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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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If I drift away, will you help me ? - Roxi :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Jeu 12 Aoû - 0:14
If I drift away, will you help me ?
Dimanche 3h48

Le souffle court, Rory venait tout juste de reprendre forme humaine. Assis derrière les buissons longeant le grillage du parc, il pouvait encore entendre les aboiements tonitruants des deux molosses qui venaient de lui faire la frayeur de sa vie. Quelle idée stupide ! Tout ça pour repartir avec seulement une racine sur les quinze qu’il souhaitait récolter. Dans un moment de panique, il sortit sa baguette de la poche interne de son long manteau noir, un petit Lumos et le voilà cherchant son très maigre butin à même l’herbe. Quand il retrouva enfin le résultat de son larcin, un profond soupir suivit d’un râle lui échappa. La racine était complètement mâchouillée, son coeur avait été percé et une grande partie de son écorce manquait. Complètement dépité, il bascula la tête en arrière pour fixer le ciel orange de la capitale anglaise. Malgré l’heure plus que tardive, on se serait cru en fin d’après-midi hivernal avec toute cette lumière… Comment diable allait-il s’y prendre pour traverser les rues de Londres dans son état ?!

A peine tenta-t-il de se redresser qu’une douleur vive, telle une onde de choc, le secoua. Il contenu de son mieux une longue plainte en serrant les mâchoires. « Nope, nope, nope. » se murmura-t-il en décollant le tissu de son manteau qui adhérait déjà à sa plaie. Il perdait trop de sang, ces salles bêtes ne l’avaient pas loupé ! Pour ne rien arranger, la racine qu’il avait volé possédait un effet euphorisant. Aux vues de son état, il était plus que probable qu’il en ait ingéré dans la panique. Super. Il était sévèrement blessé. Avait alerté le voisinage de sa présence. Pouvait à peine marcher. Il ne manquait plus que ça ! Non vraiment, c’était parfait !
Rory prit quelques instants pour souffler, se vider la tête histoire de ne pas augmenter son flux sanguin en cédant à la « panique ». Il allait voir Lexi, la question ne se posait même pas. Ce qu’il avait besoin de déterminer c’était : comment y parvenir sans attirer l’attention sur lui et surtout avancer sans trop se faire mal ?! Transplaner n’était pas une option.

« Ok. » souffla-t-il avant de sortir de sa poche une petite besace en cuir noir. Il en extirpa une pincée de poudre noire: le secret de ses longues nuits de travail acharné y résidait. Fabriquée maison, ce produit dopant allait lui faire oublier la douleur, sans compter sur l’extrait de racine qui allait bientôt faire effet. Il aurait juste l’air bourré en pleine rue de Londres, dans la nuit de samedi à dimanche. Qu’y a-t-il de suspect là dedans ?! Le sang ? Pas avec un sort de dissimulation. Il lui suffisait d’assembler une canne de fortune pour marcher et le tour était joué !
Le voici donc, clopinant dans les rues de Londres, progressivement ivre du cocktail qu’il avait à présent dans le sang. Il avait beau en perdre, les deux produits combinés étaient si puissants qu’il ne sentait plus rien.

Par chance, l’appartement de Lexi n’était pas loin. Il prit garde à contourner Sainte Mangouste afin d’éviter tout problème et pénétra enfin dans l’immeuble. A peine eut-il passé la porte de la cage d’escaliers qu’il s’appuya contre le mur pour souffler. En marchant, la plaie qu’il avait sur le haut de la cuisse ne s’était pas arrangée. Il écarta ses vêtements pour inspecter les dégâts, vision qui lui extirpa une grimace avant de détourner les yeux. Son regard vint se poser sur le haut de la cage d’escaliers. Il n’allait pas y arriver. Et s’il y arrivait, Lexi allait le tuer ! Rory opta finalement pour l’ascenseur. Plus risqué mais ça se tentait. Après tout, quelles étaient ses chances de tomber sur quelqu’un à cette heure-ci ?! Dans le doute, à peine eut-il pénétré dans cette boîte métallique qui lui donnait des sueurs froides, Rory enchanta l’engin pour directement arriver à l’étage de Lexi. Il évitait ainsi les mauvaises surprises et d’attirer potentiellement l’attention sur les habitants du dernier étage.

Arrivé à sa destination, il sortit à nouveau la besace de sa poche et sniffa une pincée supplémentaire de sa poudre noir, les effets de son petit cocktail magique commençant à se dissiper. Instantanément, cela lui fit l’effet d’un coup de fouet. Il se redressa pour mieux prendre appui contre le mur et frappa avec ce petit code qu’ils avaient mis en place quelques mois plus tôt. Elle saurait que c’était lui, au moins il ne risquait pas de se recevoir un sort dans la figure. Rory frappa une seconde fois, histoire d’être sûr et la porte s’ouvrit peu de temps après sur le visage de Lexi.
« Heyyyyyyy… Lexi ! » souffla-t-il à voix basse, ne voulant réveiller personne à l’étage. Il força un petit sourire qui ressembla plus à une grimace de douleur qu'autre chose. Cette fois-ci plus que jamais, il était mal en point. Le teint terne, le front moite, le regard trouble, on voyait très clairement que c'était pas la grande forme. « J’ai besoin de toi je crois. » Tout en prononçant ces mots il lui dévoila les dégâts.

Sa hanche gauche était salement amochée. On devinait à travers son pantalon de cuir noir les traces de crocs sur le haut de la cuisse et la hanche. Son flanc, lui, semblait avoir été griffé à de nombreuses reprises. Sa chemise avait d'ailleurs était déchirée à de nombreux endroits. En dépit de ce qu’il avait pu prendre, il continuait de perdre du sang, lentement mais sûrement. Au moins il ne sentait plus grand chose, complètement shooté par le mélange poudre/racine. A première vue, Lexi pouvait croire qu’il était saoul. Il clopina pour passer la porte de l’appartement et lâcha immédiatement sa canne de fortune. Bien qu’il était déjà venu, Rory s’arrêta un instant pour contempler les lieux et surtout le salon qu’il trouvait chaleureux à souhait avec tous ces livres. Il fut toutefois rattrapé dans sa rêverie par la douleur. Son petit cocktail maison était certes efficace mais avait ses limites, rester debout, appuyé sur sa jambe en était une. Sa main vint donc trouver une des chaises de la cuisine sur laquelle il s’assit, ne voulant pas tâcher le canapé de Lexi.

« Je te réveille ? » demanda-t-il en relevant la tête vers elle, sa main droite pressant toujours contre la plaie du haut de sa cuisse. Il ne lui laissa même pas le temps de répondre avant d’enchaîner « Désolé si je te réveille… Vraiment hein… Mais bon, tu es la seule que je pouvais venir voir. C’est vraiment pas beau cette fois-ci. On m’aurait posé trop de questions… Il fallait que ça soit toi ! Tu comprends ? » Ses paroles étaient hachées, il avait du mal à bien articuler et garder les yeux vraiment ouverts. En dépit des substances, le fait d’être arrivé à destination, de s’être assis l’avait complètement assommé. Il accusait difficilement le coup. Pour se redonner un coup de boost, il chercha une fois de plus la bourse contenant sa poudre dopante et inspira une nouvelle pincée sous le regard de Lexi. Il pouvait relâcher la pression, il était entre de bonnes mains.  
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Alexis Fawley
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Ven 13 Aoû - 21:35
chaque coup que tu reçois
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Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Tu termines la garde qui vient de durer 36 heures par le tri de la paperasse qui s’accumule sur ton bureau. Cela fait désormais un an depuis ta nomination au poste de cheffe de service mais tu ne te feras jamais aux tâches administratives qui sont mortellement barbantes. Rien n’est plus ennuyeux que de remplir une masse de formulaire dont tout le monde se fiche royalement en dehors de quelques personnes du conseil d’administration de l’hôpital qui ne doivent pas bien savoir ce que c’est que de faire ce métier. Tu aimes être sur le terrain, tu aimes l’ambiance lugubre et calme de la morgue dans laquelle tu travailles. Tu as souhaité accéder au poste de cheffe de service afin de ne plus être la subordonnée de quelqu’un mais il y aura toujours quelqu’un au-dessus, quelqu’un dont le métier est de t’emmerder, en somme. Tu as toujours été ambitieuse et peut-être que plus tard, tes ambitions te conduiront plus loin encore mais pour le moment, tu te contentes de ce que tu as, décidée à ne pas attirer la lumière sur toi. Elle l’est déjà bien assez, surtout depuis avril ; depuis que tu as obtenu l’autorisation de faire des expériences sur le gène sorcier, on attend des résultats. Sainte-Mangouste, le Ministère, ils attendent des résultats, même partiels, faisant reposer sur toi une pression inégalée. Heureusement pour toi, tu n’es pas le genre de personne qu’on impressionne facilement, c’est même souvent l’inverse. Tu n’as jamais manqué d’assurance, masque d’aplomb et de confiance qui dissimule en réalité de biens douloureux traumatismes, mais cela n’est pas visible au premier abord. Ce qu’on dit de toi ? On parle d’une femme forte, une femme déterminée mais inaccessible. Froide. Ce que tu es. Ce sont pour toi des qualificatifs qui te définissent bien.

Tu sens tes yeux se fermer et tu refermes le dossier et le poses sur la pile des nombreux autres qu’il faudra traiter demain. Ton regard se tourne vers l’horloge dont le bruit qui s’en échappe chaque seconde est rassurant pour toi. Il est déjà si tard. Peut-être tôt pour certains, cela dépend des points de vue. Tu passes te changer aux vestiaires avant de transplanner rapidement dans ton appartement. Tu files sous la douche où l’eau chaude termine de dissiper les tensions de la journée. Tu enfiles un débardeur noir et une culotte avant de te glisser sous la tiédeur de tes bras, non sans avoir vérifié la présence de ta baguette sur la table de chevet et après avoir sanglé deux couteaux autour de ta cuisse droite, prête à dégainer en cas d’attaque. Paranoïaque toi ? Tellement peu… Tu sombres dans un sommeil léger mais tu en es soudainement extraite par quelques coups frappés à la porte. Tu te redresses dans le lit, pas certaine d’avoir bien entendue avant que les coups se réitèrent. Tu regardes la pendule et te rends compte que tu dors depuis exactement 13 minutes. Putain. Il a intérêt d’avoir une bonne raison. Tu traverses l’appartement dans la pénombre et ouvres la porte.

Il a une bonne raison. C’est ce que tu te dis quand tu vois Rory quasiment affalé sur le palier de ta porte, en proie probablement à une vive douleur qui ne peut être soignée que par toi. « Merci de ne pas ameuter le quartier quand tu viens me voir. » dis-tu d’un ton sarcastique en repensant à la fois où Tobias s’est précipité chez toi en pleine nuit, bourré et secoué par l’altercation avec son père. Pourquoi donc tes amis se sentent obligés de débarquer chez toi quand ils sont dans une panade incroyable au beau milieu de la nuit ? Tu n’en as pas la moindre idée ; sans doute parce qu’ils pensent que tu es la seule qui peut les aider. Et souvent, il faut l’avouer, c’est le cas. Ce n’est pas la première fois que tu joues au médicomage pour Tobias, pour Kesabel et depuis quelques années maintenant, pour Rory. Rory, c’est différent de Tobias et Kesabel qui sont sans arrêt blessés dans des missions plus dangereuses les unes que les autres dans le cadre de leur affiliation aux Mangemorts. La relation que tu entretiens avec Rory remonte à plus loin que cela, à tes premières années à Poudlard en réalité, même si vous ne vous êtes rapprochés qu’il y a peu de temps.

Ton regard se pose vers lui tandis qu’il dévoile ses blessures ; il ne va pas mourir mais si on ne fait rien, il y a un risque qu’il n’en réchappe pas. Quelque chose cloche dans son attitude ; il semble… défoncé ? Bourré ? Les deux à la fois ? Les rouages de ton cerveau s’activent à trouver une explication à tout cela tandis que tu le fais entrer dans l’appartement en soupirant. Tu le regardes clopiner avec une canne de fortune jusqu’à la cuisine où il s’assoit sur une des chaises. Cette scène t’est étrangement familière et tu revois la silhouette de Kesabel s’affaler sur ton canapé, salopant la matière avec son sang et d’autres fluides. Au moins Rory a la délicatesse de penser au nettoyage. Tu allumes la lumière restée éteinte avant d’attraper ta sacoche de médicomage que tu déroules sur la table de la salle à manger. Tu ne dis rien, pas encore, tu examines d’abord. Maintenant que la lumière éclaire la pièce, tu remarques réellement son teint livide, les gouttes de transpiration qui s’écoulent sur son front, ses yeux troublés par la douleur, le sang qui s’échappe d’une de ses hanches et de sa cuisse. Ses vêtements sont bons pour la poubelle. « Tu t’es pas loupé putain. » murmures-tu. Tu attrapes la paire de ciseaux chirurgicale et découpes ce qu’il reste de son tee-shirt et de son pantalon. Tes yeux auscultent ses blessures tout en dévisageant son corps que tu commences à bien connaître même si tu n'as jamais eu l'occasion d'en voir autant d'un coup. C'est la première fois qu'il est si amoché. Les lambeaux des tissus finissent au sol et tu commences un examen sommaire en tournant tout autour de lui, relevant sa main qui maintient la pression sur sa cuisse avant de te prendre une giclée de sang en pleine poire et tu replaces ses doigts sur celle-ci afin d’éviter l’hémorragie. Il chouine qu’il a besoin de toi et tu soupires à nouveau tandis qu’il s’excuse de te réveiller. « Je crois que je dormais depuis à peu près dix secondes quand tu as frappé. » dis-tu d’une voix ronchon. « Je sors d'un jour et demi de garde. » Tu es crevée. Et avant les 36h de garde, tu as bossé au centre de recherche toute la journée, et avant, tu t’es entraînée. Bref, cela fait quasiment deux nuits blanches d’affilée. « Et moi qui pensais que tu venais me faire une surprise pour mon anniversaire… » dis-tu d’un ton ironique. « C’est ça ton cadeau ? Me permettre de faire mumuse avec ton corps ? » ricanes-tu tandis que tu décrètes que la blessure à la cuisse est celle qui nécessite les soins les plus rapides. Tu t’apprêtes à le dire à Rory et relèves les yeux juste au moment où il inspire une poudre noire juste devant tes yeux. D’un coup sec et rapide, la bourse termine son chemin au sol. « Tu fais quoi là ? Alors écoute-moi bien Rory Barjow, tu viens me voir, donc mes règles. Pas de ça chez moi, les seuls produits que tu es autorisé à prendre sont ceux que je vais t’administrer, est-ce que c’est clair ? » déclares-tu sur un ton sans appel.
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Ven 13 Aoû - 22:59
If I drift away, will you help me ?
« Si t’es blessé en pleine nuit,
Qui vas-tu appeler ? LEXI !
Si tu t’es fait mordre et q’t’as l’sang qui jaillit,
Qui vas-tu appeler ? LEXI ! »


Voilà la stupide petite chanson que Rory s’était répétée sur tout le chemin qui l’avait conduit jusqu’à l’appartement de Lexi. Ne le jugez pas ! Dans la même situation que lui, vous aussi vous auriez peut-être adapté la chanson d’un film des années 80 pour vous motiver. Rory avait choisi Ghostbusters simplement car c’était son préféré. Une connerie qui s’était avérée très efficace puisqu’il était arrivé à bon port. Dans un état pire qu’au départ mais tout de même.
A aucune seconde il ne lui était venu à l’idée qu’il pouvait la déranger ou la réveiller en pleine nuit. Il ne savait pas l’heure exacte qu’il était ou même si elle se trouverait chez elle ce soir là. Elle pouvait travailler ou même se trouver ailleurs… Coup de bol, la porte s’ouvrit.

