Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Un craquement retentissant vint briser le silence qui régnait dans les bois de Loutry Ste Chaspoule. A l’instant même où ses pieds se posèrent sur le sol sylvestre, une nuée d’oiseaux, effrayée par son entrée tonitruante, s’envola en quête d’un nouvel abris pour la nuit. Le soleil ayant tiré sa révérence depuis un moment déjà, Rory savait qu’il était en retard. Une de ses grandes habitudes : se faire désirer aux soirées mondaines de sang-purs. Une spécialité qui lui avait valu de nombreuses, et parfois douloureuses, remontrances de la part de Barjow père. A présent maître de ses décisions, il prenait un malin plaisir à tester jusqu’à quelle heure il pouvait arriver sans créer de scandale. 2h30. Voilà la limite qu’il avait observée.
Il sortit sa baguette et en un sortilège, son apparence se modifia pour prendre celle d’un renard roux aux oreilles blanches. Trottinant sur le sol humide la forêt, il rejoignit rapidement le parc de la demeure qui les accueillait pour la soirée. Discrètement, Rory se faufila à l’arrière du fastueux manoir, en profitant pour observer par les grandes fenêtres tout le gratin massé au rez-de-chaussée. Que des têtes qu’il avait de près ou de loin fréquentées, principalement des adhérents à la pureté du sang et toutes ces conneries. Pourquoi y allait-il ? Très bonne question… A vrai dire, même lui n’était pas vraiment capable d’y apporter une explication claire. L’ennui peut-être ? La curiosité aussi… Un mélange des deux pour être honnête. Il avait surtout besoin de se changer les idées et une soirée mondaine était idéale. Entre potins dont il pourrait se délecter, mensonges, tromperies et méfaits en tout genre, c’était typiquement ce qu’il lui fallait.
Arrivé à l’arrière, il s’arrêta contre le mur de la large terrasse et reprit forme humaine. Il resserra son noeud papillon, s’assura de ne pas être décoiffé et monta les marches menant à la terrasse. Un elfe de maison passait par là, transportant un plateau rempli de coupes de champagne. Rory n’hésita pas une seconde pour s’emparer d’une d’entre elles qu’il vida dans la seconde et se resservit immédiatement. Après tout, il fallait faire croire qu’il était là depuis le début. Il passa les portes vitrées menant au salon de réception afin de se joindre aux festivités et surtout se mettre au chaud. Le contraste était saisissant. Un brouhaha constant emplissait la vaste pièce puissamment éclairée par une myriade de bougies flottant au plafond. Les invités, tous parés de leurs plus beaux habits, formaient des petits groupes, coupe de champagne dans une main, petit four dans l’autre. Ça discutait, rigolait, argumentait. Ça ennuyait déjà profondément Rory qui engloutit sa coupe pour en reprendre une.
En un seul coup d’oeil de la pièce, un visage qu’il appréciait tout particulièrement se démarqua de tous les autres si tristement familiers : Rose. La jeune femme était un peu comme sa partenaire de mondanités. Celle avec qui ce genre d’événements devenait à la fois intéressant et amusant. Si avec les années leur relation était devenue moins innocente et plus complexe que durant leur jeunesse, il n’avait jamais cessé d’apprécier la compagnie de la Cartwright. Un sentiment qu’il savait être bien plus mitigé du côté de sa comparse. Bien déterminé à s’amuser ce soir là, Rory réquisitionna un des plateaux couvert d’une nouvelle tournée de flûtes pleines qu’il entreprit de vider. Alors qu’il était à mi-parcours, il se fit alpaguer par un de ces vieux schnocks dont il oubliait constamment le nom. « Barjow ! Où étiez-vous passé mon brave jeune homme ?! Regardez moi ça comme vous êtes ravissant ce soir ! » s’exclama-t-il en tapotant mollement son épaule, un large sourire guilleret, presque innocent étirait, ou du moins déformait, ses traits gommés par l’âge. Ô l’innocent. « Très cher ! » hurla Rory, ce qui eut pour effet de faire sursauter le pauvre vieillard. « Je ne peux pas en dire autant pour vous mais vous êtes bien aimable ! » continua-t-il avec un immense sourire figé, ses mains venant dépoussiérer les épaulettes de son interlocuteur. Un peu décontenancé, ce dernier tenta de sauver la face alors que quelques rires amusés autour d’eux se faisaient entendre. Un bref rire faussement amusé lui échappa avant de poursuivre, bien décidé à creuser sa tombe tout seul. « Mais dites-moi, où se trouve votre charmante fiancée mon petit ? Je ne l’ai pas encore vue ce soir ! »Du.Pain.Béni. « Oh ! Vous ne l’avez pas vue ? » « Non mon petit. » « Ça alors, si vous ne l’avez pas vu comment diable vais-je pouvoir savoir à quoi elle ressemble ?! » Décontenancé, le vieux papi resta un peu interdit, ne sachant quoi lui répondre. Rory se fit ainsi un plaisir de continuer. « Je ne savais pas qu’on m’avait attribué une fiancée pour ce soir. Si vous la voyez vous serez un amour de bien vouloir me l’apporter ?! Je dois avant toute chose m’assurer qu’elle sera bien à mon goût. Vous me comprenez, pas vrai ?! » conclu-t-il en lui faisant un petit clin d’oeil salace, accompagné d’un coup de coude.
