Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes, alors pensez à les privilégier pour vos personnages
Lumos Je rp en : firebrick Mon allégeance : va à Maxime
Ven 7 Mai - 17:44
Lève la tête, porte ton fardeau Puise ta force en ceux qui t'aiment
Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Nous sommes début septembre et les cours viennent de reprendre. L’ambiance à Poudlard est étrange et il plane au-dessus du château une certaine inquiétude générale, en lien avec les évènements du mois dernier. J’ai croisé Taz dans les couloirs hier, il se remet bien de ses blessures, ce qui m’a rassuré. J’ai été porté plusieurs fois des chocolats à l’infirmier Greengrass pour le remercier encore une fois de m’avoir évitée de me vider de mon sang et de rendre l’âme dans la forêt. Il faut dire que je me suis faite une belle frayeur lors de cette attaque et j’ai alors pris conscience à quel point je ne suis pas prête. À quel point je suis faible et à quel point j’ai encore beaucoup de choses à apprendre ; j’ai également réalisé que je dois apprendre à contrôler mes émotions. Je me suis mise en danger cette nuit-là, j’étais si inquiète pour Maxime que j’ai entraîné Eirian avec moi dans mes bêtises. J’ai fait preuve d’une telle intrépidité que j’ai bien failli y passer. Heureusement, Eirian ne m’en a pas tenu rigueur et j’ai passé tout le mois d’Août à tenter de me faire pardonner. Je suis venue presque chaque jour à la librairie lui faire un coucou, me confondre en excuse, lui apporter une bonne glace à déguster pendant son heure de pause. Bref, la culpabilité m’a clairement rongé. Il n’a pas arrêté de me dire qu’il ne m’en voulait pas et qu’il m’avait suivi en son âme et conscience mais bon je me demande sincèrement si sa conscience était justement bien consciente des risques. Peut-être qu’Eirian aurait dû être à Gryffondor finalement ; il avait lui aussi cette étincelle de folie en lui peut-être.
En dehors d’agacer Eirian avec mes excuses quasi journalières, l’été a également été ponctué de mes rendez-vous avec Lyam et je me surprends à penser à lui plus que je ne le devrais. Il a été une bouffée d’air frais dans laquelle je me suis abandonnée cœur et âme et j’ai l’impression que cela m’a aussi permis de relativiser tout ce qu’il s’est passé. J’ai apprécié chaque moment passé auprès de lui et j’en viens même à penser que nous pourrions construire quelque chose de concret ensemble. Je n’ai pas envie de m’emballer de peur d’être déçue mais je profite de chaque week-end pour le voir ou échanger au téléphone lorsqu’il travaille. Cette nouvelle année promet donc pleins de nouvelles choses sur le plan sentimental et professionnel. Je suis à la fois excitée et angoissée par cette nouvelle année qui débute. Bien entendu, je ne suis plus aussi inquiète que l’an passé, les résultats de ma première année se sont avérés plus que satisfaisants et je suis heureuse d’entamer ma deuxième année. Pourquoi j’angoisse ? Les nouveaux cours au programme et la crainte encore une fois de ne pas être à la hauteur. Je me dis que les autres vont être dans le même cas que moi et cela me rassure. Mes pensées vont également vers l’Auror qui va bientôt m’accueillir en stage dans quelques mois et je suis ravie qu’on me donne cette opportunité. Cela va devenir plus concret également ; j’ai hâte d’être sur le terrain.
Je sors de mon cours de sortilèges avancés avec un mal de crâne incroyable. L’année commence fort. Orion me fait signe de le suivre mais je décline l’invitation, souhaitant rejoindre Maxime au dortoir avant d’aller manger. Je me faufile au travers des élèves direction les escaliers. Un petit groupe d’étudiants de troisième année attendent devant les escaliers mouvants que ceux-ci reviennent mais ils n’en font qu’à leur tête, donc nous sommes une dizaine à attendre qu’un d’entre eux daignent nous accorder son attention pour nous transporter. Je prends mon mal en patience tout en sortant un des livres de métamorphose que j’étudie pour la formation Animagus quand une conversation attire mon attention. « Nan mais t’aurais vu ça ! Il a pété un câble pendant le cours de défense au corps à corps ! » vocifère l’un. Je relève les yeux de mon livre et tend l’oreille vers le trio qui discute devant moi. « Et un gars comme ça serait diplômé à la fin de l’année ! Nan mais franchement, ce Serdaigle est un putain de danger public, faudrait lui interdire de venir s’entraîner avec nous. D’où tu fais un truc pareil. » J’ai la gorge qui s’assèche. Eirian. Il y a que lui pour « péter un câble » durant le cours de défense au corps à corps. Je ne cherche pas plus loin et fais demi-tour direction la tour des Serdaigle. J’attends devant la Salle Commune pendant ce qu’il me semble des heures avant que quelqu’un un sorte et je demande : « Est-ce qu’Eirian Howl est à l’intérieur ? » La Serdaigle me dit que non et je fonce à la bibliothèque et me fais enguirlander par la bibliothécaire parce que j’ose demander à voix haute si quelqu’un a aperçu Eirian. Chacun dodeline de la tête de droite à gauche et je sens une pointe d’angoisse et d’inquiétude s’insinuer dans tout mon être.
Je me dirige alors vers le Parc que je fouille du regard. Je me dis qu’il a peut-être décidé de s’isoler là où nous avons souvent l’habitude de courir près du Lac alors je parcours le chemin à vive allure, sentant mon cœur battre à tout rompre dans ma poitrine. Au bout d’un moment, je repère une silhouette familière au loin, assise au sol, face au Lac. Les bouclettes brunes d’Eirian virevoltent doucement au vent. Je m’approche doucement pour qu’il ait le temps de m’entendre et de me voir arriver afin de ne pas le surprendre. Sans dire un mot, je m’assois à côté de lui. Je ne lui demande pas si ça va, je vois bien que non. Je ne lui demande pas ce qu’il s’est passé. Je veux juste qu’il comprenne que je suis là pour lui s’il a besoin ; s’il a besoin de quoi que ce soit d’ailleurs. Que ce soit une oreille attentive, une épaule pour pleurer, un punching ball pour se défouler. Cela sert à ça les amis non ?
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Lumos Je rp en : #00ccff Mon allégeance : Ordre du Phénix
Sam 8 Mai - 19:49
Lève la tête, porte ton fardeau
« septembre 2020 »
Les couloirs du château défilent tandis que tu descends vers le parc. On ne cherche pas à te rattraper et c’est tant mieux. La fin des cours n’a pas encore sonné, les corridors sont déserts et tu utilises un ou deux passages pour esquiver les escaliers les plus pénibles. Les dents serrées, les larmes aux yeux, tu restes pourtant attentif à ton environnement, prêt à éviter n’importe quelle personne qui croisera ton chemin. Tu ne cours pas, pas vraiment, mais c’est une fuite quand même. Le cœur battant, tu atteins le hall, tandis que l’heure précédente ne te quitte pas.
*
Voilà. Tu y es. L’échéance redoutée de la semaine. Cours de défense au corps-à-corps. Tu t’es à moitié étranglé en découvrant les nouveautés de la rentrée. Défense contre les moldus, tu comprends l’idée, tout en espérant que le professeur saura présenter les choses et ne sombrera pas dans l’anti-moldu primaire à la façon des sang-pur. Corps-à-corps… évidemment, c’est normal, il faut que vous sachiez vous défendre sans magie, surtout avec les nouvelles armes développées par le Blood Circle, mais… Non. Tu as passé une partie de la semaine à angoisser, à échafauder des plans pour essayer d’y échapper tout en ayant bien conscience de l’évidence : tu ne peux pas sécher une telle matière toute l’année. Pas si tu veux garder une chance d’intégrer un jour les Aurors – sans même parler du fait que les enseignants ne laisseront jamais passer ça. Évidemment, c’est un futur très hypothétique, un fuyard comme toi, qui vit sous une fausse identité, qui rêve d’intégrer les forces de l’ordre… c’est presque ironique. Mais Sean ne l’a pas remis en cause au cours de l’été, comme si c’était vraiment possible. Ce n’est de toute façon pas la priorité du moment. Au fond, pour la première fois, tu te sens trahi par Poudlard, le seul endroit où tu as l’impression d’être en sécurité, le seul endroit qui ressemble à un chez-toi. Le seul endroit où tu arrives à défaire complètement tes valises parce que tu sais que tu n’auras pas à fuir en catastrophe devant les hommes de ton père. Et maintenant… tu te sens piégé et tu n’as aucune solution. Tu as bien pensé à l’infirmerie, mais ça marchera une fois ou deux, pas davantage, et il est de toute façon hors de question que Greengrass t’examine. Une blessure classique sera soignée trop facilement et le reste est… trop grave. Un certificat médical juste pour cette matière ne fonctionnerait pas – et les professeurs t’inviteraient sans doute à réfléchir à une réorientation. Les nouvelles matières ont entraîné des protestations chez tes condisciples, l’idée de se battre sans magie ne plaît pas à certains, mais ils sont quand même tous là, curieux de savoir ce qui les attend. Toi, tu espères surtout te fondre dans la masse. Le professeur ne pourra pas vous avoir à l’œil tout le temps. Si seulement Kayla était dans la même année ! Vous auriez pu vous arranger, elle aurait compris le problème. Tu ne fais pas assez confiance aux gens de ton année pour leur en parler, surtout que tu agaces déjà bien assez les Serdaigles avec tes cauchemars à répétition. Et, quoi qu’il en soit, tu ne peux pas demander à quelqu’un de sacrifier une partie de sa formation pour toi. Ils ont réellement besoin d’apprendre à se défendre. Le cours commence tranquillement. Présentation du programme de l’année, les objectifs, les éléments classiques d’une reprise scolaire. Avec un peu de chance, tu gagneras quelques jours de répit. Enfin, pour ça, il faut en avoir en stock et ce n’est visiblement pas ton cas, puisque le professeur annonce des échauffements avant de vous demander de passer deux par deux pour évaluer votre niveau et ce que vous savez déjà faire. Les binômes passent les uns après les autres. Le ventre noué, tu gardes un œil rivé sur ta montre, l’autre sur leurs prestations – on voit que certains ne se sont jamais battus autrement qu’avec une baguette. Les coups restent prudents, jamais vraiment portés. Tu peux peut-être jouer sur tes compétences, faire valoir que tu n’as pas vraiment besoin de ces cours… Il ne reste plus beaucoup de temps. Un quart d’heure, il ne pourra pas… « Howl, Carmichael, à vous ! ». Non. L’autre grimace, mais se met debout. Des têtes commencent déjà à se tourner vers toi. « Plus vite, Howl ! Ce n’est pas comme ça que vous affronterez des moldus ! ». Ça tombe bien, tu n’as pas envie de te battre contre eux. « Arrêtez de nous faire perdre du temps, vous avez un programme lourd pour cette année ! » Tu te lèves sans répondre, rejoins l’enseignant.
— Ce… n’est pas utile, professeur. J’ai déjà de l’expérience, je pratique les arts martiaux moldus depuis longtemps.
— Eh bien, c’est parfait, vous allez nous montrer ça. Ne soyez pas timide.
Tu argumentes désespérément, mais rien ne fonctionne et il finit par s’énerver. Tu te retrouves face à Carmichael. Tu inspires profondément, essaies de calmer tes battements de cœur frénétiques. Tu es à Poudlard, en sécurité, c’est un simple entraînement, il n’aura pas vraiment le temps de t’atteindre, un coup ou deux et ce sera bon, tu peux le faire. Ça n’a rien d’une situation réelle. Tu peux ignorer les regards des autres, leur attention fixée sur toi, celle du professeur également, tous les éléments autour dont aucun n’échappe à ton hypervigilance. Ton adversaire bien sûr, déjà plus ou moins en place, et sa garde n’en est pas vraiment une, pleine de failles. Carmichael attaque en premier, et tu t’efforces d’esquiver, en ayant bien trop conscience de sa proximité, du fait qu’il cherche à t’atteindre. Ne me touche pas. S’il y parvient… Mais non, ce n’est pas un vrai combat, tu ne joues pas ta vie, tu es à Poudlard. Son poing te frôle, tu bloques son poignet. Il enchaîne aussitôt, pressé, ravi de voir que tu ne te défends pas vraiment. Le professeur est sur le côté, les autres élèves de l’autre, le mur derrière toi, pas si loin, lui en face. Tu te sens encerclé, acculé, sans moyen de t’échapper. S’il t’atteint, tu ne sais pas ce qu’il va te faire, les images se bousculent dans ta tête, Blood Circle de cet été et les affrontements passés. Ton peu de contrôle se fissure, tu esquives de justesse un nouveau coup. Tu dois sortir de là. Fuir. À peine la pensée t’a-t-elle traversé que ton corps réagit. Tes réflexes prennent le dessus, les coups s’enchaînent, vifs et précis. Il n’a aucune chance. Ton genou l’atteint au ventre, il se plie en deux, et ton coude le heurte à la tempe. Il s’effondre avec un gémissement, conscient, tu n’as pas frappé si fort que ça – heureusement. On t’attrape brusquement par le col, et tu te dégages violemment. L’homme – le professeur recule. Tu prends conscience du sang qui te bat aux tempes, de ton cœur qui cogne à toute allure, de ton souffle trop rapide qui ne va pas jusqu’à tes poumons, des tremblements qui te secouent, de la tension qui te noue tout le corps, qui hurle « danger, danger ». Du silence de mort qui t’entoure, soudain rompu par l’enseignant. « Mais qu’est-ce qui vous a pris ! » Tu ne voulais pas, tu lui as dit… Et ce n’est pas là, ni maintenant que tu vas t’expliquer, pas devant eux tous. Tu recules, pivotes, droit vers la porte. « Howl, arrêtez-vous, vous n’allez pas vous en sortir comme ça ! » La porte claque dans ton dos et étouffe sa voix. Ce n’est que quelques étages plus bas que tu arrives à recouvrer un semblant de calme.
*
À la tension se mêle la colère. Colère contre l’enseignant qui ne t’a pas écouté, contre cet abruti de Carmichael qui a voulu briller. Contre toi-même surtout, pour avoir perdu le contrôle, pour ne pas être capable de gérer cette foutue faiblesse qui devient de plus en plus handicapante. Mais tu ne peux pas, tu n’y arrives pas. Sentir le contact d’un autre, même à travers tes vêtements, même un geste anodin, imaginer te retrouver bloqué, immobilisé te fait perdre tous tes moyens. Un frisson violent te traverse. La gorge nouée, tu déglutis avec peine, refoules les images qui ne demandent qu’à débarquer. Un poids te broie la poitrine.
Le parc, enfin. Le soleil de la fin d’après-midi tombe sur ton visage, il ne fait pas si chaud, mais la sensation te fait du bien. Les alentours sont déserts, tu traces en direction du lac – tu es presque surpris de t’y retrouver, mais ça fait partie des endroits où tu te sens bien, qui t’apaisent. Tu shootes brutalement dans les cailloux sur ton chemin, envahi par la frustration – toutes tes émotions se mêlent, colère, frustration, douleur, regret – tu en as marre d’être comme ça, marre de subir ce qui t’arrive, sans jamais arriver à t’en sortir, comme si quelqu’un prenait plaisir à t’enfoncer la tête sous l’eau et à l’y maintenir. Tu te laisses tomber au bord du lac, le regard brouillé par les larmes, les bras serrés autour de tes genoux relevés. Tu te fiches des conséquences – pas de toutes, mais pour l’heure, tant pis pour les heures de colles qui ne manqueront pas de tomber, une fois que le professeur t’aura mis la main dessus – ou que tu seras allé le trouver. Tes doigts se crispent sur tes bras – là où les manches longues cachent toujours les marques et un bref instant tu regrettes de ne pas avoir ta lame sur toi, de l’avoir laissée dans ton dortoir en te changeant pour le sport. Ça t’aurait peut-être aidé, ça aurait au moins calmé le tourbillon fou dans ta tête.
Un bruit de pas, lent et prudent. Tu ne tournes pas la tête, juste un coup d’œil sur le côté. Kayla. Qui adopte les précautions habituelles, s’assure que tu l’as vue et entendue parce qu’elle a compris depuis longtemps que tu ne supportes pas qu’on te prenne par surprise, qu’on envahisse ton espace sans prévenir, sans que tu aies besoin de rien lui dire. Tu aurais pu te douter qu’elle viendrait. L’histoire doit faire le tour de l’école. Il ne manquait plus que ça. Tu jures intérieurement. Elle s’assoit à côté de toi sans rien dire. Le vent a séché une partie de tes larmes, mais elles coulent encore. Tu les essuies d’un geste rageur. Tu ne sais pas quoi dire, ni quoi faire, perdu dans trop de sentiments que tu n’arrives pas à démêler, sans savoir si tu préfères être seul ou si tu peux accepter sa présence et son soutien. Tu aimerais presque qu’elle te hurle dessus, plutôt que ce calme. Au moins, tu saurais comment réagir. Tu finis par lâcher, d’une voix distante, sans intonation :
— Je suppose que tu as entendu parler de ce qui s’est passé.
Sans la regarder, tu poursuis :
— C’est gentil d’être venue, mais je vais bien.
Mensonge comme toujours, trois mots que tu répètes dès que tu peux ou leurs collègues « ça va », autant pour convaincre les autres que pour te convaincre toi-même.
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Spoiler:
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Kayla Rausale
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Dim 9 Mai - 23:19
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Alors que je suis à la recherche d’Eirian, je me remémore tous les endroits qu’il apprécie et je me rends dans chacun d’entre eux. L’angoisse m’assaille et je me dis qu’il faut que je le trouve vite sinon je vais péter un câble et finir par m’en prendre à quelqu’un moi aussi. Je ne peux pas imaginer qu’Eirian soit seul avec toute la culpabilité et la honte qu’il doit probablement ressentir. Depuis que je connais le jeune Serdaigle, je sais pertinent que je n’ai fait que gratter la surface de sa carapace tout en comprenant bien que ses blessures étaient profondes, ses fêlures prêtes à se fissurer à la moindre petite contrariété, ses cicatrices prêtes à se rouvrir. Il y a ce quelque chose en Eirian qui est brisé. Je n’ai jamais osé demander quoi et je sais pertinemment que je n’aurai probablement aucune réponse à mes questions si jamais je les posais. J’ai beau être une sacré fouine, c’est une limite que je n’ai jamais franchi avec lui parce que j’ai tout de suite compris que cela ne servirait à rien. Je n’étais de toute manière pas là pour jouer au psychomage avec lui-même si je suis persuadée que cela pourrait lui être utile. Eirian, je l’aime pour ce qu’il est et ce qu’il a été avant ou ce qu’il a vécu auparavant, je ne dirai pas que cela ne m’intéresse pas, mais disons que cela n’a que peu d’incidence sur la manière dont je me comporte avec lui. Je me suis toujours contentée d’être moi-même sans chercher plus loin en imaginant que s’il avait besoin d’une oreille attentive il pourrait la trouver auprès d’autres amis ou auprès de moi s’il le souhaitait mais jamais je ne l’ai bousculé. Pourtant, ce soir, c’est moi que j’aimerais qu’on bouscule. Je m’en veux. Encore une fois. Comme cet été, lorsque j’ai entraîné Eirian à la fête de la forêt tout en sachant bien que c’était la pleine lune bon d’accord je pouvais pas savoir et en plus depuis quand les BC viennent faire mumuse à la lisière de la forêt interdite ?. Mais cette fois, je m’en veux pour une tout autre raison. Quand j’ai vu au programme les nouveaux cours au programme, j’aurai dû me douter que cela ne pourrait pas fonctionner.
Cela fait maintenant un an que j’ai rencontré Eirian. Très rapidement, au bout de cinq minutes en réalité, j’ai compris qu’il avait un problème avec le contact physique. Moi qui suis si expansive, si tactile, je m’étais contentée de mettre ma main sur son avant-bras pour le remercier de me tutorer et de m’accompagner tout au long de ma première année. Sa réaction m’a rapidement fait comprendre qu’il n’était pas question que je recommence. Il s’est dégagé si brutalement que cela m’a suffi. Comment j’ai pu penser qu’il supporterait le combat rapproché ? Qu’il supporterait que quelqu’un qu’il ne connaît pas le touche ? Il refuse déjà que quelqu’un qu’il connaît le fasse… Je m’en veux d’avoir été si stupide, si naïve, si bisounours. Alors je continue de chercher le jeune homme comme si ma vie en dépendait ; j’ai le souffle court et le cœur qui bat à la chamade alors que je traverse le parc jusqu’à ce que j’aperçoive -enfin- sa silhouette. Je m’approche doucement, avec précaution, prenant le temps d’annoncer tacitement ma présence. Je m’assois sans rien dire. C’est étrange de se rendre compte à quel point j’ai compris pas mal de chose sur Eirian sans qu’il ne me dise jamais rien. J’ai toujours été plutôt douée pour comprendre les gens. Bien entendu, si je le fais, c’est aussi parce que je sais qu’il vaut la peine qu’on s’intéresse à lui. Au-delà de ce que j’ai bien pu percevoir de lui tout au long de l’année, ce que je sais, c’est qu’Eirian est un garçon comme moi : il a les mêmes convictions, de nombreux centres d’intérêt en commun avec moi, il a les mêmes idéaux et la même volonté farouche de changer le monde. À mes yeux, cela suffit largement pour que je veuille l’aider. Même quand il ne veut pas de mon aide. Je souris tristement alors que des larmes coulent sur ses joues et je sens ma gorge se nouer, comme si une boule incroyable venait d’y élire domicile. J’aimerai lui prendre la main, le serrer dans mes bras. C’est ce qu’on fait quand quelqu’un est triste non ? J’aimerai lui témoigner toute mon affection mais si je fais ça, cela va empirer les choses bien évidemment. Alors je me contente de rester à ses côtés, espérant que ma simple présence lui permettra au moins de tarir ses pleurs.
Je dis doucement, sans détour : « C’est pas la tête de quelqu’un qui va bien ça tu sais. Va falloir faire un petit peu plus d’efforts si tu veux me faire croire que ça va Eirian. » Je ne vais pas tourner autour du pot pendant cent sept ans, c’est pas le genre de la maison. « J’étais en train de monter à la tour des Gryffondor. Des étudiants de ta promo discutaient entre eux mais je n’ai pas compris spécifiquement de quoi il en retournait. Juste qu’il y avait eu un incident durant le cours de combat au corps à corps. » Je fais une pause avant d’ajouter : « J’ai juste compris que ça parlait de toi. » Ce qui est la vérité. Je n’ai pas les détails. J’aurai pu rester derrière eux pour les connaître et écouter tous les éléments scabreux ; j’aurai pu faire ma chouette. C’est un de mes défauts, je suis très curieuse. Extrêmement curieuse. Avec Maxime, on nous surnomme les reines des potins. On sait presque tout sur tout le monde, surtout sur des gens dont on se contrefiche. Mais quand j’ai compris qu’il s’agissait du Serdaigle, je n’ai pensé qu’à lui et à ce qu’il devait ressentir, j’en ai rien eu à faire de savoir de quoi il en retournait réellement. « Je vais juste rester là avec toi un petit moment si tu veux bien. » murmuré-je. C’est vrai ce que j’ai dit, je m’en fiche de savoir. Je veux juste qu’il sache que je suis là s’il a besoin de quoi que ce soit.
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Ven 14 Mai - 20:58
Lève la tête, porte ton fardeau
« septembre 2020 »
Tu fuis le château tout en sachant que ce n’est pas la bonne solution. Mais après tout, tu ne sais faire que ça, non ? Tu n’as rien fait d’autre depuis tes sept ans. Fuir ton père et ses hommes, fuir la police, fuir l’Angleterre, fuir le Blood Circle, fuir les autres en général parce qu’il t’était interdit de nouer des amitiés, de crainte de laisser échapper des bouts de vérité ou d’attirer l’attention, fuir en laissant ta mère derrière toi, fuir tes problèmes, fuir, encore et toujours. Tu es même un pro en la matière. C’est ton premier réflexe, ton moyen de survie lorsque le danger débarque ou lorsque le monde te submerge – et il le fait bien trop souvent ces derniers temps. Te fondre dans les alentours, disparaître, laisser les remous retomber. Tu as fui aussi devant Sean avant qu’il ne te rattrape, tu as fui les questions d’Elise et celles non prononcées de Kayla, tu as fui les inquiétudes des professeurs en septième année. Le temps de reconstruire tes remparts, de t’abriter de nouveau derrière tes mensonges, de présenter la façade que tu polis depuis des années pour faire illusion. Oh, tes amis se doutent bien que ta carapace dissimule des choses, mais tu n’as jamais lâché le moindre mot dessus, brodant sur ta vie de famille, sur tout ce qui peut te donner l’apparence d’une existence normale. Ne jamais s’arrêter, ne jamais regarder en arrière, les préceptes de ta mère – et tu continues de les suivre. Au fond, tu n’es constitué que de vent et d’air, rien de stable, rien de solide, toujours en mouvement. Et tu fuis encore, les cours cette fois, et ces maudits corps-à-corps, tu sens encore la main de l’autre sur toi, même s’il ne t’a pas vraiment atteint. C’était juste un entraînement, bon sang ! Tu aurais pu le tolérer, ça n’aurait duré que quelques secondes et c’était terminé, personne n’en parlait plus et tu aurais été tranquille pour les séances suivantes, perdu dans la masse de la classe. Il n’avait pas l’intention de te faire du mal. Mais non, il a fallu que tu dérailles. Comme trop souvent.
