Graviora manent

Date d'inscription : 12/04/2020

I'ma say all the words inside my head, I'm fired up and tired of the way
that things have beenSous-sol de Sainte-Mangouste, la morgue
A quelques jours de Noël 2020 || ROXI IVLe mois de décembre est désormais bien entamé, les fêtes de Noël approchent et le Directeur de Sainte-Mangouste n’a rien trouvé de mieux en cette période particulièrement difficile de convoquer d’urgence tous les chefs de service de l’hôpital et quelques médicomages émérites pour une réunion exceptionnelle. Lexi déteste les réunions exceptionnelles ; elle déteste tout ce qui n’est pas prévu dans son emploi du temps, elle déteste les tâches administratives et celles-ci en font bien parties. Se retrouver ainsi attablée en arc-de-cercle, entourée d’un nombre incalculable d’hommes aussi aigris que grincheux, Lexi le vit difficilement. Avant, lors de ses réunions, elle bénéficiait toujours du regard bienveillant et amusant de Phobos. Il avait gagné sa place depuis longtemps au sein du cercle très restreint des médicomages reconnus dans tout l’hôpital de part ses connaissances, ses compétences et son statut d’enseignant à l’Université. Il avait notamment fait partie de la première génération des professeurs à former les nouveaux élèves -dont Lexi- lorsque l’Université avait été créée. Lexi était sortie major de cette toute première promotion de ce nouveau système d’enseignement, grâce notamment à l'appui de Phobos. Son départ (ou plutôt son retour) pour la Grèce vers d’autres horizons professionnels a davantage affecté Lexi qu’elle ne l’aurait cru ; elle a perdu son mentor, son père de substitution, un ami sincère, un soutien indéfectible au sein de l’hôpital. Les murs des remparts qu’elle a toujours érigés autour d’elle pour ne pas qu’on vienne toucher et creuser au plus profond d’elle-même s’étiolent au fur et à mesure qu’elle perd le contrôle sur sa vie, sur ses relations aux autres. Et alors que le directeur lance le débat sur les nouvelles blouses autolavantes achetées par l’hôpital, Lexi lève les yeux au ciel, pas le moins du monde intéressée. Cela part en discussions insignifiantes et Lexi tourbillonne une de ses mèches de cheveux autour de son doigt, symbole de son ennui fracassant et incisif, prêtant peu attention aux propos d’un de ses collègues.

La voix grave de Dyer lui fait relever la tête ; elle déteste cet homme depuis son arrivée. Il a remplacé Phobos comme médicomage référent au service des pathologies des sortilèges ; raison symbolique pour le haïr. Toutes ses prises de parole agacent Lexi car au-delà du fait qu’elle ne peut s’empêcher de penser à Phobos lorsqu’elle le voit, son point de vue est tellement opposé à son prédécesseur qu’elle n'a qu'une seule envie : le massacrer. Elle a toujours gardé son aigreur pour elle mais son animosité à son égard semble parfois transpirer par tous les pores de sa peau. « Tout est à reprendre, les étudiants ont un niveau déplorable dans ce service, je ne sais pas comment celui-ci était géré avant mon arrivée mais… » Ta gueule. Ce sont les seuls mots qui ont envie de sortir de la bouche de Lexi alors que ses doigts viennent doucement se perdre sur la sangle de couteaux à sa cuisse. Celle-ci, invisible, permettait souvent à la jeune femme de se rassurer et de se calmer quand elle en avait besoin. Et là, elle en a besoin. Elle l’écoute critiquer les méthodes pédagogiques de Phobos, notamment en ce qui concerne la médecine moldue -sujet sur lequel Lexi l’a toujours beaucoup soutenu, ce qui a régulièrement provoqué des divisions importantes au sein de l’hôpital- et au bout d’un moment, elle ne peut plus réprimer son irritation. « Si vous sortiez un peu de votre service, Dyer, vous verrez que les moldus sont en avance sur la médicomagie sur bien des aspects. Même si je sais que seule la pathologie des sortilèges semble trouver grâce à vos yeux… » Il est vrai que pour un homme comme Dyer, le service de médicomagie légale que dirige Lexi -probablement le service le moins « magique » de l’hôpital- n’a probablement que bien peu d’intérêt. Lexi continue son exposé, donnant de nombreux contrexemples et attaquant chacun des arguments de Dyer. « Je vois que vous êtes toujours aussi… loyale Fawley. » Lexi regarde l’homme avec ses grands yeux et demande : « Plait-il ? » Dyer se redresse, dans une volonté évidente de se mettre en avant, en bombant le torse et en élevant la voix. « Retournez avec vos cadavres, ici, on traite de vrais sujets. » Le regard de Lexi s’assombrit et un sourire narquois s’installe sur ses lèvres. « Je tâcherai de m’en rappeler quand j’aurai votre corps refroidi sur ma table d’autopsie. » le menace-t-elle, un air de défi traversant ses prunelles ambrées tandis que Dyer se lève de sa chaise pour répliquer tandis que le Directeur tape du poing sur la table. « Il suffit ! » Dyer et Lexi continuent de se regarder en chien de faïence durant tout le long de la réunion et la jeune femme ne baisse pas les yeux un seul instant, trop fière, trop méprisante et suffisante pour daigner baisser le regard avant lui. Il brise le contact visuel lorsque la séance est levée et Lexi, satisfaite de ne pas avoir cédée, se lève un sourire moqueur sur les lèvres.

