Les températures fraîches du mois de décembre t’assaillent tandis que tu déambules dans les rues de Londres. Un de tes informateurs t’a indiqué qu’un des membres d’une famille rivale à la Cosa Nostra foutait la merde dans l’un des bars de la ville et tu es bien décidé à en savoir davantage. Te faire passer pour un simple client en t’enfilant des bières afin de glaner des informations, sérieusement, n’y-a-t-il pas de meilleure vie que celle-là ? Picoler dans les bars. La belle vie non ? Tu sais que rien n’est plus précieux que la famille, celle pour qui tu te bas chaque jour que dieu fait. Mais pourtant, parfois, sortir et avoir une soupape de décompression te permet de ne pas péter un câble face à la responsabilité toujours plus oppressante de la Cosa Nostra. Heureusement pour toi, depuis le procès, depuis qu’Anje sait que tu as replongé, tu vas mieux -un peu-. Rien n’est réglé et même si ta consommation de drogue a drastiquement baissé cela reste trop. Trop souvent, trop longtemps, trop, c’est tout. Voir ta sœur défoncée à chaque fois que tu le fais toi, ce n’est vraiment pas dans le top 10 des choses que tu apprécies le plus. Pire, tu hais tellement cela que c’est ce qui t’encourages à réduire ta prise de stupéfiants. Que ne ferais-tu pas pour ta sœur après tout ? L’être auquel tu tiens le plus ou monde ? L’unique personne pour qui tu pourrais tout faire, tout abandonner, tout briser. L’unique ? Une vision déformée et flou d’une jolie jeune femme blonde s’installe dans ton esprit et tu fais tout pour la chasser. Tu n’as guère envie de penser à Théodora pour le moment parce que cela reste encore trop défendu d’en parler pour l’instant.

Tu sors de l’énième bar sans avoir obtenu la moindre information et tu commences à désespérer. Ce n’est sûrement pas ce soir que tu pourras faire la lumière sur cette histoire de receleur. Tu grommelles et resserres son manteau. Peut-être que tu pourrais te détendre pour une fois ? Vraiment ? Tu marches quelques pas avant d’entrer une fois de plus dans un bar que tu détestes quasi instantanément. C’est quoi cette déco ? C’est quoi cette population ? C’est quoi ces gens qui ont l’air défoncé ? C’est quoi ces gens qui bavassent des chansons paillardes ? En matière de bar, aucun endroit ne semble trouver grâce à tes yeux en dehors du White Thestral de toute manière. C’est le seul du monde qui mérite ton attention en matière d’alcool mais bon, puisque tu es là… Autant tenter ta chance une dernière fois. Qui sait, peut-être feras-tu une rencontre intéressante. Tu traverses la salle bondée et t’accoudes au comptoir, l’air ennuyé. Au bout d’un moment, une femme vient prendre ta commande et alors que tu ouvres la bouche pour lui dire ce que tu souhaites, elle gueule comme un putois qu’on égorge, te faisant perdre au passage dix pour cents de tes capacités auditives. Tu hausses un sourcil, portant ton regard vers l’heureux élu. Qui n’en était pas vraiment un d’ailleurs. Elle vocifère ainsi contre un… Jukebox ensorcelé ? Luca a bien envie de facepalmer mais il se retient. De ce que tu vois d’ici, celui-ci à quelques petits problèmes de voyeurisme à régler, sans compter les mains baladeuses. Il a presque de la chance cet objet finalement. Tu ricanes doucement tandis que la serveuse repose son attention sur toi. « Un Whiksy Pur feu s’il-vous-plaît. » Tu fronces les sourcils lorsqu’elle te demande si tu es là pour le concours. Son regard si brillant de malice semble tellement amusé que tu lui souris outrageusement et tu dis sans réfléchir : « Vous aimeriez ? » Un concours ? Si c’est le concours de celui qui a la meilleure descente, tu risques de battre à plate couture tous tes adversaires. Si c’est le concours du rail de coke sniffé le plus rapidement possible, tu remportes la palme d’or sans hésiter. Si c’est le concours de celui qui fait pipi debout le plus loin également. Mais quelque chose te fait penser qu’il ne s’agit de rien de tout cela. Tu attends donc que la dame t’expose ce fameux concours. Cela sera peut-être l’occasion de glaner quelques renseignements précieux. Et puis qu’est-ce que tu risques au pire ? T’amuser ? Par la barbe de merlin, cela fait si longtemps.

La picole, c’est l’un de tes passe-temps favoris. Il faut l’avouer, c’est l’une de tes dépendances et tu ne t’en caches absolument pas. Autant en semaine, tu évites de trop te plonger dans l’alcool mais c’est devenu un substitut facile à la drogue et tu jongles de l’un à l’autre dans l’espoir d’arrêter les deux. Mais c’est quasiment peine perdue et tu le sais bien, cette bataille est inutile et tu auras beau faire comme tu le peux, jamais tu ne pourras te défaire de ce qui fait que tu es toi. Alors que tu pénètres dans ce bar à l’aspect vraiment miteux en comparaison du Thestral Motor, tu te remémores la dernière rencontre fortuite dans un établissement similaire à celui-ci et un sourire s’installe sur tes lèvres alors que tu prends place sur l’un des tabourets accolés au bar. Le visage d’Abi s’impose dans ton esprit et tu te dis que votre amitié sort vraiment de nulle part ; une conversation sur un tatouage, des allusions graveleuses, du sexe dans un hôtel, des coordonnées sur un bout de papier. Tu as pris plaisir à échanger avec elle, à jouer à l’homme que tu n’es pas -du moins pas totalement-, à t’imaginer une vie un peu différente que celle-ci ; tu te plais à retrouver avec elle une certaine soupape de décompression, un endroit où tu n’as pas le poids de la Cosa Nostra qui porte sur tes épaules, un espace où tu n’es que Luca, le chef d’entreprise, expert en baise et en français. Vous en aviez fait des cours de langue c’est vrai. Tu laisses tes pensées vagabonder au loin alors que la maitresse des lieux vient prendre ta commande. Elle évoque le « concours » et tu t’enquières de demander ce dont il s’agit après tout, tu es un homme qui apprécie les défis et cela semble bien en être un. La patronne n’a guère le temps de te répondre parce qu’une jeune femme balance son sac et son blazer à tes côtés et tes yeux se tournent vers elle. Putain. Harper Auburn. Tu penses à Abi et sa nana débarque ? Cela ne peut-être pas être une coïncidence, te voilà médium. Les deux femmes conversent comme si elles se connaissaient bien et tu comprends que la jeune directrice des Gryffondor a probablement l’habitude de picoler dans ce trou à rat. Dis donc, cela doit être sympa dans la salle des professeurs à Poudlard, deux directrices de maison pochtronnes bah putain, ça a changé Poudlard lol. Tu regrettes presque de ne pas avoir fait tes études dans cette prestigieuse école.

