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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
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And it's so hard to say goodbye when it comes to this || Soly VIII :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Sofiane Rasak
Sofiane Rasak
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Sam 21 Mai - 20:03
And it's so hard to say goodbye when it comes to this
SOLY VIII - Mars 2021 - Londres

Les jours qui ont suivi la découverte du corps d’Ambrose, Sofiane s’est levé chaque matin en mode pilote automatique. Son cerveau faisait les choses de manière machinale. Se lever, manger, aller au travail, le sport, la torture, l'enquête pour trouver un coupable, dormir. Mais dormir, il n’y parvenait pas. Chaque nuit, il se réveillait en sursaut, l’odeur lancinante du corps carbonisé de son ami s'immisçant dans ses narines, la vision d’horreur de son cadavre revenant le hanter. Et parfois même, sa voix lui susurrant à l’oreille qu’il aurait dû être avec lui. Qu’il était mort à cause de lui. La culpabilité, Sofiane n’en a jamais eu ; il se contentait de vivre ou plutôt de survivre comme il pouvait, faisant fi du reste, faisant fi des conséquences. Rien n’avait d’importance en réalité que son propre confort, que ses propres envies et ses propres désirs. Pourtant, alors qu’il vient de perdre son frère d’arme, l’esprit de Sofiane n’a de cesse que de le torturer ; lui intimant que l’ordre de mission à laquelle Ambrose a répondu lui avait également été adressé. Sofiane avait refusé celui-ci, devant travailler tard pour son employeur officiel et maintenant, par sa faute, il était mort. Cette pensée le poursuivait à chaque seconde. Chaque minute qui passe ne fait qu’accentuer l’état léthargique dans lequel il s’est plongé depuis. Tout de suite après sa mort, il s’était également abandonné dans la recherches des sorciers qui lui avaient ôté la vie ; il lui fallait un coupable, il lui fallait quelqu’un à blâmer, quelqu’un à tuer. Et puis, il y avait cette promesse faite à Charly. La vengeance. Voilà ce qui le tenait même si pour le moment, les recherches ne donnaient rien. Le Blood Circle avait pourtant mis plusieurs autres membres sur l’enquête. En vain.

L’organisation des funérailles fut longue. Il fallait d’abord s’assurer que ce soit bien lui. Le médecin légiste avait mis longtemps à rendre son expertise et avait fini par conclure que le corps était trop abîmé pour clairement l’identifier mais le sexe, la taille et la corpulence du macchabée correspondait clairement à Ambrose. L’évaluation médicolégale, la présence du couteau et l’absence de manifestation du concerné avaient suffit pour que la famille Terry déclare et annonce officiellement le décès d’Ambrose. La volonté de la famille étant de voir Ambrose inhumé selon la tradition religieuse, Sofiane s’est ainsi retrouvé sur l’un des bancs de l'église londonienne choisie par les Terry, assis aux côtés de Charly qui s’était installée auprès de lui. En vérité, la cérémonie n’avait que peu d’importance, il n’entendait rien, ne voyait rien ; ni les louanges faites par quelques personnes que Sofiane ne connaissait même pas, ni les autres personnes venues pour le pleurer. Dans sa bulle, il n’y avait que Charly et lui, il estimait qu’ils étaient les seuls à vraiment vivre ce deuil de cette manière ; ils l’avaient trouvé. Ils avaient vus ce qu’ils lui avaient fait et la haine de Sofiane envers la population magique n’avait cessé de croître depuis. La fureur, le besoin de justice, et la vengeance : c’est ce qui permet au jeune syrien de tenir debout actuellement. Il ne sait même pas pourquoi il est ici en définitive ; il n’est pas croyant, il ne l’a jamais été même si sa famille l’a élevé dans la tradition musulmane. Rien de ce que le prêtre ne dira ne reflètera vraiment qui était Ambrose et ce qu’il était pour Sofiane. Un lien indéfectible, construit par l’épreuve de la prison qui s’est accentué lorsque Sofiane est entré dans le Blood Circle. Ils n’avaient jamais eu besoin de mots pour se comprendre. Entre eux, jamais de faux semblants, jamais de mensonges. Ils étaient là l’un pour l’autre et maintenant que l’un des membres de ce duo est allongé dans ce cercueil fermé devant l’autel, Sofiane ressent un tel sentiment d’abandon que rien ni personne ne pourra jamais combler. Le vide, la solitude ; il se demande encore une fois ce qu’il fait ici. Pourquoi est-ce qu’il reste ? Qu’est-ce qui le retient dans ce pays ? Pour la première fois depuis 2016, depuis son arrivée en Angleterre, Sofiane songe à la Syrie et à ce qu’il a quitté là-bas avec le sentiment qu’il doit fuir. Fuir pour se reconstruire ? Fuir pour tout recommencer ailleurs ? Cette pensée tourne dans sa tête tandis que son visage demeure de marbre aux témoignages des uns et des autres qui se succèdent. Au bout d’un moment, chacun se lève et Sofiane en fait autant, par mimétisme tandis que le cercueil de son ami est emmené au cimetière.

Dehors, la météo est clémente, pour une fois. Le ciel est gris, quelques oiseaux chantent le printemps mais Sofiane n’entend rien, il ne voit toujours rien, si ce n’est le cercueil en chêne dans lequel son ami est enfermé descendre dans un trou. Sa gorge se noue mais les larmes ne viennent pas. Elles ne viendront pas et il le sait. Restant ainsi, regardant les hommes des pompes funèbres placer Ambrose dans sa dernière demeure sur laquelle certaines personnes lancent des roses avant de le recouvrir de terre, l’état de sidération dans lequel il se trouve l’empêche de bouger. Son visage demeure fermé, comme insensible à l’événement alors qu’à l’intérieur, tout semble se briser. Il s’éloigne un peu de l’endroit, ayant soudainement envie d’être seul et se repose sur le mur de l’enceinte du cimetière. Les minutes passent, peut-être les heures. Le temps n’a plus d’emprise sur Ambrose alors pourquoi en aurait-il sur Sofiane ? Ce n’est que lorsque quelques gouttes de pluie s’échappent du ciel que Sofiane semble retrouver ses esprits. Regardant autour de lui, il s’aperçoit que le cimetière s'est vidé mais que Charly est toujours là, agenouillée auprès de la tombe. Sans un mot, il la rejoint et pose sa main sur son épaule. Il ne sait pas quoi dire, il n’a rien à dire. Lui demander si cela va serait inutile. Tout comme lui, elle est brisée ; tout comme lui, son monde vient de s’écrouler. Et dans cette douleur solitaire, ils sont pourtant deux, deux à comprendre, deux à savoir qu’à partir de maintenant, rien ne sera plus jamais comme avant.
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Dim 19 Juin - 17:40