« Merci de ne pas ameuter le quartier quand tu viens me voir. »
Ahhhh les accueils si chaleureux de Lexi... D’une certaine façon, et probablement car Rory était un chouillat sadique, ça lui avait manqué. Ça faisait quoi ? Deux, voire trois semaines qu’il n’avait pas débarqué chez elle avec une blessure à soigner ? Cela dit, pour sa défense, cette fois-ci ne ressemblait à aucune autre fois. Jamais il ne s’était présenté à elle dans un état si grave. C’était même la pire blessure qu’il n’ait jamais eu. Il lui en fallait plus pour le faire paniquer mais tout de même. Rory se permit donc de répliquer, tentant de minimiser la situation. « Rhoooo ça va. J’ai été discret et tout ! » Souffla-t-il comme pour prouver sa bonne foi. Avant d’entrer dans l’appartement, Rory marqua cependant un bref temps d’arrêt. Il avait réussi à se redresser du mur sur lequel il prenait appui et, ce faisant, son regard croisa les jambes dénudées de son amie. Sur l’une d’elle, deux couteaux étaient sanglés. Furtivement, il observa le reste de sa tenue nocturne. Un débardeur. Une culotte. Rory ne put s’empêcher de l’admirer furtivement. Lexi était son amie, certes, mais il restait humain. Nier sa beauté aurait été de la mauvaise foi. Il passa donc la porte de l’appartement sans faire la moindre remarque, espérant déjà qu’elle n’ait pas remarqué qu’il l’avait brièvement reluquée.

A peine fut-il installé que la lumière criarde qu’alluma Lexi lui fit plisser les yeux. Le mélange racine/poudre le rendait photosensible visiblement… Bon à noter !
« Tu t’es pas loupé putain. »
« Non, tu crois ?! » répondit-il du tac-au-tac, ne remarquant pas la paire de ciseaux qu’elle prenait en main. Ce fut le contact glacé de la lame glissant contre sa peau qui l’alerta. Immédiatement, Rory tenta de protester et arrêter, en vain, le carnage qu’elle était en train de perpétrer.
« Lexi putain ! Mais, qu’est-ce que tu fous ? » grogna-t-il, incapable visiblement de trop s’agacer, chaque parole qu’il prononçait lui provocant un tiraillement plus que douloureux sur le flanc. Même pas la peine de se débattre, elle avait déjà attaqué son pantalon. On voyait qu’elle avait l’habitude de se débarrasser de vêtements dans son boulot. Complètement dépité, il observa les lambeaux de feux ses vêtements entassés au sol, commençant déjà à être parcouru de frissons. Une main plaquée sur sa cuisse, l’autre était venue discrètement se poser sur son caleçon. Il ne s’était jamais retrouvé autant dénudé face à elle. Lexi connaissait son corps, principalement son torse et son dos pour être honnête. Il n’y avait plus aucune cicatrice ou trace de brûlure qu’elle ne lui connaissait pas mais là… Il était loin d’être à l’aise. « J’espère juste que tu vas pouvoir faire correctement ton boulot et savoir résister à mon charme naturel. » ironisa-t-il. C’était sa façon à lui de camoufler sa gêne.

Incapable de complètement la suivre du regard, Rory soupira longuement tandis qu’elle lui tournait autour, l’observant comme une bête de foire. Au moment même où il s’apprêta à lui lancer une pique cinglante, Lexi eut la merveilleuse idée de relever la main qui faisait pression sur sa plaie. La douleur fut si vive que Rory fut obligé de se mordre la lèvre au sang pour ne pas faire de bruit. Quelle idée lui était passée par la tête ?! Pour seul signe de protestation il lui lança un regard noir,  seul témoin de sa désapprobation. C’est quoi son problème, putain ?! La seule explication plausible qui lui vint en tête fut qu’il l’avait réveillée. Il entreprit des excuses teintées d’explication, espérant l’amadouer un tantinet.
« Je crois que je dormais depuis à peu près dix secondes quand tu as frappé. Je sors d'un jour et demi de garde. » Merde. Il ne pouvait pas lui en vouloir, lui-même l’aurait accueilli aussi bien si elle s’était pointée dans des conditions similaires. Il allait devoir se contenter d’encaisser sa mauvaise humeur sans trop broncher.

« Et moi qui pensais que tu venais me faire une surprise pour mon anniversaire… C’est ça ton cadeau ? Me permettre de faire mumuse avec ton corps ? »
Coup de massue pour Rory. Son visage se releva immédiatement vers celui de la jeune femme qu’il dévisagea. Elle était pas sérieuse là quand même ?! Complètement abasourdi, il jugea bon de sniffer une nouvelle pincée de son booster, histoire de se remettre les idées en place. Alors qu’il voulait justement la confronter sur le sujet, son geste le prit de court.  « Tu fais quoi là ? Alors écoute-moi bien Rory Barjow, tu viens me voir, donc mes règles. Pas de ça chez moi, les seuls produits que tu es autorisé à prendre sont ceux que je vais t’administrer, est-ce que c’est clair ? »
L’entièreté du contenu de sa bourse renversé au sol, mêlé à ses vêtements souillés, il vint planter son regard dans le sien.  

« Putain mais Lex’, t’es sérieuse là ?! Tu sais combien ça me coûte de fabriquer ce boosteur ?! C’est grâce à ça et à cette putain de racine que je voulais voler ce soir que j’ai pu me traîner jusqu’à chez toi ! Sans ça j’aurai même pas pu me lever ! Fuck Lex’ ! Si je t’écoutes j’aurais dû crever comme un con dans les buissons ?! Non parce que si je te fais chier surtout dis-le moi et j’y retourne, hein ! Fuck ! » Pesta-t-il dans un grognement. Avec l’agacement et la douleur de plus en plus invalidante qui se propageait dans sa cuisse, la main qui effectuait pression perdait en force. Il pouvait même sentir un long filet de sang couler jusqu’au sol. Détournant le regard pour garder son sang froid, sa mâchoire serrée et les tremblements qui commençaient à secouer ses muscles trahissaient son état qui n’allait pas en s’améliorant. L’effet de la racine commençait à se dissiper, celui de la poudre allait au moins le tenir alerte, prêt à aider Lexi si cette dernière avait besoin qu’il tienne quelque chose ou comprime la plaie. « J’ai pas besoin que tu m’administres quoi que ce soit, ok ?! Les effets de la poudre et de la racine vont amplement faire l’affaire jusqu’à ce que tu aies fini. » conclu Rory dans un excès de fierté mal placée. « J’ai juste besoin que tu m’apportes un truc que je peux mordre. » dit-il, bien conscient que ça n’allait pas être une partie de plaisir. 
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Sam 14 Aoû - 22:37
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Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Il faut l’avouer, tu ne t’attendais pas à être ainsi dérangée dans ton sommeil. Pour autant, tu ne pouvais pas en vouloir à Rory d’avoir osé écourter ta nuit. L’état dans lequel il se présente à toi est grave et tu le connais suffisamment pour savoir qu’il ne serait pas allé se soigner à Sainte-Mangouste si la dame de l’accueil lui avait spécifié que tu n’y étais pas. C’est un mal pour un bien de le voir ici ; tu vas ronchonner et être désagréable parce que tu es exténuée mais Rory ne va pas crever dans un fossé ou agoniser dans une ruelle sombre. Tu mentirais si tu disais que tu n’avais pas appris à apprécier Rory depuis toutes ces années. Ses talents de potionniste ont souvent soutenu tes interrogations ; il faut dire que pouvoir échanger librement avec une personne qui sait de quoi tu parles, c’est appréciable. Au-delà de cela, au-delà du lien que vous avez créé à Poudlard, la route de Rory a recroisé la tienne il y a quelques années entre les murs de l’hôpital magique de Londres alors qu’il venait faire soigner une blessure relativement bégnine. En regardant son dossier d’admission, tu t’es rendue compte que ce n’était pas la première fois qu’il venait en quelques mois. Intriguée, curieuse, tu t’es chargée de lui ; les soins prodigués cette première fois t’ont davantage appris sur lui en quelques minutes que lors des nombreuses heures passées auprès de lui au Club de potions de Poudlard. Tu es sortie major de ta promotion et tu t’es spécialisée dans la médicomagie légale alors tu sais reconnaître des sévices corporels quand tu en vois ; au-delà de ta formation initiale, les marques qui ornent la peau de Rory sont semblables aux tiennes, symboles d’une enfance passée dans la souffrance sous le joug d’un bourreau. Tu n’as rien dit la première fois, ni la seconde, ni les suivantes d’ailleurs. Puis il y a eu cette fois, où fatiguée, tu as lâché du lest, laissant sous-entendre que tu étais bien placée pour comprendre d’où venaient ces cicatrices. Après cela, Rory n’a plus demandé que toi, comme si un lien intangible vous liait désormais. « Oui et bien continue d’être discret. » demandes-tu à voix basse tandis que tu le fais rentrer dans l’appartement en refermant doucement la porte tout en la verrouillant. Cela semble nécessaire, surtout lorsque la personne en question semble étrange. Tu as assez vu de personnes bourrées et défoncées dans ta vie pour comprendre que quelque chose ne tourne pas rond chez Rory ; il a consommé. Quoi, tu ne le sais pas encore mais tu ne t’en préoccupes pas tout de suite, allant au plus pressé.

Rory s’installe sur une des chaises, fait de l’ironie et tu lèves les yeux au ciel. Tu débutes ton auscultation et découpes d’un geste expert son tee-shirt et son pantalon. Vaine tentative de protestation de la part du patient. « Qu’est-ce que je fais ? Je découpe tes vêtements. » railles-tu à ton tour, un léger sourire aux lèvres. « T’as vu la gueule de tes blessures ? T’as cru que j’allais prendre le temps de te déshabiller ? » murmures-tu tandis qu’il tente vainement de blaguer sur le fait qu’il soit à moitié à poil. Tu ne peux t’empêcher de lever les yeux vers lui et un sourire amusé s’installe franchement sur tes lippes que tu mordilles en ricanant. « J’ai déjà soigné des mecs plus beaux que toi. » dis-tu pour l’embêter. Kesabel en premier. Tobias n’est pas mal non plus dans son genre. Pourquoi tes amis sont-ils si… désirables ? Tu es loin d’être le genre de femmes accro au sexe mais tu as des yeux pour voir et tu t’en sers. « Si t’es gêné, je te permets d’attirer ton attention sur ma propre tenue. » dis-tu sobrement pour dédramatiser la situation. Il est vrai que Rory n’a pas l’habitude de te voir habillée autrement que dans l’uniforme de Poudlard puis dans ta blouse de médicomage. Pour autant, malgré le fait que ta tenue en dévoile beaucoup sur ta silhouette, tu n’as jamais été dérangée par la nudité. Tu n’as jamais eu honte de ton corps malgré les stigmates évidents qui marquent ta peau de jeune femme. Cette large cicatrice boursoufflée sur ton avant-bras droit, devenue blanche au fil des années mais encore largement visible ; les petites marques circulaires sur tes cuisses, sur tes tibias et d’autres plus asymétriques sur ton dos et sur ton ventre dissimulées par ton débardeur. Aucune partie de ton corps n’a été épargnée par les sombres travers de ton paternel ; c’est toujours plus facile de casser la gueule de sa fille que d’affronter ses démons. « Comme ça, on sera quitte. » dis-tu en continuant d’explorer son corps. Tu lui as menti, même si c’est vrai que tu as croisé de nombreux apollons durant ta carrière, Rory n’a rien à leur envier et même si tu l’as toujours regardé avec le professionnalisme d’une médicomage, ton inconscient, lui, lorgne comme une femme. Tout en examinant l’étendue des dégâts.

Alors que tu comptes lui demander ce qu’il s’est passé afin de t’aider sur les soins à lui donner, Rory fait ce qu’il ne fallait pas faire : sniffer tu ne sais quelle merde devant toi. La médicomage en toi hurle telle une furie et désapprouve cette prise d’initiative pas du tout en accord avec ton éthique professionnelle. Tu le lui fais bien comprendre, tu es mécontente. La poudre noire renversée sur le parquet, tu soutiens le regard furieux de Rory et encaisses sa pseudo-colère. Un sourire s’installe encore une fois sur tes lèvres. « Rory, est-ce que la douleur te fait perdre ton bon sens ? T’es sûr que tu vas bien ? T’es sorcier ou quoi ? » Pour le calmer, tu attrapes ta baguette magique et lances un sortilège d’attraction sur la poudre qui se reconstitue bien rapidement sur la paume de ta main. Tu verses le contenu dans la bourse et la lui balances. « Et puis, sois un peu plus poli. J’suis pas ton renard. » dis-tu pour le taquiner, en référence à son animal totem. « Peut-être que cela t’a aidé jusqu’à maintenant, mais je suis ta médicomage Rory, donc tu te soumets à mon expertise et mon expertise dit non. » Ta décision est irrévocable et sans appel. Tu es comme ça, une main de fer mais sans le gant de velours. Tu te dis que tu as pris la bonne décision lorsque tu le vois faiblir, la pression maintenue sur sa cuisse n’étant plus aussi forte et laissant écouler un filet d’hémoglobine tout le long de son mollet. « Sinon trouve-toi une autre professionnelle que tu viendras déranger pendant sa nuit, on verra si on t’accueillera aussi bien que moi. » Tu attrapes une chaise et rapproches la table de Rory pour commencer les soins. « Ok, je vais rien te donner, pas de problème si tu veux jouer les gros durs. » Tu fais venir à toi une cuillère en bois que tu lui donnes, s’il veut mordre dedans, libre à lui. Tu enfiles ensuite des gants et à l’aide d’un sortilège tu procèdes à l’aseptisation du matériel. Avec une délicatesse qui contraste vraiment avec la dureté des propos que tu as tenu juste avant, tu débutes la longue désinfection de la plaie. Tu te radoucis en demandant : « Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Raconte-moi. » Cela te permettra aussi de savoir s’il a besoin d’un traitement spécifique pour limiter les infections animales, même s’il ne veut pas que tu lui administres quelque chose, si tu estimes qu’il en a besoin, il n’aura pas le choix.
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Dim 15 Aoû - 0:00
If I drift away, will you help me ?
Depuis le temps, Rory ne comptait plus les fois où il avait fait appel aux talents de Lexi pour le soigner. Leur relation n’avait pas toujours été aussi teintée de confiance cela dit. A Poudlard, le jeune Serpentard, déjà très avancé pour son âge dans l’art des potions, vu en elle une alliée de taille plutôt qu’une rivale. Quelque chose, sans qu’il puisse le nommer, l’avait inspiré. Il usa, et abusa, de son patronyme pour faire de Lexi sa partenaire de potions permanente. Bien sûr, la jeune femme en devenir n’en sut rien (du moins à sa connaissance) et même aujourd’hui, il se cachait bien de le lui avouer. Rory ne voulait pas s’exposer à ses moqueries mais également admettre que depuis le début il était autant fasciné qu’admiratif de ses capacités. Il avait enfin trouvé quelqu’un d’aussi doué que lui. Sans prétention aucune, bien évidemment. Ou peut-être que si, un peu du moins. Il s’agit de Rory Barjow après tout, ne l’oubliez pas ! Les affres de l’adolescence et leur différence d’âge éloignèrent naturellement leurs chemins avant que ces derniers ne finissent par se recroiser pour s’unir à nouveau sur un lit d’hôpital.