Tu aimerais te fuir toi-même si tu pouvais. Ce serait peut-être plus simple. Abandonner ton corps derrière toi, cette enveloppe que tu ne supportes plus ; devenir quelqu’un d’autre de moins cassé, de plus normal. Quelqu’un de différent, qui saurait comment agir au lieu de se débattre dans un brouillard qui ne cesse de s’épaissir. Tu n’as jamais trouvé comment réparer ce qui s’était brisé ce jour-là – tes rafistolages ne tiennent pas vraiment, deviennent de plus en plus lâches. C’était plus facile d’essayer de fuir, de laisser tout ça derrière toi, mais ça n’a jamais marché, les souvenirs et les cauchemars ne t’ont pas lâché. Ont même empiré. Que ce soit en les enfouissant au fond de toi ou en les repoussant à un plus tard indéfini, tu as continué de fuir tes problèmes. Avec du succès clairement, pas vrai ? Tu en as marre, marre, marre. Et tu es fatigué aussi, fatigué de lutter pour rien, fatigué d’échouer, fatigué de voir s’effondrer tout ce que tu tentes de construire. Une dernière année tranquille, c’était trop demander ? Tu aimerais tout arrêter, mais c’est impossible. Si seulement… les choses pouvaient s’arranger un peu, tu parvenais à tenir à distance tes plus gros blocages !
Tu t’échoues au bord du lac, le dos tourné au château. Tu n’iras pas plus loin de toute façon, impossible de le fuir définitivement. Ça ne résoudrait rien. Ce n’est pas le cours, le problème, ni les enseignants, ni même les autres élèves. C’est toi et ta faiblesse, ta faiblesse qui te gâche encore l’existence. Les larmes te brûlent les joues, tu serres les dents. Tu n’as rien pour apaiser ce qui tourne dans ta tête, rien pour faire taire cette douleur intangible. La honte et la culpabilité se mêlent, ne te lâchent pas. Pourquoi est-ce que tu n’arrives pas à te relever ? Pourquoi est-ce que tu manques à ce point de force ?
Des bruits de pas te tirent de tes pensées. Kayla. Tu te crispes. Tu sais pourtant qu’elle connaît tes limites. Depuis le début, depuis que tu t’es dégagé quand sa main s’est posée sur ton bras. Tu redoutais les questions, tu t’y étais plus ou moins préparé, mais elle n’a rien dit, juste intégré le fait que tu n’aimais pas être touché. À l’époque – il y a un an, ça te paraît à la fois si proche et si lointain – ce n’était pourtant pas aussi catastrophique que maintenant. Et même lorsque vous vous êtes rapprochés, elle n’a jamais essayé d’aller trop loin – tu ne lui en aurais pas voulu, tu comprends que ton attitude interroge, puisse même décourager les gens de se lier avec toi, mais tu lui as quand même été reconnaissant de ne pas forcer. Soulagé aussi qu’elle accepte de se contenter du peu que tu lui offrais. Bien sûr, vous vous rejoignez sur de nombreuses choses, vos points communs ne sont pas des mensonges, votre amitié t’est précieuse et tu aimes les moments que vous passez ensemble, au château ou en balade cet été… mais tu lui as menti autant qu’aux autres sur ta vie, créant cette barrière entre vous. Tu ne sais pas comment accueillir sa présence. Comme les animaux blessés, tu as tendance à te replier dans ton coin en attendant que ça aille mieux, que tes plaies soient un peu pansées avant de revenir. Tu as géré seul ces dernières années, comment agir autrement ? Elle s’inquiète pour toi, tu l’as bien vu cet été suite à l’attaque du Blood Circle, même si elle n’y était évidemment pour rien – ce n’est pas elle qui les a invités à la fête, elle n’aurait jamais pu deviner ce qui allait se passer et de toute façon, même si elle a insisté, tu as décidé en toute conscience de venir et de l’aider ensuite – et même ça, tu n’y es pas parvenu, elle a été blessée alors que tu t’en es sorti pratiquement indemne. L’inverse aurait été mieux.
Tu te tends lorsqu’elle s’assoit à côté de toi, même si elle ne tente pas le moindre geste vers toi, mais sa seule présence suffit pour que tu restes vigilant… au cas où. Depuis quand est-ce que tu ne maîtrises plus les choses à ce point ? Le contrecoup du cours joue encore, mais quand même… Ton accueil froid ne la déstabilise pas. Elle se montre toujours aussi franche.
— J’en ai marre de faire des efforts, ça ne marche jamais.
Et évidemment, il fallait que les autres en parlent. Ça va encore être joyeux dans la tour ou aux repas, à te faire dévisager par tes condisciples en attendant qu’un autre sujet stupide retienne leur attention volatile.
— Évidemment, s’il y a un problème, c’est forcément moi !
Tes poings se serrent. Qui d’autre, en même temps ? Il n’y en a pas beaucoup qui se mettent à paniquer comme des gosses quand on les approche trop. Ta colère n’a pas de raison d’être, mais tu ne maîtrises plus grand-chose. Même quand tu veux qu’on te laisse tranquille, on vient te déranger.
— Pourquoi ? Tu as sûrement plein d’autres choses plus intéressantes à faire. Ou c’est toujours ta culpabilité de cet été, tu essaies de te racheter ? C’est bon, je t’ai dit que je ne t’en voulais pas. Je peux gérer seul, je n’ai pas besoin d’aide.
Elle ne mérite pas que tu lui parles de cette façon – et tu ne voulais pas vraiment te montrer aussi violent. Refusant de la regarder, le corps raide, tu fixes l’eau droit devant toi, regrettant une fois de plus ton manque de contrôle. Ce n’est pas en agissant aux antipodes de ce que tu es d’habitude que tu vas la convaincre. Mais tu t’en moques. Tu en as juste marre.
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Kayla Rausale
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Sam 15 Mai - 17:52
Lève la tête, porte ton fardeau Puise ta force en ceux qui t'aiment
Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Je m’assois sur les cailloux et même si cela n’est pas confortable, je ne pense à rien d’autres qu’à Eirian et ce que je perçois de son mal-être. Je me sens totalement impuissante et j’espère simplement que ma présence suffira à l’apaiser, rien qu’un peu. Je ne m’attends pas à ce qu’il déballe ce qu’il s’est passé, ni même qu’il se livre à moi. Ce n’est pas dans ses habitudes de perdre la maîtrise de ses émotions, encore moins de les exposer ainsi. Il faut dire que d’ordinaire, Eirian est plutôt verrouillé sur ce qu’il ressent et sur ce qu’il ne ressent pas d’ailleurs. Je le regarde se crisper et je sens mon cœur se briser. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais malgré tous ses secrets, tous ses probables mensonges, toute sa réserve, malgré le fait que je sais pertinemment qu’il me cache de nombreuses choses, j’ai toujours apprécié Eirian. J’ai toujours pensé que tout cela était probablement conditionné à une expérience douloureuse de son passé, probablement dans son enfance d’ailleurs puisqu’il a toujours été comme ça. Je me suis toujours dit qu’il avait dû vivre quelque chose d’affreux, de difficilement entendable et supportable, qui avait probablement perverti son rapport aux autres et aux contacts physiques. Je ne peux pas dire que je n’y ai pas déjà pensé : plusieurs hypothèses ont déjà germé dans ma tête. Passant de la torture, aux abus sexuels, à la maltraitance, les théories que j’ai échafaudées dans ma tête n’ont jamais passé la barrière de mes lèvres et je les ai toujours gardées pour moi. En soi, je n’ai aucunement besoin de savoir quoi que ce soit pour l’apprécier et c’est bien cela le plus important non ? Effectivement, même si Eirian s’avère être quelqu’un de compliqué, je n’ai jamais ressenti la moindre once de pitié envers lui ; je ne vois qu’un garçon qui a besoin qu’on lui montre qu’il peut exister autre chose dans la vie. Bien sûr que j’ai envie qu’il puisse savoir qu’il peut accorder sa confiance à quelqu’un sans que cela ne remette quoi que ce soit en cause, et encore moins montrer qu’il est faible. Est-ce cela qu’il pense ? Qu’en évoquant ce qui le tourmente, il passera pour quelqu’un de faible ? Je n’en sais strictement rien. Ce que je sais, c’est qu’il semble y avoir des nœuds dans son cerveau qui sont davantage serrés et entremêlés que d’ordinaire.
Je lui exprime mes inquiétudes de la manière la plus franche et transparente possible afin qu’Eirian soit tout à fait au clair avec mes intentions. Sa réponse me fait tiquer : « J’en ai marre de faire des efforts, ça ne marche jamais. » Alors que je m’apprête à enchainer, il serre ses poings en disant qu’il était forcément la source de tous les problèmes. J’hausse un sourcil, surprise par sa manière virulente de voir les choses : ce n’est pas dans ses usages et je crois ne jamais l’avoir vu comme ça, lui qui est d’ordinaire si mesuré. Je le regarde cracher son venin tout en scrutant avec attention l’eau du lac, comme si allait surgir de celui-ci toutes les réponses à ses questions. Un rire narquois s’échappe sans que je le veuille de ma bouche, symbole de mon agacement. « Oh bien sûr, je ferai sans doute mieux de retourner à la grande salle pour dîner, ça sera forcément bien plus intéressant que d’essayer de te venir en aide comme tu as pu m’aider toi aussi à d’autres occasions. » Je parle des cours bien évidemment mais je parle également de la forêt où il m’a tendu une main secourable (métaphoriquement parlant) et où il ne m’a pas abandonné. Je ne vais pas faire la liste complète de toutes les fois où il m’a aidée parce que la liste serait trop longue et qu’on a pas toute la journée.
Je reprends ces quelques mots en disant : « Alors arrête de faire des efforts. » Solution simple. Ce n’est pas toujours si simple. Mais je lui dis quand même : « Sois juste toi-même. Arrête de réfléchir à ce que peuvent bien dire les autres. Ou ce qu’ils peuvent penser. » J’ajoute : « Bah non tu es pas la source de tous les problèmes. Mais quand on parle d’un Serdaigle qui pète un câble en combat rapproché, oui. Évidemment que j’ai pensé à toi Eirian. » Je lève les yeux au ciel. C’était une évidence. Qui d’autres pourrait tant redouter qu’on le touche ? Qui d’autre que lui pourrait tant craindre une main sur un avant-bras ou une simple étreinte ? Alors dans l’optique d’un combat au corps à corps… Bien sûr que cela prenait tout son sens pour quelqu’un comme moi qui a appris à comprendre Eirian sans qu’il n’ait besoin de dire quoi que ce soit. Je me contente donc de dire sans détour (comme je sais si bien le faire) : « Et pour ta gouverne, parce que cela n’a pas l’air d’être si clair dans ta tête, je suis ton amie et les amis s’inquiètent pour ceux à qui ils tiennent. » Je vais toujours droit au but, sans passer par dix milles détours. « Mais si tu penses sincèrement que je suis là parce que je culpabilise, bah j’ai vraiment rien à faire ici… » Je rabats mes genoux contre ma poitrine et fixe à mon tour l’immense étendue du lac. Eirian a tout faux. Bien sûr que la culpabilité m’a rongée cet été parce que je me sens responsable des blessures superficielles du Serdaigle parce que c’est moi qui lui aie demandé de venir à cette soirée. Même si au fond, je ne pouvais pas savoir. Mais si je suis venue quasiment chaque jour lui faire un petit coucou dans la librairie où il travaille, c’est surtout parce que je l’apprécie et que je croyais qu’on était amis. Si ça se trouve, ça ne lui a pas plu du tout que je passe au Part Chemin ? Je me mords les lèvres en me demandant si je n’ai pas investi du temps et de l’énergie dans une relation amicale qui n’était qu’unilatérale.
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Lun 17 Mai - 20:57
Lève la tête, porte ton fardeau
« septembre 2020 »
Tu ne bouges pas tandis que Kayla s’assoit, juste un peu plus raide, sur la défensive, au cas où, même s’il est peu probable qu’elle tente de te toucher. Surtout si elle a appris ce qui s’est passé. Mais tu ne peux pas t’en empêcher. Mieux vaut être trop prudent que pas assez, la leçon t’est rentrée dans le crâne, et tu as payé bien assez cher tes écarts. Une part de toi a envie d’être seule, le temps de libérer le trop-plein, le temps d’arriver à retrouver ta maîtrise de toi, de reconstruire tes barrières. L’autre… en a plus que marre de la solitude, de ne voir que du vide à tes côtés, comme si tu n’étais qu’un fantôme. Le fait que Sean soit au courant t’a soulagé un peu, sans parvenir à dissiper toutes tes angoisses. Tu ne devrais pas avoir besoin d’aide, ta mère t’a élevé pour que tu sois capable de te débrouiller seul si jamais vous vous retrouviez séparés. Tu aurais dû t’en sortir. Mais au contraire tu n’as pas été à la hauteur de ce qu’elle a fait pour toi. Tes faiblesses te rattrapent et tu te débats contre elles, mais elles t’entraînent vers le fond, te noient et tu ne sais plus quoi faire pour t’en dépêtrer. Elles deviennent de plus en plus handicapantes, t’empêchent de vivre ta vie et accentuent ta perte de contrôle sur tes émotions.
Même avec l’arrivée de Kayla, tu ne parviens pas à te calmer, à retrouver ta maîtrise de toi, comme si, pour une fois que les vannes sont ouvertes, tes larmes en profitaient. Tu l’as déjà plus ou moins expérimenté chez Abigail, tu aurais préféré que cette situation ne se renouvelle pas. Si tu commences à craquer, tu vas t’effondrer et tu ne peux pas te le permettre. Sans penser qu’un garçon ne devrait pas pleurer, tu préfères dissimuler au maximum ce genre d’émotions, présenter toujours la même façade. Après tout, « Eirian » est censé avoir une vie tranquille et normale ; aucune raison de se mettre à pleurer à la moindre contrariété – et en général, tu y arrives plutôt bien. Maintenant… c’est plus compliqué. Le trop-plein ne demande qu’à déborder, mais pleurer ne t’aidera pas à résoudre tes problèmes. Abigail t’encouragerait à te prendre en main, comme elle te l’a dit en juillet, mais tu galères déjà avec le quotidien, alors voir au-delà ? Tu ne fais que survivre, et ça te demande déjà bien assez d’efforts.
Tu réponds vivement à Kayla. La colère prend le dessus, même si elle n’est pas dirigée contre ton amie. Plutôt contre toi-même, ton incapacité à gérer, tes angoisses. Contre ces maudits cours qui mettent tout en péril – mais ce n’est pas la faute des enseignants. Kayla marque sa surprise devant tes paroles. Tu n’as jamais réagi comme ça devant elle – ni devant grand monde, il faut bien l’avouer, c’est rare que tu te mettes en colère sauf lors de tes prises de bec avec les sang-pur, et même là, ça reste maîtrisé. Contrôlé. Mais tu n’en peux plus et tu n’arrives pas à le dire, tu as l’impression que tu vas imploser, que ton corps ne suffit pas à contenir tout ce que tu ressens. Un rire agacé lui échappe tandis qu’elle ironise.
— Oh oui, ça serait beaucoup plus intéressant et surtout bien mieux pour toi.
Et tu le penses sincèrement. Tu l’as aidée pour les cours, dans la Forêt aussi, bien sûr, mais ce n’était pas… pareil. C’était des choses concrètes, des actions… et tu n’as pas envie de lui imposer le poids de ce que tu portes. Ce serait trop déséquilibré par rapport à ce que tu as fait pour elle. Il vaudrait mieux qu’elle se préserve, qu’elle pense à elle. Tu ne veux pas noircir votre relation avec tes problèmes, ni l’attirer dans tes ennuis, elle ne mérite pas ça. C’est plus simple de fuir, encore. De repousser cette main qui se tend.
Un rire bas t’échappe quand elle te dit d’être toi-même. Qui est-ce que tu es vraiment ? Nathan Lancaster qui fuit le Blood Circle depuis des années en ne semant que des mensonges derrière lui ? Eirian Howl qui essaie de s’en sortir mais n’est qu’une façade, loin, très loin de ce que tu ressens vraiment ? Un mélange bâtard, tordu des deux ? Quelle importance de toute façon ? La comédie doit continuer.
— Je me fous de ce que pensent les autres.
Et tu le sais déjà bien assez. Autant ça allait au collège quand tu ne faisais que te tenir à distance, vous faisiez vos vies chacun de votre côté et ça te convenait, autant ces dernières années… ils accumulent les reproches à ton égard et tu ne peux pas vraiment leur donner tort. Mais la plupart d’entre eux mènent des vies normales, ont leur famille, tout ce que tu n’as pas et dont tu rêves tant, et tu as l’impression que le gouffre ne fait que se creuser.
— Il n’aurait rien dû se passer, j’aurais dû maîtriser tout ça, pas péter un câble comme un idiot !
C’est devenu viscéral, une répulsion incontrôlable mêlée à la panique, prenant une ampleur nouvelle sans que tu te l’expliques et ça te fait peur. Pourquoi maintenant ? Il ne t’est rien arrivé de si grave, tu t’es fait quelque peu bousculer au fil des événements, mais rien qui implique une telle réaction.
Ton amie… C’est toi qui fais un bien piètre ami, incapable d’accepter que d’autres se soucient de toi et de savoir comment répondre à leur inquiétude. Maintenir tes barrières te demande beaucoup d’efforts, et c’est plus simple que tout reste barricadé, au moins tu sais que tu peux tenir comme ça. Si tu les entrouvres… tu ne pourras pas prévoir les conséquences, tu sèmes déjà trop de vérité derrière toi ces derniers temps et ça t’angoisse terriblement. Ton cœur se serre en entendant les dernières phrases de Kayla. Tu l’as blessée. Alors, oui, tu voulais la faire fuir, mais tu regrettes tes mots. Tu n’as pas à te défouler sur elle, ni à la faire se sentir aussi mal juste parce que tu es incapable de gérer tes propres émotions. Tu tiens énormément à elle, à tout ce que vous partagez et même si tu aurais préféré qu’elle ne culpabilise pas tant au sujet de cet été, tu as été plus qu’heureux de la voir au Part Chemin, comme un rayon de soleil quotidien.
— Non, je suis désolé, je n’aurais jamais dû dire ça, je ne le pense pas. C’était odieux et injuste. Je tiens beaucoup à toi, tu es mon amie aussi, et ça me touche vraiment que tu m’aies rejoint. C’est juste que… je n’ai pas envie de te faire du mal, tu as bien plus à perdre qu’à gagner en étant amie avec quelqu’un comme moi. Je n’ai rien de bien à offrir, juste des problèmes. Je le pensais vraiment quand je disais que tu serais mieux dans la Grande Salle avec d’autres.
Tu t’es un peu tourné vers elle, sans vraiment la regarder en face. Tu joues nerveusement avec des galets, les fais tourner entre tes doigts d'un mouvement mécanique. Pourquoi c’est devenu si difficile d’exprimer ce que tu ressens ?
— C’est… Il y a des moments où quand c’est… trop cassé, ça ne vaut plus vraiment la peine de s’acharner à réparer, tu comprends ?
Tu as essayé pourtant, essayé de tout réassembler, de retrouver un peu de cohérence. Ça a marché un temps, tu arrivais plus ou moins à tenir les cauchemars à distance, à fonctionner normalement, même si tu n’as jamais dépassé ton aversion de ces contacts qui te brûlent. Mais ça n’a pas tenu longtemps.
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Mar 18 Mai - 22:23
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Je suis surprise, étonnée, agacée de la réaction d’Eirian tout en sachant fort bien que s’il est si en colère, c’est parce qu’il s’en veut. Du moins, c’est ce que j’imagine. L’air furieux de mon ami me fait prendre conscience à quel point il est en souffrance. Et pourtant, malgré que j’en sois consciente, ses mots me blessent plus qu’ils ne le devraient alors que je sais fort bien qu’il ne le pense pas vraiment. Pourquoi le jeune Serdaigle refuse-t-il toutes les mains qu’on lui tend ? Pourquoi croit-il que tout un chacun lui veut du mal et ne peut le comprendre ? La seule chose que je sais malgré ma déception, c’est que je veux rester à ses côtés pour l’accompagner même s’il ne veut pas de moi. Mais j’ignore si je serai la personne dont il a besoin pour se calmer… Je considère Eirian comme mon ami et j’aime les moments hors du temps que je passe avec lui parce que nous avons les mêmes points communs, les mêmes avis, les mêmes désirs de changement dans le monde. Mais n’ai-je pas trop attendu de cette relation ? En ai-je attendu plus qu’il ne peut m’en donner ? Ai-je imaginé que je pourrais lui être d’un certain appui lorsqu’il en aurait besoin ? Je n’en sais rien. Ce que je sais néanmoins, c’est que les larmes que je vois poindre aux coins des yeux du jeune homme sont réelles et elles me font prendre conscience qu’il est à bout et qu’il n’arrive plus à retrouver la maîtrise de lui-même ; quelque chose s’est brisé lors de ce cours, quelque chose l’a déstabilisé et il semble totalement perdu, à la dérive. Ce que je veux ? Le ramener jusqu’au bord, l’accompagner dans cette transition afin qu’il ne soit pas seul. Le problème ? Eirian ne veut pas se laisser faire. Il aurait dû être chez les Gryffondor, il est sacrément têtu.
Les premiers mots qu’il m’adresse trouvent leur réponse dans l’ironie de mes propos. Comme si je voudrais être ailleurs qu’ici. Comme si j’étais ce genre de personne qui lâche l’autre à la moindre tempête. Le pire dans tout cela ? C’est qu’il surenchérit en disant que je serai mieux ailleurs. J’hallucine et je soupire fortement. Bon d’accord, c’est l’heure de manger et tous ceux qui me connaissent savent que manger c’est sacré chez moi. Alors Eirian devrait comprendre que si je suis là, c’est que je le veux vraiment, c’est que c’est important ; c’est qu’il compte. J’ajoute : « J’avoue que je préférerai de loin manger un bon ragoût de bœuf plutôt que de me briser le coccyx sur ces foutus cailloux. » J’ironise encore bien entendu mais parce qu’Eirian m’y oblige. Je déteste qu’il refuse mon aide.
Il ricane étrangement alors que je lui demande d’être lui-même. Je fronce les sourcils. Putain ? Pourquoi ? Qu’est-ce qu’il l’en empêche ? Je ne sais pas grand-chose d’Eirian en dehors de Poudlard et même si j’ai toujours su qu’il avait probablement de lourds secrets j’ai toujours pensé qu’il était soutenu par sa famille et qu’il avait des ressources ailleurs ce qui lui permettait d’être le garçon que je connais la plupart du temps. Alors pourquoi rit-il ainsi ? Il dit qu’il se fiche du regard des autres. Je le conçois : Eirian n’est pas vraiment le garçon le plus populaire de l’école. Au contraire. Et pourtant, j’ai toujours pensé que c’était parce qu’il était plutôt solitaire et parce qu’il préfère avoir peu d’amis qu’un cercle plus grand. De toute manière, à quoi cela sert-il ? Si je prends mon propre exemple, je suis tout le temps fourrée avec Maxime ou mes cousines et même si je suis quelqu’un qui se lie facilement aux autres, je compte mes amis proches sur les doigts d’une main. Eirian continue de s’autoflageller et je comprends qu’il s’en veut terriblement de ne pas avoir pu se contrôler. « On peut pas toujours tout maîtriser Eirian. Parfois c’est juste trop difficile et faut que ça sorte. » dis-je pour tenter de le rassurer mais moi-même je trouve mes mots vides de sens comme si je ne savais pas comment le réconforter. Je lui sors des phrases toutes faites, d’une banalité affligeante et je sais que je ne peux pas adapter mon propos parce que je ne sais pas réellement qui il est. Je veux dire qu’il m’est difficile de l’aider sans comprendre ce qui le tracasse vraiment. Est-ce parce que l’autre l’a touché ? Est-ce parce qu’il s’en veut de son accès de colère ? Sûrement un peu des deux en réalité.
Néanmoins, le fait qu’il me repousse me blesse plus que je ne l’aurai pensé et je lui fais savoir d’une voix tremblotante, celle que je n’emploie pas souvent. Il faut dire que je n’ai pas l’habitude de me retrouver dans une telle situation. Avec Maxime, c’est tellement simple puisqu’on se dit tout : nous n’avons pas besoin de nous parler pour nous comprendre. Et même s’il y a besoin d’expliciter davantage, je n’ai jamais omis le moindre détail : ainsi, elle connaît tout de moi et sait comment me réconforter, elle sait quel mot utiliser elle sait quel type de nourriture m’apporter, elle sait lorsqu’elle doit me prendre dans ses bras. Avec Eirian, c’est plus compliqué parce que déjà, le réconfort physique est exclu et je ne le connais pas suffisamment pour savoir quelles paroles pourraient l’aider à se sentir mieux. Je me sens impuissante, inutile. Mon regard se perd à nouveau dans l’immensité du lac tandis que je me recroqueville sur moi-même. « Non, je suis désolé, je n’aurais jamais dû dire ça, je ne le pense pas. C’était odieux et injuste. » Je me redresse un peu et me tourne doucement vers lui. Ces quelques mots sont pourtant d’un tendre réconfort tandis qu’il s’excuse d’avoir été trop loin dans ses propos. Il évite toujours mon regard, comme s’il avait honte de lui. Je lève les yeux au ciel et je peux m’empêcher de dire : « C’est difficile de croire qu’il y a des gens qui tiennent à toi ? » J’ajoute : « Je serai une bien piètre amie si je te laissais tomber au moment où tu as le plus besoin de moi non ? » demandé-je même si c’est davantage une affirmation qu’une question et cette phrase n’attend aucune réponse.
Je regarde Eirian faire tourner des galets entre ses mains et sans savoir pourquoi -peut-être légèrement à cause de l’angoisse-, j’en fais de même. D’un geste parfaitement exécuté comme la joueuse de Quidditch que je suis, je le balance dans l’eau et celui-ci fait cinq ricochets, venant troubler la quiétude de l’eau du lac. « C’est… Il y a des moments où quand c’est… trop cassé, ça ne vaut plus vraiment la peine de s’acharner à réparer, tu comprends ? » Mes yeux scrutent le Serdaigle sans rien dire et j’analyse ce qu’il vient de me dire. Pourquoi pense-t-il cela ? « Tu penses que tu es… » Je murmure : « Cassé ? » Mon cœur s’accélère et je le sens tambouriner dans ma poitrine. Je secoue la tête : « Je ne sais pas si… » Je tente de choisir mes mots en les mesurant au maximum : « Je peux t’assurer que je ne perdrai pas mon temps avec quelqu’un qui ne mériterait pas mon attention. » C’est nul ce que je dis. « Des fois, il ne faut pas chercher à réparer, juste à apprendre à vivre avec. Mais pour ça, faut aussi accepter avoir besoin d’aide. » Dans un murmure, je lui demande : « Tu as déjà… enfin tu sais ? » Non il ne sait pas, il n’est pas dans ma tête, je vais devoir expliciter ma phrase pour qu'il la comprenne : « Parler de ce que tu ressens à quelqu’un ? De ce qui fait que tu penses qu’on ne peut pas te réparer. J’veux dire, à un psychomage ou je ne sais pas ? » Bien entendu que je suis persuadée que cela pourrait l’aider mais est-ce qu’il en a envie ? Est-il prêt pour ça ? « T’es quelqu’un de bien Eirian, peu importe ce que tu penses de toi, peu importe ton passé ou ton vécu. T’es quelqu’un de bien. » En est-il seulement conscient ? Pense-t-il seulement qu'il mérite d'aller mieux ? Ce sont des questions auxquelles je n'ai pas la réponse.
