Aux premiers pas foulés sur la pierre froide de Poudlard, la voie de la justice apparut comme une évidence : elle se battrait pour faire régner l’ordre, corps et âme pour défendre l’opprimé, elle donnerait sa vie pour faire tomber les tordus de ce monde. Galatée Gooseberry, une pimbêche de première année répartie chez ces lèvres pincées de Serdaigle, se moquait ouvertement d’une élève de sa classe parce qu’elle n’avait pas réussi l’exécution du sort de lévitation du premier coup.  Affirmant, je cite, que les sorciers de premier choix se révèlent dès l’instant où ils empoignent leur baguette, Harper s’était levée pour décocher un coup de poing corsé dans le joli nez retroussé de Galatée, affirmant que le premier coup est le plus douloureux. Première semaine dans sa nouvelle école, première heure de retenue. Elle eut beau crier au scandale (scandaleux qu’on punisse ceux qui défendent les autres !), répétant que Galatée rabaissait les autres élèves, les professeurs ne voulaient rien entendre de leurs gamineries. Harper passa son premier week-end au château en répertoriant les tableaux du rez-de-chaussée. Pendant que les personnages d’un tableau expressionniste se disputaient avec un tigre géométrique (elle n’a d’ailleurs jamais réussi à trouver la queue de ce pauvre tigre), elle se jura de devenir une grande protectrice, de sauver la vilénie de ce monde en nettoyant la Terre de toutes lèvres pincées, les bouches en cul de poule et les mentons portés trop haut. Brutale et téméraire, c’est l’élite des Aurores qui l’attira (la justice magique n’était pas envisageable étant donné qu’elle n’ouvrait ses manuels qu’en classe lorsque le professeur le réclamait). Elle se voyait déjà… en première page de la Gazette du Sorcier, fière et puissante, un pied sur les gredins sans foi ni loi qu’elle avait appréhendé en un claquement de doigt.

Les années passèrent sans que sa hargne ne s’amenuise. Harper n’avait qu’un seul but dans la vie : devenir Aurore. Elle qui venait d’une famille désabusée, éclatée, sans le sou, sans attache. Elle que sa mère n’avait jamais regardé. Elle, effacée par la présence d’une petite sœur idéale aux multiples talents. Elle qui n’avait pas de père. Sa détermination lui avait valu bien des chagrins : quitter Abigail. Louper une première fois les qualifications, la plongeant plus bas que terre, dans le désespoir et la déception. Tout ça pour rien.

Mais si Harper Auburn est sans visage, brutale et égoïste, elle n’en est pas moins tenace, d’une témérité sans faille, un poulpe lâcherait en premier sa prise ! Ainsi, pour la seconde fois, Harper participe aux qualifications pour rentrer dans l’élite des Aurores, cinq années et un diplôme en Protection Magique plus tard. La première fois, elle n’avait pas atteint l’épreuve en binôme. Ragaillardie par cette nouvelle victoire, elle rencontre son partenaire :

Harper, donc… je suis content de te rencontrer.
La jeune femme plisse les yeux pour lire le nom de son coéquipier. Ce pauvre Aaron ne sait pas sur quelle hurluberlue il est tombé. Mais Harper croit dur comme fer qu’elle et ce grand brun ténébreux vont former une équipe du tonner. A elle l’élite ! A elle la victoire ! A elle la réussite ! Qu’elle obtienne enfin, enfin ! Ce qu’elle mérite !

Enchantée, partenaire !

Allez savoir s’il répondrait à l’affirmative au tape m’en cinq qu’elle tendrait ? Dans le doute, Harper conserve ses bras le long de son corps, se contentant de répondre à sa question stratégique :

T'as un domaine de prédilection ? Je suis plutôt doué pour le repérage et pour la survie en milieu hostile... mais j'ai pas des masses de force.
Certainement ont-ils choisi les binômes pour se compléter. Je me débrouille plutôt bien dans l’offensive, le corps à corps, j’ai de bons réflexes et pas mal d’endurance, affirme-t-elle.

Le corps à corps, elle le pratique depuis son adolescence, bien que ces coups de sang lui ont valu une arcade sourcilière légèrement déplacée (à sa première paie, elle ferait remettre tout ça en place) et un nez cassé moulte fois. Le jeu en valait la chandelle. On finit même par s’habituer à la douleur. Un formateur les invite à se rassembler. Aaron et Harper se rapprochent de manière à pouvoir entendre distinctement le formateur qui s’apprête à leur donner les instructions.

Il est 21 heures, clame tout haut et assez fort pour qu’on l’entende le formateur. L’épreuve se déroule sur le terrain, vous serez en immersion pour des résolutions certes bénignes mais qui détermineront votre entrée dans l’élite. Aucun droit à l’erreur. Ces missions sont le B.A.B.A du travail d’Aurores, des missions confiées aux bleus, vous ne POUVEZ PAS vous rater.