Soly
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J’avais l’impression de vivre à côté de moi-même. De me regarder agir chaque jour sans vraiment être maîtresse de la situation. La mort d’Ambrose, je ne parvenais pas à l’accepter. Peut-être parce qu’il avait été impossible de le voir réellement. Ce corps calciné n’était qu’une carcasse. Vide de ses traits, de ses yeux si perçants. Il ne restait rien de lui. Ces sorciers lui avaient tout volé. Il n’y avait que nous. Devant ce cercueil. Ce prête qui racontait des absurdités. Ces personnes qui avaient pris la parole pour dire à quel point Ambrose était quelqu’un de bien. Un rire silencieux avait franchi mes lèvres à l’entente de ces discours. Ambrose n’était pas quelqu’un de bien. C’est ce qui faisait tout son paradoxe. C’est pour cela que je l’appelais mon Ange avec une note d’ironie. Ambrose avait fait de la prison, il torturait sans aucun scrupule les sorciers et n’avait aucun mal à sortir son arme en cas de besoin. Ces gens n’avaient rien compris de la perversité qui embrasait ce monde. Cette journée, je la subissais. Sofiane était à mes côtés, mais lui non plus, il n’était pas vraiment présent. Les Terry avaient fait les choses en grand. Cérémonie religieuse orchestrée par un archevêque en plus du prête. Un cercueil rutilant. Des fleurs à profusion. Ambrose aurait détesté. Il aurait ri de ces bigotes venant le pleurer. Il se serait foutu de moi d’être dans un état pareil. Mais au moins, je portais une tenue qui lui aurait plu : une robe rouge. Etrange vous me direz à nos âges de parler de nos morts et souhaits si cela arrivait. Mais avec Ambrose, nous avions survécu à un attentat, nous étions des Blood Circle. Les décès semblaient être notre lot quotidien. Mon Ange voulait du rouge. Symbole du feu qui rongeait et animait nos âmes. Pas un noir terne et désespéré. J’attirais les regards, bien sûr. Tous ces hypocrites qui ne le connaissaient pas ne pouvaient pas comprendre. Ces femmes ornées de voilettes sur les yeux et ces hommes en costumes sombres… Et au-delà de ça… Avec Sofiane nous étions ce duo étrange et silencieux qui l’avait trouvé. Certains murmures se faisaient sur notre passage, mais je ne les entendais pas réellement. Je savais qu’ils parlaient de nous sans percevoir le contenu. Je m’en fichais tellement…

Le pire, c’est cet instant où le cercueil disparaît à jamais dans le creux de la terre. Ces cordages qui le font coulisser. Encore une fois, je reste impuissante, les yeux rougis, car j’ai pleuré beaucoup trop. Les gens jettent des roses. Ambrose les détestait. Quelle bande d’imbéciles. Quand enfin tous partent, je m’approche et je m’assois à mettre le sol devant la tombe qui a à présent été refermée. Il est si loin et si proche à la fois. J’essuie une nouvelle fois les larmes qui coulent sur mon visage. Je n’arrive pas à me faire une raison. Je ne parviens pas à comprendre pourquoi lui. Nous qui nous disions immortels en plaisantant de notre survie miraculeuse alors que nous étions enfants. Cela me met une sacrée claque. Un retour à la réalité brutal. Nous pouvions mourir. Comme tout le monde… Nous le savions dans le fond. Sinon pourquoi imaginer nos obsèques ? Mais je ne pensais pas que cela pouvait arriver si vite. J’observe son nom gravé dans le marbre. Ces dates si courtes qui ne devraient jamais se retrouver sur une sépulture. Je sens une goutte me tomber dessus. Cela me ramène lentement à la réalité. J’entends quelques bruits de pas, une main sur mon épaule. Encore une fois, j’essuie mes joues avant de me relever doucement. Sofiane est là. Aussi étrange que cela puisse paraître, il est mon seul soutien en cet instant. Le seul a vraiment traversé cette perte comme je la vis moi. Pas de façon superficielle et sans faux-semblant. Nous l’avons retrouvé ensemble. Nous sommes les seuls à avoir été le chercher, inquiets de son mutisme soudain. Une promesse nous unit : le venger. Je ne sais pas comment encore nous allons parvenir à découvrir celui qui l’a tué, mais nous le ferons. Nous ne resterons pas à le pleurer sans agir. Je souffle pour évacuer le trop-plein d’émotions. « Il aurait détesté ce qu’ils ont fait. » finis-je par dire pour rompre le silence qui nous entoure.

Je porte mon regard autour de nous réalisant qu’il n’y a plus personne en dehors de nous. Le cimetière semble avoir été déserté. Le ciel grisonnant n’annonce pas un temps merveilleux. Il est à l’image de notre humeur maussade. Les gouttes sont rares, mais présentes. Mais honnêtement, je m’en fiche. « Il doit nous maudire de là où il est d’avoir laissé faire ça. » J'espérais qu’il n’était pas en enfer. Le purgatoire me semblait être inévitable pour son âme même si j’avais beaucoup prié pour lui et allumé des bougies. Je savais ce qu’il aurait voulu. Qu’on prenne un verre sur sa tombe. Qu’on le célèbre. A l’époque, je lui avais promis. Aujourd’hui, c’était trop dur à faire.
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Sofiane Rasak
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Dim 19 Juin - 21:26
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SOLY VIII - Mars 2021 - Londres
La vie de Sofiane venait d’être chamboulée à nouveau. Lorsqu’il était arrivé en Angleterre, suivant une femme rencontrée par hasard dans une boîte de nuit syrienne, Sofiane s’était heurté à un monde qu’il ne connaissait pas, une vie bien différente de la ville de Damas. Un pays mieux organisé, une police plus punitive. Et quelques mois après son arrivée, il était emprisonné pour port d’arme non autorisée et violence sur personne dépositaire de l’autorité publique. Il n’avait jamais cherché à nier et on l’avait enfermé : peut-être qu’il en avait besoin à ce moment-là, peut-être qu’il recherchait à retrouver un cadre plus contenant. Des murs étaient venus endormir ses pulsions sanguinaires, lui permettant de se restructurer un peu. Pour un temps. Puis il était tombé sur Ambrose. Rapidement, il était devenu un allié, un ami, une personne qui le comprenait. Ils avaient les mêmes vices, les mêmes besoins, les mêmes désirs. Sofiane s’était immédiatement retrouvé dans cet homme taciturne au caractère ténébreux, presque autant que le sien ; une confiance mutuelle s’est forgée grâce à l’épreuve de la prison et à peine sorti de cette cage, Sofiane s’était enrôlé dans le Blood Circle. Encore une fois, il s’agissait pour lui de trouver un but à son existence, de trouver une cause qui pourrait contenir sa rage, sa folie, ses paranoïas, ses insécurités. Et avec Ambrose à ses côtés, tout avait toujours semblé facile. Ils avaient enchaîné les missions ensemble, ils s’étaient retrouvés dans des situations parfois improbables mais ils s’en étaient toujours sortis ensemble.

