Deux, quatre... non c'était sept gallions... Flûte, il lui manquait une dizaine de gallions dans ses calculs... Non, non pas d'inquiétude, pas dans la caisse du Thestral Motor. Ça c'était tenu parfaitement, aucune erreur de calcul. Theodora pouvait vérifier, Adèle avait bien tout suivi et elle savait très bien compter. Enfin, elle ne savait juste pas dans quoi elle avait claqué les dix gallions qui lui manquaient et dont elle avait besoin pour se payer un ouvrage optionnel qu'elle avait repéré le matin en vitrine chez Fleury et Bott. Elle avait déjà fait tous ses achats pour la rentrée à venir, renouvelé quelques vêtements, remplacé ses bottines, parce qu'elle ne pouvait pas éternellement dissimuler l'usure de ses chaussures. A un moment il fallait bien les remplacer. Elle recompta silencieusement dans sa tête les dépenses effectuées. Le loyer de la colocation était la plus grosse dépense. Les fournitures scolaires venaient ensuite, le prix des ouvrages spécifiques était terriblement élevé, même d'occasion. Toutes ses économies de l'année avaient fondu pendant ces deux mois. Oui peut-être qu'elle aurait pu éviter quelques verres en terrasse ou l'achat compulsif de deux boîtes de chocolats, mais si elle ne pouvait pas s'accorder un peu de bon temps, sa vie deviendrait terriblement ennuyeuse. Elle soupira, elle allait devoir attendre un ou deux mois avant de s'acheter son bouquin. Elle avait pris l'habitude maintenant de ne plus avoir tout ce qu'elle désirait dans la minute. C'était le choix qu'elle avait fait il y a maintenant plus d'un an et elle ne le regrettait pas vraiment.

Adèle jeta un œil à la pendule, sa journée serait bientôt finie. Comme chaque soir, elle retrouverait Hestia et sa sœur à l'appartement. Avaient-elles encore des courses pour le repas du soir ? Elle réfléchit, à qui était-ce le tour de faire la cuisine ? Pitié pas elle... Pour la première fois de sa vie, cet été, elle avait dû se mettre derrière les fourneaux et franchement elle détestait la tâche. Limite elle préférait faire la vaisselle après le repas. Ça elle ne pouvait pas se louper. Cherchant quel prétexte elle pourrait sortir pour échapper à la corvée, elle encaissa un client, probablement le dernier de la journée et vit Jaeden sortir de l'atelier en compagnie de son ami... est-ce que c'était son ami en fait ? Bref peu importe, l'information qu'il fallait retenir c'est que c'était un moldu. Adèle trouvait ça bizarre, parce que de son côté les moldus elle les fuyait comme la dragoncelle. Désolée, mais le peu de fois où elle avait eu affaire à eux, ils avaient tenté de la descendre ou avait essayé de lui refaire le portrait. Pas des souvenirs agréables, c'était certain. Alors elle trouvait ça bizarre que Jaeden fréquente un moldu de son plein gré. Bon après, elle avait toujours eu l'impression que Jaeden était bizarre. Oui elle était au courant que tous les moldus n'étaient pas des psychopathes qui cherchaient à les exterminer. Et oui apparemment celui-là il était sympa. Si si, il lui avait parlé genre comme ce que font les personnes normales quand elles se croisent. Il lui avait dit bonjour, plusieurs fois même, lui avait demandé comment elle allait. Du coup, elle avait été obligée d'admettre qu'effectivement il y avait des moldus cools, enfin, en tout cas qui ne vous prenaient pas pour cible à abattre à la première rencontre. Bref Jaeden lui demanda de... euh quoi ? De raccompagner Raphaël, le moldu jusqu'au Chaudron ? Genre euh... toute seule ? C'est un peu loin le Chaudron non ? Ha déjà le moldu refusait, nickel... Ha pardon, Jaeden n'était pas d'accord. Menaces et tout le toutim. Et comme il était pressé, il s'éclipsa. Ha ça sentait les ennuis pour elle à plein nez, si elle ne menait pas cette mission à bien. Est-ce qu'elle avait envie que Jaeden lui fasse la tronche ou l'engueule ? Non ! Elle haussa un sourcil lorsque Raphaël lui sortit qu'il pouvait se débrouiller.

- Gaspille pas ta salive à me convaincre... S'il t'arrive un truc en chemin c'est sur moi que ça va retomber. Et franchement, vu comment j'ai la poisse, je préfère te raccompagner plutôt que d'avouer à Jaeden que si tu as disparu c'est parce que je t'ai laissé repartir tout seul. Tu as idée du nombre de sorciers qui détestent les moldus dans le coin ?

Il ne tenait pas trop à la vie lui en fait. Oui bon peut-être qu'elle exagérait... y'avait pas un tueur de moldus à chaque coin de rue du Chemin de Traverse. N'empêche que tout comme ce n'était pas prudent pour un sorcier de faire une promenade en plein Londres moldu, se promener tranquillement sur le chemin de Traverse en étant moldu c'était quand même hasardeux. Cela dit on est d'accord, si une bande de Mangemorts pressés d'en découdre leur tombaient dessus, elle ne pourrait pas faire grand chose. Elle ferma la boutique derrière elle et se tourna vers Raphaël.