Tu attends. Qu’elle remarque. Qu’elle te voit. En te demandant comment elle va réagir à ta présence. Tu penses lui avoir laisser un souvenir pour le point impérissable à la soirée organisée par l’école Poudlard. Te pavanant effrontément aux bras d’Abi, après t’être incrusté entre elles, tu l’avais faite tournoyer sur la piste de danse, attirant les regards jaloux d’Harper mais pas seulement, ceux aussi de Théodora. Tu avais tendrement pressé tes lèvres contre les siennes et vous vous étiez éclipsés pendant de longues minutes afin que l’esprit des deux anciennes Gryffondor laisse libre court à leur imagination. Tu as reçu un nouvel hibou d’Abi quelques jours après t’annonçant que ton plan monstrueusement machiavélique avait fonctionné ; Harper et Abi étaient ensemble désormais. Mais pour combien de temps ? Combien de temps s’écoulerait avant qu’Auburn fasse marche arrière comme elle l’avait déjà fait ? Tu ne le permettrais pas et elle avait intérêt de se tenir à carreau la demoiselle si elle ne souhaitait pas subir ton courroux. « Effectivement quelle surprise. » dis-tu en écho à ses quelques mots. « Harper. » Nul besoin de faire comme si vous ne saviez pas du tout à qui vous aviez à faire. Cela semble bien vain et tu n’as pas envie de faire comme si. Au contraire après tout. Tu es un fin observateur, assez pour voir la patronne se figer l’espace d’un instant et ses yeux s’arrondir de stupéfaction. Alors comme ça, la belle Harper parlait de toi à qui veut bien écouter, intéressant. Un sourire narquois s’installe sur tes lèvres tandis que tu laisses à la jeune femme le soin de débuter la conversation ou de s’enfuir en courant. Après tout, tu étais installé là en premier et elle a initié cet échange, logique qu’elle poursuive.

Tu la regardes attentivement, cherchant dans ses yeux une lueur, un signe, qui t’indiquerait l’état dans lequel elle se trouve. Pour ta part, si tu n’es pas heureux de la voir, tu n’en es pas malheureux non. Tu n’en as rien à branler d’elle ; son attitude avec Abi déterminera probablement si tu dois l’aimer ou la haïr. Mais pour l’instant, vous n’êtes que de vagues connaissances et votre relation n’est franchement pas construite sur de solides bases. Bien au contraire. Harper débute un léger monologue et enchaîne très rapidement sans que tu ne puisses en placer une. Ah ouais d’accord. Elle stresse. Elle angoisse. D’être devant toi. Cela ne fait qu’accentuer le regard conquérant de l’italien que tu es, t’as bien l’impression que tu vas maîtriser l’échange sans avoir besoin de t’y forcer.  La patronne soupire aux mots d’Harper et tu te demandes si c’est parce qu’elle est usée d’entendre ses conneries ou si c’est parce qu’elle dit n’importe quoi sur le Whiskey. Dans les deux cas, Harper est en faute. Parfait. Tu ne lui faciliteras pas la tâche. Elle prend la parole et parle d’un « titre en jeu ». Tes yeux se concentrent sur la bonne femme : « Quel titre ? Celui de la plus casse-couille ? » dis-tu, amusé. Ah merde désolé, c’est sorti tout seul. Sans un mot, on te donne une feuille sur laquelle est indiquée le fameux concours. La Bièrobeurre Pong. MAIS LOL. On se croirait en maternelle, il vaut mieux que tu rentres au garage. « Je relève le défi. » MAIS WHAT. Bon ok, ton esprit n’a rien écouté. Tant pis. Tu ricanes. « Dommage que ce soit pas celui du plus plus prétentieux, j’aurai gagné haut la main mais je me contenterai de cette autre victoire. » Tu te lèves et retires ton veston de cuir, laissant apparaître le tatouage de la Cosa Nostra, celui à cause duquel tout a commencé. Tu avales cul-sec ton verre de Whisky avant de le reposer bruyamment sur le comptoir. Tu te tournes vers Harper et demandes : « Avec moi ou contre moi ? » Après tout, qui a forcément parlé d’un un-contre-un ? En équipe, ça peut être fun. Mais tu as hâte d’avoir sa réponse, dans les deux cas, elle déterminera probablement la suite de vos échanges et tu en es bien soudainement excité. Tu jettes un coup d’œil à l’affiche et tu demandes : « Tu paries quoi ? J’pense que ta dignité ça fait longtemps que tu l’as perdu. Va falloir trouver autre chose merde. » Ah merde. Putain ça continue. Ta gueule putain de cerveau, c’est la nana d’Abi. Est-ce que cela se voit que cela te perturbe de la voir ? Harper c’est ton miroir à toi et t’as franchement pas envie que ça t’explose à la tronche. Mais tant pis, t’es lancé, va falloir jouer.

