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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Le phénix est dans le four (Harper) :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Sam 4 Sep - 15:28

Décembre 2020

Je toussais au-dessus des toilettes après y avoir régurgité ma bille. Hélas bien trop habituée à cet état, je ne me formalisais plus du tout, tirait la chasse et refermait la lunette en m'asseyant tout à fait contre le mur froid de ma salle de bain. En nage, je sentais le tissu de mon haut se coller contre ma peau et le mur, ne faisant qu'accentuer la différence de température entre les parois de Poudlard et mon propre corps. J'avais la sensation d'être enfermée dans une marmite en train de bouillir. D'ordinaire je prenais ma température avec le dos de ma main sur mon front, mais là, inutile, je savais que j'avais de la fièvre, et beaucoup. Habituée à lutter contre elle, lorsque je me mettais à vomir, avoir des vertiges, des frissons et à être en nage, c'était que la température était bien plus élevée qu'elle ne le devrait. À ce point, c'était tout de même un fait rare puisque je prenais mes médicaments et mes potions avec une régularité d'horlogère, et c'était dans ces moments que je regrettais vivre seule. Néanmoins, j'avais toujours rétorqué à mes parents que je n'étais pas une handicapée, ce qui était tout à fait juste, j'avais toujours sur me débrouiller seule.
Essayant d'ouvrir les paupières, je les refermais bien vite pour me replonger dans le noir en constatant que tout tournait autour de moi, et que tout était flou.

Le souffle court, j'avalais ma salive… puis grimaçais au goût de ma bille. Ce fut dans le dégoût que je trouvais la force de me relever pour marcher péniblement jusqu'au lavabo et m'y rincer la bouche. Est-ce que je m'étais aussi brossé les dents ? Aucune idée, je crois ? Peut-être.
Le fait était que je parvenais (par miracle) à rester debout, plongée dans l'obscurité de mon appartement puisque je ne supportais plus aucune lumière. Il me fallait de longues minutes pour passer un pied devant l'autre tout en me tenant fermement à mes rares meubles ou en restant appuyée contre les murs ou les portes. Une véritable galère.
Le souffle court, je clignais à nouveau des yeux pour essayer d'évaluer où se trouvait mon canapé. Purée il était si loin ? Je n'avais pas souvenir que mon petit appartement de professeur à Poudlard était aussi gigantesque, j'avais l'impression de vivre dans un véritable château (mais en fait…. C'est le cas !).
Sentant une goutte de sueur perler sur mon front, je me concentrais pour me préparer à lâcher prise, car, entre la porte de la salle de bain et mon canapé installé contre le mur opposé, il n'y avait rien pour que je me tienne. Il n'y avait qu'une dizaine de pas, mais avec la forte fièvre que j'avais là, cela ressemblait à un véritable parcours du combattant.
Par ailleurs, mes yeux furent abusés de quelques illusions puisque le plancher se transforma en lave en fusion, avec pour unique solution pour traverser, un seul et unique chemin étroit, me demandant presque des exercices d'équilibriste. Me voilà dans un cirque…
Encore consciente que mon cerveau était en train de me jouer des tours, je maugréais et rassemblais l'entier de mon courage pour m'avancer.
Je lâchais la porte.
Fis un pas.

Plus dure sera la chute.

Incapable de me retenir avec mes mains pour amortir mon écroulement. Ainsi, mon poignet droit fut tordu et craque horriblement, ce qui me fit grimacer, mais ce fut mon crâne qui ramassa le plancher (la lave) de plein fouet.
À présent ramassée comme une vieille chaussette par terre entre ma salle de bain et mon canapé, je gémissais de douleur en roulant sur le dos. Être ainsi allongée me donna la sensation d'être enfermée dans une centrifugeuse. L'entier de mon appartement se mit à vibrer dans tous les sens, me soulevant le cœur et m'obligeant à fermer les yeux.
Tant pis pour le confort, je resterais ainsi, proscrite par terre, roulée en boule. L'ensemble de mon corps me faisait mal, j'avais de terribles courbatures à la moindre parcelle de muscle que j'avais, j'étais dans l'incapacité de bouger.
La fièvre eut raison de moi, j'abdiquais… et m'évanouissais.

Trop bien ! La maitresse est allongée par terre de tout son long ! Sûrement qu'elle a envie de jouer ? Petit chaton au museau noir fut réveillé par un grand bruit fracassant. Sa sœur, elle, n'osait pas sortir de la petite maison perchée dans l'arbre à chat dans laquelle elles avaient toutes les deux trouvé refuge.
Poppy souleva sa petite queue de chaton avant de s'élancer au dehors de la maisonnette, s'accrocher le long du tronc et atterrir par terre avec agilité (non, le cul est parti de travers), et silence. Curieuse, elle s'avança vers l'humaine qui semblait faire corps avec le sol, les bras étendus de part et d'autre de son corps et les jambes à peine pliées.
Optant pour une solution de confort, le bébé chat sauta sur le dos de la sorcière et lui marcha allégrement dessus. Ce qui ne la fit absolument pas réagir. Étrange. Sans se démonter, Poppy grimpa jusqu'à la tête blonde de l'humaine pour la renifler et lui laper la joue. Ça avait un goût très salé, eurk. La petite chatte préférait laisser cette basse besogne aux chiens. En réalité, il y avait quelque chose de bien plus intéressant à faire. Jouer avec la petite boulette noire qui était accrochée à l'oreille de l'humaine.
Elle leva alors sa petite patte pour faire frémir ce qui ressemblait à son grelot souris, mais c'était si petit qu'elle en vint à griffer la joue de l'humaine. Ahlala, ces humains et leurs peaux si fines. Tant pis, cette petite chose brillante est trop amusante !
Le petit chaton ne cessa de frapper la boucle d'oreille représentant un blaireau serti d'une pierre noire brillante. Bientôt rejointe par sa sœur au museau clair, elles se mirent toutes deux à jouer autour du corps de leur maitresse qui ne semblait toujours pas décidée à bouger.
Il faudra bien à un moment donner pourtant, c'est bientôt l'heure de la pâtée, on a faim nous !


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Harper MacFusty
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Lumos
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Mar 7 Sep - 22:42
Le Phénix est dans le four Abi & Harper


Le matin, c’est trop tôt. Les cloches sonnent huit heures et demi, rappelant aux retardataires que les muffins c’est maintenant ou jamais. Les couloirs grouillent d’élèves pressés. Les quelques professeurs fendent la foule de leur démarche sévère, respirant l’envie de se faire respecter. Le respect ? Qu’est-ce que c’est ? Harper fend la foule en maugréant, ignorant les chuchotements sur son passage, ne cachant rien de sa mauvaise humeur matinale dû à une profonde difficulté de connecter son cerveau 1) avec son corps 2) avec le monde.

Elle haïe le matin, l’aurore, le soleil qui se lève, la rosée, le chant du coq (quelle idée !), tout ce qui se rapporte au réveil. Sans parler des réveils matins dont l’alarme lui donne la farouche idée de devenir la plus dark des sorcières que la planète n’est jamais connue, capable de faire brûler la forêt amazonienne toute entière pour voir l’humanité s’étouffer…

Oh mais qu’est-ce que c’est ? Demande-t-elle à voix haute, la bouche pateuse. Elle tente d’humidifier ses lèvres, tendance qu’elle se penche en avant en prenant (presque) soin de ne pas renverser son mug de café (qui de toute façon est hermétiquement fermé) pour se saisir d’une chose totalement interdite dans les couloirs de Poudlard :

C’est complètement, formellement, indubitablement interdit, mesdemoiselles de Serpentard…

Ça tombe tellement bien ! En ce moment, les punitions envers les Gryffondors pleuvent. Ils ont véritablement dû manger le lion de la bêtise car ils redoublent d’imagination en ce moment.

Refusant de se laisser impressionner par leur professeur de Sortilège, les trois filles aux couleurs vert et argent lève leur menton bien haut, les bras croisés.

En plus, vous l’avez laissé tomber. Quel gâchis ! S’exaspère Harper en leur remuant la chose sous le nez.

Les trois filles se lancent des regards interrogateurs.

Qu’alliez-vous en faire ? Répondez !

C’est comme ça que ses collèges sévères parlent aux élèves. Et apparemment, ça marche :

On voulait la mettre dans le lit d’Ombrage, répond celle du milieu, une tignasse rousse impressionnante dans la tête.

Harper ouvre la bouche puis la referme. Des affaires de serpentards. Elle s’en fou bien pas mal. Surtout à cette heure-ci de la journée.

Trente points en moins pour Serpentards. Filez ! Et si je vous retrouve à miniaturiser un nouvel être vivant, je m’arrange pour que vous ne puissiez même plus mettre les pieds à Pré-au-lard.

Les visages se décomposent. A nouveau, la rouquine prend la parole, se défendant :

Vous ne pouvez pas faire ça !
Ils pourraient vous arriver bien pire si je remonte l’histoire à ma hiérarchie alors soyez heureuse que cette histoire se termine seulement avec des points en moins.

Barrez-vous ! Pense-t-elle très fort. Mais elle ne peut pas parler comme ça à ses élèves. Elle cligne des yeux. Il lui semble sentir quelque chose.

C’est pour un exercice de métamorphose, lance la brune de droite, comme si Harper était assez idiote pour avaler ça, surtout après que sa camarade est avouée la destinée de cette pauvre acromentule. Mais… qu’est-ce que c’est que cette sensation bizarre ?

La rouquine hausse les yeux aux ciels, abasourdie par la crétinerie de la brunette. Harper enroule ses épaules, gênée par on ne sait quoi. Elle a toujours l’impression d’avoir les yeux collés. C’est un peu comme si se réveiller est la chose la plus difficile au monde.

Le professeur Macfusty a dit que c’était pas dangereux pour les araignées, dit la brune de gauche.

Harper se fige. Est-ce que c’est possible d’être aussi conne ? Elle plaint son homologue de Serpentard de s’être coltiné pareille potiche. Cela dit, la rouquine semble au bout de sa vie. On choisit ses amis. Apparemment, la rouquine n’est pas au courant. Rapprochant ses deux bras, Harper s’apprête à parler quand le bracelet qu’elle porte au poignet gauche heurte la porcelaine de son mug dans une vibration sonore.

Nous y voilà : la sensation désagréable n’était autre que la pierre de brique entrain de vibrer… vibrer… danger… Abigail.

Garde-moi ça ! Ordonne Harper en donnant de force son mug à la rouquine. Puis, elle détourne les talons, l’acromentule miniaturisée dans son autre main, bousculant élève et professeur au passage.

Connexion au corps : effectuée.
Connexion au cerveau : effectuée.
La logique veut qu’elle se rende directement aux appartements d’Abigail. Si elle ne s’y trouve pas, au moins aura-t-elle des indices pour l’y retrouver. Connaissant tous les raccourcis, en moins de cinq minutes Harper se pointe devant la porte d’Abigail. Elle tourne la poignée : la porte est verrouillée.

Alohomora !

La porte s’ouvre. Harper n’a pas quitté l’accromentule.

Abi ?

Elle avait parlé d’une voix ferme et forte, refusant que l’inquiétude s’y dénote. Harper fait quelques pas dans l’appartement. Elle déboule dans le salon, découvrant sa bien-aimée recroquevillée sur le sol, les deux chatons intrigués par le comportement de leur maîtresse. Harper ouvre deux grands yeux ronds, lâche l’accromentule qui fait une jolie chute tout droit vers le sol bien dur, et se rue aux côtés d’Abigail. Elle chasse les chatons. Leur maîtresse a besoin d’air.

La jeune femme est en sueur, inconsciente. Difficile de savoir si elle grelote, lutte contre la douleur ou les deux. Ou pire. Harper a très peu de notion en soins, se blessant d’ailleurs rarement. Elle dépose une main sur son front, constate qu’il est brûlant et tire la peau sous ses yeux pour observer ses pupilles. Elle relâche le geste ; c’est qu’ils font toujours ça dans les films, mais elle ne voit rien. Elle tourne autour d’Abigail, son regard tombe sur son poignet qui a une forme totalement anormale. Serait-il possible qu’Abigail soit tombée ? Tombée évanouie ? Elémentaire ma chère Auburn. Son pou est là, un peu lent mais bien là.

Abigail, honey Abi, est-ce que tu m’entends, chérie ?

Sa main caresse son front pour relever sa frange imprégnée de sueur. Harper se lève, tourne en rond dans l’appart, puis tombe sur un eucalyptus en pot. Elle arrache quelques feuilles, les frottes entre ses mains pour déchainer les aromes : quelle délicieuse odeur : à la fois agréable et désagréable. Elle passe les feuilles parfumées sous le nez d’Abigail. Peut-être qu’elle devrait faire pousser un eucalyptus chez elle, pour l’aider à se réveiller le matin ?

Reviens à toi chérie.

Une pointe de quelque chose lui foudroie les entrailles. Est-ce que c’est ça le stress ?

Et pendant ce temps là, l'acromentule se balade dans l'appartement, tranquillement, cherchant la plante adéquat pour tisser une belle et grande toile.

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Abigail MacFusty
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Mer 8 Sep - 9:55

Décembre 2020

Est-ce que j'ai déjà dit à quel point j'apprécie les koalas ? Non ? Alors je le dis. J'apprécie les koalas. Non… je les adore ! Ils sont mignons, ils ont des oreilles toutes fluffy, leurs nez est trop amusants, ils s'accrochent à ce qu'ils ont sous les pattes comme s'ils voulaient faire des câlins et pourtant ça a des putains de griffes et bon ça peut mordre mega fort quoi !  La chose la plus folle avec ces petits marsupiaux, c'était leurs capacités étranges de digérer ce qui d'ordinaire est du poison. Ce n'était pas pour rien que mon patronus avait pris cette forme. D'apparence j'étais mignonne et gentille, et pourtant je pouvais digérer plein de merdes (celle du monde et de mes semblables).
Ce n'était donc pas étonnant que là je me retrouvais dans un grand eucalyptus, entourée de ces créatures à fourrure trop mignonnes. On se faisait des câlins, on blaguait ensemble, on riait… ce sont de très bons amis ces petits an… oh hé pourquoi il me regarde comme ça lui ?
Pourquoi il renifle mon nez ?
Pourquoi il ouvre la bou… oh putain il va me bouffer !!!

Je sursautais en rouvrant les yeux, un gémissement traversant ma gorge alors que je reprenais une profonde inspiration. Par réflexe, j'agitais mes mains devant moi pour chasser ce qui me dérangeait, et lorsque mon poignet blessé rencontrait quelque chose de dur (mais mou à la fois, sensation étrange), je grimaçais de douleur.
Fouettée par l'élancement, je laissais échapper un grognement de douleur avant de reposer ma tête sur le sol, plus proche que ce que je pensais. Donc je me cognais en fait. Nouvelle crispation de douleur.

- Aaaahhh put…aaiinnnn… Péniblement je rouvrais les yeux (à l'expression vide et absente) pour y trouver le visage du démon déchu de ma bien-aimée. Elle avait des cornes sur le front, la langue fourchue, mais il y avait des petits cœurs trop chou dans ses yeux et ses joues étaient d'un rose similaire à celui d'un petit nouveau-né. Je souriais (tout le moins je croyais le faire, en réalité je grimaçais bizarrement). Ooooh mon ammoooOOoour t'es là... Coucou.

Je battais étrangement des paupières en ricanant, comme prise de démence (ce qui était le cas en fait). Frappée par la fièvre de plein fouet, la terre tournait drôlement autour de moi. Il était clair que j'étais tout à fait incapable de me relever seule.
Toujours avec cette sensation d'être dans une centrifugeuse, des connexions neuronales se firent miraculeusement, et je levais mon poignet cassé pour pouvoir le contempler avant de commenter.

- C… cassé… ça ne marche plus… Puis je me mis à pleurer à chaudes larmes avant d'articuler comme un enfant de deux ans. Hannnnnnnnwwww répareeeeeeeeeeeeeeeeeeeer, répareeeeeeeeeeeeeer.

Je me roulais en boule en câlinant mon bras tout en crisant comme une enfant incapable de contrôler ses émotions. Est-ce que je pleurais de douleur ou d'une quelconque autre émotion ? Impossible de le savoir. Ce qui était certain en revanche, c'est que je n'allais pas bien du tout. Je ne cessais de suer à cause de la fièvre, j'avais du mal à articuler, mon teint était blanchâtre et mon regard complètement hagard.
Non loin, les petits chatons étaient retournés dans leur arbre à chat en voyant l'étrangère (elles n'étaient pas encore habituées à Harper), et Gérard et Grishkin nous fixaient d'un air totalement impassible pour le moment. Quand bien même ils auraient eu une quelconque compassion pour mon sort, ils ne pouvaient présentement pas faire grand-chose. Quant à l'Acromentule…
Je roulais sur le dos pour regarder le plafond derrière mes yeux embrumés des larmes qui y étaient coincés. Là, j'y voyais quelque chose qui m'intriguait. Déjà, il était beau ce plafond, il était tout cristallisé, il brillait de mille éclats. L'expression de mon visage se mua en un temps record, passant de la crispation et des pleures à l'émerveillement.

- Ooooh jouliiii. Je me taisais avant de chantonner, toujours comme une petite fille. Une, une, une acromentuleuuuu qui se balançaiiiiiiiiit sur uneuuu touale touale touaaaaleuuu d'araiiiiignéééééée



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Harper MacFusty
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Mer 8 Sep - 22:07
Le Phénix est dans le four Abi & Harper


En premier lieu, Harper est rassurée de voir remuer sa bien-aimée. Bien qu’elle commence à gigoter, il n’y a pas de temps pour la déstabilisation. Abigail doit être déplacée sur le canapé avant qu’elle ne se… aïe ! Cogne la tête.

Ooooh mon ammoooOOoour t'es là... Coucou.
Cou… coucou ?

La bouche entrouverte, Harper observe sa bien-aimée d’un œil circonspecte. Elle bat des cils, lève les yeux au plafond, regarde à gauche puis à droite. Aucune aide miraculeuse ne lui parviendra. A première vue, Abigail est dans un état de démence. De choc ? D’ébriété ? De trans ? Pas normal. Voilà : elle est dans un état pas normal. Réalisant que son poignet est blessé, Abigail pousse un cri de… euh… pleurnichement ?

Répareeeeeeeeeeeeeer.
En temps normal, je ne suis pas certaine que tu aimerais que JE répare ton poignet, Honey. Même si j’en connais le sortilège, les sorts de guérison ne sont pas ma meilleure réussite. On va limiter les pots cassés.

Se rouler en boule n’est pas exactement ce qu’elle attendait. Comprenant que la communication est quasiment rompue, la raison d’Abigail appartenant au monde de la souffrance, Harper prend les devants :

Cibus Portaris,
prononce-t-elle distinctement en effectuant un geste très précis de la main.

Elle connait ce sort depuis ses débuts à l’université. Hyper pratique en cas d’état d’ébriété très avancé ; c’est très important de veiller sur les uns et les autres. Deux cognements contre la porte d’un placard retentissent. Une porte grince, deux manches à balai apparaissent, flottant paisiblement dans les airs. La blessée roule sur le dos pour observer le plafond. Harper en profite pour glisser une main derrière sa nuque pour ne pas la brusquer,  maniant le sort pour que les manches se glissent sous ses aisselles ainsi que sous ses chevilles. Le corps d’Abigail s’élève dans les airs, Harper lui soutenant la tête.

Une, une, une acromentuleuuuu qui se balançaiiiiiiiiit sur uneuuu touale touale touaaaaleuuu d'araiiiiignéééééée
Harper sourit.
Et un jour elle craqua, l’acromentule tomba, chante-t-elle en réponse. Dans UN bon GROS soFA.

La civière de fortune l’entraine au-dessus du canapé où elle vient la déposer. Opération réussie. Elle agite sa baguette, les manches à balai viennent se placer en barrière pour éviter qu’Abigail ne bascule dans le vide. La canapé prend un air de lit médicalisé. Harper se rue dans la salle de bain, ouvre l’armoire à pharmacie. Elle espère dégoter les remèdes nécessaires pour calmer sa douleur et faire tomber la fièvre.

Hanw ! Désespère-t-elle en découvrant le contenu de l’armoire.
Des médicaments, il y en a juste un million (oui la joueuse est marseillaise). Tendant l’oreille vers le séjour, elle fouille, lisant les étiquettes sur les flacons, cherchant à capter un mot qu’elle connait. Les mots médicaux sont tellement compliqués ! Et soudain, elle tombe sur un flacon sur lequel est inscrit : anti-douleur. Tout simplement. Un autre s’appelle : contre-la-fièvre. Tout simplement.

De retour auprès de sa bien-aimée, elle ouvre rapidement le premier flacon avant de se souvenir qu’il s’agirait, peut-être, de prendre connaissance de la posologie.

Anti-douleurs : 2ml toutes Contre-la-fièvre : 3ml toutes les trois heures.

Par tous les lords ! Comment est-elle censée savoir ce que représente 2 et 3 ml ? Au diable les mesures, elle fait venir une cuillère à café et tente de donner la première cuillérée à sa bien-aimée agitée, qui envoi valdinguer calmant et petite cuillère. Ok, on recommence. Elle essuie la petite cuillère rapidement et sert une nouvelle rasade, chope la mâchoire d’Abigail et lui enfonce la petite cuillère dans la bouche. A la guerre comme à la guerre. Elle réitère le geste avec le contre-la-fièvre. Maintenant, il va falloir trouver un moyen pour maintenir ce poignet cassé jusqu’à l’arrivée de l’infirmière.

L’infirmière. Pour qu’elle arrive, il s’agirait peut-être de l’appeler. Harper se tourne vers le hibou, occupé à s’ébouriffer les plumes aux côtés de l’oiseau de feu.

Hey ! Hèle-t-elle avec une expression d’intense réflexion, toi là-bas le hibou… je ne me rappelle plus comment tu t’appelles… Albert ? Bernard ? GERARD ! Il faut que tu apportes cette missive….

