Dans la nuit noire, mon museau s’hasarde dans la neige poudreuse avant que cela ne m’arrache un frisson. Qu’on soit animal ou non, la neige c’est tout aussi froid. Ok, check. Je relève les yeux tranquillement vers le ciel gris dans lequel la lune argentée ne parvient pas à percer. Pourtant, aujourd’hui est une soirée exceptionnelle et je crois avoir attendu ça depuis le jour où je me suis inscrite au programme de formation des Animagus ; pouvoir m’amuser avec Maxime durant les soirs de pleine lune. Bon, ok, dis comme ça, ça fait vraiment inconscient et immature mais c’est loin d’être la seule raison et encore moins la raison principale mais c’est un putain de plus non négligeable et j’avoue m’être empressée d’aller prévenir Maxime de mon état à peine sortie de la grotte avec Abi. C’était il y a seulement quelques jours et pourtant j’ai l’impression que c’était hier ; je me sens encore tellement fière de cet accomplissement magique pour lequel j’ai tellement travaillé. J’ai étudié comme une acharnée, mettant toutes les chances de mon côté afin de réussir : le programme de formation déclaré des animagi, les séances moins conventionnelles d’apprentissage avec Abi : tout cela m’avait demandé du temps et de l’énergie mais j’avais réussi et j’en étais pas peu fière ! Si j’avais gardé le secret de ma réussite à Eirian, souhaitant lui faire la surprise à la rentrée, je m’étais empressée d’écrire à Maxime après avoir réalisée que la lune serait pleine quelques jours après. Ce moment, on en a rêvé toutes les deux et une surprise de taille nous a conforté dans l’idée que c’était le bon moment pour le faire : un manteau blanc recouvre l’Angleterre depuis quelques heures comme un cadeau de bienvenue à la nouvelle amitié panthère-loup. J’ai abandonné la préparation de la Saint-Sylvestre avec grand plaisir afin de rejoindre ma meilleure amie dès sa transformation. Je ne sais pas exactement où je dois la retrouver mais je ne m’inquiète pas vraiment, sachant bien que son odorat me trouvera bien avant que j’ai eu le temps de dire Lapingarou ne cherchez pas à comprendre ahahahah. Quoi que… Mes sens se sont sensiblement accrus depuis que j’ai découvert que mon deuxième moi était un félin et je suis certaine que je pourrais la renifler moi aussi. Je relève la tête, humant l’air ambiant mais tout semble se mélanger et je me dis que je ne dois pas être très douée. Peu importe, Max a davantage d’expérience en la matière, elle n’aura que me montrer comment faire.

Pendant que j’attends patiemment l’arrivée de ma meilleure amie, je fais des tests. Comme dirait Abi, je dois apprendre à connaître mon corps : le sentir, le ressentir, penser avec ma tête féline et non pas avec ma tête humaine. Car même si je conserve toute ma conscience dans cette seconde forme, je n’en demeure pas moins un animal avec ses spécificités et je m’acclimate petit à petit à celles-ci tout en appréciant les avantages : la vision accrue, l’ouïe surdéveloppée, l’odorat plus aiguisé. Tout me semble plus intense lorsque je suis sous ma forme panthère, comme si je découvrais le monde d’une autre manière. C’est tout simplement différent. Je me mouve doucement, laissant ma marque sur le sol enneigé puis bondissant sur le côté pour admirer mes empreintes, comme une enfant qui découvre celle de son animal dans la poudreuse. Je souris intérieurement en imaginant les moldus qui vont passer par-là demain dans le cas où la neige n’aurait pas recouvert mes traces ; vont-ils se faire le remake du film La nuit au musée ? Je vois d’ici le pitch des journaux : « À la recherche de la panthère et de la louve : amies ou ennemies ? ». Amies. Mais cela, bien sûr, comment le deviner ? Comment le deviner alors que deux animaux dit sauvages vont bientôt s’amuser ensemble dans la profondeur de la nuit ?

Je m’allonge dans la neige, frottant mes poils contre celle-ci avant de me redresser, entendant un léger bruit qui sort de l’ordinaire. Avant que je n’ai vraiment eu le temps de réagir, mes réflexes de féline n’étant pas encore totalement opérationnels, il m’apparaît assez rapidement qu’échapper à Maxime est inévitable alors qu’elle me bondit dessus comme une folle. L’espace d’une seconde, je me demande si elle « sait » que c’est moi ou pas. Mais alors qu’elle tente de me faire tomber en attrapant la peau de mon cou, je me dégage avant qu’elle ne s’écroule relativement lamentablement et je sens que ma poitrine se soulève comme si j’avais envie de rire mais aucun son ne sort de ma bouche, contrairement à dans la grotte où j’avais laissé un rugissement étrange sortir de ma gueule. J’ai quelques automatismes qui se sont installés et éviter de pousser de puissants rugissements en est un. La galipette de Maxime vaut son pesant d’or et je regrette de ne pas avoir attachée une gopro autour de mon cou pour immortaliser le moment. Je me rends compte que si Maxime est un loup-garou depuis beaucoup plus longtemps que je ne suis une panthère, cela n’empêche qu’elle est toujours pas douée en forme animale ; peut-être parce qu’avant, le loup la dominait ? Lorsqu’elle m’a parlé de la potion que Kesabel lui a donnée, je lui ai d’abord conseillé de ne pas la prendre. Après tout, peut-être que cela pouvait être un piège pour la tuer. Cela m’a rassuré lorsqu’elle m’a expliqué que ce n’était pas lui qui l’avait confectionné mais l’une de ses formidables amies. Et je parle en toute connaissance de cause, franchement, cette personne doit être incroyablement douée pour réussir à modifier une potion tue-loup donc je le tire mon chapeau. Et si cela permet à Maxime de mieux vivre ses transformations, j’en suis ravie.