Retrouver un visage familier avait quelque chose de rassurant. Il connaissait ses compétences et pouvait plus facilement lui confier ses blessures. L’ensemble de ses paroles se paraient de mensonges, plus ou moins habiles en fonction de la situation et des enjeux encourus. Jusqu’à ce jour, il ne savait pas vraiment si elle l’avait cru ou, perçant dans les demi-vérités dont il l’abreuvait, elle se contentait d’hocher la tête, faisant machinalement son travail. Il n’y avait pas apporté plus d’intérêt d’ailleurs. Il fallait simplement une raison de la visite et une origine des blessures à remplir sur ses formulaires. Qui pouvait bien se préoccuper de la vérité ?! De même, Rory n’avait pas eu la moindre hésitation quand il avait été question de lui dévoiler son corps. Toujours par touches, Lexi avait découvert progressivement les marques indélébiles de son enfance troublée. Les marques des coups de ceinturons dans le dos, les lames qui avaient tailladées et s’étaient plantées dans la peau de son ventre et de son torse, les nombreuses petites brûlures sur l’intérieur de son avant bras droit, les sortilèges de brûlures qui duraient des mois entiers et marquaient l’épiderme d’un tatouage grisâtre indélébile… Son corps était une histoire à lui seul. Des marques qui fascinaient mais qu’il faisait vite oublier. Avec l’âge, Rory avait fait de ce corps une force. A la fois physique mais également de séduction. Quand on le voyait torse nu, plutôt que de prêter attention à ses stigmates, on remarquait avant-tout sa musculature parfaitement équilibrée. Les femmes préféraient arrêter leur regard sur ses abdominaux subtilement dessinés ou venir se blottir dans ses bras protecteurs que de noter ses imperfections.
Cette nuit là, quand Lexi prononça ces quelques mots, Rory sut. Il ne laissa échapper aucun son mais il sut. Elle le voyait. Elle le voyait tel qu’il était derrière cette apparence qu’il s’était construite. Elle l’avait vu et s’était reconnue. Elle aussi alors, hein ?! Contrairement à toute attente, y compris les siennes, il n’était pas en colère ou même blessé dans sa fierté. Rory fut presque soulagé de comprendre que ce qu’il avait vécu pouvait faire écho à quelqu’un d’autre. Il était moins ravi que cette autre personne soit Lexi en revanche… Comment diable pouvait-on s’en prendre à une femme ? C’est depuis cette nuit là qu’il exigea sa présence. Elle était la seule à pouvoir le voir. La seule à pouvoir le comprendre. La seule à pouvoir le toucher. La seule à pouvoir le soigner. La seule en qui il avait suffisamment confiance.

Peut-être en tirait-elle un peu trop avantage à voir comment elle lui découpa tous ses vêtements sans ménagement aucun. Il tenta bien de protester mais c’était déjà trop tard. « Qu’est-ce que je fais ? Je découpe tes vêtements. » Et en plus elle y prenait plaisir à voir le sourire qui étirait ses lèvres. Elle ne se doutait probablement pas du prix que lui avait coûté ne serait-ce que son pantalon en cuir. Ou peut-être était-elle au courant et c’était justement cette perspective qui l’amusait tant. « T’as vu la gueule de tes blessures ? T’as cru que j’allais prendre le temps de te déshabiller ? » Oui, bon, elle avait pas tort. Mais quand même bordel ! Regrettant presque de ne pas s’être fait mordre quelques centimètres plus haut quitte à perdre un rein pour ne pas qu’elle le voit juste en caleçon, il préféra détendre l’atmosphère en ironisant. Une façon comme une autre de feindre une assurance alors que toute cette situation jouait en sa défaveur. Peut-on vraiment se penser maître des événements quand on se retrouve en caleçon à 4h du matin dans une cuisine avec des blessures comme les siennes et dépendant des soins d’une autre personne ?! C’est couillût dira-t-on.

« J’ai soigné des plus beaux mecs que toi. » Cette simple déclaration lui fit l’effet d’un poignard en plein dans son orgueil. Comment osait-elle ?! Comment était-ce possible, tout simplement ?! Elle avait touché des hommes plus beaux que lui ? Elle s’était occupée d’eux ? Elle le trouvait beau ?! N’ayant pas le temps de vraiment s’attarder sur cette dernière pensée, il fut surpris par le marché qu’elle lui proposa. « Si t’es gêné, je te permets d’attirer ton attention sur ma propre tenue. Comme ça, on sera quitte. » Pour remarquer sa tenue, ça il l’avait remarqué oui ! Elle qu’il avait longuement connue en uniforme, de Poudlard ou celui de Sainte-Mangouste, il n’avait encore jamais eu l’occasion d’en voir autant. Même depuis qu’elle l’autorisait à venir chez elle, Lexi ne lui avait pas ouvert la porte aussi dévêtue que ce soir. Bien loin de lui déplaire, il ne put s’empêcher de lâcher. « Ça pour attirer mon attention ça a bien marché oui. Je savais pas qu’après cinq visites j’avais le droit d’en voir autant. Je me serais blessé plus souvent sinon. » WTF?!!! Ça sortait d’où ça ?! A peine eut-il prononcé ces mots qu’il le regretta amèrement et préféra enchaîner pour noyer le poisson.  « Par contre que tu en aies soigné des plus beaux que moi, je peux pas te croire ! Tu m’as bien regardé au moins ?! » S’exclama-t-il avec un petit sourire un brin séducteur, préférant tout de même garder son poignet et sa main droite au niveau de son entre-jambe. Elle allait déjà passer du temps le visage penché à ce niveau pour soigner sa cuisse, il n’allait pas non plus s’exhiber plus que ça. Espérant sincèrement que ça la distrait des aveux embarrassants qu’il venait tout juste de prononcer, l’inspection qu’elle fit de son état, réussit à lui changer quelque peu les idées.

Le ton changea toutefois très rapidement quand le contenu de sa précieuse poudre noire finit au sol. Rory ne put contenir sa colère, laissant parler son impulsivité légendaire. Lexi savait exactement comment lui tenir tête quand il fallait et avec les bons mots. Elle possédait également le don de le remettre à sa place sans qu’il ne demande son reste. Ce côté ferme mais dans lequel il percevait une lueur de douceur, quoi qu’elle puisse en penser. « Rory, est-ce que la douleur te fait perdre ton bon sens ? T’es sûr que tu vas bien ? T’es sorcier ou quoi ? » Rattrapant la bourse dont elle avait magiquement ramassé le contenu sur son torse avec la main qui cachait son entre-jambe, Rory se contenta d’afficher une moue réprobatrice pour toute réponse. Une fois encore elle l’avait remis juste comme il fallait à sa place. Il n’avait pas eu besoin d’élever la voix ou de s’agacer un peu plus. Lexi le mettait face à ses propres incohérences. « Et puis, sois un peu plus poli. J’suis pas ton renard. » Un exemple de plus sur le calme qu’elle pouvait éveiller en lui. Il passait en un instant de la colère au sourire amusé.

« Peut-être que cela t’a aidé jusqu’à maintenant, mais je suis ta médicomage Rory, donc tu te soumets à mon expertise et mon expertise dit non. » Une décision juste. Il s’était toujours plié aux choix qu’elle faisait pour le soigner. Après tout, comme elle le disait si bien : c’était son expertise et Rory la respectait trop pour en douter. « Sinon trouve-toi une autre professionnelle que tu viendras déranger pendant sa nuit, on verra si on t’accueillera aussi bien que moi. » Sans même réfléchir, il répondit sans filtres.« Je n’en veux aucune autre que toi. » Tout en prononçant ces quelques mots, il était devenu tout de suite très sérieux, ses prunelles sombres plongées dans celles de Lexi.
« Ok, je vais rien te donner, pas de problème si tu veux jouer les gros durs. » Il sourit d’amusement face au terme qu’elle employa. Gros dur. Il se jugeait plus raisonnable sur ce coup-ci. Après tout, la poudre et l’extrait de racine faisaient encore effet. Elle voulait rajouter à cela un troisième produit ?! C’était plus de la prudence. D’un geste distrait il attrapa la cuillère que lui tendit Lexi et observa les premiers gestes qu’elle entreprit pour arranger l’état de sa cuisse. Rory retira la main de sa plaie quand elle débuta la désinfection, grimaçant sous les vagues de douleur qui l’assaillaient.

« Mais qu’est-ce qu’il s’est passé ? Raconte-moi. » Un petit rituel auquel ils s’adonnaient depuis longtemps maintenant. A chaque fois qu’il la voyait pour une blessure, il lui racontait ses aventures. Bien souvent sous forme renard, les accidents, mauvaises rencontres, bêtises ou autres réservaient toujours un sacré lot de surprises à Lexi. C’était probablement pour cela qu’elle avait accepté de s’occuper de lui. Elle ne savait jamais à quoi s’attendre comme récit.

« Tu sais, je t’avais dit qu’en ce moment je travaille sur l’amélioration de potions de bases. Je cherche à les rendre plus puissantes encore. Après de longues recherches j’ai trouvé cette plante originaire d’Océanie. Piper methysticum. On ne l’utilise pas du tout dans nos potions car impossible de la trouver. Sauf qu’il y a trois jours j’ai découvert qu’il y en avait à Londres, dans un jardin privé. Ce soir devait être le moment parfait. Le plan c’était de récolter une quinzaine de racines comme celle-ci. » dit-il en désignant du menton la seule et unique racine qu’il avait ramenée, dépassant d’une des poches de son manteau posé au sol. « Sauf que, alors que j’étais en train de déterrer la plante, deux putains de molosses me tombent dessus. Comme tu peux le voir, l’un d’eux m’a chopé à la cuisse. J’avais la racine dans la gueule au moment où ça s’est passé, ce qui explique l’état de mon échantillon. Quand il a lâché prise je me suis enfui, heureusement que je suis plus agile qu’eux… Dans la panique j’ai pas pris le même chemin et je me suis retrouvé à devoir ramper sous un grillage, ce qui explique l’état de mon flanc. D’une certaine façon j’ai de la chance que c’était de simples chiens. Des sorciers auraient directement visé mes reins… » Finit-il par conclure en haussant les sourcils. Pour une fois qu’il avait une histoire où il ne se ridiculisait avec sa maladresse légendaire, ça changeait un peu.  
« Le seul avantage c’est que maintenant je sais que la racine pourra parfaitement aller dans des potions de Force ou d’Anti-paralysie. Ça m’a complètement shooté. » s’exclama-t-il en tentant un petit rire qui se transforma bien vite en grognement de douleur sous les gestes médicaux de Lexi.

A mesure qu’elle le soignait, ses muscles se crispaient, traversés par d’importants spasmes. Dicté par sa fierté mal placée, Rory tentait difficilement de réprimer certains tremblements qui l’animaient à mesure que les effets de son petit cocktail maison s’amoindrissait. Pour se distraire, il détourna le regard pour inspecter le salon de Lexi. Ses yeux parcouraient les rayonnages de sa bibliothèque, reconnaissant ici et là quelques livres qu’il possédait également dans sa collection personnelle. Marmonnant les titres des couvertures les uns après les autres, c’était sa façon de concentrer son attention sur autre chose que les gestes de Lexi. Le rythme de ses murmures s’accélérait avec la douleur qui prenait le dessus, lentement mais sûrement. Désespéré de trouver un moyen efficace pour oublier sa condition, il se mit à fredonner de plus en plus clairement la petite chanson qu’il s’était chanté sur le chemin. Si pendant l’espace de quelques minutes ça lui permit de penser à autre chose, les lumières de la ville qu’il percevait à travers les fenêtres commençaient à se troubler. Il pouvait sentir ses membres se tétaniser, son souffle se couper. La poudre et la racine ne faisaient plus effet. Pire encore, elles lui provoquaient une descente qui, couplée à sa souffrance, allait lui faire perdre connaissance s’il ne prenait rien.

Son regard se porta à nouveau sur Lexi. Bien trop occupée à soigner sa plaie, elle ne pouvait prendre mesure de la dégradation de son état. Il devait la prévenir. Il devait attirer son attention. De simples paroles n’allaient pas pouvoir faire l’affaire. Il était comme le garçon qui criait au loup. A force de l’avoir trop souvent embêtée et distrait par le passé, Lex’ ne faisait plus particulièrement attention à ses bêtises. Dans un geste de désespoir, Rory vint donc doucement attraper son avant bras droit. Son pouce glissa quelques secondes le long de sa cicatrice avant de remonter ses doigts sur son bras, effleurant son épaule. La main de Rory finit sa lente course sur la nuque de Lexi après avoir frôlé la peau de son cou. Sa paume glissa sur sa mâchoire et son pouce caressa avec une infinie douceur la joue de la jeune femme, laissant au passage une petite trace de sang contre sa peau. « Lex’… » souffla-t-il avec le peu de force qui lui restait. Attendant qu’elle relève les yeux vers lui, il la fixait avec désespoir. Son teint blême et la sueur perlant sur son front témoignaient de l’état de souffrance dans lequel il se trouvait. Progressivement, il voyait sa vision se troubler, ses forces lentement l’abandonner.   
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Alexis Fawley
Alexis Fawley
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Métier : Cheffe du service de médicomagie légale de Sainte-Mangouste || Responsable d'une étude clinique sur le gène sorcier
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Lumos
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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Lun 16 Aoû - 23:43
chaque coup que tu reçois
Ricoche et me frappe deux fois
Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Tu songes sérieusement à demander des honoraires à tes amis pour toutes les fois où tu les sors de la panade. Bon, il faut l’avouer, rien ne dépassera jamais Tobias qui te demande de faire disparaître le corps de son défunt paternel mais tu ne comptes plus le nombre de fois où l’on fait appel à toi pour soigner des blessures en tout genre. Tu ne t’en formalises pas, certaine que si tes amis te demandent ton aide, c’est parce qu’ils n’ont pas le choix. Que ce soit Kesabel, Tobias ou même Rory, chacun a des raisons bien spécifiques pour ne pas aller à Sainte-Mangouste. En ce qui concerne le jeune Greyback, sa condition de loup est suffisante pour préférer traiter avec toi en direct ; pour Tobias, ses blessures sont régulièrement causées par ses missions pour l’organisation mangemoresque et il valait mieux garder la plus grande discrétion pour ne pas se faire repérer par l’administration de l’hôpital ; pour Rory, les circonstances ont fait que tu as spontanément proposé ton aide en dehors de Sainte-Mangouste. Il faut dire que comprendre qu’il avait potentiellement subi les mêmes sévices que toi te l'a rendu sympathique, au-delà du fait qu’il est une présence un peu plus légère dans ta vie empreinte de relations plus que sinistres. Tu tends ces services de bon cœur à tes amis même si étrangement, ils ont cette fâcheuse habitude d’entraver ton sommeil. Ne peuvent-ils pas se blesser en pleine journée ? Sérieusement, tu n’en demandes pas beaucoup plus. Égoïstement, tu hurles en pensant à ton petit confort même si intérieurement, tu comprends : les missions et larcins pour lesquels ils sont meurtris sont plus dissimulables dans l’obscurité de la nuit. Heureusement pour eux que tu n’es pas une grande dormeuse.

