allait avoir besoin de toute son attention lors de la leçon. Elle soupire doucement, sentant son cœur battre à la chamade. Elle a déjà ressenti cette sensation : c’était en mars dernier, à New-York, chez Tobias alors qu’il tentait de lui apprendre à devenir Occlumens en lui lançant des sortilèges d’Imperium à tout va. Lexi s’était alors sentie comme maintenant, totalement désemparée. Cette maniaque du contrôle obligée de faire confiance à quelqu’un d’autre. S’abandonner aux mains d’un ami, même cela, c’est difficile pour quelqu’un qui s’évertue à maîtriser tous les pans de sa vie.

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KoalaVolant

Les Récompenses:

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Every second I spend with you is a sweet tortureSi Rory avait l’habitude de passer les fêtes de fin d’année seul, ou du moins avec la simple compagnie de Lili, c’était en partie dû à l’absence de traditions dans sa famille. Même à l’époque où les Barjow comptaient cinq membres, les célébrations, repas festifs, cadeaux et autres moments joviaux ne faisaient pas vraiment partie intégrante de l’équation. Cela avait toujours été une époque de grandes tensions, cris, violences en tout genre et confrontations musclées. Pas franchement dans l’esprit de Noël tout ça. En revanche, Rory accueillait toujours la nouvelle année avec une joie non dissimulée. Non pas pour se retrouver avec sa famille ou ses amis mais plus pour la symbolique. A l’époque c’était essentiellement une année de plus qui le rapprochait de son indépendance, maintenant c’est une année de plus rapprochant son père de la mort et éventuellement une année supplémentaire dans laquelle améliorer ses connaissances et augmenter sa fortune personnelle. On repassera pour tout ce qui est « santé », « amour » et tout le bordel… De toute façon ça ne l’intéressait pas. Du moins c’est ce qu’il aimait se répéter histoire de ne pas rencontrer de nouvelles déceptions à chaque année qui s’écoulait. 2020 avait cependant fini en une succession de merdes indescriptibles. Son embrouille avec Lili qui durait plus longtemps que prévu, les tensions avec son père devenaient de plus en plus palpables, il était incapable depuis plusieurs semaines de se taper la première venue, son amitié avec Lexi semblait s’étioler un peu plus à chacune de leurs entrevues sans compter sur le fait qu’ils avaient couché ensemble et pour couronner le tout : il avait fait un arrêt cardiaque. Non vraiment, génial comme fin d’année…

Bien déterminé à commencer 2021 sous de nouvelles augures, Rory n’en changeait pas pour autant son mode de vie et sa mentalité. Après tout, l’année dernière c’était juste le coup à pas de chance. Pratique pour ne pas se remettre en question : blâmer les événements extérieurs. C’est donc après avoir bien refoulé tous ces questionnements qu’il avait repris ses petites affaires comme si de rien n’était. On ne change pas une équipe qui gagne voyons ! Seul élément qui différenciait de d’habitude : il avait prévu de voir Lexi. Quand d’ordinaire leurs rencontres se faisaient de façon imprévues, fixer une date (même s’il s’agissait de quelque chose d’exceptionnel) n’était pas dans leurs habitudes. Ils se voyaient principalement quand ils avaient besoin l’un de l’autre. Même si Rory appréciait sa présence et la considérait comme une amie, ils étaient bien loin de passer tout leur temps ensemble ou de simplement traîner. Alors prévoir de lui donner un cours de danse pour le gala qui aurait lieu à l’hôpital, ça changeait clairement de leur dynamique de base. Cette dernière étant déjà complètement chamboulée par les récents événements. Chose que Rory préférait nier, enfouissant une fois de plus les sentiments confus que la jeune médicomage faisait naître en lui. A quoi bon s’acharner là dessus puisqu’elle n’avait eu de cesse de lui répéter que rien n’allait changer. Faisons donc comme si rien ne s’était passé. C’est plus simple ! Et moins douloureux.

Ainsi, quand Lexi débarqua un immense sourire étira ses lèvres. Il était amusé à l’idée de lui apprendre quelque chose qu’il maîtrisait bien même si cela avait été longtemps source d’ennui et de souffrance pour lui. Les nombreuses mondanités sorcières auxquelles il avait participé dans sa jeunesse, et encore un peu aujourd’hui, mêlaient conneries à répétition, conversations barbantes et parfois affrontements avec des jeunes aux idéologies bien trop prononcées et absurdes à son goût. Se replonger dans tout cet univers, même si c’était pour Lexi, même si le cadre et l’objectif différait lui faisait bizarre. Entre excitation et appréhension. La déception en demie-teinte de la voir débarquer en simple jogging et manteau noirs ~~ô surprise !~~ prit le dessus et il ne put s’empêcher de lui lancer une petite pique en guise de bonjour. La répartie de Lexi ne se fit pas attendre, accentuant l’amusement du jeune Barjow. « Voyons Lex’, depuis quand on se dit « bonjour » à chaque fois qu’on se voit nous ?! C’est surfait comme tu dis ! » Lâcha-t-il en la laissant entrer chez lui. D’une certaine façon il retrouvait leur ancienne dynamique à se taquiner gentiment, sans qu’aucun autre sentiment ambigüe et inexpliqué ne vienne jouer les troubles fêtes. Oui, Rory se voilait la face mais au moins ils n’étaient pas en train de se prendre la tête, c’était déjà ça de gagné, non ? Ce qu’ajouta Lexi suite à sa remarque sur la tenue qu’elle portait lui fit un peu de peine. Il avait bien compris lors de leur dernière conversation que la simple idée de ce gala l’angoissait. Rory la connaissait suffisamment bien pour être conscient qu’un événement pareil la sortait de sa zone de confort alors apparaître en robe… Sur un ton un peu plus sérieux également, il la regarda s’éloigner vers le bar de sa cuisine. « Je suis content que tu sois venue. On va bien voir ce que ça donne et puis, si pendant le gala tu n’as pas envie de danser car tu le sens pas c’est pas grave ! Qu’ils aillent se faire foutre avec leurs normes sociales ! On les emmerde ! » S’exclama-t-il en lui accordant un sourire complice, espérant la détendre un peu. Après tout, lui apprendre à danser était principalement un prétexte déguisé subconscient pour passer un peu plus de temps en sa compagnie. L’excuse parfaite pour ne surtout pas avouer qu’il voulait la voir. Car après tout, comment justifier sa venue si ce n’était pas pour se faire soigner ou avoir besoin de ses conseils ?!

Incapable de la lâcher du regard, il vint la rejoindre vers la cuisine et un petit sourire se dessina sur ses lèvres quand elle l’attaqua à son tour sur sa propre tenue. « C’est pas faux. » se contenta-t-il de rétorquer. C’est vrai qu’il n’avait pas fait l’effort de se mettre en costume, pensant peut-être à tort que cela la mettrait plus à l’aise de le voir dans une tenue qui lui était plus familière. Et puis, visiblement c’était pas comme si elle avait déjà de quoi s’apprêter pour leur leçon. Sa remarque le fit tout de même froncer des sourcils et Rory ne put s’empêcher de commenter. « Même avec un simple sac à patate tu resteras sexy par contre c’est sûr que tu attireras encore plus l’attention sur toi. Je pense pas que ça soit l’effet recherché, si ?! » Une nouvelle petite pique qu’il lâcha sans lui accorder le moindre regard, se dirigeant déjà vers le système son qui se trouvait à côté de sa télévision. T’as pas pu t’empêcher de lui dire qu’elle était sexy par contre. Bravo pour revenir à une relation normale, hein ! C’est pas comme ça que tu vas la mettre à l’aise et lui faire oublier l’incident de la morgue. Abruti, va… Histoire d’oublier, et surtout de lui faire oublier, cette petite bourde, il enchaîna bien vite sur la méthode qu’il allait utiliser pour ce cours de danse. Si Lili avait appris à danser alors qu’elle avait deux pieds gauches, Lexi pouvait le faire elle aussi. « Tu verras ! » Fut la seule réponse qu’il daigna lui donner en fouillant dans la boîte contenant ses vieux disques. Quand elle évoqua son effort vestimentaire, il tourna la tête pour l’examiner, incapable de dissimuler un large sourire amusé. Il ne put toutefois que remarquer que niveau couleurs ils étaient accordés, c’était déjà ça. « J’avoue que tu t’es surpassée ! Autre chose que du noir ou du gris ! Je suis impressionné Lexi. En plus on est accordés, si c’est pas beau ça ! » Il trouva enfin le disque qu’il allait utiliser pour leur leçon et lui demanda de retirer ses chaussures tout en se dirigeant vers le système son. Il s’attendait à sa surprise mais une telle réaction, ça non ! Réprimant un sourire en la voyant ainsi « paniquée », Rory préférait ne pas aggraver son malaise. Dans le simple but de la détendre, il prit un ton rassurant pour lui expliquer le processus. « C’est rien de bien méchant voyons. Ça sera simplement plus confortable pour toi comme pour moi. Tu as dit la dernière fois que tu me faisais confiance… » Il avait prononcé cette dernière phrase tout en lui jetant un petit regard, bien plus doux que d’ordinaire, presque dépourvu de cette lueur de malice qui l’illuminait en temps normal. Afin de la laisser se détendre, Rory s’occupa de tout mettre en place et revint vers elle quand Lexi eut finit de retirer ses chaussures.

Bien conscient de l’état de tension dans lequel son amie se trouvait, il lui accorda un petit sourire et lui tendit ses mains pour qu’elle les saisisse. Afin d’un peu plus la rassurer, Rory précisa. « Tu peux me faire confiance. Je vais juste te montrer les pas de base, tu n’as rien à faire pour débuter à part venir sur mes pieds. » Quand elle posa enfin ses mains dans les siennes, il la fit venir doucement à lui pour qu’elle monte sur ses pieds. Ils se retrouvèrent ainsi, une fois de plus, collés l’un contre l’autre. Dans le simple but ~~lol~~ de mieux la tenir pour qu’elle ne perde pas l’équilibre quand il commencera à bouger les pieds, Rory encercla sa taille de ses bras, finissant de réduire l’espace qui pouvait encore résider entre leur corps. Bien que troublé par cette extrême proximité qui lui rappelait des souvenirs peu catholiques, il tenta de passer outre en partant dans ses explications. « La valse se danse en trois temps. C’est assez rapide mais très codifié. En gros on fait des tours sur nous-mêmes. Tu vas voir, je te montre d’abord sans musique et après je mettrais la mélodie. » Rory commença donc à effectuer les pas de bases, maintenant fermement Lexi contre elle tout en dansant. Il fit quelques tours, prenant bien le temps de décomposer les mouvements afin qu’elle puisse essayer de mémoriser les mouvements de ses pieds. Après quelques tours, il finit par s’arrêter et baissa son visage vers le sien pour capter son regard. « Ça va ? Je te montre un coup avec la musique pour que tu vois. » D’un simple coup de baguette la musique démarra et il reprit les mouvements de ses pieds pour lui montrer la dynamique et compta les pas à voix haute. Tout en continuant de danser ainsi, il précisa. « L’idée c’est qu’à chaque fois que j’avance un pied, toi tu dois le reculer et inversement. C’est pas très compliqué quand on a saisit la dynamique. »

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Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VILes fêtes de Noël viennent de s’achever et si Londres s’est retrouvée sous un léger manteau blanc fin décembre, il ne reste maintenant plus que quelques stigmates boueux sur les trottoirs pour rappeler à la population anglaise que les vacances sont terminées. Lexi n’a pas eu une seule seconde à elle entre les urgences à l’hôpital, les services bondés par les nombreux accidents domestiques classiques à cette période de l’année ; elle s’est lancée à corps perdu dans le travail pour oublier qu’elle passe Noël seule, comme d’habitude. Non pas que la fin du mois de décembre soit son mois préféré de l’année, au contraire : après tout, lorsqu’elle était enfant, la famille Fawley ne fêtait pas Noël, se contentant d’un repas ordinaire et de quelques cadeaux ridicules pour faire comme si. Lorsqu’elle a grandi, Noël est aussi devenu un des symboles de la maltraitance occasionnée par son père : à Poudlard, elle était protégée de lui et de ses coups, mais une fois rentrée, surtout à ce moment de l’année où la météo entraînait des variations d’humeur importantes chez son père qui s’alcoolisait toujours davantage, tout recommençait et elle rentrait à l’école avec de nouveaux bleus, de nouvelles marques, parfois de nouvelles cicatrices. Voilà pourquoi Lexi n’a jamais vraiment apprécié ses fêtes, au-delà du fait que la plupart des gens deviennent guillerets et tentent de partager leur bonne humeur avec tout le monde. Même si Lexi est soulagée d’entamer une nouvelle année afin que chacun puisse retourner à son train-train quotidien, plus les jours passent et plus le gala se rapproche. Lexi oscille donc d’une angoisse à une autre, inquiète du caractère mondain et social de celui-ci ; Lexi n’est pas du genre à apprécier ce genre de soirée où elle ne se rend que par obligation dans l’unique et bonne raison de s’empiffrer indécemment aux frais de la princesse. Après tout, quitte à s’ennuyer, la jeune femme préférait en profiter. Mais dans le cadre du gala, tout est différent car Lexi en est l’invité d’honneur et elle sait que tous les regards seront braqués sur elle. Elle s’imagine déjà devoir sourire, devoir faire semblant de s’intéresser aux conversations futiles et inutiles des autres convives, devoir assumer toutes les questions relatives au fait qu’elle ne boirait pas d’alcool, devoir justifier chacune de ses prises de positions et de ses paroles, devoir supporter les probables remarques graveleuses d’actionnaires imaginant que parce qu’ils font un don à la fondation de l’hôpital ils peuvent compenser par une récompense en nature. Tout cela inquiète Lexi ; si en temps ordinaire elle se serait contentée d’ignorer, de remettre à sa place ou de mettre son poing dans la figure du moindre énergumène qui oserait cela, elle sait qu’elle devra faire bonne figure et dissimuler son côté sombre, celui qui cherche sans arrêt à s’échapper, à s’extraire de l’influence pragmatique et raisonné de l’esprit de Lexi.

Alors qu’elle sonne à la porte de Rory, Lexi pousse un léger soupir avant qu’il ne lui ouvre. S’il l’a convaincu d’être son cavalier, Lexi doit bien l’avouer, elle en est plutôt soulagée. La présence d’un allié à ses côtés lors de la réception lui offre la possibilité de ne pas se laisser submerger par la colère dans le cas où il lui serait trop difficile de réprimer sa véritable nature. Et puis, il faut également le dire, Rory est plutôt d’une agréable compagnie d’ordinaire. D’ordinaire. C’est le mot qui convient. Rien n’est plus ordinaire depuis deux mois. Rien n’est plus ordinaire entre eux depuis qu’il s’est pointé la nuit de son anniversaire avec des blessures importantes à soigner et qu’ils se sont disputés après qu’il ait failli perdre la vie. Rien n’est plus ordinaire entre eux depuis que Lexi l’a surpris quelques jours après à la lisière de la forêt interdite en train de prendre des risques inutilement alors que ses blessures n’étaient pas totalement guéries, entraînant une nouvelle dispute et un baiser inopiné que Lexi avait clairement subi. Rien n’est plus ordinaire entre eux depuis qu’elle assisté à cette altercation entre son père et lui et qu’il lui a révélé l’un des plus gros secrets de sa vie. Rien n’est plus ordinaire entre eux depuis ce qu’il s’est passé dans la morgue. Lexi a tendance à dire que leur dernière conversation ~~dispute lol~~ a remis les choses à plat entre eux et c’est le cœur un peu plus léger qu’elle pénètre dans l’appartement de Rory. Lex’. Et voilà que Lexi fronce déjà les sourcils. Elle lui a pourtant déjà dit de ne pas l’appeler ainsi et la jeune femme ne sait pas ce qui la dérange dans le fait qu’il utilise lui-aussi ce surnom. « Je sais pas, j’avais envie d’être polie. » dit-elle en lâchant un léger rire nerveux. « La prochaine fois, je te hurle dessus si tu veux. Cela mettra de l’animation. » dit-elle d’un ton amusé en lui faisant un clin d’œil entendu. Ils n’ont clairement pas besoin de cela pour « animer » leurs échanges. Bien au contraire.