Je me redresse et la domine avec ma posture agressive, prête à lui bondir dessus si elle recommence. Non mais oh. Même pas impressionnée du tout, j’attends la suite. Connaissant mon amie, il y en aura toujours une. C’est la reine des conneries, la reine de l’embrouille. Franchement, c’est certain qu’elle va faire n’importe quoi. Magnifique démonstration de ce qui saute aux yeux. Elle sautille gaiement vers moi avant de prendre ses appuis et je sais pertinemment ce qu’elle va faire et clairement, je ne bouge pas d’un pouce. Qu’elle me saute dessus, qu’elle me bouscule, qu’elle me percute. J’attends que ça. Et sans attendre, c’est ce qui arrive, nos deux fourrures s’entremêlent dans la poudreuse ; le bond de Maxime m’a fait tomber dans la neige et je l’ai entraîné dans mon sillon, pas prête à être la seule à morfler dans le froid ! Au contraire ! Je secoue la neige qui s’est accumulée dans mon pelage avant de bondir à mon tour sur mon amie, m’affalant sur elle afin qu’elle ne puisse plus bouger. Un air de défi peut se lire dans mes yeux clairs : Vas-y Maxime, essaie de me pousser. Je suis bien ancrée sur mes appuis et je vais tout faire pour résister à ses assauts. Mais je le sais, Maxime a probablement dix mille tours dans son sac. Hâte de voir ce qu’elle va faire. Après, on pourra faire une course peut-être ? Celui qui va le plus vite gagne. Putain, comment je fais pour lui dire que j’ai envie de faire ça ? Quand elle m'aura couché, j'aurai qu'à me mettre en position comme sur des starting blocks, elle comprendra probablement. Si c'est pas le cas, j'écrirai dans la neige avec ma patte. Mdr la panthère en carton. Je suis vraiment trop bidon.

Cela ne fait que quelques jours que j’ai achevé le processus de transformation mais je l’avoue, je passe mes journées à ne faire que ça. Me transformer, me retransformer, encore et encore à l’infini. J’ai fait quelques frayeurs à mes parents et à Thalia en changeant de forme en plein milieu du salon. Il faut dire que ce n’est pas courant de trouver une panthère noire allongée sur le sofa, en train de se lécher les babines à l’odeur du poulet qui cuit dans le four. Si ma mère sursautait à chaque fois qu’elle me voyait, elle a rapidement pris l’habitude de me voir ainsi transformée, prenant mes aises dans toute la maison et cette scène inhabituelle était pour ainsi dire devenue quasi normale. Mon père s’amuse à s’installer à mes côtés et à me gratouiller le derrière des oreilles parce que Une panthère c’est rien d’autre qu’un gros chat et Thalia m’aide à aiguiser mes sens en jouant au Je me cache et tu dois me trouver à l’odeur. Bref, je suis bien entourée par mes proches qui ont été très surpris au premier abord mais qui maintenant acceptent ce nouveau moi et prennent plaisir à m’accompagner dans le perfectionnement de mes compétences. Je suis allée en forêt pour la première fois il y a trois jours en prévision de ce soir car j’avais aussi envie de savoir comment je réagirai dans un environnement que je ne connaitrais pas et que je ne pouvais pas maîtriser. C’était facile de se repérer et d’évoluer au sein de la maison dans laquelle j’ai grandi mais lorsqu’on a aucun repère en dehors d’une multitude d’arbres qui semblent tous se ressembler, il fallait se débrouiller par soi-même. Avec mes sens accrus, j’ai appris à me repérer dans l’espace, me fiant aux odeurs, aux bruits, aux lumières. J’ai pris alors conscience de toutes les possibilités qui s’offrent désormais à moi. Certes, ce soir, alors que l’Angleterre est recouverte d’un léger manteau blanc et que je vais pouvoir m’amuser avec Maxime, je sais que je vais encore découvrir de nouvelles choses. Avec la neige, toutes les odeurs semblent « étouffées » et j’avoue avoir du mal à m’y faire mais je me laisse porter. Je me laisse aller. Car je ne suis pas seule. Je n’ai pas peur, Maxime est avec moi.