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Dim 23 Mai - 19:46
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« septembre 2020 »
Tu luttes contre tes émotions, ta colère envers toi-même, toute cette souffrance, ces sentiments que tu ne maîtrises pas et qui te secouent. Loin d’arriver à te reprendre, tout ce que tu parviens à faire, c’est blesser Kayla. Précisément ce que tu aurais dû éviter. Mais tu ne sais pas gérer avec quelqu’un d’autre à côté, ces dernières années tu t’es débrouillé seul autant que tu l’as pu. Il y a bien eu Elise au début de la septième année, qui est venue te chercher et t’a secoué, mais tu as refermé cette porte-là dès que tu t’es senti mieux – vous êtes restés amis, mais tu n’as jamais rien lâché sur ce qui t’était arrivé. Comment avouer ça de toute manière ? C’était plus facile de te barricader, de l’enfouir au fond de toi. D’une certaine façon, c’était plus simple à l’époque où tu faisais en sorte de ne pas te lier. Durant tes six premières années à Poudlard, tu as navigué entre les groupes sans jamais vraiment t’intégrer nulle part, profitant de ton côté solitaire pour tenir les autres à distance. Il n’y a qu’à ta mère que tu te confiais et ça te suffisait, parce qu’elle savait déjà tout, tu pouvais lui parler en vérité, être toi-même sans craindre de t’emmêler les pinceaux, sans avoir besoin de prendre de détours. Maintenant… petit à petit, sans vraiment t’en rendre compte, tout en ayant conscience que tu en avais besoin, que tu refusais de rester plus seul que tu ne l’étais déjà, les liens se sont créés et se sont renforcés. Tu ne fais pas ce que tu ferais sans tes amis. Pour autant… vos relations sont déjà déséquilibrées, ils t’apportent bien plus que tu ne peux leur donner. Alors, te confier vraiment, les charger du poids que tu portes… ça n’a jamais vraiment été une option pour toi. Ils ont des vies pratiquement normales, il vaut mieux qu’ils en profitent autant que possible. Tu n’as pas envie de tout salir avec tes soucis. Tu n’as pas envie de trop leur demander non plus. Ni de découvrir que vos liens ne sont pas si profonds que tu les crois, que tes ennuis exigent trop d’eux et qu’ils préfèrent s’éloigner. Tout cela (ou du moins une partie), tu devrais certainement le dire à Kayla pour expliquer tes réactions, mais tu ne sais pas non plus comment en parler – ça fait des années que tu n’as pas évoqué ces ressentis. Juste au début de l’été, avec Abigail, et ça t’a bien assez remué comme ça. Ses paroles te sont restées bien en tête, ainsi que ses invitations à ne pas gérer sans cesse par toi-même. Avec cette question qui te hante depuis : à qui faire confiance ? Non – ce n’est pas tout à fait ça. Bien sûr que tu fais confiance à tes amis, que tu comptes sur eux quand vous vous retrouvez en pleine bataille. Mais… entendre tout ce qui fait rage en toi, ce n’est pas tout à fait pareil, et c’est un pas que tu n’arrives pas à franchir, bien que tu y aies cogité une partie de l’été. Même à Sean, tu n’es pas parvenu à tout dire.
Tu essaies quand même de repousser Kayla – comme une dernière tentative de protection, pour elle ou pour toi, tu l’ignores. Ça te touche qu’elle soit là et qu’elle ne quitte pas ces cailloux malgré tes rebuffades. Clairement, tu n’as pas choisi le coin le plus confortable, ce qu’elle souligne en te répondant avec ironie.
— C’est bien ce que je disais.
Mais ta voix a perdu de son mordant. C’est davantage une invitation à s’éloigner tant qu’elle le peut, parce qu’elle ne gagnera rien de bien à rester à tes côtés. Ton rire lorsqu’elle t’invite à être toi-même la surprend. Tu as toujours pris soin d’entretenir l’illusion que tout allait bien du côté de ta famille – parfois des petites tensions avec ton père, mais rien de grave. Le portrait d’une vie de famille ordinaire, sans accroc, sans rien qui puisse susciter des soupçons. Tu soupires lorsqu’elle te dit qu’on ne peut pas toujours tout maîtriser. Le souci, c’est que tu ne contrôles rien – mais elle n’a toujours qu’une vague idée de ce qui s’est passé. Elle finira par l’apprendre, et tu préfères encore que ce soit par toi que par les rumeurs qui vont courir, surtout entre les différentes années de Protection magique.
— Justement, ça n’aurait pas dû être aussi difficile. Le prof a voulu nous faire passer deux par deux pour voir où on en était en corps-à-corps. J’ai essayé de lui expliquer que je ne voulais pas… Il n’a rien écouté et quand je me suis retrouvé face à l’autre et qu’il a voulu me faire une prise…
Nouveau soupir. Tu fixes le lac, crispé.
— J’ai… paniqué et je l’ai mis à terre un peu trop violemment. Je ne lui ai pas vraiment fait mal, tu t’empresses d’ajouter, mais ça l’a bien sonné.
C’était lui ou moi. Du pur instinct de survie, sans réflexion, parce qu’il fallait que tu te sortes de là et rien d’autre ne comptait.
— Je ne suis pas censé confondre un bête entraînement et un vrai combat.
Ce n’est pas simple de l’admettre à voix haute. Ça donne une réalité concrète à des choses que tu te contentes de penser d’habitude, ça les rend plus proches au lieu de les tenir à distance – mais cette dernière technique ne fonctionne pas, tu t’en rends au moins compte.
Tu t’excuses pour tes paroles blessantes, tu as déjà bien assez merdé comme ça, et tu t’en veux de la faire se sentir aussi mal alors qu’elle ne cherche qu’à t’aider. À ça non plus, tu ne sais pas comment réagir. Est-ce que tu pourrais vraiment accepter cette main tendue ? Et si ça se passe mal ? Ça t’angoisse terriblement. Tu réponds sans réfléchir :
— Plus que tu ne l’imagines. Et ce n’est pas votre faute, c’est juste… moi.
C’est toujours compliqué de croire que oui, on peut tenir à toi – même si c’est sans doute plus facile de t’accepter en ne sachant rien. Le peu que tu avoues te demande déjà des efforts tellement tu n’as pas l’habitude de verbaliser ce qui t’arrive. Tu ne le faisais déjà pas beaucoup avant, tu as appris à prendre sur toi au fil des ans, vous aviez déjà beaucoup de choses à gérer avec ta mère sans y ajouter tes états d’âme. La situation n’était pas plus facile pour elle que pour toi. Tu suis des yeux le galet de Kayla qui ricoche plusieurs fois avant de sombrer. Combien de fois on peut rebondir avant de se laisser couler ? Face à ta confidence, son regard ne te quitte pas. Tu déglutis, tu n’aimes pas qu’on te fixe. Le galet danse toujours entre tes doigts. Tu hoches la tête pour seule réponse à sa question. Cassé. C’est le mot qui t’est toujours venu. Déglingué aussi, et toute la ribambelle de synonymes qui vont avec. Il y a quelque chose qui s’est brisé en toi et que tu n’es jamais parvenu à réparer malgré tes efforts. Est-ce que c’est seulement possible ? Elle hésite sur les mots. Le Eirian qu’elle connaît mérite son attention, mais celui que tu es vraiment la mériterait-il aussi ? Épineuse question dont tu n’es pas sûr de vouloir connaître la réponse. Pour le coup, tu préférerais garder tes illusions. Elle enchaîne.
— J’essaie d’apprendre à vivre avec, mais ce n’est pas une grande réussite pour le moment.
Est-ce que c’est vrai ? Est-ce que tu as vraiment essayé ? Tu as surtout voulu oublier, enterrer ça au fond de toi. Faire comme si ça n’avait pas existé – même si cela t’était impossible, avec les réminiscences et les flashbacks qui te hantent depuis. Quant à avoir besoin d’aide… ça aussi, c’est difficile à admettre. Tu devrais t’en sortir seul, tu as été élevé pour ça. Tu devrais gérer au lieu de te perdre dans toute cette boue émotionnelle que tu ne parviens pas à endiguer. Tu secoues la tête quand elle te demande si tu as déjà… tu ne sais quoi et elle développe un peu plus. Psychomage, encore. Ça te tend. Abigail aussi t’en a parlé, mais c’est hors de question, tu ne veux pas mettre les pieds à Sainte-Mangouste, te retrouver dans ces salles blanches. Surtout pour ne faire que lui mentir, raconter une vie qui n'existe pas. Sans parler de celui que l’infirmière t’a obligé à voir en septième année sinon elle en parlait à tes parents, et tu as cédé. Tu n’as pratiquement rien dit de l’heure, pressé de pouvoir t’enfuir loin de là. Tu cherches comment formuler tes ressentis, ce qui se bouscule dans ta tête. Le temps de trouver, tu changes de position, t’assois en tailleur, les bras croisés contre toi.
— Non, je n’en ai jamais parlé à personne, de… de ce qui a tout cassé et que je n’arrive pas à dépasser. On m’a forcé à voir un psychomage il y a quelques années, mais je ne lui ai rien dit. C’est… je n’arrive même pas à en parler à des personnes proches, alors un inconnu ? Ce n’est même pas la peine. Je sais qu’il est là pour ça, mais… non. Ce que je te dis là, c’est déjà compliqué pour moi, et pourtant ce n’est pas beaucoup. Je n’ai pas l’habitude de parler de ce qui ne va pas ; au départ, c’était plus simple de tout garder pour moi.
Tu relèves la tête quand elle te dit que tu es quelqu’un de bien. Non, pas vraiment. Juste un menteur et un hypocrite qui se raccroche à ce qu’il a – et terrifié à l’idée de le perdre.
— C’est gentil de me le dire.
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Kayla Rausale
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Mer 26 Mai - 22:04
Lève la tête, porte ton fardeau Puise ta force en ceux qui t'aiment
Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Ce qui m’énerve chez Eirian ? Il ne comprend pas mon ironie. Enfin, il la comprend tout à fait mais décide sciemment de ne pas en tenir compte, préférant penser que je préférerai être partout ailleurs qu’ici. Ai-je envie d’être ailleurs ? Non, bien sûr que non. C’est idiot, je suis peut-être amie avec Eirian que depuis quelques mois, mais je n’ai pas envie qu’il pense que cela ne veut rien dire pour moi. Je ne sais pas ce qu’il a pu vivre, ni ce qu’il a dû endurer, mais mes parents m’ont appris à toujours apporter mon aide à ceux qui la nécessitent : tendre une main secourable à quelqu’un sans jamais rien attendre en retour, c’est un des préceptes qu’ils m’ont enseignés et que je m’efforce d’appliquer chaque jour parce qu’on ne sait jamais quelle donne on aura au coup suivant. Demain, c’est moi qui peux soudainement me retrouver dans la panade et avoir besoin d’un ami. Je sais que je ne suis pas quelqu’un de très rassurant : je me demande toujours si je trouve les bons mots, si ce que je dis aide l’autre ou si je ne sors que des banalités. Ce qui m’embête, c’est que c’est bien trop souvent le cas et je ne sais alors pas comment réagir. Et puis, c’est différent avec Eirian parce que je sais que je ne fais que gratter la surface avec lui, j’ignore ce qui peut le soulager ou même si je le peux. Peut-être que je ne suis pas du tout celle dont il a besoin tout de suite maintenant. L’ennui ? Qui d’autres a-t-il ? Eirian est souvent seul, je le vois assez peu traîner avec d’autres étudiants de sa promotion, je pense même qu’il les évite. Il n’a pas une Maxime qui le soule à longueur de journée lui mais qui compte plus que tout.
Eirian peut dire ce qu’il veut, maintenant que je sais qu’il ne veut pas vraiment que je m’en aille, je n’irai nulle part. Je ne sais plus trop ce que je dois faire ni même ce que je dois dire, alors je choisis la solution la plus simple ; je suis là, en silence et j’espère que ma seule présence lui suffira à s’apaiser, ne serait-ce qu’un peu. En réalité, je veux juste qu’il sache qu’il peut se confier s’il le souhaite ou qu’il peut continuer à me sortir des atrocités s’il le désire. Après tout, maintenant que je suis un peu calmée : je me rends compte que sa manière de me repousser, c’est sa façon à lui d’encaisser. Il ne veut pas que les autres aient à subir cette autodestruction. C’est bien mal me connaître en réalité. Mais je peux tout à fait comprendre parce qu’il est bien probable que j’aurai fait la même chose que lui. La différence entre lui et moi ? Maxime m’aurait tanné jusqu’à ce que je lui avoue ce qui ne va pas. Peut-être qu’Eirian a effectivement besoin de lâcher prise, de savoir qu’il peut compter sur d’autres personnes ? J’ai l’impression qu’il cherche à porter le poids de ses malheurs seul, mais sait-il qu’il peut s’appuyer sur ceux qui l’aiment ?
Alors que je n’ai rien demandé, Eirian me conte le récit qui l’a conduit à cet instant de folie où il n’a pu se maitriser. J’acquiesce en écoutant simplement ce qu’il dit, en l’invitant à prendre son temps. Ce qu’il me raconte ne m’étonne pas, en sachant qu’il ne peut même pas supporter que je lui touche l’avant-bras… Le corps-à-corps, c’était trop intense, trop marquant, trop difficile. « Je me doutais qu’il s’agissait de quelque chose comme ça. » murmuré-je, la mine contrite. « C’était un réflexe de survie pour toi, c’est tout Eirian. Ne te culpabilise pas, tu as fait comme tu as pu. Si l’autre n’a rien, va t’excuser quand ça ira mieux et ne te pose pas de question. » Quant à confondre un entraînement et un combat… C’est encore différent. « Parce que tu penses que tu aurais réagi différemment si cela avait été un vrai combat ? » Je n’en suis pas persuadée mais je préfère encore qu’Eirian s’en rende compte par lui-même : peu importe le contexte, peu importe la personne, peu importe la manière dont cela s’est produit.
Je fronce les sourcils lorsqu’il s’excuse puis qu’il avoue à demi-mots que c’est difficile pour lui d’imaginer que certaines personnes puissent tenir à lui. Je sens mon cœur se briser un peu plus à chacune de ses réactions et ses révélations. Moi qui ai grandi dans une famille aimante et soutenante, comment peut-il imaginer qu’il ne compte pour personne ? C’est juste…moi. Comment ça, c’est juste lui ? Que veut-il dire ? Je ne comprends pas ces quelques mots et je me demande où il veut en venir alors qu’il fait tourner un galet entre ses doigts. Sûrement par mimétisme et surtout parce que cela m’angoisse, je fais de même mais mon côté sanguin ne peut m’empêcher de le lancer au bout de quelques instants. Je suis perdue et même si je veux aider Eirian, je ne sais pas comment : je veux juste l’écouter et j’essaie de comprendre ce qu’il veut me dire en lisant dans son langage corporel mais je n’y vois qu’une profonde gêne parce que je le scrute ainsi. Alors mon regard se replonge dans la profondeur du Lac, comme si je pouvais y trouver toutes les réponses à mes questions, mais surtout à celle du Serdaigle. Apprendre à vivre avec. Je ne sais pas s’il peut appliquer les pauvres conseils que je lui prodigue : ce ne sont que des idées reçues, des choses simples à dire et sûrement ridicules. Eirian semble néanmoins réfléchir à mes propos et il change de position : je fais de même en essayant de m’asseoir de manière plus confortable que tout à l’heure. Lorsqu’il m’avoue n’en avoir jamais parlé à personne, je me sens mal. Je me sens mal, je sais pas si je pourrais être assez soutenante et encore moins si je trouverai les mots qui pourront l’aider. Je suis venue ici, mais suis-je la personne qui pourra l’aider ? Je n’en sais strictement rien. « Dis-moi Eirian, t’as vu la gueule de ma coupe de cheveux ? » Il va se demander pourquoi je lui parle de ça maintenant et je vois son air surpris. Il faut dire que cela ne ressemble à rien. Je place mes cheveux sur mes épaules pour lui montrer à quel point mes pointes sont coupées de manière inégale. « Je les ai coupé ce week-end chez un coiffeur moldu chez qui je n’étais jamais allée. » L’incompréhension d’Eirian est la plus totale, il va probablement se demander d’où ça sort et où je veux en venir. Je continue : « T’as vu comme c’est raté ? Du coup, je vais essayer un autre salon samedi prochain. » Un sourire s’installe doucement sur mes lèvres et je dis : « Ce n’est pas parce que ce coiffeur m’a loupé que je n’ai plus foi dans le talent et le professionnalisme des autres. » Bon ok, la métaphore est un peu pourrie mais c’est la seule que j’ai trouvée à ce stade de la discussion. « Tu dis qu’on t’a forcé. T’as déjà vu les mômes qu’on force à aller chez le coiffeur ? Bah souvent, le mec il arrive à rien, il a beau être le meilleur coiffeur de Londres, si le gamin il gigotte sans arrêt, il ne parviendra pas à faire son boulot. » J’hausse les épaules : « J’aurai tendance à penser que c’est pareil pour toi Eirian… » Après tout, pourquoi pas ? « Tu n’as peut-être pas encore trouvé le psychomage qui te correspond ou qui pourra t’aider c’est certain. Et puis… j’ai tendance à penser qu’en forçant les gens, on arrive à rien… Il faut être acteur de ce type de soin tu sais. » Mon cousin Paul est infirmier à l’hôpital moldu et il a longtemps été affecté en psychiatrie donc disons que je me base clairement sur son expérience. « Après, si tu veux pas en parler à un psychomage, tu peux peut-être commencer par en parler à quelqu’un en qui tu as confiance ? » J’ajoute : « Je sais que c’est difficile pour toi. » Je ne sais pas pourquoi, je dis : « Surtout quand on a l’impression que personne ne nous comprend et que personne peut nous aider. » Je me contente de lui dire qu’il est quelqu’un de bien et je ne lui dis pas ça pour le rassurer, je le pense réellement. « C’est pas gentil Eirian, c’est la vérité. »
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Lun 31 Mai - 22:03
Lève la tête, porte ton fardeau
« septembre 2020 »
Tu mesures de plus en plus à quel point le mensonge permanent détruit ta vie autant que ce que tu caches. Tu pouvais l’accepter, avant, avec ta mère, parce que tu avais quelqu’un, parce que tu n’étais pas seul face au monde entier. Mais maintenant ? Tu passes ton temps à mentir à ceux que tu aimes, à inventer pour eux une vie totalement factice qui n’a aucun point commun avec celle que tu mènes. Mais la vérité… la vérité risque de te faire perdre le peu que tu as, et cela, tu n’es pas prêt à l’accepter. Pas prêt à prendre le risque de tout perdre une nouvelle fois, de voir les autres se détourner de toi une fois de plus. Sean a accepté, mais comment savoir si ce sera le cas des autres, maintenant que les crimes du Blood Circle ne cessent de gagner en ampleur, maintenant qu’ils s’en sont pris à certains de tes amis cet été ? Comment imaginer qu’ils prennent bien le fait que tu en viennes ? Mais ce n’est pas le réel fond du problème. Même à Carl et à Robin, qui sont les plus informés à ton sujet, tu n’as pas tout dit. Tu as dissimulé ta situation réelle, le fait que tu as passé une partie de l’été à la rue. Tu ne doutes pas qu’ils t’auraient aidé d’une façon ou d’une autre, mais… ce n’est déjà pas simple de se retrouver après tant d’années et tu ne veux pas que leur regard sur toi change. Tu veux rester le Nathan qu’ils ont connu, leur meilleur ami et cousin, retrouver les moments que vous partagiez, vos échanges, sans tout gâcher avec tes problèmes. Même si tu as bien conscience que tu n’as plus rien à voir avec l’enfant que tu étais. Quant à savoir si tu le fais vraiment pour eux ou un peu pour toi aussi, parce que tu te raccroches désespérément à ce que tu as, que tu veux maintenir l’illusion d’une vie normale, oublier quelques heures cette noyade permanente… la question reste ouverte. Mais si tu es honnête avec toi-même, c’est sans doute autant pour eux que pour toi. Le secret est devenu la solution de facilité pour toi, la seule viable, la seule qui préserve ce qu’il te reste.
Pourtant, les mots d’Abigail te restent en tête, cette idée selon laquelle, même si tu ne dis rien, tes amis sont quand même affectés par ce qui t’atteint, ils savent qu’il y a quelque chose même s’ils en ignorent la teneur exacte. Et c’est vrai, Kayla a toujours eu conscience de tes limites, de ce que tu ne supportes pas – même si ce n’est que la surface, même si elle n’a jamais forcé pour savoir. L’autre point de la directrice de Poufsouffle, c’était de souligner que si tes amis ne sont pas capables de t’accepter avec tes problèmes, est-ce qu’ils sont vraiment tes amis ? C’est vrai – mais tu n’es pas sûr de vouloir connaître la réponse. Tu n’as pas envie de briser ça non plus. La solitude… tu ne la supportes plus. Pas quand elle se fait aussi lourde, aussi écrasante. Le pire dans tout ça ? C’est que si les rôles étaient inversés, tu serais pleinement disposé à aider l’autre, à recueillir ses confidences, avec la certitude de ne pas le trahir. Ce rôle que tu refuses qu’on joue pour toi, parce que ça ébranle les barrières et les remparts que tu as mis tant de temps à construire, tu l’endosserais sans hésiter pour n’importe lequel de tes proches. Comme Kayla a l’air prête à le faire en restant à tes côtés, en te tendant la main malgré ton ironie, malgré tes mots blessants. Mais elle a ses amis, ses propres soutiens, des personnes vers qui se tourner en cas d’ennuis. Vous êtes plus que tuteur et tutorée ; vous êtes devenus des amis, mais… assez proches pour cela ? D’un autre côté, est-ce qu’elle serait venue, est-ce qu’elle aurait encaissé tes remarques si ce n’était pas le cas ? C’est au moins l’avantage de la solitude, tu te poses beaucoup moins de questions. Mais ce n’est pas viable – ça ne l’est plus en tout cas. Pour autant, l’angoisse ne te lâche pas.
Tu finis par avouer ce qui t’a conduit là. C’est encore le plus simple, ça permettra à Kayla de mieux comprendre de quoi il retourne et tu préfères qu’elle l’apprenne par toi plutôt que par les bruits de couloir. Nul doute que les témoins risquent de déformer et amplifier l’histoire. Tu t’en moques au fond, ce qu’on dit de toi, au moins sur ce sujet, n’a pas grande importance, qu’ils croient ce qu’ils veulent. Mais autant que tes amis sachent ce qui s’est passé – ce qui ne sera sans doute pas une grande surprise pour eux. Ce que confirme Kayla tandis que tu lui avoues ta perte de maîtrise, ce moment où les réflexes et l’instinct de survie ont pris le dessus, alimentés par tes peurs irrationnelles. Comme si tu courais le moindre danger dans ce maudit cours. Tu le sais pourtant. Mais tu vrilles quand même. Elle t’invite à ne pas culpabiliser. L’autre s’en remettra, certes, mais… ça n’aurait pas dû arriver.
— Un réflexe de survie qui n’avait rien à faire dans ce contexte, il n’y avait aucun danger… J’irai m’excuser, oui…
Si l’autre l’accepte. Le seul avantage de tout ce bazar, c’est que ça t’assurera peut-être une certaine tranquillité aux prochains cours. Mais cela dépend aussi des décisions de l’enseignant. Dire que tu fais tout pour éviter d’attirer l’attention sur toi, de te retrouver dans le collimateur des enseignants. Pas de vague, jamais… une belle résolution qui a volé en éclats.
— Non, je n’aurais pas réagi différemment en situation réelle, ça aurait même pu être pire. Mais je ne suis pas censé assommer à moitié les autres en entraînement.
Tu te confies un peu plus, et c’est déjà compliqué d’admettre que oui, l’affection et l’amitié des autres ne vont pas de soi pour toi. Pas parce qu’ils ne t’en témoignent pas, mais parce que tu ne sais pas comment la recevoir, comment réagir. Parce que tu as beaucoup trop conscience de ne pas être à la hauteur de ce qu’ils t’apportent. Tu n’as que des mensonges à offrir en échange de ce qu’ils font pour toi. Et ça aussi, ça devient de plus en plus difficilement supportable, tu te sens écartelé entre ce que tu dois préserver et les gestes de tes amis vers toi, ces gestes qui te donnent envie de reculer et de fuir, parce qu’il vaut mieux qu’ils ne s’approchent pas trop, parce qu’il n’y a que des ennuis à gagner à te fréquenter. Difficile de l’avouer, ça ne correspond pas non plus au portrait familial que tu dresses, qui est aussi lisse et normal que possible, avec ses hauts et ses bas. Et, de nouveau, tes reculades sont-elles pour les protéger, eux, ou pour toi ? Tes doigts se crispent sur le galet que tu tiens. Kayla t’imite avant de le lancer rapidement. Tu suis sa trajectoire des yeux, sans lâcher le tien. Tu as besoin de t’occuper les mains et c’est ce que tu as de mieux, même si ça ne t’apporte aucun soulagement. Sans te fermer à ses conseils, tu ne sais pas quelle direction prendre. L’aiguille de ta boussole est toujours folle, incapable de s’orienter comme il faut. Qu’est-ce que tu devrais faire pour que ça aille mieux ? Abigail voulait que tu te bouges, que tu ne restes pas seul. Mais tu ne fais pas rien non plus… c’est juste… trop compliqué. Et comment lutter quand tu as l’impression que tout t’enfonce la tête sous l’eau sans te laisser reprendre ta respiration ?
