Freya Shafiq, un prénom et un nom aux origines dissonantes. C’est pourtant ce qui représente mon identité, ce que je suis au plus profond de mon être. Et ce que nous sommes tous plus ou moins dans ma famille. Mais il y a tellement à en dire ! Avant toute chose, il faut savoir que si mon prénom est Freya, c’est justement parce que ma mère est d’origine scandinave. Une sang-pur évidemment. Une grande blonde aux yeux bleus, un cliché à elle seule, une beauté froide se nommant Aslaug. Et bien qu’avec mes frères nous ayons tous le nom de Shafiq, signifiant notre appartenance aux dignes familles pures au Royaume-Uni, il était impensable pour ma chère mère que notre identité ne reflète pas nos origines nordiques. C’est pour cela que j’ai eu droit au nom de Freya. Freya, la déesse de l’amour et de la fertilité, une déesse réputée pour sa beauté. Et sur ce plan, je pense ne pas trop avoir à me plaindre.  

La relation de mes parents est le fruit d’un mariage plus ou moins arrangé. Ne me demandez pas comment les deux familles en sont venus à connaitre l’existence l’une de l’autre. Toujours est-il qu’ils se sont rencontrés, qu’ils ont été forcés de se marier et d’avoir des enfants. Mes parents ne sont donc pas un modèle d’amour dans un couple. Il y a pourtant une forme visible d’affection entre eux, qui s’est sans doute installée avec le temps. Cela ne les a pas empêché d’avoir trois enfants et finalement, d’avoir l’air plutôt équilibré dans leur relation. Il faut dire que ma mère est une femme qui en impose et je crois qu’elle a réussi à forcer le respect de mon père, d’une certaine manière. Dans tous les cas, même s’ils ne sont pas du genre à se comporter comme des adolescents, ils se respectent mutuellement et je ne pense pas avoir déjà entendu un mot prononcé plus haut que l’autre chez nous.

Dans cette famille, nous sommes donc trois enfants. Il y d’abord mon frère aîné, Magnus qui aura vingt-et-un ans cette année. Magnus qui signifie “le grand”. Puis il y a moi, Freya, la seule fille de la fratrie, plutôt choyée. Et enfin, il y a mon plus jeune frère, Björn, âgé de dix-sept ans. Ça signifie “ours” ou même clairement “fort comme un ours”. A croire que, pour ma mère, les prénoms ont une certaine force. Enfin... du moins en ce qui concerne les garçons. Et finalement je ne m’en plains pas trop, j’ai sans doute échappé à des prénoms comme Hildegarde ou Brunhilde. J’ai eu le prénom de divinité plutôt que de guerrière et cela me convient très bien ! C’est beaucoup plus doux à l’oreille, moins brut. Mais voilà, vous savez maintenant dans quelle famille je vis. Je vais donc pouvoir vous parler de moi un peu plus en détail.

Je suis née à Londres un seize juillet. Enfant de l’été, contrairement à mes frères qui sont des enfants de l’hiver, je me devais d’avoir un nom en rapport. Blonde aux yeux clairs, voilà qui correspond bien puisque c’est le physique qu’on donne de la déesse Vane. Malgré mes origines maternelles, c’est pourtant les origines britanniques qui semblent primer, ne serait-ce que par mon nom de famille. J’ai donc grandi dans la famille Shafiq, née moins de deux ans après mon frère Magnus. J’ai toujours été choyée, digne petite princesse de la famille qui faisait fondre tous les cœurs. Comment résister à pareil minois me direz-vous ? J’ai eu une enfance somme toute classique dirons-nous. Bon, je ne vous cache pas que j’ai toujours été un peu vexée de ne pas être la dernière de la fratrie. Quand j’étais petite, j’avais beaucoup de mal à laisser de la place à Björn, aimant être le centre de l’attention dans la famille. Ma mère a pourtant veillée à ne pas faire de différence entre nous, pour qu’aucun de nous ne risque de se sentir mis à l’écart. Du côté de mon père, c’était un peu différent. Parce qu’au départ, je n’ai toujours été qu’une fille, donc vouée à me marier avec un sang-pur et à assurer une lignée pure. Parce que c’est à cela que servent les jeunes filles de bonne famille en règle générale.

