Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Deux craquements dans l'air. Rose et Sean venaient de transplaner dans le Hall du Ministère, revenant d'une mission particulièrement éprouvante. Par chance, pas de blessures graves à déplorer, juste quelques futurs bleus et autres écorchures à traiter. Pas besoin d'un séjour à l'hôpital Sainte-Mangouste pour cette fois donc. Ce qui était en soi la première vraie bonne nouvelle de la journée. Se dirigeant vers le bureau des Aurors pour rendre leur rapport, ils furent interceptés par un agent du Ministère qui venait à leur rencontre. Tiré à quatre épingles, il trottinait presque à leurs côtés, tandis que le duo continuait de progresser d'un bon pas : - Quelqu'un a demandé à vous voir Cartwright. Je l'ai fait attendre dans un bureau. Rose souleva un sourcil, sans pour autant ralentir l'allure : - Depuis combien de temps ? - Oh un petit moment... On ne savait pas vraiment quand vous rentreriez tous les deux. S'ils rentreraient aurait été plus exact. Mais ça, c'était à croire que les bureaucrates n'en doutaient jamais. Quoi qu'il en fût, "un petit moment" cela pouvait signifier en terme de gratteur-de-parchemin que l'attente avait été plutôt longue. À quel point cela dit, ça elle n'osait pas l'imaginer : - Vous auriez pu lui dire de repasser. - Elle ne s'est pas vraiment laissée convaincre. Ça semblait important pour elle. - Et de qui s'agit-il ? - Miss Abigail MacFusty. Cette fois Rose se stoppa nette. Sean aussi. Les Aurors échangèrent un regard silencieux, tandis que le salaryman les regardait incrédule : - Elle est toujours là ? demanda Rose en se retournant vers l'agent déboussolé - Euh... Oui oui, elle n'a pas bougé. Qu'est-ce qui pouvait être si urgent ou important pour qu'elle réclame la présence de Rose et non celle de Sean ? C'était l'amie de l'O'Malley, et elles deux n'avaient pas le moindre lien qui pourrait expliquer pareil demande. L'espace d'un instant, l'Irlandaise ressongea alors à leur discussion au cours de la soirée à Poudlard. Tendue, la Directrice de Poufsouffle avait effectivement demandé l'autorisation de la revoir. Vinrent alors des souvenirs plus clairs, où Rose lui avait proposé de passer au Ministère directement et promis qu'elle la recevrait. Ça ne pouvait être que ça. Elle ne voyait pas d'autres explications. Dans d'autres circonstances, et notamment un vrai ennui méritant l'attention d'un Auror, elle ne se serait sans doute pas embrassée et aurait quémandé le temps de Sean. Cependant cela était bien beau, mais Rose ne pouvait décemment pas rater l'entretien avec leur supérieur. L'opération dont ils revenaient avait été coriace, le chef des Aurors allait forcément demander des détails. Cela pouvait durer longtemps. Très longtemps. Néanmoins, Abigail pouvait être là depuis suffisamment de temps pour avoir l'envie de partir. N'importe qui aurait certainement voulu repasser plus tard à sa place et pourtant elle était restée. Et puis... Leur relation avait pour ainsi dire assez mal débuté. Rose n'en tenait pas spécialement rigueur à la pauvre Abigail, elle se retrouvait bien malgré elle dans le conflit des Cartwright et sa relation avec Luca, associée aux liens qu'elle consolidait avec Sean, n'avaient pas arrangé le jugement hâtif de Rose. Ce serait peut-être l'occasion de répartir d'un bon pied toutes deux. Inspirant profondément, l'Auror passa une main sur ses yeux. Ça ne lui plaisait pas de faire attendre... d'autant plus une personne qui pourrait se méprendre sur ses intentions. Elle la retira, retrouvant sa vue, en sentant la poigne de Sean se refermer sur son épaule : - Vas-y, je m'occupe de le faire patienter. - Tu es sûr ? - Tu doutes de moi ? Un bref sourire amusé étira les lèvres de Rose. Bien sûr que non, mais elle n'allait pas le lui dire, simplement lui laisser le loisir de le deviner. - Je connais Abigail, ça ne sera sans doute pas long. Compte sur moi pour le reste. Rose acquiesça doucement, laissant l'idée faire son chemin dans son esprit : - Très bien, on fait ça alors. Je te rejoins plus tard. Rose tourna alors les talons, suivant le salarié tandis que Sean rejoignait l'étage des Aurors pour débuter l'entretien sans elle. La sorcière, dans leurs mouvements simultanés, n'eut pas le temps de remarquer le sourire qui flottait sur les lippes de l'Irlandais. Le sourire de celui qui semblait déjà savoir ce qui attendait sa collègue.
Quelques minutes plus tard, l'agent du Ministère lui indiqua le bureau où Abigail avait été installée. Cela allait. Ce n'était pas parmi les plus austères. Loin des salles d'interrogatoires dont l'Irlandaise avait l'habitude, il y avait ici de quoi faire patienter la dame un peu. Si celle-ci avait trouvé le temps long, elle n'aurait pas dû manquer d'occupation. Ne perdant pas plus de temps, l'Auror remercia son lointain collègue et cogna deux coups contre le bois de la porte pour s'annoncer. Plus par politesse à dire vrai. La directrice aurait sans doute été embrassée si, par malheur, elle s'était endormie dans l'un des fauteuils par exemple. Mais ce ne fut pas le cas. En entrant, Rose put rapidement apercevoir la demoiselle, le nez se relevant d'un livre sont la couverture lui rappela vaguement quelque chose. Une couverture qui attira doucement son regard : - Miss MacFusty, je suis ravie de vous... Une couverture où brillait en lettres d'argent un magnifique "Niamh Cartwright" calligraphié. - ... revoir. La chaleur de sa voix décrue si vite, que Rose en fût elle-même surprise. Relevant les yeux sur le visage de la directrice aussitôt, tout en refermant la porte derrière elle, l'Auror s'avança dans la pièce. Le sourire à ses lèvres avait perdu de son éclat, mais tenait encore, presque narquois : - Je vois que vous prenez vos aises. Vous vouliez me dire quelque chose ? Un poil d'ironie au fond de la gorge, Rose ne la quittait plus du regard. C'est à croire qu'elle le faisait exprès... Deux fois qu'elles se voyaient réellement, deux fois que cette Abigail invoquait l'image maternelle de Niamh, et avec elle l'ombre des Cartwright. En même temps, Rose ne pouvait pas tant le lui reprocher. Les deux femmes semblaient travailler ensemble dans le domaine du dressage. Quant à Rose, elle n'avait pas été explicitement claire sur les relations qu'elle entretenait, ou plutôt n'entretenait plus, avec sa mère. Abigail ne pouvait pas le deviner. Calmant ses ardeurs, qui après une mission aussi complexe que celle dont elle revenait ressortaient bien trop facilement, Rose se fendit d'un sourire plus accueillant. - Vous souhaitez peut-être boire quelque chose après toute cette attente ? Pas certaine que cela puisse rattraper son manque soudain de convivialité, mais elle n'avait que ça sous le coude.
Abigail MacFusty
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Dim 19 Sep - 9:12
22 octobre 2020
A last fire will rise behind those eyes Black house will rock, blind boys don't lie Immortal fear, that voice so clear Through broken walls, that scream I hear
Cry, little sister (Thou shall not fall) Come to your brother (Thou shall not die) Unchain me, sister (Thou shall not fear) Love is with your brother (Thou shall not kill)
La pierre sous mes doigts était froide, gangrénant ma main et bientôt mon bras. Pourtant obstinée, je ne bougeais pas, admirant la vue imprenable qui s'étendait devant moi, océan calme aujourd'hui, aux lueurs jaunâtres d'un lever de soleil déjà bien avancé. Le vent ébouriffait avec un souffle presque tendre mes cheveux et mes vêtements doublés qui me protégeaient de la pluie. Tenue debout, là face à la falaise, tournant le dos au reste du monde, je chantais la chanson de ce film moldu que j'avais apprécié, à l'époque, regarder avec celui qui se tenait à mes côtés.
Blue masquerade, strangers look on When will they learn this loneliness? Temptation heat beats like a drum Deep in your veins, I will not lie...