Une partie des regards environnants étant portés sur eux, le vieux sorcier lui sourit pour toute réponse avant de s’éclipser, prétextant aller se servir à l’autre bout de la salle. Quel vieux con. Rory finit d’avaler une coupe de champagne qu’il remplaça par une pleine avant de prendre la direction du groupe dans lequel se trouvait Rose. Immédiatement il s’immisça entre les différents sorciers pour se placer à sa gauche. Il salua poliment et élégamment tout le monde avant de finir par elle. « Bonsoir miss Cartwright, permettez-moi de vous dire que vous êtes resplendissante ce soir. » lâcha-t-il avec un large sourire malicieux, les yeux pétillants déjà sous l’effet de l’alcool. Il resta parmi le groupe quelques dizaines de minutes, participant de façon distraite au début si bien qu’il n’avait pas la moindre idée de ce dont il était question, s’ils avaient changé de sujet et depuis combien de temps il était là. Sa seule unité de mesure était le nombre de coupes de champagnes et petits roulés à la saucisse qu’il engloutissait par minute. Très rapidement, au final à peine de 12 minutes après s’être introduit dans le groupe, il murmura à l’oreille de Rose, prenant appui subtilement sur elle sous l’effet de l’alcool. « Je te parie que tu n’es pas capable de me rejoindre au bas des escaliers de la terrasse avec plus de petits apéritifs que moi… Tu as 10 minutes ! » Sur ces mots il s’excusa poliment auprès des membres de leur cercle et parti en quête de victuailles pour accomplir sa mission.
Une coupe de champagne. Des roulés à la saucisse dans la poche. Des feuilletés dans l’autre. Des minis cakes au crabe. Une coupe de champagne. Un peu plus de roulés à la saucisse. Des nems miniatures. Quelques minis pizzas. Une rasade de gin. Des bouchées au saumon. Une poignée de noix caramélisées et le voilà arrivé en cuisine. Un large sourire satisfait étira ses lèvres en voyant les quelques elfes de maison s’y affairant et tous ces plateaux qui se remplissaient par eux-mêmes. Sans ménagement et en dépit des nombreuses protestations des elfes, Rory se fraya un chemin jusqu’à l’îlot central de la cuisine, prit un plateau sur chaque main et sortit par la porte arrière de la cuisine. L’air frais du mois de novembre le frappa en plein visage, le stoppant dans son élan pendant l’espace d’un instant. Il frissonna puis reprit son chemin pour gagner le point de rendez-vous. Son butin dissimulé à l’abris des regards, il retourna en cuisine pour subtiliser deux bouteilles de champagne pleines et encore non ouvertes accompagnées de trois coupes. Il retourna s’asseoir au bas des marches, là où les convives ne pouvaient plus le voir et attendit l’arrivée de Rose, les yeux rivés sur le ciel étoilé qui s’étirait au dessus de lui. Il allait remporter cette partie haut la main. Ça ne faisait aucun doute !
Des profusions de rires. Çà et là diverses bribes de conversations lui parvenaient. Le ballet des verres alcoolisés et des petits fours aux multiples saveurs avait depuis de bien nombreuses heures débuté. Dans ce torrent de festivités outrancières, Rose tenait son rôle à merveille : celui de membre du Conseil d’Administration des sorciers. D’une politesse à toute épreuve, résolument à l’écoute de chacun, elle vaquait d’un groupe à l’autre avec une facilité qui l’aurait presque rendu nostalgique. Jamais trop longtemps pour ne pas sembler privilégier certains, ni trop peu pour ne pas froisser. Dosant compliments et objectivité avec justesse, l’Auror remerciait silencieusement toutes ces années de son enfance et adolescence passées à faire ses premiers pas au sein de la cour des Sang-Pur. Au sein de ce monde de paraître et de secrets de polichinelle. Ce monde qu’elle avait pourtant quitté depuis de nombreuses années, le fuyant comme la peste. Ce manoir, cette ambiance, ces convives… la sorcière ne les avait plus côtoyés en tant qu’invitée depuis presque six ans. Six années passées à refuser poliment les invitations, déjouer les petites entourloupes tentant de la ramener par d’autres chemins moins officiels, esquiver les lettres romanesques pleines de miellerie et autres artifices. Non, le monde des Sang-Pur avait fini par vivre en périphérie de celui que l’Auror s'évertuait à bâtir. Elle s’était efforcée de renoncer à tout cela et son retour des terres italiennes avait achevé de lui faire prendre cette radicale décision. En ayant rejeté l’ensemble des siens, Rose avait fait le choix de ne plus se mêler à ce monde aux idéologies bien trop surannées à son goût. Le choix de se défaire d’une part d’elle-même. De fuir en premier lieu ce, et ceux, qui pouvait lui causer du tort. De par son travail, l’Irlandaise avait pour autant continué à suivre d’un œil averti et vigilant les différents liens qui se tissaient entre les familles influentes, s’assurant de ne pas perdre le fil des intrigues au sein de cette société d’élite. Et si “Rose Cartwright” n’avait plus mis un seul orteil lors des réceptions, il s’avérait plus juste et exact d’avouer que ses très rares présences ne se faisaient jamais sous son nom ou son visage, simplement une identité d’emprunt pour assurer la sûreté de l’évènement ou infiltrer les invités pour enquête discrète. Mais