A peine est-elle arrivée que Lexi sent déjà une certaine pointe d’appréhension apparaître au plus profond de son être, symbole d’une sortie incroyable de sa zone de confort ; Rory évoque d’emblée le gala et ses paroles rassurent un peu la jeune femme. « Parfait. Je ferai au directeur mon plus beau regard menaçant, cela lui fera passer l’envie de me forcer à faire quoi que ce soit. Il devrait déjà s’estimer heureux, moi je voulais une conférence universitaire, pas un putain de gala de charité. » dit-elle d’un ton maussade même si au fond, elle sait que Rory a raison ; elle n’a pas à se plier à leurs exigences sociétales. En évoquant leurs tenues respectives, Lexi fait remarquer au jeune homme qu’elle ne s’est pas encore procurée la robe qu’elle portera à la soirée et évoque l’idée de venir en sac à patate. Les paroles de Rory ont don de la faire rire et elle ricane un peu alors qu’il prend la liberté d’ajouter qu’elle demeurera attirante quoi qu’elle porte. « Tu crois ça ? » dit-elle en secouant la tête, un léger sourire accroché à ses lèvres. « Non effectivement, on va éviter de se faire trop remarquer. Et puis si je porte un sac à patate, tu le devras également si tu veux qu’on soit accordé, cela risque d’être compliqué pour nos convives. Tu comprends, deux partenaires comme nous, tant de beauté, cela va les éblouir. » Lexi laisse l’orgueil s’emparer d’elle et elle hausse les épaules. Après tout, Rory, tout comme elle, est loin d’être laid, c’est même tout le contraire. Lexi le lui accorde, peu importe leurs tenues, ils attireront tous les regards. Les deux amis continuent de parler chiffons et Lexi ne peut s’empêcher de se dire que Rory est tout l’inverse d’elle sur ce sujet. Si elle se contente de quelques tenues qu’elle a achetées il y a des années déjà, Rory aime s’apprêter et sa garde-robe est bien plus fournie que celle de la jeune femme. « Oui, pour toi j’ai fait un effort. » répète-t-elle sans s’en rendre compte alors qu’il s’amuse que leurs tenues soient raccords. Pour une fois.

Après quelques minutes à discuter sans vraiment rentrer dans le vif du sujet, Rory lui demande d’ôter ses rangers et la jeune médicomage ne peut s’empêcher de réclamer la raison. Après tout, elle n’a nul besoin d’enlever ses chaussures pour un cours théorique non ? N’est-ce pas ce qu’ils vont faire ? Lexi le scrute, attentive à ses réactions afin de déceler en lui ses intentions mais elle ne lit dans ses yeux qu’une incroyable bienveillance. « Oui d’accord. » capitule-t-elle lorsqu’il lui intime de lui faire confiance. Mais Lexi est troublée de s’abandonner ainsi, même si c’est lui, encore plus avec lui. Mais elle se doit d’arrêter de considérer tout un chacun comme son ennemi. C’est un exercice périlleux qui l’attend mais pour autant, elle s’y est déjà entraînée alors qu’elle a mis sa vie entre les mains de Tobias en avril dernier. Il n’y a rien de bien différent aujourd’hui. Mais cela demeure toujours une épreuve, une épreuve à laquelle Lexi n’a pas l’habitude d’être confrontée. Se fier à l’autre. Mettre sa foi en l’autre. Lexi doit tout apprendre mais même si elle est tendue, elle respire calmement et tente de retrouver sa paix intérieure. Sans qu’elle ne s’en rende compte, ses doigts viennent effleurer la lame aiguisée de ses couteaux attachés à sa cuisse ; la froideur du métal l’apaise et elle lui murmure : « Allons-y. »

Lexi jette un regard perplexe à ses mains qu’il lui tend. HEIN ? Le cœur de l’ancienne Serdaigle bat la chamade alors que ses yeux font le va-et-vient entre les doigts du jeune homme et son visage. Sur ses pieds ??? Innocemment, elle dit : « Moi qui espérait me contenter d’un cours théorique… » Elle abandonne la partie alors qu’elle lui tend les mains, bien fébrilement d’ailleurs, pas du tout sereine, pas du tout sûre d’elle, presque inquiète. Totalement inquiète. Absolument inquiète. Très raide, nullement rassurée, elle laisse Rory l’attirer contre lui ; elle respire doucement et grimpe sur ses pieds. N’ayant guère confiance en cette technique rudimentaire et très barbare, Lexi se tend instantanément alors que Rory encercle sa taille avec ses mains, rapprochant de la même manière leurs silhouettes. Elle se contente de regarder leurs pieds tandis qu’il se lance dans des explications plutôt sommaires. Mais pourquoi ne s’est-elle pas documentée avant de venir ? « C’est compris. Trois temps. Tour sur nous-mêmes. Rapide. » répète-t-elle, bonne élève, tentant de se persuader qu’elle le fait uniquement pour bien retenir les conseils. Mais elle n’avouera jamais que se retrouver si proche de lui après leur dernière discussion n’est pas sans conséquence ; Lexi se sent mal à l’aise dans ses bras tout comme elle en apprécie le contact chaleureux. Une douce contradiction, un précieux dilemme, une puissante dissonance. Les bras de Lexi demeurent le long de son corps, ne sachant pas bien quoi faire, elle se contente d’attendre, droite comme un piquet jusqu’à ce que Rory se mette en mouvement et elle sent son centre de gravité lui faire défaut à cause de l’équilibre précaire que lui offre ses pieds. Sans réfléchir, ses doigts viennent s’accrocher aux biceps de son partenaire pour éviter de tomber même s’il la tient fermement et qu’elle ne risque pas de s'écrouler. Rassurée, lui donnant ainsi presque l’impression de maîtriser, elle commence enfin à se concentrer sur les mouvements crées au sol par Rory. Lexi se contente d’observer et ne dit rien, les yeux rivés sur leurs pieds, tentant de compter et de calculer chaque trajectoire sans en comprendre vraiment le sens. Putain ce que c’est con. Au bout d’un moment, il l’interpelle et Lexi relève la tête vers lui, croisant son regard. « C’est… bizarre. » se contente-t-elle de dire, comme si cela expliquait tout. Elle hoche la tête lorsqu’il lui propose d’essayer avec la musique, peut-être qu’elle comprendra mieux les pas avec le tempo ? Rory démarre le morceau et Lexi se pince les lèvres pour ne pas éclater de rire. C’est pire. Elle ne comprend rien, elle n’a pas l’oreille musicale. Alors que Rory décompte à voix haute les pas, elle tente de se concentrer et de comprendre la dynamique comme il dit. Elle lève les yeux vers lui et n’en pouvant plus, pouffe de rire et pose doucement sa tête sur son épaule pour dissimuler sa gêne. « Je me sens tellement ridicule. Les gens aiment vraiment ça ? » arrive-t-elle à dire entre deux gloussements alors que son corps se soulève au rythme de ses quelques rires. Alors qu’elle est contre lui, son odeur suave et masculine vient lui chatouiller le nez et Lexi sent son corps se détendre, ses épaules s'affaissent ; la crispation qu'elle ressentait s'amenuise un peu. Elle se relâche un peu, elle est en sécurité, elle ne craint rien. Tout va bien. Une fois son fou rire passé, elle se redresse et place ses mains autour de son cou pour être plus à l’aise. « Vas-y recommence. » Cette fois, elle comptera les pas et fera bien attention à chacun des mouvements. Cela ne doit pas être bien sorcier tout de même.

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Graviora manent

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Les Récompenses:

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Every second I spend with you is a sweet tortureCela faisait bientôt trois mois que Rory n'avait pas participé à une soirée mondaine, bien plus longtemps s’il fallait compter sa véritable participation à l’événement. Plus habitué à simplement faire acte de présence et déserter après s’être goinfré et saoulé pour errer ici et là, le fait de réellement discuter avec ses interlocuteurs, danser, ne pas se montrer trop désagréable avec des convives bien souvent très indiscrets allait être une épreuve. Toutefois, malgré le défi que cela allait représenter pour Rory, sans compter sur l’ennui mortel de ces soirées, il le ferait avant tout pour Lexi. Non seulement il serait son cavalier mais il se devait de se tenir bien, du moins un minimum, car elle était l’hôte d’honneur, le centre de l’attention. Ce gala mettait ses recherches à l’honneur, il ne pouvait donc pas se permettre de l’embarrasser sous prétexte qu’il détestait ces événements. Heureusement pour lui, c’était également le cas de la jeune médicomage. Deux phénomènes sociaux comme eux réunis à une soirée mondaine ça promettait d’être quelque chose. Cette simple pensée amusait énormément Rory qui, pour une fois depuis sa plus tendre enfance, avait presque hâte d’être ce fameux soir. Pas que pour la découvrir en tenue de soirée !

Avant de pouvoir se rendre à cette soirée, il y avait tout de même une chose importante à régler : apprendre les pas de base de la valse à Lexi. Ça n’allait pas être une mince affaire mais Rory était confiant dans sa capacité à lui transmettre ses connaissances. Incapable de dissimuler vraiment son enthousiasme, il alla lui ouvrir et débuta les « hostilités », retrouvant ainsi leur ancienne dynamique, avant que les nombreuses disputes des deux mois passés ne viennent entacher leur relation. Lexi était une adversaire de choix pour ce genre de petit jeu. La jeune femme avait un répondant et une vivacité d’esprit qui l’amusait énormément, changeant de l’habituelle susceptibilité à laquelle il devait faire face de la part des autres femmes qu’il pouvait côtoyer. Bien qu’amusé par les piques qu’elle lui lançait, l’évocation d’une éventuelle nouvelle dispute le fit tiquer. Cela avait beau être sur le ton de la plaisanterie, Rory n’appréciait guère revenir là dessus. Sans trop renchérir, il se contenta d’un très maigre sourire avant de la suivre dans la cuisine, changeant immédiatement de sujet histoire de ne pas s’attarder là dessus. Le jeune héritier Barjow connaissait suffisamment son amie pour savoir que la simple perspective d’être le centre de l’attention dans un contexte qu’elle ne maîtrisait pas qui plus est, l’angoissait. Il tenta donc de la rassurer et un large sourire amusé vint illuminer ses traits à sa réponse. « J’imagine bien la gueule qu’il pourra faire en croisant ton regard noir. Ça serait presque jouissif ! » La côtoyant depuis de nombreuses années, même s’ils s’étaient « rapprochés » récemment, Rory la connaissait suffisamment bien pour voir de quel style de regard elle parlait. Lui-même avait eu droit à quelques uns d’entre eux et il devait bien avouer qu’ils faisaient un peu froid dans le dos. Alors pour une personne qui ne la connaissait pas de base, il n’osait même pas imaginer la sensation… Quand le sujet plus léger de sa tenue vestimentaire pour le fameux gala arriva sur le tapis, Rory reprit son ton habituel moqueur et taquin. Comparer leurs deux gardes robes n’était clairement pas adapté. Si lui prenait un soin tout particulier à s’habiller et notamment posséder des pièces de grands couturiers, Lexi semblait se foutre royalement de ce qu’elle mettait sur le dos. Enfin, du moment que c’était noir, gris, kaki ou marron… L’idée qu’elle puisse donc venir dans un sac à patate l’amusa énormément. Il reconnaissait bien là son côté contestataire et borné. Une vraie tête de mule. « Ah oui ?! Vraiment ?! Si je dois moi aussi m’habiller comme ça pas sûr que j’ai envie que tu en portes un alors… Je préfère qu’on les éblouisse en étant bien habillés ! Parce que bon, soyons réalistes, sacs à patates ou non, on va inévitablement attirer les regards. » Prétentieux ? Orgueilleux ? Non voyons, simplement réaliste ! Rory Barjow avait participé à suffisamment de soirées mondaines pour savoir qu’il attirait l’attention et ce même sans faire de scandales. Sa silhouette avantageuse plaisait aux femmes ainsi qu’à certains hommes, inutile de le nier. Lexi connaitrait le même sort. Elle jouissait déjà d’une beauté brute sans particulièrement faire attention à sa tenue alors bien apprêtée il allait devoir jouer des coudes pour la garder à son bras toute la soirée…

Tandis qu'ils continuèrent de gentiment se taquiner à propos de leurs tenues respectives, Rory commença à se préoccuper de l’installation sonore dont ils allaient avoir besoin pour le cours de danse. Une fois que tout fut bien en place, il demanda innocemment à Lexi de retirer ses chaussures. La surprise de sa réaction l’amusa et il tenta donc de la rassurer comme il put, se montrant bien plus doux avec elle que d’ordinaire. Une technique qui sembla marcher car elle céda rapidement et il put finaliser les derniers réglages. Quand il revint vers elle, Rory ne put s’empêcher de remarquer le geste machinal de son amie pour se calmer. Inconsciemment Lexi était venue caresser les lames fixées à sa cuisse, ces mêmes lames contre lesquelles il s’était blessé dans la morgue. Un souvenir qui lui arracha un très faible sourire avant de le chasser pour se concentrer sur elle. « Avec un cours théorique tu n’arriveras à rien. » se justifia-t-il en attrapant ses mains et l’attirant doucement contre son torse pour qu’elle puisse grimper sur ses pieds. La sensation de son corps raide, extrêmement tendu lui fit un peu de peine. Il comprenait qu’elle puisse appréhender la leçon mais de là à être si nerveuse alors qu’ils étaient en lieu sûr... C’est peut-être toi qui la met dans cet état. Non, pas possible. Il n’y avait plus rien entre eux qui puisse justifier que son contact la mette mal à l’aise. Rory tenta de faire abstraction, c’était en se concentrant sur la danse et la leçon qu’il allait lui permettre de se détendre. Concentré sur les explications et les pas, il reprit la technique qu’il avait appliquée avec Lili pour lui apprendre les bases de la valse. La différence entre les deux jeunes femmes ? Lilibeth avait toujours voulu danser dans des grands événements mondains, Lexi y était contrainte. Ce qui expliquait probablement son attitude raide lorsqu’il lui montrait les quelques mouvements de pieds à retenir. Après quelques instants il se stoppa histoire de vérifier que tout allait bien pour son amie et sa réponse lui extirpa un petit rire. « Ah c’est sûr que quand on a pas l’habitude c’est pas intuitif. » Une fois qu’il eut son accord, Rory ajouta la musique pour qu’elle puisse voir la danse dans son contexte et peut-être mieux comprendre. Au bout de seulement quelques instants, il capta son regard et un large sourire adoucit ses traits en la voyant pouffer ainsi de rire. Son coeur manqua un battement et il resserra un peu son étreinte autour de son corps quand elle vint poser son front contre son épaule, continuant de rigoler. Il y avait quelque chose d’extrêmement attendrissant à la voir se laisser aller ainsi. Elle avait beau vouloir dissimuler sa gêne, Rory ne pouvait s’empêcher de la trouver plus séduisante que jamais. « Rassure-toi, même quand on est toute une salle à danser, c’est toujours aussi stupide ! Pourquoi tu crois qu'on s'habille bien à ce genre de soirées ?! C'est pour avoir l'air moins ridicules... » Profitant de ce petit moment de répit, il se permit d’appuyer sa tête contre la sienne, oscillant de droite à gauche sans vraiment s’en rendre compte alors qu’il rigolait doucement avec elle. Un moment suspendu hors du temps, une petite bulle de douceur qui était si radicalement opposée à tout ce qu’ils avaient pu vivre récemment que Rory voulait s’y accrocher sans plus lâcher.