La détresse ressentie par Sofiane venait clairement de là ; la seule fois où il ne l’avait pas accompagné, il avait disparu. Par sa faute, il était mort, par sa faute il avait souffert, par sa faute il était dans ce cercueil rutilant coûtant probablement plus d’argent que tout ce que Sofiane possédait alors qu’Ambrose n’avait jamais manifesté son intérêt pour l’argent, ni pour les cérémonies en grande pompe. Sofiane trouvait tout cela écoeurant, cela ne lui rendait absolument pas justice. Au contraire. Mais l’ancien militaire n’était absolument pas en mesure de montrer son opposition à quoi que ce soit aujourd’hui puisqu’il n’était que l’ombre de lui-même depuis des jours. Ces dernières semaines ont été un véritable supplice dans lequel il n’a su trouver son réconfort que dans la mutilation qu’il s’est lui-même infligé à de nombreuses reprises, ses cuisses étant devenues le symbole sanguinolant de sa propre culpabilité qu’il ne savait pas manifester autrement. La douleur lui rappelait qu’il était en vie lui alors qu’Ambrose était enfermé dans sa dernière demeure. Il regarda longuement les assistants funéraires descendre le cercueil dans la tombe creusée pour l’y accueillir avant de s’éloigner, ne pouvant plus supporter de voir cette boîte en bois dans laquelle son ami reposait désormais pour l’éternité.

Lorsque la pluie tomba sur ses joues, Sofiane se rendit compte que le cimetière s’était vidé mais la robe rouge que portait Charly à la cérémonie attira son regard. Elle avait été la cible de nombreux chuchotements à l’église mais Sofiane l’avait trouvé magnifique, sublime dans cette tenue qui venait probablement mieux rendre hommage à leur ami que les discours remplis de fausseté que certains membres de la famille d’Ambrose avaient tenu à faire. Il s’approcha d’elle doucement avant de poser une main sur son épaule, lui témoignant dans un sens son affection, lui montrant qu’ils étaient ensemble dans cette épreuve, ensemble pour traverser ce calvaire, ensemble pour tenter de continuer le combat qu’il avait initié et pour lequel il était mort. Les mots ne trouvèrent pas leur chemin jusqu’aux lèvres du syrien qui conserva le silence ; il n’avait rien à dire, il n’avait rien à lui dire de plus, rien qu’elle ne savait pas déjà.

Charly essuya les dernières larmes qui coulaient encore sur ses joues et se redressa avec lenteur. Le regard de Sofiane s’attarda sur les lettres dorées gravées dans le marbre et la réalité le frappa à nouveau comme lorsqu’il avait réouvert le coffre de la voiture après avoir trouvé son corps. Un instant percutant à jamais dans sa mémoire, le moment où il avait su. Il avala sa salive si difficilement qu’il eut l’impression que des couteaux lui tranchaient l'œsophage. Il ferma les yeux quelques secondes, suppliant le ciel que tout ceci ne soit qu’un cauchemar mais les secondes passèrent et il était toujours là, auprès de Charly qui rompit le silence qui les englobait. Un maigre sourire s’installa sur les lèvres du syrien, bien malgré lui. « Il doit se retourner dans cette putain de tombe. C’est sûr. » dit-il d’un ton amer. « J’ai eu envie de buter chaque personne qui a chanté ses louanges. » Ce n’était pas une figure de style, loin de là et son arme dissimulée sous sa chemise l’avait démangé. Il avait plusieurs fois lors de la cérémonie posée sa main sur la gâchette, prêt à dégainer pour les faire taire. « Aucun d’entre eux ne semblait véritablement le connaître. » Il ajouta : « Pas comme toi et moi. » Ils étaient probablement ses plus proches amis, les personnes avec qu’il conversait le plus et avec qui il avait le plus d’affinités. Et si sa famille l’avait véritablement connu, jamais ils n’auraient orchestré sa mort ainsi. Jamais.

Lorsqu’elle expliqua qu’il devait probablement les détester d’avoir laisser sa famille organiser de telles obsèques, il détourna enfin les yeux de la tombe pour regarder la jeune femme et lui murmura dans un élan de sincérité : « Je ne pensais pas que ça serait si difficile. » Il n’y avait pas grand-chose sur cette terre qui perturbait Sofiane ; ses traits impassibles faisaient partie de sa personnalité, de sa manière d’être. C’était ainsi qu’on le connaissait, ainsi qu’on le reconnaissait. Mais ce soir, Sofiane avait le regard dévasté, désarçonné. C’était la première fois qu’il ressentait ce type d'émotion avec une telle intensité. « Charly. » dit-il soudainement. « Je ne rêve que d’une chose, ça hante mes nuits. » Il n’avait nul besoin de préciser quoi que soit, elle savait bien de quoi il parlait. Tout son corps réclamait vengeance, son esprit tourmenté n’avait qu’un seul désir : retrouver la personne qui lui avait privé de l’amitié d’Ambrose et lui faire subir mille morts.
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Lun 27 Juin - 19:40

Soly
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La pluie me ramena brutalement à la réalité. Les gouttes me faisaient progressivement sortir de ma transe me rapportant dans ce cimetière. Un lieu que je ne connaissais que trop bien puisque quelques allées avant se trouvaient l’épitaphe de Tim. Je bougeais lentement ma nuque, mes épaules, restée trop longtemps immobile à fixer le vide, cette tombe. La main de Sofiane est comme une ancre qui me stabilise dans le monde réel. C’était comme si je prenais conscience d’où j’étais, de ce que je faisais et ce pas de façon automatique. J’essuyais mes dernières larmes. C’était à peine si je les avais senties couler. Un souffle pour renouer le contrôle. Je me relevais finalement. La hauteur. Me tenir face à la sépulture d’Ambrose. Cela donnait un autre point de vue à tout cela. C’était peut-être pire, car nous allions nous éloigner et le laisser ici. Seul. À jamais. Au fond de ce foutu trou. Avec ce marbre qui le recouvrait. Je ne supportais pas de lire son prénom et son nom. Sa date de naissance. Celle de sa mort… Un instant j’espérais me réveiller. Que tout ne soit qu’un cauchemar. Que je verrais un message d’Ambrose sur mon portable. Que tout irait bien. Mais non. Nous étions ici. Tous les deux. Après avoir trouvé sa carcasse complètement brûlée à regarder sa dernière demeure.

« Ils ne le connaissaient absolument pas. Son oncle là… Le Terry…  » Je levais les yeux au ciel. Si Ambrose avait été élevé par cet homme, qu’il avait voulu lui inculquer les valeurs religieuses, il avait été totalement à côté avec cette cérémonie. Surtout que derrière les apparences, il avait entraîné Ambrose comme un soldat depuis son plus jeune âge. C’était à cause de lui qu’il baignait les mains dans le sang en permanence au sein du Blood Circle. Un profond mal-être animait mon Ange… L'évènement traumatisant à Brockdale, ce pont qui s’effondre. La perte de ses parents. Si j’avais eu la chance d’avoir été adoptée et élevée par une famille aimante. Ce n’avait pas été le cas d’Ambrose. Il avait cette part obscure en lui que j’avais décidé d’accepter, car il m’offrait un autre visage. Sofiane était comme lui. C’est pour cela qu’ils s’entendaient si bien. Ils avaient des blessures qui semblaient similaires. Le Syrien était cantonné au même rôle qu’Ambrose. Il avait des vices identiques… Pourtant si certains pouvaient penser qu’Ambrose et moi étions frères et sœurs à cause de nos ressemblances physiques, Sofiane, lui, avait une aura plus sombre. Il l’avait toujours eu. Je me souvenais parfaitement de la sensation de malaise qu’il m’avait ressentir alors que je l’avais rencontré durant mes années de reporter de guerre. L’interview que j’avais réalisé avec lui… Malgé tout, aujourd’hui, c’était notre duo improbable qui se tenait là. Seuls au milieu des tombes.