Au moins les choses sont claires.

Une bande de voyou sévie dans la banlieue de Londres. De la contrebande : ils braconnent de par le monde des créatures rares pour les revendre au marché noir. Nous disposons de trois points d’intervention :

1) Les bateaux arrivent part Gateway Port où la marchandise, cachée dans des conteneurs, est transférée sur des péniches qui remontent la tamise jusqu’à Vauxhall Bridge ; pour passer inaperçu, ils se font, présumément, passer pour des moldus. On suppose qu’ils disposent d’objets magiques leur permettant de les cacher ou d’un certain savoir en métamorphose.
2) Depuis les quais de Vauxhall, la marchandise est affrétée jusqu’au chemin de Travers.  On ne sait pas comment ils s’y prennent. On les soupçonne d’utiliser des passages souterrains.

Si ce n’est pas un indice ça ! Chuchote Harper à son partenaire en lui tapotant le bras. Il nous sert le travail sur un plateau d’argent.

Une élève la réprimande sévèrement d’un chut appuyé. Décidément, les lèches-bottes n’ont pas d’âge.

3) On ne connait pas l’endroit exacte où se termine leur voyage, mais il se situe dans l’Allée-des-Embrumes…


Typique, marmonne Harper. Ces brigands n’ont aucune imagination.

… La première équipe doit intercepter la marchandise qui arrive ce soir à 21h40 au port de Gateway. La deuxième équipe doit trouver le passage mystérieux que les contrebandiers empruntent. La troisième équipe doit trouver qui sont les clients des contrebandiers. Nos équipes d’Aurores assermentées s’occuperont de récupérer la cargaison. Vous ne devez en aucun cas vous battre ni jouer les héros, est-ce bien clair ?

Ben alors qu’est-ce qu’on va faire ? S’inquiète Harper.

Un membre de chaque équipe vient tirer un numéro qui déterminera sa mission.


Après toi, déclare Harper en l'invitant à tirer le numéro de leur mission.

Les équipes s'organisent, se jaugeant les unes et les autres ou faisant mine de ne pas rentrer dans ce petit jeu absurde, franchement au-dessus des petits esprits de la moyenne. Quoiqu'il en soit, les tensions sont palpables. Tout va se jouer ici et maintenant. Harper a saisie une seconde chance, elle compte bien parvenir à ses fins. Son partenaire inattendu semble une oreille attentive d'une motivation certaine pour briller dans leur mission commune. Leur réussite est au bout du tunnel. Il ne peut pas en être autrement.

Quand son coéquipier évoque sa perplexité quant à leur champs d'action restreint, Harper approuve son avis en hochant ostensiblement la tête, d'un air entendu. Les titulaires récolteront ce qu'ils ont semé. Une réalité difficile à avaler dont il faut pourtant s'adjoindre pour enfin décrocher le poste de leur rêve.

Le souffifre des Aurores qui doit être bien mauvais pour être relégué au rang de celui-qui-fait-tirer-au-sort-les-candidats remue son urne à papier sous leur nez. Chacune des équipes se voit attribuer sa mission. Harper et son coéquipier seront chargés de démasquer le revendeur et ses potentiels clients.

Si on doit bosser en fin de circuit, on a sûrement le temps d’aller prendre un verre avant, tu penses pas ? En plus, on apprend toujours plein de choses dans les pubs…
A la bonne heure ! En voilà un type bien !

Fondons-nous dans la masse, approuve Harper qui se réjouie d'avance de rendre l'utile à l'agréable.
On parle de quelles créatures, tu penses ? des petits dragons ? des œufs de phénix ? des bébés basilic ?

Ils se détachent du regroupement de candidats pour parler plus librement. Enfin, Harper se résouds à lui répondre :

Une amie de longue date, commence-t-elle par dire, l'estomac se tordant désagréablement à l'évocation d'Abigail, m'a raconté un jour que le braconnage des oeufs de dragons est strictement prohibé par la loi. Ils sont difficile a voler, on se doute de l'agressivité des mamans hein... mais valent une jolie fortune. Je ne connais rien du marché noir et des trafics, à mon grand regret. Peut-être s'agit-il de tout un tas de truc ? De la fourrure, des écailles, des créatures à l'état de nourrissons plus facile à transporter et capturer... ces dernières paroles lui donnent une idée. Et si nous nous faisions passer pour un jeune couple assoiffé de tout ce qui brille, en questionnant sur ce qu'on pourrait acheter d'illégal sans préciser quoi ?

Parterre, elle ramasse deux trombones, les deplis pour les sculpter en cercle. Elle prononce une formule et les deux anneaux de fortunes se transforment en bague grossière pourvues chacune d'un gros diamant.