L’examen sommaire de Rory ne laisse présager rien de bon s’il ne reçoit pas des soins immédiats alors tu débutes instantanément ceux-ci en commençant par le découpage rapide des vêtements du jeune homme ; celui-ci proteste et bougonne légèrement et tu ne t’en formalises pas. Ce n’est pas comme s’il était à la rue et qu’il n’avait pas les moyens de s’en payer de nouveaux le petit héritier. Puis franchement, qui se soucie de ça alors qu’on est dans cet état déplorable ? Tu supposes qu’il est troublé de se retrouver ainsi si mis à nu face à toi ; d’ordinaire, ses blessures se cantonnent à des parties de son corps moins sensibles disons. Te concernant, que ce soit son dos, son buste, sa jambe, ses bras, sa tête ou même son entre-jambe, cela ne change rien, tu traiteras la blessure avec le même sérieux et le même professionnalisme ; ce n’est pas comme si tu voyais des corps dénudés à longueur de journée. Et puis, au-delà des patients, tu es une jeune femme de vingt-neuf ans, ce n’est pas comme si tu n’avais jamais vu un homme nu ; la question de la pudeur et de la nudité ne te dérange donc pas même si cela ne semble pas être le cas pour Rory. Tu tentes de dédramatiser la situation, attirant le regard de Rory sur toi ; qu’il mate s’il le souhaite si cela lui fait l’effet d’un anesthésiant placebo naturel après tout, pourquoi pas.

Par ailleurs, tu es habituée à avoir les regards des patients sur toi. Tu sais que tu es une jeune femme désirable et que le fait que tu sembles inaccessible en excite plus d’un ; tu es le genre de femme qui en impose, par son charisme, par ses certitudes et son assurance. Ta chevelure de lionne et tes formes généreuses attirent également les œillades des hommes donc ce ne sont pas vraiment celles de Rory qui vont t’affoler même si vous n’avez jamais vraiment eu ce type de rapport. Rory, c’est un peu comme Tobias, jamais vous n’avez franchi les limites. La relation que tu entretenais avec Kesabel te suffisait largement et peut-être que c'est la raison pour laquelle le reste semblait sans importance. Les choses ont-elles changé depuis ? Peut-être. Les mots prononcés par Rory sont inhabituels et surprenants. Tu te contentes de relever la tête et de croiser son regard avant d’énoncer dans le plus grand des calmes : « Merde ? Je t’ai jamais filé ta carte de fidélité ? Après dix soins, tu as le droit à un massage thaïlandais spécial, si tu vois ce que je veux dire. » Un sourire polisson s’installe sur ton visage angélique, consciente que tes mots vont probablement le troubler à son tour, puis tu te reconcentres sur la blessure. Il met ensuite ton jugement en doute sur la beauté toute relative de certains de tes patients. Tu relèves les yeux vers lui et regardes sans dissimuler les faits son corps ainsi dévoilé et tu déclares : « C’est vrai que t’es pas mal du tout. » Tu rigoles doucement, amusée par la tournure de cette conversation pour le moins atypique au beau milieu des soins que tu lui prodigues.

Sans transition, la discussion prend un virage à cent quatre-vingts degrés alors que tu renverses par terre sa « drogue ». Tu n’as jamais été fan de ce genre de produits parce que tu détestes perdre ton libre arbitre et tes capacités de jugement, tu veux toujours être maîtresse de toi-même, de tes pensées et de tes actes. La preuve que la poudre obscurcit les capacités de réflexion de Rory, pourtant si vives d’ordinaires, puisqu’il en oublie le sortilège d’attraction et la possibilité de récupérer la poudre éparpillée au sol. Son visage montre qu’il boude et tu te remets au travail ; tu as rien à faire de le mettre en face de ses contradictions. Tu dis simplement ce que tu penses. Comme lorsque tu te permets de lui rappeler qui commande ici : en tant que médicomage attitrée, il se soumet à ton expertise sinon il peut aisément chercher quelqu’un d’autres. « Je n’en veux aucune autre que toi. » Tu fronces les sourcils tandis qu’un frisson parcourt ta nuque. Tu n’es pas vraiment habituée à de telles marques de confiance alors tu préfères ironiser : « Tu m’étonnes que tu ne veux que moi, je te fais même pas payer. T’as même pas idée du prix des honoraires de nuit. » Tu rationnalises, c’est tellement plus simple ainsi en réalité. Tu te replonges sur sa cuisse et demandes ce qu’il s’est passé. C’est important pour toi de savoir afin d’utiliser les bons traitements le cas échéant. Tu es méthodique, tu mènes ton entretien diagnostique toujours de la même manière ; depuis le temps, il y est habitué. L’avantage avec Rory, on ne s’ennuie jamais ; chaque histoire est différente, chaque blessure suit sa propre ligne de vie. Tu écoutes son monologue qui dure, qui dure et qui dure. Un des autres avantages avec lui, il parle pour deux là où tu te contentes très régulièrement d’être plutôt concise. Tu acquiesces à plusieurs reprises lors de son explication, hochant la tête de temps à autres ou en ponctuant la fin de ses phrases par quelques onomatopées. Mhum mhum, ah oui ! Oula ! pour ne citer que celles-ci. Tes oreilles sont attentives mais toute ta concentration va à la blessure et tu ne veux perdre aucune bribe d’informations en parlant donc tu ne dis pas un mot. Lorsqu’il a terminé, tu conclues : « Donc si je résume bien, je soigne une blessure qui n’a même pas permis d’obtenir ce que tu voulais. Le rapport bénéfice-risque est mauvais Rory. » dis-tu d’un ton désapprobateur. « Quand j’aurai terminé, je vais quand même t’administrer un antibiotique par sécurité. T’es bien à jour dans tes vaccins ? » Au cas où il aurait besoin d’un antitétanique… Puis tu procèdes au nettoyage de la plaie en surface en épongeant la saleté visible accumulée, tu verses de l’eau sur la plaie avant de la désinfecter puis tu débrides les tissus dévitalisés à l’aide d’un scalpel adapté afin de minimiser les risques d’infection.

Au bout d’un moment, tu t’assois en tailleur sur le sol pour être à la hauteur de la plaie et être davantage à l’aise dans les soins. Au fur et à mesure que tu avances dans la procédure, tu sens Rory se tendre. Un léger sourire s’installe sur tes lèvres tandis que tu sais qu’il lutte pour ne pas te demander un antidouleur. Les hommes et leur fierté… Pour blaguer, tu dis : « Oublie pas que tu as ma petite cuillère en bois au besoin. » Un petit pic lancé l’air de rien e tu continues ton travail, ignorant les excentricités de Rory alors qu’il commence l’inventaire de ta bibliothèque ou lorsqu’il entame le refrain d’une chanson ridicule impliquant l’aide d’une magnifique médicomage. Tu es habituée à tout cela, Rory est ainsi, tu pourrais aisément le qualifier de loufoque ; en même temps, qui ne paraît pas loufoque à tes yeux, la reine des raisonnables ? Cela tombe sous le sens. Concentrée sur le débridement des tissus, tu ne remarques même pas que Rory a cessé de chanter. Plusieurs minutes passent dans un silence presque religieux lorsque soudainement, les doigts de Rory viennent arrêter ton geste. « Rory ! » grognes-tu pour lui demander d’arrêter ses bêtises alors qu’il glisse son pouce sur la boursoufflure de ta cicatrice sur l’avant-bras avant de remonter plus haut. Surprise, te demandant ce qui le pousse à dépasser les limites existant depuis toujours entre vous, tu lèves les yeux vers lui. « Lex’… » Sa paume s’attarde sur ta mâchoire et sur ta joue, t’arrachant un autre frissonnement malgré toi. Ton regard s’attarde à nouveau sur son teint blafard, bien plus que lorsqu’il est arrivé, sur les perles de transpiration coulant avec une lenteur inégalée sur sa peau, sur son front, sur sa nuque. « Putain. » Tandis que ses iris se troublent, tu prends soudainement conscience de l’urgence de la situation. Tu lâches le scalpel et te redresses, passes tes bras derrière son bassin et le soulèves péniblement de la chaise pour l’allonger au sol. Tu cours jusqu’au sofa pour attraper des coussins et surélèves ses jambes. La respiration de Rory se saccade et il tombe soudainement dans un état proche de l’inconscience, la douleur rattrapant probablement le reste. Tu respires soudainement bien brusquement toi aussi, attrapant dans un mouvement de panique ta sacoche qui se renverse sur le sol. Ton souffle se coupe et tes réflexes de médicomage prennent soudainement le dessus sur les affects et la crainte que l’état de Rory se dégrade. Tu trouves parmi le pêlemêle des outils et produits éparpillés sur le sol la seringue et le sérum à administrer. Tes mains ne tremblent plus alors que la seringue pique dans la petite fiole de verre puis te tournes à nouveau vers Rory. Sa respiration n’est plus saccadée puisqu’il ne respire plus. D’un geste mécanique, presque froid pour ne pas laisser tes émotions prendre le dessus, bras tendus, tu commences le massage cardiaque avec des pressions régulières sur la poitrine de Rory. Dans ta tête, tu fais le décompte. Une. Deux. Cinq. Dix. Vingt. Trente. Alors que tu allais te pencher pour les insufflations, le cœur repart. Tu te penches sur sa poitrine pour écouter les battements reprendre un rythme toujours saccadé et tu te précipites vers la seringue ; tu lui administres le produit d’un geste très sûr, geste que tu as déjà pratique des milliers de fois. Tandis que les yeux de Rory s’ouvrent à nouveau, tu fermes les tiens quelques secondes après l’avoir piqué. « Est-ce que ça va ? » demandes-tu, sachant que le produit fait effet quasiment immédiatement. Tu fais venir à toi grâce à ta baguette un linge propre et essuies la sueur qui s’est accumulé sur son front. « Tu m’as foutu la trouille. » dis-tu en posant quelques instants ta tête sur son torse que tu viens de comprimer avec une ferveur incroyable. Tes mains tremblent soudainement tandis que tu reprends l’inspection de sa cuisse. Tu as failli perdre ton patient. Et ce n’est pas n’importe quel patient, c’est l’un de tes amis. « T’as de la chance, tu as échappé au passage par ma morgue aujourd'hui. Cela m'aurait gonflé de remplir la paperasse en plus. » Tu plaisantes pour ne pas montrer à quel point ton cœur s’est emballé à l’idée qu’il aurait pu y passer.
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Graviora manent

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Anonymous
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Mar 17 Aoû - 10:21
If I drift away, will you help me ?
Depuis sa plus tendre enfance, Rory était habitué au sang, à la douleur et aux pénibles séances de soin que certaines plaies nécessitaient. Comme quoi, avoir un père et un frère violents, ça aide parfois ! Inconsciemment, il était devenu plus fort et résistant à la souffrance grâce à eux et leur acharnement constant sur son corps de jeune homme en devenir. C’était presque devenu une drogue, une façon de se sentir plus vivant. Confronté au danger il prenait son petit shoot d’adrénaline quand il devait partir dans l’une de ses missions, c’était sa maladresse (et parfois malchance) légendaire qui se chargeait du reste. Si par le passé sa mère s’occupait de soigner sur le corps de son enfant les sévices de son mari et de son fils aîné, Lexi avait pris le relais. L’affect était moindre, un sacré avantage pour Rory qui pouvait venir la voir sans craindre que cette dernière ne parte dans des démonstrations affectives démesurées difficilement contrôlables. Qu’on soit son ami ou un illustre étranger, elle faisait son travail sans trop se préoccuper du reste.

Il suffisait d’observer le professionnalisme avait lequel elle avait procédé jusque là pour prendre en charge son patient clandestin. Un avantage supplémentaire, et de taille celui-ci, la discrétion. Si la plupart des missions du jeune Barjow se passaient sans encombre et avec un butin conséquent, celles qui l’envoyaient entre les mains expertes de Lexi finissaient également par s’ébruiter. Il y avait eu une intrusion dans telle demeure, tel objet s’était volatilisé, le jardin botanique de tel musée saccagé… Toutes ces enquêtes n’avaient jamais abouties. Potentiellement grâce au silence et à la loyauté de Lexi.
En dépit de l’habitude qu’il avait prise à se faire soigner par Lexi et la confiance qu’il lui accordait, se retrouver en caleçon face à elle avait tout de même quelque chose d’un peu gênant. Dans cette situation, il n’était clairement pas maître de la situation, ce qui avait pour conséquence de le crisper et visiblement de lui faire dire les plus grosses conneries possibles ! Sans trop savoir comment ni pourquoi, il s’était retrouvé à lui avouer, indirectement calmez-vous, être attiré physiquement par elle. Bien évidemment, il s’en était immédiatement mordu les doigts. Leur relation avait toujours été basée sur une certaine forme d’amitié. De telles paroles détonaient donc grandement de leurs habitudes, raison pour laquelle il tenta de noyer le poisson, visiblement sans succès. « Merde ? Je t’ai jamais filé ta carte de fidélité ? Après dix soins, tu as le droit à un massage thaïlandais spécial, si tu vois ce que je veux dire. » Instinctivement, les paroles de Lexi lui arrachèrent un rire franc aussitôt suivi d’un grognement de douleur, les blessures de son flanc se rappelant à lui. Il marmonna un simple « merde » en se tenant brièvement la hanche, un sourire bien ancré sur le visage. Il tenait là un exemple parfait de pourquoi il appréciait tant la jeune femme : sa capacité à rebondir sur les conneries qu’il envoyait et le faire rire en retour. Rory en avait déjà presque oublié les aveux à demi-mots, balayant donc d’un revers de la main la possibilité qu’elle ait pu être touchée ou troublée par ses mots. Il déchanta cependant bien vite en constatant que Lexi le reluquait ouvertement. En même temps il venait tout juste de l’inciter à le faire. « C’est vrai que t’es pas mal du tout. » Attends, attends… QUOI ?! La surprise était totale. Complètement désemparé, il se retrouvait comme un con face à ses paroles. Elle le trouvait attirant ?! Non mais c’est quoi ce délire là ?! Non pas que Rory n’avait pas conscience de son physique plus qu’avantageux, il en jouait très souvent d’ailleurs. Pour justifier le prix élevé d’un produit, pour vendre plus, pour se tirer d’affaire dans une situation délicate ou simplement remplir son lit quand ce dernier avait été vide trop longtemps… Il savait en tirer parti mais dans le cas de ses amies c’était une autre histoire. Allez savoir pourquoi, il partait du principe qu’une fois une amitié tissée avec une femme cette dernière ne pouvait plus le trouver attirant. Je sais, il n’y a rien de logique là-dedans mais que voulez-vous, Rory n’est pas l’être le plus pragmatique qui soit, loin de là !