- Bon ben allez en route, lança-t-elle, au fait comment tu as connu Jaeden ?

C'est vrai ça... Comment un mécanicien en motos magiques avait croisé la route d'un moldu euh, il faisait quoi au juste dans sa vie de moldu, Raphaël ?

Comment ça quatre ou cinq ? Ha non, mais Adèle n'attendait pas de réponse. C'était rhétorique comme question. C'était pas écrit sur son front qu'il était moldu ? Vrai. Mais en même temps, ça n'était pas écrit sur son front non plus qu'elle était une sorcière et jamais, au grand jamais elle ne mettrait les pieds dans le monde moldu seule et l'air aussi décontracté. Il pouvait dire ce qu'il voulait, elle le trouvait inconscient. Un Mangemort qui voulait débusquer du moldu finirait par lui tomber dessus. Bon après si ça pouvait ne pas être aujourd'hui, ce serait parfait. Elle n'était pas du tout entraînée à se battre. Elle, son truc c'était de soigner, et ça ne serait utile que s'il y avait encore quelque chose à soigner après. Pas du tout dans le dramatique là... Bref, elle ferma la boutique et se tourna vers Raphaël qui avait l'air de sévèrement cogiter. Bien, bien, ça, s'il la prenait au sérieux. Il ne restait plus qu'à se mettre en route. Histoire de faire la conversation, elle lui demanda comment il avait rencontré Jaeden.

- Non, répondit-elle directement sans se soucier de son air choqué.

Ben non, il ne lui avait jamais parlé de lui. En même temps, ce n'était pas comme si le mécanicien et elle étaient les meilleurs potes de la terre. Et puis, ça va, elle voulait bien être gentille, mais poser des questions auxquelles elle avait déjà la réponse, non merci. Elle l'écouta parler de famille, avant de froncer les sourcils. Une minute... Lors de leur première conversation, elle se souvenait que Jae lui avait dit qu'il n'avait jamais mis les pieds en France. Et s'il y avait bien un truc qui marchait très bien chez elle, c'était la mémoire. Comment ça, il déconnait ? Il se payait sa tête là, c'est ça ? Non parce que son humour, elle n'aimait pas trop. Y'en avait qui avait fini le nez dans la terre pour moins que ça... Et alors là, ce fut l'apothéose. Il se lança dans une terrible logorrhée dont la moitié des détails ne l'intéressait pas. Non, mais elle voulait juste être polie. Elle voulut lui dire d'abréger, mais force était de constater qu'en placer une, relevait du défi. Quelqu'un lui avait-il déjà dit qu'il parlait trop? Il s'interrompit au milieu d'une phrase, ce qui agaça la Française. C'est là que quoi ? Ha c'était le pompon, elle ne savait plus s'il voulait qu'il se taise ou qu'il finisse sa maudite phrase. Pourquoi il avait de grands yeux ? Adèle plongea la main dans sa poche prête à saisir sa baguette. Oui, elle était nulle en duel, mais ce n'était pas pour autant qu'elle ne tenterait pas de sortir tout ce qu'elle connaissait en sort de défense si on l'attaquait. Heureusement ce n'était qu'un blaireau, enfin non un idiot à tête de requin qui se dirigeait probablement vers Sainte-Mangouste. Merlin merci, elle était encore en vacances et n'aurait pas à le croiser pour réparer ses bourdes.

- Ha bon sang, ne me fait pas des peurs pareilles ! A vue d’œil, je dirais accident de polynectar ou métamorphose ratée...

Voilà parce que c'était tout à fait normal de poser un diagnostic en pleine rue. Franchement si c'était un accident de polynectar, elle ne voulait même pas savoir comment un morceau de requin avait atterri dans la potion. Oh ! Ou alors, victime d'une mauvaise blague...

- Ha bon tu appartiens à l'Ordre ?

S'il appartenait à l'Ordre, alors elle pouvait souffler définitivement. Ce n'était donc pas le genre de mec à faire style d'être votre ami pour vous descendre dans une ruelle sombre et crasseuse. Ha si, Adèle imaginait très bien le Blood Circle faire ça. Attendez deux minutes... S'il faisait parti de l'Ordre, alors ça voulait dire que des sorciers le connaissaient... Et pas forcément que des gentils, vue l'alliance entre l'Ordre du Phénix et les Mangemorts au conseil... Il était définitivement à côté de la plaque question survie.

- Attends, qu'est-ce que tu as dit ? Une console ?

Qu'est-ce que c'était que ce truc encore ? Non parce qu'elle, elle connaissait le saule cogneur, pas le saule con... non mais j'avoue ce jeu de mots est pourri, il est tard, je fatigue xD. Bon après de dire que Jaeden était un gars bien. Elle le croirait le jour où il arrêterait de la taquiner pour de bon. Quoi, elle du coup ? Ha il voulait savoir ce qu'une étudiante qui n'y connaissait pas grand-chose en mécanique faisait à bosser dans un garage peut-être ?