les derniers évènements avaient changé la donne… En rejoignant le Conseil d’Administration sorcier, Rose avait dû se résoudre à sortir de l’ombre confortable que lui avait jusqu’alors permis son statut d’Auror. À l’instar de ses nouveaux compagnons conseillers et ambassadeurs, elle devenait malgré elle une personnalité publique. Certes, de moindre notoriété par rapport aux membres plus anciens, ou les fondateurs de l’Alliance comme pouvaient l’être Potter ou l’Augurey, mais un regard était désormais porté sur elle malgré tout. Bien qu’elle n’ait jamais songé à prétendre à une certaine célébrité, Rose savait qu’elle ne pouvait se permettre de ternir son image ou, pire encore, celle du Conseil. Ce fut donc sous ce contexte que la sorcière ne put refuser l’invitation qui lui fut faite pour cette soirée-ci : un évènement convivial réunissant exclusivement des Sang-Pur et désirant pouvoir s'enorgueillir d’avoir un représentant du Conseil parmi les convives. On avait donc expressément demandé sa venue, et après s’être assurée auprès des organisateurs qu’aucun autre Cartwright ne serait présent, Rose finit par accepter. Sa première sortie en public s’était faite fin septembre, lors de la soirée donnée au sein même de Poudlard. Il s’agissait donc ici de la seconde. Et cette fois-ci, pas de William Ombrage à rejoindre, ni de Sean O’Malley pour la soutenir. Elle serait seule.
La nuit défilait doucement au sein du manoir. Et à mesure que la Cartwright passait de groupe en groupe, une certaine lassitude s’installait. Tous venaient la voir pour deux choses : son statut de Conseillère et sa soudaine réapparition dans leur cercle si fermé. Ses années d’éloignement n'étaient pas passées inaperçues pour tous, et quelques personnalités semblaient vouloir s'enquièrent des raisons qui avaient poussé tant à son absence qu'à son grand retour. Les mauvaises langues avaient toujours besoin de ragots, qu’ils soient justifiés ou non. Furtivement, les questions étaient alors posées, au détour de quelques tournures de phrases astucieuses. Une science dans laquelle excellait beaucoup de participants. Rose comprise. Loin de se laisser surprendre, ni piéger, elle réussit à les laisser dans l’ignorance, jouant habilement le jeu des phrases voilées. Elle n’était plus cette adolescente, ni cette très jeune femme qui débutait. Elle menait des interrogatoires, savait user de l’intimidation et était experte dans l’art du double jeu, dû à son statut très particulier au sein de la Cosa Nostra. Ce n’était pas de petits et rondouillets spécimens choyés par la vie qui allaient mettre à mal sa prudence naturelle. Et en parlant de rondouillets… Profitant de son déplacement d’un groupe à l’autre, un homme à l’âge avancé s’avança vers elle, stoppant son avancée : - Miss Cartwright ! C’est un tel plaisir de vous revoir. - Plaisir partagé, Lord O’Connor, fit-elle en lui accordant un mouvement de tête poli Face à elle, un membre illustre d’une famille importante, Sang-Pur Irlandais, hors des registres britanniques mais ô combien reconnue. Une vieille connaissance des Cartwright, un client de l’entreprise familiale pour être exact. Rose se souvenait avoir souvent vu le doyen discuter affaires avec Sorrel ou son père lors de nombreuses festivités. D’ordinaire, l’usage aurait été qu’elle lui présente sa main, afin qu’il lui fasse ses vœux de fidélité, mais, comme elle s’était détachée des siens, elle n’en fit rien. Petit détail d’étiquette qui ne manqua pas de faire tiquer le père de famille. - Vous manquiez à ces soirées. Où étiez-vous tout ce temps ? - Le travail laisse peu de place aux festivités. Mais laissez-moi vous assurer que vous n’avez pas changé. Le temps est-il sans effet sur vous ? Un rire, plus courtois que réellement amusé résonna face à elle, avant qu’il ne reprenne sur un ton toujours plus intéressé. - J’avais espéré vous trouvez accompagnée de votre père ou de Jarred. Affligeant... - Malheureusement, vous n’aurez pas ce plaisir. Ils ne nous feront pas l’honneur de leur présence ce soir. Réponse assez vague pour ne laisser aucun indice sur ses relations intrafamiliales. Cela ne le concernait pas. Encore moins un client... - Vous vous rappelez de mon fils ? fit-il, avant que le jeune homme non loin de lui ne s’approche pour les salutations d’usage. Ah ! Cette phrase, elle la connaissait par cœur. Cette façon de placer ses Bavboules tout autant. Rose se retint d’émettre un rire nerveux, alors que l’homme, la vingtaine toute tassée, lui adressa un sourire aussi mielleux qu’insupportable. Étaient-ils à ce point désespérés pour tenter ce genre de protocole avec elle ? - Bien sûr. J’ai vu passer son dossier au ministère. Une histoire qui est passée sur mon bureau il y a quelques mois, de mémoire. La pomme d’Adam qui se releva dans la gorge du fils valait-elle autant de points que les mâchoires contractées du père ? Aux yeux de Rose, certainement. Levant son verre, de sa main où brillait son alliance insolente, elle leur accorda un tendre sourire, qui masquait à la perfection son plaisir : - Ravie que toute cette histoire soit derrière vous. N’est-ce pas ? Le regard un poil plus tranchant, elle ne quitta pas des yeux l’héritier, qui ne