Elle griffonne quelques mots sur un post-it.

… à l’infirmière, rapidement ! Elle tend le post-it roulé au hibou qui la regarde, de marbre, sans bouger. Harper garde le bras tendu et, saisissant que le hibou ne l’écoutera pas, elle lance un regard interrogateur au phénix, comme si elle attendait un miracle, puis lève les yeux au ciel. S'il te plait ? Tente-t-elle. Toujours aucune réponse. Heureusement que je suis professeur de sortilège ! Tempête-t-elle. Viveris missus vitto.

Et le post-it se déroule pour se plier, tel un origami en forme d’oiseau, et voleter vers la sortie.

Merci les oiseaux ! Grogne-t-elle à l’adresse de Gérard et Grishkin avec une grimace. Abi, honey, comment tu te sens ? Demande-t-elle d’une voix plus calme.

Harper s'affalle sur le repose-pied, tête dans les mains, coudes sur les genoux, les yeux rivés sur sa chère et tendre. Un sentiment étrange la traverse depuis qu'elle est arrivée. Découvrir Abigail ainsi... dans cet état... Il n'y a pas si longtemps, Harper apprenait son secret bien gardé. Comme si, durant tant d'année, elle avait été aveugle, aujourd'hui elle découvre l'étendu des dégâts. Et quelques choses lui dit qu'elle n'a qu'un bref aperçu de toute cette étendue.

Mais qu'est-ce qu'elle fou l'infirmière ?  

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Abigail MacFusty
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Ven 10 Sep - 17:23

Décembre 2020

Je voyais bien les lèvres de Harper bouger pour me parler, mais quel était donc cet étrange dialecte qu'elle utilisait ? J'y comprenais rien, on dirait un mélange de langage démoniaque mêlé à des chants d'oiseaux peu mélodieux, comme les mouettes. C'était agaçant. Elle était agaçante à faire des spécialités du genre, elle ne pouvait pas parler normalement comme tout le monde non ? Il fallait toujours qu'elle en fasse trop et qu'elle se rende intéressante. J'avais envie de lui rétorquer d'arrêter de faire la débile, parce que franchement, on n'a plus cinq ans hein… Alors je lui dis, distinctement, de cesser ses gamineries.

- Aaaaééééttttheuuuuu éééééwaaaaa-iiiiiii

Non, mais franchement. Si elle ne comprenait pas là, moi, je ne pouvais plus rien pour elle.
Purée et cette tête qui tourne et m'empêche de réfléchir convenablement, c'est terrible. Où sont mes cachets d'aspirines ? D'un saut gracile, léger et habile, je me relève pour aller en direction de la salle de bain pour y trouver ma pharmacie.
Mais en réalité, tout ce que j'avais été capable de faire, c'était de me retourner comme une crêpe, encore une fois. Agitée par la fièvre, prise dans l'étau de mes délires, j'étais persuadée de dire et faire des choses qui n'avaient, en réalité, aucun sens. Péniblement, je me remettais sur le dos et ce fut à cet instant que je me sentais me faire soulever, ma tête maintenue. Entre les doigts de Harper, le tourbillon de ma vision se calma sensiblement et s'en fut agréable. Une trêve dans cette tempête que je vivais, et même si mes réflexes me dictaient de m'agiter pour fuir, quelque chose en moi me l'interdisait. Je restais parfaitement immobile, sage, en fermant même les paupières pour savourer ces quelques secondes de suspensions dans le temps (et dans les airs). Guidée par les mains de ma bien-aimée, j'atterrissais avec douceur sur mon canapé, et, en l'entendant filer, je rouvrais des yeux lourds. Elles pèsent une tonne ces paupières putain.

Petite sorcière sauvage, pleine de vie et de ressource, je remuais sur le canapé pour attraper l'un des manches à balai en l'absence de la sorcière. Là, j'essayais de me hisser dans le but de sortir de mon confort et courir par la fenêtre pour réchapper à ma geôlière (il me fallait un gros délire fiévreux pour avoir l'envie de fuir Harper tiens…).
Mais la voilà déjà qui revenait, mettant fin à mon plan d'évasion. En plus, elle avait du poison dans les mains, je le voyais bien, surtout que, sous mon nez, elle était en train de lire attentivement comment utiliser ces terribles potions qui allaient m'assassiner. Sûrement que je serais morte après les avoir bues. Quel destin tragique m'attendait là. Non, hors de question que je me laisse faire !
M'agitant dans tous les sens tandis qu'elle approchait son sabre de samouraï (la cuillère), je lui assénai un violent coup au poignet (à peine une pichenette), et remua dans tous les sens pour réchapper à cette fin dramatique qui m'attendait.

- Naaaaooonnnn eu aaaaaaaaaaaaaas !

Rouspétais-je distinctement (non). Heureusement, mes merveilleuses compétences de combat au corps à corps me donnèrent un temps de repos puisque j'avais immobilisé la jeune femme et son arme. Alors qu'elle rechargeait, j'essayais une nouvelle fois de me redresser pour fuir, mais la voilà qui m'immobilisa, me força à ouvrir la mâchoire et m'engouffra son arme dans la gorge.
La sensation du métal froid dans ma bouche eu l'effet similaire à si j'avalais un glaçon. Le liquide des potions me brûla la gorge tandis que je luttais pour ne pas l'avaler, poussant alors malgré moi d'étranges bruits gutturaux. Ne cessant de me débattre, je fus soulagée que la sorcière relève son emprise sur moi pour me lâcher enfin. Ouf.
Mais voilà, affaiblie par les poisons qu'elle venait de me donner, je retombais allongée sur le canapé, le souffle à nouveau court. Je la voyais s'adresser à mes oiseaux, sans doute était-elle en train de les menacer, sans doute voulait-elle les déplumer, les mettre au four avec des petits oignons et une sauce moutarde. Je connaissais que trop bien son goût prononcé pour la nourriture. Mes fidèles compagnons.
À plat ventre sur mon sofa, je tendais la main en direction de mes amis à plume, sentant des larmes couler le long de mes joues tandis que mon corps était secoué de violents soubresauts dus à la fièvre.

- N…on… pas… oucher… rar… ine...

Puis, revoyant la sorcière revenir vers moi, je tentais tant bien que mal de relever le buste pour lui faire fièrement face, mais ce fut vain. Elle vint s'asseoir proche de moi, sans doute pour contempler le poison faire lentement son œuvre.

Perché au-dessus à sa place, Grishkin observait d'un œil attentif tout ce qui se passait dans le petit appartement de Poudlard où résidait sa maîtresse, mais il était davantage attiré par la petite chose que l'inconnue avait ramenée. Son œil de chasseur aguerri ne cessait de suivre ses mouvements. Sous le meuble non loin de la porte. Puis ça a trotté jusqu'au mur, pour se cacher dans l'angle… puis ça a grimpé au plafond. Là, ça a commencé à marcher à l'envers pour se déplacer plus aisément. La maîtresse l'avait vue, mais ne semblait pas en état d'agir (ce qui était peu commun).
Alors que la créature à huit pattes marcha jusqu'au-dessus du canapé, elle entamait sa lente détente sûrement dans l'intention de faire du mal à la sorcière qui l'avait recueilli. Hors de question !
Le phénix étendit ses ailes, et dans un chant tonitruant, mais élégant, il prit son envol, attrapa l'acromentule miniaturisée dans ses serres, et dans un tourbillon de flammes qui lécha les visages des deux sorcières, disparut avec l'insecte.

Les yeux écarquillés devant ce que je venais de voir, j'ouvrais la bouge pour laisse échapper long et plaintif gémissement avant de hurler.

- GRIIIIISHKIIIIIIIIIIIIIIIINNN NAAAAAAAAAAAAAAN !!!

Regain d'énergie miraculeusement retrouvé, je me redressais du canapé pour passer par-dessus les deux balais et m'écrouler au pied du canapé. Là, je désignais la cuisine, paniquée, à l'adresse de Harper.

- Grishkin est dans le four !! Putain va lui ouvrir ! il va mourir ! Steuplait, pitié, je t'en prie…

Je m'effondrais en larmes tandis que j'essayais d'avancer (de ramper) tant bien que mal dans ma cuisine (en réalité j'avais fait deux centimètres environ).
Ce fut à cet instant que la porte d'entrée s'ouvrit et qu'une sorcière habillée d'une robe blanche pénétra dans l'appartement. Prenant rapidement connaissance dans la situation, elle se dirigea vers la sorcière blonde prise de démence avant de la replacer dans le canapé. Prenant sa température, elle demanda à Harper depuis quand elle l'avait trouvé ainsi et ce qu'elle lui avait donné. En découvrant les flacons, elle hocha la tête en donnant de nouvelles prescriptions à la directrice des Gryffondors tout en maugréant que "cela faisait quelque temps qu'une telle crise ne s'était pas reproduite". Elle s'adressait à la démente comme si elle l'a connaissait depuis longtemps, tandis que la malade ne cessait de pleurer sur le sort de son Oiseau de feu entrain de cuir dans son four qu'elle n'avait pas dans cet appartement (il était vrai qu'à Soay elle s'était munie d'un four pour cuisiner).
Injections faites, poignet immobilisé, l'infirmière repartie après avoir laissé des instructions à la professeure de sortilèges et quelques potions en plus, dont celle pour ressouder des os, mais "uniquement quand elle aura repris conscience".

Confortablement installée dans mon sofa, moi, à présent une couverture me recouvrant totalement, je restais totalement immobile. Le souffle encore rauque, il était devenu beaucoup plus stable et profond. Quand bien même je grelottais encore et claquais des dents, je transpirais moins. Peut-être la fièvre était-elle en train de chuter, les médicaments commençant à faire effet.



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Ven 10 Sep - 22:59
Le Phénix est dans le four Abi & Harper


Par quel miracle Abigail avait-elle réussi à cacher son état de santé des années durant ? Jamais elle n’avait vu sa bien-aimée dans un état pareil, en proie à la démence, luttant seule enfermée dans sa bulle démente contre la souffrance qui enfume son cerveau. Combien de fois avait-elle couvé cet état ? Délirante de douleur, suant toute la fièvre qu’un corps est capable de suer ? Combien de fois s’était-elle absenté pour des raisons médicales ? Des tas de fois. C’est presque ahurissant qu’Harper ne se soit aperçut de rien. Presque bête de ne s’être jamais doutée de rien. Presque honteux aussi. Un sentiment de culpabilité l’envahie. Pour l’heure, les priorités se moquent des coupables. Sa bien-aimée sonnée doit recouvrer la raison.

Par on ne sait quel miracle, Harper parvint à lui faire ingurgiter un anti-douleur ainsi qu’un remède contre la fièvre. Le sofa en rençoit quelques goûtes, et Abigail produit des onomatopées incompréhensibles (si bien qu’Harper ne savait pas vraiment si elle tentait de communiquer ou si elle s’étouffait avec le médicament). Cacophonie d’occultée, tout roule comme sur des roulettes. Elle gère la situation, les oiseaux assistent aux spectacles, et l’infirmière ne tardera pas à arriver.

Occupée à rétablir la communication en observant Abigail d’un air inquiet, Harper ne prête aucune attention à ce qui pourrait bien se passer au-dessus de sa tête. Elle sursaute quand Grishkin s’envole en chanson. A peine détourne-t-elle la tête que le phénix disparaît dans un claquement de feu. La jeune femme sent le souffle chaud de la disparition. Elle passe une main sur ses cheveux pour s’assurer qu’ils n’ont pas pris feu.  

GRIIIIISHKIIIIIIIIIIIIIIIINNN NAAAAAAAAAAAAAAN
Appel Abigail dans un cri désespéré. C’est bien ainsi qu’il s’appelle cet oiseau de malheurs qui ne veut pas se déplacer pour se rendre utile mais qui veut bien s’envoler sans prévenir en manquant de vous cramer les cheveux. Aucun respect, quel égoïsme ! On aurait dû les appeler les Paonnix. Ils font trop leurs beaux ! Ils…

Grishkin est dans le four !! Putain va lui ouvrir ! il va mourir ! Steuplait, pitié, je t'en prie…
Harper se tourne dans la direction qu’elle indique, c’est-à-dire, droit dans le mur. Son attention revient sur Abigail qui fond littéralement en larmes, pleurant de tout son corps, de toutes ses forces (du moins celles qui lui restent) et de tout son désespoir.

Honey, tu n’as pas de cuisine. Tu…
Pourquoi s’évertue-t-elle à lui parler ? Abigail n’entend plus rien. Dans son monde, elle est parfaitement hermétique à l’extérieur. Dans sa douleur, plus rien n’existe. Harper se pare d’un mental de choc pour ne pas se laisser submergée par la peine (Abigail ne le supporterait pas) et le désarroi (ce n’est pas le moment d’être déstabilisée). Et cette foutue infirmière qui n’arrive décidément pas !

La porte d’entrée s’ouvre.

Enfin ! S’écrie Harper en se levant pour accueillir l’infirmière de l’école.

La femme, grande, à l’âge difficilement déterminable, porte une blouse blanche parfaitement blanche parfaitement repassée. Derrière ses lunettes en forme de demi-lune, elle ausculte la malade sans émettre le moindre étonnement.

Je l’ai trouvé il y a dix minutes, explique Harper en se triturant nerveusement les mains, peinant à masquer son désappointement. N’y connaissant rien, je lui ai simplement donné un anti-douleur et un remède pour faire baisser la fièvre.

Le front marqué par l’inquiétude, elle désigne les flacons sur la table basse. Une vague de soulagement la submerge face à l’approbation de l’infirmière. Ouf ! Pendant un instant, Harper craignait d’avoir commis une bourde. Une grosse bourde. Le genre de bourde irréversible. A chercher une solution, Harper s’était sentie comme une gourde craignant de faire une bourde. Peut-être aurait-elle dû commencer par faire appeler l’infirmière au lieu de se jeter sur l’armoire à pharmacie. Mais la gourde n’est pas si gourde, et l’infirmière prescrit une nouvelle posologie.

Cela faisait quelque temps qu'une telle crise ne s'était pas reproduite, marmone dans sa barbe l’infirmière.
Harper inspecte le menton de sa collègue de l’infirmerie : elle n’a pas de barbe.

Hermétique aux supplications d’Abigail, l’infirmière réalise des injections, immobilise le poignet cassé, et enfin remet une ordonnance à la directrice des gryffondors.

N’hésitez pas à m’envoyer un hibou si besoin s’en fait.
Harper lance un regard furibond à Gérard, toujours juché comme un con sur son perchoir. Elle songe réclamer des rondes à Elizabeth, un hibou qui l’écoute. Fidèle ! Un grand duc, pas une toute petite chouette effraie qui fait ce qui lui plait. Harper lui tire la langue (elle aurait aimé lui faire un doigt mais elle craint que l’infirmière la surprenne. La langue, c’est plus rapide) puis remercie l’infirmière d’être passée avant de la raccompagner. Sur le pas de la porte, Harper entrouvre la bouche. Elle aurait aimé demander des conseils à l’infirmière. Est-ce judicieux ? N’est-ce pas empiéter sur la vie privée d’Abigail ? L’infantiliser ? Se mêler de ce qui ne la regarde pas ? Tout du moins, se mêler de ce qui pourrait vexer Abigail ? Elle se ravise, ferme la bouche, salut l’infirmière et retourne auprès de sa belle.

Etendue de tout son long, sa bien-aimée dort paisiblement. A l’aide de son poignet, elle tâte sa température, dépose un baiser sur son front, attrape un stylo pour envoyer plusieurs missives volantes : une pour signaler son retard, une pour signaler une absence, une pour faire venir Elizabeth, l’autre pour faire venir un plateau depuis les cuisines. Puis, elle retourne s’assoir auprès d’Abigail. A peine eut-elle posé ses fesses sur le fauteuil que Freaksee, son amie l’Elfe des cuisines, transplane à ses côtés. Surprise, Harper sursaute. Une main sur le cœur, elle l’observe déposer le plateau sur la table basse et s’approcher au chevet d’Abigail.

Pauvre, pauvre, pauvre professeur des Soins aux Créatures Magiques, dit Freaksee, complètement désolée en tapotant sur la main d’Abigail de ses longs doigts osseux. J’ai apporté du thé fumant et du café. Oh ! Un joli oiseau….

Freaksee s’avance vers Gérard.

Ne le touche pas il a la rage.

Freaksee ramène sa main vers elle, bondissant loin de la chouette effraie.

Si tu as besoin, Professeur des Sortilèges, n’hésite pas à m’appeler.
Harper la gratifie d’un clin d’œil tant amical que reconnaissant et, en un claquement de doigts, Freaksee s’en retourne à ses occupations. Attrapant une tasse sur le plateau, Harper se sert une bonne rasade de café. Ça manque de cookie à la vanille tout ça. Patientant que le café refroidisse, les yeux rivés sur Abigail, elle ne s’attend pas à ce que Grishkin revienne de sa petite balade en apparaissant, tout de flammes vêtues, juste sous son nez. Harper fait un nouveau bond, renversant la totalité de son café bouillant sur son tee-shirt blanc (évidement, sinon, ce n’est pas drôle). Tirant sur le tissu pour ne pas brûler sa peau, elle ouvre une bouche choquée. Comme si l’appartement n’était pas assez grand. L’oiseau de feu vient se poser aux côtés de sa maîtresse. Harper se rend dans la salle de bain pour rincer cette catastrophe. Pas de brûlure, son tee-shirt à refroidi, elle le changera plus tard. Harper appuie ses deux mains sur le lavabo, inspectant la bonde comme si elle avait quelque chose de très intéressant. Elle relève le nez pour observer son reflet dans le miroir suspendu au-dessus du lavabo. C’est pas une ride d’inquiétude qui vient d’apparaître, là, au plus haut de son front ?

Dans le séjour où Abigail se repose, Elizabeth, le grand duc, se pose sur le rebord de la fenêtre et tape impétueusement sur la vitre à l'aide de son puissant bec. On ne fait pas attendre une dame, voyons !


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Sam 11 Sep - 22:41

Décembre 2020

Toc-toc-toc.

Je suis dans un demi-sommeil plutôt étrange. Je sens bien que je ne suis pas seule, mais je n'ai pas la force ni de bouger ni d'ouvrir les yeux. Totalement assommée par mon état et les médicaments qu'on m'ait administré de force, je reste totalement léthargique, tiraillée entre le monde des songes, la véritable dimension et celle de la folie dans laquelle je m'étais laissée sombrer. Dans le fond, cette dernière n'était pas si mal puisqu'en fait, je ne ressentais plus aucune douleur, ni physique ni mentale. Il y avait juste l'émotion de l'instant, sans retenue ni cachotterie. La joie de retrouver quelqu'un, la tristesse superflue d'en perdre une autre. Superflue oui, tout était oiseux dans la folie, et c'était ce qui la rendait si intéressante. Là-bas, je ne souffrais plus de l'abandon des autres. Là-bas, je ne souffrais plus de la guerre contre les Mangemorts et le Blood Circle. Là-bas, je ne souffrais plus de mes relations avec les autres. Là-bas, je ne souffrais plus du décès de mon frère.
Oui, mais, là-bas, il n'y avait pas Harper.

Toc-toc-toc. Être toqué.

Il n'y a pas de rêve lorsqu'on est assommé de la sorte par sa condition et par les médicaments. Il n'y a qu'un vide immense dans lequel on tombe à l'infini. Ce n'est pas oppressant ni effrayant, tout le moins, ce n'était pas ainsi que je le percevais. C'était un repos dans lequel je me serais bien engouffrée, mais j'avais des responsabilités, une personne qui m'aimait.
Harper… sa voix que j'entendais vaguement s'élever était la bouée à laquelle je raccrochais le peu de conscience qui me restait. Sa voix était la lumière de ce phare qui éclairait mon chemin, moi, naufragée de ma condition perdue dans les méandres de mon esprit malade. Sa voix était ce qui me donna la force de lutter, de ne pas me laisser sombrer, de me hisser pour me permettre d'atteindre les rivages de ma pleine conscience.
Avec force et conviction, je revenais petit à petit à moi, luttant pour ne pas m'endormir, et, pour m'aider à cela, je remuais tant bien que mal les mains, l'une sans succès, car je la sentais immobilisée. Je ne ressentais pourtant aucune douleur (la magie était formidable). À tâtons, je cherchais la présence de la directrice des Gryffondor, en vain. Les yeux mi-clos, je remuais lentement la tête de droite à gauche, tentant de retrouver mes repères, et, après de longues secondes, je parvenais à ouvrir une bouche aussi sèche que pâteuse. Je gémissais de manière presque inaudible.

- H… Har… per ?

Toc-toc-toc.

Cette fois ma conscience parvint à comprendre que ce bruit incessant n'était pas dans mon crâne, mais derrière une fenêtre de mon appartement. Tant bien que mal, j'écarquillais les yeux pour ouvrir grand mes paupières, mais je fus éblouie par la lumière du jour. Il fallut de nombreux battements pour m'habituer et réussir à voir un peu moins flou.
Je réalisais que j'étais allongée sur le canapé, un bras dans une attelle, Grishkin tout proche de moi. D'ailleurs ce dernier, en réalisant que je me réveillais laissa échapper un genre de piaillement léger avant de donner un petit coup de bec tendre contre mon bras. J'étais seule. Aurais-je à ce point rêvé que Harper était avec moi ?
Mes paupières me replongèrent dans le noir et je restais à nouveau immobile de longues secondes.

Toc-toc-toc.