Mais que fait-il encore là ? Pourquoi ne s’est-il pas contenté de partir lorsqu’il s’est aperçu de sa présence ? Luca n’en sait rien. Enfin… Son esprit tente de le convaincre qu’il ignore la raison pour laquelle il est toujours assis aux côtés d’une femme qu’il déteste tandis que son cœur sait qu’il n’est là que pour satisfaire sa putain de curiosité. Luca est d’un naturel intrigué et surtout, il aime les défis. Et c’est typiquement ce qu’on vient de lui servir sur un plateau d’argent. C’est un jeu dangereux dans lequel il vient de se fourrer mais il s’en fiche. Il a un besoin maladif d’oublier pour un temps, de s’oublier par la même occasion et de redevenir simplement Luca, jeune trentenaire et chef d’entreprise, pas Monsieur Zabini, dirigeant officieux de la Cosa Nostra avec le poids des responsabilités qui incombe à ce titre. L’italien a bien peu d’occasions d’être lui-même, la plupart des gens qu’il côtoie viennent de son monde, un monde dans lequel il est difficile de sortir une fois qu’on y est plongé. Pour autant, si Luca « connait » Harper, c’est bien parce qu’il a fait une entorse à cette règle en devenant ami avec Abigail. Leur rencontre fortuite s’est transformée en une bien curieuse amitié au fil des mois et pourtant Luca y est très attaché à cette nouvelle amitié car celle-ci lui permet d’expérimenter et de vivre de nouvelles relations, non reliées à la mafia. Bien évidemment, Abi comme Harper d’ailleurs ne savent rien de tout cela, Luca se contentant avec elles d’être qu’un individu ordinaire, sympathique et bourré d’orgueil. Un homme parfait en somme. Luca ricane alors qu’Arondie raille en disant que le titre de casse-couille a été commis d’office à la naissance à la belle directrice des Gryffondor.

Peut-être que la tenancière souhaite créer une alliance avec Luca, une alliance contre Harper ? Pourquoi est-elle si désobligeante avec elle ? Peu importe, ce n’est guère le problème du rital. Qu’elles se déchirent si cela les amuse, du moment que Luca gagne. Le reste n’a pas vraiment d’importance. La patronne lance un gallion pour déterminer s’ils seront partenaires ou adversaires dans ce jeu absurde. Luca avoue avoir une préférence pour la deuxième solution, celle qui lui apportera la satisfaction de la mettre au tapis : qu’importe le jeu au final, Luca sera meilleur et il le sait, nul besoin d’être très intelligent pour le savoir. « Parfait. » dit Luca, son ego refusant d’admettre qu’il aurait préféré la situation inverse. Alors et le gage ? Qu’est-ce que cela allait être ? Harper annonce la couleur et Luca hausse un sourcil avant d’exploser de rire. Un rire rauque, sincère, narquois. « Ok marché conclu. Te concernant, je choisirai l’inscription en temps et en heure. J’y réfléchis très sérieusement. » Une inscription aussi ridicule qu’elle du type « Luca Zabini est mon roi, il tire son coup à chaque fois » serait marrante, quoi qu’un poil puérile. Mais ça va avec son idée de gage ridicule. Luca songe à d’autres inscriptions comme « Luca Zabini, le dieu des macaronis » mais ce serait moins fun. Luca secoue la tête et passe la main dans ses cheveux crépus. Mais comment j’en suis arrivé là ? se demande-t-il. Comment a-t-il pu accepter ce défi stupide ?

Et alors que la gérante se rapproche d’eux, fière comme un paon de leur avoir trouver deux challengers, un plis soucieux s’installe sur le front de Luca. Ces eux leurs adversaires ? Luca se penche à l’oreille d’Harper et lui murmure : « Je te tue si on perd contre ces deux abrutis. » La menace est faite, la menace est dite. Maintenant, il va falloir assurer… le Vif Pong… Luca n’y a pas joué depuis des années mais il était plutôt bon dans ses souvenirs. Arondie rappelle les règles. Parfait, cela n’a pas changé. QUOOOOOOI ???? PARDON ??? Luca s’étouffe en avalant sa salive. Putain la garce. Faire des compliments n’est déjà pas franchement le style de Luca, mais en plus faire un compliment à quelqu’un qu’il n’apprécie pas ?! Quelqu’un qui lui ressemble beaucoup trop pour qu’il puisse être honnête ? L’horreur absolue. Il a intérêt à être bon, il a intérêt de gérer. Son honneur en dépend. « Ouais c’est ça, bonne chance. » dit-il en préférant regarder leurs adversaires les bras croisés autour de son buste, l’air imposant afin de les déstabiliser et leur faire perdre tous leurs moyens. Les yeux clairs de Luca sont si perçants lorsqu’il y ajoute l’intensité nécessaire et l’intensité voulue afin qu’ils chient dans leur froc. Les étudiants débutent et se foirent. Logique. La nana ne se démonte pas et avale son verre comme si sa vie en dépendait. Bien. Luca lève les yeux au ciel face au compliment pitoyable qu’elle donne à son compagnon de fortune. Enfin bon… Luca se dit qu’il ne doit pas faire le malin, il a beau être bon à ce jeu, il y a peu de chance qu’il réussisse tous ces lancés du premier coup donc des compliments il allait falloir en inventer… Il ferait mieux d'y songer dès à présent. Il faut dire qu’il ne connait pas Harper et à part son apparence physique, il n’avait pas grande raison de lui jeter des fleurs. Le reste ne sera probablement qu’une vaste fumisterie. Il allait falloir donner le change. Luca observe la professeure réussir son lancé et il ne peut s’empêcher d’avoir un léger sourire en coin. « Bien joué coéquipière. » admet-il. Il faut bien le dire quand la réussite est belle. Et son lancé était parfait. Rien à ajouter.