Ainsi l’un contre l’autre, il la sentit progressivement se détendre et quand son rire fut passé, Rory se recula juste assez pour capter son regard. Bien que le contact de ses doigts sur sa nuque le fit frissonner, il tenta de passer outre pour reprendre le cours de la leçon. « Bien ! » Commença-t-il en ralentissant énormément le rythme de la musique d’un coup de baguette. Ses mains se placèrent sur ses hanches et il lui réexpliqua les mouvements à faire avec ses pieds, appuyant un peu plus sur la hanche correspondante quand il parlait de changement de pieds. Rory répéta les pas trois, quatre fois tout en suivant le tempo de la musique très ralenti. Une bonne façon pour qu’elle comprenne à la fois le rythme et retienne l’enchaînement des pas. Après plusieurs minutes il finit par redresser la tête pour capter son regard. Presque surpris par la proximité de leurs visages, reprenant conscience du contact de ses doigts sur sa nuque et de ses traits qui semblaient bien plus détendus que d’ordinaire, il sentit son coeur s’emballer. Rory se retrouva incapable de dire quoi que ce soit et s’immobilisa quand les prunelles ambrées de la médicomage accrochèrent les siennes. Comme pris au dépourvu, il resta ainsi quelques secondes, immobile, son regard plongé dans le sien, enivré par leur proximité physique et l’envie qu’elle faisait irrémédiablement naître en lui. Un peu perturbé il finit par froncer les sourcils et marmonna. « Ah merde ! Attends… Je me suis embrouillé. » Ses paupières s’abaissèrent pour ne plus être distrait par le visage de Lexi et il reprit un instant les mouvements sans vraiment y parvenir. Légèrement agacé, Rory finit par rouvrir les yeux. « Bon, on va essayer à nouveau sans musique. Le rythme lent me perturbe trop. » Ouai, c’est le rythme lent qui te perturbe… « Tu vas descendre de mes pieds et on va tenter comme ça. » Tout en prononçant ces quelques mots, il la souleva légèrement pour qu’elle revienne sur le sol. A peine lui eut-il posé les pieds sur le parquet qu’il l’attira à nouveau contre lui avec une certaine précipitation, comme un amant impatient de retrouver le contact de sa partenaire après une longue séparation. Ses mains placées sur ses hanches glissèrent avec une lenteur presque sensuelle dans son dos pour qu’elle puisse essayer les pas sans qu’il ne la guide. Encore un peu chamboulé, ses prunelles sombres vinrent chercher celles de Lexi et il lui murmura avec un regard bien plus profond. « Tu es prête ? Je te laisse commencer… »

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Date d'inscription : 12/04/2020

C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VIRetrouver Rory dans son appartement n’a rien d’anodin pour Lexi, surtout après leur dernière « conversation ». Si la jeune Fawley et son acolyte Barjow apprennent à s’apprivoiser, il faut bien l’avouer, cela termine régulièrement dans les cris, dans la colère. Rien ne semble mieux les définir que ces deux mots, surtout si on y rajoute un brin d’incompréhension et de quiproquo. Il faut dire que la jeune femme n’a guère l’habitude de devoir expliquer ses comportements ou ses réactions, la plupart des gens qui la côtoient y sont habitués et savent comment réagir face à ses attitudes sans qu’elle n’ait besoin d’expliciter quoi que ce soit. Mais sa relation amicale avec Rory n’en était finalement encore qu’à ses balbutiements et il semble difficile pour elle comme pour lui d’appréhender les actes et les paroles de l’autre sans que cela parte forcément en altercation plus virulente. Pour autant, Lexi aspire à des moments plus apaisés entre eux, un peu las du volcan qui s’anime à chaque fois qu’ils sont dans la même pièce, comme si la confrontation était inéluctable. Pour autant, Lexi pense avoir enfin compris comment Rory fonctionne et comment il s’évertue à repousser ce qui le blesse ou ce qui le fait souffrir. C’est leur lot quotidien à tous les deux d’imaginer qu’ils ne sont tout simplement pas digne de l’affection que certains peuvent leur porter. Néanmoins, après les derniers mois où les rencontres avec Rory se sont faites plus fréquentes, Lexi a compris qu’elle pouvait lui accorder sa confiance ; les années ont montré qu’il en était digne. C’est aussi la raison pour laquelle elle lui avait confié toute son appréhension quant au gala de charité qui allait bientôt avoir lieu en son honneur ; si Rory n’était pas spécialement friand de ce type de soirée, il avait participé à des dizaines d’événements qui s’y apparentent tout au long de sa vie là où Lexi n’y est que très peu familière. Sa famille a été exclue des soirées mondaines réservées à la « haute société » lorsque son père a sali la lignée : pour Lexi c’est l’une de seules choses dont elle le remercie. Elle n’aurait pas aimé grandir dans cette ambiance guindée où toute sortie de rang serait brimée. La jeune femme est un électron libre et elle préfère de loin être seule plutôt que devoir faire la conversation à de vieux bedonnants qui lorgnent sans vergogne sur sa poitrine. Mais comme Lexi n’a pas grandi parmi ces gens, elle n’a pas non plus appris à danser. Quel intérêt de savoir danser d’ailleurs ? Lexi ne comprend pas tout ce qu’elle ne maîtrise pas, tout ce qui n’a pas de but en soi. La danse n’est qu’un loisir, un passe-temps inutile auquel s’adonne ceux qui n’ont probablement rien de mieux à faire que cela. Tournoyer durant des heures dans les bras d'un homme, quoi de plus ennuyant que cela ? Pourtant, d’après Rory, il semble peu probable que le gala se termine sans la moindre danse et voilà la raison de la présence de la jeune femme aujourd’hui. Apprendre les rudiments de la valse avait l’air d’être une bonne idée sur le papier, avant que Lexi se rende compte à quel point cela la terrifiait.

Avant que la leçon commence, Lexi tente d’embrouiller Rory. De la même manière qu’elle avait essayé de parler avec Tobias lors de l’entraînement à l’Occlumancie, elle gagne du temps, espère secrètement qu’en retardant au maximum l’échéance, cela rendra les choses moins compliquées mais il est inutile de se leurrer, elle est tout simplement effrayée de devoir s’abandonner ainsi, perdant toute maîtrise et probablement toute dignité. Lexi n’a pas grand doute sur le fait qu’elle sera particulièrement mauvaise, ce qui l’inquiète encore davantage. Alors pour le moment, elle répond aux sollicitations de Rory, faisant traîner la discussion pour éviter l’inéluctable. Et d’une certaine manière, retrouver leur relation d’avant lui faisait du bien : les taquineries, les provocations, les piques qu’ils se lançaient et se renvoyaient tel un boomerang. « Ah bah tu peux être sûr qu’il va regretter d’avoir fait de moi l’invitée d’honneur. » Lexi n’apprécie guère son supérieur si bien que dans ses rêves les plus raisonnés, elle l’assassine pour éviter de succomber à cette envie morbide dans la réalité. Elle n’a jamais été très douée pour se soumettre à qui que ce soit. Après le directeur, les deux amis évoquent la tenue qu’ils porteront à la soirée et Lexi explique à quel point elle se fiche de son apparence. Il le sait bien, elle n’a jamais vraiment pris attention aux vêtements qui l’habillent, considérant que c’est une perte de temps de s’apprêter en toutes circonstances. Lexi s'amuse: « Rory Barjow en sac à patate, je demande à voir. » dit-elle en riant légèrement. Rory est trop précieux pour oser se rendre à une telle soirée sans porter un de ses costumes qui lui vont si bien. « Magnanime, je te le dis en avant-première, je porterai une robe et non un sac à patate. Rassure-toi. » conclue-t-elle sur le sujet tandis qu’il se dirige vers l’espace dégagé du salon où Lexi devine aisément ce qu’il va s’y produire.

Après l’avoir rassuré sur la manière dont cela allait se passer, Lexi se retrouve collé à son ami dans une position qu’elle juge bien inconfortable. Il faut dire qu’en étant aussi raide et aussi tendue, la jeune femme ne se donne pas vraiment l’occasion de se détendre. Elle angoisse, elle s’inquiète alors que Rory fait tout son possible pour la mettre à l’aise. Alors que Rory tente de recueillir ses premières impressions, Lexi ne peut que lui faire part de l’étrangeté de la situation. « Pas intuitif du tout… Moi qui pensait que cela serait comme apprendre à marcher ou courir… » dit-elle tandis que la leçon reprend en musique, Rory s’évertuant à compter les pas pour l’aider dans la compréhension de cette danse barbare et barbante, Lexi ne peut plus dissimuler sa gêne alors elle ricane, elle pouffe doucement, se cachant dans le creux de son cou, cherchant un moyen d’arrêter cette torture, lui expliquant à quel point elle trouvait cela ridicule. « C’est donc ça ! » dit-elle en s’esclaffant à nouveau alors qu’il lui explique que c’est une des raisons pour laquelle les tenues habillées sont exigées à ces soirées. Alors qu’elle tente doucement de se calmer, elle sent les bras de Rory se resserrer doucement autour d’elle et sa tête s’appuyer contre la sienne ; Lexi ferme les yeux et sent son corps se détendre petit à petit, témoignant à Rory sans le vouloir de la confiance qu’elle place en lui. Une fois calmée, elle est de nouveau concentrée et prête à en découdre. Elle ne va pas se laisser abattre si facilement. La musique relancée, Lexi entreprend d’arrêter de réfléchir et se contente de se laisser porter par Rory, par ses pas et son esprit commence doucement à créer des automatismes dans son cerveau. Finalement, c’est toujours la même chose non ? Les minutes s’écoulent et Lexi assimile la dynamique dont il parlait au début de la leçon. Relevant la tête pour le lui dire, ses yeux rencontrent ceux de Rory et une envie irrépressible de briser la distance qui sépare leurs lèvres s’installe en elle sans qu’elle ne comprenne pourquoi. Hébétée par ce sentiment étrange et néanmoins fugace, elle continue de fixer ses prunelles sombres sans pouvoir s’en décrocher juste avant que Rory ne brise le contact visuel, expliquant s’être trompé dans les pas. Lexi baisse également la tête vers leurs pieds tandis qu’il tente de reprendre mais sans succès. Taquine, Lexi lui dit : « Et bien, j’suis mal barrée si même mon prof se trompe ! Je demande un remboursement de la séance. » Alors qu’elle croyait détendre l’atmosphère, Lexi croise le regard agacé de Rory et décide de ne pas faire un commentaire de plus. « D’accord. » dit-elle lorsqu’il explique qu’il lui ait trop difficile de suivre le rythme et qu’il allait essayer normalement désormais. « Je pense que j’ai pigé le truc façon. » ajoute-t-elle. Avant qu’elle n’ait eu le temps de bouger, il la soulève doucement et ses pieds retrouvent le sol de l’appartement. Lexi pousse un léger soupir de soulagement alors que leurs corps se quittent enfin, légèrement perturbée par le souvenir de la soudaine tentation de tout à l’heure ; le soulagement n’est que de courte durée puisque le potionniste l’attire brutalement contre lui, plaçant ses mains avec une lenteur inégalée dans le creux de son dos, lui arrachant sans qu’elle ne le veuille un frisson. Lui intimant de débuter, Lexi hoche la tête et replace ses mains autour de son cou : « Corrige-moi si je me trompe, d’accord ? » lui demande-t-elle. Elle commence à compter les pas comme il le faisait quelques secondes auparavant et se concentre comme elle peut sur ses pieds, dirigeant la danse.

Les minutes s’écoulent et au bout d’un moment, Lexi commence à bien maîtriser les pas de base, abandonnant même le décompte à voix haute et se contentant de le faire dans sa tête. Rory lui donne au fur et à mesure de nouveaux conseils, reprenant certaines de ses erreurs et tandis qu’elle les corrige toutes les unes après les autres, elle se sent le cœur un peu plus léger tandis qu’elle reprend un peu le contrôle de la situation, venant même à trouver ça… amusant ? Cette sensation étrange ne la quitte pas, comme si finalement elle pouvait y trouver une certaine satisfaction sans avoir si c’est la danse en elle-même qu’elle apprécie ou la simple présence de Rory à ses côtés. « Je pense que je me débrouille pas mal là non ? » demande-t-elle au bout d’un moment. « Remets la musique pour voir. » D’un coup de baguette, l’air résonne à nouveau dans tout l’appartement ; Lexi et Rory s’élancent doucement et rapidement, la jeune femme est en peine. La musique la désoriente clairement. Elle marche à plusieurs reprises sur les pieds de son partenaire, pinçant des lèvres pour ne pas rire à chaque fois que cela arrive, se contentant de murmurer quelques excuses rapidement bredouillées : « Pardon pardon. » Ses épaules se soulèvent parfois pour refreiner l’envie d’éclater de rire. Mais avec l’aide de son partenaire, même si au départ la musique l’embrouille, cela devient de plus en plus simple. Néanmoins, Lexi sait que pour que cela soit crédible, elle doit arrêter de regarder ses pieds. Relevant les yeux vers Rory, un sourire amusé en coin, elle se rend compte qu’elle est complètement détendue en comparaison avec tout à l’heure. Ses pieds semblent enfin comprendre comment cela fonctionne, ses doigts caressent sans qu’elle s’en rende compte la nuque de Rory et la base de ses cheveux dans une mécanique qui lui semble bien naturelle et les mouvements s’enchaînent. Mais Lexi, troublée par le regard inquisiteur de Rory sur elle, se trompe à nouveau. Une fois, deux fois, trois fois, écrasant ses pieds à quelques reprises pour au final lui foncer dessus sans faire attention en avançant au lieu de reculer. Surprise par son erreur, leurs corps s’épousent à nouveau et sans réfléchir, elle se penche à son oreille et lui chuchote : « Avoue-le, j’suis la pire élève de tous les temps. » Elle se recule et elle secoue la tête doucement, tentant de reprendre la danse tout en gardant son calme.

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Graviora manent

KoalaVolant

Les Récompenses:

INRP IRL

Every second I spend with you is a sweet tortureSi depuis peu Lexi et Rory passaient un peu plus de temps ensemble que d’ordinaire, leurs échanges étaient bien loin d’être reposants ni même particulièrement agréables. Toujours teintés, d’une façon ou d’une autre par une certaine forme d’agressivité et de méfiance, ils semblaient incapables de passer un moment simple, dépourvu d’une quelconque tension. Il y avait toujours une bonne raison pour qu’ils se prennent le bec, doutent l’un de l’autre et finissent par se déchirer. Rien n’était simple entre eux. La légèreté de leurs échanges semblait appartenir au passé à présent, si loin de portée qu’elle n’était plus qu’un âpre souvenir le rendant nostalgique. Rory regrettait presque les quelques rapprochements qui l’avaient poussé à se confier à elle. Pour une confession le prix à payer était une engueulade et beaucoup de froideur. Ils étaient tellement incapables de correctement communiquer, exprimer leurs ressentis, les accepter et tenter de faire un pas vers l’autre qu’ils finissaient irrémédiablement par se blesser mutuellement. Rory n’avait jamais fait d’efforts particuliers dans ses relations. C’était aux autres de s’adapter, de faire des concessions ou de combiner avec son mauvais caractère. Bien loin d’être conciliant, l’héritier Barjow faisait face à un mur avec Lexi. Sans trop savoir pourquoi, il s’y accrochait, cherchait sa compagnie même si cela lui attirait plus de frustrations qu’autre chose. La médicomage détenait une certaine forme de pouvoir sur lui qui l’enchantait guère. Toutefois, depuis leur récente altercation la situation semblait s’être légèrement diffusée. Jusqu’à la prochaine comme dirait Lexi. Rory priait secrètement pour qu’il n’y en ait pas d’autre, du moins pas avant un moment… Il se doutait bien qu’avec leur deux sales caractères, ils trouveraient bien une nouvelle raison de s’engueuler mais pour l’instant ils avaient retrouvé une certaine forme d’entente amicale. Forts de cette nouvelle confiance qu’ils plaçaient l’un en l’autre, Rory s’était réjoui de pouvoir l’aider dans sa préparation pour le gala. Si la jeune médicomage n’avait aucunement besoin de soutien pour sa conférence, en ce qui concernait la danse traditionnelle de toute bonne soirée mondaine c’était une autre histoire.

En guise d’échauffement, les petites piques qu’ils avaient l’habitude depuis le début de leur relation de se lancer fusèrent. Se taquiner sur leurs tenues, la gêne de Lexi à participer à une soirée de ce type… Tout était prétexte pour une petite joute verbale sans grandes conséquences. Ainsi, évoquer le sort qu’elle réserverait à son supérieur si ce dernier l’obligeait à danser contre sa volonté amusait énormément Rory. Il avait bien vu ce qu’il était advenu de Dyer, patron ou non, Lexi ne se formaliserait pas avec un si petit détail. Son amie lui donna d’ailleurs raison dans sa réponse, provocant l’hilarité du potionniste qui ne pouvait s’empêcher d’imaginer la scène et combien il serait compliqué pour lui de ne pas s’en réjouir à l’instant T. Il n’y avait rien de plus plaisant à ses yeux que d’être témoin de la chute d’une personne censée détenir l’autorité. Quand c’était Lexi qui donnait la leçon ça y ajoutait une touche encore plus piquante, presque… Excitante ?! Le sujet de leur tenue respective était également au centre des préoccupations. Si elle ne savait pas valser c’était un problème auquel il pouvait tenter d’apporter une solution, par contre le choix de la tenue… Un petit détail de rien du tout qui semblait pourtant également préoccuper la jeune femme. Rory, lui, avait hâte. Il fronça donc les sourcils et retroussa légèrement le nez à l’idée qu’il ait à porter un sac à patate pour s’accorder à elle. Hors de question ! Pour seule réponse, il secoua la tête, montrant clairement à quel point il désapprouvait l’idée. « Je préfère quand même te voir en robe de soirée. J’ai la tenue adaptée pour t’accompagner au moins. » rétorqua-t-il pour clore cette petite plaisanterie. Il aurait bien rajouté que s’ils voulaient vraiment se faire remarquer, autant y aller à poil mais bon… Rory avait préféré se taire de crainte que ses propos soient mal interprétés.

La leçon pu donc démarrer après qu’il l’ait rassurée pour tenter de la mettre en confiance. Une tâche qui ne semblait pas si simple compte tenu de sa raideur quand il la fit venir sur ses pieds et pendant les premiers temps. Rory s’évertua donc de lui communiquer les bases, d’abord sans musique pour qu’elle puisse comprendre le principe avant de passer à la pratique. Sa remarque l’amusa, signe de son besoin de contrôle et expliquant un peu mieux cette raideur qu’elle gardait contre lui. Ce fut seulement quand il proposa de mettre la musique pour qu’elle voit en situation que la leçon prit un tournant plus sympathique. Bien loin de s’attendre à ce qu’elle s’esclaffe de rire, Rory ne put s’empêcher de ricaner avec elle, attendri par sa réaction et son attitude bien plus ouverte. Il profita de ce petit moment de répit pour se laisser aller contre elle, succombant à l’envie de toujours plus de contact qu’elle alimentait sans le savoir. Quand Lexi reprit son sérieux, il reprit les explications ainsi que les pas, allant même jusqu’à ralentir le rythme de la musique pour tout décomposer par segments afin qu’elle comprenne mieux. Rory était tellement concentré dans sa tâche qu’il en oublia tout le reste. A l’instant où ses prunelles croisèrent celles de Lexi, il eut la sensation de se prendre une baffe phénoménale. Son regard, la proximité de leur corps, son contact, ses doigts sur sa nuque… Il resta quelques instants à la regarder ainsi, pris d’une envie soudaine et irrépressible de franchir les derniers centimètres qui le séparaient de ses lèvres tentatrices. Par chance, Rory reprit ses esprits et en constatant qu’il avait perdu le rythme, se mit à pester incapable de retrouver le bon pas sur la musique qui passait au ralenti. Focalisé sur l’idée de reprendre correctement, il ne nota pas spécialement la petite pique qu’elle lui adressa littéralement obnubilé par la bonne façon de lui apprendre les pas. Avec une nouvelle idée en tête, il la fit descendre de sur ses pieds pour l’attirer à nouveau contre son corps. « On va voir ça alors. » souffla-t-il avec un petit sourire amusé au coin des lèvres, curieux de voir si sa soudaine confiance était justifiée. Rory prit un instant pour couper la musique avant de se concentrer à nouveau sur elle, ses mains placées sur ses reins. « Ça marche ! » Rétorqua-t-il quand elle lui demanda de la corriger si elle faisait la moindre erreur.