Ne pas dormir ! Je ne dois pas dormir…
Yeux rouverts, je poussais un long soupir avant de réussir à lever les yeux vers la fenêtre et y voir Elizabeth non loin de la fenêtre. Ah… le voilà le lien avec Harper… mais pourquoi le Grand-Duc était-il à ma fenêtre ? Ma bien-aimée l'aurait-elle envoyée pour une raison en particulier ? Aurait-elle besoin d'aide ?
La possible idée qu'elle puisse avoir besoin de moi fut un électrochoc.
Nouvelle énergie retrouvée, par la seule force de ma volonté profondément atteinte, je me redressais tant bien que mal pour tendre la main en direction de la fenêtre et l'ouvrir sans grâce ni élégance, me laissant retomber ensuite lourdement dans mon sofa. Ainsi, je laissais l'oiseau rentrer dans mon appartement, et, sentant un courant d'air glacé me recouvrir, je frissonnais violemment et me contenta de me remettre sous le plaid qui avait été posé sur moi préalablement. Je ne supportais pas les courants d'air, ça n'allait pas arranger mon état, mais bon, au point où j'en étais, ça n'allait pas changer grand-chose… Toussant un peu, je me blottissais dans mon canapé, recroquevillée, je cherchais Elizabeth du regard, mais cette dernière avait déjà disparue.
Purée, Harper et son oiseau, même combat.
Paupières à nouveau closes, j'inspirais pour me donner du courage avant de réussir à articuler avec plus d'ardeur.

- Harper ?

C'était idiot de l'appeler d'ailleurs… Pour commencer, son oiseau était là, donc c'était bien la preuve que elle, non. Évidemment d'ailleurs, de souvenir, nous étions le matin, les cours devaient donc avoir commencés, elle était sûrement en train d'apprendre le Patrificus Totalus à des premières années. Quant à mes élèves… je leur faisais à nouveau faux bon. J'étais vraiment une piètre enseignante…
J'allais soupirer encore une fois lorsqu'un bruit provenant de ma salle de bain me fit sursauter. Redressant le menton, j'observais en direction de la pièce avec curiosité et intérêt.


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Mar 14 Sep - 13:56
Le Phénix est dans le four Harail


Elizabeth se pose sur le rebord de la baignoire. La faïence crisse sous ses griffes, elle glisse, manquant de se retrouver les six griffes en l’air dans le fond de la baignoire. Courroucée, en un battement d’aile qui secoue le linge de bain et les tubes disposés sur les étagères, le grand-duc s’installe sur un meuble en bois, auprès de Harper, manifestant sa colère en donnant de grands coups d’ailes. Harper replace ses cheveux décoiffés par le courant d’air, plissant les yeux :

Arrête Elizabeth, je n’y suis pour rien si tu as manqué de te fracasser dans la baignoire. Tu sais que ça glisse, le carrelage ! Je vais te transformer en hibou nain.

Bien décidée à ne pas se laisser froisser les plumes, Elizabeth rétorque en poussant des cris stridents, exprimant clairement qu’elle réprimande sa maîtresse pour son manque d’altruisme évident, son égoïsme d’humain certain, alors qu’elle, pauvre magnifique hibou grand-duc, à bien failli se manger une baignoire tout ça pour venir lui rendre service. Quelle ingratitude !

Comment es-tu rentrée ?
S’aperçoit enfin Harper en tendant l’oreille.
Elizabeth met fin aux cris stridents, lançant un regard perçant à sa maîtresse qui semble dire : c’est une vraie question ? Par la fenêtre évidemment ! Sherlock Holmes n’aurait pas su faire grand-chose de toi.

Harper.
La voix d’Abigail résonne dans le séjour. Enfin elle se réveille ! Traversée par le soulagement, Harper empoigne la porte de la salle de bain pour la rejoindre.

Va jouer avec Grishkin, dit-elle au passage à son hibou. Entre grands oiseaux, vous allez vous comprendre.

Plus que vexée, Elizabeth pousse des jurons en hibou, énonçant clairement qu’on ne mélange pas les torchons et les serviettes.

Harper débarque dans le séjour. Toujours allongée sur le sofa, Abigail est éveillée, au chaud sous un plaid. La directrice des Gryffondors arbore un large sourire. Au moment d’édicter tout son soulagement, la peur ressentie et sa joie de constater l’amélioration de son état, elle s’exclame :

Sacrée gamelle !

Dans la salle de bain, on entend Elizabeth pester, ses cris perçants se répercutant sur la faïence. Harper s’empare de sa baguette et murmure en direction de la salle de bain :

Noctua anavox.

Les piaillements d’Elizabeth cessent.

Elle va m’en vouloir pendant un moment, plaisante Harper en se rapprochant de sa douce pour passer son bras autour de ses épaules. La serrant délicatement (du moins, aussi délicatement qu’elle le peut), Harper dépose son menton sur sa tête. J’ai prévenu l’administration de notre retard, explique-t-elle en lui caressant la joue du bout des doigts. J’assisterai au deuxièmes cours de la journée. Tu te sens d’attaque pour assurer cet après-midi ? L’infirmière à laissé des instructions. Peut-être… peut-être devrais-je passer la nuit avec toi…

Relâchant son étreinte, Harper s’éloigne pour inspecter sa bien-aimée, son teint blafard, ses traits tirés, ses cernes béantes… La porte de la salle de bain s’ouvre en grinçant. Marchant sur ses deux pattes, le bec fermé, Elizabeth avance l’air furibond, tête en avant. La sorcière ne lui prête pas attention.

…Nous pourrions dîner ensemble ce soir, dans tes appartements, pour t’apporter du repos… c’est Grishkin qui régale.

Harper éclate d’un rire sonore. Elizabeth, arrivée à proximité, se fige, surprise.

C’est que tu pensais qu’il rôtissait dans le four que tu n’as pas, termine-t-elle par dire en reprenant son souffle.

Elle vint déposer un baiser sur son front, notant au passage que sa température est plus acceptable qu’il y a une demi-heure. Elle riait dorénavant mais c’était sans oublier que tout à l’heure, elle n’avait pas rit. Pas rit du tout. Elle avait fait pâle figure, ne s’étant sentie absolument pas maîtresse de la situation.

A ses pieds Elizabeth gonfle le torse comme pour lui ordonner de lui rendre sa belle voix.

Pas question Elizabeth, pas maintenant. Sa majesté n’a qu’à aller copiner avec Bernard. Est-ce que tu te souviens de quelque chose, honey ?
Questionne-t-elle en reprenant son sérieux.

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Mar 14 Sep - 19:38

Décembre 2020

Il me semblait être encore sous l'influence de certaines hallucinations lorsque Harper sortit de ma salle de bain et s'approcha de moi en y allant de son petit commentaire, mais lorsque je sentis sa présence à mes côtés, que son parfum vint chatouiller mes narines et que ses bras graciles s'enroulèrent autour de moi, je fus alors tout à fait certaine que je n'étais plus démente. Fermant les yeux, je soupirais en enroulant mes mains autour de ses hanches pour la garder étroitement contre moi. Je n'étais pas bien certaine de comprendre ce qui était en train de se passer chez moi ni à qui elle avait envoyé son sortilège, et je n'arrivais pas véritablement à réfléchir à toutes ces interrogations, j'étais trop assommée par les médicaments et encore trop fiévreuse pour y parvenir.
Sentant la force de ma bien-aimée me serrer contre elle, je rouvrais tranquillement les yeux en me concentrant sur ce qu'elle était en train de me dire. Qui va lui en vouloir ? L'administration ? Elle les a prévenus ? Du retard ? Je fronçais les sourcils en tournant légèrement le visage pour la regarder.

- Pourquoi tu es là ? Comment tu as su ? Non pas que je souhaitais garder ma situation secrète, la professeure de sortilège connaissait à présent le mal qui m'habitait, mais je n'avais pas souvenir de l'avoir appelé avant que je ne tombe dans les pommes. Tu ne devrais pas être là… va… va donner ton cours, j'arriverais à m'en sortir seule, tu sais… Je ne voulais pas la chasser, mais je n'avais pas la force d'expliquer le fond de ma pensée. Depuis des années je me débrouillais seule lorsque j'étais à ce point atteinte par la fièvre, je m'en étais toujours sortie (sûrement par chance cela dit). Je n'étais pas habituée à ce que quelqu'un soit à mon chevet, ou tout le moins, quelqu'un d'autre que ma propre mère qui avait appris à s'improviser médicomage. Glissant l'une de mes mains sur sa cuisse, je pris une longue inspiration, ma voix était faible, j'étais encore vaseuse, j'avais la bouche pâteuse, mais la savoir proche de moi me rassérénait énormément. Je n'arriverais pas cette après-midi non… je sens que… je vais dormir toute la journée je pense. Je connaissais mon état, je connaissais mon corps et mes limites. Présentement j'étais bien trop atteinte pour pouvoir assurer quoique ce soit aujourd'hui, et demain, il faudra voir comment se passera la nuit. C'était aussi pour ça qu'il ne servait à rien à Harper de rester auprès de moi encore trop longtemps, je serai de bien mauvaise compagnie. Promenant distraitement mes doigts sur la cuisse élancée de ma Belle, comme si cela me permettait de garder mon esprit dans le monde réel, je reprenais. Ça me ferait plaisir de t'avoir avec moi ce soir et cette nuit.

Tant bien que mal, j'essayais de trouver les mots pour signifier à la jeune femme que je ne la chassais pas et que malgré tout je souhaitais l'avoir avec moi. Si ce n'était pas un jour où nous devions donner nos cours, je ne desserrerais pas mon étreinte alors que je la sentais s'éloigner un peu. Un courant d'air frais passa la fenêtre que j'avais ouverte pour laisser Elizabeth entrer, mais je n'avais pas eu la force de la refermer. Un frisson me traversa avec violence, me faisant claquer des dents.

- Tu peux fermer la fenêtre s'il te plait ?

La regardant se redresser, je baissais les yeux, curieuse, pour observer Elizabeth qui marchait telle une soldate allemande dans notre direction, le bec étrangement clos. De concert avec le Grand-Duc, je regardais Harper interdite alors qu'elle m'indiquait que c'était Grishkin que nous allions manger ce soir. Détournant mes iris sombres sur mon Phénix qui était resté à proximité, je le fixais, confuse.

- Vraiment ? J'ai dit ça ? Je plongeais mon visage pour le cacher dans l'un des coussins que j'avais placés en guise de décoration sur mon canapé, comme gênée par la situation. Après quelques secondes, je me redressais pour me tourner sur le dos, tendant ma main vers l'Oiseau de feu pour lui caresser la joue. Pardon mon grand… Puis je regardais la sorcière. Pardonne-moi… Tu t'es peut-être inquiétée, je ne voulais pas… J'avalais ma salive, toujours confuse, n'osant imaginer les autres conneries que j'avais pu faire sous l'emprise de la démence grippale. Fronçant les sourcils, je vins me masser les tempes. Manger ensemble ce soir… ce sera parfait.

Je regardais Harper avec un sourire qui se voulait doux. Passer du temps avec elle dans l'état dans lequel je me trouvais me mettait du baume au cœur, quand bien même cela ne me faisait guère plaisir d'être à ce point assommée.
En voyant l'oiseau gonfler et sa maitresse lui rétorquer sans grande pitié, je réussissais à étirer la commissure de mes lèvres tout en ramenant mes jambes contre moi, me positionnant en chien de fusil, les mains sous ma joue.

- Ma chouette s'appelle Gérard, pas Bernard… chérie. Je regardais Elizabeth. Allons, libère-la, elle n'a fait que son devoir. Même grippée et fiévreuse, je n'aimais pas voir les créatures soumises à de quelconques sortilèges. Glissant mes doigts contre ceux de la sorcière, je secouais légèrement la tête à sa question. Je me souviens juste de m'être réveillée en nage et d'avoir passé une partie de la matinée devant les toilettes… Ensuite j'ai voulu m'allonger et là, c'est le noir total… Je n'étais pas surprise, ce n'était pas la première fois que je perdais quelques souvenirs lorsque la maladie me gagnait trop violemment. Avec peine, je déglutissais ma salive, tirant sur la main de ma Belle pour qu'elle revienne tout proche de moi. Je suis désolée… Je radotais. Je t'aime… mais tu devrais aller travailler…

C'était tout à fait similaire aux périodes où nous étions enfants, ces fameuses fois où je disparaissais totalement de la circulation. Elle savait qu'à ces moments, j'étais simplement malade et qu'il était inutile de venir me voir (et je refusais les visites). En ce temps, elle ne savait tout simplement pas pourquoi j'étais toujours mal au point, surtout en hiver, elle me prenait simplement pour quelqu'un de faible et de fragile, et elle n'avait pas non plus totalement tort. Clignant lentement des paupières, sentant déjà la fatigue me gagner, je reposais ma joue contre le coussin, sans jamais relâcher mon emprise sur sa main.

- On peut appeler Bonnie si ça peut te rassurer. Elle saura quoi faire en cas de crise.

Bonnie m'avait vue grandir, elle avait été en quelque sorte ma nounou lorsque j'étais enfant, et elle avait été d'une aide précieuse en temps de crise. Elle savait que je ne donnais mes cours que plus tard dans la matinée, voilà pourquoi elle n'était pas encore avec moi. Sans doute flânait-elle en cuisine avec les autres elfes de maison, comme je le lui avais autorisé à le faire.
Une elfe de maison savait comment réagir, Harper ne savait rien. Je me rendais compte de cette saugrenue situation, toutefois, je ne parvenais pas à y poser des mots et rassurer la sorcière qu'une fois mes esprits recouvrés, je lui expliquerais tout. Déglutissant avec difficulté, je laissais échapper un long soupir avant de regarder ma bien-aimée dans les yeux, admirative.

- Tu es si belle. Peut-être redevenais-je démente ? Je levais ma main libre pour poser délicatement mon index sur son front, un petit air taquin sur mon visage. Elle est nouvelle cette ride, là.


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Mer 15 Sep - 22:14
Le Phénix est dans le four Harail


Des années durant, Harper nageait dans l'indécision. Faute d'opter pour la meilleure des solutions, elle choisissait la voie du moindre mal, celle qui généralement l'arrangeait, quitte à en subir les terribles conséquences plus tard. Ne sachant pas comment vivre son extrême ambition de devenir Aurore, crème de l'élite, meilleure parmis les meilleures, crainte et adulée de tous et, en même temps, une amoureuse aimante, disponible, dévouée, elle avait fait un choix. Un terrible choix. La voie de l'ėgoïsme pour ne pas avoir de regret. Les retombées lui ont sauté au visage comme une terrible tempête. Le revers de la médaille, celle qu'elle n'a jamais obtenu. La voie s'est transformée en chemin des regrets. Et comme elle n'était plus à une erreure près, elle s'est enfoncée, encore et encore, perpétuant cette loi d'apposer, ostensiblement, un choix. Le choix de ne pas faire un pas vers sa sœur, le choix de ne plus la voir. Le choix de couper les ponts avec sa mère plutôt que d'espérer, un temps soit peu, plutôt tard que jamais, une dernière route ensemble, meilleure. Combien de fois le temps avait-il remit Abigail sur son chemin ? Combien de fois avait-elle eut l'occasion d'exprimer, même maladroitement, tout ce qu'elle ressentait ? L'amour, le regret, le chagrin... tout ce qu'elle décidait finalement, perpétuellement, d'entériner pour la voie du moindre mal. Le choix du soulagement. Le choix de la facilité. Il vous rassure en faisant de vous un lâche. Le choix de ne rien faire et de continuer sa route, comme si de rien n'était.

Pourtant, les tiraillements n'avaient jamais cessé. Depuis ce banc où elle avait rompu, ses trippes ne l'avaient jamais laissé tranquille. Impossible de se reposer sur ses deux oreilles. Pour les masquer, Harper s'était flanquée d'une  belle paire d'oeillères, en lâcheté véritable, bien sanglées. Les états d'âmes, elle les étouffait à coup de fêtes étudiantes, de beuveries, de barre chocolatée... il avait fallu que la vie mette sur sa route un bellâtre tenté par le whisky. Il avait fallu qu'elle perde irrémédiablement le contrôle, qu'elle perde complètement les pédales, pour que la vie lui offre une nouvelle porte.

Sacrée porte, sacrée aubaine, que les lords soient loués. Elle ne décernera pas une médaille à Luca (cahuète), faut pas déconner non plus. La vie prenait un nouveau tournant. Son lâché prise lui permettait, enfin, de prendre une décision.

Ce soir-là, elle avait choisi d'avouer.  Avouer qu'elle n'avait jamais aimé personne d'autre qu'Abigail et que depuis leur rupture, elle vivait dans le mensonge et la lâcheté, et qu'elle s'y enlisait, volontairement, comme dans un sable mouvant où l'on est accroché à une branche mais on refuse de se hisser. Par fierté. Lâcheté. Égoïsme. Chagrin. Par punition.

Aujourd'hui, elle n'aurait pu n'être que Harper, donnant son cours dans l'ignorance des souffrances qu'Abigail subissaient. Mais aujourd'hui, ses bras peuvent entourer les épaules d'Abigail pour l'enlasser tendrement, tout contre elle, le menton enfoui dans ses cheveux blonds. Et c'est tellement mieux. Pour la première fois en dix ans, Harper sentait qu'elle était exactement là où elle devait être.

Pourquoi tu es là ? Comment tu as su ?
En voilà une bonne question.
Tes chatons jouaient avec le blaireau grelot attaché à ton oreille, explique-t-elle, sans relâcher son étreinte.
Tu ne devrais pas être là… va… va donner ton cours, j'arriverais à m'en sortir seule, tu sais…
Assurément. Mais tu n’es pas obligée de le faire seule.
Je n'arriverais pas cette après-midi non… je sens que… je vais dormir toute la journée je pense.
Harper ne répond rien. Il n’y a rien à répondre. Elle se contente d'attraper cette main venue se glisser sur sa cuisse. Ces doigts qui se promenent en lui procurant de petits frissons, elle les emprisonne entre les siens.
Ça me ferait plaisir de t'avoir avec moi ce soir et cette nuit.
Un sourire s’étirant sur ses lèvres, Harper dépose un baiser sur son front.
C’est entendu.
Tu peux fermer la fenêtre s'il te plait ?
Aussitôt demandé, aussitôt fait. La fenêtre de refermée, Harper s’attarde sur le plateau de thé fumant. Elle sert une grande rasade de liquide bouillant dans une tasse, pensant que ce serait un bon moyen de lui réchauffer le corps et le cœur (a supposé que la fièvre lui est donné des sueurs froides). Elle fait rouler un guéridon pour le placer aux côtés d’Abigail, formant une table d’appoint parfaite pour accueillir la boisson chaude.
Vraiment ? J'ai dit ça ?
Tu criais au désespoir, raconte Harper, assurant qu’il brûlait dans le four.
Pardonne-moi… Tu t'es peut-être inquiétée, je ne voulais pas…
Harper ne répond rien. Elle n’approuve véritablement pas qu’elle s’excuse. Abigail la reprend sur le nom de son hibou (faudrait leur attacher une pancarte autour du cou), tandis qu’Elizabeth donne de grands coups de becs dans les tibias de Harper, qui souffre mais refuse de le montrer à sa majesté le grand-duc, bien décidée à l’ignorer totalement.
Allons, libère-la, elle n'a fait que son devoir.
Son devoir n’est pas de m’envoyer des coups d’ailes à la figure tout ça parce qu’elle a failli se rétamer dans la baignoire, se défend Harper avec un ton un rien enfantin.[color:ebbe=cc00ff] Elle ne fait que m’embêter, sa majesté Elizabeth ne mange que des souris dépecées, fraîche du jour.
Bougonne, elle active sa baguette et, dans un finit incantatem, le grand-duc retrouve son joli cri égosillé. Furibonde, Elizabeth s’envole loin de sa sorcière, loin de Gérard et surtout, loin de Grishkin, avec son magnifique plumage, sa majesté, sa classe, son charisme, ses pouvoirs magiques… il fait vraiment trop son beau.

Abigail raconte sa matinée. Son résumé de terminé, elle attire Harper vers elle, qui s’installe à nouveau à ses côtés.
Je suis désolée.
Harper se retient de grincer des dents.
Je t’aime.
Elle sourit.
… mais tu devrais aller travailler.
La directrice des Gryffondor attrape sa bien-aimée par les épaules.

Honey, il va falloir qu’on tire les choses au clair.
Elle s’interrompe. Tourner sept fois sa langue dans sa bouche.
Ne t’excuse plus pour ta santé. J’ai choisi. Et…
Elle croise les jambes, relevant fièrement le menton.
… finalement, je trouve que je me suis pas mal défendu. Peut-être devrais-je trafiquer la pierre volcanique pour qu’elle m’alerte en cas de changement de température.
Un doigt sur le menton, Harper tente de déterminer si c’est effectivement possible.
On peut appeler Bonnie si ça peut te rassurer. Elle saura quoi faire en cas de crise.
Ca me rassurait, affirme Harper. Je sais que tu n’aimes pas être assisté. Mais le jour où tu ne portes pas tes boucles d’oreilles… Arf !
Harper se tape sur la joue. C’est qu’elle devient pessimiste. Ou adulte. L’un des deux. Ou les deux.
On n’est jamais trop prudent, reprend-t-elle avec entrain. Appelle Bonnie, je m’occupe du dîner.
Enfin, Freaksee sa copine Elfe des cuisines s’occupera du dîner.
Tu es si belle.
Elle exagère, pense Harper tandis que l’index d’Abigail vient toucher son front.
Elle est nouvelle cette ride, là.
Qui ? Quoi ?
Les yeux de harper s’ouvrent grands.
Elle devait y être déjà. Tu ne regarde pas assez mon front c’est tout. Ou peut-être que les cachets ne font pas encore effet, et que t’as des hallucinations. Je te rappelle qu'il y a dix minutes, le phénix était dans le four.
Elle se lève, s’approchant d’un miroir suspendu pour inspecter son front.
Elle y était déjà, répète-t-elle, comme pour s’en convaincre.