Lancé de dé:

Le rouquin enfile son verre sans se poser de question et attrape le Vif. Il tient sa baguette de travers et lance le sortilège d’une manière bien étrange : le Vif fait une sorte d’embardée spectaculaire mais termine dans le verre de Luca. Joueur, celui-ci attrape celui-ci et d’un air amusé, lève son verre à son adversaire : « A ta santé. » Il l’avale d’une seule traite sans se poser de question. C’est son tour. Sans tergiverser trois plombs, il lance le sortilège et le vif d’Or atterrit sur la couronne du verre, fait un léger tour autour de celui-ci mais termine sa course sur la table. « Porca puttana. » Furieux contre lui-même, il se retourne vers Harper et un silence s'installe. Arondie, les étudiants et même Harper semblent suspendus à ses lèvres. Au bout d'un moment, il lui dit : « Harper, je dois te dire que tu es la reine des Harpies. » C’est un compliment non ? Après tout, une reine c’est classe. Allez, au tour de la nana.

Luca se demande encore pourquoi il a accepté ce pari ridicule et pourquoi il reste alors qu’il pourrait très bien s’en aller et picoler ailleurs sans avoir besoin de rendre de compte à personne. Mais il ne sait pas pourquoi mais la présence d’Harper Auburn a piqué sa curiosité et Luca l’avoue, il a aussi besoin de savoir ce qu’Abi lui trouve, à cette nana grossière et franchement peu avenante à première vue. C’est amusant, on dirait l’italien tout craché. Abi semble plus délicate (si Luca peut s’exprimer ainsi) que cette femme à l’allure douteuse et qui s’attarde régulièrement dans ce bar ridicule. Enfin bref. Sur un moment d’égarement et probablement dans l’optique de ne pas passer pour le lâche de service, Luca relève le défi stupide lancé par la tenancière et les voilà en pleine partie de Bierrobeure pong. La partie débute après l’explication des règles érigées par Arondie et Luca grommèle en l'entendant les énoncer, persuadé qu’elle vient de les inventer exprès pour eux. Luca a souvent le flair pour ces trucs-là et il a soudainement l’impression qu’Arondie n’a pas tout dit et qu’elle est vaguement au courant de la relation houleuse entre la vieille prof et le beau rital. Voire même complètement au courant. Bref, la suite de la soirée lui permettra peut-être de faire la lumière sur toute cette affaire. En tout cas, le jeu attire du monde et la table des joueurs se retrouve rapidement encerclée par d’autres clients apparemment ravis de sortir de leur petit train-train ennuyeux, prêts à rire aux éclats suite aux compliments absolument douteux des coéquipiers. Et même si les gamins ont l’air tout-à-fait nazes, Luca se dit qu’il ne faut pas les prendre à la légère, après tout on ne sait jamais on sait jamais quand les dés ont décidé d’être de vrais bâtards tu vois. D’ailleurs Luca loupe son premier lancé et lance son premier « compliment » à sa coéquipière. Le silence se fait dans la salle et Luca scrute Harper sans ciller, scrutant sa réaction, espérant presqu’elle lui saute dessus et qu’ils puissent en venir aux mains. Luca déteste Harper, il déteste ce qu’elle lui fait ressentir, il déteste se voir en elle, il déteste ce qu’elle a fait à Abi. Il la déteste, voilà, pour tout ce qu’elle représente, il la déteste sans raison valable. Et en vrai, il ne la déteste pas vraiment. Mais il attend, tandis que des chuchotements s’élèvent dans la salle, se demandant comment la challengeuse va accepter la remarque, gentillesse vengeresse vaguement dissimulée : après tout, il y avait quand même l’adjectif « belle » dans sa phrase. C’est pas mal du tout. Harper explose de rire et la salle en délire qui retenait son souffle en fait tout autant et chacun se détend. Harper critique son compliment et Luca lui rétorque : « Tu m’excuseras, c’était pas si facile de trouver un truc sympa à dire sur ta gueule. » Bref, Arondie calme le jeu, la jeune fille pointe, vise. Harper boit. Arondie précise que la couleur du gobelet annonce le taux d’alcoolémie. Mdr, ils vont être contrôlés à la fin du jeu ou quoi ? Y a la police magique qui va leur coller des PV ? C’est quoi cette tenancière en réalité ? Luca secoue la tête et se demande encore une fois ce qu’il fout là.

Qui gagnera la partie ?:

Allez Harper, concentre-toi, plus vite on gagne, plus vite je me casse se dit Luca. Harper tente de viser et loupe son tir lamentablement, il fallait s’y attendre de toute manière. On a beau être doué à ce jeu-là, c’est impossible de réussir chacun de ses coups. Luca soupire, peut-être que finalement, Harper aussi a envie de lui faire un super compliment. On va voir ça, on va bien rigoler se dit Luca. Elle fait mine de ne pas savoir son nom, c'est ridicule. « Le simple fait que tu fasses comme si tu ne savais pas mon nom de famille me fait penser à quel point tu m’aimes beaucoup. » dit Luca. Si ce n’était pas le cas, après tout, prendrait-elle la peine de l’écorcher ? Peut-être pas. En tout cas, ce que Luca perçoit, c’est que cela lui coute peut-être autant qu’à lui de jouer avec elle. Arondie demande à Harper d’énoncer son compliment et le jeune italien croise les bras autour de sa poitrine, visiblement très intéressé par les prochains mots qui vont sortir de ses lèvres. Elle débute sa phrase en parlant de son tatouage, se penche vers lui pour mieux voir et le rouquin fait un commentaire tellement stupide que Luca se redresse pour le fusiller du regard et lui dire de la fermer mais Harper le devance. « Ouais ferme ta gueule, c’est pas ton tour ! » vocifère Luca. Finalement il l’attend son compliment. Un compliment totalement niais. Elle ne prend pas de risque. Bien sûr que son tatouage est superbement dessiné. Viril, il n’a pas à l’être, mais soit. Faisons comme si. Après tout… C’est son compliment, elle a le droit de dire ce qu’elle souhaite. Alors que Luca s’apprête à dire à son adversaire de lancer sa balle. Harper termine : « Ça doit attirer les nanas ça, hein... ? » Tirant à balles réelles, Luca réplique immédiatement, un sourire narquois aux lèvres : « Ah ouais, ça a bien marché sur la tienne d’ailleurs, t’imagine même pas à quel point. » Nouveau silence dans la salle. Luca regarde Harper, Harper regarde Luca et chacun se tient l’un devant l’autre en chien de faïence, ne sachant pas s’ils doivent se sauter à la gorge où non. Mais le tour suivant est lancé et le garçon foire lamentablement son coup et se tourne vers sa partenaire en lui disant à quel point elle a de belles oreilles. Luca fronce les sourcils tandis que la fille rougit. Pardon ?. Luca dit à voix haute : « Bah putain, les techniques de drague, c’est plus ce que c’était ! » Il attrape une balle, lance le sortilège et celle-ci atterrit pile dans le verre du milieu. « A ta santé mon gars. » Il attrape son verre et se l’enfile cul sec et immédiatement le verre passe à l’orange quand il le repose sur la table. Déjà en train de vriller le jeune ? « Ils vous apprennent pas à boire à l’école ? Franchement, pourtant, apparemment, vous avez de quoi suivre le bon exemple… » Harper, Abi, ça doit rigoler sec dans la salle des professeurs à Poudlard.