Durant de nombreuses minutes l’héritier Barjow se contenta de pointer les petits oublis, les mauvais placements de ses pieds, le changement de rythme qu’elle adoptait dans le simple but qu’elle puisse se corriger et plus facilement intégrer le bon tempo et les bons pas. Lexi était une bonne élève, les yeux rivés sur ses pieds, elle s’exécutait sans broncher, suivant la moindre de ses indications. Plus le temps passait et plus elle commençait à saisir la dynamique de la danse. « C’est vraiment pas mal oui ! » Lui confirma-t-il, plutôt satisfait de voir ses progrès. A sa demande, il remit donc la musique et la laissa une fois de plus recommencer les pas. Comme il s’y attendait, l’aisance escomptée n’était pas au rendez-vous. Tout comme Lexi, Rory contenait son amusement, se mordant les lèvres pour ne pas rigoler à chaque fois qu’elle lui marchait sur les pieds ou se trompait grossièrement. « Ça va venir, détends-toi. » lui conseilla-t-il alors pour qu’elle se reprenne un peu. Finalement, après quelques instants, elle parvint à revenir sur un rythme et une exactitude convenable. Elle ne lui marchait plus dessus ~~comme quoi c’était pas con de lui faire retirer ses rangers~~, elle ne faisait plus d’erreurs dans les pas et son rythme était bon. Croisant enfin son regard pour la première fois depuis qu’il la laissait guider, Rory lui retourna son sourire, amusé de la voir si détendue. Malgré tout, la sensation de ses doigts caressant sa nuque pour remonter jusqu’à la base de ses cheveux le perturbait énormément. A quoi elle joue ?! Elle me cherche c’est pas possible… Avec pour seul fond sonore la musique, son regard était accroché au sien, comme incapable de s’en défaire alors qu’ils continuaient de danser. Il réprima des petits sourires à plus d’une reprise quand il la sentait se tromper, se contentant de lui souffler quelques indications pour qu’elle puisse corriger ces petites fautes qu’elle commettait encore. Des conseils que Lexi semblait avoir un peu plus de mal à appliquer car elle lui fonça subitement dedans, laissant échapper un léger rire à Rory. Son murmure eut le don de le faire frissonner contre sa volonté, tentant de reprendre le contrôle en rétorquant. « Y a des chances pour que tu sois dans le top 10. » Le regard rieur, une petite étincelle joueuse luisait dans ses prunelles sombres avant qu’il ne rajoute. « En vrai t’es pas si mauvaise. Il va juste te falloir plus d’une leçon je pense pour que tu sois vraiment à l’aise le jour J. Sinon je peux te concocter un petit enchantement sur tes chaussures et tu danseras parfaitement. Ni vu ni connu mais bon… Tu n’auras pas le mérite de vraiment maîtriser les pas. » Sur ces derniers mots, il lui jeta un petit regard taquin. Il savait combien Lexi pouvait être têtue quand elle avait une idée en tête et maintenant qu’elle avait réussi à un peu comprendre la mécanique de la valse, il y avait fort à parier pour qu’elle souhaite aller jusqu’au bout du processus. Rory s’arrêta donc et lui proposa. « On va essayer de faire ça : tu ne dois plus regarder tes pieds maintenant. Comme tu as essayé de faire tout à l’heure, regardes moi mais à chaque fois que tu fais une erreur je te corriges à nouveau. »

Au fur et à mesure des pas effectués et conseils donnés, les erreurs de Lexi se faisaient de plus en plus rares jusqu’à parvenir au même niveau qu’elle avait atteint avant qu’ils remettent la musique. Constatant qu’elle y parvenait à merveille, Rory n’avait quasiment plus rien à corriger, un large sourire satisfait était venu étirer ses lèvres, adoucissant son regard. « C’est parfait ! Tu vois que tu peux y arriver… » souffla-t-il en glissant à présent ses mains sur ses hanches pour lui prodiguer quelques conseils un peu plus accessoires. Ils continuèrent donc d’évoluer sur la musique qui se répétait inlassablement, perfectionnant la technique de Lexi. Plus les minutes s’écoulaient et plus il s’abandonnait à la contemplation de son visage, la lueur dans ses prunelles devenant plus douce. Il n’avait plus rien à corriger et pourtant il ne voulait pas que ça s’arrête, l’instant était si parfait. Enivré par son contact, la sensation de ses doigts sur sa nuque et la beauté de ses prunelles ambrées, son regard se faisait progressivement plus profond et intense, luisant de l’envie qu’elle attisait inconsciemment. Sans même s’en rendre compte, il avait resserré l’étreinte de ses mains sur ses hanches, son visage se rapprochant de façon presque imperceptible du sien. L’air semblait soudain chargé de ce désir qu’il éprouvait, de toute la tension qui s’accumulait alors qu’ils étaient pourtant littéralement collés l’un à l’autre. Attiré comme un aimant par elle, Rory finit par briser la distance qui séparait leurs lèvres. Capturant ces dernières dans un baiser empli de fougue, il était incapable de résister plus longtemps à la tentation. Instinctivement, ses mains glissèrent avec passion sur son dos, l’une d’elle se logea sur sa nuque qu’il agrippa tandis que l’autre avait élu domicile contre ses reins, l’attirant un peu plus contre son torse.

A l’instant même où il sentit ses lèvres répondre à sa fougue, un profond sentiment de soulagement l’envahit, l’incitant à approfondir un peu plus le baiser. Fermement agrippé à sa nuque, Rory vint chercher sa langue pour entamer un long et langoureux balais, assouvissant enfin cette pulsion qui le tiraillait depuis qu’ils s’étaient quittés à la morgue. Retrouver le goût et le contact de ses lèvres avait quelque chose de grisant, de presque surnaturel qui le mettait dans un état proche de la transe. Sans même s’en rendre compte, sa main jusque là postée contre ses reins était venue chercher le contact de sa peau, soulevant fiévreusement son haut pour doucement agripper son dos nu. Alors que leurs lèvres se cherchaient pour toujours mieux se trouver, jouant de leur langues et la mordillant même par instants, ses doigts glissaient le long de sa colonne vertébrale avec délice. Bien qu’enivré par ce baiser, Rory s’interdisait pourtant de laisser aller sa main plus loin que son dos, effleurant toutefois à quelques reprises le bas de son ventre et ses côtes. Plus les secondes passaient et plus il sentait son envie grandir. Il voulait toujours plus de son contact, plus de sa peau, plus de ses lèvres, plus d’elle. Il mourrait d’envie d’assouvir les pulsions qui rugissaient à présent en lui mais le souvenir amer laissé par la morgue l’en empêchait. Ce fut d’ailleurs quand il perçut que son désir pour elle commençait à devenir incontrôlable que Rory se força à progressivement calmer leur échange. Ses lèvres jusque là gourmandes de toujours plus se firent plus raisonnées et douces, apportant une certaine tendresse au baiser. Passant de la fougue à une passion luxurieuse, il mit lentement et progressivement fin à leur contact. Ses lèvres finirent par se détacher des siennes, glissant à nouveau ses mains sur ses hanches pour ne pas être tenté par le contact de son ventre ou de sa poitrine. Rory resta un instant silencieux, préférant laisser ses yeux clos une partie de lui appréhendait le regard de Lexi. Il finit par briser le silence qui s’était installé en soufflant, un petit sourire étirant ses lippes et l’amusement teintant sa voix. « Ça par contre ça ne fait pas partie de la valse traditionnelle… » Sur ces quelques mots il se recula juste assez pour capter son regard et jugea bon d’ajouter. « Disons que c’était un petit plus pour marquer tes progrès impressionnants. » Il ne restait plus qu’à croiser les doigts pour qu’il n’ait pas à nouveau à faire à Lexi reine des glaces.

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Date d'inscription : 12/04/2020

C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VILexi n’a guère l’habitude de s’adonner à ce genre de « passe-temps ». Pour elle, un loisir doit avoir un but utile, une finalité spécifique. Comme les entraînements sportifs qu’elle choisit de s'imposer chaque jour, comme les lancés de couteau journaliers, Lexi aime maîtriser son environnement et estime que l’existence humaine est bien assez compliqué comme cela pour s’infliger des tâches superflues. Pour elle, la danse en est bien une puisqu’elle ne sert à rien en soit, elle n’apporte rien ; son côté pragmatique se dit que cela doit éventuellement permettre de travailler la coordination mais au-delà de cela… A quoi cela peut servir dans la vie de tous les jours ? La jeune médicomage n’en a aucune idée et préfère clairement se tourner vers ses activités habituelles qui, quant à elles, lui permettent de devenir chaque jour un peu plus forte, un peu mieux préparée et parée à toutes les éventualités. Pour autant, Lexi est bel et bien là, dans les bras de Rory, à tenter de comprendre chacun des mouvements stupides d’une danse qui l’est tout autant dans le but éventuel d’impressionner quelques précieux donateurs. Lexi n’a jamais apprécié devoir se vendre pour obtenir de l’argent mais elle n’est pas sans savoir que c’est ainsi que leur monde fonctionne et si elle veut obtenir des subventions qui seront primordiales pour la suite de ses recherches. Elle doit faire bonne figure et ne pas passer pour la sauvage qu’elle est les trois quarts du temps en refusant toute forme de relations sociales poussées. Lexi n’a jamais eu besoin de s’encombrer de cela et apprécie pouvoir mettre à distance les gens qu’elle estime médiocres et sans intérêt pour elle ; pourtant, lors du gala, il allait bien falloir donner le change. Et qui mieux que Rory pour lui enseigner les rudiments de l’hypocrisie qui règne lors de ces soirées ? Après tout, de part son sang et son nom, il a baigné dans cette ambiance où se mêle mascarade politique et illustre fausseté. Lexi n’a pas les codes, elle ne les a jamais eu, se contentant de rester à distance de ce monde dans lequel elle n’a jamais souhaité évoluer mais au pied du mur, l’appui et l’aide de son ami lui sera bénéfique.

Passées les premières minutes où Lexi ne parvenait pas à se détendre, la jeune médicomage se prend finalement au jeu en relâchant la pression accumulée dans sa nuque et ses épaules, son corps se décrispant enfin au fur et à mesure qu’ils tournoient ensemble. La séance d’apprentissage se déroule tranquillement tandis qu’elle progresse à son rythme : tantôt avec musique, tantôt sans. Elle se laisse totalement bercée par le cours donné par son ami tout en s’appliquant du mieux qu’elle peut. Il faut l’avouer, à chaque fois que la musique repart, Lexi est en peine et commet de nombreuses erreurs, la bande sonore l’empêchant de bien se concentrer sur ses pieds ; toutefois la pédagogie positive de Rory l’aide à se perfectionner et tandis qu’il corrige les erreurs commises qui deviennent de plus en plus rares, la dynamique répétitive de la valse semble enfin s’imposer dans sa tête. Cela n’avait rien de bien compliqué finalement et Lexi se persuade que cela sera assez simple de reproduire cela au gala. Juste au moment où cette idée lui traverse l’esprit, elle percute Rory frontalement, oubliant subitement de reculer. Ne pouvant s’empêcher de transformer sa crainte d’être absolument mauvaise en taquinerie pour se protéger, Lexi passe tout en dérision. « Ah parce que tu as l’habitude de donner des cours de valse toi ? Et tu te fais payer comment ? » dit-elle en secouant doucement la tête tandis qu’il rajoute qu’elle n’est pas si nulle qu’elle le pense. Lexi arque un sourcil lorsqu’il estime qu’il faudra plus d’une leçon pour maîtriser parfaitement les pas. « Tu crois ? » Déjà qu’elle n’était pas forcément partante pour ces cours alors si en plus il fallait plusieurs séances… Une moue crispée s’installe sur le visage de Lexi tandis qu’il suggère une solution plus radicale à l’aide d’un sortilège appliqué à ses souliers. Le caractère perfectionniste de Lexi l’empêche d’avoir recours à de telles extrémités et elle se pince les lèvres lorsqu’il envisage cette possibilité. « Mhum… » C’est tout ce qu’elle peut lui offrir comme réponse parce qu’elle n’est pas vraiment disposée à tricher toutefois elle ne peut nier que cela sera peut-être nécessaire si en fin de compte elle n’est pas capable d’effectuer correctement les pas.

Alors qu'il lui propose de passer à la vitesse supérieure en arrêtant de regarder ses orteils, elle dit sommairement : « D’accord. » Lexi sait que même si les automatismes commencent à s’installer dans son cerveau, copier les pas de Rory semble encore bien plus simple que de demander à ses pieds de réaliser le mouvement seuls. Se disciplinant pour ne pas coller encore une fois son regard sur le sol, Lexi se concentre sur le visage de son ami sur lequel la satisfaction de pouvoir lui apprendre quelque chose peut se lire. Tentant de faire illusion, Lexi se contente de le regarder d’un air vague, son esprit encore occupé par les pas à réaliser sans se rendre compte que Rory la dévisage des yeux. Alors que les pas deviennent enfin mécaniques et qu’ils évoluent ensemble au rythme de la musique, Lexi se sent vraiment détendue pour la première fois depuis le début de la leçon, plongeant ses yeux havanes dans les prunelles toujours aussi sombres du jeune Barjow. De manière imperceptible, elle frissonne alors qu’il l’attire encore un peu plus près de lui et si l’incompréhension s’installe dans ses iris alors que le visage de Rory se rapproche et que ses lèvres s’écrasent sur les siennes, l’instinct de Lexi lui intime de le repousser, l’altercation intense liée à leur dernier contact physique se rappelant à elle. Toutefois, sa raison soudainement jetée à la poubelle, la jeune femme arrête de s’écouter pour simplement répondre au besoin physique et primaire qui s’installe en elle tandis que le souvenir de leurs ébats à la morgue plane avec une fièvre intense dans son esprit. Rory accentue leur étreinte et débute une exploration grisante de sa peau et Lexi s’abandonne dans le baiser sans chercher à briser ce contact singulier qui -il faut l’avouer- lui avait manqué. Toutefois, le spectre de ce qu’il s’est passé dans son service ne la quitte pas mais elle choisit délibérément de ne pas l’écouter tandis que ses doigts viennent élire domicile dans la chevelure impeccable de son partenaire, mettant du désordre dans cette coupe toujours aussi irréprochable. Tout son corps est fébrile, attisé par les caresses de Rory et d’un langoureux baiser qu’ils continuent d’échanger, Lexi se rapprochant encore davantage de lui, la fougue qui l’attise ne faiblissant pas et demandant plus que ce qu’elle n’a déjà ; plus de contact, plus de désir, plus de pulsions. Toutefois, alors que Lexi s’apprête à le pousser jusqu’au canapé pour assouvir l’envie insatiable qui s’embrase en elle, les lèvres de Rory se font plus sages et il met fin à l’embrassade. Lexi, chancelante de cet échange, l’observe sans rien dire tandis que le feu allumé en elle s’étouffe avec une extrême lenteur. Ses mains quittent ses cheveux et viennent doucement retrouver le long de sa silhouette, ne sachant plus vraiment comment réagir maintenant. Alors qu’il réouvre les yeux, le regard inquisiteur de la jeune femme demande des réponses. Pourquoi a-t-il fait ça ?, comment a-t-il osé ? Pourquoi s’est-il arrêté ? Des sentiments ambivalents et contradictoires s’installent chez la jeune femme et c’est raisonnable qu’elle se détache légèrement de lui ; il a eu raison d’arrêter ce qu’elle aurait dû stopper dès le début du baiser. L’air impassible de Lexi laisse vaguement transparaître la légère inquiétude qui l’envahit, la crainte d’être de nouveau confrontée à l’homme tourmenté et agacé par son comportement à la morgue. Pourtant, alors qu’il prend la parole, c’est un tout autre homme qui s’adresse à elle et Lexi laisse un vague sourire s’installer sur ses lèvres alors qu’elle retrouve avec un certain amusement son caractère taquin. « Ah oui ? Tu fais bien de me le dire, je pensais que ça faisait partie de la leçon. » dit-elle d’un ton qui se veut ironique mais qui pourrait aisément passer pour de la déception. L’ambiguïté de leur relation oblige Lexi à marcher constamment sur des œufs, ne sachant pas vraiment sur quel pied danser ~~c’est le cas de le dire~~. « Hâte de voir ce qu’il se passera quand l’élève dépassera le maître. » Il veut jouer ? Lexi a également ses propres armes et ne compte pas le laisser à si bon compte.