- Euh oui, Anjelica, je l'ai rencontrée à Beauxbâtons, et disons qu'elle est devenue la grande sœur que je n'avais pas.

Inutile de préciser qu'Anje l'avait entraînée à faire le mur et qu'elles avaient d'ailleurs bien sympathiser en retenue.

- Elle m'a proposé le poste à l'accueil quand j'ai eu besoin d'un travail.

Et là, ce n'était peut-être pas utile non plus de préciser qu'Anjelica lui avait tendu la main lorsqu'elle s'était retrouvée complètement fauchée parce qu'elle avait tourné le dos à sa famille. Bon après c'est sûr qu'en faisant le tri dans les informations, elle avait moins de choses à raconter.

Jamais encore elle n'avait discuté avec un moldu. Il faut dire que ceux qui s'étaient intéressés à elle jusqu'à présent, ne l'avaient fait que pour essayer de la descendre. Donc, il était certain que ça ne laissait pas beaucoup l'occasion d'entamer une conversation. Oui c'est vrai, elle avait un peu stressé à l'idée de se retrouver seule à raccompagner Raphaël, mais peut-être qu'elle avait plus à s'inquiéter du mal de crâne qu'elle risquait d'avoir si le jeune homme répondait toujours à ce qu'elle lui disait par des romans de quinze pages. Non à bien y réfléchir, elle devait plutôt s'alarmer qu'il n'était absolument pas discret pour un moldu dans une rue sorcière. Ce n'était peut-être pas écrit sur son front, mais avec une telle attitude, il avait peut-être de la chance de ne pas avoir quelqu'un qui lui soit tombé dessus. Après c'est vrai qu'Adèle avait tendance à être méfiante, et extrême oui, très rapidement quand il s'agissait du conflit moldus/sorciers. Non, non ce n'était pas du tout son comportement surpris devant l'apparition du sorcier requin qui posait problème. Il suffisait de regarder les passants pour voir que certains jugeaient ou dévisageaient aussi très fortement le sorcier infortuné. C'est juste que de son côté, des cas bizarres dans ce genre-là, elle en voyait toutes les semaines à Sainte-Mangouste. Forcément, il n'y avait plus rien de surprenant à force. Non en revanche il appartenait à l'Ordre, ce qui évidemment faisait que plusieurs sorciers connaissaient sa nature. Et pas seulement des « sympas » de l'Ordre du Phénix puisque le gouvernement britannique sorcier actuel était constitué d'une alliance de membres de cet Ordre et de Mangemorts. Si elle avait relevé c'était d'abord parce qu'elle savait désormais qu'elle ne raccompagnait pas un psychopathe aux intentions douteuses, mais maintenant elle s'interrogeait sur les précautions qu'il prenait en venant ici.

- Ce n'est pas une évidence pour tout le monde, répondit-elle simplement lorsqu'il lui donna ses raisons pour s'être engagé dans l'Ordre.

C'était quelque chose d'imaginer que tous les moldus ne cherchaient pas à les exterminer, qu'il y en avait qui était prêts à les défendre. Ils ne devaient pas être nombreux cela dit, vu les nouvelles qu'elle découvrait comme les autres dans la gazette. Pas assez pour mettre fin à ce conflit en tout cas, pas assez pour qu'elle ait un jour envie d'arpenter une rue moldue sans trembler. En attendant, elle était tout de même curieuse. C'est vrai qu'avant le monde moldu, elle n'en avait rien à faire. Sauf que maintenant que eux savaient que les sorciers existaient, le fait qu'elle ignore tout du monde moldu l'embêtait. Ne fallait-il pas connaître son ennemi ? En l’occurrence, Adèle avait plusieurs trains de retard en la matière. Ha si, elle avait quelques notions en médecine puisqu'en première année le professeur avait comparé les méthodes. Donc par exemple, elle savait que les médecins soignaient leur population en les découpant... C'était un peu absurde, à Sainte-Mangouste on les ouvrait que quand ils étaient mort se souvient d'un stage magnifique avec Lexi mais apparemment ça marchait. Bref, pour essayer d'apprendre quelques trucs, elle s'était forcée de demander des précisions à Raphaël. Ha ! Non non, il ne s'était pas foutu d'elle et de sa question, il n'y avait carrément pas répondu ! Eh oh ! Elle n'était pas stupide ! Elle pouvait apprendre, si on prenait le temps de lui expliquer. Clairement Adèle était frustrée. Et direct, il enchaînait avec une autre question, pas moyen d'insister. Elle rongea donc son frein pour lui répondre. Qu'il ne se fasse pas d'illusion, butée comme elle était, il n'échapperait pas à sa question.

Sa place au garage, elle la devait à Anjelica. Adèle avait expliqué qu'elle était comme sa grande sœur, celle qu'elle aurait voulu avoir. Et comme une grande sœur, elle avait souvent cherché en elle un modèle. Elle lui devait beaucoup, et ça sûrement depuis Beauxbâtons. Le nom de son école fit réagir le moldu et Adèle fronça les sourcils. Comment ça, il ne savait pas ce que c'était ? Elle avait compris avec ses âneries de cousin, qu'il était Français. Elle pouvait même percevoir son accent dans ses paroles et donc elle n'était sans doute pas la seule. Mais... Que savait-il au juste sur leur monde ? S'il en savait autant qu'elle en savait sur les moldus, il n'irait pas loin. Pour lui rendre la monnaie de son gallion, elle lui aurait bien dit que c'était long et compliqué à expliquer, mais elle se retint vu ses objectifs.