Cry, little sister (Thou shall not fall) Come to your brother (Thou shall not die) Unchain me, sister (Thou shall not fear) Love is with your brother (Thou shall not kill)
Chanter m'avait toujours permis d'exorciser les émotions les plus profondes que je gardais en moi et que j'ignorais comment évacuer, moi, petite sorcière bien trop sensible pour ce monde trop agité, trop violent et trop critique. Octobre avait été un mois éprouvant pour mon petit cœur. Renouer avec Harper avait été une surprise de taille, s'ensuivit naturellement le réapprentissage de chacune, se retrouver lentement et sûrement, alors qu'à mes yeux, le temps c'était arrêté pendant environ quinze ans. Quand bien même les journées étaient agréablement succulentes, elles me demandaient une énergie que je n'avais plus l'habitude de fournir à qui que ce soit tant j'étais habituée à la solitude, tenace et mordante. Ensuite, j'étais revenue de mon long arrêt maladie, me retrouvant à nouveau enfermée dans ces quatre murs qu'était Poudlard. Cette école était toute mon enfance, une longue partie de ma vie, et bien que je m'y sente en sécurité, je ne pouvais pas dire que j'y étais à l'aise. Devenir enseignante n'avait jamais été mon désir ni ce rêve tant attendu. Je me contentais de ce que j'avais, gardant la tête bien enfoncée dans un sable mouvant qui m'asphyxiait lentement, un peu plus chaque jour. Dénuée de mes pouvoirs depuis maintenant de longues semaines, je n'étais de toute façon plus bonne à rien. Ou presque.
My Shangri-Las I can't forget Why you were mine I need you now
Le vent portait ma voix chantée, fluette, fragile, mais posée et assurée, aux cieux, messager des paroles que j'articulais sans la moindre hésitation, ni difficulté. À chaque syllabe, c'était un poids en moins que je ressentais dans ma poitrine, libération de tracas devenus trop lourds pour moi. Je n'étais même pas inquiète qu'il ne m'entende pas, puisque les éléments étaient avec moi, et que je lui tenais la main. Cette pierre mouillée et froide qui s'agrippait à mon coude et qui avait bientôt atteint mon biceps bien peu développé malgré le fait que je sois une sorcière plutôt active physiquement. Piégée dans un petit corps obstiné à garder ses traits enfantins. La véritable raison de ma présence ici résidait davantage en ce que j'allais faire aujourd'hui. Rien de particulier pour les autres, une véritable épreuve de courage pour moi. L'on m'avait assuré que tout irait bien, mais je ne pouvais m'empêcher de croire le contraire, rongée par ma timidité maladive et par les aprioris que je nourrissais. Non pas que je sois une proie facile à dévorer, j'avais un instinct de survie particulièrement développé, mais il n'empêchait que j'abhorrais toutes les sortes de conflits de toute nature qui soit. En réalité, j'étais davantage impressionnée, par cette assurance et cette aura que j'avais captées autour d'elle, et qui m'envahissait malgré elle, qui essayait de me mettre à genoux sans même que je ne sache pourquoi. Elle me faisait un peu penser à ces collègues véreux en dragonologie auxquels j'avais dû faire face à l'époque où je me trouvais à mon propre compte. Oui, mais voilà, elle m'avait rendu un service que je ne pouvais oublier, elle était proche d'Eirian et de Sean, et ce grand cœur malade de cette vie inadaptée qui battait dans ma poitrine se sentait terriblement redevable. Sans doute n'y avait-il pas besoin, sans doute n'attendait-elle rien, mais moi, j'en avais besoin, dans un sens. Parce que j'étais généreuse, simple, sensible et avec un sens du devoir particulièrement développé, fier chien aux oreilles pointues qui résidait en moi.
Cry, little sister (Thou shall not fall) Come, come to your brother (Thou shall not die) Unchain me, sister (Thou shall not fear) Love is with your brother (Thou shall not kill)
Cry, little sister (Thou shall not fall) Come, come to your brother (Thou shall not die) Unchain me, sister (Thou shall not fear) Love is with your brother (Thou shall not kill)
Paupières closes après avoir chanté d'une voix forte et portante les dernières notes, je me laissais enivrer de cet instant de suspension. Il était presque comparable à celui que l'on ressent juste après avoir atteint sa petite mort. Ce moment où l'on se sent pleinement accompli, que l'on a pu frôler les étoiles du bout des doigts, que le vide des émotions négatives est fait et qu'il ne reste plus que cette merveilleuse plénitude. Chanter était une merveilleuse façon de faire le vide en moi, d'atteindre la sérénité de la pleine conscience, c'était une méditation qui m'était propre. Délectée de ces quelques secondes arrêtées, je rouvrais les paupières sur un temps grisâtre et orageux. Ici, les nuages s'amoncelaient à une rapidité folle, et il valait mieux que je sois loin avant que l'orage éclate. Baissant mon regard sur la pierre que touchais, je souriais avec douceur avant de murmurer.
- Souhaite-moi bonne chance.
Dans un geste tendre, fraternel, je vins déposer un baiser sur la roche grise, sa fraicheur venant m'empoisonner les lèvres puis la bouche, mais dû s'arrêter au fond d'une gorge brûlante sous l'effort du chant que je venais d'entonner. Dans un dernier regard, je fis volte-face à la pierre érigée ici, trônant avec ses consœurs en haut de cette falaise majestueuse avant de m'éloigner jusqu'au portail où m'attendait Bonnie, mon sac tenu dans ses longs doigts squelettiques violets.
- Allons-y, puis tu retourneras auprès de mes parents s'il te plait.
M'adressais-je simplement à la petite elfe qui opina, me pris cette main si froide, et m'aida à transplaner dans un craquement bien moins mélodieux que mon chant. Derrière moi, je laissais ce rocher, en forme de croix, à l'épitaphe parfaitement entretenue où il était possible, en partie, de lire :
Kyle MacFusty 1986-2018
Réapparaissant dans un tourbillon dans le couloir approprié du Ministère, j'eus ce frisson habituel qui me traversait l'échine à chaque fois que je venais ici. Je détestais ces murs sombres, cette ambiance lourde que portaient les sorciers bien trop sérieux qui travaillaient ici. Il n'y avait aucune fenêtre, aucune issue, aucun moyen de fuite, aucune place à la nature et à la simplicité. Ici, j'avais la sensation d'être enfermée dans une boite, qui elle-même était enfermée dans une boite. Jetant un regard à Bonnie, je lui indiquais qu'elle pouvait repartir une fois mon sac récupéré et que je vins placer sur mon épaule. Sentant la nervosité reprendre lentement le contrôle de mes entrailles, j'inspirais profondément avant de me donner le courage d'avancer jusqu'au bureau des renseignements.
L'avantage lorsqu'on a beaucoup d'imagination, c'est que l'on peut voyager presque partout et en tout temps, qu'importe où se trouve notre enveloppe charnelle. Enfermée ici, dans un bureau aussi agréable qu'austère, toujours sans fenêtre, j'avais perdu la notion du temps. Attendais-je depuis quelques minutes ou de nombreuses heures ? Je n'en savais rien du tout, et en réalité, je ne m'en préoccupais guère. Je n'allais pas me plaindre d'être au chaud, et seule. C'était dans le fond tout ce dont j'avais besoin, quoique cela manquait de cette odeur si particulière attestant de la présence de dragons. Car oui, poireauter, scruter le moindre indice du regard, écouter le moindre son, ressentir la moindre vibration, tout cela faisait en réalité partie de mon quotidien à moi, petite dragonologiste accomplie qui pouvait rester des heures flanquée contre un buisson à attendre ce sujet qui ne viendra probablement pas avant des jours. J'avais mes propres occupations, mes propres jeux mentaux, et c'était de tout cela que je me distrayais, lisant de temps à autre certaines couvertures des nombreux livres qui me tenaient compagnie. Aujourd'hui était l'un de mes rares jours de libre, je n'avais aucun horaire, alors je me fichais éperdument de devoir attendre, et Harper ne me tiendra pas rancune de rentrer tard puisqu'elle était elle-même sans arrêt en retard. Ce fut lorsque je terminais de dénombrer le nombre de petits losanges cachés dans la décoration (et quelle étrange décoration, qui mettrait ça dans son salon franchement ?) murale devant moi que je me levais pour m'approcher de la bibliothèque. Manteau et sac repliés et abandonnés sur un fauteuil derrière moi, je lisais pour la deuxième fois une rangée de couvertures, prise soudainement d'un doute dont je ne parvenais pas à me défaire. Lorsque mes prunelles brunes foncées arrivèrent sur l'objet de ma préoccupation, je lâchais une petite intonation aigüe, prouvant ma surprise, mais aussi mon contentement. Curieuse, je me saisissais donc du livre pour en parcourir les pages avec passion.