Lexi reprend le chemin du sous-sol dans un silence étourdissant, préférant le calme de l’escalier aux bruits des ascenseurs magiques. Elle pousse la porte et traverse le long couloir qui mène jusqu’à son bureau. Elle n’a pas fait deux mètres qu’elle entend des bruits de pas derrière elle. Elle ne se donne pas la peine de jeter un coup d'œil à son poursuivant et continue sa route, sans se préoccuper du nouvel arrivant jusqu’à ce qu’il hurle : « Fawley ! » Lexi serre les poings, agacée qu’il ose venir ici, dans son service, en terrain conquis, en beuglant si fort que c’en est insultant pour les morts. « Baissez d’un ton, vous allez réveiller mes cadavres. » dit-elle en appuyant bien sûr le mot qu’il a employé tout à l’heure pour qualifier ses patients sans se retourner, continuant son chemin, lui montrant par la même occasion sa condescendance. Il l’intéresse si peu qu’il ne mérite même pas qu’elle lui accorde la moindre importance et encore moins qu’elle perde davantage de temps avec lui. Il accélère le pas, elle l’entend se précipiter derrière elle et vient lui barrer le chemin. Lexi le laisse la prendre de haut, préférant dans un premier temps juger les forces en présence. Dryer est âgé d’une quarantaine d’année, l’ossature lourde, la carrure imposante et athlétique. Il semblait être taillé pour être batteur, peut-être l’a-t-il été. Il est plus grand qu’elle et la surplombe, ses yeux perçant s'attardant sur elle. Lexi garde le silence, observant et attendant, prête à dégainer l'arme la plus appropriée pour ce combat : le sarcasme ou le couteau ? Dryer choisit pour elle en disant : « On fait moins la maligne quand on est seule dans un couloir. Tu l’ouvres moins ta grande gueule. » Le sarcasme. D'accord. Lexi répond du tac au tac. « Dryer, je pense que j’ai du louper ce moment fugace mais pourtant intense où nous sommes devenus intimes vous et moi. » Non, Lexi n’apprécie pas qu’il la tutoie ainsi, la réduisant au simple rang de subalterne alors que techniquement, elle est même sa supérieure en tant que cheffe de service. Il sourit doucement, de manière graveleuse et Lexi semble comprendre où il veut en venir. « Tu aimes qu’on te tienne tête hein ? Avoue, ça t’excite. » Sa main se rapproche du visage de Lexi et il passe sa main dans sa chevelure; elle se tend soudainement, regardant toujours avec une intensité flamboyante cet homme qu’elle a envie de poignarder sur place. « Je vous demande de garder vos distances, Dyer. » Il se penche vers elle et lui murmure à l’oreille : « Tu n’as pas dit s’il-te-plaît… » Le couteau finalement. Sans crier gare, le pied droit de Lexi vient rencontrer l’abdomen de Dyer qu’elle repousse brutalement contre le mur du couloir ; elle attrape l’un de ses couteaux, toujours sous l’emprise du sortilège d’invisibilité et le loge au niveau de l’artère fémorale. « S’il-vous-plaît. » chuchote-t-elle. Dyer se tend à son tour en sentant la lame froide contre sa cuisse alors même qu’il n’est pas en mesure de voir quoi que ce soit. Il sait qu’il suffirait qu’elle frappe fort pour qu’il se vide de son sang. « Je pourrai te faire renvoyer pour ça. » Un sourire insensé s’installe sur les lèvres de Lexi qui lui dit alors tout bas : « C’est difficile pour un mec mort de faire quoi que ce soit... » Elle appuie la lame contre sa peau qui transperce son jean et du sang vient tâcher le vêtement. Dyer réagit enfin et Lexi bloque le coup de genou qu’il tente de lui donner, puis elle esquive un coup de poing puissant. Lexi peut voir la surprise dans son regard tandis qu’il ne s’attendait pas à se confronter à autant de résistance de la part de la jeune femme. Il redouble alors d’énergie et se jette sur elle. Lexi ne peut l’éviter et il la repousse violemment contre le mur d’en face. Lexi, bien que préparée à ça, ne peut pas résister à sa force et son dos encaisse le choc difficilement. Elle reprend rapidement ses appuis sur le sol mais elle n'est pas assez rapide, Dyer serre déjà ses mains autour du cou de la jeune femme. Elle commence à manquer d’air. Mais Lexi ne perd pas son sang froid et sans réfléchir, elle lui assène un coup de tête brutal et violent. La lueur visible dans ses yeux n’est pas humaine, quasi démente tandis qu’elle le repousse à nouveau à l’aide d’un coup de pied bien placé dans les bijoux de famille. Dyer se tient le nez -probablement fracassé duquel du sang s’échappe-, plié en deux en train de reprendre son souffle et probablement de prier pour que ses bourses s’en soient sorties vivantes. Lexi s’accroupit face à lui tandis qu’il la regarde, inquiet, surpris et fasciné à la fois, Lexi ne saurait expliquer quelle expression domine son visage. « Repensez à ce moment la prochaine fois que vous oserez me contredire en réunion. » Elle se redresse et lui crache au visage (métaphoriquement) : « J’vous ai à l’œil Dyer. Essayez encore une fois de me toucher et cette fois ma lame atteindra son but. » C’est une menace. Clairement.

Son couteau toujours à la main, celui-ci tâché du sang de Dyer, Lexi se dirige vers la porte de son service et place la lame dans sa bouche pour gouter le sang de ce connard. Elle sursaute en voyant Rory qui patiente -bien sagement- dans un fauteuil destiné aux familles qui attendent qu’on leur montre le corps d'un membre défunt. Il se lève et les yeux de Lexi sont irrémédiablement attirés par le sang qui a tâché sa chemise. Rien de grave. Même pas certaine que cela soit le sien, Lexi soupire et déclare : « Dégage Rory, j’suis pas d’humeur. » Simple, rapide, concis. C’est Lexi. Elle déverrouille la porte d’une des salles d’autopsie et balance avec précision le couteau encore invisible pile entre les deux yeux d’un schéma anatomique. Seul le trou dans le schéma indique que Lexi a bien atteint sa cible. Elle retire son pull, dévoilant son habituel débardeur noir et s’apprête à passer sa blouse blanche quand une ombre féline se faufile dans la pièce. Sans se retourner, elle dit : « Toi aussi tu veux un coup de pied dans les couilles ? » Elle n’a aucun doute sur le fait qu’il ait assisté à la scène. Un putain d’air de déjà-vu s’installe dans la pièce. Elle a l’impression de revivre la scène de la boutique, sauf que cette fois-ci, les rôles sont inversés.

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I was broken from a young age Le col de son long manteau noir relevé, Rory frotta vigoureusement ses mains l’une contre l’autre pour se réchauffer avant de décoller son dos du mur en briques contre lequel il prenait appui. Au fond de la petite allée du coeur de Londres, il guettait discrètement les fenêtres du dernier étage d’une vieille usine dans laquelle des travaux de réhabilitation avaient lieux. Quand un craillement familier se fit entendre, il sortit de sa poche un petit morceau de parchemin sur lequel une simple croix était tracée à l’encre rouge. Snoopy, sa corneille descendit en piquet du toit sur lequel il était posté et vint se poser sur l’épaule du jeune Barjow. Ce simple petit cri voulait tout dire. Depuis qu’il avait réussi son processus d’apprentissage pour devenir animagus, Rory avait avec le temps acquis une fine et indescriptible perception des langages que possédaient certains animaux. Sans complètement les comprendre, il était capable de déceler leurs émotions et interagir avec eux de façon plus intime. « Va porter ça de toute urgence à Connor, Snoop’. Tu le trouveras à la boutique. » La corneille se saisit dans son bec du bout de parchemin tendu et s’envola pour disparaître dans le ciel hivernal londonien. Pour patienter, Rory réajusta son noeud de cravate avant de sortir l’épaisse liasse de livres sterling qu’il gardait dans la poche interne de son manteau, contre sa baguette. 2300, 2400, 2500, 2600… Le compte est bon. A cet instant, un claquement sonore reconnaissable entre tous, pour une oreille aguerrie du moins, retentit dans un coin de l’impasse et une silhouette longiligne apparue. Immédiatement, Rory fronça les sourcils en rangeant les billets dans son manteau et pressa le pas pour se retrouver face au sorcier peu prudent. « Putain Connor t’es complètement con ou tu le fais exprès ?! » Il plaqua avec force son employé contre un des murs de l’allée avant de fixer le dernier étage du bâtiment qui était au centre de ses préoccupations depuis maintenant vingt longues minutes. « Monsieur Barjow je… » Commença Connor avant qu’il ne soit coupé par un sec. « Ferme ta gueule putain ! » Les yeux toujours rivés sur les fenêtres, Rory recula quand il vit deux ombres passer devant. Le moment était venu. Il se recula pour reprendre place au centre de l’allée, son regard sombre se porta sur le jeune homme qu’il dévisagea avec suffisance. « Je veux pas entendre le son de ta voix, c’est bien compris ? » Ce dernier se contenta de timidement hocher de la tête avant de se placer derrière son patron.