Pour la première fois depuis des mois, j’oublie ce qu’il s’est passé en mai, j’oublie que j’ai été forcée de tirer sur ma meilleure amie. J’oublie cette angoisse, j’oublie cette profonde culpabilité qui me rongeait depuis, j’oublie tout. Ce soir, Maxime est en sécurité et je le suis tout autant. Me concernant, ma forme animale me protège de son instinct de chasseur, déjà. Le loup et la panthère sont tous les deux des prédateurs mais ne se chassent pas entre eux, ce qui facilite bien les choses. La différence pour Maxime, c’est aussi cette nouvelle potion que son chef de meute lui a refourguée. Si je n’étais franchement pas chaude à l’idée qu’elle avale un truc qu’il lui a fourni, je me suis détendue en voyant les effets bénéfiques sur elle. Elle avait une meilleure maitrise d’elle-même et le loup n’était pas « éteint ». Je ne sais pas comment expliquer, je répète uniquement ce qu’elle m’a dit sur le sujet. En tout cas, ce soir, je ne m’inquiète de rien et j’oublie l’ambiance délétère qui règne sur le Royaume-Uni, cela fait du bien de pouvoir simplement m’amuser avec Maxime sans penser à rien. Et la neige est un gros plus, un élément qui rajoute un peu de magie à cet instant déjà très privilégié. Je ne pense pas que cela soit si fréquent que cela qu’un loup-garou s’amuse avec une panthère dans l’une des forêts d’Angleterre, encore moins sur un terrain enneigé. C’est peut-être même inédit. En tout cas, le coup du Rox et Roucky, ça marche bien pour nous deux, on va s’éclater et vivre notre meilleure vie. D’ailleurs, en parlant de « meilleure vie », je me marre lorsque Maxou fait l’imbécile, sûrement parce qu’elle souhaite me montrer qui est la patronne ici. Mais elle est tellement nulle qu’elle me montre que dalle et se rétame dans un joli roulé-boulé. Je sens dans chacun de ses gestes l’excitation grandissante d’être avec moi et de pouvoir passer la nuit entière à faire des conneries. Certes j’appréhende un peu le côté communicationnel parce que je sais pas du tout comment nous allons faire pour nous comprendre mais je m’apaise aux côtés de ma meilleure amie : Max fait ça tout le temps, elle doit avoir l’habitude.

Elle me saute dessus, on s’amuse, je m’étale sur elle, lui intimant du regard de me faire bouger. Mais la petite louve n’a finalement pas tant de force que ça dis donc ! Elle s’immobilise et ne bouge plus et j’attends : j’attends qu’elle mette en place un plan foireux, il y en aura forcément un. Si on était sous forme humaine, elle aurait probablement initié une bagarre de chatouille mais là elle n’avait pas ses petits doigts mais ses grosses patounes de loup donc moi j’attends de voir. Elle gesticule dans tous les sens et je la laisse faire, lâchant un peu mon emprise pour qu’elle ait un peu de mou et elle se retourne sur le ventre. Je comprends sa démarche, sur le dos c’est pas foufou et on est vite bloqué dans nos mouvements, on perd tous nos automatismes. C’est ce dont je me suis rendue compte assez rapidement également. Maxime tente de se redresser mais je tiens bon. Elle réitère l’expérience plusieurs fois et au bout d’un moment, elle parvient à s’échapper. La manière dont elle s’assoit ensuite me faire rire car malgré le fait qu’elle soit en louve-garoune, je la reconnais tellement dans chacune de ses attitudes et je peux vous assurer que là, elle est fière comme c’est pas possible d’être fière de s’être extraite aussi lamentablement. Mais c’est le résultat qui compte non ? Au-delà de la méthode. Je félicite Maxou en glissant ma gueule dans son pelage au niveau de son cou comme si que je lui faisais un câlin, je frotte mon museau contre elle avant de me reculer un peu. J’attends un instant et me demande ce qu’on doit faire maintenant. Vivement qu’ils inventent la lecture de pensée punaise. Je suis bien en vaine ! Comment communiquer avec Max ? Comment elle fait avec les autres loups ? Est-ce qu’ils se comprennent aux hurlements ? Est-ce qu’ils ont un langage à eux ? Est-ce que je peux parler avec les autres panthères ? Tant de questions qui se bousculent dans ma tête et je n’ai strictement aucune idée de la réponse. À essayer. Où est-ce que je vais trouver une panthère… Il faut dire que les panthères, en Angleterre, ça court pas les forêts. Peut-être dans un zoo, mais bon, si je me transforme en plein milieu d’un zoo moldu, ça va attirer l’attention lol ça ferait l’animation moi j’suis sûre c’est une idée de rp à faire, t’en penses quoi Pauli ? On retourne dans le zoo du premier rp et on mange des gaufres dégueulasses avant d’aller faire coucou à l’enclos des félins ?

La jolie louve devant moi me fait signe de la suivre et elle commence à courir. MAIS PARDON MAXOU ??? Même pas de un, deux, trois, partez ? Mais quelle tricheuse celle-là ! Franchement, l’abus intersidéral ! Je vais lui montrer de quel bois je me chauffe à la petite ! Qui d’une louve ou d’une panthère court le plus vite mesdames et messieurs ? La réponse MAINTENANT.