Luca lève les yeux au ciel et se contente de continuer de scruter les adversaires de son regard le plus méprisant, cherchant par la même manière à leur inculquer le respect et leur montrer qui est le chef ici. Il suffirait qu’il les regarde un peu plus fermement pour qu’ils chient dans leur froc… Mais bon après, l’odeur sera dérangeante il vaut peut-être mieux éviter cela. Luca désespère en attendant leur victoire certaine. Peu importe qu’ils réussissent à bien viser ou non, ce dont il est certain c’est qu’il ne sera pas ivre de sitôt, Harper semble également être portée sur la bouteille donc ils auront les jeunes à l’usure. Cela s’appelle l’expérience Mesdames et Messieurs et on peut le dire, Luca a vraiment l’expérience de la gueule de bois, la tête qui tourne et les paroles et gestes douteux qui en découlent. Il travaille défoncé, il conduit défoncé, il baise défoncé. En toute modestie, parfois son ivresse demeure imperceptible aux yeux de ceux qui ne le connaissent pas, si l’on oublie l’odeur de la gnôle bien entendu. En tout cas, que les gamins en soient certains, ils ne sortiront pas du bar de Jack la ripaille debout, éventuellement en rampant mais Luca se fait la promesse qu’il va les défoncer. Les tirs s’enchainent et ne se ressemblent pas : une fois ils marquent puis ils échouent. Du côté d’Harper et Luca, il se passe la même chose, après tout, c’est aussi un jeu de chance même si l’adresse donne un léger avantage à celui qui sait bien manier sa baguette oh oui Luca sait manier sa baguette, demandez à Dora et Abi. BREF.

Le garçon loupe son coup, attrape son verre qui a viré à l’orange, signe que sa déchéance est proche. Quelle lavette. Une honte pour tous les alcooliques de ce pays, une honte pour tous les gens qui jouent au Quidditch-Pong, une honte pour ces étudiants désaxés qui ne jurent que par les soirées estudiantines du jeudi et du vendredi soir pour les plus téméraires. UNE HONTE. Luca devrait peut-être leur apprendre comment on s’amuse en Italie ? Alcool, fumette et drogue à l’appui, les meilleures années de sa vie. Luca ne peut s’empêcher de railler contre Auburn. C’est aussi de sa faute si les étudiants sont nuls, ils ont qu’à leur montrer le bon exemple ! « Excuse de merde ! Les étudiants ils passent bien par le collège avant. » dit-il sans se démonter. ET TOC. Luca s’agace légèrement, se demandant ce qui lui prend d’être aussi conciliant avec cette femme qu’il abhorre pour représenter tout ce qu’il déteste. Il soupire et scande à la jeune fille : « BON tu vas lancer oui ??! » Quelle mollassonne… Quelle ânesse pardon j’ai pas pu m’empêcher de placer ce mot. « Même ma grand-mère est plus rapide. » Probablement à cause du léger coup de pression de Luca, elle foire son coup et Harper semble en être enchantée. « Effectivement, effectivement. » dit-il lorsqu’elle lui signifie que l’alcool fait déjà des ravages dans le camp adverse. Mauviettes pense Luca. À leur âge, il pouvait s’enfiler une bouteille de Vodka et tenir encore debout, la nouvelle génération est bien faible en comparaison…

Luca croise les bras autour de son buste tandis qu’Harper tente à son tour de viser un verre mais elle échoue lamentablement. Un sourire victorieux sur les lèvres, attendant le fameux compliment, Luca scrute la jeune femme avec une attention démesurée, la défiant du regard. Elle bégaie, elle ne sait pas quoi dire. Pourtant, il y a tant de choses à dire sur Luca Zabini : sa beauté, sa force, son intelligence, son humilité. Tant de qualités qu’elle pourrait nommer. Mais elle bredouille encore au point qu’Arondie se fâche en disant qu’elle va instaurer une nouvelle règle pour les donneurs de compliments tardifs. C’est qu’elle ne rigole pas la tenancière, elle est dure en affaire, Luca n’aimerait pas l’avoir comme collègue. Enfin bref, cela amuse encore plus l’italien qui pique un verre de soda sur le comptoir pour s’hydrater la gorge (la base ! pour pas comater, faut éponger !), il avale sa gorgée tranquillement et la recrache aussitôt en entendant le mot témoin. QUOI ? PARDON ????!!!!! Luca pose le verre avec fureur sur une table et toise cette garce. Elle a osé. Elle a osé. Elle a osé. Elle a osé lui demander sa main et Abi n’a pas su dire non ? Le cœur de Luca palpite sans savoir comment réagir. Ses poings se referment et il se demande si Abi lui pardonnera s’il décoche un crochet du doigt à sa fiancée ? Rien que ce mot sonne faux dans sa bouche ; Luca refuse d’entendre parler de fiançailles et encore moins de mariage, la tragédie touchant sa sœur bien trop fraiche dans sa tête, les déboires avec Théodora bien trop présents dans son esprit. Le mariage c’est de la merde, voilà. Cela fait souffrir et Harper va faire souffrir Abi, voilà la seule certitude que le jeune Italien possède alors qu’il écoute son pseudo compliment. « La prochaine fois, dis-moi quelque chose que je ne sais pas déjà. » dit-il d’un ton sec, énervé et agacé comme jamais. Poudre quoi ? Arrondie se frappe le front. « Ah ouais ça doit être pour ça que t’as une gueule de déterrée, à mon avis, ça n’a pas que ravagé tes intestins. » Deuxième frappage de front. Grotesque, tout cela est ridicule.