- Tu sais ce qu'est Poudlard ? Et bien Beauxbâtons, c'est la même chose en France. C'est une grande école de magie, enfin sauf qu'il n'y a pas de section pour les études supérieures. C'est drôle que tu ne connaisses pas pour un Français ! Enfin je sais que tu es moldu, mais tu sembles si à ton aise dans notre monde.

Adèle fronça les sourcils en l'entendant dire que sa famille l'avait aidé financièrement jusqu'à maintenant. Pourquoi ça ? Les moldus aussi avaient des mariages arrangés à honorer ? De mémoire, ce n'était pas ce qu'elle avait compris de leurs traditions. Non c'était sûrement autre chose, sauf que ce n'était pas le genre de choses qu'on demandait lors d'une première conversation. « Oh tu es fauché ? Moi aussi ! Cette coïncidence ! J'ai été reniée pour avoir fui un mariage et toi ? » Non non vraiment pas...

- Oui Anjelica est géniale et Jaeden, hum oui je suppose aussi...

Ha non, mais elle ne demandait pas mieux qu'à voir, mais pour le moment c'était pas gagné. Adèle s'arrêta de marcher et se tourna vers Raphaël.

- Je te propose de t'expliquer des choses sur les sorciers et même plus précisément sur les particularités de la France, et toi tu ne fuis pas mes questions... De un parce que c'est très agaçant et de deux parce que puisque désormais les moldus influent désormais de manière importante sur notre vie, j'aimerais autant ne pas rester complètement ignorante sur le sujet.

Alors sans doute que savoir ce qu'était une console ne lui sauverait pas la vie Ouais non pas du tout même, mais elle était prête à apprendre.

Beauxbâtons ne lui parlait pas. Adèle en était surprise. Elle aurait même parié qu'il savait déjà tout sur le monde de la magie, sur son monde. Il avait tellement l'air de se sentir dans son élément, là au beau milieu d'une rue sorcière. C'est vrai qu'elle avait pensé qu'il était littéralement inconscient de se balader ainsi parmi eux sans plus de précautions. Mais peut-être était-ce parce qu'il connaissait déjà beaucoup de choses sur les sorciers. Sauf que non, il lui avouait très clairement encore ignorer de nombreuses choses sur la magie. Une vie d'ignorance ? Alors il avait découvert le monde magique en même temps que le reste de l'Angleterre peut-être. Elle le fixa. C'était étrange de se dire qu'il n'avait pas peur d'eux, qu'il ne les détestait pas et mieux encore qu'il voulait découvrir leur monde. C'était sans doute à ce moment-là qu'elle chassa ses dernières craintes vis à vis de Raphaël. Non tous les moldus n'étaient pas à mettre dans le même panier, elle le savait bien sûr, mais dans le doute, mieux valait rester prudente. Elle eut un sourire lorsqu'il l'interrogea sur ses origines.

- Alors oui, moi je suis française, par contre Anjelica est italienne. C'est parce que Beauxbâtons n'accueille pas que des français, mais aussi des sorciers des pays autour, Espagne ou Belgique par exemple.

Il lui avait avoué avoir encore du boulot pour rattraper son manque de connaissance du monde magique et cette réponse qu'elle venait de nouveau lui sortir sur son ancienne école... Elle n'hésita pas longtemps pour proposer une sorte de marché à Raphaël. Elle avait besoin de connaissances sur le monde moldu et lui sur son monde à elle. Alors c'était évident, ils n'avaient qu'à échanger leurs connaissances. D'un côté, Adèle pouvait continuer à se mentir, à se cacher dans le monde magique et à ne jamais mettre un pied dans le monde moldu, mais depuis l'attaque de l'université, elle savait que c'était impossible de rester totalement à l'abri. Alors, n'était-il pas temps d'essayer de sortir de l'ignorance ? Jamais de la vie, elle n'irait poser ses questions à sa cousine. Question de fierté, mais Raphaël ? Il ne la connaissait pas et n'avait pas l'air du tout de la prendre de haut parce qu'elle ignorait ce qu'était une console par exemple. Voilà comment elle en vient à lui faire sa proposition et heureusement qu'elle ne s'arrêtait pas, car déjà il essayait de parler. Mais stop ! Il ne fallait quand même pas qu'elle lui jette un sort pour qu'il se taise ? Parce que du coup ça ne serait pas du tout pratique pour lui expliquer les choses.

- Tu n'es pas désagréable, répondit-elle, non vraiment il y a pire.

Elle la première d'ailleurs pouvait se montrer vraiment très désagréable. Non elle ne l'avait pas trouvé désagréable. Elle avait juste été terriblement frustrée qu'il ne réponde pas à sa question. Comment ça, elle aurait dû demander ? Mais encore aurait-il fallu pouvoir le faire !