Tout absorbée par le savoir passionnant qui résidait en ces pages, je perdais une nouvelle fois la notion du temps, et ne revint à la réalité que lorsque les petits frappements à la porte me firent sursauter. Le cœur battant soudainement la chamade, il se coupla d'une terrible nervosité lorsqu'apparurent les traits de la sorcière que j'attendais depuis tout à l'heure. J'allais lui sourire avec politesse, prenant mon courage à deux mains, mais sa voix qui perdit de son intonation lorsque ses yeux se posèrent sur le livre que j'avais entre les mains m'intima de ne rien en faire. Nervosité dans mes traits, j'arrondissais des yeux surpris tandis que, presque narquoise, elle s'adressa à moi d'une remarque qui me fit bondir. Refermant le livre d'un geste précis, mais doux, je vins le reposer à son emplacement initial, l'ajustant au millimètre près avec les autres couvertures, avant de me diriger vers mon manteau et mon sac, les reprenant dans mes bras comme une enfant qui viendrait de se faire gronder. Le regard fuyant, la tête enfoncée dans mes épaules à l'instar d'une petite tortue, je gardais l'Auror dans mon champ de vision tandis que je préférais à nouveau me concentrer sur cette décoration murale vraiment étrange. Combien y avait-il de losanges déjà ?
- P… pardonnez-moi, je... Ne voulais pas paraître impolie.. je... Excusez-moi d'être venue sans vous prévenir au préalable…
Elle avait dit que je n'avais pas besoin de le faire, mais je m'excusais quand même, parce que j'étais comme ça, à ne jamais vouloir déranger quiconque, pas même mon elfe de maison. En l'entendant me proposer quelque chose à boire, je fus tentée d'accepter, mais je ne voulais pas lui faire perdre trop de son précieux temps (je l'imaginais bien plus de valeur que le mien en tout cas), et ce fut avec un sourire nerveux, mais qui se voulait poli, que je secouais la tête en signe de négation. Plissant les yeux tandis que je balayais pour la énième fois la bibliothèque, j'osais reprendre d'une voix timide.
- Merci, mais je préfère ne pas vous retenir plus de temps qu'il n'en faut.
Disais celle qui avait attendu sans la moindre impatience ni rancune sa venue. Osant glisser une œillade dans sa direction, je pris note de ses vêtements, de sa manière de se tenir, du maintien de ses épaules et de son visage ainsi que des traits de ce dernier. Elle semblait… comme tendue. Je me mordais l'intérieur de la bouche, priant pour ne pas l'avoir dérangé au beau milieu d'une affaire bien plus importante que mon insignifiante venue.
- Je…
Voulais vous rendre visite. Vous remercier. Vous voir. Vous rencontrer. Vous parler. J'ai tellement entendu parler de vous. Nous nous sommes croisées à Poudlard. Je fermais les paupières, tachant tant bien que mal à remettre de l'ordre dans tous ces mots qui se bousculaient dans ma tête, dans toutes ces informations que j'avais accumulées durant mon attente et de toutes ces émotions qui m'envahissaient à l'instant. Prenant une lente et profonde inspiration, je réussissais à revenir sur ma falaise, au cimetière d'Uachdar, proche de cette roche humide et froide que je ressentais encore au creux de ma main. Enfin recentrée, je rouvrais mes paupières pour observer à nouveau la décoration murale.
- Je tenais à vous rencontrer enfin officiellement pour vous remercier. Pour l'aide précieuse que vous m'avez apportée avec cette… potion. Je retroussais le nez à l'évocation de ce souvenir étrange que j'avais d'avoir passé une après-midi entière dans un corps qui n'était pas le mien. Je… J'espère que ça ne vous dérange pas ?
J'avais essayé de m'appliquer, en lui adressant la parole à Poudlard, en étant polie, en demandant des nouvelles de sa mère que je n'avais pas vue depuis maintenant de nombreuses semaines. J'avais essayé de m'appliquer en demandant conseil auprès de Sean qui m'avait spécifiquement évoqué cette date que nous étions présentement en train de vivre, ce 22 octobre. Une petite voix au fond de moi me hurla de ne surtout pas évoquer la famille de l'Auror qui se dressait devant moi à l'instar d'une tempête prête à gronder.
- Comment allez-vous ?
Question idiote… mais il fallait bien commencer quelque part. 36. Il y avait 36 losanges.
Never Ending Circles
ANAPHORE
Revelio:
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Dim 18 Sep - 3:09
Une chance c'est le cadeau du pardon
Abigail MacFusty Ϟ 22 octobre 2020
Une chose était certaine, cette femme était particulièrement tendue. Facilement intimidée par les propos et l'attitude revêche de Rose, elle se renferma aussitôt dans des formules de politesse, les écoulant sous toutes leurs formes pour tenter de s'excuser. C'était, à dire vrai, presque trop pour un simple livre. Certes, un livre écrit par la mère de l'Auror et qui lui évoquait de bien désagréables souvenirs, mais un livre tout de même. Décidément, il faudrait que l'Irlandaise fasse bien plus attention à ces intonations et les mots employés, autrement cette demoiselle allait finir dans un trou de souris bien avant d'avoir expliqué la raison de sa présence en ces lieux. Comme pour l'encourager, Rose chercha à avoir une attitude plus avenante. Mais les douleurs provoquées par la mission qu'elle venait à l'instant de finir avec son coéquipier ne l'aidèrent pas en ce sens. Bien au contraire, un lancement soudain dans son dos fit frémir ses narines dans une inspiration brusque et peu amène. Bien joué... De quoi ne pas aider cette pauvre personne, déjà bien en peine pour s'exprimer. L'attitude fuyante de la demoiselle prit peu à peu fin, ou du moins se gomma quelque peu, lorsqu'elle préféra affronter les couleurs de la décoration murale plutôt que le regard que lui adressait Rose. A l'évocation d'une potion, dont la conception aurait été facilitée avec le savoir de l'Auror, l'Irlandaise haussa un sourcil. Une potion ? Ah oui ! Cette potion ! Depuis le temps, effectivement, elle l'aurait presque oublié. Mais il s'agissait bien de leur première rencontre. Drôle de moment par ailleurs. Abigail s'était retrouvée dans le corps d'une étudiante suite à un accident malheureux. Toute une histoire... mais qui semblait s'être bien terminée depuis. Cette situation n'était pas commune et c'était bien la première fois qu'elle avait été réclamée par une enseignante de Poudlard pour ce genre... d'incident.
Néanmoins, cela la gênait un peu d'être remerciée pour si peu. Rose l'avait déjà évoqué quelque temps plus tôt, lors du fameux bal où elles s'étaient momentanément croisées. Et où leur relation avait pris leurs premiers accrocs. Mais avant que l'agent du Ministère ne puisse à nouveau l'expliquer à la directrice des Poufsouffle, cette dernière lui demanda soudainement comment elle se sentait. Même si c'était une unième formule de politesse, celle-ci fit de nouveau se relever les sourcils de Rose. Laquelle partit sur un rire léger avant de lui répondre en se rapprochant : - Aussi bien que peuvent l'être les Aurors rentrant d'une mission passablement difficile, mais non moins réussie. Avant que la MacFusty n'interprète mal ses propos, elle précisa en se penchant légèrement en avant, un sourire taquin aux lèvres : - Ça veut dire bien. Se redressant, afin de ne pas lui provoquer davantage de malaises, elle rebondit presque aussitôt verbalement : - Et vous ? Vous n'avez pas trop attendu ? Cette femme était si polie qu'il aurait été malhabile de ne pas se conformer à son tour. Qu'importe que cela prenne du temps et la retarde pour rejoindre le bureau pour le rapport de fin d'opération. Elle n'allait tout de même pas passer pour une personne bourrue au simple prétexte que son supérieur était pressé. Il était presque certain qu'O'Malley trouverait une très bonne façon de le faire attendre.
Après quoi, elle perdit une once de sourire, mais tenta de rester aussi aimable de possible pour ne pas effrayer l'amie de Sean : - Je pensais vous avoir déjà dit qu'il était inutile d'en faire autant, c'était bien peu de choses. J'apprécie grandement, bien sûr, mais j'avoue ne pas être habituée. Les Aurors ne sont pour ainsi dire presque jamais remerciés. Pour être honnête, ce serait peut-être même à moi de vous remercier. C'est la première fois que je vois quelqu'un insister à ce point. Au fond d'elle, et malgré la gêne que provoquait une telle annonce, Rose avait pourtant le cœur qui palpitait un peu. Elle s'en cachait, certes, mais... cela avait quelque chose de stimulant. Un ravissement certain l'animait, alors qu'elle tentait de paraître aussi professionnelle que possible.