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Quelques jours ont passé depuis la première « leçon ». Son sac à dos sur l’épaule, Lexi sonne à nouveau à la porte de Rory qui lui ouvre bien rapidement. Lexi fronce les sourcils en le découvrant vêtu comme s’il rentrait du travail. Sans dire bonjour, car après tout, dire bonjour c’est surfait, elle dit : « Pas mal le costume. Tu viens de rentrer ? » Un sourire contrit sur les lèvres, elle demande sans détour : « Je peux emprunter ta salle de bain ? » Rory lui indique le chemin, elle retire son manteau qu’elle dépose sur l’une des chaises avant de s’engouffrer dans la pièce. Elle sort de son sac une robe et des chaussures. La tenue qu’elle portait au nouvel an l’an passé. Lexi s’est rendue compte qu’évoluer sur la piste de danse pied nus en jogging ne sera probablement pas aussi simple qu’avec une robe longue et des talons. Recyclant la robe noire avec un décolleté ajouré en dentelle de l’an dernier, elle espère ainsi être davantage à l’aise lors du gala sans pour autant avoir l’air de sortir de la quatrième dimension. Elle ôte la sangle avec ses couteaux toujours accrochée à sa cuisse droite et le charme d’invisibilité se rompt aussitôt ; elle dépose la sangle sur le rebord du lavabo le temps d’enlever son jean sombre et son pull. Quelques instants plus tard, elle passe la robe noire qui n’a pas servie depuis si longtemps ; elle s’observe quelques instants dans le miroir et se trouve toujours aussi ridicule. Pas vraiment à l’aise dans cette tenue stupide, elle jette les talons par terre d’un air dégouté, attendant le dernier moment pour enfiler ces instruments de torture. Disciplinant sa chevelure à l’aide d’un peigne, Lexi s’appliquer en la nouant en une longue tresse africaine, quelques mèches rebelles s’échappent de celle-ci mais il faudra s’en contenter. Elle raccroche la sangle à sa place habituelle, en dessous la robe néanmoins, à même sa peau mais ne prend pas la peine de remettre le sortilège d’invisibilité. Elle sort de la pièce, ses chaussures à la main et s’assoit sur le canapé pour enfiler celles-ci. Elle croise furtivement le regard de Rory et dit : « Je sais, je suis le plus beau sac à patate du monde. » en référence à la première leçon. Autant tourner ça en autodérision et ne surtout pas montrer que cette tenue la met mal à l’aise. « Je me suis dit que cela serait bien de faire une séance en conditions presque réelles. » Certes, ce n’est pas la robe qu’elle portera lors du gala mais cela fera comme une grande répétition. Elle se redresse une fois ses chaussures passées aux pieds et se place au milieu de la piste de danse improvisée, prête à en découdre. « Qu’est-ce que tu attends ? » demande-t-elle en lui tendant ses mains pour qu’il s’en saisisse. Elle n’est plus la jeune femme du premier entraînement, elle n’a plus peur.

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Every second I spend with you is a sweet tortureSuite à la première leçon de valse en préparation du gala qui se tiendrait à la fin du mois, les deux amis avaient prévus de se revoir afin de peaufiner la technique de Lexi mais également aborder d’autres points qu’il jugeait essentiels. De la théorie que lui-même ne mettait plus en pratique depuis de longues années, principalement par défiance et ennui. En revanche, dans le cas de Lexi, Rory estimait que ces connaissances étaient indispensables pour faire bonne impression auprès des potentiels donateurs de l’hôpital. Il se gardait bien toutefois de lui avouer qu’il en faisait partie depuis quelques temps déjà. Rory avait ainsi tout prévu pour leur seconde soirée, ne voulant pas laisser un aspect des règles de bonne conduite de côté. D’une certaine façon, l’apprentissage par lequel il était lui-même passé dans sa jeunesse allait enfin se montrer utile. Des moments de souffrance aussi bien physique et mentale qu’il comptait remplacer par l’amusement que générait ces leçons avec Lexi. Que ça soit en lui apprenant à valser ou bien pour toutes les règles qu’il allait lui inculquer, Rory avait une telle peur bleue de reproduire les mêmes schémas que son père qu’il y apportait une attention toute particulière. Tout en faisant appel à Beurk, il avait repris point par point les choses essentielles à savoir durant une soirée mondaine et s’était creusé la tête pour que cela soit le plus distrayant possible. Hors de question d’en faire un moment barbant et douloureux pour Lexi. C’est vrai que votre précédente leçon s’est terminée dans la souffrance…

C’est donc après avoir fini sa journée à la boutique que Rory transplana directement dans son appartement. Il n’avait pas eu le temps de se changer de son traditionnel costard cravate, un client plus exigeant que la normale avait monopolisé toute son attention, posant questions sur questions pendant plus de 45 minutes. Par chance, il avait réussi à couper court à son flot continu de préoccupations en évoquant un prix exorbitant qui, sans surprise, avait fait fuir le curieux. A peine eut-il posé les pieds chez lui que la sonnette retentit. Pas le temps de se changer donc, tant pis ! Il alla donc lui ouvrir et un léger sourire étira ses lèvres à la remarque de Lexi. « Tout juste oui. » Il est vrai que d’ordinaire Rory n’avait pas pour habitude de porter un costume quand ils se voyaient, à quelques exceptions prêts. Cela dit, rester ainsi pourrait avoir ses avantages. Au moins il avait une tenue plus formelle, relativement semblable à celle qu’il porterait le soir du gala. Un peu pris au dépourvu par la question soudaine de Lexi, il lui indiqua la direction de la salle de bain du rez-de-chaussée. Tandis qu’elle disparut pour quelques instants, Rory s’occupa d’un coup de baguette de dégager l’espace du salon et remit le disque qui avait accompagné leur première leçon. Pour se mettre un peu plus à l’aise, il retira sa veste bleu marine, remonta les manches de sa chemise jusqu’aux coudes et défit légèrement sa cravate pour retirer le bouton de son col. Si Rory appréciait le fait de bien se vêtir pour travailler, garder son costume en dehors des heures de boulot ou même pour des événements devenait vite contraignant. Tandis qu’il s’occupait à vérifier que tous les éléments pour la suite de la leçon étaient prêts, il entendit vaguement le retour de Lexi dans le salon. Il lui jeta dans un premier temps un simple coup d’oeil avant de tiquer. Attends… Son regard se porta à nouveau sur elle. A la fois surpris et un peu perdu face à sa robe, il ne put s’empêcher de détourner le regard, incapable de répondre quoi que ce soit à sa tentative d’auto-dérision. N’ayant jamais vu la jeune médicomage dans une tenue pareille, il avait énormément de mal à s’y faire. Putain de merde... Ben bonne chance surtout mec ! Je sais pas comment tu vas t'en sortir de celle-là ! Partagé par les différents sentiments que cela faisait naître en lui, Rory se contenta de répondre. « C’est pas con effectivement, je vais donc rester comme ça également. » Dit-il en faisant référence à sa chemise, cravate et pantalon de costume. Un détail tout de même l’inquiétait alors qu’il l’observait en silence mettre ses chaussures. Si lors de la séance précédente Lexi était pieds nus et lui en Rangers, des chaussures à talon allaient clairement changer la donne. Il fallait espérer qu’elle se souvienne un minimum des pas sinon il allait douiller…

Rory la rejoignit sur la piste de danse improvisée, attrapant ses mains dans les siennes pour l’attirer doucement contre lui. Ce simple geste, ce simple contact le ramena instantanément quelques jours en arrière quand il avait cédé à la tentation de ses lèvres. Par chance ils s’étaient quittés en de bons termes et Rory avait fait tout son possible pour mettre cet incident derrière lui, bien déterminé à ne plus se laisser distraire ~~LOL~~. Mal barré avec cette robe… Certes, mais il allait falloir faire un effort. « Ok, on va reprendre doucement pour commencer, tu peux regarder tes pieds si tu veux et on y va sans musique histoire que ça te désoriente pas trop. Evite juste de trop m’écraser les pieds, j’ai plus mes Rangers en guise de protection. » lâcha-t-il avec un léger sourire taquin avant de débuter les pas. Comme il s’en doutait, Lexi était loin d’avoir tout parfaitement mémorisé. Il lui donna donc les différents conseils adéquats en fonction de ses erreurs, contenant quelques grimaces les rares fois où elle lui marcha dessus. Cependant, plus les minutes s’écoulaient et moins il avait de conseils à lui donner, pouvant évoluer tranquillement dans le salon, ses bras enroulés autour de sa taille. Rory finit par s’immobiliser et d’un coup de baguette remit la musique pour voir comment elle allait se débrouiller, s’attendant déjà au pire. « Allez, continue de regarder tes pieds si ça t’aide. » Ils reprirent les pas, l’héritier Barjow distillant ça et là quelques conseils, ses mains positionnées sur les hanches de Lexi pour mieux la guider et lui imposer le bon rythme. Il savait, comme la dernière fois, que le plus dur allait être de s’adapter au changement et d’intégrer cet élément supplémentaire mais ça ne serait rien d’insurmontable. Les minutes passèrent et progressivement Lexi retrouvait une certaine forme d’aisance même si c’était loin d’être complètement parfait, elle réussirait à faire illusion le soir du gala. Si tant est qu’elle n’oublierait rien le moment venu… Rory s’évertuait donc à la rassurer, continuant de peaufiner les derniers détails de ses mouvements pour qu’elle puisse toujours mieux intégrer la technique. Après à présent bien vingt minutes passées à danser, il finit par s’arrêter au milieu du salon, un léger sourire accroché aux lèvres. « Pas mal pour une deuxième leçon… Maintenant que tu as les pas en tête, on va rapidement voir la posture. » Il relâcha son emprise sur elle pour reculer un peu, gardant toutefois ses mains dans les siennes. « Il y a deux façons de danser la valse, la première très traditionnelle que tu peux adopter avec tout le monde et la seconde plutôt avec ton cavalier quand tu le connais bien. » Rory glissa la main de Lexi dans la sienne, posa la main de la jeune femme sur son épaule et vint glisser son bras dans son dos, juste sous son omoplate, gardant une certaine distance entre leur deux corps. « Voilà la première. L’idée c’est que tu puisses presque t’appuyer contre ma main dans ton dos. Si quelqu’un t’invite à danser ça sera avec cette posture là. » Il vint à présent glisser sa main dans le creux de son dos et l’attira avec une certaine précipitation contre lui, retrouvant ce contact à la fois grisant et défendu. Son regard se perdit un instant dans celui de Lexi alors que leur visages s’étaient soudain rapprochés. « La deuxième posture… Je pense que tu comprends pourquoi elle est réservée uniquement à ceux que tu connais bien ou à ton cavalier. » Il eut un bref sourire joueur avant d’ajouter. « Dans les deux cas c’est bien d’éviter de regarder tes pieds. » Alors qu’il s’apprêtait à la relâcher, il repensa soudain à quelque chose et la maintint contre lui à l’aide de son bras enroulé autour de sa taille. « Par contre… » Sa main quitta la sienne et tout en la fixant avec une certaine intensité, il remonta les froufrous de sa robe pour glisser ses doigts le long de sa cuisse jusqu’à atteindre les sangles maintenant ses couteaux contre sa peau. Une étincelle de malice vint allumer ses prunelles sombres et il lui souffla. « Les couteaux sous la robe c’est pas très adapté. Déjà tu n’en as pas besoin ici et puis… Le soir du gala je pense qu’il y aura un minimum de sécurité. Pas sûr que tu puisses passer avec des lames même si elles sont sous l’effet d’un charme d’invisibilité. A moins qu’en tant qu’invité d’honneur tu sois épargnée… »

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C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VIL’appréhension de la première séance paraît si lointaine alors qu’elle s’avance d’un pas bien assuré sur la piste de danse improvisée. Lexi n’a jamais eu pour habitude de demander de l’aide, préférant compter sur elle-même et ne dépendre de personne d’autre. C’est ainsi qu’elle a grandi au sein d’une famille qui souhaitait qu’elle soit adulte bien trop vite, gagnant en autonomie sans jamais demander quoi que ce soit à quiconque. Pourtant, depuis quelques années, Lexi se laisse aller. Elle commence à faire confiance. Rien n’est moins évident pour elle que cela alors qu’elle a toujours appris que faire confiance, c’est prendre un risque. Prendre le risque d’être dupée, prendre le risque d’être flouée, d’être trompée. Prendre le risque qu’on se serve d’elle. Voilà pourquoi la jeune médicomage s’évertue à garder à distance les autres car accorder sa confiance à autrui lui est trop douloureux. Pourtant, certains peuvent se targuer d’avoir réussi à percer la carapace pourtant très épaisse de Lexi et de compter parmi ceux pour qui elle pourrait sans conteste mettre sa vie en danger. Des amis de longues dates comme Tobias, Kesabel ou même Phobos. D’autres plus récents, comme Rory. Bien qu’ils se soient connus à Poudlard, leur amitié avait pris un tournant différent il y a quelques mois seulement et même si Lexi ne parvient pas toujours à s’accommoder de la manière d’être de Rory, elle se dit qu’ils ont réussi à trouver un certain équilibre. Équilibre précaire certes, mêlé à quelques incertitudes et incompréhension. Mais équilibre tout de même.

Lexi regarde Rory la rejoindre sur la piste après qu’il lui ait signifié qu’il resterait habillé ainsi. Soit. Cela fera comme une répétition générale. Son partenaire lui attrape les mains et quelques instants plus tard, leurs corps se retrouvent doucement l’un contre l’autre. Vraiment à l’aise dans cet échange mutuel, plus du tout tendue comme elle a pu l’être lors de la première séance, elle apprécie le confort des bras de Rory, leur chaleur, leur douceur. La sécurité. Voilà ce qu’elle ressent alors qu’elle le laisse lui réexpliquer certaines choses même si elle est certaine de n’avoir rien oublié. Avant de venir, elle a tenté de reproduire les pas dans son appartement et ravie de voir que la plupart des pas lui sont restés, elle est plutôt sereine. Même si elle sait bien que la musique la perdra probablement un peu. Comme à chaque fois. Nous avons enfin trouvé un domaine dans lequel Lexi n'excelle pas: elle n'a pas l'oreille musicale. « Vous avez peur pour vos orteils Monsieur Barjow ? » dit-elle amusée lorsqu’elle comprend qu’il craint qu’elle ne lui écrase les pieds. « Promis, je vais faire attention à ne pas te les abîmer, j’en ai besoin pour le jour du gala de charité. » Un sourire vague sur les lèvres, tentant comme d’habitude de tout passer en auto-dérision, Lexi s’évertue à donner le meilleur d’elle-même lorsqu’ils commencent à évoluer sur la piste. Lorsqu’il remet la musique, Lexi est quelque peu désorientée mais cela ne dure pas vraiment longtemps et elle reprend assez aisément les automatismes acquis la dernière fois. « Non, ça va t’inquiète. » lorsqu’il lui intime qu’elle peut continuer d’observer le sol. « A ce foutu gala, il faudrait bien que je te regarde toi. » dit-elle comme justification. C’est effectivement ce qu’elle se dit, tentant de s’en convaincre alors que son regard accroche les yeux sombres de Rory. Elle s’est toujours demandée comment ils pouvaient être aussi noirs, aussi menaçants, aussi captivants ? Lexi fronce les sourcils sans pour autant le quitter des yeux. Que fait cette pensée dans sa tête ? Que fait-elle dans son esprit ? Son cœur s’emballe tandis qu’elle passe doucement sa langue sur ses lèvres pour les humidifier. La petite voix dans sa tête lui intime de ne pas se laisser berner par le désir qui grimpe en elle, désir qu’elle a déjà refoulé lors de la dernière séance alors qu’il mettait fin au baiser qu’il lui a volé. Sauf que cette fois-ci, Lexi ne l’a pas repoussé, pire encore, elle y a répondu. Ardemment. Cherchant à retrouver le contact grisant qu’ils ont partagé à la morgue. Mais l’épée de Damoclès demeure bien trop au-dessus de leur tête pour que Lexi ose initier quoi que ce soit. Qu’on se le dise, si au premier abord elle avait refusé les avances de Rory, c’est surtout parce qu’elle n’avait pas imaginé un seul instant lui plaire sur le plan physique. Mais maintenant qu’elle savait que c’était le cas, qu’est-ce qui l’empêchait de réitérer l’expérience ? Clairement, la raison. Les réactions de Rory étaient si… imprévisibles qu’elle préfère encore de loin ignorer l’inclination qu’elle ressent à son égard et qui demande plus, encore plus de plaisirs charnels. Tout semble complexe pour Lexi qui n’arrive pas encore à trouver le juste milieu qui lui permettra d’avoir une relation moins tumultueuse avec Rory. Autant avec Kesabel Lexi assumait totalement ce côté amitié améliorée, autant elle n’est pas toujours certaine des intentions de Rory à son égard ce qui complique brusquement les choses.

