Les bavboules folles

Entre les cours, les projets, les entraînements et les parties de Quidditch, je ne manquais pas de m’ennuyer. Puis, cela il m’en fallait parce que depuis quelques temps, Raphi semblait plus distant. Malgré que nous avions toujours aussi peu de temps pour nous voir, c’était normal, ses appels et ses réponses SMS se faisaient un peu plus rares. J’avais donc décidé de lui laisser plus d’espace. Certes, j’avais peur … Peur … Cette peur qui, parfois, m’enserrais le cœur le soir lorsque je voulais m’endormir. Il ne m’aimait plus ? Comme tout l’autre avant lui … Comme tous … Non ! Je m’en faisais trop, pour rien. Il avait sûrement trop de travail, trop d’entraînements … Je ne savais pas. Je devrais le lui demander non ? Non ?

Mais je craignais de connaître la vérité. Parce que … Parce que moi je l’aimais du fond de mon cœur. C’était lui qui m’avait fait me sentir en confiance malgré mes maladresses, malgré mes bavardages incessants.

Je devais avouer avoir, ainsi, délaisser le club des bavboules ces derniers mois. Certes, depuis quelques semaines, j’aimais m’emplir la tête de toutes choses m’occupant et ne pensant pas pour rien. Avec des journées aussi remplies, le soir je tombais donc dans mon lit, morte de fatigue évitant, ainsi, de laisser mes pensées s’égarer dans un miasme d’amour et de peur, de douleur.

Aujourd’hui, on venait justement d’avoir une compétition de bavboules organisée par mes soins depuis des semaines. Souhaitant m’excuser pour mes absences répétées à chaque séance ces mois passés, j’avais pensé tenter de remonter la popularité du club en instaurant un petit concours. Bon ok, je n’avais pas gagné. Bon ok, peut-être que la présence de la professeure Carrow vice-directrice de l’université, m’avait légèrement intimidé. Plusieurs fois, j’avais fait des lancés maladroits faisant rire de moi par les uns, mais encouragés par les autres. Évidemment, on savait que les rires provenaient des Serpentard. Je tentais de les ignorer, mais les exercices donnés par le professeur McFusty ne donnaient rien aujourd’hui. Outre la présence de la professeur Carrow, ce n’était sûrement pas le bon moment pour moi de compétitionner en bavboules. Je manquais d’entraînement et je pensais … Trop … Beaucoup trop en ce moment …

- Félicitations Travis ! félicitais-je l’un de mes amis du club, un Gryfondor vaillant et gentil malgré ses grands airs. Tu l’as mérité cette victoire !

Il me sourit, le rouge lui montant aux joues, fort surpris, par mes compliments. Bon, mon attitude sérieuse de la compétition ne signifiait quand même pas que je voulais le transformer maintenant en porte-manteau. Voyons. Je n’étais pas méchante et même plutôt sincère lui souriant chaleureusement. Je lui avais donc donné le premier prix de la compétition : 5 cartes chocogrenouilles rares.

Alors qu’il recevait encore les félicitations de tous et chacun, certains trouvant même l’intérêt à s’inscrire dans le club si lui s’y trouvait : en fait, c’était surtout « certaines ». Ça gloussait comme des poules dans la pièce dédiée aux bavboules aujourd’hui.

Je me mettais donc au rangement des effets matériels lorsque, du coin de l’œil, je voyais la silhouette de la vice-directrice Carrow approcher de Travis. Penchée au-dessus d’une boîte en bois, je me tournais vers eux, sincèrement heureuse qu’elle s’intéresse aux Bavboules. Peut-être que si elle le faisait, Helios le ferait et … Les Serpentard arrêteraient de rire de nous. Oui bon, il y avait des Serpentard dans le club, mais ils étaient très peu nombreux. Je ramenais mon attention sur la boîte rangeant les petites boules magiques lorsqu’elle se mirent à bouger tel des cognards. Fronçant des sourcils, confuse par ce comportement étrange, je n’eus pas le temps de faire un geste de plus lorsqu’une boule s’échappa allant à toute vitesse vers la vice-directrice. Dans un réflexe, je me levais baguette magique à la main, mais la bavboule était déjà trop loin … Trop près de Meredith Carrow.

- Professeure Carrow ! Attention !

Réagis-je au quart de tour mue entre un stress intense et sûrement un peu de culpabilité commençant à s’immiscer en mon cœur.