Dans un pub mal famé, les galeux n'y verront que du feu à cet enchantement de bas étage, assure-t-elle en tentant de se convaincre elle-même. Transplanons dans l'allée des embrumes, lui répond-t-elle, cela sera plus discret.

Ils se mettent d'accord sur l'endroit exacte et, en un plop, transplanent dans un coin de rue non loin du Pub La Caverne des Trolls. La ruelle pue la pisse et on a pas très envie de connaître ce qui s'amasse dans les coins sombres. L'équipe rentre dans le pub, réalisant que les odeurs extérieures n'étaient qu'un entraînement de ce qui se passe à l'intérieur. Dans la Caverne des Trolls, ça sent tout et certainement pas que le troll. L'odeur les prends à la gorge. Dissimulee Sous sa capuche, Harper se retient de ne pas froncer du nez. Fierté ! L'endroit est grand, sombre et surtout, bondé ! D'un signe de tête, ils s'accordent pour s'installer à une table. Le patron ne tarde pas à venir prendre leur commande.

Qu'est-ce que je vous sert ? Grogne-t-il.

Harper s'eclaircie la gorge, s'efforçant de garder contenance pour ne pas révéler qu'elle est impressionnée.

Un whisky, ce que vous avez de plus fort, demande-t-elle en espérant que la boisson soit assez alcoolisée pour désinfecter son verre. C'est que nous avons quelque chose à fêter, ajoute-t-elle en déposant sa main diamantée sur le bras d'Aaron en prenant un faux air de fierté mélangée à de la suffisance sous sa capuche mauve.

La vue du diamant semble produire des étincelles dans l'oeil noir du  tavernier.

Qu'est-ce qui amène des gens comme vous dans ma taverne ? Demande-t-il après avoir pris leur commande, à la fois surpris, intrigué et méfiant.

Nous sommes en lune de miel, nous recherchons le meilleur à nous offrir, répond Harper d'un air frivole en gloussant comme une cruche, laissant sous entendre que ce qui peut être bon peut être illégale.

Hmmm, répond le tavernier avant de s'en retourner préparer leur verres.

Dé 1:

Dans un recoin de la taverne, des clients à l'air lugubre les observe d'un coin de l'oeil de manière assez appuyé sans masquer leur intérêt. Ont ils entendus la conversation avec le patron ? Mijotent ils de s'attaquer au couple qui semble trop beau pour cette endroit et trop net pour venir manigancer quoi que ce soit ? L'un d'entre eux, de dos, le seul à ne pas les regarder porte une cape en écaille de dragon noir aux reflets mauve.

Dé 2:

La première fois qu’elle s’était présentée, Harper n’était pas arrivée jusque-là, éliminée aux épreuves écrites pour s’être endormie dessus… c’est qu’elle avait fait la fête toute la nuit pour apaiser son stress. Sans nul doute était-elle parfaitement paisible parce qu’au premier ronflement, on la fit transplaner dans les vestiaires pour récupérer ses affaires. La honte. Mais il existe une honte bien pire que celle-là. La honte d’échouer si près du but. Aaron endosse son rôle de jeune époux avec brio, faisant reluire sa chevalière dont Harper ignore l’armoirie sous le groin du tavernier, dénué de sourire et tout ! Le jeu parfait. Elle acquiesce à chacun de ses propos sans quitter le tavernier des yeux, comme une bonne petite ménagère accompagnant son mari. Sauf que les bonnes petites ménagères ne commandent pas de Whisky. Forcément, ça fait tilter les rageux autours.

Nous allons perpétuer mon nom et nos traditions. C’est à ce moment-là qu’elle réalise que le choix du whisky n’était pas le meilleur. Après ses épousailles, la bonne ménagère prévoit forcément de tomber enceinte, et le whisky n’est pas la meilleure des solutions. Tant pis ! Au pire aller elle prétextera que c’est le dernier avant la panne sèche durant des mois.

Leurs efforts pour paraître convainquant ont pour effet d’attirer les soupçons. Cependant, force est de constater qu’ils ont réussi à attirer l’attention. Le tavernier les observe d’un œil mauvais, forçant son regard à ne pas ciller sur les deux zigotos édentés qui convoitent la chevalière et les bagues enchantées. Certainement pense-t-il qu’une fois qu’ils auront récupéré les bijoux il pourra fouiller le couple pour récupérer ce qu’il reste.

Moi j’connais quel’chose qui pourrait vous intéressez.

A l’unissons, le faux couple détourne la tête vers la table dans l’ombre d’un pilier. Deux hommes à l’air lugubre, le visage couvert de cicatrices, jouent aux cartes sous les yeux d’une silhouette encapuchonnée qui leur tourne le dos.