Après quelques minutes à danser, Lexi se sent plus à l’aise dans la réalisation des pas et n’a plus vraiment besoin de réfléchir. Il lui donne encore quelques conseils pratiques mais dans l’ensemble, la jeune femme s’en sort admirablement bien. Elle souffre énormément dans ces chaussures qui sont une véritable torture mais elle se contentera d’ajouter un sortilège à cet effet le jour de la soirée. Rory la félicite en disant que ce n’est pas si mal pour une seconde leçon. « C’est que j’ai un bon prof. Tes pieds ont survécu. Les miens par contre... » dit-elle en grimaçant légèrement. La posture ? Comment ça la posture ? Lexi fronce les sourcils, ne comprenant pas bien où est-ce qu’il veut en venir. Ce n’est pas ce qu’ils bossent depuis le début ? Les pas, la manière de se tenir ? « Ah d’accord, tu m’avais caché cette seconde position. » dit-elle en riant un peu alors qu’il lui montre une première façon de faire, moins intime, moins personnelle. Rory entraîne sa main sur son épaule et glisse ses doigts dans son dos. « Mhum… » murmure-t-elle tandis qu’elle assimile celle-ci, pas franchement convaincue de l’idée. Après tout, le fait que leurs corps soient plus proches lui semble plus évident pour danser de manière plus coordonnée. Ainsi elle n’a qu’à suivre ses pas. Il l’attire soudainement contre lui et Lexi frisonne, grisée par le rapprochement de leurs deux silhouettes. « Je pense que j’ai compris oui. » dit-elle, amusée. « De toute manière, tu ne me laisseras pas danser avec qui que ce soit d’autres, non ? » C’est à la fois une question et une demande. Lexi ne se sent pas vraiment rassurée à l’idée de s’abandonner dans les bras de quelqu’un d’autres, à moins que ce quelqu’un d’autres fassent partie de son cercle restreint. Si elle envisage assez aisément Tobias l’inviter à danser, c’est loin d’être le cas de Kesabel. Mais si elle reste avec Rory, au moins, elle est certaine de ne pas être importunée par d’autres cavaliers indélicats. « J’ai mon cavalier, je le garde. » Elle acquiesce lorsqu’il lui intime d’éviter de regarder ses pieds. « T’inquiète, je pense que ça devrait le faire. Et puis au pire des cas, je suis là pour faire ma conférence et pas pour montrer mes talents de danseuse. S’il y en a un qui me fait la moindre remarque, crois-moi, il va s’en souvenir toute sa vie. » Soudainement hargneuse, Lexi se braque un peu mais se détend alors que Rory attire son attention. « Oui ? » Il lui lâche la main et la scrute avec l’intensité qui lui est propre et s’attaque à sa robe. Lexi arque un sourcil et frissonne alors que ses doigts viennent chatouiller sa peau et se frotter à sa sangle. Rory semble amusé de les trouver là, là où Lexi se trouve prudente. Sa main vient stopper celle de Rory et elle dit : « Je sais que je n’en ai pas besoin ici. Mais je ne peux pas faire autrement, je sais pas faire sans. Je les enlève à peine quand je dors Rory. » dit-elle en le regardant dans les yeux pour qu’il comprenne qu’au-delà de la sécurité, c’est devenu au fil des années une nécessité. « Écoute, je verrai bien, je bosse avec tous les jours, on ne m’a jamais rien dit. Mais c’est vrai qu’il risque d’y avoir davantage de sécurité… Depuis la mort de Potter, ils sont vraiment très… à cheval. » Lexi se tend légèrement à l’idée qu’elle doive les enlever. Le regard perdu dans le vide, elle ferme soudainement les yeux, sentant sa respiration s’accélérer légèrement. Prenant appui sur Rory, sa tête vient rencontrer son épaule et Lexi commence à écouter les battements de son cœur, un son rassurant depuis le premier novembre, lorsque celui-ci s’est arrêté sur le carrelage de sa cuisine. Entendre son palpitant lui permet au moins de se calmer. Elle lâche la main de Rory tout en se reculant légèrement. Terminée la leçon. Elle retire ses chaussures qui lui font affreusement mal et lui dit : « La dernière fois, tu disais qu’il avait les règles de bienséance. Toi comme moi savons que je ne suis pas forcément douée pour les respecter. Qu’est-ce que tu me conseilles en dehors de demeurer polie ? Autant si l’on me pose des questions sur mes recherches oui, mais je sens venir à dix mille lieux les questions embarrassantes sur ma vie privée. Si je peux pas les envoyer balader avec mon poing dans la figure, je ne sais pas comment faire autrement. »

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Every second I spend with you is a sweet tortureDonner un cours de valse de son plein gré. Avec Lexi comme élève qui plus est ! Qui l’aurait cru ?! Certainement pas Rory. Il faisait déjà tout son possible pour éviter ce type d’événements mondains où les sorciers de haut rang venaient pavaner dans leurs plus beaux apparats avec pour seul et unique objectif d’afficher leur réussite. Sans compter sur les codes sociaux étriqués auxquels il fallait se plier et qui filaient de l’urticaire au jeune héritier. Des mondanités qu’il fuyait comme la peste, prêt à tout pour ne pas honorer les membres triés sur le volet de sa glorieuse présence ~~lol~~. Cette fois-ci cependant c’était différent. C’était pour la bonne cause. La bonne cause mais surtout pour Lexi… Certes. Quand elle était venue le trouver avec le carton d’invitation, la colère et les explications suite à leur dernière entrevue passées, Rory avait été touché de constater qu’elle avait pensé à lui pour cet événement. Non seulement avait-il l’honneur d’être convié mais en plus il allait être son cavalier. Il pouvait donc, en tant que cavalier, s’attendre qu’elle soit en mesure de danser, non ?! Plutôt fier de son stratagème, Rory était ainsi parvenu à réquisitionner quelques heures de son emploi du temps avec l’excuse toute trouvée pour être plus proche d’elle. Un besoin que la simple vue de sa silhouette faisait rugir au plus profond de lui. Apprendre à valser était parfait ! Malheureusement, Lexi était trop bonne élève…

Ayant réussi à la convaincre qu’une seconde leçon était nécessaire pour parfaire sa technique ainsi que ses connaissances, c’est comme cela qu’il se retrouvait après les heures de travail face à son amie en tenue de soirée. Bien que perturbé de la découvrir ainsi vêtue, Rory tenta de faire illusion, se gardant bien de lâcher la moindre remarque. A l’instant même où il l’attira à nouveau contre lui, un sentiment de satisfaction l’envahit. Retrouver la chaleur de son corps, ses bras s’enroulant autour de son cou, sa proximité grisante… La tension et l’agacement de cette longue journée de travail s’étaient subitement volatilisés. Rory préféra toutefois se concentrer sur la véritable raison de sa venue : la leçon de danse. Après un bref topo notamment concernant la position de ses pieds, un léger sourire étira ses lippes à la taquinerie de Lexi. « C’est plutôt utile des orteils… Demain matin j’en aurais encore besoin oui. » Lâcha-t-il avant d’acquiescer d’un simple mouvement de la tête à la remarque suivante qu’elle formula. Si elle voulait un partenaire de danse opérationnel pour le gala elle allait devoir faire preuve de discipline dans ses pas et ne surtout pas se louper ! Ils débutèrent ainsi sans musique quelques temps avant que Rory n’ajoute un fond sonore similaire à ce qui se jouerait le soir de l’événement. Se remémorant leur dernière leçon, il lui conseilla de regarder ses pieds pendant un temps si cela pouvait l’aider, proposition qu’elle déclina avant de plonger ses iris ambrés dans les siens. Son regard fauve intense était à la fois captivant et déroutant. Perdu dans sa contemplation, il captait la moindre variation dans ses expressions. Son froncement de sourcils qu’il attribua à une petite hésitation dans un pas, sa langue glissant sur ses lèvres qui devait témoigner de sa gêne… Plus les secondes passaient et plus il en oubliait presque ce qu’ils faisaient et pourquoi ils étaient là, ainsi collés l’un contre l’autre. Son contact, la proximité de leur corps, la beauté de son visage étaient autant d’éléments qui en venaient à le perturber profondément. Le souvenir de leur dernier baiser échangé sur cette même piste de danse était encore très présent dans l’esprit de Rory. En dépit de tout ce qu’il avait pu se répéter, de ses vaines tentatives de faire divaguer ses pensées il en revenait toujours à cette envie déchirante de la toucher, de réduire le peu d’espace qui les séparait à néant. Non non non non non ! C’était un coup de bol la dernière fois ! Ressaisis-toi ! Histoire de se distraire, Rory lui procura quelques conseils ici et là afin de ne plus penser à ses lèvres interdites.

Les pas acquis, Rory s’arrêta pour la féliciter avec un petit sourire satisfait accroché au visage. « Mes pieds te remercient ! On verra ce qu’on peut faire pour les tiens tout à l’heure, promis. » Il était à présent temps d’enfin aborder la question des positions. Bien qu’il espérait secrètement qu’elle n’ait à danser avec personne d’autre que lui, la simple idée qu’elle valse avec un autre dans une position si intime l’agaçait profondément. Face à sa surprise et la petite remarque qu’elle ajouta, le jeune Barjow se contenta d’un sourire contrit, préférant ne pas lui avouer la réelle raison de cet oubli. Il lui montra donc les principales différences entre les deux postures avant de l’attirer à nouveau contre lui, presque avide de retrouver sa chaleur. A sa question, Rory fut incapable de réprimer un large sourire conquis, fier qu’elle préfère garder ce type de contact pour lui. « Je compte bien être le seul à profiter de tes incroyables talents de danseuse oui… Surtout que c’est grâce à moi que tu sais si bien valser à présent. » souffla-t-il avec amusement, son regard se faisant tout de suite un peu plus doux. Cette simple petite phrase avait réussi à le rebooster. Ainsi, un bref rire quitta ses lèvres à l’idée qu’elle puisse un soir de gala s’en prendre à un des invités. « J’ai presque envie qu’il y en ait un suffisamment inconscient pour oser jouer avec le feu… Ça serait beaucoup trop drôle à voir. » La façon dont elle avait traité Dyer lui revenait en tête avec cette profonde satisfaction qu’il avait ressenti à la voir ainsi le malmener. Un doux rappel qu’il valait mieux ne pas la contrarier. Ce fut cette petite pensée qui lui rappela un des éléments caractéristiques et horriblement sexy de son amie. Tout en l’interpelant sans en dire trop, Rory remonta ainsi le pan de sa robe pour glisser ses doigts le long de sa cuisse jusqu’à la sangle maintenant ses lames. Le contact froid de l’acier, la chaleur et douceur de sa peau… Ces simples petits détails lui provoquèrent des flashs d’une douceur amère. Galvanisé, probablement à tort, par la légèreté de leurs échanges, il se permit ainsi d’aborder la question de ses couteaux notamment le soir du gala. Erreur de parcours. Quand elle stoppa sa main, il comprit instantanément qu’à vouloir jouer il s’était brûlé. Il l’écouta sans un mot, soutenant son regard sans sourciller. Comment pouvait-il la blâmer ?! Lui-même ne se séparait quasiment jamais d’une partie de ses lames. En costume ou non, il en avait au moins deux sur lui et il ne comptait même plus le nombre de couteaux qu’il avait à portée de main dans son appartement comme à la boutique. « Je sais bien… » souffla-t-il un peu embêté de l’avoir ainsi forcée à se justifier. « Je me dis qu’il y a peut-être des moyens plus discrets d’en avoir sur toi. » se justifia-t-il comme pour l’apaiser sans pour autant retirer ses doigts de sur sa cuisse.

Il y avait du progrès. Un tel geste et de tels propos avec Lexi étaient risqués, Rory le savait bien. Il en avait fait les frais récemment et à plusieurs reprises même. Toutefois, aujourd’hui sa réaction était différente. Plus tempérée, moins explosive. Ainsi, quand elle vint même poser son front contre son épaule, il lui fallut une seconde pour réaliser. Un petit geste qui s’apparentait à un câlin et ce réconfort qu’elle venait chercher. Sans aucun hésitation il retira sa main de sous sa robe pour encercler sa taille, la gardant contre lui. Comme pour un peu plus l’apaiser, il lui murmura au creux de l’oreille, résistant par la même occasion à déposer ses lèvres sur la peau de son cou. « Tu pourras toujours compter sur les lames que j’ai sur moi… Soir de gala ou non. » Quand elle décida de mettre de la distance entre eux, Rory accepta sa décision à contrecoeur et glissa par réflexe ses mains dans les poches de son pantalon de costume. Il eut un bref hochement de la tête à l’évocation des règles de bienséances, repensant à tout ce qu’il avait préparé ces derniers jours pour elle. Tout en continuant de l’écouter, il se dirigea vers la cuisine et remit son salon en forme d’un petit coup de baguette avant de sortir un plateau contenant divers petits fours et un autre composé de quelques coupes de champagnes et jus de fruits. « Mieux vaut éviter l’agression physique effectivement… En revanche, l’agression verbale si elle est bien dosée peut faire des ravages. » Il défit un peu plus son noeud de cravate, retirant un bouton de plus du haut de sa chemise avant de prendre place derrière le comptoir du bar de sa cuisine pour lui faire face. « Par exemple, si tu préfères boire un jus de fruits plutôt qu’une coupe de champagne et qu’on te demande si tu es enceinte… Plutôt que de lui filer un coup de genoux dans les couilles tu peux lui demander : « Pourquoi très cher ? Cela augmentera le montant des subventions que vous comptez allouer à mes recherches que j’attende un « heureux événement » ? ». Toujours avec un large sourire bien faux. » expliqua-t-il en se saisissant d’une coupe de champagne dont il avala d’un trait le contenu. « Crois-moi, si tu les mets face à leur propre indiscrétion et propos déplacés avec le sourire ça va tellement les embarrasser qu’ils n’oseront plus t’adresser la parole voire même croiser ton chemin. Tu restes polie, courtoise, charmante même et comme pour se faire pardonner ils vont te donner plus que ce qu’ils avaient initialement prévu. En plus c’est amusant ! » Une technique qu’il avait lui-même expérimenté plus d’une fois et qui s’avérait systématiquement payante. Rory se saisit d’une nouvelle coupe, cette fois-ci remplie de jus et vint rejoindre Lexi. Il s’appuya sur le rebord du bar, se plaçant à ses côtés et glissa la coupe entre les doigts de son amie. Sans le moindre mots il lui montra comment la tenir correctement, ajoutant une petite serviette sous la base de la coupe. A chaque fois que ses doigts effleuraient les siens, qu’il entrait en contact avec le dos de sa main, ses pulsions grandissaient un peu plus. Il croisa son regard avant d’esquisser un sourire et ajouta. « Et si tu as besoin de te sentir en contrôle… » Rory tira un petit couteau papillon noir de la poche de son costume. D’un geste habile et rapide il le déplia, faisant passer les manches repliés autour de la lame dans la paume de sa main avant de le replier à nouveau avec cette même aisance déconcertante. Le couteau entièrement replié sur lui-même dans le creux de sa main, il le présenta à Lexi avec un léger sourire. « Il est petit, discret et très efficace… Tu peux le glisser à peu près n’importe où même dans ton décolleté si tu le souhaites. Il te sera plus utile qu’à moi, je le trouve trop petit pour vraiment bien le manipuler. » Façon habile et détournée de lui faire un cadeau… Pas con, pas con !

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Date d'inscription : 12/04/2020

C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VILes minutes s’écoulent et Lexi gagne en assurance tandis que les pas de danse s’enchaînent avec une facilité et une aisance qu’elle n’aurait pu imaginer. La jeune femme est pragmatique, elle est relativement bonne élève et comprend assez vite les choses. Pour autant, mouver son corps ainsi est tout sauf naturel donc il était légitime qu’elle craigne d’échouer. Autant Lexi est habituée à utiliser son corps telle une arme dévastatrice pour castrer le premier salaud qui ose se mettre en travers de son chemin, autant l’utiliser pour un loisir aussi ridicule qu’une danse lui semble totalement surfait. Après tout, elle n’a jamais vraiment participé de son plein gré à ce genre de soirée et lorsqu’elle n’a pas pu s’y soustraire, elle s’était contentée de monopoliser le buffet afin d’avaler le plus de petits fours possible et de juger les gens qui se prenaient trop au sérieux. Lexi déteste la manière dont ces soirées mondaines fonctionnent car elle est ulcérée par la manière dont elles se déroulent. Toujours plus de chichis, de fioritures, de fausseté. Obligé de faire comme si, obligée de faire comme si elle s’amusait. Obligé de s’amuser ? Il faut l’avouer, depuis que la jeune médicomage savait que ses proches seraient tous présents lors de la soirée, elle était beaucoup plus sereine : chacun avait répondu présent, enthousiaste et enchanté de pouvoir la soutenir lors de ce gala. Lexi peut compter sur les doigts d’une seule main les hommes qui comptent dans sa vie : Tobias, Phobos, Kesabel et Rory. Aucune femme au tableau, aucune femme n’acceptait le comportement beaucoup trop masculin et directif de Lexi ; aucune femme n’aimait voir une autre femme la mettre au tapis d’un simple regard, d’un simple mot. Et Lexi excelle dans ce domaine, elle juge avant d’être jugée et n’a aucun soucis avec cela. Elle se dit souvent qu’elle n’a aucune amie parce que c’est trop difficile pour une femme d’accepter son tempérament là où les garçons le comprenaient davantage car eux aussi se battaient avec les traumatismes de leur enfance. Ce lien tacite les rapproche, bien malgré eux.