Deux silhouettes apparurent à quelques mètres de là, se dirigeant vers l’avenue centrale. « Smudgy ! » héla Rory sans bouger, ses mains glissées dans les poches de son long manteau, ce dernier ouvert pour laisser apparaître son costume impeccable. Un des hommes se stoppa, bientôt suivi du second. Son imposante silhouette se retourna et il s’approcha du jeune Barjow avec un large sourire malsain scotché aux lèvres. « Tiens tiens tiens… Qu’est-ce que tu fous là toi ? Dans cette tenue en plus, Monsieur Business man ! T’as pas peur de te faire racketter le sorcier ?! » Lui lança-t-il moqueur. Rory esquissa un sourire avant de baisser la tête un instant. « Smudgy… Voyons… » Souffla-t-il en relevant ses yeux sombres vers l’armoire à glace qui se tenait face à lui. « Toi et moi on sait très bien pourquoi je suis ici. Pourquoi tu m’obliges à venir jusqu’ici. En bon business man je suis venu honorer ma part du marché. » Pour accompagner ses propos, il sortit ses mains de ses poches et tapota contre son torse de sa main gauche, désignant la liasse de billets qu’il avait pour lui. Un long silence s’installa durant lequel ils se dévisagèrent avant que Smudgy n’éclate d’un rire glaçant. Il donna un coup de coude peu délicat à son acolyte avant de reprendre son sérieux. « On a ce que tu cherches ouai… » Le second homme sortit de de la poche de son manteau un petit sac en papier kraft, attendant que Rory en fasse de même avec l’argent. Ne se laissant pas intimider, un faible sourire se dessina sur ses lèvres et il lâcha avec amusement. « Voyons… Je suis pas si con ! » Smudgy s’empara du paquet qu’il fit glisser à même le sol aux pieds de Rory. A peine eut-il le temps de se pencher, qu’il entendit dans son dos un simple. « Je suis sûr il manque quelque chose comme la dernière fois. » Mais putain quel con ! Le ton monta instantanément. L’ancien Serpentard tenta de calmer le jeu comme il put, ramassant le sac qui était à ses pieds. Grave erreur. Alors qu’il se retournait vers Connor pour lui intimer de transplaner, une détonation tonitruante retentit dans l’allée. Merde ! Le contact du sang chaud giclant sur son visage lui fit fermer les yeux alors que sous l’impact de la balle venue se loger dans son épaule, Connor recula brusquement.

Ni une ni deux, d’un bref mouvement de poignet Rory fit sortir la lame fixée à son avant-bras, se baissa et pivota sur lui-même pour trancher le mollet gauche de Smudgy qui s’apprêtait à lui asséner un puissant coup de poing. Un cri perça l’air, le molosse s’effondrant sur le bitume et il en profita pour planter sa lame entre ses côtés. Afin de se débarrasser du tireur, Rory lança un sortilège informulé pour l’immobiliser. Le visage moucheté de sang, son col de chemise et son épaule gauche également tâchés par la giclée, Rory se redressa et poussa un profond soupir. « Regarde dans quel état ton idiot de bras-droit m’a mis. Tu sais combien coûte le pressing pour un costume et un manteau pareil ? » Alors que Smudgy cherchait dans sa poche son arme, Rory se pencha, repoussant sa main violemment et s’empara de l’arme. « C’est ça que tu cherches ? » Demanda-t-il avant de tirer dans la cuisse de l’homme de main, ayant pris la peine au préalable d’enchanter l’arme pour que cette dernière n’émette aucun bruit. Il se redressa, un large sourire plaqué aux lèvres, les gouttelettes d’hémoglobine sur son visage lui donnant un air fou. « La prochaine fois tu lui diras d’être un peu plus patient, ok ? En attendant, je garde tout ça moi. » Lâcha-t-il en désignant l’arme à feu et le sac en kraft plein qu’il glissa dans sa poche. Rory aida Connor à se redresser, et après un enchantement de dissimulation le guida à travers les rues de Londres en direction de Saint Mangouste. Il passa les portes et leva le sort afin que deux infirmiers viennent prendre en charge son employé. Rory leur expliqua rapidement ce qu’il s’était passé et après leur avoir assuré qu’il n’avait rien malgré le sang sur ses vêtements et son visage, l’héritier Barjow prit les escaliers en direction du sous-sol.

Sans vraiment réfléchir, il dévalait les marches à vive allure, retirant son manteau recouvert du sang de Connor pour finalement atteindre la morgue. C’était devenu comme un réflexe pour lui. Sainte-Mangouste était à présent inévitablement associée au sous-sol et à la belle médicomage qui y opérait. Ne se préoccupant plus de l’hémoglobine qui tâchait son costume et son visage, il poussa la porte de la salle d’attente et se retrouva face à une porte close. « Merde. » grogna-t-il avant de sonner. Pas de réponse. Un profond soupir d’agacement lui échappa tandis qu’il déposa son manteau sur l’une des chaises de la petite salle. Tant pis, il allait attendre. Espérant voir Lexi arriver, Rory sortit le sachet kraft de son manteau et en inspecta le contenu, un petit sourire satisfait illuminant ses traits quand un cri attira son attention. Fawley ? Intrigué, il s’avança sur le rebord de sa chaise, tendant l’oreille et fixant la porte restée ouverte de la salle d’attente. Des bruits de pas précipités puis plus rien. Les paroles qui suivirent eurent pour effet de réveiller une colère noire en Rory. C’est qui ce mec et de quel droit il lui parle comme ça ?! Il se leva lentement de sa chaise, la lame fixée à son avant-bras toujours sortie et empreinte de sang prête à être de nouveau utilisée. Appuyé contre le mur à côté de la porte, il bouillonnait intérieurement. Avoue, ça t’excite. Je vais le buter putain ! Rory passa à peine la tête par l’encadrure de la porte pour observer la scène. Quand il le vit la toucher, son sang ne fit qu’un tour. Prêt à intervenir, il fut stoppé dans son mouvement par la réaction de Lexi. Choqué, un large sourire sadique finit par naître sur ses lèvres à la voir le maîtriser et menacer ainsi. Putain… Subjugué de la voir si forte et dominante, il ne pouvait s’empêcher de la regarder avec envie, irrémédiablement attiré par sa combativité. Rory jubilait de la voir ainsi prendre le dessus mais déchanta bien vite quand l’homme se jette sur elle, quand il le vit l’attraper par le cou il esquissa un mouvement pour intervenir mais la réponse de Lexi ne se fit pas attendre. Un soupir de soulagement lui échappa quand elle lui asséna deux coups bien placés, toujours un peu plus séduit par sa fureur. Quelle lionne… A ses paroles, un large sourire illumina une fois de plus son visage moucheté de sang, se mordant la lèvre de jubilation. Il reprit place sur la chaise, entendant ses bruits de pas venir dans sa direction.