Elle revient vers le guéridon pour se servir une tasse de café.
Est-ce que tu as faim ? Elle boit une gorgée de café chaud. Je peux faire appeler Freaksee. Elle est prête à nous aider, c’est une Elfe adorable. Je l’aime bien. Elle boit une nouvelle gorgée. Je vais donner le prochain cours. Et ne t’inquiète pas pour mes élèves. Ce n’était qu’un cours en commun avec les POuffsoufle et les Serpentard. Mes Gryffondors auront bien leur cours cet après-midi. Elle sourit, malicieuse. Je m’excuserai en leur apprenant le sortilège Euphorisant, ça fera passer la pilule de l’exposé supplémentaire à préparer pour palier à la leçon de ce matin. De toute façon, l’attention des verts et argents est tourné vers la petite Ombrage qui fait que lever la main, miraculeusement, depuis le début de l’année. A cause de ses questions, je passe ma vie à me rendre à la bibliothèque. Espérons qu’elle atteigne assez de jugeotte pour guérir son pervers de Père !
Elle se sert une nouvelle tasse de café avec trois cuillères de sucre qu’elle touille, l’esprit ailleurs, se rappelant sa rencontre avec William Ombrage il y a maintenant plusieurs années de ça.

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Jeu 16 Sep - 21:02

Décembre 2020

Je n'étais pas habituée à être ainsi accompagnée dans les tourments que m'infligeait mon corps, et je ne désirais pas l'être. Trop habituée à me débrouiller seule, je ne voulais causer d'embarras à personne, et encore moins être prise en pitié par qui que ce soit. Mon corps avait déjà décidé d'arrêter de grandir et de mûrir lorsque j'étais adolescente, me figeant dans ces traits de jeune fille et dans cette minuscule hauteur, ce qui rendait mon quotidien pas forcément aisé, je n'avais donc pas besoin en plus besoin d'avoir l'air de faire davantage de peine au moindre virus circulant dans la nature. Toutefois, je devais reconnaître que j'étais contente de la présence de Harper qui me donnait une certaine paix et me permettait de me détendre plus que je ne l'aurai imaginé.
Les explications de sa présence révélées, je tournais la tête vers l'arbre à chat abritant les deux petites boules de poils qui n'osaient toujours pas nous rejoindre à cause de la présence des oiseaux (surtout la folle dingue qui gesticulait dans tous les sens).
Un frisson me parcourut l'échine en entendant Harper insister pour rester à mes côtés ce matin, sans trop que je ne puisse identifier si cela avait été une expression de plaisir ou de crainte. Nous étions sauvages toutes les deux, à apprécier nos libertés respectives, et nous nous étions promis de ne pas nous lancer à corps perdu dans notre nouvelle relation amoureuse. Je craignais surtout que la sorcière en vienne à oublier ces paroles et que, à force de trop se sacrifier pour moi, on en vienne au même point de non-retour que lorsque nous étions adolescentes.
J'étais toujours tétanisée à l'idée d'une nouvelle rupture, et, sentant ma gorge se nouer et mon pouls s'accélérer rien qu'à cette pensée, j'eus une quinte de toux gutturale. Je soupirais en essayant de remettre de l'ordre dans mes idées tandis que la sorcière ferma la fenêtre. Déjà, l'air se réchauffait et me fit le plus grand bien, et en la voyant verser du thé dans une tasse, je terminais de tout à fait me détendre. Nous étions ensemble, c'était ce qu'il y avait de plus précieux et de plus important pour moi, peut-être devais-je apprendre à davantage profiter du moment présent et à ne pas chercher à la chasser.

Saisissant la tasse de thé, je la collais contre ma poitrine, sentant le plaid et le tissu se réchauffer instantanément, et donc par extension, me réchauffer moi. J'allais fermer les yeux de soulagement, mais lorsque ma bien-aimée en vint à me raconter les conneries que j'avais faites, je ne pus m'empêcher d'arrondir de grands yeux surpris avant de grimacer, ayant du mal à camoufler un sourire aussi amusé que gêné.

- Purée… heureusement que ça ne m'arrive pas souvent de délirer…

Je n'avais aucun souvenir des derniers instants, et je détestais ça. Non pas que j'ai une excellente mémoire, mais il était rare que j'en vienne à m'aviner au point d'oublier ce que je faisais, et à ce même titre, il était rare que j'aie à ce point de la fièvre pour en venir à délirer et oublier ce que j'avais fait. Un profond soupir traversa mes narines à ce constat tandis que je posais mon regard sombre sur le Grand-Duc qui ne cessait de vociférer son mécontentement. Ayant un peu pitié d'elle, et sans doute parce que j'étais fatiguée, je regardais ma bien-aimée trouver des excuses, toutes invalides, pour ne pas libérer son oiseau de son sortilège, et ce fut avec un sourire amusé que je l'observais, résignée, laisser sa messagère à plume tranquille.
C'était l'un des traits de caractère que je préférais chez Harper, cette manie qu'elle avait, des fois, à garder son âme d'enfant pour bouder et faire des idioties. Quand bien même cela pouvait m'agacer au plus haut point, je devais reconnaître que c'était aussi un vent de fraicheur dans mon quotidien lorsqu'il devenait trop morne (donc lorsque je ne pouvais pas être auprès de mes dragons).
Le cœur léger, j'intimais Harper à revenir proche de moi, mais lorsque cette dernière m'attrapa par les épaules, ce fut avec des yeux à nouveau surpris que je la fixe, car je ne m'attendais pas à une telle réaction de sa part.
Clignant plusieurs fois des paupières, je regardais la brune à mes côtés. Était-ce à nouveau la fièvre qui m'avait fait halluciner sur ce qu'elle venait de dire ? "J'ai choisi". Après de nouveaux battements de cils, je revenais à moi avant de sourire à nouveau, posant ma tête sur l'épaule de la directrice des Gryffondor, sans jamais lâcher ma tasse de thé.

- Ça ne servira à rien de la trafiquer davantage, j'attrape tous les virus qui circulent, tu seras dérangée tous les jours ou presque… Cela dit, c'est rare que je sois à ce point touchée, normalement mes traitements font effet. Il faut croire que cette année il y a une gastro plus tenace.

En général j'avais un rhume couplé à de la grippe et à de vilaines angines. Souvent je m'évanouissais et étais anémiée. Mais délirer et oublier, ça, je pouvais le compter sur les doigts de ma main en trente ans.
Malgré son air détendu et ses petites plaisanteries, je devinais à travers les mots de Harper qu'elle était inquiète, et peut-être plus qu'elle ne voudrait bien l'admettre puisqu'elle était présentement en train d'imaginer le pire. Relevant la tête, je la regardais avec tendresse et bienveillance.

- Je n'avais pas mes boucles d'oreilles jusqu'à mon anniversaire et tout s'est bien passé. Tu sais, je ne veux pas que cette maladie m'empêche de vivre comme tout le monde, je n'ai pas envie d'être surveillée sans arrêt. Regardant en direction de Gérard, je lui indiquais de s'envoler pour aller chercher mon elfe de maison avant de venir coller un baiser tendre sur la joue de ma Belle. Je te montrerais quoi faire. On va… on va essayer de trouver un équilibre avec tout ça… Pour que tu t'inquiètes moins et moi pour que je m'excuse moins.

L'effort de la vie de couple, de se réapprendre, de se redécouvrir, sans nos secrets et nos non-dits. Étirant davantage mes lippes, je ne me gênais pas pour l'admirer, et, comme à chaque fois que je faisais ça, je sentais mon cœur s'emballer, fiévreuse ou non. D'ailleurs, à simplement l'observer comme je le faisais là, je sentais une nouvelle vague de chaleur m'envahir, et, craignant une nouvelle chute de grippe, je préférais la taquiner en lui signalant une ride au sommet de son front qui, avant aujourd'hui, n'était pas là. La laissant se lever pour aller admirer son front comme une adolescente chercherait un bouton d'acné, je pouffais de rire discrètement.

- Tu as sans doute raison.

Dis-je simplement pour ne pas la contrarier, venant camoufler mon immense sourire derrière ma tasse de thé tandis que je prenais une gorgée. Le liquide vint me brûler la bouche et la gorge, mais au moins il eut le bénéfice de me réchauffer, et son goût, de me transporter un cours instant dans une merveilleuse orangeraie.
La laissant revenir proche de moi, je fronçais sensiblement des sourcils en l'entendant se perdre dans un long monologue. D'ordinaire j'avais déjà du mal à la suivre, mais sous l'effet de la fièvre, son discours me fit presque instantanément mal à la tête. Essayant tout de même de me concentrer afin de ne pas l'offusquer, je fermais les yeux et ramenais ma tasse de thé à mes lèvres…. Jusqu'à cracher littéralement le liquide lorsqu'elle parla des Ombrages, et surtout de William. Heureusement qu'elle ne s'était pas retrouvée directement en face de moi sinon je lui aurais craché au visage, et l'aurait sûrement brûlée au passage.
Avalant de travers à cause de la surprise, je me mis à nouveau à tousser, et ce fut par réflexe que je posais ma tasse sur le guéridon avant de poser mes mains à ma gorge, comme si ce simple geste pouvait détendre une quelconque douleur. Crispée, je me ramassais sur moi-même en attendant que ça se passe, et ce fut d'une voix étouffée que j'articulais.

- Qu… qu'est-ce que tu as dit ? L'attitude de Septima avait changé, c'était un fait, et je savais que je n'y étais pas pour rien. L'envie de taquiner Harper sur sa manière de se cultiver fut irrésistible. Tu passes du temps à la bibliothèque pour ne pas passer pour une idiote devant mademoiselle Ombrage ? Mais tu sais que c'est peine perdue ça ?

Je relevais mes yeux sur elle, tout sourire. Ouf, sans le vouloir, je venais de camoufler la véritable raison de ma surprise et mon étouffement. "Pervers de père". Je connaissais la réputation de William, je savais de quoi il était capable et je savais ce qu'il avait fait, il s'était assez confié à moi. Il ne m'avait jamais touché et il ne me touchera jamais, de cela j'en étais certaine… mais Harper, comment pouvait-elle être aux faits des débauches de William ?
Il était mon mentor, je l'avais connu plusieurs années auparavant, et quand bien même je n'en avais jamais parlé à ma bien-aimée (parce que le sujet n'avait jamais eu besoin d'être abordé), je ne lui avais jamais dit que je fréquentais un Mangemort de si près. Peut-être que la réputation de William le précédait, ou peut-être que j'étais simplement parano, comme je l'avais été avec Sean O'Malley, mais je voulais en avoir le cœur net. C'est fut donc hésitante que je questionnais mon amoureuse.

- Tu connais son père ?

Je posais cette question l'air de rien, comme ça, totalement par hasard.



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Sam 18 Sep - 11:18
Le Phénix est dans le four Harail


Au fil de la discussion, les accords se mettent en place. Harper entendait que surprotéger Abigail ne servait strictement à rien ; voilà 32 ans qu’elle surmontait ces épreuves, à quoi bon brasser du vent sur ce qui n’a plus besoin d’être observé ?

De plus, elle devra se faire une raison : Harper a choisi de vivre aux côtés d’Abigail, acceptant pleinement son état de santé, ce qui engendre l’acceptation de vivre avec l’inquiétude. Surprotéger n’y changera rien. Accepter est la meilleure des solutions. Une notion qui mettra du temps à prendre sa place. On ne peut pas porter quelqu’un qui a mal. On ne peut pas soulager sa douleur. Par contre on peut lui donner la main. Entre les deux femmes, c’est entendu : Harper devra apprendre à gérer sa peur et Abigail, accepter cette main tendue. Juste pour qu’elle soit tenue.

En y repensant, c’est étrange comme situation : toute son enfance, Harper s’était faite accabler par sa mère, à devoir faire ceci, ceux-là, l’aider, la décharger, être une bonne fille, comprendre qu’elle n’était pas bien, avoir un peu de bon sens et de bienveillance envers elle. La petite fille hyperactive mais gentille qu’elle était obéïssait au doigt et à l'oeil jusqu’à ce que sa maturité l’a pousse à comprendre. Enfin, elle pouvait se soustraire à la toxicité d’un mère perverse, profondément égoïste, malade certainement mais pas des maux qu'elle pensaient être atteinte. Aujourd’hui, elle faisait face à la vraie douleur, aux véritables maux, aux souffrances palpables. Sans être confrontée à la situation, elle aurait pensé fuir, refuser qu’on lui impute de nouvelles responsabilités, tourner le dos au mal, blasé de ce qu’elle avait enduré, pour rien, quand elle était petite. En fin de compte, prêter sa main lui semblait tout à fait naturel, sans lui donner l’impression d’accepter un fardeau. Ce pourrait-il qu’elle n’est jamais aimé sa mère ? Abigail réside dans son cœur d’un amour inconditionnel, l’accompagner dans sa douleur est non négociable. Pas dérangeant. Normal. Se pourrait-il qu’enfant déjà elle s’apercevait de l’accablante comédie de sa génitrice ? Arf ! Au diable les vieux tourments tournant au radotage d’une jeune femme préférant, assurément, se tourner vers l’avenir. Bonnie viendra l’aider. Cette nuit, Harper veillera en attendant l’arriver de l’Elfe. Un moment pour elles les aideront à faire retomber cette grimpée fulgurante d’émotion. En attendant, siroter une boisson chaude réchauffera les cœurs. Harper rassure sa bien-aimée qui se sent certainement fautive de l’absence forcée de Harper à ses cours. En évoquant Ombrage fille puis Ombrage père, Abigail manque de s’étouffer. Pendant un instant, Harper craint le pire : était-il possible qu’il est réussi, le temps d’une nuit, à mettre le grappin sur Abi ? Un flot de soulagement la traverse. Abigail était simplement surprise qu’elle passe autant de temps à la bibliothèque.

Je passe du temps à la bibliothèque pour me remémorer certains détails techniques, rectifie Harper. Quand tu pratique, la technique devient réflexe. La petite, elle me demande des détails que j’ai oublié depuis fort longtemps ! Ne me taquine pas, honey. J’aurai pu l’envoyer directement se débrouiller toute seule à la bibliothèque. Résultat, je vais moi-même récolter les infos pour ensuite donner à toute la classe un devoir à faire. Tu verrais leurs têtes.

Harper pouffe de rire. C’est absolu machiavélique. C’est la vie !

Tu connais son père ?

Le désagréable souvenir d’un échec supplémentaire. En sortant du ministère ce jour-là, expressément, quasiment en courant, les ressentis étaient multiples : le dégout, le sentiment d’injustice, le désespoir. L’espoir d’un travail s’envolait. Une nouvelle faillite s’additionnait.  La toute-puissance, le pouvoir, l’amputait d’une réussite. L’homme avait fait passer ça pour un test. Harper était persuadée de ce qu’elle avait compris. La conversation perdurait dans un grotesque quiproquos, le vénéré Chef de Service s’en était royalement sorti avec un odieux démenti. Mais Harper, elle, elle savait. D’abord, elle cru s’être trompée. Au fil du temps, elle comprit l’exactitude de l’abjecte moment qu’elle avait passé. Un frisson lui parcourt le dos, agaçant tant il est désagréable.

Je l’ai rencontré, répond Harper en grimaçant. Une rencontre brève. Inutile. Ce qui n'est pas faux. Quelques minutes qui m’ont suffi pour voir qu’il est tout-puissant au ministère et qu’en plus du pouvoir, il aime la bonne chair. Elle soupire, chassant l'entièreté de l'air dans ses poumons, comme si ça pouvait l'aider à choisir ses mots. Tout était fait pour me faire comprendre que je n'avais rien à faire au Ministère. Ce n'est absolument, résolument et indéniablement pas fait pour moi. Heureusement, Poudlard m'a sauvé.

Elle sourit. Ce poste de professeur fut une aubaine. Une surprise mais certainement la plus belle aubaine qu'elle n'est jamais eu. Si son rêve d'enfant s'était accompli, non seulement elle n'aurait jamais retrouvé Abigail mais, qui plus est, elle n'aura jamais connu cette fabuleuse expérience qu'est l'enseignement. Elle serait passer à côté d'une unique occasion : celle de développer un talent certain, qui lui est propre, pour enfin le rendre indéniable et le mettre à profit. Harper s'était toujours bien débrouillée en sortilège. Si ses échecs au ministère ne l'avait pas poussé dans ses retranchements, elle n'aurait jamais acquérit le savoir dont elle dispose maintenant.

Evidement, l’autruche n’a absolument pas envie de relater ce terrible échec qu’elle n’a jamais digéré : elle taie cette entrevue avec William Ombrage. A l’époque, elle ne connaissait rien de cet homme. Evidemment, désormais, sa position au Conseil est connue de tous. De tout-puissant il est passé à vraiment tout-puissant. Harper se félicite de n’avoir jamais affaire à lui. Quant à la petite sur le banc de ses cours ben… bouarf ! On n’est pas responsable des parents qu’on a. Harper en sait quelque chose. Elle est bien placée pour le savoir.
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Dim 19 Sep - 21:14

Décembre 2020

Nerveuse, et pour le camoufler, je pouffe de rire avec ma bien-aimée lorsqu'elle me rectifie quant à sa fréquentation à la bibliothèque et ses raisons d'y aller. Bien que je trouve sa manière de faire avec ses élèves tout à fait amusante, cela ne suffisait pas à tout à fait calmer les craintes qui commençaient à grandir et gronder en moi.

- Des fois je fais pareil tu sais… cela dit, évite que ça ne retombe sur la jeune Ombrage, la pauvre je crois qu'elle a déjà assez de soucis sans ça.

Je lui souriais avec amusement et tendresse sans réussir à détendre mes craintes. J'appréciais beaucoup Septima et je ne désirais pas la voir subir davantage de déboires scolaires avec les autres étudiants qu'elle n'en avait déjà subis. De plus, je ne voulais pas être prise entre deux feux si d'aventure la jeune de la maison Serpentard en venait à se plaindre de sa professeure de Sortilège. Cela dit, je comprenais également la démarche de Harper et elle avait raison d'en profiter. Les questions toujours pertinentes de Septima permettaient d'animer la classe de manière toujours assez inattendue, et même si beaucoup d'élèves ne semblaient guère apprécier la main sans cesse levée de la jeune adolescente, il n'empêchait qu'elle pouvait apporter beaucoup à ses camardes. Enfin, encore une fois tout cela ne me concernait guère, j'avais promis de ne jamais trop me mêler de la vie privée de l'étudiante, et je voulais tenir parole. Je me contentais de rester son tuteur, son mentor, sa personne de référence… après… ses parents… son père…
Il me fallait en avoir le cœur net, voilà pourquoi ma question, l'air détaché, traversa mes lèvres un peu tremblantes.

Mes tripes se nouèrent horriblement, me donnant des vertiges terribles m'obligeant à fermer les paupières et poser ma tête contre le canapé tandis qu'Harper me racontait. J'avais un haut-le-cœur et tout autour de moi se mit en mouvement. Je sentais des sueurs froides me traverser à nouveau le corps tandis que mon front s'enflamma une nouvelle fois.
Il m'avait déjà été difficile de contrôler le flot d'émotion lorsque Harper n'avait pas démenti avoir eu une histoire avec Sean, et bien que je ne sache pas les détails (je n'étais pas certaine de vouloir en connaître davantage) j'avais terriblement mal supporté la nouvelle. Alors subir encore une fois ce trop-plein d'images que mon imagination appréciait me lancer était trop, surtout dans mon état présent. L'imaginer avec William… le voir, les cheveux grisonnants, son visage si imperturbable, en train de lui souffler son désir au creux de l'oreille alors qu'il la prenait par derrière.
Non, s'en était trop.
Mon corps entier rejeta cette idée, et de manière la plus explicite qui soit.
Rouvrant subitement les yeux, je me relevais précipitamment, la main devant la bouche pour me ruer jusqu'à la salle de bain, ouvrir la lunette des toilettes et y rendre la bile que je n'avais pas encore crachée jusque-là. Toute mon enveloppe charnelle se mit à trembler, me rendant bien incapable de me relever tout de suite. Le souffle court et rauque, je me laissais tomber contre le mur, sentant à nouveau sa froideur me lacérer le dos tandis que je glissais le dos de ma main sur mes lèvres. Paupières closes, parce que mes vertiges n'avaient fait qu'augmenter, je fus prise à nouveau d'assaut par de nouvelles images immondes.
Un nouveau sursaut… et rebelote.

Magnifique, à présent je ne pouvais même plus fermer les yeux au risque de me faire vomir continuellement. J'étais donc condamnée à garder mes iris ouverts sur un monde qui ne cessait de tournoyer autour de moi comme si j'étais prise dans un transplanage raté qui ne voulait pas me faire atterrir.
Tant bien que mal, j'attrapais un verre d'eau que j'avais laissé là au préalable, me rinçait la bouche et crachait le tout dans la cuvette avant de tirer la chasse. Glissant une main dans mes cheveux, je me recroquevillais sur moi-même, incapable de me relever. J'étais transie de froid alors que je crevais de chaud. Je me savais en nage, sentais les gouttes de sueur perler sur mon front tandis que je le posais sur mes genoux ramener contre ma poitrine.
J'avais envie de mourir. Littéralement.
Si je n'avais pas eu beaucoup de conquêtes dans ma vie, je n'avais aucun doute que Harper en avait eu une bonne centaine si ce n'était pas deux. Elle était belle et avait toujours attiré les regards, contrairement à moi. Cela dit, j'avais toujours pris garde de partager ma couche avec de véritables inconnus, lointain, et de ne jamais nouer sérieusement avec eux. Luca était la seule, unique et récente exception. Dans le fond, je n'étais pas étonnée que Harper ait collectionné les nuits à deux (ou plus, par Merlin), et je ne pouvais pas lui en tenir rancune. Qui plus est, je connaissais le charme de William et lorsqu'il opérait, il le rendait extrêmement dangereux. C'était d'ailleurs ce qui, entre autres, le rendait célèbre, mais qui lui avait aussi permis de gravir les échelons. J'entendais par là non pas qu'il collectionne les conquêtes (quand bien même ce fait était vrai), mais que sa manière de parler, de se tenir, de manipuler ses interlocuteurs était une véritable arme.
Harper se serait-elle laissée tenter l'instant d'une "rencontre brève et inutile" ? Peut-être me faisais-je bien trop d'idées, mais ma possessivité et ma jalousie était l'un des fardeaux que je devais porter en étant en couple avec Harper (et même sans être en couple d'ailleurs). Je l'aimais trop, je me savais trop dépendante, mais aussi terriblement insignifiante. Harper avait toujours été sublime, lumineuse, vive, attrayante et attirante, lorsque j'avais toujours été cachée, dans l'ombre, réservée, peu sociable et étrange. Chien solitaire qui montre les dents et qui grogne lorsqu'on approche sa main de trop près.
Le constat clair dans mon esprit, je sentais de nouvelles gouttes glisser le long de mes joues, et je n'étais pas certaine qu'il s'agisse uniquement de sueur, à moins que les yeux puissent à présent transpirer. De la salle de bain, je m'éclaircissais la voix pour que la sorcière puisse m'entendre.