Les événements qui suivirent réussirent à le distraire un tant soit peu, oubliant à la fois la douleur et les paroles qui s’étaient échangées, relativement lourdes en révélations. Ce fut face à l’éventualité de la perdre comme médicomage attitrée que Rory se réveilla de sa torpeur, témoignant à coeur ouvert sa réprobation. « Tu m’étonnes que tu ne veux que moi, je te fais même pas payer. T’as même pas idée du prix des honoraires de nuit. » Toujours très réaliste Lexi… L’avoir à ses soins était sans conteste un avantage de taille, à la fois pour dissimuler ses activités mais également pour son porte-monnaie. Cela dit, à bien y réfléchir, rien ne l’empêchait d’exiger un échange de bons procédés pour les soins qu’elle lui prodiguait. Tant pis pour elle après-tout, ce n’était pas Rory qui allait faire la remarque. Il y gagnait largement au change !
Alors que les soins commencèrent pour sa cuisse, le jeune Barjow entreprit le récit de ses nouvelles mésaventures de la nuit. Un petit rituel nécessaire non seulement pour Lexi mais dont il tirait le bénéfice en analysant ce qui s’était mal passé et comment l’éviter pour la fois d’après. Sur ce coup, il avait pourtant tout bien fait, les chiens étaient une nouveauté de dernière minute. La conclusion que lui apporta Lex’ le blessa donc dans sa fierté. « Donc si je résume bien, je soigne une blessure qui n’a même pas permis d’obtenir ce que tu voulais. Le rapport bénéfice-risque est mauvais Rory. » Elle avait pourtant l’habitude avec le temps. C’était devenu un peu sa marque de fabrique de risquer sa peau sans nécessairement arriver au résultat escompté. Elle devait se plaindre uniquement car il la maintenait éveillée à 4h du matin… Voilà pourquoi elle était si bougon depuis tout à l’heure ! Et parce que c’est son anniversaire probablement. A sa nouvelle question, Rory se contenta donc d’un simple « Oui, oui… » avant de détourner le regard pour concentrer son attention sur autre chose pendant qu’elle le soignait. La douleur devenait progressivement insoutenable sans parler de la descente fulgurante provoquée par les deux substances qu’il avait ingérées. Il était tellement dans le mal qu’il n’entendit même pas la pique qu’elle lui lança.

Sentant bien qu'il perdait complètement le contrôle de la situation, Rory tenta le tout pour le tout. Ça avait marché ! Il venait de capter son regard et à l’entendre et la voir s’agiter, elle avait saisi l’urgence de la situation. Que lui arrivait-il exactement ? Rory n’en savait trop rien. Un choc ? Une forme d’overdose inversée ? Allez savoir… A demi-conscient, il luttait pour continuer de rester éveillé et surtout pour respirer. Son souffle court et rauque résonnait dans la pièce tandis que ses lèvres se teintaient de pourpre à mesure que les secondes passaient. Le contact froid du carrelage sur son dos lui fit vaguement comprendre que Lexi l’avait allongé. Après ça… Plus rien. Tout s’était soudainement brouillé puis tut autour de lui. Le froid, le bruit, la douleur avaient disparus pour se fondre et l’envelopper dans une obscurité apaisante.
Une vive douleur traversa son corps lui arrachant un râle de douleur alors qu’il reprenait une profonde inspiration. La vie venait de s’immiscer à nouveau en lui. Ebloui par la lumière de la cuisine, il distinguait à peine le visage de Lexi, ayant du mal à émerger. C’est quoi ce bordel ? Qu’est-ce qui venait de se passer exactement ? « Est-ce que ça va ? » Bonne question putain ! Le teint encore blême, il reprenait doucement conscience d’où il se trouvait et des événements. Le sol glacé sur son échine, la douleur à sa cuisse se dissipant lentement sous les effets d’un produit que Lexi devait probablement lui avoir injecté… Ça commençait à lui revenir. « Je crois… »  murmura-t-il faiblement, la voix enrouée et visiblement paumé. Rory avait beau tenter de reconstituer les morceaux, tout semblait si flou comme s’il lui manquait des pièces du puzzle. « Tu m’as foutu la trouille. » A ses paroles il fronça légèrement les sourcils. Pour qu’il ait fait peur à Lexi, et surtout qu’elle le lui admette, il avait dû se passer quelque chose. Quelque chose de grave. Déduction confirmée quand il la sentit poser sa tête sur son torse. Un geste qu’elle n’avait jamais eu pour lui jusque là. A vrai dire ils ne s’étaient jamais témoigné de l’affection durant toutes ces années, pas même verbalement. Qu’elle vienne ainsi contre lui prouvait bien la gravité de la situation. Rory ne put tout de même s’empêcher de glisser son bras contre son dos pour la serrer faiblement contre lui l’espace de quelques instants. Il eut la réponse à ses interrogations quand elle lâcha. « T’as de la chance, tu as échappé au passage par ma morgue aujourd'hui. Cela m'aurait gonflé de remplir la paperasse en plus. » Sous le choc de ce qu’elle lui expliquait indirectement, Rory ferma les yeux un instant comme si en les rouvrant la situation allait être différente. Malheureusement pour lui, il était toujours là, à même le sol de la cuisine de Lexi qui finissait de s’occuper de sa cuisse. Rien n’avait changé : il avait toujours fait un arrêt cardiaque en plein milieu de la nuit, le jour de son anniversaire. Son regard accroché au plafond, il se repassait les événements de la soirée en boucle. Qu’est-ce qui avait bien pu le mener à ça ?!

Il laissa Lexi finir de s’occuper de sa cuisse et prendre en charge son flanc, ce dernier nécessitant beaucoup moins de soins compte tenu de la superficialité de ses blessures. Lui, d’ordinaire si bavard et ne cessant de blaguer pendant qu’elle s’affairait à le recoudre ou le désinfecter était devenu silencieux. Son regard n’avait pas quitté le plafond une seule seconde. Il n’en revenait toujours pas. L’espace d’un instant il était mort. Sans Lexi c’était fini. Comme ça. La violence de cette réalité lui fit soudainement prendre conscience de sa mortalité. Tout pouvait s’arrêter d’un instant à l’autre sans qu’il ne voit nécessairement les choses venir. Troublé par cette révélation, il fut tiré de sa torpeur par le son de la voix de Lexi. N’ayant pas écouté ce qu’elle pouvait lui raconter, il se redressa légèrement sur les coudes pour constater les pansements cachant ses blessures de la soirée. « Merci… » articula-t-il faiblement, la voix encore cassée, témoin des émotions qui le secouaient intérieurement. Le regard fuyant, il se saisit de la main que lui tendait Lexi pour se redresser. Avec une grande précaution, il prit également appui sur la chaise puis la table à leurs côtés, évitant ainsi de mettre du poids sur sa jambe blessée. L’anti-douleur qu’elle lui avait administré avait beau faire son effet, il préférait ne pas ruiner ses efforts pour le remettre d’aplomb si bêtement. A moitié assis sur le rebord de la table, Rory ne lâcha pas la main de Lexi. Alors que jusque là il avait méticuleusement évité de la regarder, ses yeux partirent à la rencontre des siens. Lui qui était d’ordinaire souriant en sa compagnie affichait un visage fermé. Son expression sérieuse dans laquelle on pouvait déceler une pointe de tristesse lui donnait un côté ténébreux. Sans avoir prononcé le moindre mot, il l’attira doucement contre lui, lâchant sa main pour glisser son bras contre son dos. La gorge nouée, il l’enlaça avec une certaine tendresse, dénotant de toute forme de contacts qu’ils avaient jamais eu. Sa tête vint prendre appui contre la sienne et il s’abandonna l’espace d’un instant en fermant les yeux. Jamais il ne s’était laissé aller à un tel geste d’affection envers qui que ce soit auparavant. Sa mère et sa jeune soeur étaient les seules à avoir jamais été enlacées par Rory. Aucune de ses amies et encore moins ses conquêtes ne s’étaient retrouvées ainsi dans ses bras. La gravité du moment qu’il venait de vivre et sa reconnaissance pour Lexi justifiaient largement cette étreinte qu’il se surprit à apprécier. D’ordinaire chacun de ses gestes était calculés, répondant à un but bien précis, surtout quand il s’agissait des femmes. Là les choses étaient différentes… Il pouvait sentir son coeur se comprimer au contact de la peau de Lexi contre la sienne. A chaque inspirations qu’il prenait, l’odeur de ses cheveux et de son épiderme venaient lui troubler les idées. Mais putain, c’est quoi encore ce bordel ?! Qu'est-ce que tu fous ?! Oh !!! Mais bouge putain !

Un peu précipitamment, Rory mit fin à l’étreinte qu’il venait d’imposer à Lexi, anticipant déjà ses railleries et protestations. Quel con... Il la savait à moitié sauvage, peu encline au contact physique affectif de ce type mais c’était plus fort que lui. Son regard redevint fuyant, ne voulant pas affronter sa réaction de façon aussi frontale. Il ne s’en sentait tout simplement pas la force. Pour détendre l’atmosphère, Rory se racla la gorge avant d’esquisser un timide sourire amusé alors qu’il prononçait ces quelques mots. « Il va falloir que je me rattrape… On peut pas dire que ta journée d’anniversaire commence bien ! » Oui, il n’avait pas oublié. Cette information l’avait tellement marqué que Rory s’était promis qu’il lui offrirait au moins quelque chose. A présent il devait carrément la remercier de l’avoir réanimé. On offre quoi à quelqu’un qui nous a sauvé la vie au juste ?! « Tu passeras à la boutique quand tu auras un peu de temps, je te ferai une surprise. » annonça-t-il avec un nouveau sourire, relevant les yeux vers elle cette fois-ci. Tout en prononçant ces mots, il s’était légèrement penché pour attraper sa baguette dépassant de son manteau. Dans un mouvement de poignet, il reconstitua les vêtements que Lexi avait dû découper pour soigner ses plaies. C’était quand même plutôt sympa la magie. Plutôt que de repartir en simple manteau caleçon, il allait pouvoir remettre ses vêtements et ne pas passer pour un flasheur dans les rues de Londres !
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Alexis Fawley
Alexis Fawley
Sorcier neutre
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Métier : Cheffe du service de médicomagie légale de Sainte-Mangouste || Responsable d'une étude clinique sur le gène sorcier
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Lumos
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Mon allégeance : va à Kesabel et Euron
Mer 18 Aoû - 12:07
chaque coup que tu reçois
Ricoche et me frappe deux fois
Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Tandis que tu soignes la blessure à la cuisse de Rory, tu repenses soudainement à Poudlard et au club de potions. Il faut dire que tu n’étais qu’une enfant, une jeune fille de première année, fan des potions au point d’avoir déjà dévorée la plupart des manuels accessibles à ton niveau de compréhension de petite sorcière et tu savais déjà préparer des potions des cycles supérieurs. Relativement douée, assez douée pour que Rory décèle chez toi une future comparse et un binôme de choc. Te concernant, tu t’es sentie flattée, rendez vous bien compte, un élève plus âgé qui s’intéresse à une jeune étudiante comme toi, ce n’était pas commun. Tu étais fière, tu te sentais grande, tu avais besoin de lui pour apprendre. Mais ce soir, le rapport de force a changé et c’est lui qui a besoin de ton aide. Les blessures ne sont pas jolies et après les banalités d’usage et les railleries habituelles -oh oui, c’est si commun entre vous-, tu débutes les soins sans perdre de temps. En médicomagie, tu l’as appris à tes dépends, chaque seconde compte et peut faire la différence entre la vie et la mort. Le sang-froid, tu l’as toujours possédé, tu l’as toujours eu ; déjà petite alors qu’il fallait supporter les menaces, les hurlements, les coups de ton paternel, tu n’as jamais crié, persuadée que si tu lui montrais que tu n’avais pas peur, que cela ne te faisait rien, il arrêterait. Fantasme ridicule d’une enfant qui a grandi trop vite. Alors tu t’es servie de cette aptitude dans le cadre de ta scolarité puis dans ton travail. À la morgue, la plupart du temps, la course contre la montre est déjà terminée et le patient arrive refroidi sur ta table d’exman mais ce n’est qu’une partie de ton travail. Bien sûr, les autopsies t’occupent la moitié du temps. L’autre moitié est réservée aux expertises sur les vivants : violences sexuelles, violences physiques et/ou conjugales, maltraitances. Ce sont autant de cas différents que de patients par jour mais Rory a fait parti de ces cas-là lorsque tu l’as accueilli aux urgences. La plupart du temps, ce type de blessure ne rentre pas dans le cadre des attributions de ton service qui est souvent mandaté pour expertise par le juge. Mais Rory avait bénéficié d’un traitement de faveur, clairement. Comme ce soir. Qui peut se targuer d’être soigné au domicile même du médicomage ? Pas grand monde. Tu n’ouvres pas la porte de ton appartement à n’importe qui.

Tu écoutes d’une oreille attentive le récit de Rory et en arrive à une conclusion très déplaisante. Rory a encore risqué sa vie pour pas grand-chose. Tu hésites entre lui hurler dessus et lui hurler dessus. Mais ton fameux sang-froid t’intime d’être plus subtile en utilisant le sarcasme. Ce n’est quand même pas la première fois qu’il se met dans une galère pas possible pour au final ne pas parvenir à obtenir ce qu’il souhaitait. Tu te demandes parfois comment il se débrouille sur le terrain et cela t’intéresserait de le voir à l’œuvre parce que bon, il semble avoir quelques lacunes dans certains domaines : la prudence n’est jamais de rigueur avec Rory, malheureusement. Il a plutôt le caractère de celui qui fonce tête baissée, c’est presque étrange qu’il n’ait pas atterri à Gryffondor à Poudlard finalement. Tu le sais fort bien, c’est sa personnalité rusée qui l’a conduite jusqu’à la maison des verts et argents, en témoigne son animagus d’ailleurs, mais bon, parfois, c’est amusant de penser que le Choixpeau se trompe dans ses choix. Tes pensées divaguent bien loin pendant que tu soignes de manière méthodique et presque robotique la blessure de Rory, ne prêtant plus vraiment attention au reste. Trop concentrée sur celle-ci, probablement trop fatiguée pour prêter attention aux indices signifiant que Rory commençait à se sentir mal, c’est surprise et effarée que tu constates qu’il est sur le point de s’évanouir. Les minutes qui s’écoulent après cette constatation sont comme hors du temps : la panique ne te gagne pas. Le sang-froid encore et toujours. Mais quelque chose vient chatouiller du bout des doigts l’organe qui bat dans ta poitrine alors que tu es sur le point de le perdre. Il n’est plus uniquement questions de gestes répétés et rerépétes cinquante fois ; il n’est plus uniquement question d’un patient ordinaire. Il s’agit de Rory, d’un de tes amis qui se meurt. Alors tu ne cèdes pas à l’angoisse et fais ce que tu sais faire de mieux ; soigner. Tu tentes de te défaire des affects pour ne penser qu’au protocole. Ce que tu dois faire en premier, ce que tu dois faire en second et ainsi de suite. La succession des gestes -le massage cardiaque et l’administration du sérum- permet à Rory de reprendre doucement connaissance. Ses lèvres violacées récuoèrent peu à peu leur couleur habituelle et tu pousses un léger soupire de soulagement. Putain.