Quand ses prunelles sombres rencontrèrent celles ambrées de Lexi, il put y lire un brin de surprise mais surtout une colère noire. Logique hein… Pas le moins du monde refroidit par cet accueil glacial, il n’hésita pas une seconde à se lever, emportant avec lui sa veste pour la suivre dans la salle d’autopsie. Son regard s’arrêta sur le trou qu’elle avait formé sur l’un des schémas avec ce qui semblait être un couteau sous un charme d’invisibilité. Putain mais elle est tellement badass ça devient insensé là… Il inspecta les lieux avec une certaine fascination et un bref rire lui échappa à la question plutôt agressive de Lexi. « Sans façon, non. Et puis, je ne pense pas l’avoir mérité moi… » Une façon subtile de faire référence à la scène qui venait de se produire à tout juste quelques mètres de lui. Sensation de déjà-vu… Il se rapprocha d'une des tables sur laquelle le corps nu d’un jeune homme était allongé. Il inspecta brièvement les traces de contusions présentes sur son corps blême, ne pouvant s’empêcher pendant l’espace de quelques instants de s’imaginer à sa place. Rory finit par reporter son attention sur la médicomage visiblement furieuse qui lui faisait face, il leva alors son bras pour lui laisser voir l’épaisse lame tâchée de sang qui dépassait sous sa veste de costume et sa chemise. « Je peux finir le travail si tu veux… Comme ça je continue sur ma lancée, pour lui c’est juste une mauvaise rencontre au détour d’un couloir et toi tu n’es pas impliquée. Je fais ça par derrière, ni vu ni connu. En plus on est déjà dans un hôpital donc il sera rapidement pris en charge… Sauf si tu ne veux pas qu’on retrouve son corps, je peux m’arranger… » Tout en prononçant ces quelques paroles, il prit la direction du schéma sur lequel Lexi avait planté son couteau et vint le retirer, apprivoisant la lame invisible. Il fit glisser le plat de cette dernière contre le dos de sa main. A la vue du sang, un large sourire étira ses lèvres. Les images de Lexi malmenant son collègue lui revenaient en tête, accentuant ce rictus sadique alors qu’il commençait à jouer avec le couteau. La lame avait beau être invisible, sa dextérité et l’habitude lui permettaient de facilement le faire aller et venir entre ses doigts sans se blesser. « Cela dit tu peux te défouler sur moi si tu veux passer tes nerfs… Ou sur lui… » Lâcha-t-il en désignant du menton le corps du pauvre bougre allongé entre eux. Dans un mouvement habille, il attrapa la lame entre ses doigts et tendit à Lexi le manche du couteau au dessus du torse du jeune homme.

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A quelques jours de Noël 2020 || ROXI IVL’agacement, l’irritation. Voilà les émotions qui traversent Lexi alors qu’elle descend tranquillement jusqu’au sous-sol avec l’envie indécente de retrouver la quiétude de ces lieux. Ce n’est pas vraiment un hasard si les morgues sont quasiment toujours situées dans les étages inférieurs dans les hôpitaux ; Lexi y voyait là la volonté de dissimuler la crainte de tout un chacun : la mort. La jeune femme, plutôt à l’aise avec cette vérité inéluctable, n’est en réalité qu’une exécutrice du grand dessein de la vie, traitant les victimes et les défunts avec un profond respect qu’on ne pourrait définir. Pour autant, Dyer avait touché à l’essence même de son travail, l’essence même qui fait que Lexi apprécie les tâches qui lui sont confiées. Il avait annihilé l’idée que la médicomagie légale était une discipline à part entière, niant de manière très tranché son intérêt. Si la médicomage ne s’en était pas vraiment offusquée la première fois -après tout, chacun peut être libre de penser ce qu’il souhaite-, la répétition volontaire et virulente des propos dénigrants de Dyer sur son travail constituait pour elle un affront qu’elle ne saurait laisser passer. C’est la raison pour laquelle elle n’a pas pu tenir sa langue lors de la réunion tout-à-l’heure. Il ne dissimulait même plus son aversion à son égard et si Lexi n’avait que faire qu’il l’apprécie -elle-même le détestant par ailleurs-, qu’il dénigre son travail (et celui de Phobos par la même occasion) était autre chose. Peu importe, elle avait gagné le duel de regard, elle n’avait pas cédé, refusant de baisser les yeux montrant encore une fois à quel point elle savait être déterminée. Elle ne lâche jamais rien Lexi, jamais. Lorsqu’elle a une idée en tête, il vaut mieux être avec elle que contre elle, car dans ses moments-là, elle peut déchaîner autour d’elle une véritable tempête.

Pourtant, l’ouragan ne viendra pas d’elle aujourd’hui mais bel et bien de son collègue qui n’a probablement pas supporté l’humiliation et la leçon donnée. Sa manière de lui parler ne plaît pas du tout à Lexi mais elle garde son calme et son sang-froid, montrant encore à quel point elle lui est supérieure en tout point tandis qu’il s’abaisse à lui parler avec familiarité alors que rien ne l’y autorise. L’ancienne Serdaigle est maligne, intelligente, perspicace. Elle a toujours su tirer son épingle du jeu et faire croire à Dyer qu’elle est sans défense lui permet assez aisément de créer l’élément de surprise alors qu’il lui parle et qu’il la touche comme jamais quelqu’un n’avait osé avant. Lexi est dégoutée tandis que l’altercation se termine bien rapidement par quelques coups bien placés. Dyer est fort, certes, mais Lexi s’entraîne durement depuis des années avec l’attention toute particulière de Tobias, un combattant lui aussi impressionnant. Elle n’en était pas à son premier combat et Dyer, probablement surpris par son attitude féline et combative, s’est laissé surprendre bien aisément. Sa misogynie remonte au moins aux hommes des cavernes et Lexi n’a que faire de ces hommes qui ne pensent qu’avec leur phallus au point de vouloir assoir sa supériorité sur les personnes de l’autre genre. Peut-être que la douleur diffuse dans ses parties intimes lui rappellera que les femmes savent se défendre et qu’il vaut mieux pour lui qu’il évite de titiller davantage Alexis Fawley. Sa réputation n’est pourtant plus à faire dans l’hôpital ; il est connu de tous qu’il ne faut pas chatouiller la cheffe de ce service, peut-être que Dyer en avait fait une histoire personnelle.

C’est dans cet état d’esprit colérique que Lexi traverse les quelques mètres qui la séparent encore de son bureau. La surprise est de taille lorsqu’elle aperçoit Rory et le congédie aussitôt. La fureur qui l’anime déborde trop et elle ne veut pas se risquer à être blessante avec lui. Elle pénètre dans une des salles d’autopsie où l’un des corps l’y attend déjà. Lexi passe sa main dans sa crinière endiablée afin d’y remettre un peu d’ordre après l’altercation avec Dyer ; il convient d’être totalement désagréable avec Rory alors qu’il s’est faufilé là sans qu’elle ne lui en donne l’autorisation. Lexi croise les bras contre sa poitrine et soupire fortement, déjà las et excédée par son cynisme incisif qui touche pourtant juste. Il ne l’a pas mérité non. Du moins… « Pas encore. » dit-elle, énervée. La présence de Rory l’agace et elle n’a aucune idée du pourquoi. Elle serre les poings et s’appuie sur un des bureaux pour ne pas sombrer dans la folie tandis qu’elle scrute Rory observer le défunt installé sur la table d’autopsie. « Qu’est-ce que tu veux ? » demande-t-elle d’un ton sec et peu enclin à la discussion. Elle n’a vraiment pas envie de converser ni même de se forcer à être sympathique. Ce n’est vraiment pas le moment en réalité… Elle ignore la raison pour laquelle il est là, il n’est pas gravement blessé et Rory ne se déplace jamais jusqu’ici à moins d’y être contraint par la nécessité. Alors que fait-il là ? Quoi qu’il en soit, Lexi n’a aujourd’hui que faire des états d’âme ou des besoins de Rory Barjow, seule sa propre furie semble trouver grâce à ses yeux. Il lui montre sa propre lame imbibée d’un sang qui n’est de toute évidence pas le sien et Lexi lève les yeux au ciel devant tant d’imprudence. Lorsqu’il termine sa proposition -pourtant tout à fait honorable-, Lexi, irritée, s’esclame : « Parce que tu me crois pas capable de m’en occuper moi-même peut-être ?! » Si le secret de la mort du père de Tobias n’avait pas encore été ébruité jusqu’aux oreilles de Rory, c’est pourtant elle qui s’était occupée de faire disparaître le corps. En tant que médicomage et cheffe du service de médicomagie légale, qui d’autre qu’elle-même est la plus qualifiée pour cela ? ~~tu fais du mansplaining Rory boooooooouh~~. Rien ne semble permettre à la jeune femme de retrouver un semblant de calme. Afin d’éviter à son palpitant de lâcher, elle tente sans grande réussite de se concentrer sur l’homme mort dans l’espoir que la tâche mécanique d’auscultation du corps apaisera ses maux.