J’ai donc eu un enseignement un peu différent de celui de mes frères. Par chance, ma mère avait eu une éducation différente. Sans parler d’être élitiste, ma mère n’a, de toute façon, pas été envoyé dans la même école que mon père. Et en prime, elle est fille unique. Puisqu’elle était la seule héritière, il fallait bien qu’elle ait de la poigne ! C’est donc elle qui s’est le plus chargée de mon éducation dans mes jeunes années. J’ai donc appris les bonnes manières mais aussi les rudiments de la magie dès lors que mes pouvoirs se sont déclarés. Elle avait une main de fer dans un gant de velours. Elle pouvait être très douce, elle est même une mère aimante ! Mais on ne plaisante pas avec l’éducation. Et pour elle, il était impensable que je ne devienne pas importante, pas avec le nom que je porte. Parce que oui, ma chère mère croit à la puissance des noms. Ce n’est pas pour rien que mes frères s’appellent Magnus et Björn ! Chacun de nous à un nom qui appelle à de grandes choses. Enfin pour le moment, aucun de nous ne s’est vraiment illustrés dans quelque chose de majeur, même si nous nous sommes tous fait remarquer par nos capacités à l’école.

Vint finalement le moment tant attendu, celui de la lettre pour Poudlard. Magnus avait déjà intégré l’école, en rejoignant la maison Serpentard. A croire que malgré nos origines scandinaves, il suivait les traces de notre père. Alors, le jour de ma rentrée, j’étais un peu angoissée au moment de ma répartition. Mais finalement, on ne peut pas vraiment aller à l’encontre de ce genre de chose, pas vrai ?

Je ne me plains pas vraiment de ma maison, je ne suis pas si mal pour le coup. J’ai donc commencé mes études comme n’importe quel élève de Poudlard. J’ai suivi les mêmes cours que tous mes camarades, me découvrant rapidement une certaine affinité avec les potions mais aussi avec les sortilèges et la métamorphose. Je n’avais pas de réelle difficulté, étant du genre abonnée aux bonnes notes. Mais j’avais clairement des facilités dans ces trois matières. Ça n’a d’ailleurs pas changé sur ce point. Je serai pourtant bien en peine d’expliquer d’où me vient cette affinité. Certes, ma mère est en mesure de produire des sortilèges particulièrement élégants. Mais j’ai toujours pensé qu’il y avait une différence entre élégance et talent dans cette pratique. Toujours est-il que c’est à la fin de ma première année que mon père a changé de regard à mon encontre. Je n’étais plus la petite princesse fragile, j’étais devenue une excellente élève de Poudlard. Ne vous faites pas de fausses idées, ce n’est pas pour ça qu’il a totalement changé d’idée à mon sujet. Même s’il m’estimait plutôt douée, il était loin de se dire que j’étais en droit de m’imposer, au même titre que mes frères. Même Björn, pourtant pas encore entrée à Poudlard, pouvait s’imposer plus facilement que moi. Alors, je passais le plus clair de mon temps libre à bouquiner. Toujours le nez dans un livre ou presque, rêvant d’un monde où je ne serais pas vu comme une simple demoiselle qu’on doit forcément marier à quelqu’un.

Cependant, il y eu tout de même un petit détail lors de ma troisième année, quand il a fallut choisir des options. Il est de coutume, dans notre famille, de suivre l'option de soins aux créatures magiques. Pourquoi ? Parce que la fortune de ma famille vient justement de là : nous élevons et dressons des chevaux magiques depuis trois générations. Bon, nous avons aussi quelques autres espèces mais la majorité du commerce familial, ce sont les équidés. Magnus avait pris cette option avant moi, je l'avais donc pris sans hésiter à mon tour. La différence était que je m'y épanouissais bien plus que mon aîné. Il faisait de son mieux pour avoir des notes correctes alors que je m'en sortais avec une facilité déconcertante. Forcément, cela attira le regard de mon père un peu plus sur moi. Mais nous faisions front avec Magnus, je l'aidais du mieux que je pouvais pour qu'il réussisse et reste dans les bonnes grâces de notre père.