Qui gagnera la partie ?:

Les adversaires se dandinent sans trop savoir quoi dire ni quoi faire. La gamine demande : « Mais euh je comprends pas trop, vous êtes amis ? » Luca la fusille du regard. « On a l’air d’être amis peut-être ? Bah putain, c’est ça la jeunesse anglaise, au moins nous les italiens on a un peu plus de jugeotte ! Allez lance ta balle qu’on en finisse ! » Le rouquin jette sa balle, la main toute tremblotante et celle-ci atterrit dans le verre. Luca esquisse un sourire. « Tant mieux, faut que je boive pour oublier ce que je viens d’entendre. » Son regard est si sombre, sa colère est tellement palpable mais Luca reste maître de ses émotions et lance à son tour la balle à l’aide de sa baguette. Celle-ci atterrit dans un des verres et le rouquin attrape fébrilement son verre dont la teinte est bien plus foncée qu’elle ne l’était tout à l’heure. Il est bientôt fait le petit gars. Qu’il s’écroule au sol serait la bonne solution afin que Luca ne parte pas en rogne et ne lui éclate la tronche.  Il se retourne vers Harper et scande : « C’est acté depuis quand ?! » Leur précieux « mariage ». LOL. Luca a envie de lui cracher à la figure qu’elle n’est pas assez bien pour Abi. Peut-être qu’elle reviendra sur sa décision ? Mais cela ne serait pas gentil de dire ça non ? « T’es pas assez bien pour Abi, tu la mérites même pas. » Ah bah merde, c’est sorti tout seul. Tant pis. Elle n’avait pas qu’à lâcher la bombe ainsi devant tout le monde.

Du côté de Luca, la tension est grimpée en flèche ; il s’est agacé contre Harper dès l’instant où il a posé les yeux sur elle. Il n’a jamais pu encadrer la jeune femme. À partir du moment où Abi a commencé à lui parler d’elle, il l’a détesté. Au premier abord, il a eu l’impression qu’il la haïssait uniquement parce qu’elle avait fait souffrir son amie par le passé ; il était difficile pour Luca de concevoir qu’elle ait pu lui apporter douleur et désolation et qu’Abi se retrouve à lui pardonner ses erreurs. Mais bien rapidement, Luca s’est rendu compte que s’il ne peut pas la voir en peinture c’est parce que son comportement lui rappelle que trop bien le sien et que cela lui est insupportable de recevoir en pleine face le revers de la médaille. Pour autant, si Abi et Harper semblent avoir trouver un équilibre, celui entre Luca et Théodora est tellement précaire qu’il suffirait d’une étincelle pour que tout s’enflamme à nouveau. Cela suffisait bien pour qu’il veuille étriper Harper. Elle allait faire souffrir Abi de toute manière, c’est une certitude. Alors comment la dragonologue a-t-elle pu accepter cette demande en mariage ? Luca n’a pas vu Abi depuis plusieurs semaines et se questionne sur quand la demande a eu lieu. Une demande en fiançailles ne veut pas dire qu’il y aura bien mariage, Luca le sait que trop bien… Alors s’il peut faire capoter celui-ci… Faire comprendre à Abi qu’elle a eu tort d’accepter et de… « Depuis qu’elle me l’a demandé. » Luca surenchérit : « PARDON ?! » Cazzo di merdia. Elle montre la bague, Luca attrape son poignet et tire Harper vers lui pour mieux voir le dit-bijou. Une vraie relique en bonne et due forme. Ses yeux scrutent avec attention la vieille bague qui orne son doigt. Il relâche Harper et serre les poings afin d’éviter de lui en envoyer un en pleine figure, ce n’est pourtant pas l’envie qui l’en manque. Il s’accroche ensuite à la table, fermant doucement les yeux, cherchant du réconfort dans l’idée que des fiançailles se brisent. Oui voilà. Des fiançailles se brisent. Des fiançailles se brisent. Abi allait se rendre compte qu’elle faisait une connerie non ? Pourquoi Luca semble si radical tout à coup ? Le parallèle trop présent de sa propre relation avec Dora le frappe à nouveau mais cette fois il comprend une chose : Abigail avance, pas lui. Il n’a rien appris. Rien. Il commet les mêmes erreurs, s’épuise à les reproduire et fait du mal autour de lui. Inlassablement. Immanquablement.