Elle ne prête absolument aucune attention à Rory jusqu’à ce qu’il s’adresse à nouveau à elle et qu’elle relève la tête, prête à houspiller contre lui mais les mots qu’il prononce la stoppent net. « Cela dit tu peux te défouler sur moi si tu veux passer tes nerfs… Ou sur lui… » Il lui tend le couteau toujours invisible et elle s’en saisit. L’hémoglobine qui a coulé sur celui-ci reste visible malgré le charme et Lexi porte à nouveau la lame à la bouche afin de s’abreuver du sang de son ennemi. Les yeux rivés sur Rory dont certaines gouttes de sang perlent elles aussi de divers endroits de son corps, une lueur étrange s’installe dans le regard de Lexi tandis qu’elle repense à sa proposition grotesque de tout à l’heure. « Passer mes nerfs… » murmure-t-elle, plus pour elle que pour lui. Elle lâche le couteau sur la table d’autopsie et contourne avec grande vigueur celle-ci. Elle empoigne Rory par sa chemise et le pousse avec une brutalité excessive contre les cellules réfrigérantes où dorment pour l’éternité d’autres défunts sorciers. Elle se colle à lui, leurs corps s’épousent et la lueur dans ses yeux se fait plus intense alors qu’elle regarde Rory, l’air sévère et que ses iris rencontrent ceux de son ami. Rien ne lui semble alors plus naturel que d’écraser furieusement ses lèvres contre celle du jeune homme, réclamant par la même occasion un moyen plus… intime de passer ses nerfs comme il l’évoquait. Ses mains viennent sans cérémonie défaire sa chemise glissée dans son pantalon et ses doigts investissent domicile sur sa peau marquée par les sévices. Cette peau qu’elle connait presque par cœur maintenant. Mais pas de cette manière. Il n’en avait jamais été question auparavant et le seul moment où Rory avait dépassé les limites, elle l’avait rapidement remis à sa place. Mais peut-être qu’il n’est plus de question de cela aujourd’hui alors qu’elle est passablement échauffée, dans un état quasi second et qu’elle a besoin de passer à autre chose. Ses lèvres se font plus pressantes, plus demandeuses de plus et elle arrache les boutons de la chemise de Rory avec une vigueur insoupçonnée. Elle lui plaît physiquement, elle le sait. C’était assez clair dans sa boutique. Alors Lexi profite de cette faiblesse du jeune Barjow pour la tourner à son avantage. Elle a besoin d’être dans le contrôle, elle a besoin d’être dans la maîtrise. Et alors qu’elle lui retire sa veste de costume qui s’effondre au sol, elle se sent puissante. Comme si un élan de vitalité nouveau venait de naître en elle et effacer les tourments antérieurs.

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I was broken from a young age Rory avait beau se repasser en boucle l'altercation qui avait eu lieu entre Smudgy et lui, il n'y voyait pas d'autres issues possibles. Depuis qu'il avait commencé à travailler sur le prototype d'e-bombe magique pour le compte de William Ombrage, ses relations avec son contact moldu s'étaient rapidement dégradées. Il faut dire que Rory avait usé et abusé de son lien avec le malfrat, n'hésitant pas une seule seconde à le manipuler à l'aide de sortilèges et autres bobards dont il avait le secret. Si cette fois-ci c'était Connor qui avait mis le feu aux poudres, la situation aurait pu dégénérer pour d'autres raisons bien plus futiles. Smudgy commençait à avoir des doutes sur ce mystérieux homme d'affaires appartenant au monde sorcier. Il se retrouvait mêlé à certaines histoires alors même qu'il n'avait rien à voir avec le domaine en question, s'intéressait à des sujets qui le dépassaient complètement tout ça pour systématiquement « faire son rapport » au sorcier outrageusement bien habillé pour tremper dans des histoires louches. Rory s'estimait donc heureux d'en sortir indemne et que Connor n'ait pris qu'une simple balle dans l'épaule. Cet abruti fini. C'est pas faute de l'avoir prévenu pourtant. De plus, c'était là l'excuse toute trouvée pour rendre une petite visite à Lexi. Pour une fois qu'il se trouvait à Sainte Mangouste et qu'il n'avait aucun service à lui demander ! De façon instinctive, il prit la direction de la morgue sous les regards médusés des quelques soignants qu'il croisait, tous persuadés que sous tout ce sang qui le recouvrait, une blessure grave devait être soignée. Toutefois, la prestance et l'assurance de l'héritier Barjow les dissuadaient de l'arrêter pour s'occuper de lui. Il faut dire également que la large lame tachée d'hémoglobine dépassant de sa manche gauche et contrastant avec le sérieux de son costume annonçait la couleur. Mieux valait ne pas s'approcher. Arrivé en terrain plus que familier, il ne put s'empêcher de pester quand il trouva porte close. Et si elle est pas de service aujourd'hui ?! Non. Une éventualité qu'il ne préféra pas concevoir et que son instinct confirmera en entendant le patronyme de Fawley beuglé plusieurs minutes plus tard dans le couloir.

Ce fut depuis la salle d'attente, caché derrière le mur qui le séparait du couloir que Rory assista à l'altercation entre sa médicomage préférée et un sombre abruti qu'il aurait bien étripé sur place. Cela dit, plus les échanges et les coups fusaient, plus le jeune Barjow doutait de moins en moins de la capacité de Lexi à finir le boulot elle-même. Bien qu'il n'avait jamais eu l'occasion d'assister à sa fureur, il la savait combative et forte en combat rapproché. Après tout, il en avait fait l'expérience lui-même il y a tout juste un mois dans la forêt interdite quand Lexi l'avait cloué au sol en un seul mouvement. Si à l'époque la surprise et sa blessure encore toute fraiche à la cuisse avaient clairement aidé la médicomage à le surprendre, force était de constater que face à un « agresseur » comme Dyer, elle pouvait faire des dégâts. Partagé entre admiration et crainte en fonction des renversements de situation, Rory finit par reprendre place sur l'un des sièges de la salle d'attente quand Lexi eut finit de donner une leçon à son collègue. L'air de rien, il releva ses prunelles sombres vers la jeune femme, lui accordant un très léger sourire innocent. Gueule d'ange qui contrastait avec la violence du sang tâchant son costume et souillant son visage. Un détail qui ne sembla pas retenir plus l'attention que cela de Lexi qui, à son habitude, lui cracha de foutre le camp. Ca va pas être si simple ma jolie. Bien loin de se laisser démonter, Rory se leva, son manteau sous le bras et la suivit jusque dans la salle d'autopsie. Déposant son manteau imbibé du sang de Connor sur l'une des chaises, il commença à scanner la pièce du regard, fasciné par tout ce qu'il s'y trouvait et notamment le corps d'un jeune sorcier. La « proposition » de Lexi eut pour effet de l'amuser, sa réponse encore plus. Pas encore... Sérieux ?! Je suis un tel boulet à ses yeux ?! Entre attaque de son égo et raillerie instinctive, Rory préféra se contenter d'hausser les épaules. Que pouvait-il répondre à cela ?! Lexi pouvait être aussi imprévisible que lui. Qui sait ce qui pourrait l'énerver encore plus au point de l'attaquer ?! Quand elle l'interrogea sur la raison de sa présence, il détourna le regard avant de répondre de façon distraite. « Je passais dans le coin, je me suis dit que j'allais venir te voir... » Il n'allait décidemment pas lui parler de l'incident avec Smudgy, du moins pas tant qu'elle était aussi furieuse. Si elle le trouvait de base irresponsable à se fourrer dans des situations dangereuses, que pourrait-elle trouver à dire s'il lui apprenait qu'il traitait avec la mafia galloise pour un projet secret ?!