tarda pas à abaisser le sien. Alors qu’il s'apprêtait à répondre quelques balbutiements, le paternel intervient pour le secourir, chantant des louanges sur sa rédemption et à quel point il s’était formidablement rangé. Qui allait-il essayer de convaincre de ça, sincèrement ? Accordant une dernière attention à celui qui ne voulait décidément pas reposer les yeux sur elle, Rose nota en son for intérieur qu’il lui faudrait suivre de plus près cette histoire. Plus tard, certes, mais malgré tout assez urgemment. Après quelques paroles de politesse pour ne pas s’éclipser trop précipitamment, Rose finit par prendre congé du duo, les abandonnant derrière elle, la mine toujours agréable, mais l’esprit alerte. Cela avait finalement du bon de revenir sous sa vraie identité parmi eux. Elle se sentait un peu, étrangement, comme le loup dans la bergerie. À la simple nuance que les brebis cachaient quelques galeuses en leur sein et que son rôle à elle était de purger le troupeau. Une certaine sélection naturelle… Néanmoins elle venait pour représenter le Conseil, alors mieux valait ne pas trop laisser ses instincts d’Auror reprendre le dessus. Pas de façon trop visible tout du moins... Malgré tout, la soirée s’étirait dans la durée et le temps commençait à se faire véritablement long. Peu à peu, Rose acheva d’enfin voir chacun et chacune. Elle organisa donc son départ prochain, repassant par certains rassemblements, se greffant à eux pour quelques paroles, avant de passer au suivant, dans l’intention de se rapprocher lentement mais inexorablement de la sortie pour une extraction aussi discrète que possible. Mais alors qu’elle écoutait poliment, comme tant d'autres, les aventures rocambolesque d’une vieille dame au langage châtié, son attention fut détournée par des exclamations. D’un léger coup d'œil discret, Rose suivit le regard, courroucé, amusé ou surpris, de quelques gens. L’homme qui faisait office de distraction semblait avivé des sentiments de toutes sortes. Ce fut également le cas du cœur de Rose, lorsqu’elle reconnut finalement bien vite l’homme, à quelques mètres de son groupe. L’Auror était pourtant certaine de ne pas l’avoir croisé au cours de la soirée et ils n’auraient pas pu se rater. Alors… peut-être venait-il seulement d’arriver ? Noyant son faux étonnement dans le verre qu’elle portait à ses lèvres, Rose reporta toute son attention sur la vieille Sang-Pur démunie, et se déporta de telle façon qu’elle tourna tout son dos au fils Barjow. Il valait certainement mieux qu’il ne la remarque pas. Il n’aurait plus que manquait qu’il la rejoigne. Et ce fut pourtant ce qu’il fit.
À peine quelques instants plus tard, Rory se plaça aux côtés de Rose, couvrant sa vision de gauche de sa gracieuse stature. Saluant à tour de rôle, il choisit de s’adresser à l’Auror en tout dernier, souriant, visiblement déjà amusé de lui-même. Lui rendant son sourire, la sorcière ne se fit pas prier : - Bonsoir Mister Barjow. Quelle mine resplendissante vous avez. Rose abaissa les yeux sur la coupe qu’il tenait, avant de les relever et lui adresser un regard où brillait un brin de malice. Il était plus qu’évident que ce n’était pas sa première. Et certainement pas la dernière ! Elle connaissait bien trop Rory pour en douter. Quant aux rougeurs qui commençaient à doucement naître sur les joues du Sang-Pur, elles ne firent que confirmer son intuition. Oui, quelle belle allure il avait là… S’il ne dansait pas ce soir, il allait chanter demain. Pour autant, et malgré elle, une douce sensation de réconfort la parcourut. Malgré toute l’animosité que l’Auror pouvait ressentir pour Rory, elle ne pouvait s’empêcher de s’adoucir en sa présence, en ce contexte. La situation la ramenait des années en arrière, à l’époque où Rory n’était jamais bien loin d’elle lors de ces déprimantes réceptions mondaines. S’amusant à collectionner ses sourires, voire même ses rires. S’exilant parfois en fin de soirée pour se challenger l’un l’autre, dans des jeux parfois plus puérils que réellement dignes d’eux. Loin, très loin, des yeux de Jarred qui croyait qu’elle était en de bonnes mains. En un sens, il n’avait jamais eu tort de le croire, elle doutait fortement que quelque chose de néfaste puisse avoir la moindre chance de lui arriver aux côtés du fils Barjow.. Mais de là à penser que le chaperon dépravé qu’il était puisse la tenir loin des bêtises, c’était être un bien grand naïf. À moins qu’il l’ait toujours su au fond, et que cela lui allait malgré tout..? Secouant imperceptiblement son nez pour évacuer ces pensées invoquant son cousin dans son esprit, Rose se concentra de nouveau sur les plaintes de la vieille dame, qui n’en finissait pas de jacasser. L’Irlandaise n’était pas prête de pouvoir quitter sa compagnie si cela se prolongeait… Et l’ennui commençait à avoir raison d’elle, plus efficacement que cette coupe d’alcool à moitié achevée sur laquelle Rose se rabattait presque par désespoir. Par chance, avec l’arrivée de Rory un certain début de débat ouvert se lança, remplaçant graduellement ce mortel monologue qu’on leur avait servi jusqu’à présent. La discussion, plus animée, bien plus légère aussi, réveilla un peu les langues des différents