Kayla parle de sa coupe de cheveux, et tu relèves les yeux vers elle. Tes larmes se sont un peu calmées, mais elles affleurent toujours et menacent de couler. C’est vrai que sa coupe n’est pas très égale. Est-ce que c’est une façon de détourner la conversation, de te dire qu’elle n’a pas envie d’en entendre plus ? Mais non, elle est trop franche pour prendre des chemins aussi tortueux. Elle continue et pour le coup tu ne sais pas quoi dire. Tu hoches un peu la tête, parce que tu ne peux pas nier que ce n’est pas la meilleure coupe que tu aies vue – sans vouloir la vexer non plus. Elle sourit et tu commences à comprendre où elle veut en venir avec la suite. Oui, même si tu as eu du mal avec le psychomage, il y en a d’autres. Et il est clair aussi que l’infirmière de l’époque s’y est mal prise en te faisant pratiquement du chantage pour que tu y ailles. Ça ou prévenir tes parents… Tu ne voulais surtout pas qu’elle se rende compte qu’il n’y avait personne à prévenir, tu n’aurais pas pu gérer les conséquences. La comparaison avec un gamin intenable te tire un sourire. Mais même si tu avais les moyens financiers de suivre cette stratégie, ça t’en demande trop.
— Je comprends ce que tu veux dire… Il y a sans doute de très bons psychomages. Mais c’était déjà compliqué d’en voir un. Alors, en voir un autre, commencer à lui expliquer le problème, voir que ça ne colle pas, recommencer encore jusqu’à ce que ça marche… c’est au-dessus de mes forces, tu comprends ?
Tu ne sais pas comment le lui expliquer, cette sensation où tout ton corps hurle au danger, un « non » que tu as l’impression d’entendre, parce que te taire a toujours été ton moyen de survivre, que l’idée de te confier à un inconnu te tord littéralement le ventre, tu n’as aucune idée de ses réactions, et une fois qu’il aura un bout de la pelote, ça te demandera dix fois plus d’efforts pour qu’il ne démêle pas tout. Non, tu ne peux pas. C’est viscéral. Quant à être acteur...
— J’ai envie d’aller mieux, vraiment. J’en ai plus que marre d’être comme ça… De craindre que quelque chose arrive, de réagir comme si tout était une menace. C’est épuisant, à force. Je n’étais pas comme ça… avant. Mais il y a des choses que je ne suis pas encore prêt à faire, ou capable de faire. C’est nul, je sais, il faudrait que je me bouge, mais je n’y arrive pas.
Tu restes tendu, crispé. Cela non plus, tu ne le verbalises pas vraiment, et ça donne une réalité bien trop concrète à tous ces ressentis et ces émotions que tu ne gères pas, alors que tu consacres tant d’efforts à les enfouir. Kayla poursuit. Oui, en parler à quelqu’un de confiance, ce serait sans doute le plus simple d’une certaine façon, ça ferait tomber une partie des barrières. Tu y as déjà pensé, mais tu as toujours reculé. Elle met les mots sur ce que tu ressens – non, pas exactement, tu ne penses pas vraiment que personne ne peut t’aider, (ou peut-être que si ?), c’est plus ton désarroi et ta crainte de malmener des relations qui n’en ont pas besoin.
— J’y ai déjà un peu pensé, oui, ce serait peut-être plus facile, en un sens. Mais je n’ai pas envie de vous imposer ça, que ce soit à toi ou à certains autres, c’est lourd et pas… pas très joyeux.
À ce niveau, tu peux t’auto-octroyer la médaille d’or de l’euphémisme de l’année. Tu continues de torturer le galet entre tes doigts, incapable de le lâcher, comme si tu te raccrochais à lui. Ta nervosité doit se voir à des kilomètres à la ronde.
— Je ne pense pas vraiment que personne ne peut m’aider, mais j’ai… peur que ça change les choses entre nous, que ça soit trop lourd, qu’on ne me voit plus de la même façon ou que la personne préfère prendre de la distance parce que ça complique tout. Je ne veux pas salir ou gâcher ce qu’on partage avec mes problèmes.
Je ne veux pas perdre une amie. Me rendre compte qu’on ne mettait pas les mêmes choses sur le mot « amitié » ou que c’est juste trop lourd pour quelqu’un d’autre et que j’aurai mieux fait de me taire. Tu retiens les mots. Avouer déjà une partie de tes craintes te coûte beaucoup, surtout cette peur du rejet dont tu mesures à peine l’ampleur, maintenant que tu as des proches à perdre, et tu espères qu’elle ne le prendra pas mal. Tu te sens vulnérable à avouer ainsi tes insécurités. Tu n’es pas très précis sur les personnes à qui tu pourrais en parler, déjà parce qu’elle en fait partie – et que tu ne veux pas la forcer, tu ne veux pas porter atteinte à son côté solaire –, et parce que l’idée de parler, de dire pourquoi tu réagis si mal, que ça devienne concret et pas juste un vague hypothèse reste vertigineuse.
— Désolé, ça doit paraître nébuleux ou un peu trop dramatique, ce que je raconte. Ce n’est pas le but. J’ai du mal à mettre des mots dessus.
Quelqu’un de bien… Tu aimerais l’être en tout cas.
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Sam 12 Juin - 8:41
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Et si Eirian avait raison ? Si personne ne pouvait l’aider, même pas lui-même ? Je n’ose même pas y penser, je n’ose même pas l’envisager. Je reste persuadée qu’on peut toujours changer, qu’on peut toujours travailler sur soi et s’en sortir. Mais en même temps, ne suis-je pas d’un naturel trop optimiste ? Ne suis-je pas le genre de personne qui pense que tout peut toujours s’arranger ? Je sais que j’ai trop l’habitude de vivre dans le monde des Bisounours même si cela est moins vrai depuis l’attaque de la forêt : la scissure entre le monde sorcier et le monde moldu s’accentue de plus en plus et je crains sérieusement que ce fossé s’aggrave. J’avoue m’en préoccuper encore plus depuis que je suis officiellement en couple avec Lyam ; déjà auparavant, avec mon père qui travaille dans l’industrie agroalimentaire, j’étais forcément sensibilisée à ces questions-là parce que ma famille paternelle est moldue. Mais sortir avec Lyam avait rebasculé ses questionnements sur le devant de la scène et j’avais la volonté ferme de changer les choses. Je sais qu’Eirian aussi mais il semblait préoccuper par d’autres démons, d’autres interrogations et d’autres angoisses qui dépassaient de loin ce que je pouvais imaginer. Ce qui me dérange dans tout cela ? C’est qu’Eirian ne semble même pas se rendre compte à quel point je l’apprécie : je sais que j’ai été casse-pied cet été en le sollicitant régulièrement sur son lieu de travail, en lui rendant visite pour m’excuser de ce qu'il s’est passé à la fête de début août mais en réalité, ce n’était aussi qu’un vulgaire prétexte pour le voir. Bien sûr que j’aime Eirian, c’est un ami proche à mes yeux mais je me demande s’il se rend compte qu’il n’est pas qu’un simple tuteur et que pour moi, notre relation a évolué différemment et qu’elle ne concerne plus vraiment ce lien tuteur-tutoré. J’aime parler avec lui, j’aime passer du temps avec lui, à refaire le monde, à échanger sur des sujets divers et variés, lui faisant aussi part de mes peurs et de mes craintes concernant l’avenir, tout en sachant qu’il en partage un certain nombre. Pour autant, le jeune Serdaigle est toujours resté secret sur le reste et j’ai toujours respecté cela : pourtant, je suis une fouine de la première heure en ce qui concerne les potins mais ce que dissimule Eirian n’a rien d’un potin et je le sais fort bien, voilà pourquoi je n'ai jamais cherché à aller plus loin que ce qu’il voulait bien me livrer : c’est-à-dire rien. Rien qui ne touchait à ses fêlures, à ses cicatrices. Parce que je n’ai jamais osé. Je me demande même si je voulais savoir au fond. Étais-je prête à me confronter à ce pourquoi Eirian était aujourd’hui dans cet état ? Je n’en sais strictement rien.
Eirian m’explique ce qui lui est arrivé plus précisément et je commence à monter un scénario dans ma tête, un scénario catastrophe. « Il n’y avait aucun danger pour les autres oui. Pour toi, il y en avait un. » C’est tout. J’affirme cette phrase sans prendre de risque. « Tu n’es pas les autres Eirian, tes blessures sont profondes. Je le sens. Tu as eu peur, c’est tout. » Mais de quoi a-t-il eu peur ? C’est la véritable question que je me pose depuis quelques instants. Que peut-il y avoir de mal dans un contact physique ? Que peut-il y avoir du mal dans une poignée de main, une accolade, une étreinte, un baiser ? J’ai toujours été quelqu’un qui apprécie les contacts physiques, comment envisager un seul instant d’être privé de ça ? J’essaie de me mettre à sa place et d’imaginer pourquoi je pourrais ne plus supporter qu’on me touche et les idées qui me viennent en tête sont insoutenables. « Je peux t’accompagner si tu veux. » Je sais qu’Eirian va probablement refuser mon aide, parce qu’il est comme ça. À toujours vouloir se débrouiller seul.
Eirian avoue à demi-mots que peu importe la situation, il aurait réagi de la même manière. Personnellement j’en suis également persuadée. Peu importe le moment, peu importe la personne ; il n’y aurait eu aucune différence. Je suis tout de même surprise qu’Eirian puisse se livrer un peu, je n’ai toujours fait qu’effleurer la surface. Je ne sais pas tellement comment lui apporter le soutien qu’il nécessite alors je me dis que je dois peut-être passer par des chemins détournés. Parler de ma coupe de cheveux pour faire comprendre à Eirian où je veux en venir, c’est pas hyper fin mais il n’y a que ça qui m’est venu. J’suis pas très douée pour réconforter les gens, même pas du tout. J’espère juste que ça pourra l’aider, au moins un peu. Lorsqu’Eirian me dit que c’est au-dessus de ses forces, j’acquiesce doucement. « Bien sûr que je comprends même si je suis pas sûre que ça fonctionne comme ça. On te demande pas de tout déballer dès la première séance. J’sais pas, je me dis qu’on doit sentir ces choses-là non ? Comme quand tu as su directement que ça ne marcherait pas avec le premier, j’imagine que si le feeling passe… Enfin, j’en sais rien moi non plus… » Putain, j’suis une amie en carton non ? C’est tellement nul ce que je dis, c’est surfait, bidon, sans intérêt. Comment puis-je faire ? Je n’étais pas comme ça avant. Ces mots tournent et retournent dans ma tête sans que je ne puisse les en empêcher, me donnant quelques éléments de réponse. Il y avait bien eu donc un avant et un après : un élément déclencheur, un traumatisme. Je retiens mon souffle car je sens que mon cœur pourrait s’arrêter de battre à tout moment. Je ne sais pas si Eirian est prêt à aller voir quelqu’un, peut-être ne le sera-t-il jamais, alors comment puis-je l’aider à mon échelle ? J’ai peut-être une idée, mais pas certaine qu’elle lui plaise. Je me promets de lui en faire part après, pas tout de suite, je sais pas s’il pourrait entendre ma proposition. Pas très joyeux. « Je ne prétendrais jamais être cette personne Eirian, mais je me fiche de savoir si c’est lourd ou pas, si c’est joyeux ou non. Pense juste que tu n’es pas obligé de porter ta croix tout seul, tu peux la partager avec d’autres. Si un jour tu te sens prêt pour ça, moi je suis là. » Je lui offre un faible sourire emprunt de toute ma sincérité. La suite des propos d’Eirian me revienne en tête : « T’as peur que je te laisse tomber ? » Sa crainte de l’abandon me transperce en plein fouet et je serre les poings en me disant qu’Eirian est un mec vraiment bien. Malgré ce qu’il vit -même si je ne sais pas de quoi il s’agit-, malgré la souffrance, la douleur, la crainte, il ne pense encore pas à lui ; il pense aux autres. Il pense à ce que je pourrais ressentir et à comment je pourrais réagir. Ne comprend-il pas encore que je n’en ai que faire ? Je suis prête pour ça, je suis prête pour être abasourdie, choquée, ulcérée par ce qu’il pourrait bien me révéler même si je reste persuadée que je ne serais pas le meilleur soutien qu’il puisse avoir. Mais il aura au moins mon amitié, quelque chose me dit qu’il ne peut pas dire ça de grand monde et ça me brise le cœur.
D’un geste lent pour qu'il ait le temps d'anticiper, je me redresse doucement et me lève pour m’installer en face de lui. Ainsi en face à face, le lac dans mon dos, je regarde doucement Eirian et m’assoit en tailleur. Je veux lui balancer mon idée pourrie. Je sais pas du tout ce qu’il pourrait en penser ou en dire. « Qu’est-ce que tu comptes faire pour les cours de combat rapproché ? Ils vont pas t’autoriser à le sécher… » dis-je sans détour. Faut juste être réaliste au bout d’un moment… Je soupire doucement et je me dis qu’il est peut-être temps de faire une seconde analogie pourrie. « T’as déjà entendu parler des thérapies cognitives par l’exposition pour les phobies ? » Eirian va se demander comment je connais ce genre de truc. « Tu sais mon cousin Paul ? Le moldu ? Il est infirmier en psychiatrie, des fois il me raconte des trucs. » J’explique : « Je sais pas, peut-être que tu pourrais essayer de… je sais pas, de me toucher ? » Je suis en face de lui, les mains sur mes cuisses. Jamais je n’esquisserai un mouvement sans son accord et il le sait très bien. Je veux juste lui faire comprendre que je peux essayer de l'accompagner de bien des manières. Il peut me parler s'il le veut, il peut aussi essayer de surmonter ses craintes et ses angoisses de manière plus frontale en allant au coeur du problème directement même si je ne sais pas du tout si c'est la meilleure des solutions... Je veux juste qu'il sache que je suis prête pour tout ce qu'il pourrait avoir envie de faire ou d'essayer. « Le but, c’est d’augmenter au fur et à mesure la durée de l’exposition à ce qui cause problème. » Je sais pas pourquoi je propose ça tout à coup, je ne sais même pas si c'est ce dont il a besoin. Je veux juste qu'Eirian me guide. Je veux être l'amie qu'il mérite. « Dis-moi comment je peux t’aider Eirian et je le ferai. J’veux être là pour toi, peu importe ce que tu décides. »
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Ven 18 Juin - 22:02
Lève la tête, porte ton fardeau
« septembre 2020 »
Malgré tes paroles, Kayla reste à tes côtés et tu lui en es profondément reconnaissant. Même si tu voulais être tranquille au départ, ça te ferait mal qu’elle s’en aille maintenant, qu’elle te laisse de nouveau seul, face à tes pensées, face à toi-même, face à tout ce que tu ne maîtrises plus. Tu as toujours l’impression de manquer d’air, de couler… et si elle s’éloigne, ce sera encore pire. Et tu t’en veux d’avoir désespérément besoin de te raccrocher à quelqu’un, même s’il s’agit d’une amie. Vous partagez beaucoup de choses, ce n’est pas pour rien que vous vous êtes si bien entendus l’année précédente et que tu la considères réellement comme une amie, bien au-delà du lien tuteur/tutorée que vous aviez au départ. Vous avez les mêmes idées, la même envie de changer le monde, le même désir d’arriver à construire une paix solide entre sorciers et moldus, vous qui connaissez si bien les deux univers. Et il y a tout le reste, les discussions que vous avez sur tout et rien, le partage de vos craintes sur ce qui vous attend pour la suite. Tu t’es réjoui qu’elle vienne te voir souvent à la librairie – certes, elle voulait s’excuser pour le désastre de la fête dont elle n’était nullement responsable et il ne te serait pas venu à l’idée de lui en vouloir, même si c’est elle qui t’a convaincu de venir. Mais qu’elle ait envie de passer du temps avec toi alors que rien ne l’y obligeait, alors qu’elle aurait largement pu s’occuper autrement… eh bien, ça t’a touché. Tu as passé tellement de temps à éviter de nouer de vrais liens que tu ne sais plus comment agir et que tu te trouves toujours pris au dépourvu quand d’autres apprécient ta présence. Tu crains toujours de les déranger, de ne pas vraiment faire partie de leur vie, comme si c’était juste les circonstances qui vous rapprochaient et qu’ils s’éloignaient dès qu’ils avaient autre chose à penser ou d’autres amis plus proches qui les sollicitaient, ce que tu comprends totalement. Tu caches trop de choses pour qu’on ait envie de te connaître – et si on te connaissait, ce ne serait pas beaucoup plus reluisant. Mais tes amis ont eu la délicatesse de ne jamais poser de questions, comme s’ils sentaient, peut-être, qu’il s’agissait de choses graves, de celles qui ne se confient pas à la légère, et tu en as profité pour garder le silence. Plus simple. Une habitude ancrée depuis si longtemps.
Tu précises ce qui s’est passé pour Kayla, histoire qu’elle ne reste pas dans le flou, t’agaces contre cette crainte irrationnelle. « Il y avait un danger pour toi ». Elle ne se moque pas de toi, admet que tu aies vécu la situation de cette façon sans avoir l’air de trouver ça ridicule ou pathétique – elle est plus gentille que toi à ton propre égard. Elle ne nie pas ce que tu ressens, aussi absurde que ça puisse paraître. Et elle a effectivement saisi une partie de tes failles, même si elle n’en connaît pas la nature. Ça te rassure un peu qu’elle semble comprendre.
— J’en ai marre d’avoir peur de tout. C’est… infernal, de toujours être en alerte. On est à Poudlard, qui reste globalement un des endroits les plus sûrs du pays, et c’est comme si j’étais au milieu de je ne sais quelle jungle avec des bêtes sauvages qui pourraient me sauter dessus n’importe quand. C’est stupide.
Elle propose de t’accompagner chez le psychomage. Tu ne t’y attendais pas. Est-ce que ça te rassurerait de savoir qu’il y a quelqu’un de l’autre côté de la porte ou pour te pousser dans le dos, afin que tu ne fasses pas demi-tour sur le seuil ? Peut-être. Mais tu n’en es pas là. C’est pratiquement physique, comme rejet et comme peur. Dans ta tête, les raisons s’empilent. Le côté médical d’abord. Rien que l’idée du cabinet ou de la salle de consultation à Sainte-Mangouste te donne envie de fuir, tu ne sais pas pourquoi. Il faudrait que tu sois gravement blessé pour accepter d’y mettre les pieds – et que tu sois sûr de n’avoir aucune autre solution sous la main. Ça te laisse l’impression d’un piège qui se referme et ça suffit pour te coller des sueurs froides, ainsi qu’une sensation d’étouffement, comme si quelque chose te broyait la gorge. Le sentiment absurde que si tu y vas, ils ne te laisseront plus repartir. Puis, reste le fait que c’est un inconnu et que tu ne déballes ta vie à personne. Même si tu as bien conscience que ce n’est pas le rôle de tes amis. Qu’est-ce qui ne va pas chez toi ? Quant à sentir que c’est la bonne personne… comment tu le saurais ? Tu n’es même pas fichu d’accorder cette confiance-là à des personnes que tu connais pourtant bien. Tu soupires.
— Je ne sais vraiment pas. J’ai… j’ai beaucoup de mal à faire confiance, et même sans tout déballer dès la première séance… Comment je pourrais être sûr que c’est le bon ? Que ça se passera bien ? Il y a sans doute un moment où il faut lâcher prise…
Et ça non plus, tu n’y arrives pas. Tu restes comme une boussole qui a perdu le Nord et tourbillonne follement à la recherche de la bonne direction, sans arriver à se fixer. Tu redoutes tellement ta prochaine erreur que prendre une décision devient de plus en plus dur. Non, vraiment, tu n’es pas prêt – et pourtant est-ce que tu as le choix si tu veux épargner ça à tes amis ? Mais tu as besoin de parler. Un besoin urgent, nécessaire, vital. Abigail te l’a assez répété pour que ça te rentre dans le crâne, « ne restez pas seul, parlez avec vos amis, ça vous soulagera, s’ils ne peuvent pas accepter ce que vous leur dites, c’est qu’ils ne sont pas vos amis ». Même Garnet t’a conseillé de te confier – elle ne pensait pas à la même chose, plutôt à tes soucis avec le Blood Circle et tes liens avec eux. La force des circonstances t’a amené à te confier à Sean sur ce sujet-là. Mais le reste, ce que tu n’as jamais dit à personne, ce qui te ronge… tu es en train d’en crever de ça, et parfois, tu aimerais que les autres s’en rendent compte, le voient, te secouent pour te faire parler et que tu finisses par tout lâcher ou, non, qu’ils comprennent tout seuls, qu’ils sachent sans qu’il y ait besoin de rien dire, qu’ils voient pleinement tes failles et tes blessures, ce morcellement qui menace de te briser en mille morceaux au prochain choc.
Kayla ne cherche pas forcément tes confidences, mais elle est là si tu as besoin, et ça te touche profondément. Et tu te sens égoïste aussi, alors que tu as une autre solution sous la main – est-ce que ce n’est pas une sorte de facilité de te tourner vers tes amis au lieu d’affronter le psychomage ? Mais si tu as besoin de cette première étape ? L’aiguille tourne toujours follement. Si seulement ça pouvait se régler d’un sortilège, d’un Pointaunord qui remettrait le monde d’aplomb, t’indiquerait la marche à suivre… Mais non, et tu ne peux pas demander aux autres de décider à ta place.
— Tu pourrais être cette personne, tu finis par souffler. On est amis, je te fais confiance, j’ai essayé de porter ça tout seul, mais ça devient de plus en plus évident que je n’y arrive pas… que je n’y suis jamais arrivé, et c’est juste de pire en pire. Mais c’est pas sympa de ma part de t’imposer ça alors qu’on vient d’évoquer une autre solution.
« Sympa ». C’est brillant, ça, Eirian. Totalement approprié comme mot. Tu as rarement autant ramé – comme toujours dès que tu abordes tes sentiments et tes ressentis. Tu te tournes vers elle en entendant sa question, toujours aussi franche.
— Un peu… Je sais que tu n’es pas comme ça ! tu assures aussitôt. Et je ne le pense pas vraiment. Je tiens beaucoup à notre amitié et je ne veux pas trop t’en demander…
Les mots filent et t’échappent. Ah ça, pas de problème pour sortir mensonge sur mensonge, mais dès qu’il s’agit d’aligner deux vérités et ce que tu penses réellement, il n’y a plus personne.
— Désolé, je suis nul pour dire ce que je pense. C’est vraiment pas contre toi, c’est moi qui ne pense pas droit. Je ne veux pas t’embarquer dans ce genre de problème ou que tu regrettes…
Au fond, tu aimerais que quelqu’un te dise que oui, il se sent d’encaisser ce que tu pourrais dire, que tu es en sécurité et que tu peux parler.
Elle se relève, assez lentement pour ne pas te prendre au dépourvu, et ça te touche au cœur, même si pendant une horrible seconde tu crois que tu l’as vexée définitivement. Tu t’apprêtes à te lever aussi, tu n’aimes pas qu’on te regarde d’en haut, tu te sens bien trop vulnérable. Mais non, elle se décale juste pour revenir s’asseoir en face de toi. Tu ne bouges pas. Les cours… tu hausses les épaules.
— Je ne sais pas. Le prof me laissera peut-être tranquille pendant quelques cours, le temps que ça se tasse, mais ça ne va pas durer toute l’année. Et je ne peux pas rater l’examen. Ça me laisse un peu de temps pour trouver une solution, même si là je n’en vois pas. Ce sera comme aujourd’hui.
Les thérapies… hmm, tu n’y connais rien, mais la fin du nom te paraît assez clair. Tu hoches la tête quand elle mentionne son cousin, elle t’a déjà parlé de lui. Tu évites le système de santé moldu, tu n’es pas sûr que tes faux papiers y résistent très longtemps. Inutile d’attirer l’attention sur toi. Tu tressailles en entendant sa proposition, déjà crispé, le regard déjà baissé vers ses mains – elle ne bouge pas, elle ne bougera pas. Tu le sais. Peut-être que tu aurais pu, il y a quelques mois, avant que la situation empire, ça allait encore quand ça venait de toi. Maintenant… c’est physique, viscéral, comme si ton corps entier hurlait « non ». Elle ne te ferait pas de mal, n’essaierait pas de te retenir, de t’obliger à prolonger le contact. Tu le sais. Mais tu n’y arrives pas. Pas si tôt après l’incident du cours. Pas alors que les mots sont encore bloqués dans ta tête, te nouent la gorge et te noient. Tu ne l’as jamais dit à voix haute, ni à personne, tu as encore du mal à le penser clairement. Ça donnerait trop de corps à ce qui s’est passé, ça rendrait les choses bien trop concrètes. Est-ce que soigner le symptôme sans dire la cause peut marcher ? Tu ne sais pas. Ses phrases résonnent dans ta tête. « Dis-moi comment je peux t’aider, je veux être là pour toi ».
Tendu, tu te relèves brusquement, rejoins le bord du lac, t’arrêtes juste avant que l’eau mouille tes chaussures. Tu frissonnes, les poings serrés. Le vent ondule autour de toi, joue avec tes manches. Tu n’as pas besoin de voir ce qu’il y a dessous, ce qui ne t’apporte chaque fois qu’un trop bref soulagement. Tu ne peux pas continuer comme ça. Mais est-ce que ça vaut la peine de mettre ton amitié avec Kayla dans la balance ? Tu n’en peux plus de gérer seul (ou de ne pas gérer, plutôt), de faire semblant. Avec Sean, ça s’est bien terminé, même si ça a très mal démarré. Tu as envie de croire que ça peut bien se passer aussi. De déposer un peu de ce que tu traînes, un morceau de cette croix beaucoup trop lourde. Tu en as besoin et tu as confiance en Kayla, assez pour abaisser cette barrière-là, en espérant de toutes tes force que tu ne vas pas commettre une erreur. Une de plus. Avant d’avoir le temps de renoncer une nouvelle fois, de trouver un moyen de fuir, tu te retournes vers elle, prends une profonde inspiration, comme si tu t’apprêtais à plonger en apnée ou à franchir un point de non-retour, le corps toujours beaucoup trop raide, au point que la tension dans tes épaules est douloureuse.