Rory préféra ainsi évoquer la possibilité de l'assister sur le cas du collègue un peu trop gênant. Après tout, s'il pouvait s'occuper de cas de moldus et sorciers devenus « de trop », un médicomage ne faisait aucune différence. Pas le moins du monde surpris par l'agressivité de sa réponse, il se saisit d'un bout de tissu qui trainait par là et s'en servit pour scrupuleusement nettoyer la lame avant de la replacer dans le mécanisme qui la dissimulait le long de son avant-bras. « J'ai bien vu que tu n'avais pas besoin de mon aide pour le maîtriser et lui donner une bonne leçon... Même si j'aurais préféré que tu l'égorges je dois dire. C'était pour te donner un alibi, c'est tout. » conclut-il avant de reporter son attention sur le couteau lancé par Lexi à leur entrée dans la salle. Il le décrocha du mur, essuyant une partie du sang de la lame sur le dos de sa main avant de le tendre au dessus du corps étendu sur la table d'autopsie qui les séparait. Quand elle récupéra son couteau, un bref sourire vint étirer ses lèvres en la voyant goûter au sang de la « victime » avant d'abaisser ses prunelles sombres sur le pauvre bougre qui assistait à la scène. Son regard s'accrochait aux plaies plus ou moins profondes qui recouvraient son corps, se reconnaissant dans certaines d'entre elles. Alors qu'il porta son attention sur son visage, ne pouvant que s'identifier au sorcier de part leur jeune âge et les marques qui lui avaient coûté la vie, il entendit à peine le murmure de Lexi. Ce fut quand elle lâcha le couteau sur la table et sa mise en mouvement qui l'interpella. Incrédule face à sa détermination et son air... Etrange il fronça les sourcils quand elle l'attrapa par le col, le poussant violemment contre les cellules réfrigérantes dans son dos. Bien loin de s'attendre à une telle brutalité de sa part, il ne lui opposa aucune résistance, littéralement paumé et pris au dépourvu. Putain mais elle va me défoncer en fait, qu'est-ce que j'ai pas dit. S'attendant au pire, sa confusion s'intensifia quand Lexi vint se coller à lui, leur corps s'épousant outrageusement bien. A ce contact pressant, son myocarde s'emballa plus que de raison, accrochant son regard pour y chercher désespérément une explication à son comportement. Alors qu'il s'apprêtait à lui demander à quel jeu elle était en train de jouer, ses lèvres venant se presser contre les siennes le dissuada de tout questionnement, faisant par la même occasion manquer un battement à son pauvre coeur déjà bien confus. ... Durant une fraction de seconde, Rory resta complètement immobile, incapable de comprendre ce qui se passait.

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A quelques jours de Noël 2020 || ROXI IVRory tombe mal. Vraiment mal. Lexi n’a aucune envie d’être désagréable avec lui mais alors qu’elle l’envoie bouler et qu’il persiste, elle sait qu’il n’y échappera pas. Cela débute par une première remarque acerbe et sarcastique. Lexi espère secrètement qu’il va s’énerver contre elle pour qu’ils puissent s’engueuler et qu’elle ait un moyen légitime de passer sur lui sa fureur. Mais Rory n’a pas l’air de cet avis, au contraire, il tente plutôt d’apaiser les choses et comme à son habitude -du moins quand tout est plus ou moins ordinaire-, il reste courtois et sympathique. « Ouais bah t’as pas choisi ton moment. » Lexi grimace, secoue la tête, ses yeux sont assombris par sa colère et elle ne parvient pas du tout à dissimuler sa rage. Pourtant après la réunion, elle ressentait un profond sentiment de satisfaction d’avoir su rester narquoise et suffisante alors même que Dyer avait perdu son sang-froid. Mais l’altercation dans le couloir avait remis le feu aux poudres et Lexi était furieuse qu’il se soit ainsi déplacé jusque dans son territoire pour l’humilier. Malheureusement pour lui, en tant que nouvel employé, il n’avait peut-être pas bien mesuré à qui il avait à faire. Lexi travaille à Sainte-Mangouste depuis maintenant sept ans et sa réputation n'est plus à faire. Déjà auparavant, en tant que simple médicomage, elle était intransigeante, remettant parfois à leur place certains collègues plus âgés et en poste depuis des années. Mais lorsqu’elle a été promue cheffe de service, cette notoriété et ce caractère tranchant et tranché avait dépassé le cercle restreint du service de médicomagie légale pour briller dans tout l’hôpital. Lexi le sait, les étudiants la craignent pour la plupart d’entre eux -Helios fut l’une des rares exceptions- et personne ne comprend sa manière de fonctionner. Tant mieux, Lexi déteste paraître prévisible alors même qu’elle s’évertue tant bien que mal à garder le contrôle sur tous les aspects de sa vie. Alexis Fawley est une vivante contradiction, l’ambivalence à l’état pur. Et elle aime entretenir cette position de femme froide et inaccessible parce qu’elle déteste devoir faire la conversation et prétendre d’être quelqu’un qu’elle n’est pas. Elle l’a compris récemment avec Soledad. Le passé est loin derrière elle maintenant, Lexi doit vivre avec ses propres démons sans chercher à imaginer pouvoir changer.