convives du groupe. Chacun y allant de son petit mot, son avis éclairé, manquant parfois d’objectivité mais jamais d’arguments. Une discussion aux airs polis, parfois saupoudrée de sarcasmes. Elle qui aimait tant les jeux d’esprit, c’était un vrai plaisir à entendre pour l’Auror. D’autant plus à y participer. Alors que Rose venait de finaliser une petite tirade et que l’attention de chacun se porta sur un nouvel intervenant oral, elle sentit le poids de Rory peser contre son épaule. Un fin sourire aux lèvres, elle écouta le petit mot qu’il lui laissa dans le creux de l’oreille. Une affriolante sournoiserie faillit l’emporter aussitôt, trop ravie de se raviver comme autrefois. Mais l’Auror calma aussitôt ses ardeurs, conservant alors son mutisme amusé. Elle laissa l'héritier des Barjow filer, ne lui adressant comme les autres qu’un au revoir poli pour toute réponse à son invitation, le laissant ainsi juger par lui-même. Le suivrait-elle ou non ? À dire vrai, elle-même n’aurait su le dire… Une part de son être en brûlait d’envie. L’autre l’intimait à la prudence. Il était l’ami de Jarred… Bien avant d’être le sien. Leurs rares retrouvailles entre eux dans la boutique Barjow & Beurk n’avaient pas permis de retisser les liens de l’enfance et à ce titre Rose avait toujours tendance à prendre des pincettes avec Rory. L’éloigner de la fête, sous couvert d’un jeu, n’était-ce pas une bonne opportunité pour s’occuper d’une Auror et Conseillère potentiellement gênante ? Observant quelques instants le départ de Rory, elle l'aperçut embarquer une coupe de champagne de plus, avant d’emporter quelques roulés. Honnêtement, même s’il l’avait voulu, avec tout l’alcool qu’il avait dans le sang, il n’aurait pas la moindre chance de s’en tirer en duel face à elle. Il fallait qu’elle cesse de se faire des idées. Il souhaitait juste… la détendre ? Cette simple pensée pinça son cœur, alors qu’elle se détournait pour reprendre part à la discussion. Discussion dont elle avait largement perdu le fil. Voyant son apparent désarroi, la fameuse vieille Sang-Pur lui adressa un regard inquiet : - Tout va bien, très chère ? - Oh ! fit Rose, légèrement surprise, Oui, toutes mes excuses je crois que la fatigue commence à me gagner. - Vous ne tenez plus jusqu’au bout de la nuit ? - Certains disent que les Aurors se lèvent aux heures du soleil et couchent bien largement après, conta un autre convive, Est-ce vrai ? - Je pourrais surtout vous raconter des histoires d’Aurors qui ne dorment jamais. Un léger rire agita l’assemblée, avant que Rose ne finisse par demander congés, sous le regard compatissant de ses pairs. Au moins elle n’était pas jugée injustement. Pour une première soirée démasquée au sein du cercle de l’élite, elle ne s’en tirait pas si mal.
Alors qu’elle s’éloignait, déposant sa coupe vide sur un plateau d’argent qui passait là en retenant à grande peine un soupir, Rose avisa les petits fours qui ne passèrent pas si loin. La provocation de Rory lui revint en tête comme un coup de fouet. Qui fit claquer sa langue comme un écho. Roulant des yeux à sa propre bêtise, sachant pertinemment qu’elle allait peut-être regretter sa soudaine décision, l’Irlandaise se rapprocha de l’elfe de maison qui passait comme un courant d’air entre les groupes. Un, deux, trois… les petits amuse-gueules finirent entre ses doigts. Mais très vite elle calcula combien elle pourrait en amasser sans être repérée. Dans sa longue robe rouge sans manche… pas grand-chose. Peut-être sous sa cape en la récupérant au passage du vestiaire pour se rendre à l’extérieur ? Même… ce serait mal vu de la réclamer, les bras chargés de mets. Quelle formidable image pour le Conseil ce serait… Mais pourquoi elle rentrait dans les délires de Rory ?! Rabaissant les yeux sur la pochette pailletée qui pendait à son épaule au bout d’une fine chaînette, elle hésita. Longuement. Est-ce qu’elle allait vraiment… Argh ! Après tout, ça ne serait l’affaire que d’un sort de tout nettoyer. Avec autant de résignation que de désir de l’emporter, Rose ouvrit son sac de soirée, laissant les petites gourmandises s'installer dans cet espace. Appliquant habilement un sort d'extension, elle observa les mignardises s’éloigner, tandis que le fond gagnait en profondeur. Juste assez du moins pour peut-être réussir à rattraper Rory. Il devait avoir une sacrée avance désormais. Elle n’allait pas se laisser distancer si facilement. S’il voulait jouer, ils allaient jouer. Avec une certaine discrétion, plus dû à ses activités d’Auror maîtresse de la filature et de l'espionnage qu’à son rang de Sang-Pur, Rose passait près des elfes, longeait les tables, emportant à la grâce de quelques accio informulés les petits plaisirs de cette soirée. Sans vider totalement les plateaux, elle cherchait cependant à varier les goûts, prenant de tout, modérant à peine sa cleptomanie soudaine. Bien vite cependant, elle allait manquer de temps. Jetant un vague coup d'œil à la salle, n’y voyant pas la moindre trace de Rory, elle se dit qu’il était l’heure de rejoindre son ami. Son… ami.. Le sac à l’apparence plate, mais pour autant outrageusement alourdi par tous ses “emprunts”, lui rappela qu’elle ne pouvait pas se mentir.