Lancé de dé:

Lancée à pleine puissance, je donne tout ce que j'ai pour la rattraper et lorsque je suis à sa hauteur, je me rends compte que je peux encore aller plus vite. Je continue d'accélérer et je continue sur plusieurs centaines de mètres avant de ralentir, épuisée, laissant Maxime me rattraper. Cela doit être ça la différence. La panthère va plus vite mais tient moins bien dans la durée. Ok c'est noté. Je sens ma poitrine qui se soulève au rythme de mes respirations et j'ai soif. Où trouver de l'eau ? Bon, système D, mon museau dans la neige, je tire ma langue et avale de la poudreuse. Je m'étouffe. C'est trop froid ! Tant pis... Je trouverai bien une source d'eau plus tard.

Maxime et moi repartons plus tranquillement et au bout d'un moment, elle hume l'air et le sol. Je fais pareil mais je vois pas ce qu'elle veut que je sente. Ok, y a une odeur bizarre mais bon... Cela ressemble à son odeur à elle en fait, j'ai l'impression que tout se mélange. Mince, je dois faire quoi maintenant ? Je me tourne vers Maxime, l'air interrogatif. Montre-moi la vie maîtresse Yoda.

Maxime et moi avons parlé de cette sortie des millions de fois lorsque nous évoquions ma transformation en Animagus. Il faut dire que nous avons rêvé de ce moment depuis que je me suis lancée dans la formation il y a maintenant plus d’un an. Je n’arrêtais pas de dire à ma meilleure amie que nous ne devions pas nous enflammer car nous ne pouvions pas être persuadées de la forme que prendrait mon animal totem ; j’aurai très bien pu me transformer en cloporte ou même en ver de terre, et notre balade dans la neige aurait été avortée, Max m’aurait mangé et puis voilà, fin de l’histoire THE END comme c’est souvent noté à la fin des films pourris. J’avais imaginé de nombreuses formes et même si celle de la panthère s’est imposée à moi comme étant une solution possible -après tout il s’agissait de la forme de mon patronus et les formateurs nous ont expliqué que cela était souvent lié chez les sorciers capables d’en produire un-, il restait toujours la possibilité que je fasse fausse route et que mon animal totem soit tout autre chose. J’avais pensé à une louve, ce qui aurait probablement beaucoup plu à Maxime, j’aurai même presque pu faire partir de la meute LOL, cela aurait été sympa ; j’avais également songé à un chien, peut-être un labrador comme celui que mes parents avaient quand j’étais petite. Quoi qu’il en soit, mes idées gravitaient toujours autour de cette famille d’animaux et cela s’est rapidement imposé à moi comme étant la seule perspective possible. Bien sûr, j’ai toujours eu peur de me transformer en une forme ridicule, quelque chose qui ne m’aurait pas convenu même si les instructeurs n’arrêtaient pas de dire que c’est impossible car l’animal choisi fusionne avec notre personnalité, ce qu’on est, ce que l’on veut. Il n’y a jamais de déçus. Jamais. Me concernant, la panthère en moi trépigne d’impatience alors que nous nous amusons toutes les deux dans la poudreuse.

Maxime et moi, c’est une histoire d’amour qui a débuté autour d’un putain de balai. Nous avions beau être dans la même maison, avec notre petite différence d’âge, nous ne nous étions jamais vraiment parlés. Quelle erreur. Si nous avions fait l’effort d’aller l’une vers l’autre plus tôt nous aurions pu gagner quelques années d’amitié. Max s’est imposée dans ma vie aussi sournoisement que possible et a pris une place que je pensais vide à jamais : la place d’une sœur. Avec elle, tout semble facile et j’ai rapidement appris et compris que si Max agit ainsi c’est parce que son histoire est triste : mais la nôtre est belle, c’est ainsi que je vois la vie, c’est ainsi que je vois les choses. Nous nous sommes trouvées et une chose est certaine, jamais je ne lâcherai sa main. Jamais. Et jamais je ne la laisserai gagner le combat panthère/louve. J’ai trop d’orgueil pour cela. Pourtant, Max donne tout ce qu’elle a pour me rétamer, elle donne tout ce qu’elle a pour me faire sombrer mais je tiens dur comme fer, refusant de perdre, refusant de lâcher prise. Je suis une panthère bordel de merde et je ne suis pas du genre à abandonner facilement. Pourtant, acceptant rapidement ma défaite lorsque Max réussit finalement à s’extirper de mon corps magnifique de féline, je lui offre une récompense en frottant mon museau contre son cou : il n’y aura pas de câlin mais c’est tout comme. J’essaie de faire comme je peux pour dire à Max que j’suis ravie qu’elle ait réussie mais j’suis tellement nulle en langage panthère et je ne sais pas comment m’y prendre alors je me contente de faire des choses que je sais qu’elle pourra saisir : ce « calin » dans son cou, elle va reconnaitre, c’est exactement ce que j’ai fait lors de l’attaque de la forêt.