Abigail MacFusty
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Mer 21 Sep - 16:37
22 octobre 2020
Mon hyperactivité mentale commençait enfin à se détendre alors que le nombre de losanges me revenait en mémoire. Franchement, qui avait eu l’idée d’acheter un truc pareil et de le poser sur un mur ? Déjà, qui avait eu l’idée de le créer ce machin ? Enfin, pourquoi avait-il atterri dans cette pièce ? Je ne voyais que trois explications. La première était que le décorateur du Ministère avait un sérieux manque de goût, et il suffisait de voir le reste des lieux pour être tout à fait convaincu par cette possibilité. La deuxième était pour mettre mal à l’aise des visiteurs. Ça fonctionnait très bien, en tout cas sur moi. La troisième était pour cacher un secret magique quelconque derrière ces murs hypnotiques. Après tout, le Ministère regorgeait de secrets, la plupart étant destinés à ne jamais être découverts (tout le moins, ce serait plus sage). Bien que j’avais beaucoup de mal à regarder l’Auror qui me faisait face, je parvenais sans trop de mal à capter les expressions de son visage. J’étais habituée à observer les gens du coin de l’œil à cause de ma très forte timidité. Malgré ce talent, insignifiant disons le bien, je ne parvenais pas à percer les pensées de la jeune femme. Se moquait-elle de moi ? Était-elle désappointée d’une quelconque manière par ma faute ? Est-ce qu’elle s’amusait avec moi comme si j’étais une petite souris entre les pattes d’un chat ? Je détestais être à ce point incertaine, car automatiquement j’étais persuadée que la personne en face de moi m’en voulait de la déranger dans son quotidien. Après tout, qui étais-je pour m’imposer dans l’horaire déjà chargé d’une Auror ? Je n’étais personne, qu’on se le dise. Néanmoins, il me fallait être ici, même si les raisons pouvaient paraître futiles, voire infantiles, je devais être présente aujourd’hui pour Rose, ce n’était pas négociable.
Je laissais la jeune femme se rapprocher, prenant sur moi pour ne pas faire un pas en arrière, d’autant plus en entendant son petit rire. Penchant légèrement la tête sur le côté, je me mordais l’intérieur de la bouche pour ne pas m’excuser une énième fois alors qu’elle précisait rentrer tout juste de mission. Abigail MacFusty qui choisit ses moments depuis sa naissance. Elle se pencha un peu, et cette fois, j’eus un léger mouvement de recul tout en enfonçant ma tête dans mes épaules à l’instar d’une petite tortue. Bordel elle allait me bouffe j’en étais sûre. Je savais que Sean ne m’avait pas tout dit à son sujet, j’étais persuadée qu’elle était un puissant cannibale qui se délectait de la détresse des gens comme moi. Elle recula enfin un peu, et je pus souffler de soulagement avec discrétion. Je hochais la tête à son intention, tout de même rassérénée qu’elle aille bien à la suite de sa mission. Ce n’était apparemment pas encore l’heure du repas… Qu’on se le dise ! Je n’étais pas mortifiée. Si elle voulait me bouffer, elle devait d’abord de combattre, et pour sûr, je n’étais pas une proie facile, loin de là. Mais je m’égarais.
— Je vais bien je vous remercie. Je m’habitue enfin à ma perte de magie, je lui souris avec maladresse avant de reprendre. Je ne crois pas avoir trop attendu.
Cette imprécision pouvait sans doute paraître étrange. Je m’empressais donc de préciser.
— Je, euhm… perds vite la notion du temps lorsque je travaille.
Car oui, le livre que j’avais pris et dont l’auteur était de sa famille m’intéressait parce que cela faisait partie de mon travail. Il m’arrivait régulièrement d’aller aider à propos des chevaux ailés là-bas, et même si c’était moins excitant que d’aborder des dragons, il y avait des cas équins qui me donnaient du fil à retordre. J’adorais les défis, d’autant plus lorsqu’ils venaient des créatures magiques ou non. J’étais d’une nature curieuse et ouverte d’esprit, et l’ouvrage en question n’était pas encore dans ma bibliothèque personnelle. Pour toutes ces raisons, je m’étais permis de le feuilleter en attendant, prenant de nombreuses notes mentales pour mes propres recherches. Heureusement que ma mémoire ne me faisait pas défaut lorsqu’il s’agissait d’animaux.
La légère perte de son sourire ne m’échappa guère. Flûte alors, qu’est-ce que j’avais dit pour la contrarier encore ? Je resserrais un peu ma prise sur mon sac et mon manteau que j’avais eu l’outrage de déposer sur l’un des sièges durant l’attente. Ainsi ramassée sur moi-même, je donnais l’air d’un pauvre petit animal tremblant devant son chasseur. Toutefois, j’étais loin d’être un pauvre animal sans défense. Je savais monter les crocs, j’étais très douée en sortilège de défense et enfin, je n’avais pas peur d’argumenter pour faire entendre ma voix dans les débats. En tant que future dirigeante du clan MacFusty, je me devais de prendre les devants dans certaines situations. C’était déjà le cas depuis de nombreuses années en dragonologie puisque j’avais des techniques nouvelles, qui n’étaient pas acceptées au sein de certains de mes confrères.
Mes lèvres se plièrent d’abord sous la contrariété avant que je ne regarde un peu surprise mon interlocutrice. Un sourcil levé, qui traduisait de mon incrédulité, je restais quelque seconde silencieuse. Est-ce que je comprenais bien ce qu’elle venait de dire ? Elle était… touchée que je la remercie ? Ah ben putain ça ne se voyait vraiment ! Pourquoi les gens s’amusaient toujours à masquer leurs émotions ? Ça avait quel intérêt ? Quel but ? Enfin, en mission je veux bien le comprendre, mais là elle ne l’était plus. Ou alors, il lui fallait un temps pour redescendre et retrouver un comportement plus habituel. Passant outre, je lui répondais de ma voix légère et fluette, évitant toujours soigneusement de croiser son regard.
— Franchement, ce n’est pas de trop que de venir vous remercier en bonne et due forme… la situation était réellement délicate et je ne sais pas comment je m’en serais sortie sans votre aide précieuse.
Non, je n’allais pas encore une fois la remercier, car je comprenais le risque que cela pourrait engendrer. Elle deviendrait toute mielleuse et un peu trop reconnaissante… La situation serait encore plus étrange qu’elle ne l’était présentement. Je déglutissais lentement.
— Navrée, je ne peux pas vous remercier aux noms de toutes les autres personnes que vous aidez en tant qu’Auror. Je me permis un léger sourire, démontrant que je m’essayais à une plaisanterie. Pour être honnête, je ne souhaite pas vous mettre mal à l’aise avec mon insistance et je… ne recherche pas vos remerciements. Je remuais des épaules. Mmh… on tourne en rond n’est-ce pas ?
Je me mordais un peu les lèvres. On n’allait jamais y arriver si aucune de nous n’acceptait la gratitude de l’autre. Je fermais un peu les yeux pour prendre une profonde inspiration.
— Merci, pour ce que vous avez dit.
Je lui souris avec sincérité. Voilà, c’était fait. Est-ce que les politesses allaient s’arrêter là ? Une nouvelle fois, un sourire fugace parcourut mes lèvres avant que je ne prenne une nouvelle inspiration.
— Euh… je suis aussi venue aujourd’hui parce que ce… c’est une date spéciale pour vous, je crois. J’espère… je me mis à maugréer. J’espère, sinon O’Malley va m’entendre à se foutre tout le temps de ma gueule comme ça là…
Je remuais le nez, un peu contrariée, essayant de chasser bien vite l’idée de la potentielle (mauvaise ?) plaisanterie de Sean. Purée, si ce n’était pas l’anniversaire de Rose aujourd’hui, alors j’allais vraiment paraître pour une profonde idiote. Heureusement, la vie m’avait appris la philosophe leçon suivante : le ridicule ne tue pas.
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Dim 18 Déc - 2:12
Une chance c'est le cadeau du pardon
Abigail MacFusty Ϟ 22 octobre 2020
Au sein des explications d'Abigail, un élément en particulier fit tinter ses pensées. La demoiselle avait perdu sa magie ? Un très léger frisson saisie son échine. Jamais, oh grand jamais, elle n'aimerait vivre pareille situation. D'autant plus avec son emploi, cela la mettait dans un pétrin plus que certain. Et il était hors de question pour elle de revivre la mise au placard subit quelques années auparavant. Pour ne pas songer davantage aux raisons qui avaient poussé ses supérieurs à prendre cette décision, Rose observa Abigail avec une attention d'autant plus intense, se concentrant pour garder le fil de son récit et ses craintes afin d'éloigner de sa conscience les pensées sombres qui invoquaient son deuil pour Erwan.