— Kayla, je crois que ce serait mieux dans l’autre sens. Je ne sais pas si je pourrai avancer si je ne dis rien, si je garde ça dans ma tête. Ça n’a pas franchement marché jusque-là. C’est quelque chose que je n’ai jamais avoué, à personne. Est-ce que… est-ce que je peux t’en parler ?
La question s’achève presque dans un murmure. Tu as pris ta décision, mais elle peut toujours refuser, tu le comprendrais.
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Kayla Rausale
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Mer 30 Juin - 18:11
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Toute cette souffrance, toute cette peine qui transparaissait de mon ami me touche en plein cœur comme si c’était la mienne. Je ne saurai pas comment le dire, mais j’ai toujours senti qu’Eirian traînait ses chaines derrière lui, qu’il dissimulait de lourds secrets sans vraiment savoir de quoi il en retournait. Ce n’était pas à moi de lui forcer la main et je n’étais pas franchement certaine que je souhaitais savoir au début de notre relation. Il faut dire que nous nous contentions de ce lien tuteur-tutoré qui me convenait bien au départ. Il m’aidait pour les cours, me conseillait, me donnait des techniques pour réviser et me conseillait sur les ouvrages à avaler. C’était simple, cordial. Puis nous avons commencé à courir ensemble : je pense que c’est à partir de ce moment-là que tout a changé. Il faut dire que se voir dans un cadre différent, loin des étagères poussiéreuses de la bibliothèque m’avait forcé à en apprendre davantage sur lui. La réalité m’est alors rapidement apparu : en dehors du cadre scolaire, Eirian était également un gars sympa. Ses blessures, ses cicatrices, sa manière bien à lui de répondre à mes questions existentielles m’a fait prendre conscience que nous étions loin d’être si différents : avec un pied dans le monde magique, l’autre dans le monde moldu, nous aspirons à une existence plus paisible. Nous avions un but commun, un dessein conjoint : je me retrouvais donc beaucoup en lui sur ces aspects-là. Ce que j’aimais chez lui ? Sa capacité d’écoute, sa manière bien à lui de jouer au sage en oubliant parfois qu’il est plus jeune que moi de quelques années. Eirian ne se plaint jamais. Jamais. Au contraire. Est-ce pour cela qu’il en arrive là aujourd’hui ? Est-ce pour cette raison que le chaudron déborde enfin ? A force de le gaver d’ingrédients, Eirian n’avait pu maîtriser la potion qui mijotait en lui. Elle venait de lui exploser à la figure et il n’y avait rien ni personne qui semblait pouvoir l’aider. Sauf peut-être… Moi ? Je ne sais pas si je suis la personne qui pourra l’accompagner. J’ai peur. Je n’ai pas peur d’accueillir ce qu’il pourrait bien me livrer, ça non. J’ai peur de ne pas pouvoir l’aider, j’ai peur de ne pas trouver les mots, j’ai peur d’être une amie ridicule qui ne sait pas comment faire pour réconforter son ami. Il faut dire qu’avec d’autres personnes, cela serait plus simple parce que je prendrais celle-ci dans mes bras et je tenterai de lui insuffler toute ma force et tout mon courage par le biais d’une étreinte. Mais bien sûr, avec le jeune Serdaigle, cette option est exclue et pas du tout envisageable. J’espère alors que je pourrai trouver les mots qui pourront l’aider, comme il a pu le faire pour moi à de bien nombreuses reprises.
J’écoute Eirian m’avouer qu’il a peur de tout et que c’est infernal. J’acquiesce doucement sans pour autant comprendre de quoi il a peur ni pourquoi il a peur. Cette angoisse irrationnelle, d’où lui vient-elle ? Je demande : « C’est la crainte qu’on te touche qui fait que tu es toujours en alerte ? Tu parles de cette peur là ? » Je murmure : « Ou il y en a d’autres ? » Je me doute qu’il y a autre chose. Car il a parlé de Poudlard comme étant l’endroit le plus sûr du pays mais il ne pouvait pas s’agir uniquement de contact physique. Il y a autre chose de plus profond, de plus sombre. Mais quoi ?
La question du psychomage arrive rapidement sur le tapis. Il faut dire que je ne suis pas du tout fermée sur la question on se demande bien pourquoi et que je pense sincèrement que cela pourrait accompagner Eirian dans l’élaboration psychique de ses angoisses dans la compréhension de ce qui le tourmente. Bien sûr qu’il le sait, mais peut-être que ce qu’il doit apprendre, c’est comment faire avec ? J’en sais rien, je sais pas ce qu’il a pu vivre pour se retrouver dans cet état aujourd’hui… Eirian m’explique qu’il est en peine pour faire confiance à qui que ce soit, et encore davantage à une personne qu’il ne connait pas et dont il ne sait rien. Je peux le comprendre même si j’imagine que c’est leur travail tout ça ; j’imagine que cela serait peut-être plus facile pour eux de se mettre à distance de ce qu’il pourrait bien leur raconter afin de mieux l’aider. Me concernant, comment être certaine que je ne vais pas m’effondrer lorsqu’il me dira tout ? Je ne sais pas quelles sont mes limites, je ne sais pas ce que je suis capable d’endurer. Ce que je sais par contre, c’est que je le supporterai : pour lui. « J’imagine que tu pourras jamais savoir si c’est le bon sans y aller. » C’est clair que c’est le premier pas à faire. Sans y aller, comment savoir s'il convient? « Le premier pas est sans doute le plus difficile. » conclué-je. Je ne le blâme pas, je me doute que pour lui qui vit dans le secret depuis aussi longtemps, imaginer en parler avec un inconnu semble inconcevable. Je ne prétends pas pouvoir le faire changer d’avis sur le sujet mais j’espère qu’elle cheminera quand même un peu dans son esprit, après tout, autant tenter de jeter une bouteille à la mer en espérant qu’elle atteigne un jour un rivage. On ne sait jamais.
Je m’étrangle lorsqu’Eirian me dit que je pourrai être cette personne à qui il dirait tout. Je suis touchée par cette marque de confiance et tente de faire taire l’angoisse qui monte en moi. « Je pense que tu dois aller au plus simple Eirian. Utilise la solution la moins difficile pour toi. » dis-je en mimant des guillemets sur le mot solution car ce n’est pas forcément le terme approprié mais je comprends pourquoi il a choisi celui-là. Eirian tente ensuite de me rassurer en disant qu’il savait que je ne l’abandonnerai pas mais pourtant, je sais qu’il y a songé. A-t-il si peu d’estime pour lui-même ? « Trop m’en demander ? Mais Eirian enfin… » Je ne finis pas ma phrase parce que le jeune Serdaigle continue de parler et je ne préfère pas le couper de peur de le braquer ou qu’il ne sache plus bien où il en est. Le peu de choses que me livre Eirian veulent dire beaucoup. Et je le pressens, ce n’est que le début de l’ouverture de la boîte de Pandore. Je n’ose rien dire lorsqu’il évoque le fait de m’embarquer dans une histoire qui ne me concerne pas. Je lève les yeux au ciel. Eirian est si… buté. On dirait moi.
Lorsqu’on évoque les cours de combat rapproché, Eirian me répond qu’il craint de ne pas pouvoir passer son examen s’il ne trouve pas un moyen de faire autrement d’ici là. Je me dis que peut-être il a besoin de réfléchir aussi au long terme et je lui propose mon idée stupide et idiote de thérapie par l’exposition. Paul m’en a déjà parlé à de nombreuses reprises pour des patients de l’hôpital psychiatrique pour le traitement des phobies et je me demande si cela pourrait s’appliquer à Eirian. En tout cas, je le lui propose, après il en fera ce qu’il voudra. La décision d’Eirian est sans appel, il se lève brusquement et rejoint les rives du lac. Je le suis doucement, ôtant mes chaussures et mes chaussettes pour laisser l’eau venir chatouiller mes orteils. « Je disais ça juste comme ça, j’essaie de réfléchir à ce que je peux faire pour toi. Je me sens tellement inutile. » Avouer ces quelques mots dans un murmure me coûte mais j’ai besoin qu’Eirian sache aussi dans quel état d’esprit je suis. J’ai tellement envie de l’aider…
Il se tourne vers moi et son regard semble déterminé. Déterminé à quoi faire ? Je n’en sais rien. Il prend une si longue inspiration que je devine sa poitrine se soulever sous son uniforme. Mieux dans l’autre sens ? Sur le coup, je ne comprends pas ce qu’il veut dire avant qu’il explicite sa pensée. Mon cœur tambourine dans ma poitrine et je peux sentir le sang pulser à travers toutes les veines et artères de mon corps. Je déglutis, pas certaine de ce que je vais dire, mais je le dis quand même : « Eirian. Tu sais, ton amitié compte aussi beaucoup pour moi. » Je marque une légère pause avant de reprendre : « Quelle piètre amie je serai si je ne pouvais pas t’aider à mon échelle ? » Je n’irai pas jusqu’à dire Je t’écoute, allez, cause mon gars, déballe ton sac, je pense qu’il a compris l’idée générale. Je suis debout, face à lui, prête à entendre ce qu’il a dire, prête à partager avec lui cette souffrance intenable qui l’empêche d’avancer, ce poids qui l’accable, cette solitude qui l’enserre. « Je suis là et je ne partirai pas. »
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Jeu 15 Juil - 19:37
Lève la tête, porte ton fardeau
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évocation de viol
« Personne ne doit savoir, on ne peut faire confiance à personne ; si tu parles, ils nous retrouveront. » Et tu n’avais pas besoin d’entendre la suite pour savoir ce que ça sous-entendait. Les ordres de ta mère, les promesses que tu lui as faites ont fondé une bonne partie de ta vie. Et c’était vrai, tu en avais bien conscience. Que ce soit du côté des moldus, s’ils découvraient que tu étais un sorcier, et du côté des sorciers, s’ils apprenaient que tu venais du Blood Circle et que ton père était un traqueur de sorciers. Des mots qui régissent ta vie, qui l’ont façonnée depuis tes sept ans. Que tu as faits tiens au point de te retrouver tout bonnement incapable de faire confiance à qui que ce soit, même pour les choses les plus anodines – sauf sur le terrain peut-être, dans les missions de l’Ordre ou lors des grosses attaques, tu es bien obligé de te fier à ceux qui t’entourent, vous protégez mutuellement vos arrières. Mais la solidarité entre combattants reste sur le terrain, tu ne la ramènes pas avec toi ensuite.
Le silence a toujours été la solution, le chemin le plus simple vers la survie – le seul objectif depuis ta fuite, tenir quelques semaines, quelques mois, un an de plus. Ce n’était pas si difficile au départ, puisque tu avais ta mère à qui tu pouvais te confier, puis vous ne restiez jamais très longtemps au même endroit. À Poudlard, tu pouvais accepter de ne pas te rapprocher des autres pour vous protéger – et c’était de toute façon plus facile de mentir à des inconnus plutôt qu’à des proches. Tes condisciples restaient des inconnus et ça t’allait, tu pouvais tracer ton chemin sans eux. Tu te mentais peut-être en affirmant avec autant de force que tu n’avais besoin de personne. Mais ça t’a aussi aidé à tenir, à affronter ces années le plus normalement possible. Tu n’en veux pas à ta mère, elle a tout fait pour te préserver. C’est une fois de plus la faute de ton père, comme une épée de Damoclès qui peut se décrocher à tout instant si jamais tu dis un mot de trop. C’est lui qui te force au secret, qui t’a empêché de vivre une vie normale – et parfois, souvent tu enviais la vie de tes camarades, ceux qui n’avaient d’autre souci que la réussite de leurs études et une existence sans menace de mort.
Les choses ont changé avec la disparition de ta mère, que ce soit avec Elise d’abord, puis Kayla et Raphaël. Pour autant, si proches sois-tu d’eux, tu n’as jamais été capable de leur parler vraiment de toi. Oh, bien sûr, vous avez échangé autour de vos idées, tu as découvert tes points communs avec Kayla, votre partage entre le monde sorcier et le monde moldu, votre envie de faire bouger les choses… Tu t’es ouvert avec elle, discutant, plaisantant, ravi de voir que vous vous entendiez aussi bien, espérant de toutes tes forces ne pas te tromper sur cette amitié, que ce soit réciproque. Mais il y a des pas que tu n’as jamais faits, dans la crainte de perdre une fois de plus ce que tu avais. Et cette perte-là, tu ne te sentais pas capable de l’affronter. Mais maintenant que tu en as tant besoin, tu es incapable de savoir comment parler, comment agir, comment donner vraiment corps à cette confiance. Mais il faut que tu le fasses, ça ne peut plus durer. Et le peu que tu dis à Kayla, petit bout par petit bout, est déjà beaucoup pour toi qui ne mets jamais les mots sur ce que tu ressens. Qui ne le dis jamais à personne, surtout. Et tu ne parviens plus à faire face à tout ce que tu as tenté d’enfouir, ça rejaillit de plus en plus violemment, tu te sens sur le point d’exploser. Ou sur le point de rentrer dans le mur vers lequel tu fonces. Et ta perte de contrôle pendant le cours est déjà le signe que tu es trop proche du point de rupture. Ça n’aurait jamais dû arriver.
Tu te confies sur cette peur qui te ronge – cette peur dont tu n’as jamais parlé à qui que ce soit non plus, premier cran de la marmite bouillonnante que tu es en train d’ouvrir sans savoir sur quoi ça va déboucher. Elle revient dessus. La peur du contact… Non, il n’y a pas que ça, c’est plus un tout nébuleux… Là non plus, ce n’est pas simple de poser les mots dessus. Tu la ressens, tu vis avec depuis trois ans, mais tu ne l’as jamais formalisée, verbalisée.
— C’est… plus large que le contact. C’est comme si les autres étaient devenus des ennemis qui pourraient me prendre par surprise et m’attaquer n’importe quand. C’est comme… je sais pas, comme si, au lieu d’être à Poudlard, tu te retrouvais la seule sorcière dans une salle pleine de Blood Circle, tu vois ? Tu passerais ton temps à analyser ce qui t’entoure, tu ferais attention aux moindres gestes des autres, aux paroles, juste au cas où, pour t’assurer en permanence que tu n’es pas sur le point d’être découverte, même la nuit tu resterais attentive. Au cas où, pour anticiper le moindre danger, te défendre s’il le faut. C’est comme ça que je le ressens, tout le temps, où que je sois. Et j’ai beau savoir qu’il n’y a pas vraiment de danger ici, ça ne change rien.
Tu ne sais pas si c’est très clair. Il y a sans doute des façons plus précises de décrire cette vigilance infernale, cet état d’alerte, d’angoisse et de peur permanent, qui te ronge et t’épuise, mais tu ne les connais pas – tu n’as jamais vraiment cherché non plus, tu as juste essayé de faire avec, de ne pas trop y penser pour ne pas t’y perdre encore plus. C’est étrange d’en parler, de mettre des mots dessus. Ça s’était un peu atténué, mais c’est revenu en empirant ces derniers mois, tu ne supportes plus la moindre contrainte et tu as trop souvent l’impression d’étouffer, de suffoquer. La panique latente ne te laisse guère de répit. En le disant, tu mesures encore ce qu’on t’a pris. À quel point tu n’es plus le garçon que tu étais avant. C’était difficile, tu étais solitaire, mais tu faisais face, tu tenais, tu étais capable d’affronter les obstacles, tu t’en moquais qu’on te touche, dans les mouvements habituels dans les couloirs, tu n’avais pas de mal à te battre, tu avais confiance en tes capacités, tant dans les sortilèges que dans les arts martiaux, affûté par des années d’entraînement avec ta mère, tu n’étais pas paralysé par l’angoisse. Tu ne te tenais pas en permanence sur le bord d’un gouffre qui n’attend que le prochain faux pas pour t’aspirer. Tu n’étais pas en morceaux. Et ça te fait mal de voir tout ce qu’on t’a arraché, en bonne partie par ta faute.
Pour autant, tu as toujours autant de mal à l’idée d’aller voir un psychomage, non parce que tu doutes de son utilité, mais parce que ça reste un inconnu – et quelqu’un du corps médical de surcroît, ce qui allume une alerte de plus. Même si tu ne sais pas vraiment d’où elle vient celle-là. Peut-être parce que son métier est justement de chercher la petite bête, de découvrir ce qui ne va pas, de voir au-delà de tes dénis, voire de tes mensonges. Et tu ne peux pas offrir autant de prises à quelqu’un. C’est déjà compliqué de gérer tes mensonges au quotidien, ça te demanderait encore plus d’efforts. Et ça te paraît aller à contre-courant du rôle de psychomage, on y va pour déposer ses charges, pas pour essayer de passer entre les mailles du filet en renforçant ses remparts de tous les côtés. Et qu’est-ce qu’il pourrait tirer d’une vie qui n’est qu’un tissu de mensonges ? Tu pourrais ne parler que de certains problèmes, sûrement… mais ça reste risqué. Kayla a raison, tu ne sauras pas si c’est la bonne personne ni si ça se passera bien avant d’y aller. Le premier pas est le plus difficile, oui. Et tu restes figé sur ton seuil, incapable de le faire, parce que tout ton corps te hurle « non ». Parce que tu ne veux pas, profondément, viscéralement, livrer tes pensées et tes craintes à un inconnu. C’est tout ce qu’il te reste, tout ce qui t’appartient encore – plus ou moins. Towsen a déjà forcé ton esprit avec sa potion. Tu ne peux pas, tu ne veux pas. Tu prends brusquement conscience de la force de ton rejet.
— Je ne m’en sens vraiment pas capable, tu murmures. C’est complètement irrationnel, hein, mais rien que de l’envisager… je ne peux pas. Je ne peux pas montrer ça à quelqu’un dont je ne sais rien. Même si c’est son métier.
Elle réagit quand tu lui dis qu’elle pourrait être la personne à qui tu te confierais. Et c’est vrai, l’idée te paraît beaucoup plus rassurante que celle du psychomage. Elle n’en reste pas moins terrifiante, mais elle est envisageable, au moins. Et ça reste le plus simple pour toi, même si tu te sens profondément égoïste à l’idée de lui imposer ça. Les vrais amis peuvent tout se dire, sûrement, mais tu aurais pu débuter par quelque chose de moins extrême. Tu redoutes de trop lui en demander, elle proteste avant de te laisser continuer. Tu ne veux pas qu’elle regrette d’avoir voulu t’aider. Ou qu’elle se sente mal. Surtout pour quelqu’un comme toi. Tu ne vaux pas le souci qu’elle se fait pour toi.
Face à son idée de thérapie par l’exposition, ton recul est trop évident. C’est bien, ça, elle ne cesse de te proposer des moyens de t’aider et tu lui renvoies tout dans la figure. Trop dur, trop compliqué… évidemment, comme si ça allait être facile ! Tu ne sais pas si c’est rationnel ou si c’est juste toi qui fais du refus d’obstacle, une fois de plus. Comme s’il existait une solution miracle qui aplanirait tout d’un coup, qui règlerait tous tes problèmes sans aucun effort de ta part. Quel con. Tu as peut-être trop attendu aussi, et il te faut le temps de décoincer tout ce qui s’est grippé avec le temps. Tu te redresses, tu ne sais plus où tu en es. Tu t’en veux surtout de refuser toutes ses propositions parce que ça te paraît insurmontable. Tu ne peux pas fuir en permanence, espérer que ça se tasse, remettre à plus tard. C’est ce que tu fais depuis trois ans, sans aucun succès. Peut-être qu’elle comprendra mieux tes refus, si tu lui expliques. Peut-être que tu dois commencer par là, par préciser le fond du problème.
Elle te rejoint au bord du lac. Elle se sent inutile. Pourtant, elle ne l’est pas. Loin, très loin de là.
— Tu n’es pas inutile. Tes propositions sont très bonnes, c’est moi qui bloque comme un idiot. Tu sais… tout ce que je te dis depuis tout à l’heure, je ne l’ai jamais dit à personne non plus. Et ça m’aide de t’en parler, de mettre des mots dessus… de savoir que je ne suis pas tout seul face à ça, parce que tu es là depuis tout à l’heure, que tu fais tout pour m’aider même si je ne le mérite pas…
Tu finis par lui proposer de lui expliquer ce qui s’est passé, la gorge nouée, sans savoir si tu dois espérer qu’elle accepte ou qu’elle refuse. Tu lui laisses le choix, en tout cas, tu ne lui en voudrais pas si elle préférait s’en tenir là. Elle tient à ton amitié elle aussi. Mais… Tu aurais nettement préféré avoir des choses moins compliquées à avouer. Moins dures. Ou être plus courageux et arriver à prendre les bonnes décisions plutôt que de t’appuyer sur elle. Elle se tient face à toi, solide, décidée. Ça te rassure et le sac de nœuds dans ta poitrine se relâche un peu. Elle ne te laissera pas tomber. Tu le savais mais… en voir la confirmation te soulage. Tu te sens tellement… vulnérable face à elle. Ton cœur cogne contre tes côtes. Tu as presque envie de tourner les talons, de t’échapper encore une fois. Mais la fuite en avant ne te mène que droit dans le mur, et de plus en plus vite, tu en as pleinement conscience.
— Ce que je vais te dire… ça reste entre nous, d’accord ?
Tu sais qu’elle aime bien les potins, mais elle n’est pas non plus du genre à crier les secrets des autres sur tous les toits. Une nouvelle inspiration. Tu ne sais pas vraiment comment commencer. Y a-t-il seulement une bonne façon de dire ces choses-là ?
— C’est arrivé… il y a trois ans, entre ma sixième et ma septième année. Je revenais de chez des potes et je me suis fait prendre à parti par une bande. Un type est intervenu pour… m’aider.
Le mot t’arrache la bouche. Tu l’avais déjà aperçu les jours précédents et tu avais pris soin de l’éviter, parce qu’il te semblait louche.
— Il m’a proposé d’aller boire un thé pour me remettre, j’ai accepté comme un con.
Tu ne comprendras jamais l’impulsion qui t’a poussé à dire oui. Pourquoi il a fallu moins de deux mois pour que tu envoies voler tous tes préceptes. Le choc de l’agression ? Le soulagement de ne pas t’être fait voler ton sac avec toutes tes affaires ? Parce que tu étais épuisé et malade, après ces deux mois seul, à survivre comme tu pouvais dans les rues de Londres, trop jeune encore pour utiliser la magie ? Mais ça ne justifiait pas l’abandon de toutes tes précautions, au contraire. Parce que c’était un café, un lieu peuplé, un endroit à peu près sûr ? Tu ne sais pas, et tu auras beau te poser et te reposer la question, revoir chacun de tes gestes, ça ne changera rien à ce qui s’est passé. Tu frissonnes.
— Je ne sais pas ce qu’il a mis dans ma tasse. Mais il m’a… drogué. Quand j’ai compris, c’était trop tard. Je… je n’ai rien pu faire. Et il m’a… agressé.
Pour la première fois, l’aveu sort dans un souffle, sobre à côté de la violence de ce qui s’est passé, qui tourbillonne dans ta tête. Ce n’est pas le bon verbe, mais l’autre, tu as toujours du mal à le penser, tu espères qu’elle comprendra quand même. Les images te reviennent, toujours aussi fortes, aussi violentes. Tes souvenirs sont flous, brouillés, parcellaires, mais les sensations se sont gravées en toi. Ses paroles. Ses mains partout sur ton corps. Son poids. Ce qu’il t’a fait. Ton impuissance absolue, toute résistance annihilée par la drogue, marionnette entre ses mains. Le crash – tu ne sais pas comment l’appeler, comme si quelque chose en toi avait disjoncté.
Tout se bouscule dans ta tête, tu ne sais plus vraiment où tu es et tu te sens nauséeux. Tu croises les bras, tendu, crispé, comme pour te protéger. Tu devrais… tu ne sais pas, lui dire que tu n’as jamais pu réparer ce qui s’est cassé ce soir-là, que toutes tes réactions bizarres viennent de là, que tu as été incapable d’en parler – que de toute façon tu n’avais personne à qui en parler, mais tu t’es tu aussi face à Elise, quand elle est venue te trouver un mois après la rentrée pour comprendre pourquoi tu allais aussi mal, pourquoi tu ressemblais à un fantôme. Tu l’as laissée croire que tu avais vu quelque chose de traumatisant. Tu devrais… tu ne sais pas, tu n’arrives plus à parler, les mots s’étouffent dans ta gorge tandis que les larmes coulent de nouveau sur tes joues.
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Kayla Rausale
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Je ne sais pas pourquoi je suis si tendue. Est-ce parce que je vais enfin découvrir ce que me cache Eirian -et au sens large, ce qu’il nous cache à tous- ou est-ce parce que je ne sais pas si je pourrais rester calme après ce qu’il m’aura révélé. J’ai peur aussi de ne pas être à la hauteur, de ne pas être digne de la confiance qu’il m’accorde. J’ai peur de ne pas savoir le réconforter, de ne pas savoir comment faire pour l’aider. J’ai l’habitude d’être la confidente de Maxime mais avec elle c’est facile, je connais tout d’elle, je suis limite dans sa tête et je la comprends avant même qu’elle ne parle. Mais avec Eirian, c’est différent ; notre amitié est moins tangible, presque superficielle parce que nous n’avons jamais creusé au fond des choses. Non pas que cela me dérange, nous avons tous nos secrets mais cela complique la tâche. Et puis avec le jeune Serdaigle, les consolations tactiles sont exclues alors que c’est souvent ce que je préfère. Je trouve qu’une étreinte solide et une épaule pour pleurer vaut mieux parfois que quelques mots d’une banalité navrante. J’espère ne pas être dans cette banalité-là avec lui parce que je sais que c’est ma seule arme.