Bref, après l’épreuve de la force, l’épreuve de la vitesse. On se croirait presque aux jeux olympiques, il ne manque plus qu’une épreuve de précision et on sera bon. À voir pour la suite. Comme d’habitude, Maxime commence par tricher. Elle s’élance sans me prévenir. Elle aurait très bien pu faire mine de partir dans les starting blocks en mode à vos marquez, prêts, partez en relevant peu à peu son petit postérieur de louve-garoune (de un, ça aurait été marrant et de deux, je lui aurai sauté dessus et ça aurait été encore plus rigolo mais bon, Max n’y a pas songé, je lui soumettrai l’idée pour la prochaine fois). Mais non, elle est partie telle une furie enragée mais je n’ai pas dit mon dernier mot et je vais tout donner dans cette course. Je m’élance à sa poursuite et je constate avec consternation que je gagne du terrain au fur et à mesure, mes patounes sont plus rapides, mes enjambées plus longues. C’est moi la maitresse des lieux, j’suis trop forte, elle n’a qu’à bien se tenir et muscler ses petites jambes pour aller plus vite héhé. Bon bref. Après avoir gagnée la course, je ralentis doucement pour qu’elle me rattrape puis franchement, j’vais pas courir pendant cent sept ans, ça m’intéresse pas, moi ce que je veux c’est m’amuser avec elle, sans elle la partie dans la neige n’a aucun intérêt. D’ailleurs il faut l’avouer, courir dans la neige c’est pas facile du tout et il faut bien se concentrer parce qu’on voit pas vraiment sur quoi on court et qu’on peut se casser la binette hyper facilement. Enfin bref, quoi qu’il en soit, maintenant, j’ai envie de boire et je dois vous dire une chose ; manger de la neige en espérant que ça fonde instantanément en eau dans sa bouche, c’est une très mauvaise idée, voilà, c’est dit. Tant pis…

Nous reprenons tranquillement notre balade nocturne. Je dois avouer que la neige rend cette expédition des plus plaisantes. J’apprécie vraiment ces moments privilégiés avec Maxime et alors que je gambade tranquillement à ses côtés, elle commence à fureter partout et je me demande si elle n’a pas repéré quelque chose. Une odeur ? Une proie ? Un prédateur ? Afin de le savoir, je la suis à la trace, collant mon museau aux mêmes endroits qu’elle et c’est vrai que je perçois quelque chose… Une vaste odeur de chien mouillé m’envahit et je viens coller mes narines sur le pelage de Maxime. Ah mais c’est l’odeur de Max en fait ? Non, l’odeur de Max est plus douce, elle est différente et pourtant… la flagrance a quelque chose de similaire. Je m’arrête net, comprenant enfin où elle m’emmène. Vers la meute ? Cela ne peut être que cela. Nous sommes la pleine lune et elle veut que je me retrouve au milieu d’une bande de loups garous ? Allez soyons fous, après tout, nous sommes là pour ça. Pourtant, j’ai beau reniflé et faire tous les efforts possibles, j’ai du mal à faire vraiment la différence nette entre celle de Maxime et celle de la meute. Comment résoudre ce souci ? J’ai l’impression que ma meilleure amie lit dans mes pensées puisqu’elle commence une gymnastique amusante dans la neige, maculant son pelage gris à l’aide de la poudreuse. Tiens ça a l’air marrant en fait. Je fais pareil et me dandine dans la neige, faisant quelques roulades en avant en arrière, nan je rigole.

Lancé de dé:

Au bout d’un moment, Maxime se redresse et j’en fais autant ; mes narines s’écartent et je renifle de plus en plus fort ; au bout d’un moment, je distingue plus nettement l’autre odeur. Celle que j’identifie comme étant celle de la meute. Maxime m’indique de la suivre et j’essaie comme une grande. Je sens à droite, je sens à gauche, cherchant les effluves de cette odeur persistante désormais. Je vais y arriver je le sens. C'est étrange. J'ai l'impression que l'odeur que je sens précisément me dit quelque chose, comme si, comme si je l'avais déjà senti malgré moi... Je me redresse. C'est une blague ? Je fais les gros yeux à Maxime. Elle ne m'emmène pas voir son mec quand même ? Hors de question, j'veux pas, j'veux pas voir ce méchant Greyback ! C'est mort, je le hais et je veux pas qu'il gâche ma soirée avec Maxou ! Il va encore se comporter comme Monsieur le mâle alpha et si ça se trouve, il va même vouloir que je me plie à ses règles ! NON JE VEUX PAS ! Je me mets à bouder un peu, je traîne la patte, je fais voir à Max que je suis mécontente mais l'honneur emplie encore une fois mon nez. Cette odeur... Je l'ai senti à Poudlard, j'en suis certaine maintenant, cela n'a rien à voir avec le grand méchant loup... Et si c'était... BRAVO DETECTIVE CONAN. La lumière s'allume dans mon cerveau, et je comprends. Jack. Mon nez furète partout et je suis l'odeur jusqu'à l'entendre. J'avance à pas de loups LOL jusqu'à l'apercevoir. Il ne me sent pas venir ? Bizarre... Peut-être parce que l'odeur de Max est trop forte ? J'en sais rien, ou peut-être parce qu'il a déjà deviné que c'est moi ? Aucune idée. Peu importe, je lui bondis dessus et nous faisons un roulé-boulé dans la neige. Putain, j'suis con, il va avoir peur, il va me bouffer ? Maaaaaaaaax oskouuuuuuuuuuuur !