« Bah vas-y, te gêne pas surtout ! » clame-t-elle, colérique et désabusée lorsque Rory s’empare d’un torchon pour essuyer la lame de son arme qu’il replace tranquillement dans son avant-bras. Tout est excuse pour le rabrouer et lui faire comprendre que sa présence n’est pas souhaitée. N’est pas souhaitable. Lexi sait qu’elle ne parviendra pas à calmer le volcan qui bouillonne en elle, et encore moins lorsqu’il sous-entend presque tacitement qu’elle n’est pas capable de s’occuper de Dyer elle-même. « Merci de le reconnaître, tu m’as pas donné cette impression. » Le ton toujours aussi sec, aussi agressif. « Si je me mets à buter tous les gens qui m’irritent, il ne va plus rester grand monde dans ce putain d’hôpital. » dit-elle pour clore le débat sur le sujet. Cette colère, incroyablement contenue durant la réunion, déborde de plus en plus, telle une bombe à retardement et Lexi cherche un moyen de s’en extraire, de s’en défaire. Quelles sont ses possibilités ? Le lancer de couteau est la plupart du temps un de ses moyens de prédilection pour se détendre ou se calmer. Mais balancer celui-ci sur un des posters d’anatomie n’avait nullement éteint la lave brûlante qui tente de s’échapper d’elle. Autre solution ? Il y a bien évidemment le sport, les entraînements physiques auxquels elle s’adonne plusieurs fois par semaine et qui lui permettent entre autre chose de se défouler. Mais aussi de prendre du recul sur les évènements de la semaine, sur ces petites contrariétés disséminées ça-et-là qui accumulées les unes aux autres contrarient la rouquine au point d’être totalement crispée. Mais Lexi est de garde pendant encore quatre heures, c’est exclu. Et sinon ? Le sexe est également un bon moyen de passer du bon temps et d’oublier pendant un temps l’horrible machinerie administrative de l’hôpital ou l’incompétence de ses collègues et subordonnés. Joindre l’utile à l’agréable avait régulièrement offert à Lexi une soupape de décompression. Mais ces derniers mois… il faut dire qu’avec les conneries de Kesabel et le départ de Phobos, Lexi n’avait plus que le sport et les couteaux pour se détendre.

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I was broken from a young age Assister à la fureur de Lexi était une nouveauté de taille pour Rory. Bien qu'habitué au tempèramment de feu de la jeune femme et à ses remarques acerbes jamais très agréables, il la savait comme ça. Chacun de leurs moments passés ensemble avaient toujours été marqués par cet esprit. Les petites piques pleuvaient sans retenue, devenant avec le temps marque de l'affection et de la confiance qu'ils avaient réussi à établir entre eux. Aujourd'hui changeait cependant la donne. La fureur de la jeune médicomage était telle qu'elle tentait de l'éloigner. Rory connaissait le petit jeu auquel elle se livrait. Chercher à le provoquer, à l'énerver pour qu'il cède et perde son sang froid. Il y avait été si longtemps confronté qu'il le voyait arriver à des kilomètres à la ronde. A la fois instigateur et victime de cette technique insidieuse, il n'avait toutefois pas envie de jouer à ce petit jeu dangereux avec elle. Répondre à ses provocations par la colère, la violence... Pas avec elle. Pas avec Lexi. Si d'ordinaire il n'aurait pas cherché à comprendre et aurait foncé droit dedans, se formalisant peu des sentiments et des impacts sur sa relation avec la personne concernée, il refusait de compromettre le lien qui l'unissait avec Lexi. Récemment les choses étaient devenues un peu plus complexes entre eux, il n'allait pas en rajouter une couche. Entre sa crise cardiaque, son éloignement, les disputes et les confidences, briser cette nouvelle confiance et tout ce qu'elle avait apporté était inenvisageable pour Rory. Une résolution qui n'allait pas tenir bien longtemps, du moins pas face aux gestes de Lexi. Pour l'instant, il se contentait de rester agréable, peu enclin à se disputer. Rory se formalisa peu de sa remarque quand il lui exposa la raison de sa venue et préféra ne pas lui donner du grain à moudre quand elle s'agaça qu'il essuie sa lame avec l'un des torchons présent dans la salle. Un peu de sang extérieur n'allait pas faire de mal ! Ce n'était pas comme si les cadavres risquaient l'infection, si ?! Rory était déterminé, il savait que l'objectif premier de Lexi était de le repousser, le faire fuir pour déchaîner seule sa colère. Bien décidé à l'aider, il semblait toutefois que sa proposition ait été formulée de façon maladroite. « Désolé. » souffla-t-il simplement quand il comprit que ses propos ne reflétaient pas sa pensée avant qu'un petit rire amusé ne lui échappe. « Effectivement, il ne vaut mieux pas alors. » C’est sûr. Sur ce point là, Lexi et Rory se ressemblaient. Peu de personnes trouvaient grâce à leurs yeux, peu pouvaient prétendre les intéresser et susciter une autre émotion que l'exaspération ou l'agacement. Raison pour laquelle le jeune Barjow avait très rapidement préféré se cantonner à l'arrière boutique, laissant Beurk s'occuper de l'aspect commercial.

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A quelques jours de Noël 2020 || ROXI IV

Sans plus de cérémonie, elle se détache de lui et se relève. Un souvenir visqueux de leurs ébats glisse le long de ses cuisses et Lexi attrape sa baguette magique laissée dans sa veste pour faire un brin de toilette intime avant de renfiler sa culotte. Alors qu’elle se rhabille, elle sent le regard brûlant de Rory dans son dos mais elle ne s’en formalise pas ; ils viennent de s’envoyer en l’air, elle ne va pas faire la mijaurée. Elle lui lance ses affaires récupérées sur le sol et regarde son reflet dans les cellules réfrigérantes en acier. D’un geste très sûr et maîtrisé, elle attrape un crayon à papier et entortille sa chevelure en un chignon déstructuré. Ses lèvres sont encore enflées de leurs ébats et elle se dirige vers le bureau afin d’enfiler sa blouse restée sur le porte-manteau. D’un coup de baguette, les dossiers et divers rapports reprennent place sur l’un des coins du bureau. Elle se dirige ensuite vers un des lavabos et commence le lavage scrupuleux de ses mains et de ses avants bras, jusqu’aux coudes. L’hygiène est très importante dans le cadre de la médicomagie légale et Lexi tient beaucoup au protocole. Surtout lorsqu’elle vient de s’envoyer en l’air avec l’un de ses amis juste à côté d’un de ses patients aux paupières à jamais fermées.

Lorsqu’elle a terminé, Lexi se dirige ensuite vers le centre de la pièce, sur cette table d’autopsie où elle replace religieusement les jambes du défunt, jambes qu’elle avait sommairement poussées sans s’en préoccuper davantage. Elle attrape la sangle où sont toujours accrochés ses couteaux. Le sortilège d’invisibilité s’est levé lorsque Rory a détaché la sangle (c’est ainsi que Lexi évite de perdre ceux-ci en oubliant où est-ce qu’elle les a posés). Elle raccroche celle-ci à sa cuisse droite et constate qu’une des lames est encore souillée du sang de l’apothicaire ; elle sourit insolemment en passant à nouveau la lame sur ses lèvres, nettoyant celle-ci. Elle frissonne à nouveau et ferme une seconde les yeux avant de se tourner vers Rory qui n’a pas vraiment bougé. « T’avais besoin de quelque chose en particulier ? » Elle s’avance vers le macchabée et consulte rapidement le dossier accroché sur la table d’autopsie. Elle griffonne un schéma rapide des lésions extérieures visibles sur l'un des parchemins avant de faire venir à elle son tabouret et une des tables avec des ustensiles qu’elle stérilise à l’aide d’un sortilège. La partie peut commencer.