Je l’écoute tout d’abord et je vois que j’avais raison. Ce n’est pas uniquement le contact. Bien sûr qu’il semble avoir peur de tout et de tout le monde. Je n’ai jamais compris pourquoi, en plein milieu d’une école remplie de sorciers -de surcroît des étudiants-, il n’y avait normalement aucun danger Sauf si bien sûr on s’appelle Harry Potter et que Voldemort attend la fin de l’année scolaire pour attaquer, sinon, c’est plutôt calme d’ordinaire en fait. Je comprends un peu mieux ce que ressent Eirian avec ses explications même si je suis encore et toujours en train de me demander pourquoi. Je me contente d’être avec ses côtés et d’hocher la tête doucement. Compatissante, je murmure : « Cela doit être épuisant au quotidien. » Toujours être sur le qui-vive, ne jamais pouvoir dormir complètement sur ses deux oreilles. « Mais ça a toujours été comme ça ? Même quand tu étais petit ? » demandé-je, désireuse de comprendre si cela lui était venu d’un coup ou non. Effectivement, si, comme je le suspecte, Eirian a subi un traumatisme, quel qu’il soit, je suppose que cette angoisse lui est apparue d’un coup. Je me désole qu’il ne puisse pas faire confiance à un spécialiste pour échanger sur tout cela mais je respecte son choix. Il l’avoue lui-même, c’est irrationnel et il ne peut l’envisager. Jamais personne ne pourra le forcer, c’est certain mais Eirian n’a peut-être pas conscience qu’un psychomage pourrait certainement l’accompagner plus aisément qu’une personne lambda. Mais je me dis qu’il a peut-être besoin de savoir d’abord qu’il peut faire confiance à un ami -et en l’occurrence en une amie- avant de pouvoir se confier à un professionnel. Alors soit, je serai cette personne, même si ça m’angoisse, même si ça me stresse parce que j’ai trop peur de ne pas pouvoir l’aider. Mais cela semble rassurer Eirian que cela soit moi, donc cela me redonne du courage. Si je ne suis pas en mesure d’être cette personne pour lui, c’est que je ne mérite pas son amitié. Tentant de faire de mon mieux, je propose à Eirian plusieurs « solutions » (même si ce n’est pas le bon mot) dont aucune ne semble le satisfaire ou être envisageable à ses yeux. J’avoue avoir épuisée mon stock d’idées lorsque le jeune Serdaigle se maudit lui-même. Il dit être bloqué mais que cela l’aide que je sois là à l’écouter. C’est déjà ça. Je me demande si Eirian a déjà eu des gens qui l’écoutaient, qui l’écoutaient vraiment et à qui il pouvait se confier. Je me rends compte que je sais si peu de choses de lui et uniquement des parcelles de vérité. Quelques mensonges peut-être. Eirian venait d’ouvrir la boîte de Pandore et je ne sais absolument pas ce que je vais y trouver. « Arrête de dire que tu le mérites pas. Tu te trompes tellement. » dis-je sans expliciter davantage parce que ce n’est pas le moment et que je ne veux pas qu’il s’engouffre dans cette brèche alors qu’il s’apprête à s’ouvrir, enfin. Je me contente de rester auprès de lui et je détourne mon regard de son visage pour ne pas que cela soit gênant pour lui.
Je sens comme un poids qui s’échappe de sa poitrine lorsque je lui confirme que je resterai avec lui quoi qu’il en coûte. Eirian est là, il te dépasse d’une bonne tête mais pourtant, il a l’air si petit, si vulnérable, si… fragile. Je ne l’ai jamais vu comme ça, je ne l’ai jamais vu aussi fermé. Je suis si inquiète. Je m’apprête à lui dire qu’il n’est pas obligé de me faire la moindre révélation maintenant mais il me devance en me demandant de garder ça pour moi. « Jamais de la vie je ne trahirai ta confiance Eirian. » dis-je pour le rassurer. Même si je suis une sacrée pipelette, même si j’adore les potins, jamais je ne pourrai aller crier sur les toits ce qui met Eirian dans cet état. Je suis loyale à ma famille et à mes amis. Je sais garder un secret lorsqu’il le faut, qu’il ne s’inquiète pas.
Sans que je ne m’y prépare vraiment, il commence son histoire. Je fronce les sourcils, craignant le pire à chaque mot. Et sans savoir pourquoi, sans qu’il n’ait besoin d’aller plus loin, je comprends où il veut en venir. Rapidement. Dès qu’il parle du gars qui est venu l’aider. Je ne sais pas si c’est parce que j’ai lu trop de romans dramatiques ou si c’est parce que j’étais adepte des séries tristes avec des scénarios morbides, mais j’ai peur de deviner, j’ai peur de comprendre, j’ai peur d’avoir raison. La suite de l’histoire n’est pas pour me rassurer et je ferme les yeux, tentant de ne pas laisser ma colère prendre le dessus. La dernière phrase d’Eirian est de trop et alors qu’il ne nomme qu’à demi-mots l’innommable, je sens la colère s’insinuer en moi. Mais ce sont des bredouillements qui sortent de ma bouche : « Tu veux dire qu’il t’a… qu’il t’a… » Les mots se perdent dans ma bouche tandis que le casse-tête se forme enfin dans ma tête et je sens que j’ai envie de crier, que j’ai envie de hurler. Il n’a pas besoin de le confirmer. Je le sais. Je me rends compte que j’ai toujours su. J’ai toujours su que c’était quelque chose dans ce genre-là mais l’entendre le dire me bouleverse et les larmes viennent s’écraser sur mes joues. Je mords les lèvres pour ne pas me laisser subjuguer par la vague nauséeuse qui vient de m’assaillir. Un frisson me parcourt le corps et je me sens vide. Je ressens la froideur, je ressens la solitude, je ressens l’impuissance. J’imagine la scène dans ma tête sans pouvoir m’en empêcher, j’imagine Eirian aux prises de cet homme, de ce prédateur, de ce monstre. Je sens la bile me monter à la gorge et je refrène une putain d’envie de vomir. Je me ressaisis pour Eirian et je me redresse en me rendant compte que j’avais soudainement les épaules voûtées. Je me tourne vers lui et je remarque qu’il pleure lui aussi. J’esquisse un geste que j’arrête aussitôt. Je dois oublier mes habitudes. « Je peux pas Eirian mais le cœur y est si tu savais. » Bien sûr que j’ai envie de le prendre dans mes bras, bien sûr que j’ai envie qu’il sache que cet enflure lui a fait n’est pas représentatif et que la plupart des contacts physiques sont agréables. Mais jamais je ne me permettrai de lui dire ça, pas maintenant. Ce n’est pas le moment. « Tu… es allé porter plainte ? » demandé-je dans un murmure. Je ne sais pas pourquoi, je suis sûre que non. Je n’essuie pas mes larmes, je ne tente pas de les arrêter, je sais que c’est impossible. Je rabats mes bras tout contre moi pour chasser la froideur qui s’est insinuée en moi alors que la météo est très clémente. « Je comprends, que le contact des autres te fait horreur. » Je suis bouleversée.
PRETTYGIRL
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Dim 25 Juil - 20:18
[quote="Eirian Howl"]
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« septembre 2020 »
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évocation de viol
« Ne fais jamais confiance à personne », c’était l’une des devises de ta mère, ces ordres qui vous protégeaient et qui t’ont aidé à échapper à ton père et au Blood Circle pendant si longtemps. Te confier, dire la vérité reste l’une des choses les plus difficiles qui soient, malgré ce que tu laisses échapper depuis quelques mois. Abigail sait pour les blessures sur tes bras, Sean connaît ta véritable identité et ton passé, et Kayla… tu vas lui dire ce que tu as toujours tu. À eux trois, ils ont le puzzle complet et une part de toi espère qu’ils n’auront jamais l’occasion d’emboîter les pièces les unes dans les autres. Une autre aimerait faire tomber tous ces mensonges, mais ce n’est pas possible, ce ne sera jamais possible. Le silence a toujours été ton moyen de survivre. Il n’y avait qu’avec ta mère que c’était possible, et ça t’allait, c’était simple, il n’y avait pas de barrière, pas de précaution à prendre. Tu pouvais te passer de nouer d’autres relations si elle était là. Depuis sa disparition… tu n’as plus eu personne à qui te confier. Enfin, non, ce n’est pas tout à fait exact. Mais Elise est peut-être venue trop tôt pour cela, même si elle t’a aidé à reprendre pied. Tu as tout verrouillé pour continuer de tenir – de survivre. Mais survivre, ça ne fait pas tout, s’il n’y a rien au bout. Quitte à te confier à Kayla, tu aurais aimé avoir autre chose que des horreurs à lui raconter sur ta vie. Celle qu’Eirian Howl est censée avoir n’a rien de commun avec la réalité, mais c’est au moins un brin de normalité auquel tu peux te raccrocher, une illusion que tu entretiens, qui te rapproche des autres en un sens et de ce qu’ils vivent. Tu aurais préféré ne pas éprouver votre amitié de cette façon, ne pas avoir à lui demander de supporter ça. Tu lui fais confiance, oui, plus qu’à d’autres, certainement, mais en dehors de Sean, tu n’as jamais laissé un de tes amis approcher aussi près de celui que tu es vraiment. Vous vous êtes beaucoup rapprochés au fil des mois, vous vous êtes battus ensemble cet été, elle est souvent venue te voir sans avoir jamais l’air de le regretter. Mais là c’est une marche énorme que tu lui demandes de franchir. Tu espères de toutes tes forces ne pas commettre une erreur de plus, ne pas briser ce qu’il y a entre vous.
Alors, tu lui parles d’abord de tes peurs, cette phobie du contact qui vient en lien avec tes angoisses paralysantes, ton hyper vigilance qui te maintient toujours en alerte, les nerfs à vif, même dans un lieu comme Poudlard. Mais ce n’est pas Poudlard, le souci, c’est tous les gens qui t’entourent en permanence, même la nuit. Tu vas parfois dormir dans la Salle sur Demande quand c’est trop, mais tu ne peux pas le faire tous les soirs, et évidemment, ça ne chasse pas les cauchemars. Les nuits là-bas ne sont pas forcément beaucoup plus reposantes que dans le dortoir, mais tu t’y sens quand même davantage à l’abri. Kayla compatit, souligne à quel point ça doit être épuisant. Tu continues de masquer tes cernes grâce à la magie, histoire de ne pas avoir l’air d’avoir les deux yeux au beurre noir en permanence, et même si tes vêtements restent amples, ça fait à peu près illusion pour cacher ta perte de poids. Tu as essayé d’enrayer ça au fil de l’été, parce que tu ne pouvais pas te permettre de perdre plus de forces si tu voulais être en état pour fuir le Blood Circle. Au moins, c’est à peu près stabilisé même si tu as toujours peu d’appétit. Tu hoches la tête.
— Oui. Et j’ai l’impression que c’est de pire en pire. Je n’en peux plus.
Aveu d’impuissance, de faiblesse. Tu as beau lutter, c’est de plus en plus dur, tu ne sais pas pourquoi. Tu n’as rien vécu de traumatisant ces derniers mois. L’Institut, l’attaque dans la Forêt… c’est des choses que tu connais, auxquelles tu peux faire face, et tu n’as de toute façon pas été blessé. Il n’y a rien qui justifie que tes angoisses et tes peurs aient empiré. La question de Kayla te renvoie dans le passé. Autant tu as passé tes six premières années en solitaire, n’échangeant que le strict minimum avec tes condisciples jusqu’à ce qu’ils comprennent et te laissent tranquille, autant tu as eu une scolarité quasi normale. Les cours, la rivalité avec Elise pour majorer dans les différentes matières… À Poudlard, même si tu n’as jamais baissé ta garde, même si l’inquiétude pour ta mère ne te lâchait pas, tu pouvais être un adolescent presque comme les autres. La protection du monde magique t’a apporté une certaine stabilité.
— Non. Ça ne fait que quelques années. Avant, j’étais… j’étais normal. J’ai toujours été assez solitaire, mais la présence des autres ne me dérangeait pas.
Au moins, tu ne les voyais pas comme des ennemis. Ils avaient leur vie, tu avais la tienne. Ça te paraît presque une autre vie, tellement tout est différent maintenant. Tu étais plus solide, plus fort, tu avais confiance en toi-même et en tes capacités. Tu avais peur, mais tu savais rationaliser, tu arrivais à faire face à la menace de ton père, à enfouir tes craintes. Tes blocages ressortent pleinement avec la question du psychomage. Tout ton corps se hérisse à cette idée. Lors tes échanges avec Abigail, tu as fini par comprendre que pour cette question-là, le blocage, ce n’était pas seulement les autres, comme pour ton identité, mais aussi toi-même. Donner la clef de cette fragilité, c’est baisser trop de barrières pour que tu t’en sentes capable face à un inconnu, tu ne sais pas ce qu’il en fera. C’est son métier de gérer ça, il aurait peut-être des solutions à t’offrir, mais l’idée de te trouver coincé dans une pièce face à quelqu’un dont le rôle est de te faire parler suffit à te donner la nausée. Et même si tu te forçais à y aller, tu n’aurais pas les moyens de payer plus que quelques séances, que ce soit côté sorcier ou, pire, dans le monde moldu. Tu n’es pas sûr que ça suffirait. Mais est-ce que tu peux vraiment y échapper ? Est-ce que tu peux vraiment aller mieux sans en passer par là ? Pour l’instant, la seule personne à qui tu fais assez confiance pour essayer, c’est Kayla. Même si tes paroles te trahissent encore. « Je ne le mérite pas. » C’est à force de te l’entendre dire, cet été, ça et toutes les variantes qui te venaient sans que tu t’en rendes compte, qu’Abigail a fini par te secouer. Tu n’avais pas conscience à quel point tu n’arrivais plus à te retenir de le dire – à quel point ces pensées négatives étaient si ancrées qu’elles finissaient par déborder. À quel point tu avais besoin que quelqu’un l’entende. Tu secoues la tête devant la phrase de Kayla, en un signe de déni. Un jour, tu poseras la question, de savoir ce que tu leur apportes. Si tu es vraiment autre chose qu’un danger pour eux, pourquoi ils acceptent ton amitié, pourquoi ils perdent leur temps avec toi. Pas par fausse modestie, pour entendre des compliments, mais parce que tu ne comprends vraiment pas. Et tu ne sais pas si c’est normal, ou si c’est ta façon de penser qui s’est tellement tordue et faussée que tu n’arrives plus à faire la part des choses. Il va bientôt falloir que tu listes par écrit toutes les questions que tu te poses pour voir si tu arrives à leur donner une réponse cohérente.
Si tu ne parles pas maintenant, tu ne le feras jamais. C’est comme montrer une plaie béante, dégager la voie vers toutes tes faiblesses, cette vulnérabilité qui te donne l’impression qu’il ne faudrait pas grand-chose de plus pour que tu voles en éclats. Tu as tellement l’habitude de tout sceller que c’est presque au-dessus de tes forces. Avec Abigail, tu as tourné autour du pot sans rien avoué de concret, avec Sean tu as cédé à la menace, et Towsen t’a drogué. À Garnet, tu as concédé une partie de la vérité, en lui cachant cependant ton nom de famille, l’empêchant de tout comprendre de tes rapports avec le Blood Circle. C’est la première fois peut-être que tu te livres volontairement, sans mensonges ni vérité tronquée, du moins sur l’essentiel. Tu as le droit de ne pas tout supporter, d’avoir besoin de faire une pause, de craquer, d’avoir besoin d’une épaule, d’une amie. Les paroles d’Abigail ont été assez libératrices, comme si tu attendais que quelqu’un te donne le droit de ne pas toujours faire face seul. En faisant cela, tu trahis tous les préceptes de ta mère, mais tu n’es plus capable de faire autrement.
L’assurance que Kayla ne te trahira pas te rassure un peu, tu sais que de sa part ce ne sont pas que des mots. Tu finis par te jeter à l’eau, luttes pour trouver les mots, pour arriver à livrer les faits nus. Tu aurais difficilement pu le faire en moins de phrases, mais ça suffit à te renvoyer là-bas, à faire renaître toutes ces images que tu vois dans tes cauchemars, comme si tu y étais encore, comme si le même film se déroulait encore et encore, aussi intact qu’au premier jour. Ses mains, sur ton corps, ta peau, dans tes cheveux, sa bouche contre la tienne, son poids qui t’écrase, ses paroles, floutées, brouillées, pas complètement oubliées, ce qu’il t’a fait. Ton incapacité à bouger, te défendre, lutter ; ton impuissance absolue à cause de la drogue. Quand tu te tais, sans rien dire clairement, Kayla essaie de formuler les choses, sans y arriver non plus. Tu confirmes d’un hochement de tête, parce que tu comprends ce qu’elle veut dire, ce mot qu’aucun de vous deux n’arrive à prononcer.
Violé. Abusé. Tu croises les bras comme pour te protéger, les larmes coulant toujours sur tes joues, luttant contre l’envie de vomir. Même le penser, ça reste dur, même si tu sais que ça ne sert à rien de masquer la réalité. À travers tes larmes, tu vois le choc de Kayla, ses difficultés à encaisser ce que tu lui dis. Tu espères qu’elle ne va pas fuir. Mais c’est aussi… pas vraiment rassurant, mais… en un sens, tu l’aurais mal vécu, si elle l’avait trop bien pris, comme si ce n’était pas si grave ou pas si important. Ça, tu ne l’aurais pas supporté, même si ça fait des années que tu te répètes que tu devrais mieux gérer, que tu n’aurais pas dû t’effondrer à la première difficulté. D’une certaine façon, ça te confirme que ce n’est pas toi qui exagérais les choses.
Elle amorce un mouvement, s’arrête presque aussitôt. Tu te relâches un peu. Tu comprends que c’est dur pour elle. Tu murmures :
— Je suis désolé. Merci.
De s’être arrêtée, de te soutenir quand même. Tu secoues la tête devant sa question. Tu ne pouvais pas de toute façon, trop de choses à cacher. Tu ne sais pas ce dont ils ont besoin pour ce genre d’enquête, s’ils auraient voulu prendre tes empreintes. Et ils auraient voulu fouiller l’endroit où ça s’est passé, ils auraient mis la main sur ton ADN. Hors de question que ton vrai nom surgisse dans leur système. Nathan Lancaster est considéré comme mort depuis dix ans, affaire classée. Impossible de prendre le risque qu’ils découvrent ton identité. Et même sans cela, s’il n’y avait pas eu cette question de faux nom… tu n’es pas sûr que tu l’aurais fait. Tu n’as pas oublié non plus l’argent que l’homme a laissé derrière, comme une dernière moquerie, une dernière humiliation. Comme si ça validait ce qu’il t’avait fait. Comme si tu l'avais voulu. Tu ne sais pas s’il souhaitait acheter ton silence ou autre chose. Tu t’es encore plus haï de le prendre, de ne pas le déchirer ou le brûler, mais tu en avais trop besoin après deux mois à la rue. Tu ne sais même plus de quelle façon tu as survécu aux dix jours qui te séparaient de Poudlard, tout est voilé, comme si tu étais anesthésié ou que tu n’étais plus vraiment dans le même monde – une sensation qui a persisté après la rentrée.
— Non. Je… je ne l’ai jamais fait. Je n’étais pas encore majeur chez les moldus, je ne savais pas s’ils seraient obligés d’en parler à mes parents et je voulais l’éviter. J’étais… Je ne voulais en parler à personne, je voulais essayer d’oublier, de faire comme si ça n’avait pas existé. Alors, je n’ai rien dit, jusqu’à aujourd’hui. J’étais tellement… mal, je me sentais tellement coupable aussi. Ça n’aurait jamais dû arriver…
Tu ne sais pas si tu pourras te pardonner un jour. Tu ne sais pas non plus si tu accepterais que ta mère te touche si tu la retrouvais, et ça te fait mal au cœur. Elle est le seul espoir qui te fait encore tenir, tu ne rêves que de la libérer et si tu ne peux même pas la prendre contre toi… Si c’était arrivé et qu’elle était encore là, tu ne sais pas non plus si tu aurais pu lui en parler. Mais elle te connaît trop, elle aurait forcément vu le changement.
— C’est… Rationnellement, je sais que tu ne me ferais pas de mal. Mais je… je ne supporte pas que quelque chose ou quelqu’un me bloque, je me sens piégé. Et si je laisse quelqu’un approcher trop près ou me toucher, en plus de raviver des images, c’est comme… c’est comme si je lui laissais le droit de me faire ce qu’il veut.
Ta voix vacille. Ça reste difficile de mettre des mots sur ce que tu ressens, de faire entrer tout ça dans la réalité, de leur donner une dimension plus concrète, tangible, en en parlant.
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Kayla Rausale
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Mar 17 Aoû - 22:05
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Je n’imaginais pas une seule seconde que la conversation prendrait cette tournure inattendue en rejoignant Eirian face au lac. Je pensais simplement lui témoigner mon affection et mon soutien en rapport avec ce qu’il s’est passé dans sa salle de cours. Je ne m’attendais pas à ce qu’il s’ouvre soudainement à moi. Notre relation n’a jamais reposé sur cela ; me concernant, j’ai déjà confié beaucoup de choses au Serdaigle, sur mes doutes, mes craintes et mes angoisses liées à l’école et à ma réussite scolaire. Je pense que ce qui a changé entre nous, c’est ce qu’il s’est passé dans la forêt. J’ai invité Eirian à cette fête et par ma faute, il a été blessé. Je me suis alors rendue compte, qu’au-delà du fait que je ne suis encore qu’une jeune sorcière peu habile au combat et que j’avais encore beaucoup à apprendre, qu’Eirian est le genre de personne qui n’abandonne rien et en qui on peut avoir confiance même si l’inverse n’est pas vrai. Il cache de lourds secrets et je le sais mais je sens qu’il ne peut simplement pas faire autrement, qu’il ne peut pas se confier sur ce qu’il a probablement vécu mais c’est quelqu’un de fiable, à qui je pourrai sans hésiter confier ma vie. Il me l’a prouvé à de plusieurs reprises ; ce qu’il s’est passé avec Maxime, ce qu’il s’est passé le soir de la pleine lune sont autant de preuves qui sont suffisantes à mes yeux. Qu’il évoque alors avec moi ses peurs, cette phobie du contact qui l’obsède depuis des années me touche. Je n’ai pas connu Eirian dans sa scolarité au collège, il était plus jeune que moi et j’avoue que je ne faisais pas trop attention aux élèves des autres maisons que la mienne donc je n’avais jamais remarqué qu’il était à ce point là si seul, si isolé. Comment aurais-je pu comprendre cela en même temps ? Eirian est si discret, si… invisible ? Il ne pose pas de problèmes quand on ne le touche pas bien sûr. Parfois, je me demande même pourquoi il s’est lancé dans ce truc de tutorat ; après tout, ce n’était pas vraiment l’idée du siècle s’il ne souhaitait pas avoir de contacts avec d’autres… Je me dis alors que peut-être c’était écrit et que le hasard a bien fait de le mettre sur ma route.
De pire en pire. J’encaisse sa réponse comme un coup de poignard dans le cœur. Il est à bout et cela se sent. « Je comprends que tu aies envie d’en parler si c’est de pire en pire alors que cela a toujours été difficile pour toi. » tenté-je de dire pour le rassurer et l’encourager. Bien sûr que je souhaite qu’Eirian puisse aller mieux et se sentir mieux. Mais ses secrets lui permettront-ils d’être véritablement honnête avec moi ? Je m’en fiche en réalité, ce que je veux, c’est qu’il puisse se décharger d’un poids et qu’il sache qu’il n’est pas seul à traîner sa peine et que je suis là s’il a besoin d’en parler. « On a vécu des choses difficiles Eirian. Ce qu’il s’est passé dans la forêt, ce qu’il s’est passé à l’institut. Tout cela n’est pas anodin et je pense qu’il faut le prendre en compte dans l’augmentation de ton mal être. » Oui, je veux dire les choses comme elles sont ce soir. Je ne veux pas alarmer Eirian sur son état, il est déjà au courant mais j’ai bien remarqué qu’il était différent depuis la rentrée ; ces cernes ne sont plus si camouflés qu’auparavant et les changements physiques sont dissimulés sous son uniforme mais restent visibles pour ceux qui font attention.
Avant j’étais normal. Cette simple phrase me confirme qu’il y a donc bien eu un élément déclencheur. Comme songé tout à l’heure, je n’ai aucune notion du jeune élève qu’il a pu être, je ne peux parler d’Eirian qu’en regardant en arrière l’année scolaire qu’on a vécu ensemble. « D’accord. » dis-je davantage pour l’inciter à continuer que pour marquer un temps d’arrêt dans la conversation. Et au bout d’un moment, Eirian déballe tout. Et cela me brise. Ma première réaction, c’est de ne pas réagir : d’avoir les yeux qui se mouillent, d’avoir mon esprit qui se déconnecte, d’avoir ma gorge qui s’assèche, d’avoir le cœur qui s’arrête de battre pour quelques instants. On a touché Eirian. On l’a violé. On a abusé de mon ami. Je ne peux empêcher les larmes que je tentais de refreiner de couler sur mes joues tellement cette annonce me bouleverse et me montre ce que l’humanité peut faire de pire. Des images obsédantes commencent à danser dans ma tête et je ferme les yeux pour leur demander de s’en aller. Je ne parviens pas à formuler la moindre phrase, le moindre mot cohérent, tout se bouscule dans mon esprit tandis que je me rends compte que j’ai toujours su. Du moins, je l’ai toujours pressenti qu’il s’agissait d’un traumatisme de ce genre, mais entendre Eirian le dire -ou tenter de le dire du moins- ne fait que rendre les choses plus réelles dans ma tête. Tant ce que ce n’était pas clair, cela pouvait être tout autre chose, une phobie ou quelque chose de « moins » grave mais c’est l’abomination qu’il vient de me révéler et j’ai des frissons qui me parcourent le corps sans que je puisse les en empêcher.