Luca regarde les jointures de ses mains blanchir et il sait qu’il est sur le point de faire une énorme bêtise. Il respire doucement et retrouve une contenance et fait à peine attention à la poursuite du jeu ; même lorsqu’Harper rate son coup, il réagit à peine. Jusqu’à ce qu’elle déverse son venin et il ricane doucement. « J’ai jamais dit que je méritais qui que ce soit. » dit-elle d’un ton sec. Théodora mérite mieux, c’est certain. Putain, qu’est-ce qu’elle vient faire dans sa tête ? « Et encore moins Abi. » précise-t-il, persuadé qu’il ne serait absolument pas un homme pour elle, absolument pas un homme pour qui que ce soit d’ailleurs. Luca est trop compliqué, trop colérique, trop ambivalent, trop dévasté, trop torturé, trop freak control, trop tout. Des sentiments, il en a, et pour un tas de gens, Anjelica la première. Pour Abi aussi, il ressent un attachement amical sans précédent pour une femme qui ne fait pas partie de la Cosa Nostra. Pour Théodora aussi, les émotions et les sentiments qu’il ressent à son égard viennent troubler son jugement, obscurcir ses prises de décisions et mettre en danger la famille. Voilà pourquoi il devait la laisser partir.

Arondie les interrompt en remplissant deux shooters et en disant qu’Harper ne respecte pas les règles du jeu puisqu’elle ne complimente pas l’italien. Mais l’italien en question n’en a vraiment plus rien à foutre du jeu et ses nerfs sont tellement piqués à vif qu’il n’a plus aucun discernement. Elle lui fait son demi compliment et Luca hausse les sourcils, ne comprenant pas bien où elle veut en venir. « C’est vrai que c’était une chance de la rencontrer. » dit-il d’un ton désabusé. Il n’a aucune honte. « Mais apparemment elle a le chic pour s’entourer des mauvaises personnes, elle demande en fiancailles n’importe qui. » Les étudiants hèlent à nouveau. Une vraie punchline   « Elle doit aimer les causes désespérées. » Arondie propose le shooter de la paix. Mdr. Lol. C’est quoi ce nom claqué au sol ? Luca s’en saisit et l’avale aussi sec. Il en a besoin. Vraiment. Il n’en a rien à foutre de son shooter de la paix, ce qu’il veut, c’est ravager son cerveau avec de l’éthanol ; hurler encore plus, douter encore plus. Il n’est plus sûr de rien de toute manière. « On se respecte beaucoup moi je trouve, la preuve, on s’est pas encore étripé. » Luca ne fait pas attention à Harper qui déclare se sentir étrange. Lui se sent très bien. « Ah bah dis donc, tu tiens pas l’alcool. » Preuve en image, son verre vire à l’orange. Petite joueuse… Le regard de Luca se tourne vers Arondie alors qu’elle explique ce qu’elle leur a donné. Putain. Luca s’en veut de s’être laissé prendre aussi facilement à ce jeu ; il a fait confiance. Il a perdu. Encore. Plus qu’une seule solution, garder la bouche fermée. Jusqu’à la fin de la partie. Ne rien dire, c’est éviter un risque inutile. Arondie demande à Harper de lui faire un véritable compliment et sous le prisme de la potion de paix, la phrase la plus sensée de la soirée sort de sa bouche. Notre meilleur atout, c’est Abigail. Avec toute sa sincérité, Luca réplique alors : « T’as raison. Mais tu ne mérites toujours pas cet atout. Cela ne change rien. » Ce n’est pas gentil. « La sincérité n’est pas gentille, désolé. » dit-il, reprenant ses mots. Il jette un coup d’œil à la partie et il respire. Si le rouquin foire et que Luca vise juste, la partie sera pliée et il pourra rentrer chez lui.

Qui gagnera la partie ?:

« Alors, Alex. » dit Luca en appuyant fortement sur le prénom du rouquin. « Montre-nous comment tu vas impressionner ta nana. Elle attend que ça. » Il n’en faut pas davantage pour le jeunot pour perdre pied, rougissant comme un collégien, il loupe son tir ; Luca n’écoute même pas ses bafouillements alors qu’il complimente sa partenaire qui devient aussi pivoine que lui. Ridicule… Et dire qu’il a eu peur de perdre face à ça. Il n’y a pas d’autres mots. Ddes lavettes. Luca, soudainement bien sûr de lui, lève sa baguette et vise juste dans le dernier verre libre. Encore. C’est si énervant d’être parfait. Marquant le point de la victoire, un sourire narquois aux lèvres, l’italien déclare : « Faudra faire mieux que ça la prochaine fois. Bande d’amateurs. » Tiens tiens, la sincérité n’est pas si mal finalement. C’est presque gentil en plus, Luca les encourage à faire mieux après tout. Avec une aisance particulière, Luca avale les derniers verres de leur propre camp, ceux qu’ils n’ont pas réussi à viser, tout en dévisageant Harper, ravi de pouvoir enfin la quitter.

« Les effets de ta potion de paix durent combien de temps, Arondie ? » La tenancière le regarde d’un air amusé et dit : « Trois heures minimum, je dirai. » Luca hausse les sourcils et murmure : « Cazzo. » Ses pensées divaguent soudainement vers Théodora et il se heurte à une vérité troublante, s’il sort d’ici avant que les effets de la potion ne se dissipent, il va faire une connerie. Une grosse connerie. Il se dirige vers le bar, s’assoit sur une chaise et dit : « Un double Wiskey. » Les mains liées, Luca laisse l’alcool diriger doucement son cerveau, diriger doucement son cerveau. Il se sent pris au piège. Il jette un coup d’œil à Harper, restée près de la table où ils viennent de remporter la victoire. Où il vient de remporter la victoire. Ses yeux perçants la fusillant du regard, il se demande encore ce qu’Abi peut lui trouver, ce que Théodora peut lui trouver à lui. Ses pensées sont confuses, faute à l’alcool, faute à la potion ? Luca en sait rien ; la seule chose dont il est certain, c’est qu’il est troublé par les révélations d’Harper et il se sent soudainement bien confus.