- Est-ce que vous… avez couché ensemble ?

La question était directe, mais j'avais besoin de savoir, directement, sans détour aucun. Je ne savais même pas dans quelles circonstances elle l'avait rencontré. Pour un travail ? Un emploi ? Autre chose ? Avec William, tout était possible, et c'était ça qui était aussi merveilleux que terrible.
Le passé était le passé, j'en avais conscience et je ne pouvais en tenir rancune à aucun des deux s'il était arrivé quelque chose… mais clairement, il me faudra avaler l'information, et ça n'allait pas se faire aisément… car il allait d'abord falloir que je régurgite mon déni. Voilà pourquoi je restais collée entre mon mur et mes toilettes, figée par la fièvre qui remontait, tétanisée par une information que je craignais de connaître.
La journée promettait d'être encore plus pourrie qu'elle ne l'était déjà.


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Mar 21 Sep - 21:59
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Eviter les retombées sur la petite Ombrage n’appartient pas à ses plans. Toutefois, elle se garde de préciser qu’attribuer un devoir à toute la classe, en plus de perfectionner la culture de ses ignorants d’élèves, permet de remettre un temps soit peu à leur place les imbéciles qui passent le plus claire de leur temps à jacasser dans le dos de la pauvre fille. Sans nul doute, elle n’éprouve aucune antipathie envers la jeune serpentarde dont le niveau intellectuel est capable d’aplatir celui de sa sœur au même âge. Et ça fait du bien. Au moins, fifille Ombrage elle, ne parade pas fièrement dans les couloirs en pétant plus haut que son cul.

La conversation dévie sur Papa Ombrage. Harper tâche d’adopter une attitude détachée, parfaitement calme et décontractée à l’évocation de cet homme, discutant comme s’il s’agissait d’un sujet absolument banal, sans importance. Dans son mug, elle rajoute du café pour réchauffer le liquide déjà présent quand son âme de commère revient au galop. Ouvrant grand la bouche, elle s’apprête à lui demander si elle a été tenue au courant de la récente séparation des Ombrages quand soudain, soudain ! Abigail quitte le sofa douillet pour se ruer dans la salle de bain, son estomac vomissant tout ce qu’elle n’avait pas mangé. La laissant à son affaire, Harper sort une nouvelle barre chocolatée qu’elle trempe dans son café bouillant en perdant un tier au passage. Tant pis, elle le ramassera avec sa cuillère. Plop ! Plop ! Plop ! Les griffes d’Elizabeth martèlent le carrelage, ses pas son étouffés par le tapis lorsqu’elle arrive à proximité de Harper. Mais pourquoi est-ce qu’elle marche autant cette bestiole ailée ? En un coup d’ailes, Elizabeth s’installe sur le canapé, prenant soin d’éviter le plaid laisser en boule par Abigail (qui vomi toujours dans la salle de bain) car voyez-vous, sa majesté le grand-duc aime les surfaces planes. Terminant de macher sa barre chocolatée, Harper observe sa suffisance, son bec porté bien haut, son thorax bombé… non mais j’vous jure ! Elizabeth s’est très certainement rapprochée de sa maîtresse pour lui donner l’autorisation de s’excuser. La maîtresse hoche la tête d’exaspération, levant les yeux au ciel. Elle attrape la mug des deux mains, le porte à ses lèvres sans quitter des yeux le volatil puant de narcissisme – mais qu’elle aime quand même. Harper boit une grosse gorgée de café noir, espérant attraper le chocolat fondu dégringolé au fond…

Est-ce que vous… avez couché ensemble, lui demande Abigail d’une voix claire.
Action réaction. Dans un soubresaut, manquant de s’étouffer, Harper recrache le contenu de sa bouche droit devant elle c’est-à-dire, sur le joli plumage propre de son grand-duc. Elizabeth écarte les ailes, furieuse, couroucée ! Elle pousset de grands cris indignés. Elle s’agite sur le sofa, perdant des plumes au passage. La pauvre bête à vraiment une sale tête repeinte au café.

Ca va, ca va, j’ai pas fait exprès, calme toi ! Lui crie Harper en lui signifiant, aussi bien qu’elle le pouvait en paroles et en gestes, qu’elle est désolée – cette fois. Harper empoigne sa baguette pour murmurer : Gellertus Totalus. Le café recouvrant les ailes de l’oiseau nocturne se transforme en gélatine visqueuse d’une même couleur, glisse le long de ses plumes pour venir s’écraser sur le canapé. Devenu solide, elle rassemble la gelée de café pour la jeter à la poubelle non sans murmurer : quel gâchis. Du si bon café. Puis elle s’en retourne à son fauteuil. Elizabeth s’éloigne de sa sorcière jugée trop maladroite.

Tu auras une double ration de souris fraiche,tente de s'excuser Harper.

Si peu ? Le grand-duc pousse un hurlement de mécontentement.

Triple ration.

Posée sur un perchoir, Elizabeth garde le silence, semblant accepter cette maigre consolation.

Honey, non ! Lance-t-elle enfin à l’adresse d’Abigail. Plutôt crever la bouche ouverte étouffée par des mouches à merde à côté d’un scroutt à pétard en furi.

C’est pour dire ! Ca paraît on ne peut plus clair. Un silence s’installe. Harper cherche ses mots.

Je l’ai rencontré à l’époque où je voulais rentrer au ministère. Constater la suffisance de cet homme au plein pouvoir m’a suffi pour comprendre qui il était. Pas besoin d’être un Profilermage ! Pourquoi me parles-tu de lui ? S’aperçoit-elle soudain.

Abigail aurait-elle couchée avec Papa Ombrage ? Pendant un instant, Abigail se serait-elle demandé si elles avaient eu la même conquête. Harper cligne des yeux, secoue la tête pour se vider l’esprit de pensées bien moches. Non, Abigail n’est pas assez bête pour tomber dans le panneau d’un bellâtre d’un certain âge (pardon Papa).

Est-ce que tu as besoin d’aide ?  Je ne vais pas tarder à te laisser, Honey. Le deuxième cours commencera sous peu.


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Mer 22 Sep - 11:53

Décembre 2020

Un son étrange de régurgitation soufflée retentit dans mon salon aussitôt ma question posée. Aurais-je touché juste ? Ce fut ensuite un vacarme incessant entre Harper et Elizabeth. Mais que diable s'était-il encore passé entre elles pour que le hibou hurle à ce point ? Cette ambiance, bien qu'elle puisse m'agacer profondément, me fit sourire en cet instant présent, car cela me rappelait à quel point je n'étais plus seule, à quel point je ne me prédestinais plus au célibat et à la vie esseulée. Avoir Harper avec moi, chez moi, c'était un vacarme au quotidien, un bruit incessant et très fatigant, mais qui me faisait du bien. Oh oui, tellement de bien. Alors oui, malgré le mal de crâne que cela engendrait, qu'un bourdonnement sourd s'en vint gronder dans mes tempes comme pour me protéger à l'instar d'un bouclier, je souriais et réussissais à rire discrètement tandis que j'entendais ma bien-aimée négocier des rations avec le volatil.
Le souvenir du Grand-Duc que j'avais eu lorsque j'étais enfant m'apparut devant des paupières mi-closes (car j'hésitais à les fermer pour calmer mes vertiges, mais je craignais de voir à nouveau des horreurs). George avait été un oiseau au caractère bien trempé aussi, mais il avait été un compagnon fidèle et prêt à braver toutes les tempêtes pour emporter mes missives. J'avais été dévastée lorsque la vie l'avait rappelé. Gérard était tout l'inverse de ce qu'avait été George, calme, gentil, discret, doux et tolérant. À croire que mon premier messager s'était incarné en Elizabeth et qu'il avait trouvé une nouvelle cible à emmerder (mais il restait apparemment non loin de moi).
Patiente, essayant surtout de calmer mes maux de tête, j'attendais que la directrice de la maison rouge se décide à me répondre, et lorsqu'enfin j'entendais mon surnom, les bourdonnements cessèrent instantanément.
Ses mots me soulevèrent le cœur de soulagement. Un long et profond soupir traversa mes narines et un murmure traversa mes lèvres.

- Putain Merlin, merci…

Un petit silence s'installa, et, rassérénée, je réussissais enfin à refermer les yeux et à ne plus être dérangée par des images de William trop proche physiquement de l'amour de ma vie. Les vertiges se calmèrent maintenant que j'étais enfermée dans le noir, et mon oreille se tendit alors que la voix de la sorcière retentit encore. Lentement, je déglutissais avant de m'éclairer la voix du mieux que je pouvais pour répondre… mais en fait, je ne voulais pas le faire sans pouvoir observer les réactions de ma douce. Toujours incapable de me relever, je me contentais donc de pousser la porte de la salle de bain à son paroxysme et de me laisser tomber totalement au sol. Allongée ainsi sur le pas de la porte, le corps ainsi allongé sur la pierre gelée, je regardais Harper qui m'apparaissait à l'envers, assise à côté du canapé. Cheveux blonds éparpillés autour de moi, je ramenais mes mains vers mon ventre, mes doigts se triturant nerveusement.

- Je te parle de lui parce que je le connais. Je le connais même très bien… Je détournais le regard au plafond, car observer la jeune femme ainsi retournée me donnait mal au cœur, avant de réaliser et de préciser à la hâte. Il ne s'est rien passé entre nous ! Je veux dire… on n'a jamais couché ensemble. Il est plus un genre de… de mentor. Je l'ai connu quand je suis rentrée de Hongrie, quand je travaillais comme dragonologiste indépendante. Il m'a aidé sur beaucoup de choses, notamment au ministère. Il m'a appris plein de choses et je… ben… j'ai de l'affection pour lui, en fait.

Je savais qu'il était un Mangemort, je savais que nous n'avions pas les mêmes opinions politiques, je savais que certains sujets étaient à éviter soigneusement avec lui, mais nous avions toujours eu les deux l'intelligence d'arrondir les angles et de nous accorder sur nos désaccords. Nous avions toujours été ce soutien inattendu pour l'autre, et les conseils de William Ombrage m'avaient aidé à m'élever dans une période où j'étais seule, abandonnée par l'amour de ma vie, perdue dans un corps de métier dans lequel je m'étais lancée sans réfléchir… puis il y a eu l'accident qui avait emporté Kyle… et William qui avait aussi perdu un frère avait su me soutenir du mieux que sa tolérance à sa propre douleur avait pu le faire tout le moins. Aujourd'hui, ironie du sort, sa fille était venue me voir pour me demander conseil et lui apprendre l'animagie. Si son père était mon mentor, j'étais celui de sa propre fille. Bien malgré moi, j'étais étroitement liée à la famille Ombrage, et je n'avais jamais ressenti le besoin d'en parler avec Harper, car ce n'était pas un sujet dont je parlais s'il ne venait pas sur la table. Car je ne me vantais pas de connaître les Ombrage, parce qu'il n'avait jamais été question d'eux jusqu'à aujourd'hui avec Harper. Tournant un peu la tête, remuant des épaules, car la pierre était dure (et froide), je regardais à nouveau ma douce.

- Tu… Tu aurais envie de me parler de ce qui est arrivé ? Un jour, quand tu en auras envie…

J'étais curieuse. Curieuse que William et Harper aient pu avoir une discussion. Bien sûr, je connaissais les ambitions professionnelles de Harper, tout le moins celles de l'époque, et je savais à quel point William pouvait être tranchant. Si la sorcière n'avait pas été à la hauteur à l'époque, ça ne faisait aucun doute qu'il avait dû la renvoyer sans sommation… mais peut-être pouvais-je aider ma bien-aimée à mieux comprendre le comportement de l'Oubliator… et peut-être que si je devais la présenter officiellement à William un jour (admettons, par exemple, pour un mariage), elle aurait moins envie de le tuer que présentement ?
Un frisson me parcourut à cause de ma position, et, tant bien que mal j'essayais de me relever, prête à dire à Harper que tout allait bien, que je n'avais pas besoin d'aide, et qu'elle pouvait s'en aller l'esprit tranquille… mais, rétrospectivement, je réalisais que c'était absurde. Déjà, j'étais en nage, à nouveau tremblante et faible. Ensuite, j'étais étalée par terre comme un morceau de jambon qui avait glissé d'un plan de travail. Enfin, si je devais un jour vivre avec Harper et qu'elle devait faire l'effort de ne pas s'inquiéter pour moi, je devais moi aussi faire l'effort de ne plus m'excuser, et d'accepter de demander de l'aide lorsque j'en avais besoin. Et clairement, si Bonnie n'allait pas arriver dans les minutes qui viendraient, j'allais passer ma journée allongée là.
Résignée, je grommelais un peu.

- Peut-être, juste… m'aider à rejoindre le lit… S'il te plait. Ensuite je reprendrais une potion, et au dodo jusqu'à ce que tu rentres ce soir.

Je n'avais pas envie qu'elle parte, je n'avais pas envie qu'elle me laisse seule, alors que quelques minutes plutôt je lui avais spécifiquement dit de le faire. La perspective qu'elle s'en aille et qu'elle ne revienne jamais, qu'elle aille voir William pendant mon sommeil, me faisait un peu peur… et je me détestais de penser toujours à ce point au négatif. Si Harper m'avait proposé de revenir, alors elle le fera. Il me fallait retrouver confiance en elle, pleinement.
Mais j'étais tellement amoureuse, possédée par sa présence, que je me savais ne plus être totalement moi… ou au contraire, peut-être l'étais-je pleinement, mais que je refoulais toujours ce côté sombre de moi. Cette bête noire qui grondait au fond de mes entrailles et qui voulait Harper pour elle, et rien que pour elle.



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Ven 24 Sep - 13:53
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Un début de journée peu habituel. Ça fleure bon le quotidien brisé. La monotonie s’éloigne, ce jour promet d’être réussi. Une révélation lui donnera matière à digérer. Elle s’inquiétera de l’état d’Abigail toute la sainte journée. Mais il y a des spaghettis bolognaises au menu, ça devrait suffire comme décontractant gastrique. D’autant plus que Harper n’est pas au bout de ses surprises. Abigail repousse la porte pour s’installer dans l’entrebâillement, allongée sur la pierre froide, relevant le menton comme pour mieux l’apercevoir.

Je te parle de lui parce que je le connais. Je le connais même très bien…
Douche froide.L’expression de Harper se fige. De ces expressions qui semblent dire : les bras m’en tombent. Je suis sur le cul. What the fuck ? En d’autres termes : elle ne s’attendait pas à ça. La Directrice des Gryffondors ne répond pas, préférant attendre la suite dans le silence absolu.

Il m'a aidé sur beaucoup de choses.
Ce n’est plus une douche mais sa tête sous les chutes du Niagara.

Je… ben… j'ai de l'affection pour lui, en fait.
La Reine des Neiges vient de cristalliser l’eau des chutes pour qu’elles lui fracassent le crâne. Harper se mord la lèvre inférieure, sans n’émettre aucun son. L’homme qui avait rejeté sa candidature sous prétexte qu’elle ne savait pas se maîtriser alors qu’il s’apprêtait, dans un vulgaire quiproquo qu’il avait feint d’ignorer, à se mettre à l’aise pour quelques petites gâteries, et bien cet homme est le mentor d’Abigail, sa chère et tendre dulcinée qui éprouve (étrangement !) de l’affection pour lui. On aura tout entendu ! La colère fulmine au plus profond d’elle-même. Toute cette injustice qu’elle avait ressenti à l’époque. Ce sentiment d’impuissance face à un homme aussi puissant dans un système qui ne reconnaît que la puissance. Ses mains se crispent sur ses genoux. Harper détourne son regard dans un mouvement brusque de la tête. Et donc ? Donc, comme elle a échoué lamentablement aux épreuves d’intégrations de l’équipe des Aurores ; comme elle est absolument incapable (comme en ce moment même) d’avoir une parfaite maîtrise d’elle-même, impulsive et fonceuse comme un phacochère sauvage dont la nouvelle lubie est de percer de part en part la végétation compacte de la jungle juste parce que ça lui a traversé l’esprit ; comme elle n’a jamais ouvert un manuel scolaire de sa vie sauf la veille (et l’avant-veille, pour sa défense) des examens, donc, donc ! Pour quelles raisons Abigail serait tentée de croire sa version des faits ? Tout allait contre elle. Le recruteur aurait pu être une autre personne qu’Ombrage, Harper aurait certainement échoué d’elle-même. Allons donc ! Donc ! Tout porte à croire qu’elle ne sera pas crédible. Et puis à quoi bon ressasser ? C’est de l’histoire ancienne. A quoi bon gâcher cette bonne journée qui venait de commencer ? Harper s’était admirablement conduite pendant la crise de démence d’Abigail. Elle ne va pas laisser son lien étroit avec Ombrage lui gâcher la journée.

Harper prend une profonde inspiration puis expire la totalité de l'air emagasiné dans ses poumons. La mine rembrunie, son nez se fronce pour afficher un visage qui boude, le regard toujours tourné vers la tringle des rideaux. Même si elle s’attachait le tissu autour du cou pour se pendre tellement elle bougonne, la tringle ne supporterait pas son poids.

Tu aurais envie de me parler de ce qui est arrivé ? Un jour, quand tu en auras envie…
En un éclair, sa tête revient brusquement sur Abigail. Harper fulmine, Harper boude, Harper croise les bras. Harper fusille Abigail du regard, comme si c'était de sa faute. Elle bégaie, mets du temps pour lui répondre, bougeant la tête dans tous les sens, comme éprise dans un débat intérieur particulièrement revêche. Faudra bien qu’elle lui réponde quelque chose. Elle gonfle ses joues, pince ses lèvres au point de les faire disparaître.

Non ! Fini-t-elle par dire, plus boudeuse que jamais. Tu n'auras qu’à lui demander à lui !

Vlan ! Dans les dents ! Oui, elle n’a qu’à faire ça ! Comme ça, il saura, il saura que dorénavant, la bien-aimée d’Abigail Macfusty est Harper Auburn, professeure de Sortilège à Poudlard, directrice de la maison des Gryffondors, capable de vous fabriquer votre propre baguette, capable de masquer votre gueule de bois sans maquillage et de vous expliquer, de A à Z, les principes des sorts imprononçables mais si elle n’y ai jamais arrivé ! Oui ! Elle n’a qu’à lui dire ça ! Pourquoi ?  Ça, elle ne le sait pas. Voilà. Mais elle n'aura qu'à lui dire.

Un brouhaha dans les couloirs l’a rappelle à l’ordre. Harper annonce son départ pour le deuxième cours journalier. Avant de partir, elle se lève, aide Abigail à se positionner assise, glisse ses bras sous ses aisselles pour l’aider à se relever. Là, elle lui tend son bras gauche comme appuie tandis que sa main droite enserre sa taille pour la soutenir jusqu’à la chambre à coucher. Elle dépose un baiser sur son front avant de rejoindre Elizabeth dans le salon.

Elizabeth, dit-elle à l’oiseau d’un air très sérieux. Dans deux heures tu viens me voir dans la Grande salle. Un coup de patte tout va bien. Deux coups de pattes rien ne va plus. Tu as saisi ? Un coup de patte…

Elizabeth pousse un grand cri, de l’air de dire : c’est bon j’suis pas teubé j’ai compris. Harper disparaît dans les couloirs bondés d’élèves surexcités. Apparemment, elle n’est pas la seule à se réjouir qu’on sert des spaghetti ce midi.

La journée se passe sans encombre. Elizabeth remplira son rôle merveilleusement bien. Harper lui sert des souris fraîchement dépecées du jour et la congédie dans la voilière. Le grand-duc n’aime pas trop dormir dans la volière. Harper se doute qu’elle ne doit pas s’y faire des amis… L’oiseau rejoindra très certainement ses appartements depuis le gouffre dans la Forêt Interdite. Harper lui a confectionné un passage spécialement pour elle. La sorcière n’aime pas trop que son oiseau aille voler de nuit qui plus est dans la forêt interdite. Elle ne peut pas l’en empêcher mais ne l’y incite pas en lui recommandant toujours la volière.

***

Le soir venu, Harper pousse la porte des appartements d’Abigail, les bras chargés de paquets.

Chérie je suis rentrée ! S’écrie-t-elle de sa douce voix. Salut Bonnie, comment vas-tu ? Demande-t-elle en jetant ses chaussures dans le vestibule. Merci d’être venue. J’ai croisé Freaksee dans les cuisines…

Elle lui montre les paquets dont une odeur appétissante embaume le salon.

Les elfes font une soirée morpion dans les cuisines ce soir. Tu es invité à les rejoindre si le coeur t'en dis.