Je m’arrête alors que j’étais sur le point de faire exactement ce qu’il ne fallait pas faire. Le toucher. Lui faire revivre un contact qui le fera vriller. Mais je veux tellement lui montrer qu’il y a autre chose, qu’on peut accepter d’être proche de quelqu’un sans avoir peur, mais qui suis-je pour juger ? Qui suis-je pour lui dire ça et lui faire ça ? Qui suis-je pour lui rappeler ce que ce monstre lui a fait ? « Tu n’as rien à te reprocher. » murmuré-je alors qu’il dit être désolé. « Jamais. » Sans savoir si c’est la bonne décision, je demande s’il a porté plainte. Comme je m’y attendais, il secoue la tête pour me dire que non et m’explique qu’il était mineur et qu’il craignait qu’on en parle à ses parents. Coupable ???. Je rajoute : « NON ! » Un peu trop fort. Un peu trop brusquement et je sens la colère qui s’installe en moi plus profondément. « Non Eirian non putain. Je t’interdis de dire ça, je t’interdis de penser ça, je t’interdis de t’imaginer un seul instant que tu es coupable de ce que cet… » Je suis incapable de dire homme. Ce n’est pas un homme. « De ce que ce monstre t’a fait. Putain non. » Je suis vulgaire. Ça m’arrive rarement, ce qui montre à quel point je suis remuée par les révélations d’Eirian. « Et il n’est pas trop tard. Ma cousine fait du droit. Les délais de prescription pour ce genre de crime sont longs. Même si le coupable n’est pas retrouvé, tu serais reconnu en tant que victime Eirian. C’est important, pour se reconstruire. C’est primordial que tu ne te sentes jamais responsable de ce qu’il s’est passé… » Mais la justice pourra-t-elle seulement apaiser le jeune Serdaigle ? Je n'en sais rien...
Et tandis qu'il m'avoue qu'il ne peut plus supporter les contacts malgré qu'il sache fort bien que ses proches ne lui feront pas de mal, j'acquiesce doucement, tentant de le déculpabiliser. Je termine en disant : « C’est tellement légitime Eirian. Ce que tu as vécu est innommable, inimaginable. Tu as besoin de temps. Et chacun réagit différemment. Mais je te promets qu’un jour, tu pourras toucher à nouveau, tu pourras ressentir la chaleur d’une main sur ton épaule, d’un baiser sur ta joue sans te sentir… piégé. » C’est comme si le corps tout entier de mon ami revivait la scène à chaque contact et je comprends mieux désormais à quel point cela doit être insupportable au quotidien pour lui. Mes mains viennent essuyer les larmes qui se sont accumulés sous mes joues et j’inspire et expire doucement pour tenter de me calmer. « T’es pas seul Eirian putain. » Je suis là pour lui maintenant que je sais mais la question de sa famille me trotte dans la tête sans que je puisse l’en empêcher. Même si ce n’est pas possible, je tente de me mettre à sa place et de voir ce que j’aurai fait si j’avais été dans sa situation. Je le sais, je le sens, la honte, la culpabilité m’aurait probablement assailli mais je sais que même si je n’avais pas pu le dire à ma famille, ils auraient vu, ils auraient remarqué. Ces choses-là se sentent, se voient, se ressentent. Et Eirian n’est plus le même depuis, il le dit lui-même, comment n’ont-ils pas pu voir ? C’est impossible, c’est impossible. Je me répète cette phrase dans ma tête et je suis obligée de demander : « Mais, tes parents n’ont rien vu ? Je comprends pas… Enfin je veux dire... J'ai compris assez rapidement qu'il y avait quelque chose alors qu'on ne se connaissait pas donc... » Je ne veux pas blâmer les parents d'Eirian, peut-être qu'il a bien su jouer la comédie ? Non, je ne comprends pas comment c'est possible.
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Jeu 19 Aoû - 9:01
Puise ta force en ceux qui t'aiment
« septembre 2020 »
Tu ne pensais pas en venir à en dire autant – revenir sur ta peur du contact, oui, mais en expliquer les causes ? Ça a toujours été un grand « non », quelque chose que tu ne pouvais pas avouer, comme un blocage physique et psychologique. En parler, c’était rendre ce qui s’était passé beaucoup trop concret, tangible, le faire exister pour d’autres que toi. C’était le faire basculer dans la réalité de façon irréversible. C’était affronter tout ce que tu essaies de fuir et de refouler au fond de toi, c’était te confronter à ces images, ces souvenirs et ces sensations qui te poursuivent et te hantent. C’était… trop, tout simplement trop. C’était aussi préserver le reste de tes secrets – une excuse, un simple prétexte pour justifier de ne pas en parler. Et à qui, de toute façon ? En dehors d’Elise et de Sévastian, que tu tenais à l’écart quand tu le croyais moldu, tu n’as commencé à te faire des amis, de vrais amis, que l’année précédente. Tout est encore trop récent, trop fragile pour que tu prennes le risque de les perdre. Tu ne voulais pas non plus devenir l’ami à problèmes, celui qu’on prend en pitié, abîmer ces relations toutes neuves qui te font tant de bien, briser ce que vous commencez à partager – ce que les autres partagent, parce qu’il faut bien avouer que tu en dis toujours le moins possible sur toi, cramponné à tes mensonges et tes omissions. Et ça te terrifiait aussi d’imaginer comment ils le prendraient, les voir se détourner de toi… Tu ne supporterais pas de voir le rejet chez Kayla, la voir s’éloigner. C’était égoïste et c’était lâche. Ce n’est qu’avec Abigail que tu as commencé à envisager l’idée que ton amie puisse comprendre ce qui t’arrivait. Qu’elle puisse l’accepter, aussi, t’accepter surtout. Au lieu de profiter du silence, du fait qu’elle tolère tes bizarreries sans trop sourciller, sans chercher à en savoir plus, comme tu le fais depuis des mois. Tu ferais beaucoup pour tes amis, pour Kayla, même pour ceux que tu connais moins comme Maxime mais avec qui tu as partagé cette solidarité de terrain, qui te paraît aussi importante que les confidences, parce que c’est comme ça que tu as grandi. Tu ferais beaucoup pour eux, mais tu n’acceptes pas l’idée qu’ils en fassent autant pour toi. Ça aussi, tu commences à peine à le comprendre, à appréhender la façon tordue dont tu considères les choses. Tu te fiches de ce qu’il peut t’arriver tant que eux vont bien, tant que eux s’en sortent, tant que eux peuvent continuer d’arpenter leur chemin, construire leur vie alors que la tienne te file entre les doigts. Tu aurais préféré être blessé, cet été, plutôt que Kayla, plutôt que t’en sortir aussi bien. Tu as été plutôt soulagé – si c’est le bon mot – de prendre cet éclat plutôt que Maxime. C’est plus simple, d’une certaine façon, d’encaisser pour elles, c’est au moins quelque chose que tu peux faire. Tu veux être là, pour montrer ton amitié, pour rattraper un peu tout ce que tu caches, parce que tu as terriblement conscience que tu n’es pas à la hauteur, que tu ne mérites pas tout ce qu’ils font pour toi. Mais ce n’est pas juste pour Kayla qui est à tes côtés, qui te souvient sans faillir, et tu as aussi besoin de parler, de lâcher ce que tu as sur le cœur depuis trop longtemps. Et tu lui fais confiance, oui, assez pour ouvrir le chemin vers tes faiblesses, vers ce qui te rend si vulnérable, vers ce qui a ouvert tant de failles que tu ne parviens ni à combler ni à effacer.
Ta phobie du contact, d’abord, qui ne cesse de s’aggraver sans que tu comprennes pourquoi. Tu hoches la tête devant les propos de Kayla. Oui, tu ne maîtrises plus grand-chose. Et tu te forces à verbaliser tes pensées, à dire ce que d’ordinaire tu aurais gardé pour toi.
— C’est un peu comme… comme si un chaudron bouillonnant se mettait à déborder.
Elle revient sur ce que vous avez traversé cette année. C’est… Oui et non, c’était des moments durs, mais pas durs à ce point-là. Tu tritures le bord de ton pull nerveusement, avant de réussir à te lancer.
— Je ne sais pas, en vérité. Je suis dans l’Ordre depuis le début de l’année et j’ai déjà souvent été sur le terrain. L’institut et la forêt… c’est sans doute le pire que j’ai vu, mais… ce sont des choses que je peux gérer, je n’ai pratiquement pas été blessé. D’un autre côté, en dehors de ça, il ne m’est rien arrivé de grave. Alors… je ne sais pas, c’est peut-être juste que ça fait longtemps que je garde tout ça et que ça ressort au mauvais moment.
L’Ordre t’offre une excuse bien pratique pour justifier ta relative aisance dans les combats. Quant au reste, tu ne comprends pas. Qu’est-ce qui a bien pu empirer les choses ? Comment est-ce que tu as pu en venir au fait que ta lame soit le meilleur moyen de gérer tes angoisses ? Tu baisses les yeux sur tes manches comme si elles allaient soudain se mettre à parler. C’est compliqué d’expliquer tes angoisses sans évoquer ça aussi, mais ce n’est pas le plus important pour le moment. C’est un détail. Un signe du reste, une conséquence. Une preuve de plus que tu ne gères rien du tout.
Petit pas par petit pas, tu t’achemines vers la cause de tes principaux problèmes, et tu finis par l’avouer. Le choc de Kayla ne t’échappe pas et c’est rassurant en un sens, ce n’est pas toi qui surréagissais. Et tu t’en veux de lui mettre ça sur les épaules, de lui parler de cette horreur que tu aurais préféré garder loin de sa vie. Au fond de toi, tu espères que ce ne sera pas trop pour elle, que ça ne changera rien, qu’elle ne voudra pas s’éloigner. Elle retient de justesse un mouvement vers toi et tu respires lorsqu’elle s’arrête. Qu’elle te touche maintenant, alors que les souvenirs reviennent et t’envahissent, te donnent la nausée… tu ne contrôlerais pas tes réactions et tu ne veux pas lui faire de mal. « Tu n’as rien à te reprocher. » Oh si, tant de choses. À commencer par l’abandon de toutes les précautions élémentaires. Le fait que tu te sentais mal à ce moment, désespéré par les deux mois passés dehors à essayer de survivre, n’excuse rien. Quand tu avoues ta culpabilité, la réaction de Kayla est immédiate. Son « non » te fait sursauter, et elle enchaîne brusquement, visiblement en colère.
— Je lui ai quand même bien facilité la tâche ! Je l’ai suivi, Kayla, j’ai accepté de venir avec lui dans ce foutu café. C’est pas le premier truc qu’on apprend aux enfants ? « Ne suis pas les inconnus, ne prends pas ce qu’ils te donnent ». N’importe quel gamin de trois ans le sait ! Il ne serait rien arrivé si je n’avais pas été aussi con, je n’ai pas d’excuse pour m’être fait piéger de façon aussi stupide !
Tu serres les poings, crispé, tendu, en colère contre toi-même et non contre elle tandis que les mots sortent. Honte, colère, culpabilité, tout se mêle dans ce magma bouillonnant qui te ronge et menace d’exploser. Tu shootes dans un galet qui atterrit dans le lac, mais ça n’atténue en rien ce que tu ressens. Une erreur – une seule. Et tu ne sais pas jusqu’à quand tu continueras de la payer. Remplaçant la colère, la lassitude s’abat sur toi et tu souffles :
— Je ne sais pas si je me le pardonnerai un jour.
Tu n’as pas porté plainte – et tu es incapable de savoir si tu l’aurais fait si tu avais eu une vie normale, si tu avais eu des papiers capables de résister à des contrôles approfondis, si « Nathan Lancaster » n’était pas mort dans un loch écossais il y a treize ans maintenant. Si ta famille t’aurait soutenu et accompagné. Oui – ta mère l’aurait fait. Tu n’aurais jamais pu lui cacher une telle chose. Ça, au moins, c’est une certitude.
— Je ne pense pas que ça changerait grand-chose. Je n’ai rien pour l’enquête, je serais incapable de le décrire. Tout ce que j’ai, c’est une date et un lieu… c’était il y a trois ans, personne ne se souviendra. Même si je parle, il ne se passera rien, et je n’ai pas envie de voir ce mur en face.
Tu refuses de te noyer dans la haine, de penser à cet homme plus que tu ne le fais déjà avec tes cauchemars, de lui donner encore plus d’emprise sur ta vie, tu crois en la justice bien plus qu’à la vengeance, mais tu ne te fais pas beaucoup d’illusions non plus.
Tu lui expliques davantage la façon dont tu ressens les contacts, ce que ça implique, cette panique incontrôlable qui prend le dessus sur tes réactions, sur ce que tu sais rationnellement. Les mots de Kayla te font du bien, en soulignant l’horreur de ce que tu as vécu. Tu as cependant plus de mal à la croire sur la suite. Un jour… tu ne veux pas te faire d’illusions sur ça non plus.
— Mais combien de temps, je n’en ai aucune idée. Ça fait déjà un moment et rien n’a changé.
« T’es pas seul Eirian putain. » La phrase te cueille. Te laisse démuni, figé, incapable de réagir. Parce que si, tu l’es – l’as été – trop longtemps et trop souvent ; parce que tu as toujours refusé d’ouvrir les portes et de laisser approcher ceux qui t’entourent ; parce que tu n’as jamais vraiment cru qu’ils pouvaient t’accepter une fois au courant, ni t’aider ou te soutenir – parce que tu n’as jamais vraiment cru qu’ils voudraient de toi dans leurs vies, encore moins de tes failles et de tes blessures. Parce que tu n’es rien, ni personne, juste un imposteur et un menteur. Tu n’es pas seul. C’est peut-être ce que tu avais le plus besoin d’entendre à cet instant. Tu n’es pas seul pour affronter ça, tu n’as pas à tenir à tout prix, il y a quelqu’un pour te rattraper. Tu te mords les lèvres, mais les larmes dévalent de nouveaux tes joues en lourds sanglots, et tu n’arrives pas à te reprendre. Tu n’es pas seul. Les mots dansent comme un espoir, comme une bouée alors que tu te noies depuis si longtemps, quelque chose qui jusqu’à présent se tenait juste hors de portée de tes doigts et que tu parviens enfin à attraper, et que tu n’entends pas lâcher. Il te faut un moment pour te ressaisir, redresser la tête, arriver à adresser un pauvre sourire à Kayla qui ne doit rien comprendre à cet effondrement brutal. Tu murmures :
— Je crois… je crois que j’ai trop longtemps cru que je l’étais. Merci d’être là. Vraiment. Tu n’imagines pas…
Tu ne termines pas. Les mots sont faibles, trop faibles, par rapport à tout ce que tu aimerais lui exprimer. Ta vague explication n’est pas des plus claires non plus, mais c’est tout ce que tu arrives à dire sur le moment.
Kayla revient sur tes parents et Merlin sait que tu n’as pas envie de lui mentir, pas maintenant, d’entacher cette vérité que tu lui livres.
— Non, ils n’ont rien vu.
Ce n’est pas un mensonge, ça.
— Mais… ce n’était pas longtemps avant la rentrée, et après, il y a eu les premiers signes du conflit, ça m’a donné des excuses. Et… En fait, je… En fait, je préfère qu’on ne parle pas trop d’eux.
Tu n’arrives pas à la regarder en face, reportes ton regard vers les eaux paisibles du lac – si paisibles, à l’opposé du tourbillon qui te secoue. Tu viens pratiquement de lui avouer que tout n’est peut-être pas si rose dans ta famille. Mais tu ne voulais pas continuer de lui sortir tes mensonges habituels, pas alors qu’elle est là pour toi.
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Lun 23 Aoû - 20:48
Lève la tête, porte ton fardeau Puise ta force en ceux qui t'aiment
Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
La métaphore d’Eirian sur le chaudron n’est pas mauvaise, évidemment que les émotions débordent au bout d’un moment, surtout lorsqu’on a vécu des choses aussi difficiles que le jeune Serdaigle. Néanmoins, ce qui me questionne et ce qui m’embête le plus, c’est qu’Eirian ne semble pas prendre conscience qu’il existe des solutions afin de l’accompagner dans son chemin de vie, dans la compréhension de ses blessures et dans l’accompagnement jusqu’à un mieux-être. Je ne dirai jamais qu’il pourra oublier, c’est impossible mais je veux rester positive et m’imaginer qu’il pourra se reconstruire. Je me lance moi aussi dans une métaphore hasardeuse et je dis : « Il suffit parfois d’éteindre ou de couvrir le feu pour que la préparation se calme et arrive au point d’homéostasie. » Oui bah c’est bon, faut aussi qu’Eirian sache que c’est réversible, qu’aller mieux est possible mais que oui, cela prendra du temps, des années probablement. « Mais rajouter des ingrédients pour faire exploser le tout. » Eirian n’a peut être pas bien conscience que ce que nous avons vécu cette année est loin d’être anodin et que cela accentue son sentiment d’insécurité. Moi-même je me sens moins sereine qu’auparavant alors que j’ai toujours été d’un naturel optimiste. Nous vivons une époque sombre, c’est indéniable et nul ne sait dire si cela va durer ou non. Le mieux alors est de se serrer les coudes en attendant des jours meilleurs ; le soutien des autres est un atout inconsidérable dans cette lutte acharnée et Eirian pourra compter sur le mien, sans conditions.
Je l’écoute me parler de ses missions pour l’Ordre du Phénix et des blessures qu’il s’est faite dans ce cadre-là. C’est vrai que même s’il est plus jeune que moi, il est déjà bien plus familier que moi aux missions de terrain et il a pu me le démontrer lors de l’attaque de la forêt, il possède des techniques de combat que je ne maîtrise pas bien encore ; il n’a pas été beaucoup blessé non plus, ce qui montre bien qu’il est plus expérimenté. Pour autant, il n’en demeure pas moins qu’il est têtu lorsqu’il dit ne pas voir de lien entre ces événements et son mal-être. Étrangement, moi, je le fais assez facilement mais je ne compte pas m’attarder là-dessus, ce n’est sûrement pas le moment alors qu’Eirian me confie l’un des moments les plus difficiles de sa vie, si ce n’est pas le plus difficile. Cette révélation, au-delà de me bouleverser, me plonge d’abord dans un mutisme important et je ne parviens pas à trouver les mots qu’il faut. Je me sens soudainement bien chancelante. La colère arrive ensuite alors qu’Eirian commence à se reprocher des choses, lorsqu’il commence à dire qu’il est en partie responsable. Mais s’entend-il parler ? Comment peut-il dire cela ? Je ne comprends pas comment il peut imaginer être responsable.
« Oui bah dans ce cas-là Eirian, je n’aurai pas dû suivre Lyam non plus dans ce bar en janvier… T’es juste tombé sur un cinglé Eirian… » Je n’arrive pas à trouver des mots qui pourraient réconforter le jeune Serdaigle et lui faire comprendre qu’il n’y est pour rien. « Tu peux pas considérer que tu lui as facilité la tâche. Ce genre de personne, peu importe la réaction de leur victime, ils arrivent toujours à leur fin, de n’importe quelle manière. Si tu l’avais pas suivi, il aurait trouvé un autre moyen… » Je ne pense pas que cela aide Eirian ce que je dis mais je veux tellement qu’il se déculpabilise… « Le mec venait de t’alpaguer et te sortir de la bande de connards qui t’embêtaient Eirian. Tu as juste fait confiance. Comme moi j’ai fait confiance à un inconnu dans un bar. C’est notre nature, on est des bisounours toi et moi, on voit le meilleur dans les gens j’imagine, on pense pas à ce qu’il pourrait arriver de pire. Parce que dans la plupart du temps, les autres pensent comme nous… » Eirian frappe avec son pied dans l’un des galets et celui-ci termine sa course dans le lac. Il est tellement dur avec lui-même, ne sachant pas s’il pourra se pardonner. « Tu ne peux pas t’en vouloir d’être humain Eirian. Jamais… » Je le sais, j’aurai pu tomber dans le même piège que lui sans hésiter. Moi aussi je fais trop vite confiance aux gens, moi aussi je ne vois pas le danger arriver alors même qu’il me frôle de toutes ses forces. Peut-être parce que j’ai grandi dans une famille beaucoup trop tolérante et indulgente avec les histoires de vie. Je n’en sais rien.
Concernant la police, je me demande si dans son cas, j’aurai eu le courage de m’y rendre moi aussi. Je n’en sais rien. Je pense que oui parce que j’aurai eu le soutien de ma famille et de mes proches. Mon père et ma mère m’auraient accompagné, Maxime aurait déjà commencé à traquer le coupable avec son pouvoir de superlouve et on aurait réglé ça vite fait bien fait. Cette pensée me fait doucement sourire et c’est là que je me demande si au-delà de l’enquête judiciaire en elle-même, Eirian aurait été soutenu. Je ne sais pas, je ne sens rien dans ses paroles qui indiquent le contraire. J’ai l’impression qu’il se sent seul, trop seul. Tellement seul qu’il n’a même pas su à qui parler de tout ça et qu’il a tout gardé pour lui. « Je comprends. Je voulais juste de dire que c’est jamais trop tard. Et même s’ils ne retrouvent jamais l’auteur des faits, cela sera consigné et je sais pas… Si jamais cela arrive à quelqu’un d’autres avec le même mode opératoire dans la même zone de recherche… » Je frissonne et refreine une envie de vomir en me disant que ce qui est arrivé à Eirian est peut-être arrivé à des dizaines d’autres.
Lorsque nous en venons à parler des contacts, je tente de rationnaliser, de donner une lueur d’espoir à Eirian. J’ai envie de lui dire qu’il peut imaginer l’avenir avec davantage d’optimisme. J’ai tellement envie de l’aider… Bien sûr, il est aussi têtu qu’une noix. « Il faut du temps pour ces choses-là… Déjà tu m’en parles, c’est déjà un pas énorme, non ? » Il n’a jamais parlé de tout cela à personne et il vient de me confier l’épisode le plus traumatisant de sa vie. Comment ne peut-il pas se rendre compte que c’est déjà une avancée extraordinaire ? Qu’il parvienne déjà à mettre des mots sur ce qu’il a vécu… Me concernant, je trouve que c’est le début du travail thérapeutique même si je suis loin d’être convaincue d’être la personne la mieux placée pour l’aider et l’accompagner dans ce travail. Mais ce que je vois, ce que je ressens, c’est qu’Eirian a besoin de passer en premier lieu par une personne familière, une personne en qui il a confiance. J’accepte ce rôle sans me poser de questions, ce que je veux, c’est l’aider de toute manière et je me dis que c’est un premier pas important qu’il a fait aujourd’hui, en espérant qu’il y en ait des suivants.
Alors que dix mille pensées fusent dans ma tête, je relève soudainement les yeux lorsqu’Eirian éclate en sanglots. Je ne dis rien, gardant le silence et laissant le temps au Serdaigle d’assimiler ce que je viens de dire. Est-il si seul au point d’être bouleversé par ces simples mots ? J’ai tellement du mal à comprendre Eirian et je me rends compte qu’il a probablement d’autres secrets qui entourent celui-là… « Tu ne l’es plus Eirian. » dis-je à nouveau pour accentuer mes propos alors qu’il m’explique avoir longtemps cru être seul. « Tant que tu voudras une chieuse comme moi dans ta vie, je t’assure que tu ne le seras jamais plus. » ajouté-je d’un ton ferme et définitif. Et oui, Eirian devra maintenant composer avec moi et ma sympathie légendaire. Pour autant, je ne suis pas convaincue par la suite de ses propos. Le fait que ses parents n’aient rien remarqué me semble incroyable. Impensable. Impossible en réalité. Je réfléchis aux mots qu’il prononce et je fronce les sourcils. « Les premiers signes de conflit ? » répété-je pour lui laisser le choix ou non d’expliciter cette partie. Puis Eirian dit qu’il ne préfère pas qu’on en parle et je hoche la tête doucement. Le jeune Serdaigle a le regard tourné vers le lac et je repense à toutes ces fois où nous avons évoqué nos familles et rien ne s’imbrique correctement dans ma tête. Cela n’est pas logique mais je ne veux rien ajouter de plus ; je comprends aisément qu’il y a d’autres parts d’ombre, d’autres secrets qu’il n’est pas encore prêt à me livrer et je ne lui en tiens pas rigueur, je trouve déjà qu’il me témoigne aujourd’hui toute son amitié en osant me parler ainsi à cœur ouvert. « En tout cas Eirian, je veux que tu saches que je suis là, je suis là maintenant. Enfin… Ce n’est pas que je ne l’étais pas avant mais… » Je ne trouve pas mes mots, je décide de laisser parler mon cœur. « Je veux que tu me promettes de ne jamais te brider, de ne jamais avoir peur de me parler. Si tu en ressens le besoin, je suis là Eirian, je ne te laisserai pas. » Ce ne sont que des phrases simples mais j’aimerai tellement faire comprendre au jeune homme qu’il peut s’appuyer sur moi, qu’il peut compter sur moi. « Les amis, c’est fait pour ça. »
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Mer 25 Aoû - 22:14
Puise ta force en ceux qui t'aiment
« septembre 2020 »
Tu peines toujours à démêler les nœuds compliqués de tes ressentis, à faire le tri de tes sentiments imbriqués, de toute cette masse noire que tu as tenté d’enfouir au fond de toi en vrac, sans essayer de la comprendre ni de l’ordonner. Tu voulais seulement t’en débarrasser, rien d’autre. Mais elle n’est jamais partie, évidemment, au contraire, elle t’envahit de plus en plus, te submerge et t’étouffe. Comment reprendre le contrôle ? Tu n’en as aucune idée. Déjà, te forcer à t’exprimer, à verbaliser ce qui te traverse te permet de donner forme et consistance à tout cela. C’est sans doute une première étape, mais c’est comme s’attaquer à un iceberg : la partie émergée est bien plus vaste que celle qui reste sous l’eau. Et plein d’éléments se sont agrégés au fil du temps, mêlant ton passé, ton agression et tes craintes, se nourrissant et s’amplifiant les unes les autres sans que tu parviennes à faire la part des choses. À Kayla, tu donnes l’image d’un chaudron bouillonnant qui finit par déborder, c’est ce qui ressort de plus en plus dans ce que tu laisses échapper. Elle file la métaphore. Homéostasie… tu en es bien loin. Tu lui jettes un coup d’œil, un demi-sourire au coin des lèvres.
— Tu sais que je n’ai jamais été doué en potions ? Je ne sais absolument pas quoi faire pour arranger les choses quand ça menace de m’exploser à la figure. Enfin… au-delà de ce dont on a déjà parlé.