Luca s’est démené comme un dingue pour que la partie soit écourtée. Si au début du jeu il avait trouvé le défi sympathique à relever, les règles d’Arondie l’avaient suffisamment refroidi pour vouloir stopper le désastre. Luca déteste se faire avoir et il est clairement tombé dans le piège infame de la tenancière en acceptant le deal mais surtout en buvant le shooter « de la paix » comme elle l’appelle. Ils ont gagné la partie, ils ont réussi à mettre au tapis les deux petits merdeux qui ont cru pouvoir battre Luca le beau rital, Luca le soiffard de service, Luca le drogué qui sait gérer sa boîte même un rail de coke dans le nez. C’était perdu d’avance pour eux. Surtout qu’Harper semble être une femme avec de l’expérience, l’expérience similaire à celle d’une alcoolique. Sérieusement, en tant qu’enseignante dans une prestigieuse école, en tant que directrice de sa maison, Luca s’était attendu à plus de retenue de sa part. Mais après tout, il avait mal jugé Abigail aussi au prime abord, n’imaginant pas un seul instant qu’il pourrait nouer une amitié presque sincère avec elle. Bien sûr qu’il dissimule à la jeune femme tout ce qui à trait à la Cosa Nostra, ne souhaitant pas l’embarquer dans ce monde bien trop compliqué ; elle a déjà suffisamment à faire avec le reste et si Luca apprécie autant Abi, c’est aussi parce qu’elle lui offre le moyen de s’évader du monde de la mafia, une relation qui n’est pas liée à celle-ci. Une vraie soupape pour Luca. Quant à Harper, Luca ne se souvient pas d’avoir dit à Abi de la demander en mariage, donc bon. Il se souvient lui avoir demander de mettre les choses au clair avec elle, tout comme lui devait mettre les choses au clair avec Théodora. Apparemment, pour Abi, mettre les choses au clair = demander en fiançailles une femme. C’est bon à savoir, Luca promet d’en prendre bonne note.

S’installant au bar, impatient que les effets de la potion se dissipent, Luca commande un verre de Whiskey-pur-Feu et attend patiemment. Trois heures, ça passe vite non ? Il lève les yeux vers l’horloge et jure. Cela ne fait que cinq minutes là ? Il soupire doucement jusqu’à sentir une présence s’installer auprès de lui. Mais qu’est-ce qu’elle lui veut encore, celle-là ? « Mais de quoi tu parles ? » demande-t-il doucement alors qu’elle commence à parler d’ours colorés dans un arc-en-ciel. Soit elle est plus pétée qu’elle n’en a l’air, soit elle est complètement folle. Luca s’imagine que c’est plutôt l’option numéro deux. « Vert. » Elle a dit d’annoncer la couleur, Luca le fait. C’est facile. Luca porte son verre à ses lèvres tandis qu’il écoute Harper lui déblatérer ce qu’il sait déjà : à savoir qu’ils se sont joués d’elle à la soirée de Poudlard, qu’ils ont fait ça pour rendre Harper et Théodora dingues de jalousie et que par chance, cela avait marché sur l’une des femmes. Théodora n’avait eu aucune réaction particulière et Luca s’est alors convaincu que c’est parce que la jeune comptable était bien trop chiante pour oser montrer que voir Luca aux bras d’une autre femme ne la laissait pas indifférente. Luca, lui, avait déjà exprimé le fait que cela ne lui plaisait pas de la voir dans les bras d’un autre lorsqu’il avait dégagé ce mec avec qui elle dansait sur la piste de danse du White Thestral. Putain, pourquoi Théodora est-elle si compliquée ? « Tu m’en veux sans me connaître, c’est ton droit. » Les mots d’Harper tourbillonnent dans la tête de l’italien une fois, deux fois, cinquante fois. « Si l'on doit se haïr explique moi pourquoi que je sois au fait et à la page de notre confrontation. » Luca fronce les sourcils, se contentant de boire une autre gorgée tout en l’observant. Il n’en a rien à faire d’elle, il n’en a rien à faire de lui donner des semi-vérités, il n’en a rien à faire de satisfaire sa petite curiosité. Mais ce qu’il sait, c’est qu’il n’en a pas rien à faire d’Abi.

Luca n’a pas revu Abi depuis plusieurs semaines, alors apprendre ainsi qu’elles étaient fiancées alors que la dernière fois qu’ils s’étaient parlés, les relations étaient encore tendues l’avait perturbé. Il n’a pas apprécié non, il aurait aimé qu’Abi le lui dise elle-même, surtout qu’il était -comme Harper l’a souligné- un peu à l’origine de ce revirement de situation dans leur couple. Alors que ces pensées le traversent, Harper s’excuse exactement pour cette raison. La scrutant attentivement, il demande : « Est-ce que tu es vraiment désolée ou c’est la potion qui te pousse à t’excuser ? » Il est amer. Une douce amertume. « Je ne te déteste pas Harper. » Quoi ? « Je ne te déteste pas vraiment. Pas pour les raisons que tu crois. Tu peux rien y faire, crois-moi. » Putain de potion de merde. « T’as raison, on se connaît pas. Mais j’ai vu dans quel état Abi était à cause de toi, ça m’a suffi en réalité pour forger mon opinion. » dit-il en haussant les épaules. « Je veux juste qu’Abi soit heureuse. » Il soupire : « Et si elle l’est avec toi, qu’est-ce que je peux bien y faire ? » Fais chier. Il continue : « Par contre, je te le dis gentiment parce que je peux pas le dire autrement à cause de cette merveilleuse potion qui coule dans mes veines, mais si jamais j’apprends quoi que ce soit qui me déplaît, je ne répondrai plus de moi. » Sous-entendu, je te casse la gueule Harper. Luca montre son verre à Harper et lui dit : « Tu sais, on est peut-être sous l’emprise de la potion, mais c’est pas pour ça que t’es obligée de me tenir compagnie. Je ne pense pas être d’une humeur propice à la sympathie ce soir, potion ou pas. » Luca détourne les yeux, n’ayant nullement envie de continuer cette discussion. Il termine son verre et demande : « Un autre. » Ce qu’il ne sait pas, c’est qu’Harper, c’est une putain de meuf têtue et qu’elle ne va pas décoller de là. Une vraie chieuse. La digne fiancée d'Abi, en somme.