Bonnie le salut et la remercie pour l’information, l’invitant à rejoindre sa maîtresse sans trop faire de bruit car celle-ci est encore endormie. Harper serait bien arrivée sur la pointe des pieds mais même à pas de loup un régiment d’éléphant semble l’accompagner. C’est tout naturellement qu’elle rentre dans la chambre d’Abigail, profondément endormie, son casque sur les oreilles. Une douce musique retentie. En l’observant, la jeune femme se dit que pour dormir aussi profondément à cette heure-ci, il lui faudrait boire deux litres de Whisky. Mais depuis quelques temps, le whisky, elle n’aime plus trop ça, donc bon… Harper s’assoit sur le rebord du lit, borde sa dulcinée pour la protéger du froid et vient déposer un baiser sur ses lèvres. Elle recommence jusqu’à ce que la belle à la potion dormante daigne soulever une paupière.

Harper meurt de faim.
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Ven 24 Sep - 16:50
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Décembre 2020


Had a dream your father died
I couldn't scream
I couldn't cry
The second night, I dreamt you drowned
You couldn't fight
You were not found

Lorsqu'on s'assomme avec une potion pour dormir, le sommeil est si profond que la plupart du temps on ne se souvient pas de ses rêves. Ça n'a pourtant rien d'un repos artificiel puisqu'il est à ce point loin et réparateur. Aujourd'hui était peut-être l'exception qui confirmait la règle puisque mon esprit s'était envolé bien loin, laissant mon corps uniquement sous la sécurité de mes animaux et de Bonnie qui s'occupait autour de moi en faisant le ménage. Les moments venus, elle me tirait de mon sommeil pour me donner mes doses de médicaments avant que je ne reparte dans les songes.
J'y faisais un voyage pour le moins troublé, et le pire, c'était que je savais qu'il aurait pu être merveilleux, car je sentais Kyle à mes côtés, comme si je pouvais presque le toucher. Cette sensation était si réelle, comme s'il était dans mon dos et qu'il me suffisait de me retourner pour le voir. Oui, mais voilà, je n'arrivais tout bonnement pas à bouger, figée dans un espace bien trop restreint, retenue par quelque chose qui m'empêchait de m'élever totalement. Il y avait une attache forte et violente qui me rongeait les chevilles comme des boulets retiendraient un prisonnier.

These violent delights
Keep creeping into my nights
And they're reading my rites
And I'll never sleep alone again
And these violent delights
Keep bleeding into the light
And I'll never be right
But they'll never sleep alone again when I'm gone
When I'm gone

J'étouffais sous un regard qu'elle m'avait lancé et que je n'avais pas compris. Tant de fureur à l'encontre d'une seule personne, d'un seul sujet. Consciente j'avais tourné le problème dans tous les sens sans parvenir à une conclusion qui me satisfaisait vraiment. Inconsciente, le sujet ne cessait de s'imposer, m'empêchant de me reposer véritablement malgré mes potions. Au lieu de la présence rassurante de mon frère arraché, je découvrais, lorsque je me retrouvais, une Harper en furie qui me crachait au visage tous les maux du monde alors que je n'avais tout simplement rien fait. Les songes auraient pu se changer en cauchemars, mais à chaque fois la petite elfe de maison aux ailes d'avion comme oreilles me réveillait pour me soigner. Elle m'assurait que Harper était toujours à l'école et qu'elle donnait ses cours avec la même énergie que d'ordinaire.
Alors, à nouveau assommée, je me rendormais, l'angoisse au ventre, l'envie de quitter la chaleur de mon lit pour courir la rejoindre, pour lui imposer des explications, pour qu'elle me donne enfin le fin mot de l'histoire.
La journée s'était écoulée aussi vite qu'elle avait été interminable.

A photograph will steal your soul
An epitaph won't make you whole
If I disappear, they'll say I killed myself
I never feared for my own health

Je n'avais qu'à lui demander. Plus facile à dire qu'à faire sachant que voilà des mois que je n'avais pas revus mon mentor. Harper pouvait-elle m'en vouloir d'apprécier un homme que j'avais connu lors d'un moment de nos existences où nous étions séparées ? Comme moi, pouvais-je en vouloir à Harper d'avoir voulu construire quelque chose Sean O'Malley, ou avec qui que ce soit d'autre que moi ?
Qu'était-il arrivé ?

These violent delights
Keep creeping into my nights
And they're reading my rites
And I'll never sleep alone again
And these violent delights
Keep bleeding into the light
And I'll never be right
But they'll never sleep alone again when I'm gone
When I'm gone

Il était une chose terrible que de sentir son esprit tirer de toutes ses forces dans une direction, avoir la volonté de la rejoindre, d'aller la voir, de lui assurer que je n'aimais qu'elle et que j'allais arranger les choses, et d'être enfermée dans un corps qui ne bougeait même pas le petit doigt.
Non loin de moi, à l'extérieur, les chatons retournèrent se cacher en entendant Harper rentrer. Gérard ouvrait péniblement un œil, profondément endormi, en voyant Bonnie repartir et remercier la sorcière en visite, promettant qu'elle reviendra le lendemain matin. Majestueux et imperturbable, Grishkin se lissait les plumes, gardien de mon sommeil tout relatif. On venait essayer de me tirer de mes songes.
Mais je voulais y rester.
Je ne voulais plus être là.
Ça s'était insinué dans ma nuit.
Cette violence.
Et je ne pouvais pas crier.
Je ne pouvais pas pleurer.
Mais j'ai rêvé qu'elle se noyait dans cette colère qu'elle gardait.
Et que personne ne l'a retrouvait.

I don't want to see it
I don't want to see it
I don't want to sleep alone, no
I don't want to see it
I don't want to see it
Never sleep alone again, no
I don't want to see it
I don't want to see it
I don't want to sleep alone, no
I don't want to see it
I don't want to see it
Never sleep alone again when I'm gone

Mais le toucher était si délicat. Si plaisant.
Ce plaisir violent.
Âme aspirée à nouveau dans mon corps, je me sentais reprendre possession de moi, réveillée ainsi de la meilleure des façons (ou presque). Profiteuse, je ne bougeais pas encore quelques secondes, histoire de recevoir de nouveaux baisers, quand bien même ma respiration était plus rapide, éveillée.
Glissant une main dans la chevelure de ma Belle lorsqu'elle revint m'embrasser, j'effectuais une légère pression pour qu'elle reste contre moi. Lentement, presque péniblement, je rouvrais une paupière, puis deux, tombant directement sur le visage si harmonieux et merveilleux de Harper. Même un pied dans la tombe (tant j'étais endormie), même après un voyage céleste des plus éprouvants, je restais indubitablement admirative en la regardant. Mes doigts glissants sur son épaule puis son bras, je plongeais mon regard dans le sien.

- Coucou.

Voix endormie et pâteuse, je réalisais avec horreur mon état lamentable en prononçant ce simple mot. Gênée, je souriais tout en refermant les yeux avant de remuer légèrement pour commencer à m'étirer, me frotter les yeux et bailler.
Sentant lentement que je reprenais possession de mon corps, je la regardais à nouveau, d'un air cette fois plus présent et réveillé.

- Ta journée s'est bien passée ?

Lentement, je me redressais pour arriver assise sur le matelas. Me penchant un peu plus en avant, je venais poser ma tête contre l'épaule de la sorcière, et, tout en soupirant d'aise, je ceinturais ses hanches avec mes bras fins. Dormir toute la journée m'avait apparemment fait du bien, j'avais retrouvé des couleurs, je n'étais plus en nage, j'étais bien moins chaude, la fièvre était tombée. Ce n'était toutefois pas une totale guérison, mais il y avait un progrès non négligeable depuis ce matin. Les délires de mon sommeil me revenant lentement en mémoire, je ressentais une nouvelle légère angoisse. Cela me semblait si lointain que j'en venais à me demander si je n'avais pas finalement rêvé cette conversation, ce qu'elle m'avait dit à propos de William et ce regard qu'elle m'avait lancé. Cette façon qu'elle avait eut ensuite de me porter, comme distante, renfrognée, extrêmement contrariée. Je ne supportais pas qu'il puisse y avoir un problème entre nous, je ne le voulais plus. Voilà pourquoi je venais m'enquérir de son état.

- Tu es toujours fâchée contre moi ?

These violent delights
Keep creeping into my nights
And they're reading my rites
And I'll never sleep alone again
And these violent delights
Keep bleeding into the light
And I'll never be right
But they'll never sleep alone again when I'm gone
When I'm gone
Alone again when I'm gone
When I'm gone



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Lun 27 Sep - 12:47
Le Phénix est dans le four Harail


I hurt myself today
To see if I still feel
I focus on the pain
The only thing that's real

Une longue journée bien remplie s’achève. Pour commencer, elle s’était levée la tête dans le brouillard, disposant tout juste d’assez de temps pour se débarbouiller, s’habiller, et mettre le nez dans les couloirs. Harper ne s’accorde jamais assez de temps au petit matin pour prendre un petit-déjeuner. Chaque jour, quand dix heures sonnent creux dans son estomac grondant de mécontentement, sa volonté s’éprend de bonnes résolutions qu’elle trouvera aussitôt saugrenue le soir venu. Et pourquoi pas se lever aux aurores avec le champ du coq pour faire du footing tant qu’on y est ?

The needle tears a hole
The old familiar sting
Try to kill it all away
But I remember everything

Et puis, le lion noir de son bracelet avait vibré. Elle s’était élancée en direction des appartements d’Abigail pour la retrouver allongée sur le sol, le corps souffrant, la tête délirante de fièvre. L’inquiétude l’avait saisie, le sentiment d’être inutile aussi. Heureusement, il y a toujours quelque chose à faire. Cette histoire s’est bien terminée. Enfin presque. Un souvenir désagréable qu’elle rumine depuis longtemps a refait surface. Au détour d’une discussion, le nom d’un homme est posé sur le tapis. Comment cela peut-il être possible ? Harper était d’autant plus froissée et en colère qu’elle ne pouvait pas se permettre d’en vouloir à Abi. Comment lui reprocher un mentorat avec un mangemort alors qu’elle-même, depuis des années, en compte un parmi ses amis ? Comment reprocher à un adulte les relations qu’il s’est forgé ? Comment reprocher à quelqu’un la vie qu’il mène quand elle-même ne supporte pas qu’on puisse commenter la sienne ? Et il y a pourtant cette blessure profonde, cette honte creusée dans son égo à la petite cuillère, cette caverne où elle stocke toute l’injustice ressentie à l’encontre de ce fameux jour, cette fameuse fois où elle avait raté, une fois de plus, son entrée au ministère. Ce n’était plus le statut d’Aurore qu’elle visait. Harper avait besoin d’argent pour vivre et surtout, un nouvel objectif pour avancer. Elle sentait qu’on le lui avait injustement arraché, ce droit à l’objectif, cette possibilité d’aller de l’avant. Ce On, c’était un homme. Parce que, si elle criait haut et fort qu’il s’était joué d’elle, connaissant son palmarès d’échec, il réside toujours en elle cette possibilité qu’elle se soit trompée sur les intentions d’Ombrage et qu’elle est véritablement échouée. Elle serait la véritable responsable… ? Et ça la rend malade.

What have I become?
My sweetest friend
Everyone I know goes away
In the end

En quittant les appartements de sa douce pour laisser Abigail se reposer et, quant à elle, retourner travailler, une chanson est venue s’insinuer dans son esprit. Une chanson que fredonnait souvent sa mère. Etrangement, ce fredonnement appartient aux bons souvenirs, comportant quelque chose d’apaisant, quelque chose de rassurant, quelque chose qui vous revigore, si triste et entraînant à la fois, tellement désespérant qu’il vous redonne de l’entrain.

And you could have it all
My empire of dirt
I will let you down
I will make you hurt

Comme convenu, elle passa dans les cuisines récupérer leur diner à emporter (merci Freaksee) avant de rentrer chez Abigail, la chanson toujours en tête. Incroyable ces airs qui vous colle à la cervelle.

I wear this crown of thorns
Upon my liar's chair
Full of broken thoughts
I cannot repair

Réveillant sa douce à coup de baisers, elles partagent étroitement quelques instants, savourant le plaisir de se retrouver.

Ta journée s’est bien passée ?
Bien remplie ! Sans nul doute. Notre collègue de métamorphose m’a encore collé aux basques. Harper passe une main dans les cheveux d’Abigail, appuyée contre son épaule. Il s’acharne à vouloir synchroniser l’apprentissage des premières et secondes années. Elle soupire mollement, élèvement les yeux au ciel en songeant au collègue insistant.

S’échappant délicatement de son étreinte, Harper emploi à se défaire de ses vêtements sales de la journée dans l’intention de prendre une douche. Jetant le dernier morceau de tissu, elle met un pied dans la salle de bain quand…

Tu es toujours fâchée contre moi ?
Harper se fige. Pense, pense, pense. Tourne sept fois ta langue dans ta bouche. Pense, pense, pense. Que faut-il penser ? Leur dernière discussion aurait-elle froissé Abigail ? Certainement qu’elle aussi, à sa place, elle aurait été blessée d’apprendre que sa tendre lui en veut d’apprécier quelqu’un qu’elle déteste.

Beneath the stains of time
The feelings disappear
You are someone else
I'm still right here

Nu comme un ver, sans pudeur, elle se retourne vers sa tendre.

Abigail, Honey, entame-t-elle d’une voix calme qu’elle essaya de rendre douce mais ça sonnait atrocement faux à son oreille, à tel point que sa gorge en tressaille. Je ne suis pas fâchée contre toi, reprend-t-elle en se raclant la gorge pour retrouver sa véritable voix. Je te demande simplement de me comprendre. Ce n’est pas facile d’apprendre que ta dulcinée entretien des liens étroits avec quelqu’un que tu désapprouve. Je ne t’en veux pas. Certainement n’approuverais-tu pas toutes mes amitiés. Mais donne-moi le temps de digérer. Accorde-moi un délai pour accepter.

Elle détourne les talons pour s’enfoncer dans la salle. On entend l’eau cogner contre la porcelaine.

What have I become?
My sweetest friend
Everyone I know goes away
In the end

C’est un peu comme si je te reprochais de mal vivre la relation que nous avons eu avec Sean, explique-t-elle, de l’eau lui rentrant parfois dans la bouche. Je te connais et je comprends que ça puisse t’affecter. Et je sais que le temps te prouvera mon amour et qu’un jour, mes relations passées te sembleront désuètes. Tout comme je sais que je finirai par m’y faire. William Ombrage est ton mentor. Je finirai par m’y faire.

Vraiment ? Harper s’accorde un instant, les cheveux emmêlés de shampoing pour réfléchir à ses dernières paroles. Acceptera-t-elle vraiment ? Elle secoue la tête pour chasser les pensées parasites. Oui, elle finira par accepter. Simplement, pour le moment, ça lui paraît intolérable. Mais ça viendra. Et alors, elle se mis à fredonner ces couplets, laissant le jet d’eau brulante rincer toutes les bulles de savon qui recouvre son corps. Son chant sonne extrêmement faux. Perdue dans ses pensées, Harper ne fait plus la différence entre la mélodie qui résonne dans sa tête et sa voix qui entonne :

And you could have it all
My empire of dirt
I will let you down
I will make you hurt
If I could start again
A million miles away
I would keep myself
I would find a way
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Décembre 2020

Paupières closes, appuyée contre l'épaule de la jeune femme, je profite de notre étroitesse pour ressentir les battements de son cœur si vif et en bonne santé. Frissonnant de désire lorsqu'elle passa une main dans ma chevelure, je laissais échapper un soupir d'aise tandis que je la laissais me raconter sa journée. Ce qu'il y avait de merveilleux avec Harper, c'était à quel point elle était investie pour ses élèves (en leur rendant la vie difficile bien sûr), mais aussi de constater qu'elle ne faisait pas de cadeaux même à ses propres collègues. L'idée du professeur de métamorphose ne me paraissait pas si idiote que cela, bien qu'éventuellement peu adéquate puisque réunir deux années différentes pouvait engendrer de fortes altérités de niveau entre les élèves.
Loin de connaître les détails de cette histoire, je me permettais donc uniquement de sourire en n’omettant aucun point de vue ni de jugement, me concentrant davantage sur le comportement de ma bien-aimée qui semblait quelque peu agacée par notre collègue. Les histoires rocambolesques de Harper Auburn. Afin de détendre l'atmosphère, car c'était sans compter ma propre angoisse concernant notre discussion du matin, je m'essayais à une petite plaisanterie.

- Te coller aux basques ce n'est pas une bonne idée, tu peux ruer fort quand tu veux. Mais tant qu'il te colle de cette manière et pas d'une autre, ça me va.

Je redressais la tête pour croiser le regard d'Harper tandis que le mien était rempli de malice. Possessive petite sorcière d'un mètre cinquante.
À regret, j'hésitais à la retenir tandis qu'elle se redressait, mais en voyant que c'était pour se déshabiller, je n'en fis rien. Mais comme si notre étreinte me manquait déjà, je ramenais mes jambes contre mon torse pour les entourer de mes bras. Ainsi, la joue posée sur mes genoux, j'admirais silencieusement, mais sans aucune discrétion, cette femme magnifique en train de se mettre à nu devant moi sans la moindre pudeur. Je me délectais du moindre mouvement de son corps, de la cambrure de ses hanches alors qu'elle se baissait pour retirer ses chaussettes, de sa chevelure qu'elle détachait et qui lui tombait alors avec légèreté sur les épaules, l'allure presque sèche de ses bras forts, la longueur de ses jambes élancées.
Harper Auburn ne me laissera décidément jamais de marbre.

Mais hors de question que je continue ma soirée sur un mal entendu, alors je pose ma question, je brise la bulle dans laquelle nous nous étions réfugiées les deux, dans l'espoir de pouvoir en reconstruire une d'autant plus agréable et confortable. Sans bouger, toujours recroquevillée, j'écoutais attentivement la jeune femme en tenue d'Ève à la porte de ma salle de bain. Ses paroles eurent pour effet de me faire froncer les sourcils. Non pas que je sois en colère, bien au contraire, mais parce que j'étais intriguée.
J'allais ouvrir la bouche pour lui répondre, mais voilà qu'elle avait ouvert l'eau de ma douche, et, craignant qu'elle ne m'entende correctement, je préférais me raviser de tout commentaire. Enfonçant mon visage entre mes genoux, je fermais les yeux, crispée, avant de prendre une profonde inspiration. Ce ne fut que lorsque la voix de ma Belle retentit à nouveau que je redressais la tête pour l'écouter.
Alors qu'elle évoquait sa relation avec Sean, je ne pus m'empêcher de retrousser le nez et mes lèvres, à l'instar d'un chien qui se serait mis à grogner. Pourtant, ma seule et définitive réaction alors que la jeune femme cessa sa tirade fut un simple claquement de langue quelque peu agacé.
Décidée, je me redressais enfin pour sortir d'entre mes draps, et, une fois debout, je pris le temps de m'assurer que je tienne convenablement sur mes jambes et qu'aucun vertige ne vienne m'attraper.
Une fois la stabilité assurée, j'entamais à mon tour de me déshabiller, laissant tomber chaque vêtement à mes pieds.
Avec la forte fièvre que j'avais eue toute la journée, j'avais énormément sué, et une douche était de toute façon obligatoire pour moi ce soir, au risque de faire fuir Harper tant j'étais poisseuse.
À pas feutrés, je me faufilais à mon tour dans la salle de bain, profitant que ma tendre se mette à chantonner (par Merlin qu'est-ce qu'elle chantait faux !) et qu'elle ne puisse m'entendre, pour la rejoindre sous le jet d'eau.

Sans avoir l'intention de la surprendre, je posais d'abord une main délicate dans son dos encore parcouru de mousse pour le lui caresser, avant de la déplacer le long de ses hanches. Tendre, je venais me coller tout à fait contre le dos de ma dulcinée, arrivant à mon tour parfaitement sous le jet d'eau chaude qui eut pour effet de me couper le souffle d'abord, puis de me détendre totalement. Un peu plus, et je me serai totalement disloquée.
Mains passées sur le ventre de Harper, je les nouais là tandis que, de concert avec l'eau dégoulinant sur nos corps, je fis pleuvoir un torrent de baiser sur son épaule et sa nuque.
Il me fallait le temps de réfléchir aux mots que j'allais choisir, ne pas faire de maladresse, ne pas la faire bouder à nouveau. Je savais qu'elle ne m'en voulait pas, et quand bien même j'adorais voir son petit nez se froncer quand elle boudait, ce soir, je souhaitais que nous puissions être détendues ensemble.
Car notre relation était encore fragile, faite d'ajustements. Nous avancions à tâtons, avec toutes les deux cette volonté de faire des concessions. Nous nous découvrions encore l'une l'autre, après toutes ces années de séparation. Alors, en attendant que je trouve les bons termes, mon corps fit ce que ma parole ne pouvait faire, à savoir la câliner et la couvrir de tendresse. Après plusieurs secondes d'hésitation, je me lançais enfin.

- Tu as tout le temps qu'il te faut Harper… je ne te demande même pas d'accepter William dans notre entourage, je ne te forcerais jamais à le voir si tu n'en as pas envie… Tu sais… il a beau être mon mentor, je connais ses vices et ses travers… Je n'ose imaginer ce qui est arrivé entre vous… Et tu as ma parole que je vais aller le voir rapidement pour tirer toute cette affaire au clair.

Mais j'avais peur aussi… car si je devais connaître le fin mot de l'histoire, qu'adviendrait-il de moi ? Serais-je amenée à choisir entre William et Harper ? Quelles seraient les conséquences de tout cela ? Néanmoins, je ne pouvais pas laisser un tel malaise entre nous (entre eux) sans essayer de faire quelque chose. Je me devais d'agir, en mon âme et conscience.
Parce que ma priorité, aujourd'hui, plus encore que toutes ces années précédentes, c'était Harper.

- Je ne te demande pas de t'y faire si tu n'y arrives pas. Juste que, ma fois, pour le moment, je continuerais à le voir, et à voir sa fille… parce que, pour le moment, je les apprécie tous les deux.