Vraiment ? Demande Harper, jouant sur le ton plein d’espoir. Hey tavernier ! Servez donc un verre à notre nouvel ami…

Le tavernier s’exécute, ravie de pouvoir rester dans le coin et en apprendre un peu plus. Mais l’encapuchonné lui demande d’aller voir là-bas si il y est, pour les laisser discuter en toute intimité. Certainement s’agit-il d’une personne dangeureuse car les deux voleurs de bas étages sont retournés d’où ils venaient, abandonnant l’idée de se procurer de jolis diamants.

Santé l’ami ! Lance Harper en levant son propre verre.

De dos, l’ami lève son verre.

Vous voulez de l'or et des diamants ? Demande la voix rauque enrouée certainement par l'alcool.
Non, répond spontanément Harper avec un petit rire suffisamment. De l'or et des diamants... Elle regarde sa fausse alliance... nous en avons déjà. On veut quelque chose de plus rare, de plus... excitant...

En vérité, elle peine à trouver les mots. Franchement, il a besoin d'un dessin ou quoi ? C'est pourtant pas difficile à comprendre ! Elle s'efforce de ne pas tourner un regard agacé vers Aaron, se contentant de rester positionnée sur sa bonne condition de bonne ménagère riche.

J'ai ce qu'il vous faut. Suivez-moi.

C'est pas trop tôt ! La capuche se lève, la silhouette s'avère longue et fine. Sans se retourner elle leur adresse un signe de la main leur indiquant de les suivre.

Le regard des coéquipiers se croisent. Est-ce bien raisonnable ? Après tout, on leur a demandé de trouver le commerçant, on ne leur a pas dit comment faire ou ne pas faire. Techniquement, ils ne sont pas encore sûr qu'il s’agît de leur homme.

Dans le fond du pub mal famé, une cage d'ascenseur. Sérieusement ? En piteux état qui plus est. L'homme si engouffre et se retourne pour leur faire face : c'est une femme. Harper songé que cette femme devrait sérieusement arrêter l'alcool.

Je m’appelle Zen Daya, se présente la femme en les invitant à prendre place dans l’ascenseur.

Ce qu’ils font, lui tournant le dos. Les portes de l’ascenseur se referment pour aussitôt se rouvrir sur un endroit différent. La pièce est sombre, il y a beaucoup de désordre ici, et aucune fenêtre. Une table ronde destinée à accueillir au maximum quatre personne est éclairée par une lampe de bureau, seule et unique source de lumière.  A première vue, on se croirait dans un sous-sol. Dans la cage d’ascenseur, Zen Daya se faufile entre eux pour se dirige vers la table. D’un geste de la main, elle leur présente de s’assoir, tandis qu’elle attrape une bouteille de Whisky pur feu et trois verres…

Propres ! Précise-t-elle en étirant un étrange sourire. Tout ceci n’inspire guère confiance. Mais Harper s’en contre-fiche, ils sont très près du but. Son intuitioin lui dicte que l’ascenseur les a projetés tout droit dans l’antre de la revente des contrebandiers. Peut-être même la boutique de revente en question se trouve-t-elle juste au-dessus de leur tête.

En s’approchant de la table, elle remarque une porte en bout de pièce, à l’opposé de l’ascenseur. Et, quelque part sur sa droite (apparemment la pièce est circulaire, difficile à se repérer), une seconde porte, complètement arrondie, ressemblant étrangement à une trappe ou une écoutille… bon sang ! Ils transportent la marchandise depuis le port dans les égouts.

Harper avale discrètement sa salive et s’assoit aux côtés de Aaron.

Et vous, demande Zen, comment vous appelez-vous ?

Zut. Note pour plus tard : quand tu te fais passer pour quelqu'un, prévoir toutes les formalités avant de te lancer à corps perdu. Pour ne pas se laisser surprendre, Harper ouvre immédiatement la bouche, tendant une main en direction d’Aaron :

Voici aaa… ry ! Harry. Et je suis Her… Elle fait mine de s’étouffer avec sa salive. Ermengarde. Et elle remercie intérieure son grand-père Vicky de l’avoir incitée (obligée !) à lire La petite Princesse lorsqu’elle était jeune adolescente.

Fière d’avoir réagi aussi vite, Zen les fixes tout les deux étrangements.

Et ? Demande-t-elle.
Et ? Répète Harper.
Vous n’avez pas de nom ? S’impatiente Zen.
Mahogany, répond Harper en songeant à une de ses petites camarades de l’école pimaire.
Les Mahogany ont les armoiries des Lestranges ?

Qu’est-ce qu’elle nous fait suer celle-là ! Les gens et leurs soupçons ! Ce sont de vrais paranoïaques ! On va jamais avancer si ça continue !

On a pris mon nom de famille, j’suis dans une famille matriarcale, et AaaHarry est un homme hyper ouvert.


C'est bon, satisfaite ?