- Mais je ne demandais pas mieux ! Mais tu as changé de sujet tellement vite ! Et puis ne t'en fais pas pour les termes, essaie quand même, je sais des trucs, un peu...

Oui voilà, il y avait des trucs dont elle avait entendu parler, et puis au pire elle lui demanderait des précisions. Ce n'était quand même pas complètement impossible si ? Ha il était partant et reprenait son explication. Quoi ? Lui montrer ? Euh, mais où ça ? Elle n'allait pas dans Londres, elle allait faire une crise de panique. Oui voilà des explications, c'était parfait. Elle se concentra pour comprendre ce qu'il disait. Jouer à travers un écran ? Ha ça elle savait, c'était des télés ! Des boîtes que les moldus regardaient ! Le cinéma, par contre elle ne savait pas du tout ce que c'était. Un truc qui faisait du son et des images ? Ok. Des jeux vidéos ? Elle fronça les sourcils, mais finalement il avait peut-être raison. Il fallait peut-être qu'elle le voit de ses propres yeux pour comprendre. Elle le vit se taper la tempe et elle se demanda ce qui lui prenait. Il sortit alors son téléphone. Ha ça, elle savait très bien ce que c'était. Il paraît qu'il était préférable d'avoir ça sur soi si on voulait se faire passer pour un moldu, parce qu'apparemment ils en avaient tous un. Et là, il lui expliqua que les téléphones avaient des jeux vidéos. Elle le fixa complètement dépassée.

- Mais, je ne comprends pas, je croyais que les téléphones permettaient aux moldus de s'envoyer des lettres et se parler même très loin, c'est pas ça ?

Elle le vit ranger son téléphone précipitamment et se rappela effectivement de ses propres conseils. C'est vrai que plus que s'attirer des ennuis, il risquait de faire paniquer des gens qui comme elle, avaient facilement peur des moldus. Quoique... Elle avait remarqué que beaucoup de sorciers commençaient à s'équiper de ce genre d'objets, justement pour passer inaperçus ou simplement ils s'adaptaient plus vite qu'elle aux changements que le Blood Circle avait imposés.

- Non c'est vrai, à croire que c'était déjà un signe que nos mondes ne pouvaient pas bien s'entendre, répondit-elle avec un sourire désolé.

Dommage et en même temps peut-être que ça évitait que des choses dangereuses puissent fonctionner dans le monde des sorciers ? Adèle regarda le chemin et se rappela qu'elle avait aussi promis des informations au moldu. Oh, ce ne serait sans doute pas grand-chose. Elle doutait fortement que ses révélations porteraient préjudice au monde sorcier. Elle ne détenait aucun secret d'état. Oh non, le Blood Circle n'avait pas besoin d'elle pour les anéantir. Leur ignorance, leur peur ou leur trop grande assurance étaient déjà pas mal pour les atteindre.

- Tu sais qu'il y a une rue sorcière comme ça aussi à Paris ? C'est la Place Cachée !

Elle sourit en se remémorant la rue, se retenant de parler de sa chocolaterie préférée ou de la librairie qu'elle adorait dévaliser lorsqu'elle le pouvait encore. Raphaël se moquait sans doute de connaître tout ça.

Ah ! Enfin, elle avait réussi à se faire entendre concernant cette histoire d’explications de trucs moldus. Elle voulait bien faire des efforts, s’intégrer un minimum, mais si on ne lui laissait pas l’occasion d’apprendre, ça allait être difficile. Surtout dans ce domaine. Lorsque Raphaël disait qu’il avait toute une vie à rattraper niveau monde magique, c’était la même chose pour elle niveau monde moldu. Certes, elle avait sciemment ignoré ce monde toute sa vie contrairement à Raphaël. Elle n’avait jamais imaginé que connaître ce monde serait un jour une question de survie. Elle avait sa magie, son confort, ses habitudes, pourquoi chercher ailleurs ? Il y avait bien des petits stages de rattrapages, des cours par-ci par là, mais elle n’osait jamais poser toutes les questions qu’elle voulait tant elle savait à quel point son ignorance était énorme et ridicule sans doute aux yeux des autres. Alors sa proposition lui avait paru facile à faire. Raphaël était finalement dans une situation similaire à la sienne. Il ne pouvait pas se moquer d’elle. Et puis elle n’était pas complètement ignare, alors elle le rassura sur les termes qu’il pourrait utiliser. Si elle ne savait pas, elle lui redemanderait. Elle était consciente que ça pouvait s’éterniser en explications, mais elle n’allait pas abandonner maintenant quand même, si ? Il fallait avouer que dès le départ ce n’était pas gagné cette affaire. Voilà qu’il lui expliquait que les téléphones étaient des consoles. Flûte, elle qui pensait savoir ce qu’était un téléphone, voilà qu’en fait elle faisait fausse route depuis le début. Ha non, elle n’avait pas complètement tort. Elle l’écouta faire la comparaison avec les balais, cela la fit sourire.