Sa cape sitôt récupérée et recouvrant ses épaules nues, Rose sortie affronter le froid automnal. Réprimant un frisson quand le bout de son nez commença à rougir de ce brusque changement de température, l’Auror jeta un coup d'œil aux alentours. Cela faisait si longtemps… Pourtant ses pas se dirigèrent d’eux-même vers l’escalier. Vers ce point de rendez-vous. Ce lieu qu’ils avaient si souvent rejoint autrefois. Le cœur un peu battant, elle observa en silence le sorcier en contrebas, les yeux braqués vers le ciel étoilé dont aucun nuage ne ruinait la magnificence. Fermant les yeux un instant, pour inspirer l’air glacé qui lui brûlait les poumons, Rose se décida enfin. Elle aurait sans doute dévalé la pente en glissant sur la rambarde marbrée, comme autrefois. Mais ce brin de folie était comme mort en Italie avec Erwan… Marche après marche, l’Auror rejoignit le commerçant, se plaçant juste sur celle au-dessus de lui, se penchant, un mince sourire étirant ses lippes, gênant sa vue : - Vous avez demandé un ravitaillement ? À moitié amusée, à moitié toujours sur la défensive, elle se décida finalement, venant s'asseoir près de lui. Recouvrant correctement ses cuisses des pans de sa cape afin de ne pas prendre froid, elle se laissa aller à observer le même ciel que lui quelques instants. Dans ce silence nocturne où pouvaient s'entendre au loin les restes des festivités qu'ils fuyaient. Des souvenirs lui revinrent en mémoire. Vagues réminiscences d'un passé lointain qu'elle avait abandonné pour vivre ses rêves. Sa propre vie : - Tu crois que les contre-soirées sont toujours de notre âge ? La question lui ayant échappé dans un murmure, elle n'attendait pas spécialement de réponse. D’un œil expert, elle analysa les victuailles que Rory avait emportées. Nombreuses, variés, réparties sur des plateaux entiers. Il n'avait pas fait dans la demi-mesure. Elle lui présenta alors son sac, l’ouvrant entre eux de façon à ce qu’il puisse en inspecter le contenu. Plusieurs mets se démarquaient dans un faux fond, à portée de bras : - Petit sort d'extension express, expliqua-t-elle, avant de reprendre avec un sourire las, Ce que je fais pas pour toi… Elle n’aurait su les dénombrer. Peut-être faudrait-il sortir tous les amuse-bouches pour cela. Mais une chose était sûre : elle ne s’était pas laissée faire ! Malgré tout, Rory aussi avait de sacrées ressources et il était bien probable que le résultat soit serré. À première vue, Rose ne saurait déterminer qui l’emportait. Pas sans un comptage, long et pas forcément aussi amusant que la bêtise en elle-même. Avisant les bouteilles de champagnes posées non loin du sorcier, ainsi que les coupes qui les accompagnaient, Rose demanda alors, un poil soupçonneuse : - Trois coupes ? Nous ne sommes pas deux ? Il avait vivement intérêt à ne pas lui sortir que Jarred était dans un coin ou allait les rejoindre, ou c’était dans la figure qu’il allait les avoir ses petits-fours. Rory n'était pas sans savoir que Rose ne voulait plus entendre parler de lui, encore moins le voir. Si elle était en froid avec les Cartwright, c'était d'autant plus vrai avec son cousin. Mais dans le doute, le regard réprobateur qu'elle lui jeta suffirait à lui rafraîchir la mémoire.
Invité
INRP
IRL
Mer 29 Sep - 18:23
Will you dare to... ?