Son murmure est faible, sa voix éraillée. Compréhensible, il vient de faire une crise cardiaque. Les rouages de ton cerveau cherchent des réponses aux questions que tu te poses : choc toxique, infection, trop grande perte de sang ? Mais tes neurones sont embrumés par ce qu’il vient de se passer et tu poses doucement ton front sur sa poitrine. Ce geste a une double fonction, d’abord et de manière très professionnelle lol s’assurer que les battements du cœur de Rory reprennent un rythme ordinaire, puis ensuite il s’agit pour toi de relâcher la pression sur ce qu’il vient de se passer. Tu n’as jamais eu peur pour lui, jamais. Pourtant, il est déjà arrivé avec des blessures importantes mais jamais aucune n’avait eu des conséquences aussi graves. Tu acceptes la main de Rory qui vient faiblement t’enserrer sans la repousser tout de suite avant de te redresser afin de poursuivre les soins. Tu dois te reprendre. Il n’est pas mort, c’est safe, tout est ok. Tu peux te détendre.

Dans un silence qui t’étouffe soudainement -toi qui aimes pourtant le calme et la quiétude-, jetant des coups d’œil très régulièrement à sa respiration et à son visage -guettant la moindre modification de son teint-, tu termines la prise en charge de sa cuisse en appliquant une compresse et un bandage. Les autres blessures, moins profondes, beaucoup plus superficielles, ne te demanderont pas beaucoup de temps et après quelques minutes, après voir tout vérifiée à plusieurs reprises, tu relèves la tête vers lui en retirant tes gants. « J’ai fini. » Simplement. Il tente de se redresser et tu dis : « Vas-y doucement. » Il te remercie et tu lèves les yeux au ciel. « De rien. Ton cadavre aurait fait désordre dans mes ordures ménagères de la semaine. » Il tente de se lever et tu sais que cela ne sert à rien de l’en empêcher ; Rory veut probablement reprendre contact avec la réalité, se rendre compte qu’il peut encore se lever. Tu lui tends la main et l’aides à se mettre debout et il s’appuie sur la table. Il est prudent, c’est bien la première fois. « Ça va ? » demandes-tu en examinant tous ses pansements, à l’affut d’une plaie qui pourrait se rouvrir sous l’effet du mouvement de son corps. Ton regard havane se pose soudainement sur ta main que Rory détient toujours et tu tires dessus pour la récupérer pile au moment où il en fait de même, t’attirant contre lui. Tu t’immobilises, surprise par ce contact si familier, si étrange, si inhabituel. Tes bras tombent légèrement le long de ta silhouette tandis que Rory passe l’une de ses mains dans ton dos. Mais qu’est-ce qu’il me fait celui-là ??? te hurles ton esprit. L’effet de l’anesthésique mêlé à l’adrénaline d’avoir failli mourir, rationnalises-tu. Tu attends patiemment qu’il te relâche, consciente qu’il vient probablement de se rendre compte de la précarité de sa situation et de la fragilité de l’existence humaine. Tu le laisses poser sa tête contre la tienne et tu te surprends à fermer les yeux quelques secondes, profitant de l’instant pour vérifier une fois de plus sa respiration redevenue tranquille. Cela te rassure et tu te détends un peu jusqu’à ce que Rory mette fin à l’étreinte un peu étrangement, de manière un peu brutale. « T’inquiète, je garderai ce moment de faiblesse pour moi. » Tu ne peux t’empêcher de ricaner doucement, pour ne pas montrer à quel point tu ne comprends pas ce qu’il vient de se passer. Mais bon. Après tout, pourquoi pas.

Tu lèves les yeux au ciel en retournant dans la cuisine alors qu’il énonce que ta journée d’anniversaire débute de la meilleure des manières. C’est vrai. Tu places la théière sur le feu et fais chauffer de l’eau. « Je me souviendrais longtemps de mon vingt-neuvième anniversaire, je peux t’en assurer. Pour la peine, tu paieras double aujourd’hui. » dis-tu, un sourire légèrement crispé sur tes lèvres. Tu te penches en avant et emprisonnes ta chevelure dans un chignon haut avant de récupérer deux tasses que tu poses sur le comptoir. Tu tournes la tête vers Rory lorsqu’il t’explique que tu auras le droit à une surprise la prochaine fois que tu passeras sur le Chemin de Traverse. « Je déteste les surprises. » dis-tu et il le sait. C’est ton côté psychorigide, probablement. La peur de ne rien maîtriser, de ne pas pouvoir contrôler ; tu as tout cela en horreur. Mais bon, comment casser son enthousiasme ? Il vient de passer à côté de la mort, il a peut-être envie de te remercier. Tu laisses tomber. Tandis que l’eau commence à bouillir, tu fronces les sourcils et retournes auprès de lui. « Tu fais quoi là ? » alors qu’il reconstitue ses vêtements et qu’il s’apprête à les remettre. « Ne me dis pas que tu penses sincèrement rentrer chez toi l’air de rien Rory Barjow. » dis-tu d’un ton désapprobateur. Tu ricanes et pousses doucement sur son buste pour le forcer à reculer jusqu’au sofa. « Tu vas passer la nuit ici mon gars. Et c’est non négociable en fait. T’as failli mourir, je dois surveiller tes constantes. » D’ailleurs… Tu passes ta main sur son poignet et vérifies sa fréquence cardiaque. « Trop vite. » Pourquoi cela accélère ? C'était redevenu normal tout à l'heure. Il s'est levé depuis, c'est peut-être ça la différence. Tu bougonnes. « Assis-toi. » ordonnes-tu en retournant chercher l’eau chaude et les tasses que tu poses sur la table basse. Tu le laisses se servir s’il en a envie ou non.  Tu t’assois en tailleur juste à ses côtés et retires la sangle avec les couteaux que tu poses à tes côtés. Tu le scrutes attentivement. « Je vais attendre que tu t’endormes. » Encore une fois, le ton est sans appel. Autoritaire toi ? Tellement pas. Il devrait y être habitué depuis le temps, on ne négocie pas avec Alexis Fawley. On ne négocie pas avec Alexis Fawley qui bougonne parce qu’elle est exténuée et qu’elle va passer une nuit blanche supplémentaire. Cela pourrait mal se terminer.
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Mer 18 Aoû - 19:49
If I drift away, will you help me ?
Je suis mort. Peut-être que pour l’espace de quelques instants mais tout de même… Je suis mort. Mon coeur a cessé de battre. J’ai arrêté de respirer. Je. Suis. Mort. Voilà la pensée qui tournait en boucle dans l’esprit de Rory. Je suis mort. Lui qui s’était toujours cru invincible, lui que rien ne semblait pouvoir arrêter, lui pour qui le danger faisait partie intégrante de chacune de ses aventures… Le fonceur dans l’âme qui n’a pas froid aux yeux et revient avec une nouvelle marque sur son corps à chacune de ses escapades. S’en tirer sain et sauf ? Expression et même concept qui lui était inconnu. Risquer sa peau, se blesser, souffrir. Tout ça était normal. Ça faisait partie du métier même. Cette nuit n’avait pas fait exception à la règle. Il avait pourtant pris ses précautions pour ne pas trop rencontrer de problèmes… A croire que le mauvais sort s’était acharné sur lui.
Pensif, Rory ressassait l’idée encore et encore sans parvenir à une explication plausible à ce qui venait de se produire. Il avait failli allonger un peu plus la liste des Barjow décédés. Il aurait vécu 18 ans de plus que Caïn, c’était pas mal déjà. Son père aurait cependant dû rayer un nom supplémentaire sur l’arbre généalogique. Il aurait laissé sa soeur Lilibeth seule avec ce monstre. Cette simple pensée le faisait bouillonner de rage. Comment avait-il pu être si con ? Si imprudent ? Sans Lexi tout était fini.

Lexi. Comme toujours c’était elle qui le sortait de la panade. Elle qui réparait ses erreurs de jugements, ses prises de risques inconsidérées. Lui se coltinait les marques indélébiles et la souffrance pendant des semaines parfois, Lexi, elle, était en charge de lui sauver littéralement les miches. C’était pas après ses aventures dont il avait besoin d’elle, mais pendant ! Elle lui serait probablement d’une plus grande aide, lui le grand maladroit et tête brûlée qu’il était. En y réfléchissant bien, quand Rory partait à l’aventure avec Sean il lui arrivait rarement des merdes pareilles. Il n’était jamais mort avec lui. Probablement parce que ça aurait été définitif cette fois-ci mais quand même, les faits étaient là ! Il n’y avait pas trente six solutions possibles : Lexi devait venir avec lui. Une bonne façon de tester son hypothèse ou du moins voir si c’était lui ou tout simplement les situations qui l’amenaient à se blesser.

Le son de la voix de Lexi le tira de ses pensées sans queues ni têtes. Il observa brièvement les nombreux pansements dont il allait devoir s’occuper pendant des semaines et la remercia. Pour toute réponse, Rory reçu un charmant : « De rien. Ton cadavre aurait fait désordre dans mes ordures ménagères de la semaine. » Dans son état, il n’était plus vraiment à même de rire ou apprécier le cynisme légendaire de son amie. A moitié amorphe, il récupérait tout juste du choc subi par son corps, ses pensées divaguant sans qu’il puisse vraiment avoir de contrôle sur ces dernières. Rory n’était plus que l’ombre de lui-même, éteint. Un peu comme si cette petite étincelle qui l’animait d’ordinaire sommeillait encore. Ce fut non sans mal qu’il se redressa avec l’aide de Lexi, visiblement préoccupée par son état physique. Ne pouvant que constater son regard insistant posé sur lui, Rory réussit à le capter. Sa main gardant celle de la médicomage prisonnière quelque chose s’anima en lui. Incapable de mettre des mots dessus, il ressentait soudain l’envie irrésistible de la prendre dans ses bras. Sans doute pour lui exprimer réellement sa gratitude… Elle venait quand même de le ramener à la vie ! Une journée de boulot tout ce qu’il y a de plus banale pour Lexi, probablement, mais un sacré moment pour lui. Il allait s’en souvenir de ce petit matin du 1er novembre 2020.

Au contact du corps de Lexi contre le sien, il sembla s’apaiser instantanément. Rory sentait bien que quelque chose se passait en lui. Était-ce la gêne de se montrer si tendre envers elle alors qu’ils n’avaient jamais eu de contact auparavant ? Les seuls moments où Lexi le touchait à proprement parler c’était pour le soigner. Ça n’avait rien de doux ni même d’affectueux. A moins que l’on considère aider et sauver quelqu’un comme un signe d’affection… C’était probablement ça… La gêne. Pourtant la gêne ne l’empêcha pas de venir poser sa tête contre la sienne, profitant encore quelques secondes de ce contact si singulier et pourtant étrangement agréable. Un peu comme s’il retrouvait une chaleur dont il avait été privé pendant un long moment. Ça lui paraissait étrange et à la fois si familier qu’il lui fallut littéralement s’arracher de son contact, de son odeur pour retrouver ses esprits. Elle allait lui tomber dessus. Elle allait pas se gêner pour l’assassiner. Au final ce n’était pas sa crise cardiaque qui allait le tuer aujourd’hui mais bien Lexi.
« T’inquiète, je garderai ce moment de faiblesse pour moi. »

Véritable coup de poignard planté en plein coeur. Lexi n’aurait pas pu faire plus blessant. Un exemple de plus que se montrer vulnérable n’apportait rien de bon. Il le savait pourtant. C’était exactement ce type d’attitude qui avait entraîné les premières marques sur son jeune corps. La tête à moitié baissée, il revint capter ses prunelles ambrées dans un regard assassin. Ses sourcils froncés accentuaient la rage qu’on pouvait lire en lui à cet instant précis. Il lui en voulait. Il se relevait tout juste qu’elle le remettait à terre et avec le sourire en plus ?! Comment ose-t-elle ?! Ses iris accusateurs cachaient tout de même partiellement une profonde tristesse. Ça lui apprendra à vouloir témoigner de la reconnaissance et de l’affection… Si elle avait tant que ça détesté ce contact, il y avait quand même des moyens plus diplomates de dire les choses !

Rory se forçat tant bien que mal à prendre sur lui. Il n’allait pas se mettre à s’énerver pour une simple phrase. Il ne pouvait plus se permettre de paraître faible face à elle, pas en sachant comment elle réagissait et les missiles qu’elle lui envoyait par la suite. Il tenta donc de changer de sujet bien qu’intérieurement, un ouragan ravageait tout sur son passage. « Il va falloir que je me rattrape… On peut pas dire que ta journée d’anniversaire commence bien ! » Un moyen de distraction comme un autre pour ne pas partir dans les explosions d’émotions fortes. Un exploit venant de la part de Rory ! « Je me souviendrais longtemps de mon vingt-neuvième anniversaire, je peux t’en assurer. Pour la peine, tu paieras double aujourd’hui. » L’observant s’afférer en cuisine, il n’avait pas bougé du rebord de la table sur lequel il était appuyé, se penchant simplement pour récupérer sa baguette. La dernière phrase de son amie piqua cependant sa curiosité. Il s’arrêta dans son geste et tourna la tête vers elle. « Je vais payer double ? J’ai déjà payé de ma vie sur ton carrelage de cuisine ! Qu’est-ce que tu veux de plus venant de moi ?! » Rory craignait le pire. Il tenta donc de l’amadouer, se doutant avant même d’avoir prononcé sa phrase de la réaction qu’elle provoquerait chez Lexi. « Je déteste les surprises. » Ah bah ça alors, quelle surprise !!! En levant les yeux au ciel, il précisa donc. « La surprise c’est qu’il n’y a pas de surprise andouille ! » Il commençait à bien la connaître pour savoir que tenter de lui faire plaisir sur une intuition était une très mauvaise idée. A cette simple pensée, un bref sourire agacé étira ses lèvres tandis qu’il reconstituait ses vêtements en un coup de baguette. Un accio et il se retrouvait avec son pantalon et tee-shirt dans la main avant que Lexi ne lui tombe dessus. « Tu fais quoi là ? » Un peu incrédule, il releva les yeux vers elle, ayant tout juste le temps d’articuler un simple « Ben… » avant qu’elle ne continue. « Ne me dis pas que tu penses sincèrement rentrer chez toi l’air de rien Rory Barjow. » Ben si en fait ! Rory ne comprenait plus ce qui était en train de se passer. A quel moment espérait-elle qu’il reste là ?! Il était en caleçon, blessé, complètement exténué, en redescente de psychotropes, venait de se prendre la pire remarque qu’il ait jamais eu et… Ah oui ! Il avait fait un arrêt cardiaque. Il n’avait qu’une seule envie : transplaner pour retrouver son appartement et surtout son lit. Ainsi, quand elle commença à le pousser en direction du canapé, Rory se mit à pester. « Mais t’es pas sérieuse là ?! » Bien obligé de reculer, il clopinait à moitié, portant dans ses bras tee-shirt, pantalon et baguette. Continuant de râler à mesure qu’il rejoignait difficilement le canapé sur une jambe, il tentait surtout d’avancer plus vite qu’elle ne le poussait. Il fuyait comme il le pouvait le contact de sa main. Allez savoir pourquoi, la sentir posée contre son torse le perturbait. Son coeur s’était soudain accéléré, ses mains étaient devenues moites et il ne voulait plus la regarder dans les yeux. « Tu vas passer la nuit ici mon gars. Et c’est non négociable en fait. T’as failli mourir, je dois surveiller tes constantes. » QUOI?! Fronçant les sourcils, il releva la tête vers elle, butant contre le canapé. « Cette bonne excuse… » grommela-t-il. Il était piégé. Un frisson le parcourut quand Lexi glissa ses doigts sur son poignet pour prendre son pouls. « Trop vite. » A ce diagnostic qui le trahissait, Rory retira d’un mouvement sec son poignet de sa prise, visiblement mécontent de la tournure des événements. « Assis-toi. » Tel un gamin puni, il prit place, non sans une certaine difficulté, sur le canapé alors que Lexi repartait.