Peu à peu la directrice des Poufsouffle repartit gambader vers d'autres champs où cueillir des politesses et autres remerciements. Ça n'en finissait plus. Quant au fait de remercier l'Auror pour toutes les personnes qui ne l'avaient pas fait, c'était de trop. Rose n'en demandait pas tant, loin de là, ni à elle ni à quiconque, et ainsi se retrouva doucement embourbée dans un sentiment de léger malaise. Elle était tout à la fois heureuse de l'entendre, certes, mais trouvait la situation de plus en plus particulière. Remontant les mains pour les agiter et signifier de ne pas en faite autant, l'irlandaise eut un regain d'air lorsqu'Abigail se rendit compte que la situation bouclait.
- Un peu, oui, souffla Rose au travers d'un rire léger
Un sourire sincère et doux perça aux coins des lèvres de l'agent du Ministère aux remerciements ultimes d'Abigail. Les derniers, normalement, mais surtout les vrais. Plus d'enrobage d'explication, plus de vernis de politesse, juste la sincérité de ses sentiments. C'était du moins ce qu'il semblait être aux yeux de Rose. Au bout de son sourire, l'Auror l'allongea lorsqu'elle aperçu la jeune femme inspirer un air nouveau, après s'être tant vidée de sa pression. Néanmoins la surprise la frappa presque aussitôt. Le temps de quelques dixièmes de seconde, son visage aborda une incrédulité totale, avant de se fendre d'un nouveau sourire, plus grand encore. Elle nota aussitôt la vulgarité soudaine de ses propos, preuve en était que la situation actuelle avait été prévue par son collègue. Non mais sérieusement, qu'est-ce Sean avait encore foutu ?
- Eh bien oui effectivement, il s'agit de mon anniversaire. Je n'imaginais pas qu'O'Malley vous aurait confié cette date.
Tout ça pour envoyer son amie au casse pipe le jour même de l'anniversaire de Rose et ce en faisant parfaitement exprès ? L'incroyable fripouille... Franchement ! Pas étonnant qu'il soit en train de jouer à gagner du temps avec leur supérieur, très certainement fier de son petit effet de surprise.
- C'est vraiment gentil à vous d'avoir songé à me dire ces quelques mots en ce jour particulier. Je n'avais rien de prévu, encore moins qu'on me le souhaite de cette façon.
Elle n'avait plus Erwan près d'elle pour ces moments. Ni sa famille. Ne restait que ses quelques amis. Alors, en un sens et après un peu de réflexion, c'était une vague de chaleur qui embrasa le coeur de la Cartwright.
Abigail MacFusty
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Mar 31 Jan - 19:23
22 octobre 2020
La tension était à son maximum. En vrai, le plus difficile était fait et derrière, je l’avais remerciée pour le service rendu, et les politesses s’étaient éternisées. Néanmoins, j’étais à présent soulagée et en paix avec moi-même. Peut-être avais-je reçu une éducation trop stricte, même si je ne me sentais aucunement traumatisée, mon enfance avait plutôt été agréable, mais aussi, j’étais comme ça. C’était dans mon caractère, car j’avais à cœur d’éviter au maximum d’être une préoccupation pour qui que ce soit. J’étais quelqu’un d’effacé, et j’aimais le rester. En vérité, l’anniversaire de Rose tombait à pic. Je pouvais la remercier de la plus belle des façons, tout le moins, à mes yeux, car ce fut au détour d’un entraînement avec Sean que l’idée avait germé. Encore fallait-il qu’elle apprécie le jour de son anniversaire. Je n’étais pas sans savoir que certaines personnes n’appréciaient guère les fêtes, que ce soit les anniversaires ou Noël, par exemple. Bien que je trouve ça triste, je ne jugeais pas. Tout ce que j’espérais présentement, c’était que Rose ne faisait pas partie du lot de ces personnes, au moins pour célébrer leurs naissances. Les paroles de l’Auror ne me rassurèrent pas vraiment à ce sujet, néanmoins, je ne me démontais pas. Je haussais les épaules en souriant en coin.
— Oh, ça s’est fait par hasard au détour d’une conversation tout à fait ordinaire.
C’était vrai. Je savais qu’il travaillait avec mademoiselle Cartwright alors je lui avais confié ma mésaventure et mon envie de la remercier. Une pierre deux coups. Un peu nerveuse, je tordais mes doigts entre eux. Et si elle n’appréciait pas mon cadeau ? Et si je la vexais en célébrant une année de plus ? Après tout, des gens refusaient de vieillir. Est-ce qu’elle en faisait partie ? Quel enfer. Bien que je travaille régulièrement avec sa mère pour divers problèmes concernant les chevaux ailés, je n’avais eu que peu de contact avec mademoiselle Cartwright. Je croyais savoir que Harper et elle avaient un certain grief, mais j’en ignorais toute la nature. En vérité, je déplorais de si mal la connaître. Tout ce que je savais d’elle, c’était qu’elle était Auror, qu’elle travaillait avec Sean et qu’elle était douée en potion. C’était bien peu flatteur, et j’avais eu la sensation d’être la pire des profiteuses en lui demandant de me rendre service lors de ma mésaventure avec une élève. Je pris une profonde inspiration pour rassembler mes idées. Aller courage, bientôt le vent de Soay me fouetterait sauvagement le visage.
— Je ne suis pas venue avec de simples remerciements.
Pour étayer mes propos, je prenais mon sac et fouillais à l’intérieur. Mon cœur se serra douloureusement tandis que ma main ne rencontra que du vide. Merde… je ne l’ai pas oublié quand même ? Je réprimais une grimace tandis que j’enfonçais l’entier de mon bras dans mon sac, non sans grommeler.
— Maudit sortilège d’extension…
Décidément, j’avais le talent de me ridiculiser face à mademoiselle Cartwright. Alors que je fouillais nerveusement mon bagage, il y eut quelques petits fracas. Des bruits sourds de papiers et de livres que je bousculais, quelque chose de métallique qui s’entrechoqua… plus les secondes s’égrenaient et plus je pâlissais à vue d’œil. Bon sang… Une petite exclamation de joie m’échappa lorsque je me saisissais enfin du précieux bien. Je l’extrayais avant de le tendre à mon interlocutrice.
— Excusez-moi… on m’a toujours dit de faire le tri dans ce sac, mais j’ai peur d’y passer le restant de mes jours.
Le cadeau rectangulaire, d’environ cinquante centimètres de long et trente de hauteur, était emballé dans un simple papier kraft. Après avoir confié le présent à l’Auror, je recommençais à entremêler nerveusement mes doigts. À l’intérieur, Rose pourra y trouver la photo d’une clairière avec des arbres en troisième plan entouré d’un élégant cadre en bois. Elle pouvait y voir des cerfs, des biches, des lapins se promener paisiblement et disparaître derrière les arbres. Je la laissais découvrir l’objet magique avant de reprendre la parole.
— Ce… c’est une photo que j’ai prise moi-même, mais au-delà de ça… l’objet à sa petite particularité. Vous pouvez y ajouter ou retirer les éléments de vos choix. La base de la clairière est des arbres restera la même, mais les animaux, ou les personnes que vous voulez voir, vous pouvez les changer à votre gré. J’y ai mis des animaux pour rester assez neutre, mais vous n’êtes pas obligées de les garder. Je… j’y ai mis Sean, mais… J’allongeais le cou pour jeter un œil sur la photo. On ne le voit pas… il est peut-être allé faire pipi.
Une nouvelle pointe de plaisanterie m’échappa, et je me permis un sourire un peu contrit en croisant, pour la première fois, fugacement les yeux de Rose. Je reculais d’un pas pour reprendre une distance de sécurité et laisser Rose admirer son cadeau d’anniversaire. Par Merlin, pourvu qu’elle apprécie…
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Dim 30 Avr - 1:57
Une chance c'est le cadeau du pardon
Abigail MacFusty Ϟ 22 octobre 2020
La surprise marqua bien vite le regard de Rose lorsque celle-ci se rendit compte que la fameuse Abigail n'était pas seulement venue avec de belles paroles. Pour la demoiselle, souhaiter l'anniversaire d'une étrangère comme l'Auror n'avait pas suffit. Il en avait fallut davantage pour qu'elle ne se sente pas, visiblement, redevable des derniers événements. Une tournure que l'Irlandaise n'avait absolument pas anticipé. Un maigre instant, l'agent du Ministère faillit intervenir afin que la jeune femme cesse son geste. Mais après une réflexion bien plus objective, elle n'était pas certaine que l'empêcher de lui offrir ce présent ne blesse pas Abigail. D'autant plus qu'elles risquaient de nouveau d'entrer dans une boucle infernale de politesse. Non. Accepter ce que cette jeune femme avait à lui offrir était le mieux à faire et sans doute la meilleure façon d'accepter ses remerciements précédents. Ainsi, l'Auror ne bougea pas, malgré un sourire amusé face à la mésaventure que vivait la directrice des Poufsouffle avec son sac enchanté. Décidément cette dame avait du renverser un miroir sur un chat noir. Il ne pouvait en être autrement. En entendant le remue ménage en cours, Rose fit mime de se gratter la joue tout en détournant les yeux. Une méthode pour tenter de dissimuler son sourire et espérer retenir le rire qui voulait tant émerger face à cette situation cocasse. Par chance, Abigail finit enfin par trouver ce qu'elle chercher. Reposant toute son attention sur la jeune femme, l'Auror récupéra le mystérieux colis, sa malice encore un brin présente sur le coin des lèvres.