« Plus tard peut-être… » Bien sûr qu’Ambrose n’aurait jamais aimé cette cérémonie. Il aurait quelque chose de bien plus trash. Bien plus à son goût. Mais cela ne se faisait pas. Je n’avais pas eu la force de soulever cette entorse à l’étiquette pour lui. Arborer cette robe rouge avait été le seul acte encore dans mes moyens. Je n’avais pas eu le courage de faire un discours outrageant. De porter un toast. De sortir les verres et de boire à sa ‘santé’… Oui, c’était bien plus facile d’en parler, d’en rire. Tant que nous étions tous en vie. À présent qu’il aurait fallu mettre en œuvre ces belles promesses, j’en avais été incapable. Nos prunelles se rencontrèrent pour la première fois depuis que nous étions plantés là. Je l’observais tandis qu’il avait prononcé mon prénom avec intensité étrange. Si mes yeux étaient rouges d’avoir pleuré, les siens avaient un reflet que je ne lui connaissais guère. Lorsqu’il lâcha les mots suivants, un frisson parcourut mon échine et ma peau se piqueta d’une chair de poule qui trahissait les émotions qui me submergeaient. Je comprenais que trop bien de quoi il parlait. Nous nous étions promis de le venger. De retrouver ces enfoirés qui s’en étaient pris à lui. C’était une tâche hasardeuse et difficile surtout que nous ne savions même pas par où commencer. Mais moi aussi, je gardais enfouie en moi cette idée. Je désirais identifier celui ou ceux qui lui avaient fait subir un tel sort. Je souhaitais les tuer de mes propres mains mais avant, ils devaient endurer sa peine. Autant qu’Ambrose alors qu’ils avaient brûlé sous leur pouvoir maléfique. « Moi aussi Sofiane. On doit le faire pour lui mais également pour nous. Ca me ronge de laisser celui ou ceux qui ont fait ça vivre tranquillement… » J’étais déterminée à les détruire. « Je veux qu’ils souffrent. Ce que Ambrose a subi, ils doivent le payer au centuple. » Mes iris s’assombrirent à mesure que je parlais. Je n’avais jamais été du genre à tuer pour tuer. Mais depuis que j’avais défendu Sofiane d’un sortilège terrible, quelque chose s’était débloqué. Eux, ces maudites créatures, n’hésitaient pas à s’en prendre à nous. Ce qui était arrivé à Ambrose… Cela avait encore plus fait sauter les dernières brides de retenues qu’il me restait. Je jetais un ultime regard à la tombe. « Je peux plus à la regarder. On peut s’éloigner ? » soufflais-je finalement. J’avais mal au cœur de le laisser là, seul. Mais c’était trop dur de continuer à parcourir son prénom et son nom dans le marbre.
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Sofiane Rasak
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Sam 2 Juil - 12:14
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Rien n’avait plus aucun sens. Sofiane se battait aux côtés d’Ambrose depuis ce qui lui semblait être des années. Ils avaient traversé tant d’épreuves ensemble, ils avaient usé de leurs compétences respectives sur de nombreuses missions, mettant à profit leurs années d’expérience pour la cause, pour le Blood Circle. Et voilà que la cause venait de lui retirer son meilleur ami, la personne en qui il avait le plus confiance, la seule personne au monde à qui il aurait pu confier sa propre vie. L’heure n’était plus vraiment aux explications mais à la lamentation. Sofiane n’avait jamais ressenti cette douleur infâme dans la poitrine ; la stupeur mêlée à la culpabilité avait créé dans sa chair une sensation qui jusque là lui était étrangère. Tout cela ne lui était pas familier. Des années avaient passé depuis la mort de Lounis et Sofiane n’était qu’un adolescent en manque de repères lorsqu’on avait enfermé son frère aîné dans l’une de ses boîtes en bois similaires à celle d’Ambrose même si Lounis n’avait pas eu droit au chêne massif. L’armée avait été son moyen de tenter de structurer à nouveau sa vie jusqu’à la prochaine décadence, jusqu’à ce qu’il prenne goût aux meurtres et à l’assassinat sur le terrain. La prison, être entre quatre murs, l’avait changé. Le Blood Circle avait permis à Sofiane de se trouver un nouveau dessein, un nouveau but qu’il pouvait poursuivre sans se poser de question, avec l’appui d’Ambrose. Mais maintenant qu’il était mort, à quoi pouvait-il bien s’accrocher à nouveau ? A Charly ? Sûrement que non. Peut-être que oui. Elle n’était pas lui, pourtant Sofiane savait qu’il était attaché à elle d’une manière socialement non acceptée. Il était dans l’excès, dans le « trop », avec la volonté de la faire céder et la soumettre à son bon vouloir. Mais aujourd’hui, Sofiane n’était plus en mesure d’être dans la quête affective avec Charly ; il n’y avait que la souffrance qu'ils partageait ensemble. Il n’y avait que la douleur qui les déchirait tout deux, comme s’ils étaient les seuls à pouvoir comprendre qui était vraiment Ambrose, ce qu’il aimait, ce qu’il appréciait. Persuadés d’une seule chose, il aurait détesté cette cérémonie religieuse qui ne ressemblait en rien à qui il était. Tout cela n’était que du vent.

Charly et Sofiane exprimèrent les mêmes ressentis sur cette cérémonie. La famille Terry, bien loin des réalités, avait préféré enrober celle-ci, targuant Ambrose d’être un enfant de dieu. Il ne l’était pas. Comme Sofiane, il se rapprochait davantage d’un enfant du diable. Les actes qu’il avait commis, les péchés que Dieu ne lui pardonnerait jamais, Sofiane les connaissait puisqu’il les partageait avec lui. « On l’honorera à notre façon. Plus tard. » N’ayant aucune idée de ce qu’il entendait par honorer à sa façon en dehors d’assouvir son esprit de vengeance, une chose était pourtant certaine ; la mort d’Ambrose ne restera pas impunie et Sofiane était prêt à massacrer chacun des sorciers du pays jusqu’au dernier afin de lui rendre justice. Il allait d’abord falloir se relever mais Sofiane ignorait s’il en était capable seul. Pour la première fois depuis longtemps, il se sentait vide alors qu’il ressentait la douleur de la façon la plus normale qu’il soit. Il en voulait au monde entier, il en voulait aux Terry, il en voulait aux sorciers, il en voulait à Ambrose, il s’en voulait à lui-même. Ces émotions intensément intriquées rendaient l’esprit de Sofiane totalement confus et il peinait à en démêler les nœuds. Depuis plusieurs jours, il ne se raccrochait qu’à une seule chose : la colère vengeresse. Il exposa à Charly ses intentions à peine voilées ; il ne s’attendait pas à ce qu’elle comprenne et qu’elle veuille y participer. Pourtant, elle avait été claire lorsqu’ils avaient trouvé son corps, ils allaient le venger. Leurs regards se croisèrent et l’intensité qu’il perçut dans les yeux de la jeune femme le percutèrent de plein fouet ; elle était sérieuse. Elle avait changé elle aussi. Elle n’était plus celle qu’il avait connu sur le terrain ; elle était plus forte, plus déterminée et la noirceur semblait l’envahir au fur et à mesure. Était-ce le contact de Sofiane qui la tirait vers les abysses ? Mais il comprit dans son regard qu’elle était prête à tout pour qu’Ambrose soit vengé. Sans conditions. « Je pourrai pas dormir sans savoir qui a fait ça. » C’était une seconde promesse tacite qu’il formulait là. Il ne lâchera jamais. « Je veux qu’ils souffrent moi aussi. Je peux te le jurer que lorsque je les aurai trouvés, ils me supplieront de les achever. Mais la mort sera un cadeau bien trop doux pour eux. » Les paroles de Sofiane pouvaient faire froid dans le dos mais il le sait, lorsqu’il les aura retrouvé, ils endureront un véritable supplice. « Ils connaitrons un sort pire que ce qu'ils pourraient bien imaginer. » Et Sofiane savait très bien comment faire. Par contre, ce qui était nouveau, c’était bel et bien l’humanité de Charly. Tuer pour tuer n’avait jamais été son crédo mais maintenant qu’elle percevait l’ampleur de la monstruosité de ces sous-êtres, elle était plus encline au meurtre.