- Je vois ce que tu veux dire, mais tu as raison on ne fait pas le ménage avec les balais de Quidditch ou de vol. Je crois que si je propose à ma meilleure amie de faire les toiles d’araignées avec son balai, elle me tord le cou. Ou peut-être qu’elle m’emmènerait consulter à Sainte-Mangouste avant…

Enfin du moins, elle espérait qu’Hestia s’assurerait de sa santé mentale avant d’en arriver aux solutions extrêmes.

- Bref du coup, tu me dis que les téléphones ont plus de rôles que de vous permettre de communiquer. Et que ça fait aussi des petites consoles.

Et qu’il allait essayer de lui montrer plus tard au Chaudron Baveur si la magie ne parasitait pas trop son téléphone. Adèle ne put s’empêcher d’établir un constat sur la rupture entre leur deux mondes qui commençait déjà par une non compatibilité de la technologie moldue et de la magie. Un signe selon elle ? Raphaël n’avait visiblement pas envie d’y croire. De l’optimisme ? Ce n’est pas le genre de choses dont la jeune femme débordait naturellement. Pas dans son éducation, pas dans son caractère non plus… Ça ne voulait pas non plus dire qu’elle était pessimiste ou oiseau de mauvaise augure à longueur de temps, du moins c’était ce qu’elle pensait.

- Pourquoi pas, tant qu’elles ne servent pas à nous éliminer un par un, moi ça me va.

Non parce que franchement déjà leurs armes qui trouaient le corps, c’était pas fabuleux, mais alors leur sérum qui supprimait la magie, les petits colliers et bracelets absolument pas tendances, franchement les inventions des moldus avec la magie, elle n’était pas vraiment fan pour le moment. Pourtant, ils avaient sûrement des choses intéressantes à partager. Ils l’avaient déjà fait d’ailleurs sans le savoir. Le train par exemple, les sorciers avaient piqué le truc aux moldus. Adèle décida de révéler une information sur son monde et puisqu’il était Français, elle parla de la version parisienne du Chemin de Traverse. Elle eut un sourire en l’entendant s’étonner qu’étant tous deux français, ils soient encore un train de parler Anglais.

- Par habitude, je pense. Je ne parle plus beaucoup français, je n’en ai plus trop l’occasion…

En même temps, si elle voulait qu’on la comprenne, qu’on ne l’ignore pas et qu’on lui réponde, parler français n’était pas le bon plan en Angleterre. Et comme, elle n’avait plus vraiment l’occasion de se rendre en France, ça limitait encore plus les possibilités.

- Je crois oui, en tout cas c’est certain qu’il n’y a pas d’études supérieures à Beauxbâtons pour le moment. Et pour les raisons, c’est marrant ma cousine Elise m’a posé la même question il n’y a pas si longtemps et j’avoue que je ne sais pas trop… C’est pas vraiment une question de place je pense, avec la magie on règle très vite les problèmes d’espace. Peut-être une question de budget ou d’organisation…

Adèle savait que la création de l’université de Poudlard avait mis plusieurs années avant de voir accueillir les premiers étudiants. Elle avait souvent pensé que les Français n’avaient pas envie de s’embêter avec ça. Elle imaginait bien la directrice se préserver des ennuis que la création d’une université dans sa précieuse académie risquait de provoquer.

- Dans un sens, ça m’arrange. J’aurais eu beaucoup plus de mal à atteindre mes objectifs en France.

Fuir sa famille aurait sûrement été plus compliqué en restant dans son pays natal.

- Je me demandais, les téléphones ils peuvent faire d’autres trucs encore ? Ne lui sors pas le café, elle va gober hein xD

Tant qu’à faire, autant qu’elle soit totalement au taquet sur cette technologie que les moldus avaient l’air de beaucoup apprécier. Et puis ils approchaient du Chaudron Baveur, il allait peut-être pouvoir lui montrer ses explications.

Carrément ? Ha oui oui, c’était une certitude et comme ce n’était pas le genre de choses logiques à proposer, Adèle espérait vraiment qu’Hestia ferait tout pour vérifier qu’elle n’était pas sous impero ou qu’elle n’avait pas disjoncté.

- Oui ! Son balai de Quidditch c’est sacré ! Je lui ai emprunté une fois pour me sortir d’un mauvais pas en forêt interdite, on avait dû sauver un bébé licorne avec ma cousine, enfin bref une longue histoire… Derrière, il a fallu faire profil bas et je crois bien que je lui avais offert une énorme boîte de chocolats pour me faire pardonner !

Cela dit la blonde la comprenait, elle n’aimait pas non plus qu’on touche à ses affaires surtout sans sa permission au préalable. En attendant était-il possible que les moldus inventent quelque chose au service de la magie ? Raphaël en semblait convaincu. Pourquoi pas mais Adèle espérait bien que ce soit plutôt quelque chose qui ne viendrait pas une fois de plus menacer son existence. Elle écouta le jeune moldu rêvasser de projets destinés à rendre la magie encore meilleure. Évidemment pas du tout dans les plans du Blood Circle.