Dans un dernier baiser sur son épaule, comme si je mettais un point final à ce sujet, j'attrapais à mon tour le shampoing, et, faisant un léger pas en arrière, je me décollais du corps de ma bien-aimée pour me savonner à mon tour, devant elle, lui barrant consciemment le passage, car je ne voulais pas qu'elle sorte de cette douche sans moi.
Alors je prenais bien mon temps pour me savonner et pour me rincer (surtout me rincer l'œil), sourire goguenard aux lèvres. Ce soir, oui, sans nul doute que je me sentais mieux, et l'effet de l'eau sur ma peau nue aidait véritablement à me remettre de mes émotions tant corporelles qu'émotionnelles.
Une fois le savon absorbé, je revenais enlacer la jeune femme, glissant mes mains dans le creux de son dos en laissant toujours l'eau nous ruisseler dessus. Visage collé au sien, je frottais tendrement mon nez contre le sien.

- Maintenant… que dirais-tu d'arrêter de parler de Sean ou de William ce soir, pour qu'on puisse profiter de notre soirée ensemble ? Levant une main vers son visage, je lui dégageais une mèche de cheveux venue se coller sur sa joue avant de lui embrasser chastement les lèvres et de lui assurer d'une voix claire et tendre. Tu es ma priorité.

Elle était là, chez moi, tout contre moi, sous ma douche... et cette proximité me rendit terriblement fiévreuse, à nouveau. Quoique cette fièvre là, je craignais qu'elle soit totalement incurable, depuis le temps que je la ressentais lorsque j'avais ne serait-ce qu'une simple pensée pour Harper. Cette fille me faisait perdre la tête, et je sentais l'amour éperdu que j'avais pour elle me tordre les tripes.
Était-ce seulement humain d'aimer de la sorte ? Quelles folies allais-je encore réaliser sous cette influence ?


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L'eau brûlante dégringole sur sa peau, telle des chutes bienfaitrices nettoyant les soucis, la débarrassant des inquiétudes, diluant les craintes, dénouant les estomacs contrits.

Dans sa bulle de vapeur, Abigail s'immisce, ajoutant une panoplie de frissons, de sourires aux lèvres et d'allégresse. Profitant de cet instant paisible, Harper termine sa chanson, se retourne et s'attaque aux vilains maux de sa chère et tendre.

Les mains glissantes de savon, Harper commence par masser les tempes endoloris par la migraine. Ensuite, elle caresse son front, les flancs de ses joues comme pour effacer les traces de la fièvre. Avec deux doigts, elle glisse sur le pourtour de ses lèvres, cette bouche torturées par un estomac récalcitrant. Joignant ses mains, elle suit le prolongement de son cou, sans effectuer de pression, effleurant tout juste sa peau, pour détacher ce fardeau capable de lui enserrer la gorge.

Profitant d'atterrir sur les épaules, le dragon tatoué s’enroulant autour de ses bras et avant-bras, elle l'incite à se retourner, sans mot dire, effectuant quelques pressions dans le creux de ses clavicules du bout des doigts puis, elle s'attache à masser ses frêles épaules dressées seules, envers et contre tous les maux viraux, physiques, endossant le poids psychologique d'une douleur récalcitrante.

Les nœuds de délogés, les mains poursuivent leur voyage corporel le long de ses flans, elles s'appuient de leur plat sur sa croupe, forçant Harper à se baisser puis elles remontent la surface de son dos pour de nouveau redescendre un doigt planté sur la colonne vertébrale.

Que toute cette douleur s'apaise. Et si elle ne le peut pas, qu'elle sache que ses mains s'acharneront, toujours, à vouloir l'extraire de cette chaire qui ne demande qu'à respirer.

Harper n'oublie rien : son optimisme fou se persuade de débusquer, partout, le Mal accumulé dans les courbes, les cicatrices, les grains de beauté, l'irrégularité de la peau, la bosse des os que le Mal à l’Intérieur s’efforce à faire ressortir en amaigrissant la chair. Tout y est. Tout est touché. Tout est dévoilé. Ses divagations s’imaginent chasser la moindre souffrance.

Ainsi Abigail connait la nature profonde de son mentor, remplissant Harper d’une certaine amertume qu’elle n’aura pas besoin de masquer car son visage est occupé à baiser le cou de sa tendre. Harper Auburn ne peut résolument pas être amer et pleine d’amour à la fois (ça fait deux choses à faire en même temps, c’est fatiguant et la deuxième chose est bien plus intéressante).

Tu es ma priorité.
Ses mots agrandir les yeux étirés de la jeune femme. Être la priorité. Un lointain souvenir refait surface. Les paroles de Grand-Père Vicky, s’adressant à sa fille : tes enfants doivent être la priorité. Winnie Auburn n’a jamais compris cette phrase. Et dans le cœur de sa fille aînée, être une priorité relève de l’absurdité, des contes, des princesses, des princes charmants, de l’imagination… de l’impossible. Être une priorité n’existe pas. Il n’existe que soi, que le Moi, celui que chacun d’entre nous tente désespérément de sauver, de panser, d’élever, de surestimer. La surestime de soi. Harper avait toujours pensé qu’elle méritait le bonheur sans aucune réserve ni raison à part entière. Souvent, on la traitait d’égoïste, d’égocentrique. Et pourquoi pas de narcissique tant qu’on y est ? Qui en ce bas monde ne se regarde pas le nombril ? Ça se veut bienveillant et au moindre dérapage au tournant, ça crie haut et fort que ça ne méritait pas ça. La complainte, penser son esprit assez élevé pour croire que ça ne mérite pas la peine. Si ce n’est pas nombriliste ça !

Trêve de philosophie, ça retourne le ciboulot. Le savon a disparu dans la bonde, Harper coupe l’eau puis enroule Abi dans une serviette avant de s’atteler à sécher son propre corps. Le miroir est brouillé de vapeur. Il doit faire mille degrés dans la salle de bain (je viens du sud). Harper revêt un peignoir qui lui va trop petit, démêle ses cheveux avant que ce soit Shangaï sur sa tête, et propose à Abigail de sécher les siens en indiquant un tabouret. Elle attrape le sèche-cheveux pour jouer à la coiffeuse.

Avant que nous profitions pleinement de notre soirée autour d’un bon repas, entame-t-elle assez fort pour couvrir le bruit du sèche-cheveux, je souhaitais de parler de mes… mes investigations pour rechercher mon père.

Fallait-il dire Père ou Géniteur ? Ce n’est pas le moment de réfléchir à la question.

Mon contact aux Etats-Unis a réussi à dénicher quelqu’un qui connaît bien des ficelles… mais ce quelqu’un est difficile à approcher, et je ne souhaite pas que mon ami s’investisse plus que nécessaire dans cette histoire. Que dirais-tu, après le nouvel an, que nous passions deux ou trois jours sur l’autre continent pour rencontrer cette personne ? On pourrait se prélasser à l'hôtel, faire l'amour dans un lit démeusurément grand et commander le petit-déjeuner au lit ?

Le peigne rencontre un noeud. Harper pose le matériel pour le démêler avec les doigts, puis reprend le séchage. Elle ne manquera pas de glisser dans sa chevelure une goutte de potion reviviante qui sent bon les agrumes et un fortifiant au citron.

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Mer 29 Sep - 21:50

Décembre 2020

Instant suspendu, là, toutes les deux, enlacées, je profitais du toucher gracile de Harper pour me détendre presque totalement. Les yeux fermés, je m'abandonnais totalement à elle alors que je laissais s'échapper quelques frissons de délices lorsque ses doigts touchaient certaines parties spécifiques de mon corps. En réalité, il n'y avait que l'eau qui nous coulait dessus qui me rappelait inlassablement que le temps ne s'était pas arrêté et cela m'irritait sensiblement, bien que je n'en montre rien, préférant souffler de plaisir en sentant les baisers de ma Belle dans le creux de mon cou.
Combien de fois avais-je rêvé et désiré ce genre de moments avec Harper ? Combien de fois l'avais-je espéré, ressassé, puis pleuré en constatant que tout n'était qu'illusion ? Car à cette époque, j'avais totalement baissé les bras, j'avais totalement abandonné l'idée de pouvoir renouer avec mon amie de toujours. Pourtant ce soir, nous voilà là. Moi, encore grippée et fiévreuse, lovée contre son corps réchauffé par la douche en frémissant à chacun de ses mouvements. Je devais admettre que je ne lui connaissais pas ce talent de masseuse, sentant bien qu'elle s'attardait régulièrement sur certains de mes nœuds afin de les défaire, et j'en étais agréablement surprise. Ce que j'appréciais avec Harper Auburn, c'était que je ne m'étais jamais ennuyée.
Les facéties d'Harper.
Peut-être un jour viendrais-je à en écrire un livre, une série de livres même, tant il y en avait. Un seul recueil ne suffirait certainement pas.
Ce qui était magnifique, donc, avec elle, c'était que je ne m'ennuyais pas, et surtout, qu'elle arrivait encore à me surprendre. Au bal de Poudlard, en se saoulant comme une enfant. Ensuite chez moi en s'énervant comme jamais. Le jour de mon anniversaire, où des sujets délicats avaient été abordés. Maintenant ce soir en m'offrant un massage dont j'avais terriblement besoin (je le réalisais maintenant que je l'avais).
La directrice des Gryffondors avait certes une multitude de défauts (tout comme moi et comme tout le monde, en fait), mais pour moi, à mes yeux, elle était parfaite. Elle était tout ce que je désirais et tout ce dont j'avais besoin pour être épanouie dans ma vie. Elle comblait un vide immense, celui entre autres, qu'elle avait laissé lorsque nous avions dix-sept ans, mais celui aussi creusé par l'absence de mon frère depuis deux ans.

Alors qu'elle m'enroulait dans une serviette, j'entreprenais de me sécher, ébouriffant alors mes cheveux comme si j'avais mis le doigt dans une prise moldue. L'œil rieur, je n'osais omettre aucun commentaire en la voyant enfiler l'un de mes peignoirs, les manches découvrant ses poignets puisqu'il était trop petit. Il serait sage qu'un jour, nous mettions un peu de nos affaires chez l'autre.
Ce fut à cette pensée qu'une idée s'accrocha et m'empêchait alors à penser à autre chose. J'allais ouvrir la bouche pour lui en faire part, le cœur battant la chamade, mais voilà qu'elle me proposait de me sécher les cheveux.
Cette proposition eut pour effet de me couper la parole, littéralement.
J'étais bien peu habituée à ce genre d'attention, à ce genre de moments "entre filles", car je ne les avais tout simplement jamais vécus avec mon frère (normal, c'était un garçon), ni avec ma mère. En réalité, j'avais toujours été davantage préoccupée par les multitudes découvertes que pouvaient m'offrir les dragons. Alors, je passais plus de temps à me rouler dans la boue, à me salir et ne pas m'entretenir, qu'à me soucier de ma coiffure ou de la santé de mes cheveux.
Ainsi décontenancée, je me contentais de hocher la tête en papillonnant des yeux avant de prendre place sur le tabouret.
Aussitôt les longs et fins doigts de Harper venant se mêler à ma chevelure, une vague délicieuse me parcourut de la tête au pied. Un frisson de bien-être et de délectation. J'adorais qu'on me caresse les cheveux, c'était quelque chose que je n'avais jamais dit, que je gardais pour moi, mais sans doute la jeune femme put le comprendre alors qu'elle s'attelait à me les sécher.
Par ailleurs, j'appréciais également sentir la chaleur du sèche-cheveux contre ma nuque et mon visage, et ce fut l'oreille attentive, quoique distraite que je la laissai me raconter ses projets pour la nouvelle année.

Encore une fois, Harper ne manqua pas de me surprendre. Je ne m'attendais absolument pas qu'elle en vienne à me parler de son père ce soir, comme ça, de but en blanc juste après notre douche. Elle semblait avoir été assez récalcitrante en novembre, ce que je comprenais, mais peut-être que mes idées avaient pu faire leurs chemins depuis.
Tranquille, sans manifester la joie profonde que je ressentais tandis qu'elle me faisait part de sa décision, je considérais la question avec sérieux. Ce fut non sans sourire alors que la perspective de ces jours futurs à l'hôtel me fit évidemment envie. Harper savait me prendre par les sentiments.
Tournant légèrement la tête pour pouvoir la regarder par-dessus mon épaule, j'élargissais mon sourire avant de lui répondre.

- Évidemment que nous irons mon amour, je suis partante ! Je ne suis jamais allée là-bas en plus, je vais pouvoir faire ma touriste.

J'avais bien peu voyagé dans ma vie, ou en tout cas, moins que je ne l'aurais véritablement souhaité.
Surtout, il était hors de question pour moi de ne pas accompagner ma Belle dans cette escapade. Je lui avais promis que je serais là à ce moment, c'est donc ce que je ferai. Enfin, la jeune femme trouvait enfin le courage de rechercher ses racines, et surtout de me le partager. Il était hors de question que je la laisse seule, surtout si les recherches ne donneraient rien. Elle aurait sans doute besoin de mon soutien, besoin que je lui rappelle que moi, je la voyais, que moi je pouvais être de sa fam…
À nouveau, l'idée revint me percuter et je la considérais sous tous les angles.
Il me manquait un frère, mais à Harper, il lui manquait toute une famille. J'avais conscience de l'absence d'une seule personne, du vide que cela pouvait creuser, alors qu'était-ce de ne rien avoir ? De ne ressentir que du néant ? D'avoir perdu l'entier de ce qui devait constituer les membres de sa famille ? Sa mère ne s'était jamais comportée comme telle, et sa sœur, elle l'avait repoussée. Rencontrer son père (si tenté qu'on le retrouvait) ne changerait pas l'enfance qu'elle avait eue, mais peut-être sa situation future ? Peut-être pourrait-elle enfin combler ce vide en elle, avait la matière que lui apporterait la découverte de ses racines.
Mais ensuite ?
Ensuite, il y avait ses grands-parents. Mais ceux-là étaient déjà bien âgés et n'étaient hélas pas éternels. Elle se retrouverait seule, à nouveau, et cette perspective me noua la gorge.
Non, pas question.

À peine Harper eut-elle arrêté de me sécher les cheveux que je me redressais, droite, comme un i, que je me retournais et la regardais, raide comme un piquet, la détermination dans le regard, mais aussi véritablement crispée.
Comme un poisson hors de l'eau, j'ouvrais et fermais la bouche plusieurs fois. Tourne ta langue dans ta bouche. Réfléchis. Dis pas de conneries.
Serrant les poings, j'essayais de me donner du courage alors que l'air venait à me manquer tant je m'étais coupé la respiration sous le stress.

- Je… tu… ce serait pas con de… peut-être que… éventuellement… à la limite du faisable… considérer que… Tu t'enfonces Abi, tu vas le cracher ton morceau ? Tourne ta langue.

Comme si cette dernière était devenue trop lourde, je grimaçais et la tirais hors de ma bouche avant de l'emprisonner à nouveau derrière mes dents. Détournant la tête, je fuyais le regard de ma bien-aimée, devenue rouge comme un poivron mexicain (à moins que ça ne soit la buée de notre douche à la température proche de celui d'un geyser ? ).
Aller courage, tu peux le faire.

- Je… me disais que ce serait bien du coup si… avant d'y aller que… peut-être que tu ne… ou alors…

Par Merlin que c'était difficile. Comment ils faisaient les autres ? Pour tenter de rassembler mes esprits, je plaquais fortement les paumes de mes mains sur mon visage avant d'inspirer un grand coup.

- Harper je… Ce serait bien si on… est-ce que… J'ouvrais la bouche et restais ainsi figée comme si je m'étais arrêtée en plein bâillement. Puis, je trouvais par un miracle étrange à placer mes prunelles sombres dans les siennes. Tu veux m'épouser ?

Avant d'aller chercher sa famille perdue, j'avais le désir qu'Harper sache qu'elle en avait une autre, une qu'elle était en train de construire et que toutes les perspectives d'avenir étaient possible.
Pour qu'Harper ne se perde pas dans ce vide immense qu'elle avait en elle. Pour que je puisse moi aussi, contribuer à le combler. À la combler elle. Pour que je sois son phare dans la nuit.
Parce que j'étais follement amoureuse.



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Sam 2 Oct - 9:55
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Un étrange sentiment de soulagement la traverse. C’est étrange de vouloir quelque chose et à la fois de le redouter. Vouloir et craindre. De toute sa courte vie, Harper s’est toujours demandé qui était cet homme que sa mère avait connu. Qui était cet homme à l’origine de sa création ? Qui est-il, ce père ? Qui est ce père qui n’aura peut-être pas l’envie d’en être un ? Et s’il en avait envie ? Et s’il ne l’aimait pas ? Cette fille désordonnée qui parle trop fort ? Cette fille qui abandonna l’amour de sa vie pour poursuivre un rêve perdu d’avance. Cette fille masquant son sentiment d’échec, sa déception, son désespoir derrière les beuveries, les fêtes avec les copains, tous ses endroits très animés correspondant à sa naturelle bonne humeur capable de lui faire oublier à quel point elle n’y arrivait pas. Capable de lui ôter de la tête ce savoir, cette certitude, cette évidence : elle n’y arrivera pas. Aussi, elle avait coupé les ponts avec sa mère, Harper ne la supportant plus, laissant Winnie Auburn pleurer, se plaindre et gober autant de cachets qu’elle le souhaite dans cette maison dite de repos. Elle avait brisé ce lien nocif, toxique et pourtant, un cruel sentiment d’abandon tiraille sa conscience, malmène son estomac, aiguise ses émotions. Et Jean… cette sœur dont elle dit haut et fort qu’elle n’a jamais voulu. Une pauvre fille qui née d’une union éphémère par les caprices féminins, par la folie d’une femme malade. Cette pauvre fille, elle l’avait rejetée jusqu’à ne plus jamais lui donner de nouvelle. Jamais Jean n’a cessé de croire qu’un jour, elles deviendraient des sœurs aimantes. Tandis que Harper s’enfermait dans des rêves improbables, Jean croyait toujours que le meilleur reste à venir, que ses efforts porteront leurs fruits. Hier encore, une chouette à délivré un colis en provenance de France. Elle l’a laissé pourrir dans un coin. Qui voulait-elle punir au juste ? Jean, cette sœur qu’elle s’acharne à ne pas aimer ou elle-même, pour sa lâcheté et tout le mal qu’elle lui a fait ? Ce potentiel père l’acceptera-t-il malgré tout cela ?

Les cheveux blonds sont secs. Abigail se lève pour lui faire face. Pendant qu’Harper sèche ses propres cheveux sans ne se retourner ni prendre la peine d’inspecter son travail dans le miroir, Abigail commence à bredouiller des paroles qui, mises bout-à-bout, sont assez incompréhensibles. Harper ne réagit pas. Elle sèche ses cheveux.

C’est peut-être un langage codé ? Peut-être qu’elle est entrain d’avaler sa langue ? En fait elle s’étouffe et Harper la regarde innocemment en se séchant les cheveux. Elle coupe le jus de sèche-cheveux, au cas où. C’est qu’Abigail devient toute rouge. Ou alors c’est le traitement qui la fait buguer ? Des effets secondaires ? Peut-être qu’elle fait une crise cardiaque ? Durant son intronisation à l’école en tant que Professeur, elle a dû suivre des cours de premiers secours. Mais Harper n’a rien écouté. On a une infirmière à l’école, elle n’aura qu’à s’en occuper.

Tu veux m’épouser ?
Coup de massue. La question s’abat avec toute la surprise qui s’impose. Les mots rentrent par ses oreilles, s’insinuent dans son cerveau. Une information a gérer et pas des moindres. Elle est aussi très surprenante. Assez pour geler ses cellules grises. Tu veux m’épouser ? Abigail Macfusty demande à Harper Auburn si elle souhaite l’épouser. Tu veux m’épouser ?

Le regard de Harper se fige. Le sèche-cheveux tombe sur le sol avec fracas. Tu veux m’épouser ? Harper n’arrive ni à tourner sa langue, ni à tourner son cerveau. C’est peut-être elle qui fait un AVC ?

Il y a quelques temps, alors que leur relation renaissait, le sujet du mariage avait été évoqué. Abigail rappelait l’importance du mariage pour l’héritage familiale, si cher au cœur des Macfusty. En réponse, Harper affirma qu’elle ne s’opposerait pas à cette nécessité de s’unir. Après tout, que connait-elle du mariage en fin de compte ? Les on-dit, les divorces, les papiers à signer, la fête… elle était née d’une désunion mais avait grandi avec un beau mariage comme modèle, celui de ses grands-parents. Grand-Père Vicky se prélassait aux fêtes étudiantes. Ils voulaient se taper toutes les gonzesses de la soirée avant d’obtenir son certificat d’étude. Une donzelle a débarqué dans la salle. Non seulement il n’en connaîtra aucune autre mais qui plus est, cette donzelle le fera marcher au doigt et à l’œil. Amoureux depuis l’âge de vingt ans, ils traversent les joies et les peines. Et surtout la joie.

La peur s’empare d’elle. Et si elle n’était pas à la hauteur ? A son âge, on lui réclame encore de modérer ses propos et de ne pas faire de bêtises. C’est étonnant comme un sujet vous parait naître sous un nouveau jour quand vous tomber en plein cœur dedans. Et puis, il y a la fierté. Abigail veut que je sois son épouse. Et puis il y a la sagesse. Est-ce que ce n’est pas trop tôt ? Et puis il y a Harper. On s’en fout bien du temps. On est bien là, non ? Avec Abigail. Avec les perspectives d'avenir fleuries, légères et colorées. Avec ce sentiment de plénitude là, juste maintenant, au moment présent.

Les sourcils de Harper se froncent.