Rabattant son regard sur la tombe de marbre, Sofiane scruta les lettres gravées à l’or fin sur la pierre tombale et cela ne fit qu’accentuer son désir d’en finir vite. Imaginant divers plans afin de pouvoir trouver les agresseurs de leur ami, Sofiane fut ramené à la réalité par la voix de Charly qui lui intimait de s’en aller. Le jeune homme, au contraire, avait besoin de regarder la tombe pour que tout cela devienne davantage réel, comme lorsqu’il avait dû vérifier dans le coffre que cela n’était pas un cauchemar. Tournant les yeux vers Charly, voyant son air désemparé, il faillit lui dire de partir et qu’il voulait rester mais quelque chose l’en empêcha. Elle était la seule à le comprendre vraiment, maintenant. « D’accord. » La pluie s’intensifia au moment où ils prenaient cette décision et ils s’éloignèrent de la tombe. Le soleil entamait déjà sa lente descente et la mauvaise météo accentuait cette impression. Sofiane la conduisit jusqu’à sa nouvelle voiture, garée sur le parking désert du cimetière. Il ne pouvait plus monter dans le véhicule qui avait servi à ramener le corps d'Ambrose, c'était au-dessus de ses forces alors il avait emprunté cette citadine, en attendant.  Ils se réfugièrent dans la voiture et Sofiane retira sa veste trempée. Il en profita pour enlever son revolver qu’il glissa dans la portière. Un silence s’installa dans l’habitacle et machinalement, le syrien regarda son portable, espérant presque y voir un message d’Ambrose. Il fronça les sourcils en voyant une notification venant de Sélim mais verrouilla son écran pour ne pas avoir besoin de lire ce qu’elle lui avait écrit. Ce n’était pas le moment, ce n’était pas le moment du tout. Son esprit vagabonda un instant vers Damas, revenant des années en arrière lorsque Sélim et lui se tenaient ensemble l’un à côté de l’autre à l’enterrement de Lounis et la similitude des deux scènes s’imposa dans son esprit. Sauf qu’aujourd’hui, ce n’était pas sa sœur qui se tenait à ses côtés mais Charly.

Charly. Charly. Charly. Ses yeux percutèrent ses prunelles céruléennes et ses doigts se posèrent sur sa cuisse où la robe mouillée lui collait à la peau. Il replaça l'une de ses mèches de cheveux mouillées derrière son oreille, frôlant au passage le tatouage du Blood Circle. La marque qui les avait réunis. Sofiane avala durement sa salive et sans réfléchir, il se pencha vers elle se heurtant avec vivacité à ses lèvres chaudes. Sa main agrippa sa nuque tandis qu’il accentuait ce baiser fiévreux qui n’avait pour seul but de lui faire ressentir autre chose. Autre chose que cette culpabilité, autre chose que cette détresse, autre chose que cette colère. Il y avait quelque chose de nouveau dans ce baiser, comme s’il s’abandonnait un peu, perdant la maitrise qu’il s’était toujours évertué à garder. Ils étaient dans le même bateau, envers et contre tous. Le souffle court, il rompit le baiser au bout d’un moment et demanda d’une voix rauque : « Je te ramène ? »

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Soly
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Je croyais en Dieu. Il m’arrivait de prier le soir avant de fermer les yeux, emportée par le sommeil. Mais depuis la mort d’Ambrose, j’étais perdue. Je ne savais pas réellement assimiler cette information. Durant ce laps de temps où nous n’avions pas eu de nouvelle, j’ai chaque soirée adressé un mot au Ciel pour qu’il vienne à Ambrose. Pour s’assurer qu’il aille bien, qu’il s’en sorte. Qu’il n’y ait rien de grave. La découverte de son corps sans vie, calciné par la haine de ces créatures diaboliques m’avait heurtée dans toutes mes convictions. Comment le Créateur avait-il pu mettre sur terre des êtres pareils ? Comment pouvait-il laisser faire ce genre de chose ? En intégrant les Blood Circle j’avais eu une vision utopique. Ne pas les tuer, ne pas les torturer comme certains le voulaient. Simplement les utiliser et les forcer à venir en aide à tous. J’avais vu la faim dans le monde, la souffrance. Ces personnes étaient capables de soigner des blessures impensables et gardaient ces secrets pour eux. C’était une honte. Un manque de charité qui me révulsait. Mais aujourd’hui… J’avais réalisé à quel point cela allait plus loin. Ils faisaient du mal. Je l’avais su quand mon enquête m’avait prouvé que l’un d’eux avait tué mes parents biologiques. Ils avaient survécu à cet attentat et ce fou furieux les avait achevés me laissant en vie pour une raison que j’ignorais… Les missions que j’avais faites pour le Blood Circle m’avaient aussi ouvert les yeux. Ces loups-garous… Cette fois où j’avais vu Sofiane se tordre de douleur au sol. Et à présent Ambrose. Rien n’allait dans ce monde brutal et décadent. Et je me demandais ce que Dieu du haut de perchoir fabriquait… Un espoir au fond de moi qu’il avait au moins accueilli mon meilleur ami auprès de lui malgré les agissements plus que sombres qu’il avait commis.

Et si j’avais cette foi, Ambrose ne l’avait jamais vraiment eu. Même si sa famille, les Terry étaient de véritables extrémistes, il n’avait pas réellement adhéré à ses préceptes. Ce qui s’était déroulé aujourd’hui… cela ne lui aurait pas plu. Il se serait moqué de ces personnes pleurant dans le mouchoir. Il m’aurait raillée d’être au plus bas… Mais comment ne pas l’être ? Quand quelques allées plus loin, je pouvais apercevoir la plaque en marbre portant le nom de Tim ? Qu’à présent je voyais ces lettres dorées indiquer le prénom de mon ange ? Ce n’était pas juste. Je hochais la tête alors qu’il me disait que nous l’honorerions à notre façon. Dans la bouche du Syrien, je ne comprenais que trop bien qu’il s’agissait de la vengeance. De faire payer à ceux qui avaient fait subir ces horreurs à notre ami. Je ne me cachais pas et lui avouais ressentir ce besoin de le faire. Cela me bouffait littéralement de savoir que des sorciers continuaient tranquillement leur vie tandis que celle d’Ambrose s’était arrêtée. « Il faut lui rendre justice. » concluais-je fermement. Car pour l’instant, personne n’avait été puni pour sa mort. Aucune enquête officielle n’avait abouti. Je doutais même sur les capacités du QG pour retrouver quoi que ce soit.