La relation qui nous unie Maxime et moi est vraiment particulière. Si j’avais su que me mettre au Quidditch allait me donner une meilleure amie, cela va s’en dire que je m’y serais mise bien plus tôt que cela. Puis au début, j’avoue avoir été timide. Moi, timide, vous rendez-vous compte de cela ? Depuis, j’ai bien changé et je suis devenue quelqu’un d’autre, une personne plus confiante et plus sûre d’elle et je n’ai jamais douté de la sincérité de Maxime à mon égard, ni même de l’amitié qu’elle me porte. Jamais. L’inverse est tout aussi vrai et lorsque Maxime m’a révélé qu’elle était un louve-garoune, cela n’a rien changé entre nous : au contraire, j’ai eu l’impression que notre lien n’en a été que plus intense. Pour ma part, je n’ai jamais porté un jugement sur cette partie d’elle. Surtout que j’avais beaucoup d’a priori sur le sujet, a priori que la sorcière s’est empressée de démystifier. Les loup-garous ne sont plus aussi craints qu’auparavant et leur situation sociale et professionnelle est plus stable qu’elle a pu l’être il y a plusieurs années. Par ailleurs, les avancées scientifiques sur la potion tue-loup rendait les désagréments liés à la transformation plus supportables et plus… amusants ? Je n’en sais rien exactement mais ce que je sais par contre, c’est que la potion que prend Maxime à chaque pleine lune lui permet d’endormir l’instinct animal qui pousse les loups à tuer. Maintenant, faisant davantage corps avec cet instinct, Maxime pouvait se maîtriser et maîtriser la louve en elle ; si déjà en temps normal cela devait être plus sympathique pour elle, maintenant que j’ai achevé ma transformation Animagus, cela l'était encore davantage. C’est une idée qui nous a rapidement trotté dans la tête lorsque j’ai débuté la formation en réalité. Cela a été dit sur le ton de la plaisanterie en premier lieu mais je dois l’avouer, il n’a pas fallu plus de trente secondes pour que je trouve cette idée lumineuse. Être avec Maxime, être avec elle les soirs où elle était séparée de moi, être avec elle et lui permettre de s’amuser différemment, voilà ce que mon alter ego lui permet ce soir. Quant à moi, je découvre Maxime sous un autre jour, avec mes sens d’animal, avec les caractéristiques physiques de ma panthère et non plus de la jeune femme que je suis le reste du temps. Et j’avoue que c’est bien ainsi. Je me souviens que trop bien ce qu’il s’est passé en mai dernier et jamais je n’aurai pu supporter revivre cela une seconde fois. C’était trop douloureux.

Mais aujourd’hui, en vérité, je ne risque rien. Et c’est le pied, parce que Max non plus ne risque rien. Nous sommes là, toutes les deux, en parfaite sécurité. Et putain, qu’est-ce qu’on s’amuse. Du moins, moi je m’amuse. J’aime déjà être avec Max la plupart du temps mais là, alors que je découvre encore toutes les subtilités de la panthère qui a élue domicile en moi, je trouve cela encore plus exaltant. Et le comble de tout cela, c’est que la neige qui a recouvert la forêt rend le moment encore plus intense, encore plus beau, encore plus féérique ; une parenthèse enchantée juste avant de débuter la nouvelle année. Nous enchainons les défis avec Maxime, nous nous apprivoisons, nous tentons de comprendre qui est le plus fort et qui est le plus rapide entre une panthère et une louve. Et en tout cas, pour le moment, la panthère semble gagner sa place dans ce règne animal. Après avoir montré mes compétences en termes de force et de vitesse, Maxime semble vouloir se lancer dans un nouveau jeu : renifler tout et n’importe quoi, suivre la trace, deviner à qui cette odeur appartient ? Le souci dans tout cela, c’est que je ne suis pas bien douée à ce jeu, je dirai même que je suis nulle mais c’est normal, je débute dans le domaine et toutes les senteurs me semblent encore bien mélangées. Pourtant, je fais des efforts incroyables mais l’odeur de Maxime emplit mes narines et j’ai l’impression de ne sentir que cela. Soit, je la suis dans ses bêtises, me roulant moi aussi dans la neige jusqu’à ce que mon pelage devienne tout blanc même si je sais que cela ne durera que peu de temps, la chaleur émanant de mon corps faisant déjà fondre la neige qui s’y est accumulée.