- Je vous comprends, j'ai déjà tant à faire avec le mien, et pourtant il n'y a pas autant de choses, fit-elle avant de baisser les yeux sur le colis recouvert de papier Kraft, Rien ne vous y forçait, mais je vous remercie pour ce présent.
C'était si étrange. Si étrange de recevoir cela de cette femme qui n'était au fond qu'une amie d'un ami. Et à côté de ne plus avoir quoi que ce soit de ses véritables proches. Mais au final, peut-être était-ce mieux ainsi. Mieux de maintenir cette distance entre eux, quitte à creuser ce gouffre familial.
Sans faire davantage attendre la visiteuse, Rose débuta l'ouverture. Par habitude, elle prit soin de ne pas déchirer le papier. Elle avait ce petit plaisir secret à essayer de déballer les cadeaux en provoquant le moins de dégâts possibles. Une prouesse qui, parfois, irritait plus qu'elle ne surprenait. Le papier utilisé par la Macfusty avait beau ne pas être ouvragé ou teinté de luxueuse couleurs, pour Rose le jeu était le même. Cette fois, l'Auror parvint à décoller le scotch sans trop de mal et, à une ou deux petites déchirures près, était presque parvenue à un sans faute. Dommage...
L'écoutant avec grand soin, Rose finit par découvrir sous ses doigts l'objet surprise. Se dévoilait à ses yeux un paysage animé d'une vie forestière. Avide d'une certaine liberté et paix, à des années-lumière de ses engagements et quotidiens sous pression, le cadre dégageait un semblant de sérénité. Un sentiment étrange qui prit Rose au coeur, alors qu'Abigail lui indiquait la raison la plus inattendue pour justifier l'absence de Sean dans ce tableau. Ni une ni deux, Rose ne put cette fois retenir son rire, qui fusa aussitôt.
- Oh oui, ça serait tout lui ! Taquin jusqu'ici !
Fictif ou non, elle l'imaginait bien chercher à l'embêter à sa façon bien particulière. Mais un doux sentiment finit par amoindrir son rire jusqu'à l'éteindre. Un sourire demeura, tandis que ses yeux parcouraient le paysage paisible. Se rendant compte de son semblant d'absence, Rose finit par relever les yeux vers Abigail brusquement.
- Je vous remercie infiniment. Il s'agit d'un cadeau très précieux que je n'hésiterai pas à installer dès ce soir.
De bien maigres paroles au vu de l'émotion qui se dégageait de son coeur serré. Mais une question tracassait ce dernier, mêlait à un chagrin silencieux. Tentant de les faire taire, Rose finit par rediriger la discussion vers un autre sujet. S'avançant dans la pièce, elle vint cueillir le livre qu'Abigail avait tenu dans ses mains quelques minutes auparavant : un livre écrit par la mère Cartwright. Observant sommairement la couverture, l'Auror tendit par la suite l'ouvrage à la Directrice de maison.
- Prenez-le. Il sera bien plus utile dans vos mains qu'à moisir ici.
Et finirait par la même occasion loin, très loin de la mafieuse. Cependant, en songeant malgré elle à sa famille, ses pensées revinrent rapidement au galop. La mélancolie la toucha de nouveau, durement, alors qu'elle tendait toujours le livre vers la Macfusty et tenait son présent contre son coeur.
- Vous pensez, débuta Rose avant de s'arrêter l'espace d'un bref instant de doute, qu'il est possible d'y faire apparaître des personnes qui nous ont quitté ?
Une interrogation bien particulière. Elle aurait très bien pu essayer au calme chez elle, au lieu de s'exposer ainsi face à une demi-inconnue ! Mais il était bien trop tard pour rattraper ses mots ou faire mime de s'être trompée dans l'élocution de sa phrase.
Abigail MacFusty
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Dim 18 Juin - 8:00
22 octobre 2020
Un sourire doux barra mes lèvres lorsque Rose me confia qu’elle avait les mêmes problèmes que moi avec son sac sous sortilège d’extension. Ah ! comme quoi, la magie pouvait être utile, mais des fois, elle avait son revers de médaille. Qu’importe, l’essentiel était là : j’avais retrouvé le présent que j’avais préparé pour l’Auror. Si initialement je le lui avais confectionné pour la remercier de son aide, avec le temps, le présent avait une tout autre signification. Sans être parfaitement aux faits de ses affaires familiales, j’avais deviné la tension qu’il y avait entre elle et sa famille. Aussi, elle était une personne très appréciée de Sean. Enfin, je reconnaissais sans la moindre hésitation son talent sur le terrain lorsque les événements avec le Blood Circle et les Mangemorts l’y forçaient. Alors oui, ce cadre était un cadeau d’anniversaire, mais dans le fond, il était bien plus. Il était la volonté d’un rapprochement apaisé, de ma bonne volonté, d’un remerciement allant au-delà de ma mésaventure en potion. Il était un signe de paix, que ce soit entre nous, mais aussi dans les tracas quotidiens de la jeune femme, car si j’en avais l’air, je n’étais pas dupe. En tant que dragonologiste et héritière de la maison MacFusty, j’avais énormément à faire. Je n’osais pas imaginer tout ce qu’entendrait la responsabilité de Rose ne serait-ce qu’en tant qu’Auror. Si mes problèmes découlaient davantage des créatures magiques, ce qui, à mes yeux était facile à résoudre, Rose, elle, avait le talent de se mêler aux gens pour y faire éclater la vérité. Une chose dont je serai totalement incapable.
Son éclat de rire à l’évocation de Sean termina de délester mes épaules du poids qu’elles portaient jusque-là. Comme si, enfin, l’atmosphère se détendait entre nous. Soulagée, j’observais Rose alors qu’elle contemplait mon présent, soulagée et heureuse de la voir l’apprécier. Un instant, je jurerai même l’avoir aperçue un peu absente, comme si l’évocation de ce cadre lui rappelait quelque chose d’autre, quelque chose de plus profond, de plus enfoui. Je ne dis rien, et fis mine de n’avoir rien vu alors qu’elle me remercia, pourtant, je la comprenais. Oui, tout au fond de moi, je la comprenais.
— Je suis ravie qu’il vous plaise !
Ce tableau était le champ des possibles, et, encore une fois, sa confection avait été pensée pour Rose, mais par ma propre magie. Ma magie empathique et douce dont bien des gens se moquaient, sous prétexte qu’elle était inutile. À dire vrai, ce tableau n’était qu’un rassemblement de multiples photographies… à un détail prêt. Les photographies sorcières, bien qu’animées, ne donnait qu’un maigre champ d’action aux personnages. L’action du moment où le flash s’était échappé. Mon tableau avait cela de différent : les personnages pouvaient bouger et prendre des initiatives. Pour autant, je leur avais empêché d’avoir trop d’interactions avec le propriétaire du tableau, et ne leur avait pas accordé l’envie de détruire le tableau pour s’échapper (sait-on jamais). Moi qui connaissais le deuil, j’avais eu envie d’ajouter Kyle dans ce tableau, juste pour un essai. Mais, m’imaginer pouvoir échanger avec lui, avec ses traits un peu floutés par la photographie, m’avait fait froid dans le dos. Si, pouvoir discuter avec lui et le serrer dans mes bras était ce que je désirais le plus au monde, j’avais aussi conscience que cela pouvait me faire sombrer dans la folie. Ainsi, après réflexion, j’avais posé ces deux limites aux personnages ou aux animaux du tableau. Pour autant, j’ignorais si Rose faisait face au deuil également ou non, et je n’étais pas certaine de vouloir le savoir. Ce n’était pas mes affaires, et je n’avais pas envie de m’aventurer sur un terrain qui n’était pas le mien, et encore moins sans autorisation.