Une fois que la leçon de danse arrive à son terme, Lexi se sent étrangement plus détendue et se demande si ce sont les effets de la danse ou bien l’effet hypnotisant causé par son partenaire. Elle a soudainement l’impression d’avoir brisé le mur de glace qui s’érigeait encore entre eux deux depuis ce qu’il s’est passé à la morgue ; après tout, si Lexi avait cru pouvoir y gagner un nouveau partenaire de débauche, les réactions successives de Rory l’avaient suffisamment refroidies pour qu’elle demeure prudente, n’ayant guère envie de se lancer dans une énième dispute. Cela commençait presque à devenir une habitude et la jeune femme se demande parfois s’ils sont redevenus les enfants qu’ils étaient à Poudlard alors qu’ils se chamaillaient sur la potion en cours et elle se demande s’ils ont vraiment grandi depuis. Elle a parfois l’impression qu’ils font un pas en avant et cinq en arrière ; en définitive, c’était presque plus simple lorsqu’ils se contentaient d’une relation plus professionnelle et qu’elle se contentait d’être sa médicomage. Il venait à l’hôpital, elle le soignait, il repartait. Simple, basique. Tout a changé depuis quelques mois alors qu’elle l’a laissé rentrer dans sa vie de manière plus privée. Lexi se demande parfois si elle a eu raison. La crainte, l’angoisse d’être flouée plane toujours autour d’elle et même si elle a envie de lui faire confiance, elle sait qu’elle doit prendre ses précautions. Pourtant, Rory, bien que compliqué, lui avait ouvert une partie de son jardin secret en lui parlant de la condition de Lilibeth et même si Lexi y voyait là un moyen de partager la complexité de ce secret, elle ne peut s’empêcher de se dire que cela n’a rien d’un hasard.

Se renconcentrant sur leurs pas qui s’arrêtent alors que l’entraînement se termine, l’esprit de Lexi raccroche les wagons et elle écoute alors attentivement les conseils sur la position à adopter. Ainsi Rory lui avait enseigné la manière de danser la valse qui l’arrangeait. Voilà ce qu’elle pense et elle le comprend. En soi la seconde position semble plus compliquée à adopter, surtout si l’un des partenaires ne maîtrise pas entièrement les pas. La façon que lui a appris Rory semble plus simple, elle n’a qu’à « suivre » sans trop réfléchir. « Oh tu sais je ne doute pas que j’aurai énormément de demandes, on va vouloir se pavaner aux bras de l’invitée d’honneur de la soirée. » Une grimace traverse son visage tant elle déteste cette fausseté, ce besoin narcissique d’apparaître auprès de « la personne du jour » sans en avoir strictement rien à faire d’elle. « Grâce à toi ? Je dirai que je suis également une élève très attentive. » Ancienne Serdaigle qui plus est, Lexi n’en pas en reste pour assimiler de nouvelles informations même s’il faut l’avouer, lorsqu’il s’agit d’une compétence aussi idiote qu’une valse, on aurait pu s’attendre à ce qu’elle soit davantage en peine. « Bah putain Rory, t’es si fier que ça d’avoir réussi à m’apprendre trois fichus pas de danse ? » éclate-t-elle de rire tant Rory semble galvanisé par le fait qu’elle y soit parvenue en si peu de leçons. Puis Lexi exprime à son ami la crainte qui la tenaille, la peur de ne pas réussir à se contenir si jamais on ose lui dire qu’elle ne rentre pas dans le moule. Elle n’a jamais réussi à se modeler, l’image qu’elle dégage c’est ainsi qu’elle est avec la plupart des gens ; Lexi est froide, calculatrice, sarcastique. Mais c’est aisé d’être ainsi lorsqu’on est seul en face à face. Mais au milieu d’une foule qui n’attendra qu’une chose, c’est son propre faux pas, cela change tout ; cela change tout si ce faux-pas entraîne des subventions moins importantes pour ses recherches. Voilà pourquoi elle a besoin de Rory, lui sait comment évoluer parmi ces gens, il sait comment faire pour revêtir un masque d’hypocrisie sur son visage. « Au pire, je me défoulerai après le gala… » dit-elle, réfléchissant aux milliers de combinaison possibles : défoncer son punchingball est la solution la plus raisonnable et raisonnée mais Lexi imagine quelque chose de plus radicale et un sourire sournois s’installe sur son visage en imaginant ce qu’elle pourrait faire à un autre pour se calmer. « Je compte bien sur toi pour réfréner mes pulsions assassines, Rory. » dit-elle d’un ton amusé tout en sachant qu’en la matière, Rory n’est probablement pas le meilleur des modèles, ce qui rend la situation encore plus cocasse. Pour autant, le jeune Barjow avait tout de même l’avantage de l’expérience de ce type de soirée, cela doit être plus simple ainsi.

Alors qu’elle imagine comment elle va devoir se contenir pour ne pas sombrer et retrouver ses bas instincts, Rory relève sa robe et Lexi le regarde sans vraiment comprendre ce qu’il veut faire et encore moins où il veut en venir. Les couteaux… Lexi secoue la tête. Non, il est hors de question qu’elle s’en défasse. Son cœur s’accélère brutalement et elle se retrouve soudainement quelques années en arrière, aux prises de ce moldu, sans défense et sans moyen de sortir de cette situation. Elle sent ses mains sur elle, son odeur emplit son nez et ses yeux gris plongés dans son regard terrifié. Elle frissonne à la réminiscence de ce souvenir et vient stopper la main de son ami, lui expliquant pourquoi elle ne peut faire sans. S’il y en avait un qui pouvait comprendre, c’est bien lui. Rory fait partie de ces sorciers qui, comme Lexi, ne se contentent pas d’avoir leur baguette magique sur eux et qui prennent toutes les précautions possibles. Elle avait déjà pu observer ses lames dans ses manches ou camouflées à d’autres endroits, chacun fait comme il peut pour se sentir en sécurité et être en contrôle. « Je ne vois pas vraiment où les mettre ailleurs. » dit-elle en haussant les épaules. Après tout, avec une robe cintrée il n’y a pas trente-six endroits qui peuvent accueillir sa sangle. Mais même si elle réussissait sans difficulté à passer la sécurité minime de l’hôpital, il en sera peut-être autrement le soir du gala. L’anxiété s’intensifiant dans son organisme, Lexi relâche la pression comme elle le peut, tentant de trouver du réconfort auprès de son ami. La main de Rory, glisse de sa cuisse jusqu’à sa taille, lui arrachant un soupir au passage. Il y avait quelque chose de différent dans cette étreinte singulière et cela percute Lexi de plein fouet. La confiance. Voilà ce qui est différent. « Je sais Rory. La réciproque est vraie. » Elle n’est pas une petite chose, elle n’est pas en reste pour se défendre et il le sait. Gare à celui qui osera s’en prendre à sa famille, à son clan, comme elle l’appelle parfois. Lexi s’éloigne de lui, bouleversée par cette nouvelle réalité. Cela fait des années qu’elle n’avait pas osé placer sa confiance en quelqu’un d’autre qu’elle-même et se rendre compte que Rory pouvait véritablement prendre une place dans son cercle restreint demeure trop risqué pour qu’elle daigne s’y abandonner véritablement. Lexi est brisée, elle le sait, et accorder sa confiance à l’autre est tellement sujet à controverse ; elle préfère repartir sur un sujet plus simple et moins périlleux. Les banalités et convenances sociétales, voilà une conversation moins difficile à aborder. Quoi que…

Elle s’installe auprès de la cuisine où Rory s’affaire à sortir quelques mets délicieux et Lexi en avale un avant qu’il ne s’en rende compte. « Dis-moi tout. » dit-elle alors qu’il explique que l’agression verbale peut causer autant de ravage que celle physique, un sourire amusé scotché sur les lèvres. Ses yeux le suivent dans la cuisine alors qu’il se met à l’aise, défaisant son nœud de cravate avant de lui donner quelques précieux conseils. Lexi lève les yeux au ciel en se demandant si elle allait pouvoir se montrer aussi désagréable puis éclate de rire en entendant les exemples de son ami. Elle en est tout à fait capable. Elle a presque l’impression que c’est ainsi qu’elle se comporte la plupart du temps en réalité. Il suffira donc peut-être de se montrer narquoise, mais sans se moquer peut-être. Rory sort une coupe de champagne qu’il avale d’un coup et Lexi fronce les sourcils, se demandant pourquoi est-ce qu’il ingurgite ainsi le contenu de son verre d’une manière aussi expéditive. « Polie et courtoise. C’est tout moi. » dit-elle d’un ton absolument sarcastique. « Et dire que certains apprécient ce genre de soirée… Tu disais l’autre fois qu’on pouvait même s’y amuser, franchement, j’ai hâte de voir ça. Après j’imagine qu’avec le plaisir de ta compagnie, le temps me semblera moins long. » conclue-t-elle alors que Rory s’avance vers elle et lui donne une coupe remplie de jus -jamais d’alcool et il sait bien pourquoi maintenant-. Il corrige la position de ses doigts et Lexi demande : « La manière dont on tient une coupe de champagne influence aussi l’importance des subventions qu’on va allouer à ma recherche ? » Elle secoue la tête et un léger rire s’échappe de ses lèvres tandis qu’elle boit une gorgée du jus de fruit pour se désaltérer avant d’engloutir à nouveau quelques petits fours sans aucun honte. Alors qu’elle termine sa bouchée, ses yeux s’arrêtent sur Rory, resté à ses côtés après lui avoir donné le verre. « Qu’est-ce qu’il y a ? » demande-t-elle alors qu’il a les yeux rivés sur elle. Il sort alors un couteau de la poche de son costume, le déplie et le replie avant de le lui tendre. Lexi le fait glisser entre ses doigts et la lame froide est d’un tendre réconfort, elle lève toutefois les yeux vers lui, l’air interrogatif. Des couteaux, Rory en a des tas, pourquoi lui montre-t-il celui-ci ? Elle comprend mieux la raison lorsqu’il explique que c’est pour elle. « Et bah dis donc ! Tu sais Rory, mon anniversaire c’était il y a deux mois. Tu te souviens ? » s’amuse-t-elle, les lèvres étirées en un léger sourire grognard. Comment oublier ? Comment oublier cette soirée si terrible ? « Tu ne l’utilises pas ? » Bien qu’il lui ait dit qu’il trouvait la lame trop petite, Lexi sait bien que peu importe la taille du couteau, c’est la manière dont on s’en sert qui prévaut sur tout le reste. Quant à elle, elle trouve que sa taille est tout à fait acceptable, surtout pour une arme qui a pour vocation d’être dissimulée sous un vêtement. D’ailleurs… « Mhum… » Elle remonte sa robe doucement, laissant apparaître sa cuisse droite et place la lame à côté de ses grandes sœurs avant de la retirer et réfléchir à l’autre proposition de Rory. Sans sous-vêtements, il lui semble compliqué de tester cette possibilité, sans armature, l’arme ne tiendra pas. N’ayant absolument aucun attachement particulier pour cette robe qu’elle ne pensait d’ailleurs jamais reporter avant aujourd’hui, Lexi place la lame contre sa poitrine pour en évaluant la taille et déplie celle-ci, faisant un trou dans le tissu pour créer une sorte de gaine de fortune. « J’verrais pour coudre une poche intérieure, ça pourra s’avérer plus discret que ça. » dit-elle en scrutant la lame argentée qui dépassée de son décolleté à froufrou. Relevant les yeux vers Rory, sa main s’accroche à son avant-bras et elle lui dit : « Merci Rory. » Sincère, touchée de ce « cadeau », elle lui dit : « T’as de la chance, j’accepte pas des cadeaux de n’importe qui. » De personne en réalité. Elle déteste qu’on lui offre quelque chose. Elle a l’impression ensuite d’être redevable. Et s’il y a bien une chose que Lexi abhorre par-dessus tout, c’est de se sentir débitrice de quelqu’un. « J’vais devoir t’offrir un truc du coup moi aussi. » Elle le regarde et tire sur sa cravate légèrement défaite. « Peut-être une cravate un peu moins sérieuse que celle-ci pour le gala. » Pourquoi les hommes s’infligent-ils cela ? Un sourire narquois sur les lèvres, Lexi secoue doucement la tête avant de reporter son attention sur la lame papillon toujours accrochée à son décolleté. Elle retire celle-ci de son fourreau de fortune avant de l’installer temporairement sur la sangle de sa cuisine afin de ne pas risquer de la faire tomber.

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Graviora manent

KoalaVolant

Les Récompenses:

INRP IRL

Every second I spend with you is a sweet tortureLa situation dans laquelle ils se retrouvaient était inédite. Jusqu’à il y a encore quelques mois, la relation qui unissait Rory et Lexi était purement « pratique ». Il lui rendait visite dès que son état physique le nécessitait, elle faisait appel à ses services pour se procurer certains ingrédients ou même potions et ils avaient collaboré ensemble pour confectionner une nouvelle formule de tue-loup pouvant aider Kesabel et sa meute. Les choses s’arrêtaient là. Comment se retrouvaient-ils donc à valser dans son appartement alors que clairement rien ne le justifiait vraiment ?! Certes il y avait le gala mais ce n’était rien de plus qu’une excuse que Rory avait trouvée pour la convaincre et lui montrer la nécessité de passer du temps avec lui. Elle avait bien besoin d’une raison valable pour venir le voir, non ? Ils n’avaient jamais fait ça avant, pourquoi les choses seraient-elles différentes juste car il avait manqué de mourir ?! Non vraiment c’est grotesque. Ainsi, Rory était presque embêté que son amie soit si disciplinée et bonne élève pour ne pas nécessiter plus de leçons avec lui. Un bien pour un mal cela dit… Au moins tu vas en finir avec ton obsession grotesque, passer à autre chose et tout va redevenir comme avant. Le seul hic là dedans ?! Il avait eu la faiblesse de lui parler de Lilibeth. Rory voulait lui faire confiance mais il doutait que leur amitié ne lui permette de faire reposer la sécurité de sa soeur entre les mains de Lexi. Après tout, rien ne les liait vraiment. Ils passaient même le plus clair de leur temps à s’engueuler pour un oui ou pour un non, qu’est-ce qu’il lui garantissait qu’elle ne pouvait pas en parler à un autre s’ils étaient à nouveau en froid ? Plus cette idée lui trottait dans sa tête et moins il avait envie de se trouver d’excuses pour encourager la présence de Lexi à ses côtés.

Heureusement, la fin de leur entraînement de valse lui permit de passer à autre chose pour le moment. Il aurait tout le loisir de remettre en question la nature de leur relation plus tard… Rory s’attela ainsi à lui enseigner les deux positions réglementaires auxquelles elle serait probablement confrontée le soir du gala. Il avait clairement profité de son statut de professeur temporaire pour satisfaire ses propres pulsions, un privilège dont il n’allait plus pouvoir jouir à présent. Toutefois, le fait qu’elle souhaite ne danser qu’avec lui avait quelque chose de grisant. Il ne put réfréner une légère grimace accompagnée du froncement de sourcils quand elle évoqua ceux qui voudraient probablement une danse en sa compagnie. La simple perspective de l’imaginer s’adonner à cette pratique avec un autre lui hérissait le poil. Tu me fais quoi là exactement ?! Tu te la joues possessif et jaloux ? T’es tombé sur la tête ou quoi ?! C’est ton AMIE je te rappelle ! Arrête de jouer le mâle alfa et redescends sur Terre ! « Je me chargerai de les faire fuir… En tant que cavalier c’est à moi que revient cet honneur voyons. » lâcha-t-il tout de même avec un bref sourire amusé, préférant faire passer cela sous le coup de la plaisanterie. Il était plus judicieux d’en jouer afin de ne pas trahir cette envie de ne l’avoir que pour lui qui rugissait au plus profond de son être. Heureusement, Lexi permettait de bien rapidement changer de sujet, semblant amusée par la fierté qu’il éprouvait de lui avoir appris ces quelques pas. Sans se départir de son sourire taquin, Rory rétorqua sans sourciller. « T’as beau être bonne élève on part de tellement loin avec toi que c’est un miracle que tu t’en sortes si bien après seulement deux leçons. Je suis donc convaincu d’y être pour quelque chose oui ! D’ailleurs j’attends toujours des remerciements en retour. » railla-t-il avec un air taquin. C’est vrai après tout, il avait pris de son temps pour lui venir en aide et lui apporter ses connaissances en la matière, il fallait bien qu’elle le remercie d’une façon ou d’une autre, non ?! Cela dit, voir Lexi remettre à leur place quelques vieux sorciers imbus de leur personne serrait déjà un bon début. Lui-même appréciait ce petit jeu duquel il ressortait systématiquement gagnant alors avec le tempérament de feu de son amie ça promettait d’être très distrayant. Il fut par conséquent un peu surpris de l’entendre évoquer la possibilité de se défouler après le gala et surtout qu’elle comptait sur lui pour réfréner ses pulsions. La bonne blague. Rien que le terme « se défouler » lui rappelait l’incident de la morgue et toutes les conséquences désastreuses qui avaient suivies. Hors de question de repartir là dedans ! Afin de rester très évasif, Rory se contenta de rétorquer. « On trouvera un moyen pour te défouler va. En revanche je suis pas sûr d’être le meilleur pour réfréner certaines de tes pulsions mais bon… Je vais faire du mieux que je peux en tant que cavalier. » C’était tout ce qu’il était capable de lui promettre et ça faisait déjà beaucoup pour un seul homme, surtout quand lui-même avait le plus grand mal à canaliser ses propres accès de rage.