Au bout d’un moment, je repère une odeur que je crois être familière, une odeur que j’ai sentie à Poudlard, j’en suis persuadée… Et alors que je comprends que je perçois la marque olfactive de Jack, je m’élance à sa poursuite. Enfin, je le cherche quoi. C’est étrange comme celles de Jack et Maxime se ressemblent, comme s’il y avait une sorte « d’ADN » commun entre elles deux. Est-ce parce qu’ils font partie de la même meute ? Une odeur générale de groupe dont chacun avec ses petites spécificités ? Peut-être, je n’en sais rien, je demanderai à Maxime plus d’informations lorsque la nuit sera passée. Pour le moment, je laisse mes narines faire leur boulot, je renifle le sol, je suis l’odeur qui se rapproche de plus en plus et lorsque j’ai enfin le jeune loup dans mon champ de vision, je lui saute dessus. Pendant que je suis en l’air, je me dis que je fais la connerie de ma vie et qu’il va m’assassiner en plein vol, pensant vraiment qu’une panthère l’attaque. Mais c’est trop tard, j’ai déjà bondi alors je ferme les yeux et j’attends l’impact qui ne tarde pas à arriver et Loup et Panthère font un roulé-boulé dans la poudreuse. Une fois au sol, le son qui sort de la gorge de Jack m’effraie tellement que j’en ai des frissons et que je panique, hésitant presque à reprendre forme humaine pour lui montrer qui je suis. J’ai peur et je suis totalement paralysée, ne pouvant plus bouger, n’osant plus rien faire sinon me recroqueviller et attendre qu’il me mange toute crue. Et alors que je tergiverse encore, Jack me percute et je ne sais même pas comment réagir ; je sais qui il est, lui non, sa réaction est normale compte tenu de la manière dont je l’ai attaqué. Nous effectuons un nouveau roulé-boulé mais cette fois j’essaie de ne pas me montrer agressive (je ne l’ai pas été la première fois non plus d’ailleurs mais à mon avis l’effet de surprise n’a pas joué en ma faveur) et alors qu’il montre ses crocs et je le regarde, impuissante, s’élancer pour se jeter sur moi, l’ombre de Maxime intervient entre nous et Jack s’arrête net en la voyant sur ses gardes, prête à me défendre comme la mère poule qu’elle est. Je me redresse péniblement, sentant mon cœur tambouriner anormalement vite dans ma poitrine. Je suis toute piteuse, je remue faiblement ma queue et je baisse la tête pour m’excuser en langage non verbal. Les yeux de Jack passent de Maxime à moi sans comprendre alors je décide d’aider sa petite cervelle de moineau. Avec ma petite patoune, j’entreprends de dessiner un K dans la neige, puis un A et avant que je n’ai le temps de faire une lettre supplémentaire, Jack sautille de partout, signe qu’il a compris et laisse échapper des grognements qui s’apparentent cette fois davantage à des grognements de joie. Maintenant que la frayeur est passée, je me redresse sur mes pattes et parade tout autour de Jack, lui montre mon beau pelage, ma belle queue toute noire, je pousse une accélération dans la forêt pour lui montrer à quel point je cours vite puis je reviens en faisant un bond d’anthologie. Je fais la belle et Jack semble tout excité d’avoir un nouveau partenaire de jeu. Je connais mal le Gryffondor, je le connais qu’au travers de ce que Maxime m’en a raconté mais il me semble que maintenant, un lien incroyable vient de se tisser entre nous. Après tout, il a essayé de me manger, cela renforce forcément notre relation, non ? Après avoir montrée toute l’étendue de ma magnificence à Jack, je me tourne maintenant vers ma meilleure amie. Je suis dans l’expectative. Que peut-on faire maintenant ? Jouer à cache-cache ? On compte jusqu’à trente et le premier qui trouve les autres à gagner ? On fait encore une course de vitesse ? Que font-ils quand c’est la pleine lune d’ordinaire ? Me concernant, je suis novice en la matière mais Jack et Maxime ont déjà passé plusieurs pleines lunes ensemble, je suis certaine qu’ils ont plein de chose à m’apprendre.

Je découvre tout mais pourtant, j’ai l’impression que j’ai toujours été comme ça. Je ne suis Animagus que depuis quelques jours mais j’ai ce sentiment que cela a toujours été en moi, latent, attendant que j’exploite mon potentiel pour faire rugir la lionne en moi. Enfin, plutôt la panthère du coup. Chaque parcelle de mon corps découvre la multitude de sensations qui m’envahissent : tout me semble plus intense, que ce soit l’odorat, la vue, le toucher, le goût, l’ouïe. Ma cervelle est à l’affut du moindre bruit, de la moindre odeur, de la moindre brindille qui se crispe sous mes pieds. Je suis comme un nouveau-né qui découvre le monde et c’est le moins qu’on puisse dire, c’est que je suis absolument émerveillée par tout ce qu’il se passe, ravie de faire cela avec Maxime. Je me souviens, quand j’étais petite, je ne comprenais pas pourquoi je n’avais pas de frère ni de sœur, j’enviais la relation privilégiée mais parfois tumultueuse entre Julia et Paul et je les regardais, envieuse. Pouvoir se reposer sur l’autre, tout lui confier, sans réserve. Voilà comment j’imaginais une fratrie. Mais lorsque j’ai rencontré Maxime, j’ai compris qu’il ne s’agissait en rien d’avoir du sang en commun ; elle est ma sœur de cœur, une amie que je me suis choisie, et pourtant, une interlocutrice privilégiée pour toutes mes conneries, pour toutes mes angoisses, mes peurs, mes rires, mes pleurs, mes fiertés. Ce soir, c’en est une, une énorme fierté et le sentiment de satisfaction qui me tient les trippes depuis une semaine, je veux le partager avec elle. Max a toujours été là pour moi et depuis qu’elle est entrée dans ma vie, j’ai une soupape de décompression, elle est avec moi, quoi qu’il arrive, quoi que je fasse. J’ai un soutien inconditionnel et je sais que je peux compter sur elle en toute circonstance. Donc ma première sortie de panthère dans la neige, je n’aurai pas voulu la passer avec quelqu’un d’autre qu’elle.