Il était fait comme un rat. Tandis qu’un profond soupir s’arracha de ses lèvres, Rory tentait d’élaborer un plan de repli, fixant le bois de la table basse, les sourcils froncés. Lui lancer un sortilège de confusion pour s’évader ? Attendre qu’elle s’endorme pour pouvoir partir… ? Il n’y avait pas beaucoup de possibilités s’offrant à lui. Rory allait devoir la convaincre. En attendant, avant qu’elle ne revienne avec le thé, il prit la peine d’attirer avec un nouveau accio son long manteau noir posé à même le sol de la cuisine. Il l’enfila, s’extirpant une petit grimace quand son bras gauche dû s’introduire dans sa manche, tirant inévitablement sur les blessures de son flanc. S’il devait rester un peu ici, au moins il serait un peu couvert plutôt qu’en simple caleçon. Le thé était également bienvenue. Sans trop faire attention à la médicomage, Rory se rapprocha de la table basse pour se servir une tasse, ne remarquant pas où elle s’était assise et surtout son regard insistant. Ce fut quand elle prononça ces mots terribles qu’il tourna subitement la tête. « Je vais attendre que tu t’endormes. » Instinctivement, Rory lâcha un « Pardon ?! » Il remarqua par la même occasion sa proximité et son regard intense posé sur lui. Esquissant un mouvement de recul, il reposa son sachet de thé infusé sur une petite assiette avant de s’exclamer. « Et tu vas me border peut-être aussi, non ?! Lexi, désolée de te l’annoncer, je sais que tu en rêves mais tu ne vas pas me veiller ! Il en est hors de question ! Puis arrête de me fixer comme ça putain ! » Grogna-t-il en cherchant à s’enfoncer un peu plus loin dans le cuir du canapé, mal à l’aise par cet intérêt soudain qu’elle semblait avoir pour sa personne. « On est pas à Sainte Mangouste ! Et même si on y était, tu sais très bien que j’ai le droit de me barrer si ça me chante. T’as fait ton boulot, le reste ça me concerne. » N’arrivant plus à la regarder droit dans les yeux de part sa proximité, il émit un bref son témoignant son agacement. « A la rigueur si vraiment tu veux t’assurer que ça ira, donne moi un de tes stabilisants ou je sais pas quoi là et va te coucher. Je repartirai après m’être un peu reposé, c’est promis ! » Il était prêt à faire cette concession là pour qu’elle lâche un peu de lest. D’une certaine façon, même si un animagus n’adopte pas d’attitude animale une fois son processus d’apprentissage achevé, il se sentait plus parfois renard qu’humain. Il n’y avait rien de plus inconfortable pour lui que de se sentir pris au piège, incapable de tout mouvement. Exactement ce que Lexi lui faisait ressentir. Après avoir bu une gorgée de son thé, il rejeta un regard à la jeune femme avant de commencer à se décaler pour s’éloigner d’elle. « Et puis arrête de me fixer, putain ! » Il prit place un peu plus loin sur le canapé, ramenant les pans de son manteau sur son corps à moitié dénudé et prit une nouvelle gorgée de thé pour se réchauffer. L’adrénaline retombant doucement, Rory commençait à avoir un peu froid. Après tout, il était en caleçon, venait de se faire soigner pour des blessures dont une sévère, son coeur s’était arrêté sans compter qu’on était en plein hiver !
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Alexis Fawley
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chaque coup que tu reçois
Ricoche et me frappe deux fois
Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Lorsque Rory se redresse, tu désapprouves l’idée mais tu lui concèdes ce petit caprice. S’il n’y avait que toi, tu lui aurais dressé un petit coin douillet directement sur le plancher où il vient de perdre quelques litres d’hémoglobine et où son corps a bien failli lâcher. Mais tu n’as pas vraiment envie de te battre maintenant et de devoir jouer au rabat-joie même si tu en meurs d’envie. Tu accuses le coup. Tu accuses le coup de tes erreurs et une certaine culpabilité t’envahit alors que tu te sens obligée d’être narquoise et sarcastique, plaisantant de l’hypothétique mort de Rory pour ne pas imaginer que cela aurait véritablement pu arriver. Que tu aurais pu rompre ta promesse de ne jamais laisser un proche mourir. Tu te sens troublée et désillusionnée à cette idée, ne sachant pas vraiment comme accueillir cet aveu de faiblesse. Tu l’es encore davantage alors que Rory brise la barrière invisible qui a toujours existé entre vous, t’obligeant à faire ressortir cette partie de ta personnalité qui prend le dessus lorsque tu es déstabilisée : le côté railleur. C’est tellement plus facile de mettre à distance ce que tu peux ressentir ou penser, comme cela, tu n’es pas déçue. Tu ne veux pas te montrer vulnérable, te laisser aller, tu ne veux pas qu’on puisse t’atteindre, cela fait trop mal, cela fait trop souffrir. Tu préfères de loin paraître indifférente. Et puis avec Rory, c’est facile, vous avez toujours fonctionné sur un mode sarcastique donc tu ne prends pas trop de risque. Pourtant, alors que tu le repousses et que tu lui offres une énième remarque piquante, la réaction de Rory n’est pas celle escomptée. Il ne rit pas, il ne sourit pas, il ne lève pas les yeux au ciel. Sa tête se relève doucement et ses yeux viennent percuter les tiens et ce que tu y vois ne t’est pas du tout familier. Tu ne sais pas pourquoi, Rory a l’air… déçu ? Déçu de quoi ? Ses sourcils sont froncés, ses prunelles se sont assombries d’une lueur étrange que tu ne parviens pas à définir. Qu’as-tu fait ? Qu’as-tu dit ? Tu as simplement perpétué votre manière de communiquer, c’est ainsi que tu fonctionnes et il le sait. C’est ainsi que tu te protèges des affects et des sentiments que tu pourrais bien ressentir. Pourquoi cela le dérange maintenant ? Tu n’en sais rien et tu décides de ne pas creuser davantage. Qu’il boude s’il a envie.

Rory ne semble pas s’en formaliser davantage car il change de sujet, expliquant qu’il souhaite te remercier pour tout cela en t’invitant à la boutique. Tu n’y es pas allée très souvent mais il est vrai qu’on y trouve de nombreux objets très intéressants qui peuvent s’avérer utiles dans de bien nombreuses situations. Mais une surprise, c’est non, c’est hors de question. « Ah bah écoute, les frais de ménage, ça coûte cher. » dis-tu en plaisantant alors qu’il s’esclaffe sur le fait qu’il ne souhaite pas payer double. Tu as bien envie de répliquer que comme tu ne le fais pas payer, le double de zéro ça fait zéro mais tu gardes cette réflexion pour toi. Rory est bizarre ce soir. Enfin, il est bizarre depuis que tu l’as réanimé. Est-ce la perspective d’avoir frôlé la mort qui le met dans cet état-là ? Probable. Possible. Les deux comparses continuent de se chamailler et de se lancer des piques et tu lèves les yeux au ciel alors qu’il te traite d’andouille. « Andouille ? Première fois qu’on m’affuble de ce sobriquet. » Tu mets ça sur le compte de l’anxiété. Il faudrait peut-être lui prescrire de quoi dormir, sinon il va passer le reste de la nuit à ruminer, tu vas vérifier tout cela une fois qu’il sera installé pour se coucher.

Alors que tu t’apprêtes à préparer le thé, Rory fait ce qu’il ne fallait pas faire. Essayer de se barrer. Mais qu’il est con. Le ton que tu emploies est sans appel lorsque tu lui annonces qu’il va rester ici et qu’il va également dormir là. Le jeune homme ne semble pas prendre très bien ta « recommandation ». Mais qu’est-ce qu’il a dans le cul lui là putain ?? commences-tu à grommeler intérieurement. Tobias et Kesabel n’ont jamais fait autant de manière et s’en sont toujours remis à ton jugement en ce qui concerne la marche à suivre pour la suite de leurs soins, ils n’ont jamais contredit tes choix et ne les ont jamais remis en cause. Et lui il se le permet ? Tu as vraiment envie de le remettre à sa place, tu as presque envie de lui balancer un sortilège de saucisson pour lui faire passer l’envie de discuter tes décisions. Au moment où tu allais mettre ton plan à exécution, Rory capitule et s’affale sur le canapé. Sage résolution. Tu reviens avec le thé et lui fais part de tes intentions. Tu es trop angoissée pour te rendormir de toute manière, tu ne penses pas dormir jusqu’à ce qu’il se réveille d’ailleurs. Le thé te tiendra éveillée, tu veux surveiller ses constantes toutes les dix minutes. Ce qui vient d’arriver est trop déstabilisant, trop culpabilisant, trop difficile à encaisser. « Pardon ?! » Son ton te fait sursauter. Inquiète, tu fronces les sourcils et tentes de comprendre ce qui l’embête puis les mots qu’il prononce ensuite te permettent enfin de comprendre. D’accord. Monsieur est blessé dans son orgueil de mâle. Génial. Mais putain. Il abuse. Tu ne dis pas un mot, tu le laisses déverser tout ce qu’il a sur le cœur afin de pouvoir mieux analyser la situation dans son ensemble. C’est ainsi que tu fonctionnes : observation, réaction. Tu continues de le fixer alors qu’il t’intime expressément d’arrêter de le faire, mais t’en as rien à foutre. Tu veux déceler la moindre trace de changement de couleur dans son grain de peau, la moindre goute de sueur qui viendrait perler sur son front, synonyme de la température qui remonte, le moindre frisson, le moindre râle de douleur. « Et puis arrête de me fixer, putain ! » Il s’éloigne de toi, mettant un peu de distance entre vous et tu hausses les sourcils. D’accord.. Tu le regardes s’enfoncer dans le canapé et s’emmitoufler dans son manteau et tu demandes : « T’as froid ? » C’est une éventualité que tu n’avais pas soulevé. Tu travailles dans une morgue où il fait à peine huit degrés tout le long de l’année, tu es habituée au froid. Alors actuellement, tu te sens relativement à l’aise dans ta tenue mais ce n’est apparemment pas le cas de Rory. Et puis, au-delà du froid, il y a les blessures. S’il a froid, ce n’est pas bon signe. Sans attendre sa réponse, tu poses ta tasse et te diriges vers ta chambre. Dans un des tiroirs, tu sors un tee-shirt noir que Kesabel a dû oublier un soir et attrapes un de tes vieux joggings dans lequel tu fais parfois ton sport. Il est assez ample pour aller à Rory. Tu retournes dans le salon et dis : « Mets ça, tu seras plus confortable. » Tu sors également un plaid rangé sous la table basse et le lui tends. Avant de te rassoir, tu poses ta paume de main sur son front et tu es rassurée de sentir sa peau tiède sous tes doigts. « Ok. » dis-tu, plus pour toi que pour lui.

Tu gardes le silence quelques instants et bois quelques gorgées de ton thé. Tu veux mettre certaines choses au clair. « Alors déjà Rory, juste pour info. Je te rappelle que j’ai vingt-neuf ans et t’as pas à me dire quoi faire. Donc si je veux te veiller toute la nuit, je suis dans mon droit en tant que médicomage référente. Et en tant qu’amie. J’ai le droit de m’inquiéter, j’ai le droit de vouloir te surveiller. J’ai le putain de droit d’être certaine que quand je vais me lever, j’vais pas avoir un putain de cadavre refroidi sur mon canapé. » Et cette fois, cela n’a rien à voir avec les ordures ménagères comme tu as pu en plaisanter tout à l’heure. « J’ai pas non plus envie d’apprendre dans les journaux que t’es mort dans ton putain d’appart de luxe. » Cela fait beaucoup de putains en quelques phrases dis-donc. Tes mots sont durs mais l’intonation est sérieuse, tu ne plaisantes plus. « Je te fixe parce que je m’en veux de ne pas t’avoir assez fixée. » Tu expliques. « Tout à l’heure, quand je te soignais. Je suis tellement habituée à tes conneries que j’en ai oublié la base en médicomagie. Toujours rester sur ses gardes. Je ne l’ai pas été. J’ai pas vu que tu te sentais mal. J’ai pas vu les signes. » Tu baisses la tête sur ton thé et la colère s’empare de toi. Tu n’es pas furieuse contre Rory, tu es furieuse contre toi-même. Tu dis : « La crise cardiaque, c’est ma faute. » Tu secoues la tête  et tu dis : « Alors tu me fais le plaisir de dormir et tu me fais le plaisir de pas mourir, merci. J’ai eu assez de frayeur pour ce soir d’accord ? » dis-tu doucement. Tu t'es légèrement radoucie mais il ne suffit d'un rien pour que le volcan gronde à nouveau, il a intérêt à filer droit sinon tu n'hésiteras pas à mettre ta menace du sortilège de saucisson à l'exécution.
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Ven 20 Aoû - 11:46
If I drift away, will you help me ?
La soirée, ou la matinée comme vous préférez, prenait une tournure plus qu’étrange, crise cardiaque mise à part. Comment d’une simple blessure ils en étaient arrivés là ? A ce que Rory soit réanimé sur le sol de la cuisine de Lexi, se prenne un revers monumental alors qu’il lui exprimait « seulement » lol sa reconnaissance et se fasse houspiller parce qu’il voulait la remercier avec un cadeau. Quelque chose lui échappait dans cette équation. Normalement elle aurait dû se jeter sur lui face à tant de bonté de sa part. Non ? Bon… Tans pis. Il était habitué après tout à son cynisme et sarcasme, ils avaient toujours eu ce type d’interactions. Toutefois quelque chose avait changé. Quelque chose s’était brisé en lui depuis qu’il avait repris conscience sur le sol glacé de la cuisine. Oui c’était bien ça. Il était différent. Pas étonnant finalement que Lexi ne comprenne plus son comportement. Elle fonctionnait toujours normalement, elle. Fallait juste espérer que ça lui passe maintenant. Comme tout de toute façon, ces brefs moments de changements et d’illuminations ne faisaient que lui passer… Il allait arrêter de la voir pendant quelques semaines et quand il reprendrait contact, sa mystérieuse envie de la toucher aurait disparue. C’était aussi simple que ça. Problème réglé !

A l’évocation des frais de ménage, Rory eut un bref sourire amusé. Il était mort l’espace d’un instant et elle pensait à ce que cela allait lui coûter pour faire partir le sang. Du Lexi tout craché ça ! Il suffisait d’une petite potion maison, un coup de baguette et si elle s’y prenait bien, le problème était facilement réglé voyons. Il avait largement de quoi faire l’affaire à la boutique d’ailleurs mais sa réaction face à la possibilité qu’il ait envie de lui faire une surprise le refroidit un peu. Bien qu’il jugea bon de lui préciser vaguement ce qu’il avait en tête, Lexi sembla plus s’intéresser au simple « andouille » prononcé à la va-vite qu’au reste de sa phrase. Oh et puis tant pis pour elle, hein ! Tu vas pas te casser le cul pour une meuf qui t’es même pas reconnaissante quand même ! N’écoutant que d’une oreille distraite sa voix intérieure, il réfléchissait déjà à comment il allait se débrouiller pour rentrer jusqu’à ce qu’elle l’interrompe. Tout s’enchaîna si vite par la suite que Rory ne comprit pas bien comment il se retrouvait forcé à dormir sur place. A bien y réfléchir, ce n’était jamais arrivé d’ailleurs. Les blessures de Rory lui avaient toujours permis de repartir. C’était probablement cette perspective d’une première ici qui ne l’enchantait guère… Allez savoir.