- Ce serait une bonne idée, j’en vois déjà l’utilité en médicomagie. Des diagnostics plus rapides et comportant moins d’erreurs et des traitements encore plus efficaces. Une convalescence plus courte pour les cas les plus graves et… peut-être même des solutions à des maladies pour le moment incurables et… Hum…Ha... Bah oui... réalisa-t-elle soudainement, des possibilités de dérives par les Mangemorts… Eux n’ont pas besoin de plus de puissance magique…

Elle soupira. Les avancées n’étaient malheureusement pas toujours bénéfiques et à moins de ne bloquer cette technologie qu’à un usage pour faire le bien, des gens peu scrupuleux trouveraient toujours un moyen de la détourner. Le monde parfait n’existait pas, n’est-ce pas ?
Raphaël s’étonna alors que tout deux français, ils poursuivaient leur conversation en anglais. Rien de bien étonnant à une habitude prise depuis de nombreux mois pour la jeune femme, mais elle apprécia de repasser dans sa langue natale pour continuer la discussion. Au moins si quelqu’un venait à entendre les drôles de questions qu’elle pouvait poser, peut-être qu’en français cette personne n’y comprendrait rien. Adèle ne savait pas du tout qui pouvait être le petit Cassandre, mais par déduction, ce devait être probablement une créature appelée bébé. Raphaël enchaînait les sujets rapidement et déjà ils en revenaient à son ancienne école et l’absence des études supérieures en France.

- Probablement l’argent oui… Oh non pas un manque de personnel, il y a de très bons professeurs à Beauxbâtons et ils sont plutôt fiers d’y exercer. Je n’ai jamais eu l’impression qu’ils étaient surmenés ou maltraités par la direction non plus… Le règlement est assez strict, mais dans le respect de tout le monde.

Elle n’avait en effet jamais eu l’impression que ses anciens enseignants étaient malheureux à Beauxbâtons. Certains y restaient de nombreuses années, ce n’était certainement pas parce qu’ils y souffraient. Elle avait même déjà entendu la directrice parler de grande famille. Non, non le personnel n’était pas en cause. Le prestige ? Adèle se mordit les lèvres pour ne pas rire à la méprise de Raphaël sur ses paroles.

- Non pas vraiment, c’est plus prestigieux en France. On compare souvent Beauxbâtons à ce château moldu que vous avez… Hum... Versailles, c’est ça. Je pense que s’il y avait eu une université, elle aurait été très réputée, c’est juste que je n’aurais pas pu échapper à ma famille aussi facilement… Chez les sangs-purs, la plupart du moins, la priorité des femmes ce n’est pas la carrière professionnelle. C’est de réaliser un grand mariage pour assurer la lignée. Ce dont je ne voulais absolument pas. Ma famille n’ayant pas d’influence en Angleterre, c’était beaucoup plus facile.

Elle ne savait pas si Raphaël avait déjà entendu parler des sangs-purs et de leurs supers traditions. Oh, on lui avait sûrement déjà expliqué que les sorciers surtout les Mangemorts faisaient des distinctions parmi les leurs. Il ne pouvait pas être passé à côté de ça en faisant partie de l’Ordre du Phénix.

- Maintenant, c’est comme toi, j’ai construit ma vie à Londres et mes amis c’est ici qu’ils sont. Bon par contre je ne fais pas partie de l’Ordre, comme tu as sûrement dû le remarquer.

Et ça ne risquait sans doute pas de changer, elle ne voyait absolument pas de quelle utilité elle serait. Ni sportive, ni douée pour les combats, carrément traumatisée par les moldus, non sa seule utilité serait le soin, mais les blessés finissaient toujours par se retrouver à Sainte-Mangouste là où elle risquait très fortement de se trouver. En attendant, elle pouvait toujours parfaire sa culture et elle écouta très attentivement les explications du moldu.

- Oh, c’est pour ça alors que c’est l’accessoire indispensable à avoir sur soi si on veut passer incognito chez les moldus, commenta-t-elle.

Bah oui si c’était comme leur baguette magique et qu’aucun sorcier ne sortait jamais sans la sienne, alors c’était définitivement l’accessoire parfait pour passer inaperçu parmi les moldus. Encore fallait-il savoir s’en servir et savoir à quoi ça servait. Internet ? Oui elle en avait déjà entendu parler et elle n’avait rien compris. Relier les ordinateurs entre eux ? Bon d’accord. Il pouvait avoir à manger avec son téléphone, une bibliothèque, une radio, calculer… Et tout plein de trucs encore qu’il pouvait demander oralement. Sa comparaison n’était pas bête du coup…

- Je comprends, ce doit être super difficile à utiliser alors ! Vu le nombre d’années qu’il nous faut pour maîtriser nos sorts et enchantements !

Et tandis qu’ils s’approchaient du Chaudron Baveur, Raphaël lui proposa de lui faire une démonstration.

- Oui bien sûr que ça me dit !

Une fois entrés dans le pub, Adèle inspecta les lieux. Il fallait un endroit tranquille qui éviterait d’affoler les clients et sans doute le plus près possible de l’entrée côté moldue pour espérer faire fonctionner l’appareil. Elle entraîna donc le jeune homme à une table qui lui semblait la mieux placée.