Lorsqu’elle me tendit le livre que je feuilletais à son arrivée, j’eus d’abord l’envie de le lui refuser. Je ne l’avais pas lu pour qu’elle me le donne, mais parce que le sujet m’intéressait vraiment. Pour autant, je voyais là une volonté de la part de l’Auror à vouloir continuer sur ma lancée, à savoir, entretenir une relation naissante entre nous. Une relation autre que simple connaissance qui se côtoient de temps en temps. D’un geste mesuré, mais assuré, je le lui pris avec douceur.
— Merci beaucoup ! Je regrettais justement de ne pas avoir pu terminer de lire ce chapitre intéressant sur la composition du whisky pur malt.
Mes lèvres s’étirèrent une nouvelle fois en un sourire timide. Je disais n’importe quoi, j’ignorais même s’il y avait un chapitre consacré à ça, mais mon intention était de détendre encore les tensions résiduelles entre nous. Mais, la soudaine hésitation de Rose me rappela à mon sérieux. Je la fixais avec cette douceur qui me personnifiait alors que sa question lui échappa visiblement. Je me contentais de cligner des yeux avant de lui répondre calmement et sans chercher à la juger. Après tout, j’y avais songé lors de la confection.
— C’est possible, oui. Un voile sombre passa rapidement devant mes yeux avant que je ne batte une nouvelle fois des paupières. J’y ai songé en le créant, mais j’y ai posé des limites. Il est impossible d’avoir de véritables conversations avec les personnages ou les créatures dans le tableau. Des échanges de politesse, tout au plus. Je serrai le livre contre moi dans un petit geste nerveux. J’ai trouvé ça plus… sain, de poser une limite. Vous le savez tout aussi bien que moi, certains objets magiques peuvent soulager… mais paradoxalement aussi détruire. Je remuais un peu les épaules en reprenant une voix détendue et un peu taquine. Et mmmh ! Je vous aime bien ! Je m’en voudrais si vous deviez être trop absorbée par ce merveilleux présent que voilà.
Un nouveau sourire fendit mon visage alors que j’observais le tableau en question.
— La formule est assez simple.
J’étayais mes propos en sortant ma baguette pour faire une démonstration à Rose. Un jeu d’enfant, ou presque. Il y avait dans la formule, un énoncé en gaélique écossais. Une intention volontaire de ma part afin de ne pas faciliter la tâche au premier venu.
— Et pour retirer un élément, c’est la même formule, mais au négatif.
Tout simplement. Mes épaules plus détendues qu’à l’arrivée de l’Auror, je trépignais un peu sur mes pieds comme pouvait le faire un enfant devant un petit gâteau.
— Si vous avez la moindre question, n’hésitez pas !
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Dim 20 Aoû - 2:50
Une chance c'est le cadeau du pardon
Abigail MacFusty Ϟ 22 octobre 2020
Abigail avait semblé couler sur Rose un regard doux et compatissant, laquelle n'avait pu s'en rendre compte lorsque toute son attention avait été portée sur le cadre enchanté. Pour autant, ses sentiments, le calme de la pièce et l'apaisement naissant avait laissé son cœur s'adoucir et entrer avec une certaine résonnance avec celui de la Directrice de Poufsouffle. Lorsque leurs yeux s'étaient de nouveau rencontrés, l'Auror y avait lu l'étincelle furtive qui faisait d'elle la représentante de cette maison si empathique. Ainsi, quand l'Irlandaise lui fit ce présent, le fameux ouvrage de la plume de la matriarche Cartwright, Rose avait largement laissé parler son cœur à son tour. Dans un signe d'ouverture, de paix et de doux espoir. La guerre faisait bien assez de ravage comme cela. Il n'y avait finalement pas de véritable raison à se laisser aller à entretenir cette tension entre elles et participer à cette atmosphère de méfiance. Abigail prouvait, à bien des égards, que ses intentions n'étaient pas mauvaises et elle n'aurait jamais pu obtenir les faveurs de Luca ou Sean si tel avait était le cas. En réalité, c'était surtout cette proximité avec les deux hommes, avec les deux univers de Rose, sa face visible et invisible, qui avait posé la première pierre de mise à distance. La sorcière avait été vue par l'Auror comme un danger, immédiat, non pas particulièrement pour elle mais pour Luca. Mais l'homme était un grand garçon, loin d'en être qu'à sa première bêtise, et s'il devait tomber un jour il y avait plus de chance que ce soit dû à ses travers persistants de camé qu'à cause de la supposée innocence feinte de la jeune femme face à elle.
Les mains d'Abigail vinrent finalement accepter le livre qui avait tant semblé l'intriguer lors de cette nouvelle rencontre. A l'évocation du whisky pur malt, Rose tiqua légèrement, un sourire en coin, tout en levant un sourcil.
- Etonnant sujet. J'espère qu'elle ne dresse personne avec ça.
Rose avait bien du mal à imaginer sa mère écrire sur ce thème, ainsi se dit-elle qu'il devait sûrement s'agir d'une petite plaisanterie. Une perche que Rose ne manqua pas pour enfoncer le clou de sa mésentente avec sa maternelle. Comme si cela n'avait pas été assez clair...
Ce moment entre elles se subtilisa alors en quelque chose de plus profond, ravivant la douceur, semblait-il naturelle, d'Abigail. Dès lors que Rose évoqua de nouveau le cadre offert et ses fascinantes particularités, la professeur façonna son regard. Il y avait dans celui-ci comme un écho. Une tendresse, aussi douce que douloureuse, que ceux qui ont déjà connu la perte savent reconnaitre. Une compassion, silencieuse tout d'abord, un échange de l'une à l'autre qui n'ont pas besoin de mot à cet instant, pas besoin de détails ou d'explications, pour savoir le chagrin qui a brutalisé chacune. Le reste de leurs histoires demeurait dans leur intimité à chacune. Il n'y avait pas besoin de plus.
Aux premiers mots d'Abigail, jusqu'à la naissance de son premier silence, la gorge de Rose se contracta. Comme si l'air ne pouvait plus d'être inspirer dans un canal de la taille d'une paille, tant la soudaine pierre qui lui servait de pomme d'Adam la comprimait. Devant le trouble de la professeur, l'Auror ne put guère réprimer ses propres émotions, qui vinrent monter en elle comme un flot tumultueux. A grand renfort de maîtrise d'elle-même, l'agente du Ministère tint le cap, vaillante sur son petit navire de planches ébréchées. Hors de question de flancher ici. Pas aujourd'hui. Pas devant cette femme. Pas après tous les efforts qu'elle avait mené pour passer l'épreuve. Mais au fil de l'écoute qu'elle tenait de cette conversation, l'espoir se dilua. Il n'y avait pas une épreuve. Elle était multitude de petites autres. Réapprendre à sourire, rire, vivre... ce n'était que peu parmi tant d'autres finalement... Et Sean lui avait déjà prouver que, parfois, pour reprendre le combat sur un bon pied il fallait apprendre à tomber. Tomber pour mieux se relever.
Une unième inspiration profonde. Digne d'un reniflement traître. Plus d'échappatoire. Alors qu'Abigail prononçait sa formule magique, qui par chance avait peut-être recouvert la sonorité de son ébranlement, Rose papillonna des paupières pour tenter d'effacer la lueur soudainement azure dans ses iris. L'espace d'un bref instant, tout au plus, avant qu'elle ne reprenne le contrôle de son corps, tout en laissant ses émotions fluctuer. Trois larmes roulèrent. Deux jumelles d'un côté, une solitaire de l'autre. Toutes vinrent mourir à ses lèvres, qu'elle ne pu faire demeurer scellées plus longtemps.
- Merci Abigail. Sincèrement. Pourrez-vous... me copier les deux formules. Je préfèrerai ne pas les oublier ou me tromper dans la prononciation.
Un rire sec, ou plutôt brisé, passa faiblement ses lèvres, tandis qu'un sourire faussement amusé les étira.
- Aussi doué qu'on soit, la magie peut être capricieuse.
Une façon de ne pas assumer que l'émotion, surtout, ainsi que le reste de sa journée risquaient de lui en faire oublier une petite partie. Et l'ensemble de la formule était essentiel. Hors de question de baragouiner un texte en espérant remplir les bonnes cases.
- Et... N'en dites pas un mot à Sean s'il vous plaît.
Il était déjà suffisamment inquiet comme ça. Elle n'avait pas envie d'en ajouter une couche en remettant sur le tapis ses histoires d'endeuillée à nouveau. Ils avaient tous leurs propres fantômes à pleurer, il n'avait pas à se préoccuper du sien. Si Abigail était une bonne amie du jeune homme, sans doute comprendrait-elle où Rose voulait en venir.