Je finissais par lui demander de nous éloigner. Je ralentissais néanmoins le pas alors que nous passions à côté de Timothy. Je lâchais un soupir las, empli de désespoir. Cette vie avait-elle encore un sens aujourd’hui ? La pluie nous tombait dessus de plus belle tandis que nous atteignions la voiture de Sofiane. Je lui jetais un regard en coin réalisant que ce n’était plus la même… Je m’installais sur le siège passager et retirais ma veste qui était trempée, repoussant quelques-unes de mes mèches de cheveux humides. Temps de merde, journée de merde. Mes prunelles glissèrent sur l’ancien soldat alors qu’il se délestait de son veston également. Et d’un pistolet au passage. Je détournais les yeux du flingue, chacune de mes pensées me disant que ce monde était devenu fou. Fou au point de porter une arme même durant un enterrement. J’aperçus qu’un message arrivait sur son téléphone. Quelque chose qu’il ne voulait pas voir ou que je ne devais pas lire… Un silence pesant s’installa dans l’habitacle, rongés par nos propres songes tumultueux. Pourtant nos iris finirent par se rencontrer. Sa main se posa sur ma cuisse dévoilée par le tissu humide de ma robe. Son autre assassine fila derrière mon oreille, y glissant quelques mèches. Il s’arrêta pour frôler cette putain de cicatrice qui marquait ma chair depuis bien longtemps à présent. Mon myocarde sembla ralentir pour s’affoler davantage au creux de ma poitrine alors que ses lippes fondaient sur les miennes. Un souffle de surprise avant de me laisser totalement porter par le goût de sa langue contre la mienne. Mes mains s’agrippèrent également à sa nuque, cherchant à approfondir le contact entre nous. Je m’étais jurée de plus lui permettre de m’approcher pourtant aujourd’hui il n’y a que lui pour comprendre la détresse qui s’empare de ma carcasse. Et ce baiser sulfureux m'emmène ailleurs, m’autorise à déverser et à partager tous mes ressentiments. Je donne autant que je ne reçois. Notre désespoir dans cette pulsion charnelle s’épanche, me fait penser à autre chose. C’est malsain. Ce n’est qu’un appel de plus vers l’abysse où nous nous enlisons tous les deux. Au moment où il s’écarte, ma respiration est erratique et mes doigts s’accrochent à lui le retenant de trop s’éloigner. J’ai besoin de Lui. De cette bouée à laquelle me tenir pour ne pas couler. A sa demande, je ne sais pas quoi répondre. Je prends quelques secondes, cherchant à retrouver mes esprits en vain. Une phrase finit par s’échapper. « Comme tu veux… » Un souffle alors que mon front vient s’appuyer un instant contre le sien. Je ferme les yeux avant de répéter. « Comme tu veux… mais fais-moi oublier… fais-moi oublier toute cette merde Sofiane. » Ma prise sur ses épaules se resserre et cette fois c’est moi qui me rapproche, moi qui plaque mes lèvres aux siennes. Un sentiment brutal, furieux qui me fait perdre la raison contre lui, dans ses bras…
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Sofiane Rasak
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Sam 23 Juil - 17:29
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La détermination de Sofiane se lisait dans ses prunelles sombres. Peu importe le temps qu’il faudra, peu importe le temps qu’il y consacrera, il le savait, jamais il ne lâcherait prise. Le syrien souhaitait des réponses car il savait que sans elles, il serait incapable de passer à autre chose, incapable de considérer à nouveau l’avenir tout en sachant que les sorciers responsables de sa mort continuaient de vivre impunément. Sofiane n’avait jamais été attaché à la justice, ni au respect des règles ; au contraire, il était plutôt de ceux qui considèrent que les autorités compétentes étaient en réalité incapables de traiter ce genre d’affaires dans des délais raisonnables et il avait plutôt à cœur de se faire justice lui-même. Il avait fonctionné ainsi à de nombreuses reprises, retrouvant ceux ou celles avec qui il avait eu des déconvenues tout au long de sa vie et se chargeant de les faire taire, les intimant au silence éternel. Alors pour Ambrose, il se sentait capable de tout et le savait, lorsqu’il aura trouvé qui, sa cruauté n’aura aucune limite. Si Sofiane était familier avec la torture, il n’aimait pas forcément que cela traîne en longueur, il aimait briser ses victimes rapidement afin d’obtenir les informations qui lui seraient nécessaires. Mais dans le cas présent, il n’avait aucun doute sur le fait qu’il leur fera subir mille morts, rien ne serait suffisant pour venger son frère d’armes, la personne en qui il avait le plus confiance en ce monde et celle avec qui il avait vécu tant d’aventures. Voir son nom sur la pierre tombale était tout un symbole et ce que Sofiane ressentait en gardant les yeux rivés sur les lettres dorées était incompréhensible à ses yeux. Il ne parvenait pas à combler le vide qui l'animait et ne comprenait pas si la peine était aussi intense parce qu’Ambrose avait été un pilier dans sa vie ou parce qu’il ne savait plus qui il était sans lui. L’impression de revivre à nouveau l’angoisse de la solitude lui pendait au nez et il le savait, il ne le supporterait jamais.

Pour autant, il n’était pas seul dans sa souffrance, il n’était pas seul à endurer cette douleur qui ne le quittait plus. Charly était à ses côtés, dévolue elle aussi à venger leur ami et Sofiane sut qu’elle en était capable. Elle n’était plus la même personne qu'il avait connu sur le terrain, ni la même femme qu’il avait retrouvé il y a deux ans ; elle avait changé et cette partie d'elle plus insouciante avait disparu. Quelque chose s’était brisé, quelque chose était différent ; cela ne datait pas vraiment d’aujourd’hui, Sofiane le savait, c’était apparu de manière plus insidieuse au fil des mois, comme si au contact du syrien, à force de participer aux missions pour le Blood Circle, Charly avait perdue l’espoir auquel elle croyait depuis toujours. Il y avait davantage de ténèbres en elle, davantage de noirceur. Et Sofiane mentirait s’il disait qu’il la préférait avant ; car ce désespoir faisait qu’elle était auprès de lui aujourd’hui et qu’ils nourrissaient, à deux, les mêmes desseins. Il n’était plus seul. Pour le moment. En effet, Charly était encore sous le choc de la mort d’Ambrose mais Sofiane n’avait aucun doute sur le fait qu’elle n’avait pas oublié ce qu’il s’était passé entre eux avant. « Je te le jure. » répéta-t-il lorsqu’elle demanda justice. Le silence s’installa après ces mots et l’un comme l’autre continuèrent de se recueillir ; le plan d’action de Sofiane s’échafaudait déjà dans son esprit malmené et attisé par la culpabilité lorsque Charly le ramena à la réalité en lui demandant de s’éloigner du cimetière. Ils quittèrent l’endroit tandis que la pluie dégringolait soudainement, mouillant leurs vêtements.