Y a rien de plus chiant que leurs putains de soirées mondaines à la con… Voilà exactement la pensée qui avait traversé l’esprit de Rory à l’instant même où ses yeux s’étaient posés sur le papier glacé de l’invitation. Si durant sa jeunesse le jeune Barjow n’avait jamais eu d’autre choix que d’accepter de participer à ces soirées, ce n’était plus le cas à présent. Il n’honorait quasiment plus le gratin sorcier de son insolente présence, préférant la compagnie de ses chaudrons et artéfacts à celle poussiéreuse des invités que l’on pouvait trouver dans ces rassemblements. Cette fois-ci c’était différent. Rory avait envie et surtout besoin de s’amuser, de se distraire. Quoi de mieux pour cela qu’un bon bain d’une foule croulante et suffisante, saupoudrée de petits fours et d’alcool ?! Non vraiment, je vous pose la question en fait ! Quoi de plus distrayant ?! Comme à son habitude, l’héritier Barjow arriva en retard, avec beaucoup de retard même. Il ne cherchait pas nécessairement à faire une entrée remarquée ou bien que son absence ne manque à qui que ce soit, de toute façon il ne prévenait jamais personne de sa venue. Non, le seul objectif ? Se fondre dans la masse. Vaquer ici et là au gré du balais des plateaux de boissons et mets en tout genre. D’une certaine façon, retrouver ce bon vieux rituel de se goinfrer de tout ce qui lui passait sous la main et boire comme un trou le rendait nostalgique de cette époque où une invitation à une soirée mondaine était synonyme de jeux. Savoir qu’il y rejoindrait Jarred et Rose le mettait presque dans un état d’excitation intense. C’était son petit échappatoire à lui. Son ticket de sortie de l’enfer qu’il vivait au manoir familial. Une situation que Rory s’était toutefois bien gardé de leur révéler bien que la dureté de son père n’était un secret pour personne.
Débarrassé de toutes ses obligations, ne fuyant plus les sévices physiques et psychologiques de son paternel, le jeune Barjow était là ce soir de son plein gré. Évoluant d’une coupe de champagne à l’autre dans la vaste salle de réception, son objectif était très simple : atteindre un haut niveau d’alcoolémie en un temps record. Pourquoi ? Pourquoi pas ! Il avait bien songé à faire un tour dans les parties privées du manoir mais y dérober quoi que ce soit s’avérait risqué ce soir. En effet, le maître des lieux était un ami de longue date de son père. Si quoi que ce soit venait à disparaître et se retrouvait dans de nouvelles mains, le lien serait vite fait. Rory avait réussi à tenir deux mois et demi sans une visite de son père à la boutique, il ne fallait pas tout gâcher par avarice. Il décida de se rabattre sur l’ivresse au moment où une vieille silhouette frêle presque fantomatique lui adressa la parole. Soit, l’insolence sera également de la partie. Bien connu pour son arrogance, son impulsivité et son agressivité, Rory fit une nouvelle démonstration de force, galvanisé par les quantités de champagne qu’il avait déjà avalées. L’échange bien que court, fut suffisamment intense et humiliant pour le vieillard qui préféra prendre congés sous les regards de quelques convives, entre amusement et consternations. L’effet Rory Barjow : on l’adore ou on le déteste. Dans les deux cas, il n’en a strictement rien à foutre de votre opinion. Déjà bien échauffé par les effets de l’alcool, il reporta son attention sur celle qui allait être sa principale préoccupation et distraction de la soirée : Rose Cartwright. Son ancienne partenaire de crime dès qu’il s’agissait de rendre les soirées mondaines plus amusantes et pimentées. Si au début c’était Jarred qui l’avait convaincu de s’occuper d’elle, la jeune demoiselle s’était très vite montrée plus intéressante que prévu. Il comptait bien renouer avec cet ancien aspect de leur relation, du moins pour la soirée, histoire de tuer le temps en bonne compagnie.
Rory vint se greffer au groupe de sorciers sans vergogne, prenant bien soin de se placer aux côtés de Rose qu’il salua en dernier. Sa petite remarque acerbe fit naître un large sourire amusé sur les lèvres du jeune homme. Oui, les effets de l’alcool commençaient à se faire remarquer à la fois sur son attitude bien plus débridée mais également sur son physique. Son regard était devenu plus pétillant que jamais et ses joues commençaient à se teinter de rose sous les nombreuses coupes de champagne. Il finit d’ailleurs celle qu’il avait en main, lui donna un petit coup de coude complice avant d’accrocher son regard sur la vieille bique qui monopolisait la parole depuis un moment déjà. Mon dieu qu’est-ce qu’on se fait chier pendant cette soirée ! Puis elle la ferme jamais celle-là ?! L’ennui mortel qu’il commençait à ressentir alors même qu’il venait tout juste de s’intégrer à ce nouveau groupe réveilla son côté espiègle. Sans crier gare, Rory s’exclama soudainement, coupant la chique à la relique qui n’en finissait plus de déblatérer sur Merlin seul sait quoi. « Et sinon, la Bièraubeurre, vous la préférez chaude ou froide ? » La discussion/débat, bien plus légère était lancée. Un sujet qui déchaînait toujours les passions, chacun y allant de son avis, avec sa petite recette à ajouter, son commentaire, son anecdote de soirée trop arrosée. Idéal pour s’éclipser. Rory vint souffler à l’oreille de Rose, comme il en avait toujours eu l’habitude durant leur enfance, son premier défi de la soirée. Game on.