Ce fut la dernière phrase qui finit de l’achever. Ne se sentant pas à même de se reposer si Lexi le fixait de la sorte, Rory ne réfléchit pas plus longtemps (pour changer) avant de lâcher ce qu’il avait sur le coeur. Non seulement l’idée de rester sur place, en sa compagnie, après le geste qu’il avait eu envers elle le mettait mal à l’aise mais en plus elle voulait le fixer jusqu’à ce qu’il trouve le sommeil ? C’était un peu trop là… Qui pourrait dormir dans de telles conditions ? Épié de la sorte ? Il décida finalement de mettre un peu de distance entre eux, sa proximité avait un effet indésirable sur son rythme cardiaque sans qu’il ne comprenne vraiment ce qui lui arrivait. Emprisonnant sa tasse dans la paume de ses mains, il tentait de conserver sa chaleur comme il le pouvait, simplement vêtu de son grand manteau. Un fait qui, puisque Lexi ne l’avait toujours pas lâché du regard, ne lui échappa pas. Rory la regarda partir dans sa chambre du coin de l’oeil, finissant sa tasse de thé avec une certaine avidité. Quand elle revint vers lui, il se saisit de ce qu’elle lui tendait, observant ses possibilités pour passer la nuit un peu plus au chaud. Surpris dans son inspection par la main de Lexi sur son front, il releva légèrement les yeux vers elle. Rory préféra ne rien dire, à quoi bon la contrarier alors que visiblement elle était obnubilée par son état. Une fois qu’elle se rassit, il déposa le plaid à ses côtés et retira en grimaçant son manteau. Plutôt que de passer le tee-shirt noir devant probablement appartenir à un de ses exs, Rory enfila son haut blanc qu’il avait reconstitué. Il préférait largement son propre vêtement à celui d’un autre. Une manche après l’autre, il évitait les mouvements amples pour ne pas trop tirer sur son flanc douloureux. Enfiler le jogging fut une autre paire de manche. Il tenta d’abord de se lever, prenant appui sur le canapé pour ne pas mettre de poids sur sa jambe puis finalement réussit à le passer à moitié assis sur le sofa. Laissant son manteau de côté, il préféra passer sur ses épaules le plaid de Lexi avant de se rasseoir, épuisé de toute cette agitation pour juste deux bouts de tissu.

Alors qu’il espérait un peu de quiétude, Lexi prit la parole. Il fallait s’y attendre, elle était agacée cependant, le mot « amie » sortant de sa bouche le fit tiquer. Son regard se posa sur elle alors qu’elle lui exprimait son inquiétude. Non mais attends, je rêve où elle est en train de dire qu’elle tiens à moi là ?! WTF ! Elle a foutu un truc dans le thé c’est pas possible ! J’hallucine complet. C’était bien la première fois qu’une telle chose était verbalisée entre eux. Si Lexi s’inquiétait pour lui, si elle voulait être sûre qu’elle n’allait pas apprendre sa mort d’une façon ou d’une autre c’est qu’il avait une certaine forme d’importance à ses yeux. Cette éventualité eut l’effet d’une bombe en lui. Le coeur serré, battant de façon complètement erratique, il était perdu. Le regard rivé au sol, triturant machinalement ses ongles, Rory ne savait plus que penser. Lui qui s’était énervé en prenant simplement en considération sa petite gêne débile se retrouvait bien con. Comme d’habitude, il avait fallut quelques mots à la jeune femme pour calmer les ardeurs de l’impétueux héritier. « Je te fixe parce que je m’en veux de ne pas t’avoir assez fixée. » A cette phrase il fronça les sourcils, ne comprenant pas où elle voulait en venir. Par réflexe il releva la tête vers elle avant de comprendre. Comment pouvait-elle s’en vouloir alors qu’elle l’avait sauvé ! La colère qu’elle laissait transparaître attristait Rory. Il se sentait coupable. « La crise cardiaque, c’est ma faute. » Non. Refusant cette vérité qu’elle était en train de se fabriquer, il fronça les sourcils en secouant à son tour la tête. Il ne pouvait pas la laisser penser une telle absurdité !

A peine eut-elle fini de parler qu’il se redressa péniblement. Revenant s’asseoir à ses côtés, il évalua assez mal le fait qu’avec sa blessure à la cuisse il contrôlait plus difficilement ses mouvements et se retrouva pratiquement collé à elle sur le canapé. A part lors de l’étreinte qu’il lui avait volée, leurs corps et visages n’avaient jamais été aussi proches. Il préféra ne pas s’en formaliser, bien trop préoccupé par les paroles qu’elle venait de tenir. Son regard rivé sur le visage de Lexi, il resta silencieux un instant et en constatant qu’elle ne venait pas à la rencontre de ses prunelles, Rory glissa son majeur droit sous son menton pour lui relever la tête. Une fois que leurs iris s’accrochèrent, il retira doucement son doigt. « Lex’… C’est de ma faute également. J’ai clairement fait le con ce soir ! Entre la racine que j’ai malgré moi mâchée, la poudre pour me tenir en éveil et le fait de marcher jusqu’à chez toi… J’aurais très bien pu appeler de l’aide depuis là où j’étais mais je sais pas, j’ai l’habitude que ça soit toi. J’avais envie que ça soit toi. » soupira-t-il en baissant les yeux pour fixer les pans du plaid qui l’entourait. C’était bien une première : Rory qui avouait ses torts ! C’est bien parce que c’est Lexi, tiens ! « Tu m’as sauvé. » dit-il en tournant à nouveau son visage vers le sien. « Tu m’as littéralement sauvé la vie Lex’ ! » Insista-t-il avant de reprendre. « Peut-être que tu n’as pas vu tout de suite que j’allais pas bien mais comment tu pouvais savoir ?! Même moi je l’ai su au dernier moment à cause du putain de cocktail que j’avais dans le sang. Alors, culpabilise pas pour ça s’il te plaît… » En prononçant ces derniers mots, sa main vint se poser sur la sienne pour quelques secondes. C’était lui qui s’en voulait de lui avoir fait une frayeur pareille. Qu’il avait été con sur ce coup là…

Un bref soupir lui échappa avant qu’il ne s’avance légèrement pour se servir une nouvelle tasse de thé, il en profita pour en reverser également à Lexi et reprit place dans le canapé. Il porta le liquide à sa bouche, l’air pensif. Finalement, après quelques instants il brisa le silence qui s’était installé. « J’ai juste peur d’une chose… » soupira-t-il avant de la fixer, l’air toujours aussi préoccupé. « J’ai peur qu’à force de me regarder dormir tu finisses par tomber sous mon charme. » dit-il avec un sourire de plus en plus malicieux étirant ses lèvres. Il fallait qu’il détende un peu l’atmosphère. Entre la culpabilité de Lexi et sa tristesse de la mettre dans un état pareil par sa bêtise sans fin, tout ce qui lui restait c’était de l’amuser au final. Son sourire vint mourir une nouvelle fois contre sa tasse dont il ingurgita toute la contenance. Reposant sa tête sur le dossier du canapé, il ferma les yeux dans un soupir trahissant sa fatigue. « Promis je vais essayer de pas mourir… Pas ce soir du moins. » lâcha-t-il, les yeux clos en cherchant le repos que Lexi désirait tant qu’il trouve. Bien qu’il était exténué, il s’en voulait de lui faire subir ça. Elle allait le veiller pendant son sommeil après tout ce qu’elle avait fait pour lui et la fatigue bien plus conséquente qu’elle devait accumuler. Pour lui témoigner son soutien et sa reconnaissance, il vint simplement capturer sa main dans la sienne, la serrant doucement avant de la relâcher.
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Ven 20 Aoû - 23:20
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Ricoche et me frappe deux fois
Appartement d'Alexis, nuit de novembre 2020Alors que tu déambules dans ta chambre à la recherche de vêtements propres pour Rory, tu sens la colère qui bouillonne en toi et qui ne s’atténue pas. Tu te sens tellement coupable. Tu es pourtant d’ordinaire si sûre de toi, si sûre de tes compétences et de ton expertise médicomagique. Tu as terminé major de ta promotion, avec des appréciations élogieuses sur ton travail méticuleux, propre et très précis. Pour autant, alors que tu soignais Rory, tu as commis une erreur de débutante, digne d’un étudiant de première année ; tu t’es laissée endormir par l’habitude, par la manière dont les soins de Rory se passaient d’ordinaire. Lui faisant l’idiot, toi n’y prêtant que peu d’attention à force. Et pourtant, tu aurais pu déceler avant les signes avant-coureurs de la crise cardiaque et il est très difficile pour toi de l’admettre. Tu as toujours eu foi en tes capacités, c’est ce qui te permet aujourd’hui d’être là où tu en es : tu crois en toi, tu crois en Alexis Fawley parce que personne n’y a jamais cru. Certainement pas tes parents, morts et enterrés depuis des années ; eux n’ont jamais su voir le potentiel de la femme que tu pouvais bien devenir. Alors admettre aujourd’hui que cette erreur aurait pu tuer le jeune Barjow, cela remet en cause toutes tes certitudes. Ton mur de glace s’effondre et s’envolent avec lui toutes tes convictions.

Tu reviens vers Rory avec le jogging et le tee-shirt que tu lui tends. Tu le regardes s’en emparer, observer les bouts de tissus et préférer renfiler son vieux tee-shirt blanc sale. Ok, les hommes aiment être dans leur crasse et effluves corporelles. « Quoi ? T’aimes pas l’odeur de ma lessive ? » dis-tu d’un ton légèrement agacé avant de lever les yeux au ciel. Tu devines que sa fierté l’empêche de te demander de l’aide pour mettre son jogging mais tu restes à l’affut du moindre signe de faiblesse, prête à lui porter une main secourable au besoin. Ensuite, il se couvre avec le plaid que tu lui as donné et se réinstalle dans le sofa. Tu lui expliques ensuite ce qui te tracasse, la raison du pourquoi tu ne peux t’empêcher de le fixer ainsi alors que Monsieur s’en offusque comme si c’était si grave. En vérité, tu l’as déjà souvent regardé Rory. Lors de tes auscultations, lors des soins, bien entendu, tu as toujours surveillé si tout allait bien. Pourquoi s’en formalise-t-il aujourd’hui ? Tu mets encore cela sous le coup des émotions, du choc d’avoir failli y laisser sa peau. Après tes explications, tu te concentres sur ta tasse de thé et regardes la fumée s’en échapper. Tu vois du coin de l’œil que Rory se lève à nouveau et tu t’apprêtes à émettre une énième remontrance mais tu t’arrêtes alors qu’il s’installe à tes côtés. Vraiment à tes côtés, au point que tu peux sentir la chaleur de son corps se mêler à la tienne. Tu continues de fixer la tasse jusqu’à ce que les doigts de Rory viennent à ta rencontre, forçant ton menton à te regarder. « Ah bah c’est clair que pour faire le con, t’as fait le con. » dis-tu d’un ton un peu sec, témoignant de ton agacement. « C’est vrai ça d’ailleurs, t’aurais pu envoyer un message, un patronus ou j’sais pas quoi. » Il faudra garder l’idée pour la prochaine fois. Quelle prochaine fois ? Tu refuses qu’il y ait une prochaine fois, tu refuses qu’il y ait une prochaine fois où Rory se vide de son sang sur le parquet. Putain, faut qu’il devienne plus prudent cet abruti. Il n’y a pas d’autres moyens autrement. Tu ne pourras pas toujours lui sauver la mise. « Je sais que t’as l’habitude que ce soit moi Rory, mais il faudrait peut-être envisager un autre mode de communication plus pratique et moins contraignant qui me permettrait de venir directement te chercher en cas de blessures trop graves, je sais pas… Pourquoi t’as pas transplané en fait ? T’étais trop défoncé ou quoi ? » grommèles-tu. Tu n’attends pas spécialement de réponse à cette question. Probablement la peur d’être désartibulé. Il faut dire que tu as trop l’habitude que Kesabel se pointe de cette manière peu importe le type de blessures à soigner mais Kesabel est loin d’être quelqu’un de très prudent.

Tu lèves à nouveau les yeux vers lui lorsqu’il t’affirme que tu l’as sauvé. Oui c’est vrai, tu l’as sauvé. Mais à quel prix ? Après combien d’erreurs accumulées ? Rory tente de te déculpabiliser en disant qu’avec le mélange qu’il avait avalé, il ne s’en est même pas rendu compte lui-même. « Ouais t’as raison en fait. C’est de ta faute. » dis-tu sans y croire vraiment mais bon. T’as pas envie qu’il remue davantage le couteau dans la plaie. Tes yeux se perdent sur le mur derrière Rory, tu restes pensive. Le contact de la main de Rory sur la tienne te surprend alors qu’il tente de te témoigner toute ta gratitude par le biais de ce simple geste. Tu ne sais pas bien comment réagir à ça, encore trop perdue dans tes réflexions par rapport à ce qu’il s’est passé tout à l’heure.

Rory se ressert et en profite pour verser un peu plus d’eau dans la tienne. Un silence s’installe ; vos interrogations et vos pensées pourraient presque s’entendre. Cela chemine dans vos têtes. « De quoi ? » demandes-tu lorsque Rory brise le silence en expliquant qu’il a peur d’une seule chose. Tu hausses un sourcil et tu répliques aussi sec : « Mouais, j’ai une autre hypothèse en tête. T’es tellement fatiguant que ça m’endort déjà. » Tu secoues la tête. Sous son charme, lol, manquerait plus que ça. Rory est joli garçon, il ne faut pas se mentir mais vos rapports n’ont jamais été de cet ordre là et tu avoues que tu ne sais pas vraiment à quoi t’en tenir non plus. Pour le coup, la réputation de Rory n’est pas tellement à faire : il enchaîne les conquêtes. Tu le regardes s’allonger dans le canapé et fermer les yeux avant de promettre de ne pas passer l’arme à gauche. « Pas ce soir, ni les autres soirs s’il te plaît. » demandes-tu un peu amusée. Tu es plus détendue maintenant que tu sais qu'il va rester et que tu vas pouvoir le surveiller. Rory s’empare à nouveau de ta main pour quelques secondes et tu regardes sans trop savoir quoi faire vos paumes se nouer avant de se défaire. Ces nouveaux contacts t’électrisent et tu ne sais pas vraiment comment les accueillir, encore moins si tu souhaites qu'ils se reproduisent. Tu ne dis plus un mot le regardant chercher le sommeil qui ne tarde pas à le gagner. Tu termines ta tasse et attrapes l’un de tes couteaux posés sur la table basse. Tu es épuisée toi aussi mais il est hors de question de dormir maintenant. Tu fais tournoyer et tournoyer encore et encore la lame entre tes doigts, le contact froid et rassurant de celle-ci t’empêchant de sombrer dans les bras de Morphée. Vérifiant de temps à autres la température de Rory, tu veilles jusqu’à ce que l’aube se lève avant que la fatigue n’ait raison de toi à ton tour, te plongeant dans un profond sommeil.
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