Ils s’installèrent dans la nouvelle voiture conduite par Sofiane et encore une fois, il s’enferma dans un mutisme que Charly ne chercha pas non plus à briser. Ignorant le message de sa sœur, tout son être était concentré sur la jeune femme qui se tenait à ses côtés. Son seul lien avec Ambrose désormais, c’était elle. Sofiane ne démarra pas la voiture. Il était comme en proie avec le dilemme intérieur qui se jouait déjà en lui et auquel il succomba sans se poser davantage de questions lorsque ses lèvres rencontrèrent celle de Charly. Retrouvant des sensations oubliées, le fait qu’elle ne le repousse pas l’encouragea à poursuivre et à intensifier le baiser. Chaque partie de son être la réclamait comme un besoin irrépressible de s’abandonner dans d’autres dépravations afin d’oublier l’espace d’un instant les sentiments qu’il ne parvenait plus à maîtriser. Le souffle court, il rompit le baiser, pas certain que c’était ce qu’elle voulait. En temps ordinaire, avec une autre, il n’aurait pas vraiment cherché à obtenir son consentement ou à parlementer davantage, mais c’était Charly et elle était peut-être la seule personne au monde qui pouvait comprendre pourquoi il se sentait si mal, pourquoi la culpabilité le rongeait toujours autant, pourquoi il allait prochainement sombrer. Mais lorsqu’elle le retint de s’éloigner d’elle, il comprit qu’il avait gagné et qu’elle désirait tout autant que lui de s’abandonner dans les bras l’un de l’autre, avec l’espoir puéril et futile, que cela suffirait à calmer le déchirement de leur âme. Elle posa son front contre le sien, leurs souffles se mêlèrent et la respiration de Sofiane se coupa brutalement. Elle voulait oublier. « Je veux la même chose. » déclara-t-il, comme si cela était nécessaire de le préciser. Il ne s’était jamais senti aussi vulnérable qu’à cet instant, bloqué dans un entre-deux qu’il ne saurait définir. Mais alors que Charly se précipita pour lui voler à nouveau un baiser, il ne chercha plus à réfléchir, seulement grisé par ce contact qu’il était satisfait de retrouver.


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Dim 24 Juil - 19:43

Soly
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La nuit tombait sur Londres et sur le cimetière tanis que la pluie venait s’abattre sur nos épaules, accentuant le besoin de quitter les lieux. C’était si lugubre en temps normal alors en cet instant c’était pire. Pire, car je ne connaissais que trop bien les allées de cet emplacement et qu’une nouvelle venait s’immiscer pour me conduire vers une nouvelle tombe, celle d’Ambrose. La dépouille de mes parents, qui semblaient ne pas avoir eu de famille en Angleterre pour les rechercher, avait terminé dans une fosse commune. Cela m’avait brisé le cœur d’apprendre cela. Néanmoins, l’endroit rendait hommage aux victimes de cet odieux attentat. Je n’avais pas su entreprendre les démarches pour les identifier et leur donner une dernière demeure plus sereine. Un jour peut-être… Ici, se situait aussi Tim que j’avais l’impression de trahir davantage chaque jour alors que je me muais dans ces idées plus sombres, perdant espoir en l’humanité de ces sorciers. Me raccrocher à Sofiane en cet instant, c’était facile. Il connaissait Ambrose, ressentait la même peine, la même douleur. Nous avions trouvé sa carcasse démunie de vie ensemble. Nous avions voulu le sauver tous les deux. En vain. Mais en cette soirée, devant ce cercueil et cette épitaphe, je prenais l’ampleur de cette dure réalité m’ôtant un peu plus d’espoir. Mon Ange avait rendu son dernier souffle de la pire des manières qu’il soit.

Sofiane me fit alors la promesse que nous allions retrouver ceux qui l’avaient tué. Ceux qui l’avaient torturé au point de ne même pas reconnaître son visage. La pluie nous force à marcher plus vite pour nous abriter à l’intérieur de sa voiture. Les gouttes tapotant le toit du véhicule sont les seules à venir perturber le silence qui nous enlace. Au moment où Sofiane se pencha pour m’embrasser, un sentiment de surprise s’empara de mon être. J’aurais dû le repousser. Ne pas me laisser conquérir par le goût de ses lippes, ne pas me faire emportant par le tumulte qui agitait nos âmes. Ne pas sombrer dans cette décadence délicieuse qui le temps d’un baiser mettait mes pensées sur pause. Sofiane s’éloigna, pourtant l’embrasser avait été une façon de relâcher la pression. Une voix au fond de mon esprit me disait que je ne devais pas, mais mes mains elles s’accrochaient à ses épaules. Mon corps se foutait de ma raison. Pire encore, alors qu’il avouait vouloir la même chose. Nos bouches se retrouvèrent avec la même avidité, le même besoin pressant.

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Sofiane Rasak
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Jeu 28 Juil - 20:59
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Une fois à l’abri dans la voiture, Sofiane se laissa aller à ses instincts, sans chercher davantage à parlementer. La vision du SMS de Sélim l’avait replongé des années en arrière alors qu’il n’était qu’un enfant, à peine entré dans l’adolescence et qu’il avait dû enterrer son grand-frère, l’homme sur qui il prenait modèle, sur qui il s’appuyait et avec qui il pouvait échanger sans craindre la moindre remarque ni le moindre jugement. Sofiane s’était ainsi évertué à retrouver et reproduire le cadre sécurisant qu’il avait avec son frère au travers d’autres relations de passage mais cela n’avait jamais tenu longtemps ; il avait cru à un moment trouver celui-ci grâce à un des capitaines qui l’avait pris dans son escadron lorsqu’il avait débuté comme simple recrue dans l’armée syrienne. Il lui avait enseigné les rudiments du travail sur le terrain après sa formation ; la maîtrise des armes blanches mais aussi des armes à feu, les techniques relatives à l’espionnage, à la filature, le camouflage, il les lui devait. Jusqu’à ce que ce capitaine soit affecté ailleurs. Sofiane avait vécu cela comme une trahison, lui qui s’était accroché à cet homme qui lui avait permis d’éviter de sombrer dans la délinquance. Suite à son départ, Sofiane avait enchaîné les déconvenues et les incartades. S’adonnant de plus en plus à la violence, respectant de moins en moins les ordres, s’adonnant à des pratiques que les autres préféraient taire, Sofiane était devenu l’ombre de lui-même ; cette perte avait à nouveau exacerbé sa personnalité antipathique et rapidement, ses agissements ont fait l’objet d’un premier avertissement, d’une sanction disciplinaire, puis d’une révocation. Mais rien ne pouvait plus arrêter les pulsions qui s’agitaient dans son esprit malmené par les multiples abandons qu’il rejouait, encore, encore et encore, au point qu’il lui fallait toujours plus, toujours plus de douleur, hétéro ou auto-infligée, toujours plus de souffrance, toujours plus de tout. Il demandait beaucoup, prenait beaucoup et chacune de ses relations sociales étaient vouées à l’échec, le caractère et les besoins de Sofiane n’étant jamais complètement assouvis, jamais complètement rassasié. Quitter la Syrie pour l’Angleterre sur un coup de tête, comme pour devenir quelqu’un d’autre n’avait pas fonctionné non plus. Il s’était retrouvé emprisonné pour une partie de ses agissements et dans ces circonstances, avait rencontré Ambrose. Le lien qu’ils avaient noué ensemble suffisait à Sofiane, recréant ainsi un idéal de relation fraternelle, alimenté par les propres vices d’Ambrose qui se mêlaient aux siens dans un dangereux intermède. Sa mort venait systématiquement rouvrir les blessures du passé, entretenues par la réapparition de Sélim au mauvais moment, comme un signe douloureux de son enfance. Mais Sofiane se refusait d’y penser. Il voulait oublier, comme Charly. Elle était à ses côtés, vibrante de vie dans sa robe écarlate malgré les larmes, malgré la pluie qui avait ravagé sa coiffure, malgré la douleur qui transperçait son cœur, elle était .