Les choses se compliquèrent tout de même pour moi quand le petit dernier de la fratrie entra enfin au collège avec nous. Parce que je perdais un peu de mon statut, alors que je montrais chaque année un peu plus de mes capacités à me débrouiller par moi-même. Entre ma mère qui me disait que j’étais promise à un brillant avenir et mon père qui se disait qu’il me trouverait un fiancé avant même que je ne finisse ma scolarité, j’avais deux sons de cloches, impossibles à accorder d’une certaine manière. Les choses changèrent avant que je n’entre en septième année. Parce que Magnus, qui était pourtant voué à un destin encore plus grand que le mien, s’est retrouvé à décevoir notre père, choisissant des études universitaires qui n’étaient pas à son goût. "Tout sauf le cursus de magizoologie" avait-il dit. Alors, plutôt que de reporter tous ses espoirs sur le plus jeune, c’est sur moi qu’il reporta tout. De petite chose plus ou moins fragile, je devenais l’héritière de la famille. Oh, Magnus n’a pas été renié tout de même. Il reste un Shafiq. Mais étant donné la voie qu’il a choisi de suivre, il est évident qu’il ne prendra pas la relève au sein de l’entreprise familiale. C’est donc à moi d’assumer cette tâche, que je le veuille ou non.

Dans notre monde, il se passe des choses étranges et effrayantes. Mais comment lutter face à tout cela ? Je ne m’y étais jamais vraiment intéressée au départ. Je savais bien que j’étais du côté des mangemorts malgré moi mais je ne savais pas vraiment tout ce que cela pouvait impliquer. Parce que j’étais jeune et ignorante, parce que finalement, on ne demande pas à une enfant de choisir son camp. J’étais protégée, j’avais un foyer aimant, même si on m’a considéré comme une enfant pendant très longtemps (jusqu’à la fin de ma septième année quasiment) et c’était tout ce qui comptait. Mais j’ai grandi... J’ai sans doute grandi plus vite que je ne voudrais bien l’admettre. Parce que malgré moi, je me suis retrouvée au centre d’un champ de ruine. Une famille qui soutient l’Augurey pourrait passer encore. De tout temps, il semble y avoir eu des conflits. Et rien ne m’obligeait à m’y impliquer après tout, du moins tant que je n’étais pas vue comme une adulte. Mais les choses se sont corsées lorsque le secret a volé en éclat, lorsque les Moldus se sont mis à attaquer les gens comme nous. Je ne suis pas idiote ! Et même si je me suis toujours sentie en sécurité avec ma famille ou à Poudlard, j’avais conscience du danger qui commençait à poindre. Mais finalement, les derniers évènements m’ont fait comprendre que personne n’est à l’abri...

J’étais encore en septième année, entre les murs protecteurs de Poudlard. Je n’avais plus que Björn, Magnus étant en première année universitaire. Et en mai, il y a eu cette attaque sur l’université. Depuis, nous n’avons plus la moindre nouvelle de Magnus... A-t-il été tué ? Ou est-ce qu’il a été capturé ? Aucun de nous ne le sait... Mais chacun espère qu’il est toujours vivant. Suite à sa disparition, mes parents sont devenus beaucoup plus vigilants. Et que je le veuille ou non, ce n’est finalement qu’à Poudlard que je suis la plus libre. Pourtant, je ne suis jamais totalement libre dans le fond. Parce que je m’enchaine moi-même en veillant sur Bjorn, espérant qu’il ne lui arrive rien. Parce que les fiançailles commençaient à planer sérieusement au-dessus de ma tête, la fin de ma scolarité de base approchant à grands pas. La liberté était devenue une pure utopie.

Mes parents ont tenté de me dissuader de retourner à l’école. Parce qu’ils avaient déjà perdu un enfant, qu’ils ne voulaient pas en perdre un second. Je pense surtout qu’il ne voulait pas perdre une si belle opportunité de se lier à une autre famille tout en sachant que j’étais en capacité de m’engager dans l’entreprise familiale. Mais j’ai su trouver les bons arguments. Déjà, la rentrée allait se faire à Poudlard. L’endroit était toujours caché des Moldus et semblait donc bien plus sécurisé que la ville de Londres toute entière. Ensuite, c’était un bon moyen de garder un œil sur Björn. Sur ce point, ils n’avaient pas trop à s’en faire : j’étais totalement en mesure de veiller sur mon jeune frère, surtout qu’il avait parfois tendance à se mettre en danger pour pas grand-chose. Et mon dernier argument a évidemment été le cursus de magizoologie et botanique. C’était un excellent moyen de parfaire mes connaissances et donc, de me sentir encore plus à l’aise une fois que j’intégrerais l’entreprise.

En septembre, j’ai donc fais ma rentrée en deuxième année universitaire. Evidemment, mon père s’est dit que j’allais donc pouvoir venir en stage dans notre élevage de chevaux magiques. Personnellement, je préfèrerais passer toute mon année à Poudlard mais que voulez-vous, il faut bien réussir à contenter tout le monde.