Une magie plus puissante, plus rapide et plus fiable ? Bien sûr qu’Adèle était partante pour que les moldus y travaillent. Peut-être qu’un jour des scientifiques se diraient qu’au lieu de les traiter comme des monstres, ils pourraient se serrer les coudes, leur être utiles. Est-ce que c’était possible ça ? Raphaël semblait faire partie de ce genre de moldu, prêt à travailler main dans la main avec les sorciers. Peut-être qu’il y avait de l’espoir, mais Adèle ne s’emballait pas. Elle n’était absolument pas prête à faire confiance aux moldus et ce n’était pas une conversation d’une heure avec Raphaël qui allait la convaincre de retourner se promener dans les lieux non magiques l’esprit tranquille.

- Euh… Non sinon je ne me casserais pas la tête avec cinq ans d’études, lâcha-t-elle, on peut se planter et la magie c’est tellement vaste que des nouveaux trucs apparaissent souvent. Et la lycanthropie par exemple est pour le moment incurable. La magie c’est chouette, mais ça ne résout pas tout, sinon je crois qu’on aurait vite mis fin au conflit du Blood Circle d’un coup de baguette.

Même si elle ne saurait pas comment vivre sans la magie puisqu’elle n’avait appris à vivre que comme ça, Adèle savait en reconnaître les limites. Tout comme elle était parfaitement consciente des dérives qu’une technologie puissante pourrait apporter à la magie. Le monde parfait n’existait pas, c’était un fait.

- Le problème c’est quand ces quelques mauvaises personnes arrivent à étendre leur influence, souffla-t-elle.

Elle pensait aux Mangemorts bien entendu, mais elle se demanda tout à coup si Raphaël lui, voulait parler du Blood Circle. Ça n’était pas impossible. Adèle s’était mise en tête que les moldus voulaient leur mort, mais elle avait fait beaucoup de raccourcis. Frôler la mort à cause d’une partie d’entre eux, n’aidait pas vraiment. Le Blood Circle était un groupe qui avait su étendre son influence et ils en payaient le prix. Elle songea aux Mangemorts qui pour le moment travaillaient avec l’Ordre du Phénix… Elle n’osait imaginer le chaos qui résulterait si ils arrivaient à prendre plus de pouvoir. Elle n’était pas née lors de la dernière grande guerre des sorciers, mais les récits lui suffisaient pour comprendre que ce ne serait pas bon pour elle comme pour beaucoup d’autres.  Non elle préférait ignorer cette possibilité, elle ne voulait pas réfléchir à ce qu’elle devrait faire alors. Ne pas s’engager était tellement plus confortable.

La conversation avait dérivé sur son pays d’origine et son école. Elle appréciait évoquer ses souvenirs, même si elle reconnaissait que sa vie actuelle était bien plus agréable. Pas forcément plus simple, mais étonnamment plus heureuse. Elle pouvait affirmer sans mal que l’argent et la richesse ne faisait pas le bonheur. Oh bien sûr, elle ne comptait pas rester indéfiniment pauvre, à compter ses économies jusqu’au dernier centime puisqu’elle avançait avec certitude vers la carrière à laquelle elle se destinait. L’avenir décidé par sa famille lui semblait si lointain maintenant.

- Oh ça l’est oui, mais certains sont persuadés que plus le sang est pur, plus la magie est puissante… C’est un peu dur de lutter contre des traditions qui se perpétuent et contre lesquelles peu de gens agissent. Oh après, il suffit de partir, le truc c’est que derrière on est livré à soi-même. Enfin j’imagine qu’avec tout ce qui se passe, c’est un peu loin d’être la priorité.

Mais voilà, elle trouvait qu’elle ne s’en sortait pas si mal. Et sa vie était à Londres, bon sans faire partie de l’Ordre. Encore heureux qu’il n’était pas nécessaire d’en faire partie pour être respectable. Et elle ne cherchait à tuer personne, même si mentalement elle avait dû tordre le cou d’un tas de personnes pour sûrement des tas de raisons que d’autres jugeraient pas bien graves.

Bref ils en étaient revenus à cette histoire de téléphone et Adèle comprit vite pourquoi il était absolument nécessaire d’avoir cette technologie dans le monde moldu. Elle était en fait loin d’avoir imaginé tout ce qu’on pouvait faire avec un téléphone et puisque c’était comme une baguette magique alors c’est que ça devait être difficile à maîtriser. Ou pas… Vu l’hésitation de Raphaël à ses paroles, elle comprit tout de suite qu’elle avait fait fausse route. Elle avait tellement l’impression que comprendre le fonctionnement de cette petite boîte de poche était compliqué, qu’elle avait un peu espéré que ce soit vraiment le cas même pour les moldus. Seulement pour d’autres générations… Mouais, les vieux quoi… Adèle se disait qu’elle devait avoir un âge proche du moldu, il lui était difficile de ne pas se vexer. Il semblait dire qu’on pouvait s’adapter vite et faire des petites choses. C’était vrai ou pour lui donner de l’espoir ? Elle allait bientôt le découvrir, puisqu’il allait lui montrer tout ça au Chaudron Baveur. Elle allait entreprendre de tout mémoriser, non pas pour commander un truc dans le monde moldu, mais pour s’adapter et mieux comprendre ce monde avec lequel il leur fallait maintenant cohabiter.