Au bout d’un moment, ils se séparèrent sans que Sofiane ne comprenne vraiment s’il avait initié leur éloignement ou si c’était elle. Il repositionna plusieurs de ses mèches derrière les oreilles de la jeune femme et ne la lâcha pas du regard tandis qu’elle reprenait place sur son siège. Il ne prit pas la parole et ne dit rien, il n’y avait rien à ajouter de toute manière. Qu’aurait-il pu murmurer ? Que c’était agréable ? Que cela lui avait permis de se détendre et d’oublier, l’espace de quelques minutes, le supplice qu’il vivait ? C’était inutile. Dans cette bataille contre la souffrance, Charly n’était pas mieux lotie que lui alors dans un sens, ils se comprenaient, se complétaient. Il remonta son pantalon mais ne prit pas la peine de refermer sa chemise. Réajustant le positionnement de son siège, il démarra la voiture et commença à rouler. Seules les gouttes venant s’écraser sur les vitres de la citadine troublaient le silence. Ils roulèrent une dizaine de minutes avant que Sofiane ne se gare devant l’immeuble où elle vivait. Leurs yeux se croisèrent et pour la première fois depuis des semaines, il hésita. Il n’était plus si certain de lui, ne savait plus comment faire, ni même quoi faire. La seule chose dont il était sûr, c’est qu’elle endurait la même souffrance et que dans sa solitude, il n’était pas seul. Dans un chuchotement, il demanda : « Tu veux que je monte ? » Il n’avait aucune idée de la réponse qu’elle allait lui apporter. Contrairement à lui, Charly était mesurée, réfléchie et raisonnable. Alors voulait-elle encore de lui dans sa vie ? Sans aucun doute, ils ne se seraient probablement jamais revus si Ambrose était encore en vie et il le savait. Peut-être que c’était cela qui leur laissait en héritage, une possibilité de reconstruire ensemble ce qui s’était amorcé sur la base de mille mensonges. Pour autant, Sofiane le savait, même si elle le faisait monter chez lui, il demeurerait égal à lui-même et jamais il ne pourrait être celui qui pourrait lui convenir.

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Sam 8 Oct - 19:11

Soly
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L’habitacle de la voiture ressemblait à une bulle dans laquelle nous venions de nous enfermer tous les deux. L'atmosphère y était lourde. La pluie marquait le rythme de cette journée pesante et riche en émotion. Je n’étais pas prête à perdre Ambrose. Celui que je considérais comme un Ange dans ma vie. Celui qui me ressemblait tant physiquement qu’on nous pensait frères et sœurs. Lui, mon premier souvenir de cette seconde vie, venait de partir. De m’abandonner et de se diriger vers d’autres horizons. C’était si dur. Si frustrant. J’aurais voulu pouvoir éteindre mes émotions. Qu’elles s’arrêtent. Qu’elles ne me torturent plus. Je n’avais pas beaucoup dormi ces derniers jours. Ce n’est qu’une fois le faire-part dans les mains que j’ai réalisé que c’était beaucoup trop réel. Mes dernières brides avaient lâché. J’avais pleuré sans parvenir à me contrôler. Les larmes avaient coulé sans cesse, mon corps tremblait, s’était replié sur lui-même au fond de mon lit. Jusqu’à aujourd’hui plus une goutte salée n’avait embué mes prunelles. Mais savoir dans quel état se trouvait mon ami dans ce cercueil fermé à la vue de tous… Cela me rongeait de l’intérieur. La tristesse, le désarroi, mais aussi la colère… Je voulais retrouver ces sorciers qui avaient tué Ambrose. Je voulais leur faire payer la souffrance qu’ils lui avaient faire subir. C’était ancré dans mes tripes et Sofiane me promettait que nous le ferions. Et si ma confiance en lui était mitigée depuis ces photographies, je savais que sur ce sujet il ne me mentait pas. Mais toutes mes pensées s’échappent quand ses lippes se posent sur les miennes. La raison devrait me faire le repousser et non m’accrocher à lui et pourtant nous sommes ensemble dans ce désespoir. Il me comprend autant que je ressens sa souffrance qui fait écho à la mienne. Si nos lèvres se percutent, si nos langues se cherchent, se trouvent, j’ai rapidement besoin de plus. Les gestes de Sofiane me font comprendre que lui aussi. Je n’ai pas besoin de dire grand chose pour finir sur ses genoux. Il voulait la même chose.

Sentir le désir, sa chair chaude pleine de vie était une étincelle dans ce sombre couloir dans lequel je semblais perdue depuis que nous avions été chercher Ambrose. Notre peine se comblait, se trouvait et s’estompait légèrement le temps de cet échange charnel rempli de désespoir. Mais mon Dieu, que cela faisait du bien. Même si ce n’était pas approprié, même si nous étions au beau milieu d’un parking, même si je n’aurais jamais dû lui céder après ce que j’avais découvert la dernière fois… J’en avais juste besoin. D’une façon presque irrationnelle. Il était peut-être toxique, mais en cet instant, c’est lui que je voulais avec moi dans ce véhicule.

Après quelques instants, nous finissions par nous séparer. Une douceur étrange s’était emparée de nous. Les mains de Sofiane glissèrent sur mes cheveux pour les replacer. Nos regards se suivaient. Pourtant ce fut le silence qui nous berça. Je ne savais pas quoi dire de toute façon. Cela m’allait bien de simplement rester dans cet état mutique qui berçait les dernières minutes de cette accalmie. La barrière avec le monde extérieur allait bientôt nous retomber dessus, alors autant profiter calmement pour le moment. Nous roulions à travers Londres jusque chez moi. Je redoutais le moment où nous arriverions. Qu’allais-je faire ? L’embrasser, lui faire la bise, un signe de la main ? Puis lorsqu’il s’arrêta, il me surprit par sa question. Quelques secondes, je pris quelques secondes… avant de hocher doucement la tête. Positivement. Je ne voulais pas être seule ce soir. Sofiane était cette bouée inattendue dans tout ce bordel. « Oui. » soufflais-je doucement comme pour confirmer davantage avant de sortir de la voiture en sa compagnie. Je savais très bien ce que je faisais en le laissant monter. Je lui ouvrais une nouvelle porte. Je ne savais pas de quoi serait fait demain, mais cette nuit, je voulais la passer à ses côtés.
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And it's so hard to say goodbye when it comes to this || Soly VIII
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