Abi, honey, je ne sais pas quoi dire…

Bien-sûr qu'elle le savait. Mais elle s’était imaginée que dans ces moments-là on débitait toute sorte de truc ultra romantique, on plaçait son aimé sur un piédestal, on pleurait et riait à la fois, on s’imaginait déjà quelle robe on allait porter, qu’elle thème on allait choisir, la tête des proches quand on va leur annoncer. Non. Harper est juste heureuse. Extrêmement heureuse. Comme elle ne savait pas quoi dire et que les mièvreries ce n’est pas son genre, un large sourire se dessine sur son visage. Ce sourire qui lui fend la face d’est en ouest, manquant de se rejoindre à l’arrière de son crâne. Quand elle était enfant, sa mère lui disait qu’elle ressemblait au chat du Cheschire dans Alice aux Pays des Merveilles. Et Jean demandait si elle pouvait être la petite souris car elle rêve de se faire tartiner le bout du nez à la confiture de fraise. Bref. En cet instant, tout en elle respire la joie. Ses yeux ne sont plus que deux infimes fentes tant ils sourient. Ses longs doigts viennent emprisonner le petit visage d’Abigail. Elle se penche pour l’embrasser tendrement d’un baiser qui en dit long, d’un baiser qui sert de réponse : oui. Détachant son visage du sien, elle prend soudain un air étonné :

Où est ma bague ?

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Dim 3 Oct - 14:02

Décembre 2020

Elle allait refuser. C'était sûr et certain qu'elle allait refuser. Franchement, même moi je refuserai de m'épouser, franchement, vous m'avez bien regardé ? Petite, qui se teint les cheveux comme une capricieuse, qui n'arrête pas de pleurer la mort de son frère, qui a perdu ses pouvoirs magiques, qui a peur d'un élève de onze ans et qui passe plus de temps à parler à des Botrucs qu'à des êtres humains. C'était sans compter aussi que j'étais tout le temps malade.
En bref, j'étais un boulet, et personne ne voudrait sciemment m'attacher à son pied, ce serait idiot, il fallait quand même dire ce qui était. Quand bien même nous avions parlé de mariage le jour de mon anniversaire, n'était-il de toute façon pas trop tôt ? Ça ne faisait même pas trois mois que nous avions véritablement renoué, c'était absurde. Nous voulions certes nous engager, mais aller aussi tranquillement, à nos rythmes respectifs, et je savais que Harper était moins pressée que moi, qui avais toujours voulu avancer avec elle. On n'avait même pas emménagé ensemble, elle ne voulait pas vivre avec moi, alors se marier avec moi ? Non, mais absolument pas en fait. Allez, un dernier point négatif en plus ? C'était partir en Amérique qui nous avait séparés lorsque nous étions adolescentes, et là nous venions de parler de partir là-bas toutes les deux… à l'époque je lui avais dit qu'on pourrait s'installer ensemble, elle avait refusé et avait rompu… et aujourd'hui je fais quoi ? Mmh ? Je la demande en mariage.
Non, mais Abigail, en fait, tu n'apprends jamais de tes erreurs et tu les recommences inlassablement.
Never Ending Circles.

En plus, regardez sa tête. Elle est figée, glacée, pétrifiée. Ben évidemment, la plus absurde des personnes vient de lui poser la question la plus absurde qui soit. Soudainement, j'aurais voulu rattraper mes mots, les reprendre et les remettre dans ma bouche pour les avaler et m'étouffer avec. Oui, mais voilà, les mots avaient ça de merveilleux (et de terribles) qu'une fois qu'ils étaient prononcés, on ne pouvait plus rien en faire. À ce point dénué de force vitale, ma douce lâche le sèche-cheveux qui se fracasse au sol dans un bruit sourd, me faisant tressaillir, le prenant comme le symbole de l'orage qui s'apprêtait à gronder dans cette salle de bain déjà envahie par le brouillard qui l'annoncent.
J'allais mourir. L'épitaphe inscrite sur la pierre ne serait autre que quelque chose du genre : "Ci git Abigail MacFusty, une erreur, qui a enfin été corrigée".
Mon cœur se mit à battre si fort que j'en eus terriblement mal à la poitrine, me coupant le souffle. Était-ce un froncement de sourcil que je captais sur le visage d'Harper ? Oh par Merlin voilà, elle est en train de se mettre en colère, elle allait maintenant dégainer sa baguette et me foudroyer le cul. S'en était finit de moi.
J'allais ouvrir la bouche pour me justifier, pour lui dire de laisser tomber, de faire comme si je n'avais rien dit, mais elle me devança en prétendant ne pas savoir quoi dire.
Ce n'était pas un coup de massue que je venais de recevoir sur le sommet de la tête, mais une famille entière de Pansedefer Ukrainien. Je me sentais si pieds sous terre. Évidemment qu'elle allait dire non, et cette simple phrase qu'elle venait de prononcer en était la preuve. En plus franchement, y avais-je mis les formes ? Non, bien sûr que non, Abigail MacFusty a ce talent pour tout faire de travers et tout gâcher. J'aurais pu attendre d'être guérie, premièrement, et puis ensuite me préparer un peu plus. L'inviter au restaurant, attendre un feu d'artifice ou la pleine lune, y mettre quelque chandelle et lui dire une phrase mielleuse du genre : ton père a capturé toutes les étoiles pour les mettre dans tes yeux. Le hic : elle ne connaissait pas son père.
Mais non. Noooon, il faut que Abigail MacFusty fasse sa demande dans une salle de bain brumeuse à souhait où il fait au bas mot huit cents degrés, qu'on ait les cheveux en pétard parce que bien que séchés, ils ne sont pas coiffés, et surtout, attendre que nous soyons dans la plus élégante des tenues, à savoir une simple serviette et un peignoir trop petit.
Zéro Abi. Zé-ro !

J'étais à ce point paniquée que je ne vis pas le sourire énorme de Harper, ni ses yeux en amande lui donnant l'air d'être la sœur jumelle d'Aïko. Mon cerveau était à ce point en train de paniquer, à vouloir chercher une issue à l'impasse dans laquelle je m'étais enfoncée comme une grande, je ne voyais plus rien, aveuglée par le stress et l'angoisse.
Quand ses lèvres vinrent prendre les miennes, que sa langue s'insinua dans ma bouche, un court-circuit se fit. En une fraction de seconde, les pensées assourdissantes se turent. Il n'y avait plus qu'un silence simple, apaisant, et Harper qui me serrait contre elle. Jamais elle ne m'avait embrassé comme ça, de cette façon.
Posant délicatement mes mains sur les épaules de la jeune femme, je sentais mon cœur tambouriner encore si fort que ça ne me surprendrait pas que ma Belle puisse le ressentir.
J'aurais aimé que ce baiser dure toujours, que jamais nos lèvres ne se séparent, car je savais à présent qu'elle allait me dire non, et qu'elle allait s'habiller et s'en aller, laissant tomber notre soirée à deux.
Voilà pourquoi sa question me décontenança au point que j'en restais coi.

- Hein ?

M'entendais-je prononcer tandis que je ramenais mes mains contre moi.
Sa bague ? Quelle bague ? Pourquoi diable voulait-elle une ba…. HO PUTAIN !
Les yeux ronds comme des soucoupes, prise au dépourvu, je poussais un :

- Euuuuuh…

Pire. Demande. En mariage. Au. Monde. Bordel Abigail, même Luca il ferait plus romantique avec Dora, t'abuses là.
Mon cerveau se remit en marche à vive allure, avant que je ne sursaute et lève un index pour m'exprimer simplement.

- Oh !!!  

Sans plus de cérémonie, et d'explications, je me retournais pour sortir de la salle de bain tel un missile. La buée qui pouvait enfin s'échapper de la pièce s'éparpilla dans mon appartement tandis que j'y tournais comme une girouette. À ce point en train de courir, la serviette qui me recouvrait jusque-là tomba à terre, et je n'y pris même pas garde. Fouillant dans mes tiroirs et mes meubles, Harper pouvait m'entendre grommeler des phrases du genre :

- Purée, mais je l'ai mise ou par Merlin ? C'est pas possible, pourquoi je planque toujours tout comme un Niffleur ? Il y eut un petit temps de silence avant que mon cœur s'exprime enfin. AHAHAHA ELLE EST LA !!

Revenant en trottinant jusqu'à Harper, toujours en tenue d'Ève, le poing fermé, je lui prenais la main de celle encore libre, avant de lui déposer à l'intérieur l'objet de sa demande.
C'était une merveilleuse bague forgée dans un argent si clair qu'il en était presque éblouissant. Les dessins simples rappelant les cercles éternels celtes menaient jusqu'au piédestal où était figé un diamant d'un violet si éclatant qu'il rappelait l'œil d'un Noir des Hébrides.
Laissant à ma compagne le loisir de l'observer sous tous les angles, je m'expliquais tant bien que mal, ne réussissant pas à calmer les battements frénétiques de mon cœur. J'étais d'ailleurs surprise que tout Poudlard n'en tremble pas.

- Elle… elle appartenait à mon arrière-grand-mère. Elle me l'a donné quand j'étais petite et je… l'ai rarement porté, elle est… très précieuse. Je… sais pas si elle te convient sinon c'est pas grave ! On… trouvera autre chose… désolée j'ai… pas prévu tout ça je… c'est… super nul… heum  tu… fais comme tu veux, je… ne serai pas offensée si… t'en veux pas… et si finalement t'as pas envie… jecomprendraiscestpasvraimentprévudansnotreplanningenplusonnevitmeme
pasencoreensemblecestcomplètementconcequejeviensdefaireexcusemoicesttout
pourritudevaistattendreàmieuxmaisonvadirequec'estlafièvreoujustequejesuisnulle…


Je n'étais pas certaine moi-même d'avoir compris ma dernière tirade. Merlin que j'avais la bouche et la gorge sèches... Il en résultait que j'étais essoufflée comme si je venais de faire un mille mètres haies sans entraînement. Mes mains jointes devant moi, mes doigts ne cessèrent de se triturer nerveusement entre eux. Parfois même j'en venais à me croquer les ongles, ce que je ne faisais jamais, signe d'une nervosité qui était en train de crever le plafond.
Était-ce normal qu'une chose aussi banale qu'une demande en mariage me mette dans un tel état ? À moins que la situation ne soit justement absolument pas banale et que c'était moi qui avais mal imaginé le truc depuis que j'étais enfant ? Oh purée j'aurai eu meilleur temps d'écouter le récit de mes grands-mères plutôt que de rêver de dragons moi, j'aurai sans doute mieux géré cet instant, et sans doute que Harper aurait eu une demande un peu plus digne que celle que je venais de lui faire là.



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Lun 4 Oct - 14:55
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Tel un boulet de canon, Abigail fouille de faut en comble ses appartements à la recherche d'une bague. Une bague ? Chercherait-elle une bague ? Évoquer l'anneau de fiançailles n'était qu'une boutade... l'était-ce vraiment ? Dans la salle de bain, Harper reste coi, figée. L'incongruité de la situation la clou sur place, emprisonnant ses mouvements et sa voix. Elle n'avait pas pris cette demande à la légère mais lorsque Abigail, complètement nue, revient lui tendre la bague afin qu'elle puisse l'examiner, contant son appartenance à son arrière-grand-mère (rien que ça !), l'événement prend une nouvelle dimension avec des ressentis bien difficile à décrire.

Docilement, Harper prend l'anneau entre ses doigts. Le temps semble s'être évaporé, avec la sensation que ses pieds ne touchent plus terre, qu'elle n'est plus qu'une enveloppe charnelle, une pauvre molécule de l'univers. La bague tourne et retourne entre ses doigts, Harper l’observe sans vraiment la voir. Ca pour être précieuse, elle est précieuse. Lui offrir la bague de son arrière-grand-mère à elle, Harper, maladroite comme pas deux, tête en l’air… Elle va la casser, la rayer, la perdre ! La jeune femme mesure l’importance du geste, bégaie quelques mots incompréhensibles ressemblants à des onomatopées.

Ce n'était pas une demande sur un coup de tête. La bague atteste que c'était prémédité. C’était prévu, Abigail allait le faire. Elle comptait le faire. Choisir d’épouser celle qui l’abandonna lâchement, égoïstement, bêtement ! Faire rentrer dans sa famille celle qui n’en a pas vraiment.

Euh… Abi… Honey… je ne sais pas quoi dire… c’est… c’est vraiment beaucoup…

Un anneau doré aurait suffi ! Harper ressentait de la gêne, de la peur… La peur de ne pas le mériter, la peur de n’être pas à la hauteur, la peur de la décevoir à nouveau. Allons dont… Allons dont ! Elle s’éternise dans ses réflexions. Pendant c’temps-là, la pauvre Abigail ne peut qu’observer son regard rond, fixe, perdu dans le vide. Allo McFly, y’a personne au bout du fil ! Faut réfléchir McFLy ! Abi a choisi ! Elle l’aime et elle aussi, elle l’aime ! Harper l’avait abandonné oui, mais elle n’avait jamais cessé de l’aimer, elle était revenue, elles avaient renoué, elles s’étaient remises ensemble. Elles s’aiment. C’est quoi le problème ? Harper est persuadée de ne pas mériter un objet aussi précieux alors, plutôt que de continuer d’avoir l’air bête, elle n’aura qu’à agir en conséquence pour se prouver que la bague de la vieille grand-mère, elle peut la mériter !

Instantanément, Harper Auburn retrouve le sourire, rigolant bêtement tant elle est contente, son regard allant de Abi à la bague puis de la bague à Abi. Puis à la bague. Puis à Abi.

C’est incroyable… incroyablement... trop, beaucoup trop ! Ne peut-elle s’empêcher de faire remarquer.

Et, sans plus attendre, elle lui remet la bague dans la main pour s’agenouiller devant sa chère et tendre.

Ah pardon, ma tenue ne s’accorde pas au thème… déclare-t-elle le plus naturellement possible.

Elle se relève, laisse tomber ce peignoir trop petit pour elle qu’elle balai de côté pour à nouveau s’agenouiller aux pieds d’Abigail en tendant la main pour que celle-ci puisse lui passer la bague au doigt :

Oui, Abigail Macfusty, je veux t’épouser,
Clame-t-elle haut et fort de manière assez théâtrale sans toutefois masquer sa joie.

Grand-Père Vicky ne voudra jamais la croire. Entre les fiançailles et la bague d'arrière-grand-mamie, il va se débrouiller pour vérifier qu'Abigail n'est pas victime du sort de l'impérium. Surexcitée, Harper se languis de lui demander de l'accompagner à l'hôtel. A défaut d'avoir un papa, elle a la chance d'avoir un grand-papa formidable. Elle songe aussi, que si Jean s'était fiancée, les grand-parents l'auraient tenu au courant. Ah ! Voilà une chose dont elle ne pourra pas se vanter ! En voilà une où elle va pouvoir la coiffer au poteau ! C'est elle la première qui va se marier, avec l'amour de sa vie qui plus est ! Elle peut se garder sa petite famille parfaite et française, ses potions, sa réussite, son sourire charmeur et tout le tra la la ! Harper Auburn épousera Abigail Macfusty, il y aura du champagne, des petits-fours, encore du champagne, des choux à la crème trempés dans le caramel, des confettis, des bonbons, de la musique et pour finir, du champagne.
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Mar 5 Oct - 11:38

Décembre 2020

Connaissez-vous cette sensation que le temps est suspendu à ce point qu'il n'y a plus aucun bruit environnant à l'exception d'un tic-tac régulier et incessant d'une horloge ? C'était exactement ce qui bourdonnait présentement à mes oreilles alors que je regardais, la gorge nouée, le souffle coupé et le cœur battant à tout rompre, une Harper médusée devant la bague qu'elle ne cessait de faire tournoyer entre ses doigts.
Comme moi, elle en vint à bredouiller des mots incompréhensibles, et ce fut seulement alors que je compris son malaise. L'avais-je désarçonnée alors que je m'étais moi-même surprise à faire ma demande sans avoir absolument rien prémédité ? Lui offrir la bague de mon arrière-grand-mère était un fait d'une improvisation totale, mais aussi le symbole que j'avais une confiance aveugle en Harper. Je savais par avance qu'elle prendrait soin du bijou, quand bien même elle pouvait être turbulente et maladroite. Alors, il était vrai que je me méfiais toujours d'elle, ou plutôt pour être exact, j'avais une peur panique de la voir à nouveau me glisser entre les doigts qu'elle se retourne et s'en aille en m'abandonnant. Après tout, c'était aujourd'hui mon épouvantard pour lequel je n'avais aucun remède depuis une quinzaine d'années, je ne pouvais sciemment pas ne plus avoir peur en un claquement de doigts. Aussi étrange que cela puisse paraître, lui faire ma demande en mariage me rassérénait légèrement sur ce point. J'étais une petite sorcière possessive, et, caché derrière ce mur de bonnes intentions de vouloir me lier à la femme que j'aimais le plus au monde, il y avait quelque chose de bien plus sombre et égoïste. La bague au doigt, Harper allait enfin pleinement m'appartenir. J'allais pouvoir la serrer dans la paume de ma main, l'emprisonner et l'empêcher de s'enfuir à nouveau. Elle n'allait plus rien pouvoir faire allant à l'encontre de notre amour, elle serait, dans un sens, condamnée. Bien sûr que le divorce existait, bien sûr que c'était une possibilité et que je ne l'écartais pas. Mais le mariage était une preuve d'engagement qu'elle ne pouvait nier et, si elle acceptait ma demande, elle ne pourrait aller à l'encontre de cet engagement, tout le moins, pas une fois nos noms enroulés ensemble et l'acte de mariage signé.
Les fiançailles étaient une promesse de cet avenir ensemble, et les promesses, Harper en avait déjà rompu plusieurs, toutes celles que nous nous étions faites lorsque nous étions enfants. Mais malgré tout, qu'elle se fiance avec moi était le début de mon emprise sur elle. Les choses que l'on possède finissent par nous posséder, et c'était exactement ce qui m'était arrivé avec ma Belle lorsque nous étions encore à l'école, à l'instar de ma passion pour les dragons.
Possessive petite sorcière que j'étais.

Avec douceur, je souriais à Harper qui bredouillait enfin quelque chose avant de s'exprimer plus distinctement. Incroyable. Oui ça pour le moins, ça l'était. Nous étions comme deux idiotes, pétrifiées dans ma salle de bain, à attendre que l'autre reprenne bêtement ses esprits, ce qui n'arrivait pas vraiment en fait. Sans l'avoir voulu ni avoir cherché à le faire, je nous avais catapultés sur un nuage, et plus rien autour de nous n'existait et ne comptait.
Ce fut mes battements de paupières qui me firent revenir à moi, tant j'étais surprise par le geste d'Harper. Mais que faisait-elle ?
Ma respiration déjà saccadée ne put s'empêcher de s'étouffer davantage en la voyant se dévêtir devant moi tandis qu'elle se débarrassait de son (mon) peignoir trop petit. Purée, ce qu'elle était belle cette femme… Ma femme.
À genoux devant moi, je ne pus m'empêcher de pouffer de rire, laissant s'échapper des larmes de joie de mes yeux trop émotifs. Alors, je m'approchais pour encadrer le visage de Harper entre mes mains, je me penchais en avant et vins l'embrasser avec une passion débordante, humidifiant nos lèvres de mes larmes.
Nerveuse, je riais en essayant d'articuler.

- Harper, idiote… Normalement ce n'est pas celle qui fait sa demande qui doit s'agenouiller ? Ce que je fis alors, me mettant ainsi à hauteur de mon amie d'enfance pour lui prendre les mains, continuant de pouffer, car je ne parvenais pas à contenir ma joie et mon émotion. On ne fera jamais rien comme les autres hein ?

De ma main, je soulevais la sienne, pour lui passer, lentement et sûrement, comme si je prenais conscience de toute l'étendue de ce geste, la bague à son annulaire gauche. Il me fallut quelques secondes de plus pour oser à nouveau poser mes yeux sur Harper, de glisser mes doigts dans ses cheveux fraichement secs et de venir l'embrasser avec une tendresse infinie.
Si à l'époque l'Amérique nous avait séparées, aujourd'hui elle nous liait plus que jamais, et je me réjouissais d'autant plus d'être l'année prochaine afin de pouvoir vivre ce voyage.
Glissant mes doigts contre la peau fine de son cou, je la fixais en me mordant les lèvres, me retenant, avant de finalement céder et d'éclater de rire. J'étais heureuse. Véritablement heureuse, mon cœur n'avait jamais été aussi léger et je l'entendais presque chanter. Ce fut pour essayer de chasser les dernières traces de stress, d'angoisse et de surprise que je me permettais de prendre un air goguenard.

- Et la mienne de bague, elle est ou ? Mmh ?

Je haussais le menton, théâtralement fière et sévère avant de ricaner une énième fois.
Sur le petit nuage où nous nous trouvions, j'avais totalement oublié que quelques heures auparavant je hurlais de chagrin la peur de perdre mon phénix enfermé dans un four que je n'avais pas. J'en avais totalement oublié que j'étais encore légèrement fiévreuse et surtout toujours malade.
Dans mon dos, la porte ouverte de la salle de bain avait permis à la buée de s'échapper de la pièce, mais aussi de permettre à l'air, plus frais, de mon appartement de s'engouffrer là où nous nous trouvions Harper et moi. Maintenant que l'environnement n'était plus bouillant à cause de la brume, que je reprenais petit à petit mes esprits, je réalisais que le courant d'air me mordait la peau du dos, des bras et de la nuque.
Un violent frisson me parcourut au point de me faire trembler devant ma… putain… ma fiancée

- Je… j'ai froid, il faut que j'aille m'habiller un peu sinon je vais me remettre à délirer. J'eus un mouvement pour me redresser, mais, soudainement prise d'un doute, je fronçais les sourcils et m'interrompais, regardant Harper. Je ne délire pas hein ? On vient bien de s'engager toutes les deux ?

Peut-être étais-je en train de rêver ? Peut-être allais-je me réveiller et ouvrir les yeux non pas sur le merveilleux visage de Harper, mais la tête ovale aux grands yeux de Bonnie.
Brrr quel cauchemar ! Un nouveau frisson me fit trembler, m'obligeant cette fois véritablement à me relever et à aller enfiler ma chemise de nuit.


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Le phénix est dans le four (Harper)
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