En tout cas, le moins qu’on puisse dire, c’est que la panthère surpasse la louve dans la chaîne alimentaire. Qu’importe ce que je fais, je le réussis. L’épreuve de vitesse m’apparaît simple, tout comme celle de la force. Max s’en est sortie uniquement parce qu’elle est plus maline et que je suis encore maladroite, ne maîtrisant pas encore tout à fait toutes les subtilités de ma forme animale. Par contre, s’il y a bien une chose dans lequel je semble être nulle, c’est le furetage. Dans mes narines, toutes les odeurs se mélangent et semblent se ressembler, je ne distingue rien et je me demande comme Maxime arrive à tout percevoir. Cela doit être la force de l’habitude, voilà pourquoi j’ai besoin d’elle pour m’initier dans ces pratiques que je ne maitrise pas. Je commence à renifler partout, mais sur ce point, l’élève ne dépasse pas le maître du tout et il est fort à parier que je vais devoir mieux m’entraîner. Pourtant, lorsque j’étais chez mes parents, sous ma forme animale, je m’étais entraînée à retrouver l’odeur de Thalia, cachée dans certaines pièces de la maison et j’y étais parvenue assez aisément. Mais l’odeur de Thalia m’est familière, et dans cet environnement que je connais bien, toutes les odeurs me semblaient différentes. Ici, dans la forêt, tout est nouveau et rien que l’odeur de Maxime m’est nouvelle. Je commence néanmoins à bien la connaître et je suis certaine qu’il me sera bien plus aisée de la retrouver à présent. Du moins, cela sera moins difficile que de suivre cette piste à laquelle je ne comprends rien au début. Mais rapidement, je fais tourner mes neurones et puis la HPI petite maline qui sommeille en moi reconnait les fragrances de l’odeur de Jack et après une course effrénée, je lui saute dessus comme une folle. Passé le moment où il cherche clairement à me manger et où je me liquéfie sur place, ne sachant plus comment réagir, ni quoi faire, j’attends que ça passe, j’attends qu’il me morde. Je me pose alors mille questions. Est-ce que si Jack me mord sous ma forme animale je me transforme en loup-garou ? Oh mon dieu, j’espère que non. J’ai assez à faire avec tout le reste, je veux pas devenir une louve-panthère svp… Je ferme les yeux, attendant un signe du ciel. Ce signe prend le doux nom de Maxime, ma sauveuse. Elle s’interpose entre le loup et moi, et je m’applique à lui faire comprendre qui je suis en commençant à écrire mon prénom dans la neige. Heureusement qu’un moldu ne passe pas par là, il serait vraiment surpris de la scène, deux loups regardant une panthère écrire avec sa patoune…

Assez aisément, parce que disons-le franchement, p’t’être bien qu’il est aussi HPI ce petit Jack, le jeune louveteau comprend à qui il a affaire et il semble m’encourager dans toutes mes bêtises, à savoir : démonstration de vitesse, de force, d’agilité. Un vrai concours. J’attends presque qu’il sorte le panneau « JE VOUS DONNE UN DIX » comme dans cette émission de danse pourrie que mes parents aiment regarder à la télévision. Je suis tellement occupée à parader que je ne remarque pas Maxime qui regarde au loin, comme si elle sentait l’odeur de la meute. Jack, lui, semble en tout cas décidé à ne pas la laisser faire puisqu’il lui saute dessus alors que je lui faisais une démonstration de mes talents de grande coureuse. Quelle ingratitude ! Intérieurement, je ne sais pas comment réagir à la scène qui se passe sous mes yeux mais je me rends compte d’une chose : Maxime se fait mettre la pâtée par un jeune loup un peu trop fougueux. Si je n’étais pas transformée, pour sûr, j’éclaterais de rire. Je les regarde pendant quelques instants, ne portant absolument pas main forte à ma meilleure amie, cherchant à voir comment elle va se débrouiller mais bon, elle n’a pas l’air de s’en sortir alors au bout d’un moment, je bondis. Jack, ne s’attendant pas à ce que je lui saute dessus, relève sa gueule trop tard et je le percute sans difficulté, et nous entamons un énième roulé-boulé dans la poudreuse, sauf que cette fois-ci, il ne cherche pas à me manger. Mieux encore, on s'amuse ensemble, on joue, on se taquine, on fait des expériences. Les heures passent sans que je ne les vois filer et lorsque l'aube pointe enfin le bout de son nez, Maxime me lance un regard entendu et je comprends qu'il est temps pour eux de rejoindre la meute, la transformation approchant à grand pas. Je m'éloigne d'eux et lorsque je suis suffisamment loin, je reprends forme humaine. Mes yeux s'habituent à la poudreuse et le spectacle des premiers rayons du soleil sur la neige me plonge dans un décor totalement enchanté. Je suis fatiguée, épuisée, exténuée. Mais heureuse.