Désireux de passer à autre chose, la question des couteaux dont elle ne se séparait jamais lui vint soudain à l’esprit. Il connaissait suffisamment son amie pour savoir qu’elle les porterait même sous cette robe alors le soir du gala, surtout après les récents événements, il craignait que cela ne lui attire des ennuis. Lui-même ne savait pas encore comment il allait s’organiser pour avoir avec lui au moins une lame, au cas où. Quand il évoqua le sujet avec elle, sa réaction le surprit grandement. Si l’espace d’un instant il s’attendait à avoir à faire à une Lexi agressive, il n’en fut rien. L’éventualité de se séparer de ses couteaux semblait si insurmontable que cela camouflait nécessairement quelque chose de plus profond chez la jeune femme. « Il faudra faire preuve d’un peu plus d’inventivité. » se contenta-t-il d’énoncer avant de l’accueillir contre lui, une fois de plus surpris par cette confiance sortie de nul part qu’elle semblait lui accorder. Ce contact presque intime compte tenu de leur relation avait toutefois un aspect réconfortant. Si lors de leur dernière leçon il s’était laissé aller en l’embrassant, Rory comptait bien se contrôler à présent. Une tâche complexe quand Lexi se montrait elle-même plus vulnérable et moins froide. « Je sais… » Murmura-t-il également pour toute réponse, lui témoignant ainsi son soutien. Être conviée à un gala dont elle serait « l’attraction » principale, avoir à danser, être dans une robe de soirée et probablement privée de ses lames pour se rassurer ça faisait beaucoup. Rory avait donc souhaité lui témoigner son soutien comme il pouvait tout en restant à sa place.
Pour parfaire son éducation et lui donner toutes les cartes en main afin de mieux survivre à la soirée, il prit la direction de la cuisine et disposa les quelques petits fours et coupes préparées en prévision de leur leçon. Si Lexi craignait de ne pas être capable de contrôler son agressivité, les années d’expérience qui lui avaient permis d’acquérir une répartie toujours plus acerbe allaient enfin servir. Tout en profitant de l’occasion pour avaler une coupe de champagne, parfaite excuse pour relâcher un peu la tension après sa longue journée éreintante, il lui donna un premier exemple très concret. Sa réaction eut le don de l’amuser, accueillant son rire avec une certaine fierté. Rory avait beau détester les soirées mondaines, il se délectait systématiquement des quelques rires qu’il pouvait provoquer dans l’assemblée dès qu’il remettait un vieux con à sa place. Un léger sourire habita ses lèvres à la petite remarque qu’elle formula et rétorqua. « On verra si le contexte s’y prête mais je connais deux trois petits jeux qui pourront nous distraire si jamais l’ambiance est trop pesante. » Les souvenirs de ses frasques de jeune adolescent lui revenaient en tête, toutes plus rocambolesques les unes que les autres. Bien évidemment il fallait éluder de l’équation les remontrances de son père quand il avait vent de l’attitude de son second fils mais ça c’était déjà un autre sujet. Il vint lui confier une coupe, prenant le temps d’ajuster ses doigts sur le verre afin qu’elle adopte tout de suite les bons réflexes. Lors d’une soirée de ce type il n’y avait rien de pire que de tenir son verre directement sur le ballon et non par la tige. Rory se souvenait encore des regards réprobateurs qui lui avaient été lancés par quelques puristes extrémistes. « Tu serais surprise de l’importance qui est accordée à certains petits détails lors de ces soirées… » Il était préférable de mettre toutes ses chances de son côté pour que le gala soit une réussite et qu’elle obtienne un maximum de subventions.

Alors qu’il l’observait engloutir quelques petits fours, amusé par son attitude, la question de sa protection lui revint en tête. Comme depuis quelques temps maintenant il gardait toujours sur lui un de ses premiers couteaux. Un petit papillon noir à la lame fine mais assassine. Il devait tout juste avoir dix ans quand sa mère lui avait offert celui-ci pour son anniversaire. S’il y en avait eu quelques-uns avant et beaucoup après, ce dernier avait une valeur toute particulière à ses yeux. L’offrir à Lexi, notamment en remerciement suite à sa crise cardiaque, le titillait depuis un moment à présent. Le moment était parfait. « Je n’ai jamais dit que c’était un cadeau. Puis je croyais que tu n’aimais pas les cadeaux en plus ! Non… Disons que c’est plus un prêt définitif si ça peut te rassurer. » se justifia-t-il avec un maigre sourire taquin, l’observant manier la lame en éludant cette fâcheuse nuit de novembre. « Ça fait des années qu’il ne me sert plus, ma main a trop grandi entre temps. J’en ai trouvé des plus efficaces et plus maniables. » Nouvelle excuse pour qu’elle accepte ce cadeau qui n’en était pas vraiment un. S’il lui disait que c’était sa mère qui le lui avait offert elle n’en voudrait probablement pas. C’était plus simple de le lui faire accepter ainsi, surtout qu’au moins il avait l’avantage de pouvoir se glisser facilement dans un décolleté ou même contre un porte jarretelle. Son manche repliable le rendait plus discret. Rory l’observa alors faire un peu perplexe. Il savait qu’il pouvait lui faire confiance pour trouver une place au petit couteau papillon notamment lors de la soirée de gala. En revanche, il ne s’attendait pas à ce qu’elle découpe ainsi sans le moindre scrupule le tissu de sa robe et haussa les sourcils de surprise. « Va pas non plus abimer tes vêtements… Au pire je te filerai une lame une fois que j’aurai passé la sécurité comme ça tu te sentiras plus en confiance. » Il se redressa légèrement et alors qu’il s’apprêtait à rejoindre l’autre côté du bar, la main de Lexi sur son avant-bras le stoppa dans son élan, ses iris accrochèrent les siens avant qu’un sourire ne vienne habiter ses traits. « Je tiens quand même à préciser encore une fois que ce n’est pas un cadeau… Tu as besoin d’une lame plus discrète, je n’en ai plus l’utilité. Ça se combine bien pour le coup ! » Son sourire s’élargit, imprégnant ses prunelles d’un regard bien plus doux et chaleureux. Lexi avait ce don. Autant elle pouvait parfois le faire sortir de ses gonds, autant elle était capable de lui faire oublier l’espace d’un instant la constante méfiance qu’il éprouvait envers quiconque croisait son chemin. « Ah mais j’y compte bien par contre ! Ne serait-ce que pour t’avoir appris à danser je pense que je mérite une petite récompense. » Rigola-t-il en attrapant une nouvelle coupe de champagne. Tandis que Lexi vint le taquiner avec sa cravate, il ingurgita une gorgée du liquide bulleux et rétorqua avec amusement. « Ma tenue est déjà toute trouvée pour le soir du gala et je n’aurai pas besoin d’une cravate… C’est ma façon à moi de me rebeller contre les codes pré-établis. » Sur ces paroles il se redressa pour contourner le comptoir et se plaça derrière ce dernier. Il lui semblait plus judicieux de mettre un peu de distance entre eux, surtout avec sa tenue, surtout après ce petit geste et surtout, surtout après la tournure que leur dernière leçon avait pris. Rory finit sa coupe de champagne en une nouvelle gorgée et déposa le récipient vide dans l’évier avant de revenir face aux plateaux que Lexi s’occupait à vider depuis tout à l’heure. Un sourire étira ses lèvres et il reprit pour cette fois-ci évoquer avec elle les quelques règles de bienséances restantes afin qu’elle soit fin prête le jour J.

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Date d'inscription : 12/04/2020

C'est toujours le même pas de danse
Les mêmes références, cent fois
Mais depuis toi
Le fil du temps n'est pas si droitAppartement de Rory, début janvier 2021 || ROXI VILorsque Rory exprime qu’il est de son devoir de faire fuir les indésirables qui oseraient demander que Lexi leur accorde une danse, un rire moqueur s’empare des lèvres de la jeune femme, amusée de voir à quel point Rory pouvait être « protecteur » mais à la fois touchée de cette attention. Après tout, il n’allait pas la laisser en pâtures aux dragons face à ces énergumènes qui tenteront par tous les moyens d’être vu aux bras de l’invitée de « marque » de la soirée afin de l’exhiber tel un vulgaire trophée. Lexi déteste être ainsi mise en porte-à-faux et servir les intérêts des autres, elle préfère -et de loin- servir uniquement les siens. Éventuellement ceux de ses proches. Que les autres aillent au diable. Elle n’en a que faire. Lexi lève les yeux vers Rory qui lui exprime son étonnement au fait qu’elle ait progressé aussi vite. Elle éclate de rire lorsqu’il dit s’être attendu à des remerciements. « Sois pas si naïf Rory, si j’m’en sors si bien, c’est parce que j’suis la meilleure. » Un sourire taquin éternellement vissé sur ses lèvres, elle s’approche de lui et son doigt glisse sur sa mâchoire tandis qu’elle dépose un baiser sur sa joue. « Merci professeur. » dit-elle, amusée de la situation. En tout cas, malgré ces airs sûrs d’elle, Lexi ne l’est absolument pas. Même si Rory la congratule d’avoir pu maîtriser les pas aussi rapidement, rien ne dit qu’elle saura en faire autant dans une robe de gala avec des centaines de paires d’yeux rivées sur elle. Pourtant, Lexi est habituée à faire face à des situations bien plus anxiogènes et elle n’a jamais cédé sous la pression. Peut-être que c’est si important pour elle parce qu’à la clé peuvent se débloquer les grosses sommes d’argent qui lui seront nécessaires pour la suite de ses recherches ; comme cela lui tient beaucoup à cœur, cela expliquerait en partie pourquoi elle s’inquiète autant. En tout cas, lorsque la jeune femme est confrontée à une situation qu’elle juge périlleuse, elle se bat avec ses propres armes et ne recule devant rien pour garder l’avantage ; bien sûr que si l’un des invités s’avise de la mettre en rogne, elle saura y répondre la meilleure des manières… Pour autant, il allait bien falloir faire attention à ne pas se laisser submerger par ses émotions et trouver un exutoire plus… adapté qu’un coup de pied dans les attributs des hommes récalcitrants. Elle éclate d’un rire cristallin alors que Rory ne perçoit pas le double-sens de ses propos lorsqu’elle exprime sa volonté de se défouler et elle se contente de se taire et de ne surtout pas aller plus loin afin de ne pas avoir besoin d’expliciter quoi que ce soit. Oh que si il était le meilleur pour cela… Le souvenir ardent de leurs ébats à la morgue lui revient en mémoire et elle se rappelle comment elle s’était effectivement sentie extrêmement détendue après, du moins jusqu’à ce que Rory laisse exploser sa colère en lui reprochant la manière dont elle avait agi avec lui. « Je n’ai aucun doute là-dessus. » dit-elle pour conclure lorsqu’il dit qu’il fera de son mieux pour l’accompagner dans cette épreuve. Car c’en est une. Véritablement.

Même si Lexi allait pouvoir se défouler après, il n'empêche qu'elle nécessite pas moins de demeurer armée tout du long de ce fichu gala, parce qu’on ne sait jamais ce qu’il peut se passer. Lexi, parée à toutes les éventualités, s’évertue à ne prendre strictement aucun risque avec sa sécurité, peu importe que cela fasse mauvais genre en dessous sa robe. Ce n’est pas son problème, cela n’a aucune importance à ses yeux. Alors qu’elle s’abandonne contre lui durant un court instant, vulnérable, presque fragile, montrant à son ami toutes les fêlures et les blessures encore à vif à l’idée d’être sans défense, Lexi se surprend à se sentir bien entourée de ses bras, comme s’il lui apportait un rempart supplémentaire à ses faiblesses. Rompant au bout d’un moment ce contact aussi singulier qu’inattendu, les deux comparses se dirigent ensuite vers la cuisine et Lexi, attentive à la prochaine leçon, prend tous les conseils donnés par le jeune Barjow, habitué depuis bien des années à ce type de soirée. Si Rory parvenait avec aise à se fondre dans le décor malgré son caractère moqueur et impétueux, Lexi se dit qu’elle devrait survivre, surtout avec lui à ses côtés pour la guider pour ses premiers pas dans ce monde guindé. Il lui explique qu’il connait de nombreux petits jeux pour se distraire dans le cas où la soirée serait d’un ennui mortel ou si l’ambiance devenait trop pesante : « Je te fais confiance. » Lexi n’a aucun doute là-dessus, elle ne risque pas de s’ennuyer auprès de lui. Mais est-ce une bonne chose ? Après tout, lorsqu’ils sont seuls, le ton monte tellement souvent qu’il parait parfois difficile d’imaginer que ces deux-là s’apprécient réellement.

La conversation prend -encore une fois- une tournure tout-à-fait inattendue lorsque Rory lui remet un présent. Il a beau dire que c’en est pas un, c’est faux. Un prêt définitif, mais bien sûr… Un sourire en coin s’installe sur les lèvres de la jeune femme, prête à s’accommoder de cela si cela peut soulager la conscience du jeune Barjow. Ce n’est pas un cadeau inutile, au contraire ; la lame aussi simple qu’efficace, s’offrait également le luxe de pouvoir se fondre au creux d’une main une fois repliée. Lexi n’avait jamais eu véritablement besoin de dissimuler une lame, se contentant de faire comme elle le fait d’habitude, une sangle autour de la cuisse en invisible mais il est fort à parier que la sécurité sera renforcée le soir du gala et elle a besoin d’avoir une arme plus discrète. Donc… « Je déteste les cadeaux. Mais j’accepte ton prêt définitif dans ce cas. Tant qu’il n'y a pas d’intérêts. » dit-elle, narquoise. « Je pense que je lui trouverai une belle place dans ma collection et pour ma part, elle me sera très certainement utile. » Alors qu’elle s’évertue à trouver cette place de choix dans son décolleté en découpant le tissu, Rory lui intime de ne pas abîmer ses vêtements. « J’ai l’air d’une fille qui en a quelque chose à faire ? » dit-elle en riant. « T’inquiète pas, j’ai déjà ma petite idée sur comment je vais procéder le soir du gala. » Elle connaissait la salle où se passerait la réception et mille endroits où dissimuler une lame qu’elle pourrait aisément récupérer par la suite ; cela ne l’inquiétait pas plus que cela. Cela serait qu’une sécurité supplémentaire, dans le cas-où ils lui refuseraient l’entrée avec ses couteaux habituels. Lexi en doute, elle est l’invitée de marque, sans elle, plus de gala. Elle est persuadée qu’elle bénéficiera d’un certain passe-droit. Alors qu’il s’amuse en disant qu’il mériterait une petite récompense pour avoir été un aussi bon professeur, Lexi laisse planer le doute : « Je prends note de votre demande Monsieur Barjow et je m’évertuerai à la satisfaire. » Rory avale une nouvelle gorgée de champagne et lui explique qu’il n’aura nul besoin de cravate, en symbole de rébellion contre ces codes vestimentaires désuets. Elle secoue la tête doucement et s’en amuse avant qu’il ne s’éloigne de l’autre côté du comptoir. Lexi ingurgite sans aucune honte les derniers petits fours et réclame : « Bon, où est le reste ? Je dois m’entraîner à manger de manière raffinée pour faire bon genre. » Un sourire grognard aux lèvres, Lexi s’installe sur le tabouret et se met à l’aise, défaisant doucement les tresses qui retenaient ses cheveux prisonniers depuis tout à l’heure. Si on lui avait dit il y a de cela quelques semaines qu’elle se retrouverait dans la cuisine de Rory Barjow en train d’avaler des petits fours tout en évoquant les règles de bienséance en société, il est fort à parier que la jeune femme aurait ri au nez de la personne. Pourtant, la fin de la journée se passe sans encombre et Lexi repart des lieux un peu plus sereine, le cœur léger, l’angoisse qu’elle ressentait lors de leur premier rendez-vous ayant disparue. Si elle n’était auparavant pas certaine de l’attention et de la confiance qu’elle pouvait accorder à Rory, plus rien ne justifiait cela désormais.

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