Abigail MacFusty
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Dim 3 Sep - 14:16
22 octobre 2020
Je penchais la tête en arrondissant de grands yeux lorsque Rose me confia espérer que sa mère ne dresse personne avec la recette du whisky pur mal. Un sourire franc barra mes lèvres, pour autant, je ne me permettais aucun commentaire, certaine qu’il ne s’agissait là rien d’autre que d’une boutade entre elles. Pour autant, j’avais parlé très sérieusement. La recette du whisky pur mal qui était partagée dans ce livre était très intéressante lorsqu’on avait à faire aux Abraxans régulièrement, comme moi. J’admirais le travail de la mère de Rose, spécialisée dans les chevaux ailés. Sans doute que mes parents auraient préféré que je suive cette voie plutôt que celle des dragons, pourtant, je me sentais davantage vivante et investie auprès des grands lézards cracheur de feu qu’auprès des chevaux. Peu consciente des griefs qui animaient la famille Cartwright, je confiais son cadeau à Rose.
Si je ne connaissais pas en détail son histoire, je devinais, à son attitude silencieuse, que nous souffrions du même mal. Celui du vide que pouvait causer l’absence d’un être aimé. Alors, ce fut comme si nos inconscients se connectèrent entre eux. Bien peu enclines à parler de ce qui nous rongeait de l’intérieur, notre manière de nous regarder, cette symbiose qui s’installa entre nous malgré les silences, fut le plus éloquent des discours. Voilà pourquoi je n’eus aucune réaction en voyant les larmes perler sur les joues de la jeune femme. Au contraire, je souris de compassion et d’empathie, bien heureuse de constater que ce présent causait plus de joie que de peine, tout le moins, j’avais la prétention de croire que ça lui plaisait. Les remerciements qui vinrent ensuite terminèrent de me rasséréner. Je me fis violence pour ne pas me confondre à nouveau en politesse inutile comme il y a quelques minutes, et, à sa demande, j’ouvrais mon sac pour en sortir un bloc-notes et un stylo. Ce dernier était un instrument peu commun dans le monde des sorciers, pourtant, j’en avais toujours un à portée de main. Cette invention moldue était tellement plus pratique que de se trimballer avec sa plume et son encrier ! Je pris le bloc-notes et l’ouvrit à la fin, montrant par ce fait à l’Auror, le nombre de pages que j’avais déjà noircies. Il y avait de tout, des observations en dragonologie et en botanique, des pensées et même quelques vers de chansons dont seule moi connaissais la mélodie. Une fois une page vierge trouvée, je griffonnais dessus les deux formules de mon écriture la plus claire et la plus arrondie. Je déchirais ensuite le papier pour le tendre à la sorcière dans un sourire, me permettant uniquement de croiser son regard sans m’y accrocher.
— C’est parce qu’elle est capricieuse qu’elle a du charme. Hélas, beaucoup semblent l'oublier en ces temps sombres...
Me contentai-je de répondre, un brin philosophe. C’était une base de la magie, pourtant, bon nombre de sorciers semblaient l’oublier, ce qui menait aux guerres comme nous le vivions en ce moment. Des guerres stupides, engendrées d’un côté par la peur et de l’autre par l’illusion d’une quelconque supériorité. Il n’y avait personne à blâmer. Pour ma part, je continuais à agir comme je l’entendais, avec douceur et gentillesse et à offrir des présents aux gens, comme Rose, afin d’adoucir les cœurs, afin que personne ne puisse oublier l’essentiel de l’existence qui se composait principalement d’amour. Je retins un rire à sa demande. Je joignais mon index et mon pouce tout en les passant sur mes lèvres après m’être redressée comme un soldat.
— Pas un mot !
Je souris, légère, et soulagée que cette entrevue se soit passée pour le mieux. J’étais bien contente que le présent plaise à Rose, moi qui la connaissais si peu, l’établissement des sortilèges avait été difficile. Cela dit, ma sensibilité, et le peu que m’en avait dit Sean m’avaient suffi pour toucher correctement. Je rangeais mon stylo et mon bloc-notes dans mon sac et plaçai ce dernier sur mes épaules.
— Je ne vais pas vous prendre davantage de votre temps.
J’allais faire un pas en arrière, mais me retint. Hésitante, j’ouvrais et fermais la bouche avant de déclarer.
— Si une fois vous avez besoin de parler… vous savez comment me contacter. N'hésitez pas.
Parler de la perte d’un proche n’était jamais chose aisée, davantage auprès de ceux qu’on appréciait et d’autant plus si eux-mêmes n’avaient pas vécu pareille tragédie. J’avais la naïveté de croire qu’entre Rose et moi, nous pourrions en parler sans mal, car nous ressentions la même chose et que nous n’aurions pas de pensées biaisées puisque nous ne nous connaissions que peu. Sur ces mots, je la saluais respectueusement et, dans un dernier signe, sortis de son bureau en lui donnant enfin l’occasion de rejoindre ses fonctions. Moi, je retournais à l’air libre, soulagée.
Never Ending Circles
ANAPHORE
Revelio:
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IRL
Dim 19 Nov - 2:19
Un pâle sourire éclaira les lèvres de Rose lorsqu'Abigail aborda la beauté de la magie, avant qu'il ne s'efface, éphémère. Le sujet de l'actualité étant tant ancrée dans son quotidien, tant d'Auror que de Conseillère, qu'elle préférait mettre de la distance sur ce point précis qui se distilait dans leur échange. Néanmoins, afin de ne pas se faire non plus passer pour une opposante farouche, un léger hochement du menton vint approuver le propos. Silencieux, mais bien réel. Même si elle partageait cette idée, elle ne pouvait se permettre de l'évoquer davantage, pas en tant qu'entité neutre du Conseil. Mais elle ne doutait pas le moins du monde que la représentante de Poufsouffle comprendrait sa position. La malice de la directrice se réincarna peu après, sous une phrase lancée avec un certain panache. La facilité d'expression d'Agibail la facinait presque. Une vraie palette à elle seule, passant de l'une à l'autre de ses émotions tout en les révélant au monde sans grande pudeur. À des années lumière de la métamorphomage qui se donnait du mal pour contenir toujours plus les siennes. Mais pour ce qui était de leur secret, elle le devina bien gardé. Ou l'espérait bien. Sean n'en saurait rien, et ce sera pour le mieux. Le coeur de l'Auror s'apaisa à cette pensée et face à la demande de conclure, l'Irlandaise se dirigea vers la porte pour enclencher la poignée.
- Vous avez raison, merci pour cette entrevue, passionnante. Et pour votre patience.
Après tout, la jeune femme l'avait attendu longuement de retour de sa mission. Mission dont elle devait encore livrer le rapport, avec un Irlandais de collègue chargé de retenir leur supérieur. Mieux valait ne pas faire davantage attendre ces deux-là. Néanmoins, alors que Rose se décalait pour laisser sortir de la pièce Abigail, cette dernière lui ouvrit une autre porte, intérieure. Privée. Une proposition qui tira un sourire de circonstance à l'agent du Ministère. À la fois touchée et troublée par cette demande comme par l'événement qui venait de prendre fin entre elles. Une liaison s'était tissée. Une liaison qui pourrait bien se renforcer comme se briser selon l'entretien qu'elles apposeraient toutes deux dessus. Cette invitation donc était une chance de faire naître entre elles une relation bien différente de celle de simples connaissances. Et si, après tout, elle y avait droit ? Le droit de refaire réellement sa vie ? D'avancer sur celle-ci ? Sur un nouveau point de départ qui pourrait débuter aujourd'hui ? Silencieuse un court instant, l'Auror finit par avouer simplement :
- J'y songerais. N'hésitez pas non plus de votre côté à me contacter en cas de besoin. Même si ce n'est pas à propos d'une potion.
Un clin d'oeil que personne passant près du duo sortant de la salle ne pourrait comprendre en dehors d'elles-mêmes. Et c'était pour le mieux. Prodiguant ses salutations, Rose finit par prendre congés et s'en retourner à son étage retrouver ses obligations. Le coeur à la fois plus léger d'une âme et plus lourd d'un cadre. La notice avec les formules bien à l'abri dans une poche intérieure de sa veste, près du coeur, elle se jura de les apprendre parfaitement le moment venu. Et le moment viendrait bientôt. Elle le savait. Le sentait. La voie était tracée, emplie d'obstacles certes, mais elle avait enfin la force d'avancer sur ce parcours du combattant. L'avenir, elle se le promettait, serait radieux.
[FIN]
Spoiler:
Merci pour ce rp !
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Une chance c'est le cadeau du pardon ~ Abigail / Rose
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