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Alors que Lexi se redresse et commence à se rhabiller, il ne peut s’empêcher de la fixer, à la fois perplexe et… Déçu ?! MAIS BORDEL DE MERDE TU T’ATTENDAIS À QUOI DE SA PART EXACTEMENT EN FAIT ?! Il attrapa les affaires qu’elle lui lança. Il était temps de partir. Voilà ce que cela signifiait à ses yeux. Elle avait eu ce qu’elle voulait de lui, s’était servie littéralement de lui pour calmer ses nerfs et maintenant que c’était fait, sa présence n’était plus nécessaire, n’était plus voulue. Il glissa de sur le bureau alors que par un sort elle rangea les affaires qui avaient échoué au sol. Bah ouai, elle peut pas être plus clair là ! Il enfila ainsi son caleçon, attendant de façon presque inespérée un geste de sa part, une parole. Quelque chose… Rien. Lexi s’évertuait tant bien que mal, ou pas aux vues de la façon dont elle reprenait l’air de rien ce qui avait l’air d’être son train train habituel, à l’ignorer. Un peu désabusé, il enfila à présent sa chemise, prenant le temps au préalable par un sort de la nettoyer ainsi que son visage. Sa cravate, son pantalon et bientôt sa veste suivirent. Alors qu’il prenait la direction de la chaise sur laquelle il avait posé son manteau en entrant, Rory prit le temps de se recoiffer, plaquant ses mèches sombres sur son crâne. Il reprenait l’allure du business man que tous connaissaient. Tout en enfilant ce dernier bout de tissu, les paroles de Lexi finirent d’achever le peu d’espoir qu’il avait de ne pas être un simple jouet dont on dispose à ses yeux. De dos, il baissa brièvement la tête avant de reprendre contenance, lui faisant face, les mains dans les poches. D’un côté il serrait l’arme à feu de Smudgy, de l’autre le précieux sachet en papier kraft qui contenait son butin du jour. En silence il l’observa faire et hésita presque à partir sans lâcher le moindre mot. Elle semblait si concentrée, à quoi bon ?! Tu n’as que ce que tu mérites Barjow… Pourquoi toi plutôt qu’un autre ferait la différence ?! Soit réaliste un minimum. Si elles cherchent toutes tes « prouesses » sexuelles plutôt que ta compagnie, pourquoi elle ferait exception à la règle ?! Tu n’as pas d’autre utilité à ses yeux. A la fois furieux contre lui-même pour avoir été aussi bête et déçu de constater qu’elle était comme toutes les autres, il finit par lâcher un simple. « Non. » Froid, bref et concis. Dire qu’elle en avait même oublié ses paroles précédentes. Lui qui était venu passer du temps avec son amie, voilà comment il était reçu. Mieux vaut tard que jamais pour s’en rendre compte, non ? Il finit par prendre la direction de la porte de sortie, lâchant simplement. « Faut que j’aille vérifier l’état de mon employé, ils doivent en avoir fini avec lui. » Rory passa les portes de la salle de la morgue et partit rejoindre les escaliers qui allaient le mener jusqu’à Connor. Pas d’au revoir car après tout, cela paraissait évident que Lexi n’allait plus solliciter ses services maintenant.

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A quelques jours de Noël 2020 || ROXI IVAlors qu’elle reprend contenance, Lexi se demande comment la situation a pu évoluer en quelques instants. Après tout, elle était là, furieuse, colérique, de mauvaise humeur après l’altercation avec Dyer ; d’ailleurs, en y songeant, ce n’est pas l’altercation en elle-même qui l’a mise dans cet état second mais bel et bien ce qu’il représente en tant que personne. Un homme qui n’est pas Phobos, tout simplement. Et cela suffit bien largement à Lexi pour le haïr et être furieuse contre lui, surtout après les propos diffamatoires et rétrogrades qu’il a tenus en réunion puis dans le couloir. Lexi déteste être rabaissée au simple rang d’objet ou même de femme. C’est une guerrière, une femme indépendante et de caractère qui ne se laisse pas marcher sur les pieds ainsi. Et maintenant, une dizaine de minute plus tard, elle est détendue, calme, satisfaite. Grâce ou à cause de Rory ? Elle l’ignore mais alors qu’elle se recoiffe tranquillement dans le reflet argenté des cellules réfrigérées, Lexi se sent véritablement mieux, comme si toute la tension venait de s’échapper de son corps. Elle le sait, ce n’est qu’une réaction mécanique et physiologique à la libération des endorphines causées par les deux orgasmes qui viennent de l’ébranler. Toute cette situation était excitante, nouvelle, presque défendue. Ce n’est pas la première fois qu’elle s’envoie en l’air sur son lieu de travail, elle a toujours trouvé cela extrêmement grisant et galvanisant d’être dans un endroit qui compte pour elle ; un lieu froid, presque sans âme et pourtant qu’elle affectionne tout autant. Mais avec Rory ? Lexi ne saurait expliquer ce qui lui a pris, elle ne saurait expliquer pourquoi elle a elle-même dézingué les barrières toujours dressées entre eux deux alors qu’elle les avait rebâties avec fureur dans la forêt interdite. Peut-être parce qu’elle pensait que c’était ce qu’il souhaitait. Après tout, dans son arrière-boutique, il avait eu ces gestes presque déplacés, cette volonté toujours incessante de la toucher ou d’être proche d’elle que Lexi avait interprété comme étant un jeu et dans lequel elle s’était empressée de s’engouffrer. Peut-être pour s’amuser un peu ou pour le déstabiliser, ce n’est pas très clair pour elle.

Lexi se contente alors de réaliser des gestes mécaniques simples. Se rhabiller, se recoiffer, se laver les mains, consulter le dossier. Tout ce qui permettra à Rory de ne pas se sentir emprisonné par ce qu’il vient de se passer. Les deux jeunes gens n’ont pas du tout la même conception des relations sexuelles et Lexi le sait bien. Si elle se satisfait de quelques relations privilégiées triées sur le volet, Rory n’a jamais dissimulé son indépendance sexuelle et la revendique même comme étant quasiment un trait de sa personnalité. Les conquêtes s’enchaînent, jamais les mêmes et Lexi n’a pas envie que le fait d’avoir couché avec elle modifie leur relation. Alors elle fait ce qu’elle sait faire le mieux : conserver son attitude inexpressive, froide, calculée. Elle ne laisse rien paraître de ses émotions alors qu’elle examine le corps du défunt allongé sur la table tout en lui demandant s’il nécessitait quelque chose. Après tout, il était bien là pour une raison ? Un onguent peut-être ? La simple envie de lui dire bonjour ? Lexi n’en sait rien mais relève la tête doucement lorsqu’il lui dit Non, sans ajouter rien d’autres. Elle arque un sourcil lorsqu’il dit aller s’enquérir de l’état de son employé. C’était donc cela le sang sur son manteau et sur sa chemise… Probablement encore une mission dangereuse qui a mal tourné. Lexi lève les yeux au ciel en imaginant Rory s’être encore fourré dans des aventures rocambolesques mais un sourire en coin s’installe sur ses lèvres, cela fait partie de son charme également ; son côté insouciant. Il quitte les lieux bien précipitamment et la jeune médicomage fronce les sourcils. Il doit être terriblement inquiet pour s’en aller si vite…. Elle se lève soudainement et pousse la porte avec son pied pour ne pas contaminer ses mains désinfectées. « Rory. » dit-elle alors qu’il s’apprêtait à rejoindre le couloir. Il s’arrête et alors qu’il se retourne vers elle, elle lui dit simplement : « Bonne journée. » Elle retourne ensuite à ses occupations, prête à se perdre dans les méandres de son travail. Mais la tâche n’est pas si simple car à peine Lexi assise sur son tabouret, le scalpel à la main, tout lui rappelle ce qu’il vient de se passer. Que ce soit le frottement de la sangle de ses couteaux sur sa cuisse lorsqu’elle bouge, la vision des cellules réfrigérantes et du bureau, la délicieuse douleur des griffures sur sa peau. Oui, tout lui rappelle Rory.

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