La partie débuta pour Rory qui emmagasinait tous les petits fours et mignardises qui lui passaient sous la main. Il s’arrêtait à chaque plateau qu’il croisait, ponctuant certaines trouvailles d’une nouvelle coupe de champagne ou d’une rasade d’alcool plus fort. Rien n’était plus en mesure de l’arrêter. Et si Rose ne se pointait pas finalement ? Pas grave ! Il avait de quoi finir son début de soirée en beauté. Victuailles et alcool à flot, Rory avait eu la bonne idée d’embarquer avec lui une petite dose de drogue magique. Celle-là même qu’il confectionnait dans l’arrière boutique de Barjow & Beurk et qui se vendait outrageusement bien dans le monde de la nuit. Il faut dire qu’elle n’avait que des avantages : énergisante, euphorisante, non toxique pour l’organisme, non addictive… Que demander de plus ?! Bon par contre à ne pas combiner à d’autres substances hallucinogènes et en cas de pertes de sang conséquentes. Coucou Lexi ! Toutes les conditions étaient donc réunies pour qu’il passe quelques heures agréables, en compagnie de l’irlandaise ou non. Il finit sa quête en passant par les cuisines où il réquisitionna deux plateaux remplis et lors d’un second voyage compléta son butin de deux bouteilles pleines de champagne et trois coupes. Certain de sa victoire, Rory contemplait le ciel étoilé, les souvenirs des soirées élitistes de son enfance remontaient par vague, lui arrachant quelques sourires amusés quand le son des talons d’une femme sur les marches le sortirent de sa torpeur. Il planta son regard dans le sien, bien loin de cacher sa joie de la voir ici à ses côtés. « Je me demandais justement quand tu allais faire ton entrée ! A quelques secondes prêts tu étais disqualifiée… » fit-il remarqué, un sourire narquois étirant ses lippes. Quand Rose prit place à ses côtés, il se laissa à nouveau aller à son tour à la contemplation de la voûte céleste, appréciant de retrouver sa présence comme au bon vieux temps. « On n’est jamais trop vieux pour s’amuser voyons, Rose ! » s’exclama Rory en lui jetant un petit regard complice. Certes leurs rapports n’étaient pas au beau fixe, surtout pour la jeune Auror il faut dire, mais il était loin de s’en formaliser. Il fallait plus à Rory Barjow pour lâcher l’affaire. Bien décidé à raviver la flamme de leurs soirées d’antan, son regard se porta sur le contenu du sac que lui présentait Rose. Sans aucune hésitation, il plongea son bras dans ce dernier jusqu’au coude, allant chercher une poignée de victuailles. Tout en goûtant quelques roulés à la saucisse, un petit sourire étirait ses lèvres avant qu’il ne se justifie. « Quand je t’ai vu avec tous ces vieux croulants j’ai pas pu résister à l’envie de venir te donner une bonne excuse de t’éclipser. Ton rôle de membre du Conseil et d’Aurore n’existent plus ici et maintenant. » Il enfourna deux nouveaux amuse-bouches avant que son regard ne se porta sur les bouteilles et les coupes qu’il avait récupérées. La remarque de Rose le fit tiquer. Trois coupes : WTF ?! Ses yeux alternèrent entre les verres et Rose pendant l’espace de quelques secondes, les sourcils froncés comme s’il cherchait une explication au nombre impair de coupes. Il finit par se saisir de celle qui était en trop et la jeta par dessus son épaule. Le verre s'échoua sur la terrasse au dessus d’eux, se fracassant en mille morceaux à même le sol. « Erreur de calcul. » conclut-il simplement avant de se redresser pour ouvrir une des bouteilles de champagne dans un pop sonore.
Les coupes remplies d’une nouvelle tournée de bulles, Rory lui tendit son verre avant de s’exclamer, trépignant presque d’impatience. « Bon : ça s’était la mise en bouche. Quel sera à présent notre premier défi ?! » Il prit une gorgée avant d’être frappé par une idée de génie. Tout son corps se tendit, levant un doigt vers la jeune femme, ne lui laissant même pas le temps de répondre quoi que ce soit à sa question. « Je sais, je sais ! Tu utilises ton don de métamorphage pour prendre l’apparence d’une autre et on doit séduire un maximum de célibataires en… Disons 30 minutes ?! Bien évidemment il faut obtenir une promesse de rendez-vous galant, sinon c’est pas du jeu ! » Il vida sa coupe d’une traite, prêt à partir exécuter le défi mais alors qu’il s’accroupissait pour venir prendre quelques nems au poulet, une nouvelle idée traversa son esprit vif et joueur. « Oh non ! J’ai encore mieux, putain ! On fait un concours d’enchantements ! Celui qui arrive au plus beau résultat juste en prenant un rocher comme support. No limit ! Métamorphoses ou propriétés différentes : comme tu veux… » Il finit son mouvement pour déguster le nem, impatient de découvrir la réponse de Rose alors qu’il se réservait déjà une nouvelle coupe de champagne, les propriétés du breuvage commençant déjà à lui faire un effet notable. La jeune Auror avait clairement l’avantage. Qu’importe l’option qu’elle retiendrait, elle avait clairement l’ascendant sur lui, du moins s’il n’avait pas recours à sa poudre magique.