« Ma chère fille,

J’ai reçu ce coupon VIP à la maison. Je manque de temps pour aller flâner dans les magasins, je me suis dit que peut-être cela te ferait plaisir pour combler un( e) potentiel(le) amoureux(se) ? Comme tu n’habites plus avec moi… ».

...sarcasmes...

« … Je ne peux pas te le remettre en main-propre. J’ai donc dépêché Penny, ton grand-duc. Passe une belle-journée. Ta mère ».

Au cas où elle l’aurait oublié. Mais Septima n’oublie jamais rien, même pas sa mère et cela, Elianor le sait pertinemment. Deuxième sarcasme. Quand elle a terminé de lire entre les lignes, Septima replace le bon dans son enveloppe puis jette la lettre de Mamma dans la poubelle jouxtant la boutique de parfumerie dont l’enseigne haute en couleur indique : Nez pas nez qui veut, boutique officielle de Reeve Holly Lawrence. La parfumerie se situe dans une rue perpendiculaire à la Banque de Gringott, située à quelques pas d’ici. Important de remplir ses poches de gallion pour les dépenser en cosmétique de luxe « juste pour sentir bon ». Les vitrines sont immenses, formant un angle, et le portrait du créateur est affiché partout, avec son nez proéminent qui fait mine inlassablement de sentir avec classe.

Des clochettes retentissent lorsque Septima pousse la porte. Des tonnes de senteurs l’assaillent comme un raz de marée. Tout est rose ici, la moquette, le plafond, les uniformes des vendeuses. L’une d’elle se jette sur la jeune fille :

Bonjour Mademoiselle, bienvenue chez Reeve Holly Lawrence. Que puis-je faire pour vous ?

Septima connait bien ce genre de question ouverte pour entamer le dialogue dans l’espoir que celui-ci aboutisse à une vente. Mais Septima ne l’écoute pas. C’est la meilleure chose à faire pour qu’on vous laisse tranquille. Coupant la chique à cette pauvre vendeuse (qui n’est pas si pauvre au vu des bracelets étincelants autour de ses poignets, des bagues ornant ses doigts et des affreuses boucles d’oreilles si lourde de métal précieux qu’on a l’impression qu’elles vont lui déchiqueter le lobe), elle s’insère dans le premier rayon venu, scrutant les multiples parfums qui s’alignent sur les étagères parfaitement nettes de poussière.

Une femme coiffée d’un chignon semble particulièrement ravie des conseils d’une vendeuse quant aux bienfaits « en amont » du « Flacon de Jouvence », senteur chérubin, eau de rose et ingrédients mystères. Même chez les sorciers on sait que ce genre d’article c’est de la camelote, de l’arnaque grosse comme une montagne, des attrapes nigauds bref, vous m’avez comprise. Septima se demande comment les gens font pour y croire et continuer de se faire avoir. D’autant plus que ces gens-là ont des enfants à éduquer, en bas âge, entrain de triturer on ne sait quoi dans la poche de sa mère. La jeune serpentarde hausse les épaules sous l’œil faussement souriant de la vendeuse qui l’a accueillie et qui attend le bon moment pour revenir à la charge.

Un discret tourbillon magique s’échappe de la malheureuse baguette dérobée pour percuter le flacon de Jouvence fièrement portée par la vendeuse qui ne s’aperçoit de rien, trop heureuse d’avoir conclu sa vente. En cinq seconde, le flacon vire au bleu, au rouge, au jaune puis retrouve sa couleur verte d’origine. Elle extirpe un flacon dans sa boîte d’un tiroir et le remet à la cliente qui s’éloigne vers la caisse. Septima parcourt distraitement les rayons, l’œil rivé sur la ribambelle d’articles mais l’esprit ailleurs. Peut-être pourrait-elle trouver des flacons jumeaux, pour en offrir un à Rachel ? Elle est persuadée que la jeune Gryffondor apprécierait le cadeau. Elle imagine… Ouch ! Ça pique les yeux !

Senteur chérubin, eau de rose et ingrédients mystèèèèèères, chantonne la vendeuse.

Septima se frotte le nez et les yeux. La vendeuse s’est littéralement jetée sur elle en l’aspergeant, en pleine poire, avec son flacon.

Idéal pour charmer ces messieurs, ajoute la vendeuse en rajoutant deux touches de parfum au niveau du cou.
J’ai quinze ans, réplique Septima sans animosité, le visage impassible.
Idéal pour charmer ces jeunes hooooooommes, reprend la vendeuse sans se laisser démonter.
J’aime les femmes, répond Septima sur un ton de défi qui n’entame pas l’enthousiasme de la vendeuse. Qu’est-ce qu’elle l’agace celle-là !
Idéal pour charmer ces jeunes feeeeeeeemmes !
Insupportable ! Il n’est plus question de rentrer dans son jeu, Septima détourne les talons, prête à s’éloigner mais un soubresaut l’empêche de prendre de la vitesse. Le parfum dans ses yeux lui pique, ça fait vraiment mal, elle se sent soudainement submergée par l’émotion. Sa gorge se noue, son palais mental se brouille, elle a l’impression que le sac sur son épaule est particulièrement lourd. Le coupon dans sa main gauche se froisse tandis que tout son corps se convulse, son visage grimace et un gros sanglot la secoue.

Bobooooooooooooo ! J’ai mal, j’ai mal !

Elle voudrait attraper le pan de la robe de la vendeuse mais Septima a sa taille d’adolescente, et sa main agrippe le décolleté de la vendeuse, qu’elle tire par à-coup pour qu’elle comprenne QU’ELLE A VRAIMENT TRES MAL, dévoilant la proéminente poitrine de la vendeuse.

Mais qu’est-ce qui vous prend ? Gémit la vendeuse, soudainement apeurée, gênée... surprise ?
JE VEUX MON DOUDOU ! S’écrie Septima.

Quelque chose nous dit que cette journée, les vendeuses de chez Reeve Holly Lawrence ne sont pas prête de l'oublier.