Et au-delà de ce que tu t’infliges. Le psychomage. Mais… tu t’y refuses tout entier. Entrer dans son bureau, finir par lui avouer la même chose qu’à Kayla, lui donner cet accès-là alors que tu ne le connais même pas… tu n’es pas près de laisser ce pouvoir sur toi à un étranger. Ça fait sans doute partie des choses qui se sont détraquées au fil des années chez toi, parce que tu te rends bien compte que tes façons de réagir et de percevoir les choses n’ont rien à voir avec celles de tes condisciples. Tu te sens tellement en décalage avec les autres parfois ; tu imites ce qu’ils vivent pour donner le change, mais ça ne reste qu’une pièce de théâtre, un rôle à jouer. Tu ne sais pas, ou plus, ce que ça fait d’avoir une famille normale, une existence normale, sans cauchemars, ni angoisses, ni insomnies. Quant à alimenter ta potion… Certes, elle n’est pas loin de l’explosion, mais les ingrédients auxquels pense Kayla ne te paraissent pas les bons, sans que tu arrives à en trouver d’autres. Towsen ? Mais ça fait loin et ça n’a pas commencé tout à fait au même moment. Mais le viol de tes pensées reste encore le pire que tu aies eu cette année. Le Blood Circle ne t’a pas mis la main dessus, tu n’as eu que des blessures légères à l’Institut ou dans la forêt, celle reçue avec Maxime était un peu plus embêtante, mais ça ne t’a fait qu’une cicatrice de plus. Et tu n’es sans doute pas censé prendre aussi froidement le fait de te faire tirer dessus ou de te retrouver au cœur de la bataille si souvent, mais… le fait est que tu es capable de le gérer – à ta façon, peut-être, et c’est sans doute un problème aussi. Tes mesures du danger et des menaces ne sont pas vraiment les mêmes que celles des autres. Tu as surtout peur pour tes amis et, si tu pouvais, tu les tiendrais tous loin des combats.
— J’aimerais juste pouvoir identifier clairement ces ingrédients. Mais je cherche peut-être juste trop loin, et c’est bien l’Institut et la forêt, le souci…
Ce n’est pas l’essentiel pour l’heure de toute façon. Le vrai problème, la vraie cause de ta situation actuelle, c’est ce qui s’est passé il y a trois ans – et que tu n’arrives mêmes pas à formuler pour de bon à voix haute. Le garçon que tu étais avant te semble faire partie d’une autre vie. Et avec l’agression – non, ce n’est pas ce mot que tu devrais utiliser – ressort aussi toute ta culpabilité. Ton imprudence. C’est comme du sel ajouté sur la plaie, la conscience qu’il s’en est fallu de peu que tout soit différent. Ça aurait sans doute été aussi difficile en termes de conditions de vie, tu serais toujours à la rue, mais tu aurais eu plus de forces et d’assurance pour y faire face plutôt que de te laisser briser. Face à tes protestations, Kayla s’énerve, évoque sa propre rencontre avec Lyam. Tu ne connais pas les détails, est-ce qu’elle l’a laissé lui servir à boire sans se méfier ? Puis même, ce n’est pas tout à fait la même chose, ce type tu ne l’aurais jamais suivi dans des circonstances normales, ce n’était pas le même contexte qu’une soirée ou une rencontre… Mais ça ressemble surtout à des faux arguments, parce que tu sais bien les dangers qu’il y a aussi dans ce genre de contexte. Tu l’avais déjà vaguement aperçu un peu plus tôt dans le quartier, en te disant qu’il ne t’inspirait pas confiance et tu étais bien décidé à ne pas l’approcher. À quel point t’avait-il repéré, lui, à quel point avait-il compris ta situation, compris que personne ne s’inquièterait de toi tout de suite ? Si seulement tu avais été encore en état d’écouter ton radar à ennuis… Est-ce qu’il aurait trouvé un autre moyen pour t’approcher ? Est-ce qu’il aurait laissé tomber s’il n’avait pas trouvé de faille ? Ou est-ce que tu n’avais aucun moyen de lui échapper ? Tu n’auras jamais les réponses. Tu secoues la tête quand Kayla parle du fait que vous êtes des bisounours. Elle, peut-être, et c’est aussi quelque chose que tu aimes chez elle, cet optimisme et cette capacité à faire confiance aux autres, à voir le bon côté des choses. Mais toi, non, ce n’est même pas une histoire de lui avoir fait confiance, tu ne l’aurais jamais suivi ailleurs que dans un café, où il y avait du monde. Mais tu pensais plutôt qu’il en aurait après tes affaires, pas après toi directement. Pas de cette façon. Tu avais évidemment entendu parler de ces dangers, croisé d’autres mineurs qui se débrouillaient aussi pour squatter à droite et à gauche, mais tu n’y as pas pensé une seule seconde. Un long soupir t’échappe.
— Je ne sais pas comment ça s’est passé exactement avec Lyam, mais là, ce n’est même pas une question de confiance. Je… ne fais pas facilement confiance aux gens, ça prend du temps, et surtout pas à un inconnu qui débarque comme par hasard pile au bon moment. Mais je n’étais pas bien, j’avais pris des coups… Et je me suis dit que dans un café, ça allait, il y avait du monde, du passage, c’était plus sûr que n’importe où dans la rue après ce qui venait de se passer. Je l’ai laissé aller chercher les boissons et je n’ai même pas pensé à surveiller ses gestes.
Tu sens encore l’odeur de ce maudit thé, la chaleur du café qui t’engourdit, l’odeur un peu ferreuse du sang parce que tu avais pris un coup au visage. Tu étais fiévreux, sous le choc… mais ça reste quand même une liste de mauvaises excuses. Cependant, les paroles de Kayla te font du bien, même si tu ne parviens pas encore vraiment à les accepter.
— Je ne sais pas s’il aurait trouvé un moyen. Ni si j’aurais pu lui échapper. Il… il m’avait remarqué. Physiquement, je veux dire.
Tu ne sais pas comment le dire autrement, tu ne veux pas le dire autrement. Il te l’a dit, qu’il te trouvait mignon, ça, tu t’en souviens, et ça ajoute aussi à ta culpabilité, parce que tu ne sais pas quoi faire de ces mots, à part les haïr. Est-ce qu’il le pensait, est-ce qu’il l’a dit pour que tu te sentes coupable, comme si c’était vraiment ta faute si tu te retrouvais dans cette situation ? La nausée t’envahit, tu prends de longues inspirations pour te calmer. Intérieurement, tu es gelé.
— Je crois que je m’en veux aussi pour mon impuissance face à tout ça, de n’avoir rien pu faire sur le moment, et de ne pas réussir à faire face maintenant, de ne pas pouvoir passer par-dessus, de me laisser bouffer par ça. Il y a des moments où… où j’aimerais être moins humain, si ça me permettait de moins ressentir les choses, tu comprends ?
Ça te laisse toujours une sensation étrange de le dire à voix haute, de laisser sortir tout ce que tu réprimais jusqu’à présent. Toute cette vulnérabilité et ces ombres face auxquelles tu te débats, sans parvenir à les faire céder. Tu sais qu’elle n’aura pas les réponses, pas toutes, mais tu as aussi besoin d’en parler, d’entendre que non, tout ça n’était pas ta faute, que tu n’y es pour rien, et en même temps…
— Si c’est en partie ma faute, ça veut dire que j’ai raté quelque chose et que je peux faire en sorte que ça ne se reproduise pas, faire plus attention. Si ça ne l’est pas… ça veut dire que je ne peux rien contrôler. Enfin… désolé, je ne suis même pas sûr de savoir ce que je ressens vraiment, c’est compliqué, ça bouillonne toujours, tu vois.
Une part de toi a envie de croire à ce qu’elle dit, à ta non-responsabilité, de t’autoriser à poser au moins ce poids-là. L’autre le refuse, parce que ça te laisse toujours impuissant et sans contrôle.
Quant à porter plainte, ta simple situation rend ça impossible. Une fois de plus, ton père et ton passé se mettent sur ton chemin. Tu crois en la justice, mais d’une certaine façon, celle-ci n’est pas pour toi. Pas maintenant, et sans doute jamais. Tu ne pourras pas redevenir Nathan dans le monde moldu. Ou alors, il faudrait que tu trouves un sortilège pour transformer tes empreintes digitales, brouiller encore plus les pistes. Ce n’est pas quelque chose pour quoi tu as de l’énergie maintenant. Les paroles de Kayla te font frissonner. Tu n’es sans doute pas la seule victime de cet homme, il y a dû y en avoir d’autres avant… et après. Ce serait logique, il avait l’air organisé, il savait ce qu’il faisait.
— Peut-être que d’autres personnes ont porté plainte. Peut-être qu’il est déjà en prison et que je n’en saurai jamais rien… Peut-être pas jamais, mais pas avant longtemps. Mais je retiens que ce n’est pas une porte fermée, si je change d’avis.
Même si l’idée de devoir raconter en détail – du moins, les détails dont tu te rappelles – ce qui t’est arrivé t’écœure, sans parler des questions des policiers, leur insistance.
Tu as du mal à admettre que les choses puissent aller mieux. Mais tu ne peux qu’approuver les paroles de Kayla. Oui, c’est un pas énorme de lui en parler, alors qu’il y a quelques semaines encore, tu ne l’envisageais pas.
— Je crois que j’en pouvais plus de garder ça pour moi. L’idée d’en parler, c’était horrible parce que ça rendait ça beaucoup trop… concret, mais c’était trop lourd pour moi tout seul. Et il faut bien que j’accepte que ça s’est passé et que je ne peux pas le faire disparaître. C’est la première fois que je mets vraiment des mots sur tout ça.
Ses paroles te touchent au cœur. Tu n’es pas seul. Ce n’est pas tout à fait vrai, ce n’est pas juste pour Sévastian, ce n’est pas juste pour Sean, mais cela ne fait qu’à peine plus d’un mois que tu as confié la vérité à l’Auror, et tu as passé une partie du mois d’août à redouter qu’il change d’avis et te remette dehors ou te dénonce au Ministère. Il n’en a rien fait, évidemment, mais tu commences à peine à t’y ajuster. Et tu as toujours maintenu les barrières de tes secrets avec Sévastian ; il sait bien que tu lui caches ce que tu vis, il ignore toujours pourquoi tu es à la rue. Tu lui fais confiance à lui aussi, à ta façon. Il fait tout ce qu’il peut pour te soutenir et t’encourager, remet de la normalité dans ta vie, malgré tes dérobades, même si tu ne comprends pas sa gentillesse. Mais… tu ne voulais pas voir son regard sur toi changer s’il savait, tu ne voulais pas qu’il te rejette. Tu ne voulais pas… De la même façon que tu redoutais de voir le regard de Kayla sur toi se transformer. Et pourtant, elle est toujours là, elle te soutient. Sean ne t’a pas trahi – ne le fera pas. C’est la première fois que tu commences à y croire vraiment, à admettre qu’Abigail ne se trompait pas quand elle te disait que si tes amis étaient des vrais, ils ne te tourneraient pas le dos malgré tes secrets. C’est vertigineux et ça te fait vaciller, et peut-être que cette fois tu entrevois ce que les autres veulent vraiment dire quand ils parlent de soutien et d’amitié et de confiance. Kayla réaffirme ses paroles et il te faut encore quelques instants pour te reprendre, calmer les larmes – et c’est presque surprenant qu’il t’en reste encore à verser.
— Tu n’es pas une chieuse, bien au contraire, tu murmures, je te fais confiance, il n’y a aucun risque que je ne veuille plus de toi dans ma vie. Merci.
C’est si bête et c’est si simple, comme mot, et pourtant, il n’y en a pas vraiment d’autres pour transmettre tout ce que tu éprouves, ou alors ils t’échappent sur le moment. D’autant que tu sais très bien comment tu aurais réagi si elle n’était pas venue te chercher. Tu aurais tout reverrouillé une fois les larmes calmées et tu aurais fait comme si de rien n’était face à tout Poudlard. Oublié, verrouillé, cadenassé, il ne s’est rien passé d’important.
Vient cependant le sujet délicat des réactions de tes parents. Tu préfères mentir le moins possible, précises qu’ils n’ont rien vu, rien perçu. C’est sans doute une erreur en regard de ce que tu as déjà dit d’eux, de ce que tu laisses entendre sur ta famille, parce que tu inventes une façade globalement unie et qui fonctionne bien. Il y a juste ton père qui a parfois du mal avec la magie, mais c’est tout.
— Je veux dire, le conflit avec le Blood Circle, le retour des Mangemorts quelques mois après. Ça expliquait que j’aie l’air… tendu.
Elle est là, et ça te soulage et te rassure tout à la fois. Tu n’es pas seul. C’est comme une petite flamme dans ton ventre, chaleureuse, réconfortante, auprès de laquelle tu peux être en sécurité et te sentir moins vulnérable. Mais quant à lui parler librement… il y a encore tellement de secrets, tellement de mensonges. Que tu ne peux pas lui dire. Et malgré le gros morceau de vérité que tu lui as confié, ça te met profondément mal à l’aise. Est-ce que tu peux vraiment parler de confiance quand tu n’évoques qu’un quart des choses ?
— Je… je ne suis pas très doué pour dire ce que je ressens, mais je suis vraiment heureux que tu sois là, c’est plus que précieux pour moi. D’autant que je sais bien que ce n’est pas simple d’être amie avec moi, tu ne te facilites pas la vie… J’ai bien conscience que je ne suis pas à la hauteur de tout ce que tu m’offres, je ne peux pas te promettre ce que tu veux, parce qu’il y a encore des… choses dont je ne t’ai pas parlé. Ce n’est pas contre toi, c’est moi qui ne suis pas au clair avec tout ça.
C’est vachement précis et rassurant comme façon de t’exprimer, ça. Tu baisses les yeux, fixes l’eau qui vient s’échouer à vos pieds.
— Je suis désolé, Kayla. Je ne sais pas si je serai un jour prêt à t’en parler. C’est un peu idiot de faire des grands mystères maintenant, mais je ne voulais pas te promettre dans le vide.
Tu relèves la tête.
— Et ça ne remet pas en cause mon amitié pour toi, Kayla. Je ne veux pas que ce que je t’ai dit change quoi que ce soit entre nous. Je ne veux pas que tu te freines parce que tu penses que ce sera trop pour moi ou que je n’ai pas besoin de ça en plus ou n’importe quelle autre raison, d’accord ? Je suis là aussi, et tu peux compter sur moi, que ce soit pour parler ou faire quoi que ce soit. Ça marche dans les deux sens.
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Kayla Rausale
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Dim 5 Sep - 19:41
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Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Si je m’attendais à cela en rejoignant Eirian près du lac… Les chaînes d’Eirian sont visibles à quiconque prend la peine de regarder un peu. J’ai rapidement senti qu’il portait de lourds secrets mais jamais je n’aurai imaginé ça. Enfin… Si je l’avais envisagé, mais je réfutais cette hypothèse, beaucoup trop douloureuse à mes yeux, beaucoup trop inconcevable. Même si je tente de garder les idées claires et de rester le plus calme possible pour ne pas succomber à l’horreur, intérieurement, je bouillonne tellement de rage. Je ne crois pas avoir ressenti autant de haine envers un être humain de toute ma vie si si, il y a Kesabel aussi chuut pardon Maxou, autant de colère, autant de hargne. J’ai toujours cru en la justice mais parfois de vagues pensées m’envahissent, m’expliquant qu’il faut parfois peut-être faire cavalier seul et se faire justice soi-même. Je secoue la tête pour faire partir cette idée de ma tête, ce n’est pas cela qui aidera le jeune Serdaigle de toute manière. Je suis par contre persuadée qu’il aurait effectivement besoin d’être reconnu comme victime, que sa peine et sa douleur soient légitimisées. Peut-être que le simple fait que je le lui dise pourra être un premier pas vers le long chemin de la guérison ? Mais le veut-il réellement ? Je pense qu’il est fatigué de tout cela, qu’il est fatigué de se battre et de porter à lui seul tout le poids de ses blessures alors peu importe ce qu’il pense, peu importe ce qu’il souhaite, moi, je veux l’aider ; détenir avec lui une part de son passé afin de l’en décharger. Je suis son amie et putain je ferai tout pour lui, tout pour qu’il aille mieux.
« Eirian, je t’en prie. Tu parles à la fille qui a eu un Piètre en potions à ses ASPIC. » dis-je pour tenter de le faire sourire, même un peu. « Je ne sais pas si tu cherches trop loin comme tu dis, mais je pense simplement que cela n’a pas dû arranger les choses… Tu sais, chaque traumatisme non élaboré se répète, c’est la base de la psychomagie. » C’est ce que mon cousin Paul me rabâche sans arrêt à propos de ses patients de l’hôpital psychiatrique. « J’imagine qu’inconsciemment, tout se rejoue dans ta tête… Mais là ça dépasse clairement mes compétences… » Je ne suis pas équipée pour ça, je ne suis pas formée pour ça, je ne peux pas aider Eirian à comprendre ce qu’il se passe dans sa tête. Je peux évidemment lui donner des conseils, lui donner mon avis, mais comment travailler sur les angoisses qui l’assaillent de jour comme de nuit ? Il n’est jamais à l’abri que tout lui explose à nouveau à la figure. Je serai là, je ferai de mon mieux, cela est certain ; mais est-ce que cela sera suffisant ? Je ne sais pas, seul Eirian a la réponse à cette question. Pour autant, je ne cherche pas à aller plus loin, je pense que déjà, notre discussion actuelle doit tellement le retourner… Après tout, il n’en a jamais parlé à personne et se confie à moi, ceci témoigne tellement d’une grande marque de confiance… Une confiance qu’il m’accorde.
Pour autant, même si je suis touchée qu’Eirian se confie à moi, je ne peux laisser passer les accusations illégitimes qu’il s’inflige. Je secoue la tête encore une fois, ne souhaitant pas entendre ce qu’il dit sur le fait qu’il est responsable. Comment peut-on être responsable ? Même s’il avait commis un impair, même s’il avait manqué de prudence, il n’est pas responsable. Il est la victime. Comment peut-il ne pas s’en rendre compte ? « Tu t’es laissé submerger par tes émotions Eirian… Tu ne savais pas vers qui te tourner, tu étais perdu. Cela ne fait pas de toi le responsable. Jamais. » Je le répète mais je sais qu’il n’entendra pas. Il en faudra peut-être des dizaines d’autres discussions comme celles-ci pour qu’il se rende compte que j’ai raison, parce que j’ai raison, pas vrai ? Je ferme les yeux et cherche à faire déculpabiliser Eirian : « Moi aussi j’ai pas surveillé les gestes de Lyam, Eirian. On ne peut pas avoir peur de tout et de tout le monde… Tu es tombé sur un psychopathe. Un mec ordinaire, comme 99% de la population n’aurait jamais fait ça… » Mes mots sont nuls, mes paroles sont vaines et je le sais ; je sais vraiment pas comment l’aider. « Comment peux-tu dire alors que tu es responsable ? S’il t’avait remarqué, il aurait trouvé un autre moyen, ces mecs sont des tarés… » J’ai les larmes aux yeux, subjugué par les pensées malsaines qui m’envahissent tandis que mon cerveau ne peut s’empêcher d’imaginer la scène dans ma tête. Mes doigts viennent essuyer la larme qui s’écrase sur ma joue. « Mais putain Eirian, arrête. Arrête tout de suite ! » dis-je brutalement alors qu’il tente encore une fois de se rendre coupable. « Je veux pas entendre ça, je peux pas entendre ça. » dis-je en secouant la tête encore une fois. « Te faire bouffer par ça ? Eirian, tu t’es fait violer. » Je le dis à voix haute et la violence même du mot me percute tout autant que cela me fait mal. « Comment tu pourras te sentir autrement ? Comment tu pourrais faire comme si de rien n’était ? C’est impossible putain. Rien que de penser à ce qu’il t’a fait cela me met tellement en colère que moi aussi j’ai l’impression que je pourrais perdre mon humanité. Tu as le droit de ressentir tout ça ! Tu as le droit de hurler, de t’en vouloir, de culpabiliser si tu veux. Mais extériorise tout ça ! »
Alors qu’il se demande ce qu’il a raté quelque chose, je me tais soudainement. Pour moi, il n’a rien fait qui puisse justifier cela. Jamais personne ne fait rien qui puisse justifier cela. On ne blâme pas la victime d’avoir fait quelque chose, jamais. On apprend pas aux jeunes filles à s’habiller plus décemment, on apprend aux garçons à ne pas se comporter comme des gros porcs. C’était le crédo de ma mère et je vois qu’il est plus vrai que jamais. « Je ne sais pas quoi te dire Eirian… C’est comme si tu disais à une personne qui vient d’avoir un accident de voiture de jamais reprendre le volant… On peut jamais s’assurer que ça ne se reproduira jamais… Mais tu es plus fort qu’il y a trois ans. Tu as des gens sur qui tu peux compter, tu m’as moi. » Est-ce suffisant ? « On peut pas contrôler le futur mais on peut agir dessus… Continuer notre combat, notre lutte, faire de ce monde un monde meilleur pour les générations futures… Empêcher que d’autres subissent ce que tu as subis… Enfermer les salauds qui se permettent ce genre d’actes… » Mais tout cela est un combat sans fin, mais jamais tu n’y renonceras. Jamais. Pas tant que des personnes comme Eirian souffriront. Oui je suis bisounours à penser qu’un jour, peut-être, le bien triomphera du mal. Mais je suis d’un naturel optimiste et j’ai foi en l’humanité. Peut-être ai-je tort. « En tout cas oui, si tu changes d’avis et que tu veux aller porter plainte, je peux venir avec toi si tu as besoin. » Je ne pourrai pas faire grand-chose mais je tiens à lui montrer que je veux être là, en toutes circonstances et qu’il peut se fier à moi comme il se fie à moi lui aussi.
Ce qui m’embête dans tout cela ? C’est qu’Eirian n’ait eu personne de sa famille à qui se confier. Après tout, me concernant, mes parents savent tout de moi et je me verrai mal leur dissimuler un événement pareil. C’est même impossible que sa famille n’ait rien vu… Pour le coup, je me demande si sa famille est aussi soutenante qu’il cherchait à me le faire croire. Après tout, comment ne pas voir ce qui se voit sans même qu’on ait besoin de lui parler ? Cette horreur du contact qui vient de nulle part et ses parents ne s’en inquiètent pas ? C’est tellement impossible. Je me tais et ne dis rien, ce n’est pas le moment de casser du sucre sur la famille probablement plus pourrie qu’il n’a bien voulu me le dire. Et ses frères et sœurs alors ? Après tout, étant plus jeunes, ils aiment peut-être encore les chamailleries et les taquineries corporelles et dans ce cas, le fait qu’Eirian ne puisse plus supporter le moindre contact physique devenait évident. « D’accord. » dis-je, sceptique. Je ne souhaite pas creuser, peut-être qu’il me le dira de lui-même quand il se sentira prêt. Je ne suis pas le genre de femme à souhaiter qu’on me livre tout son jardin secret en réalité et Eirian a le droit de conserver pour lui certains sujets. Je suis sur le point d’ouvrir la bouche pour le couper mais il continue de parler alors je le laisse finir jusqu’au bout même si j’ai envie d’intervenir à de nombreuses reprises.
Lorsqu’il a fini, je me rassois sur les galets et rabats à nouveau mes genoux contre ma poitrine. « Pas à la hauteur ? Mais putain Eirian, je crois que tu te rends pas bien compte en réalité… Tu m’as tant apporté Eirian. Tu m’apportes toujours autant aujourd’hui. Je suis tellement en colère que tu puisses penser ça de moi. Quand on s’est rencontré, j’étais tellement perdue, je savais plus où j’en étais dans ma vie, tu m’as redonné espoir, tu m’as redonné confiance en mes capacités, tu m’as redonné confiance en moi. Sans toi, je sais pas où j’en serai. Sans toi, je serai peut-être morte dans la forêt lors de l’attaque. Tu m’as sauvé. C’est tout ce que je retiens. » Au-delà de ça, il y avait tellement d’autres moments, d’autres instants où l’amitié d’Eirian m’avait permis de grandir, de me sentir plus forte, d’avoir davantage confiance en moi. Comment peut-il imaginer un seul instant que tout cela est vain ? « Je me fiche de ne pas tout savoir Eirian, je me fiche tellement de ça. Je m’en fous. Ce que je veux, c’est que toi tu saches que tu peux tout me dire, que tu n’aies pas peur de me choquer. Je veux être là pour toi. C’est tout, ça s’explique pas. Enfin si, ça s’explique. Je veux être là pour toi parce que tu le mérites, tu mérites que quelqu’un se préoccupe de toi, tu mérites qu’on garde un œil sur toi, tu mérites qu’on t’aime putain Eirian. » terminé-je, le souffle court, le regard au loin, la bouche sèche. « Je sais que je peux compter sur toi, tu me l’as déjà prouvé. Et pas qu'une fois. » Je termine sur ces mots, vidée.
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Mer 8 Sep - 19:09
Puise ta force en ceux qui t'aiment
« septembre 2020 »
Ces derniers temps, tu as largement pu prendre conscience de la lassitude qui t’écrase et qui va au-delà de l’épuisement physique que tu traînes depuis des mois. De cette impression de couler sans jamais réussir à revenir à la surface. Elle t’imprègne tout entier et, souvent, tu as envie de tout laisser tomber – mais tu ne peux pas abandonner tout ce que tu essaies de construire, tu ne peux pas abandonner ta mère. Mais tu es fatigué, fatigué comme tu n’aurais jamais cru l’être, et parfois tu aimerais pouvoir dormir sans que rien te réveille, dormir jusqu’à ce que tout aille mieux, dormir en oubliant tout. Te reposer, pour une fois, déposer tout ce que tu portes. Ne plus gérer les cours, l’Ordre, le boulot en faisant semblant d’aller bien. Ne plus dépenser cette énergie folle à essayer de maintenir les apparences face aux autres, même si tu sais que tout le monde n’est pas dupe, à commencer par Kayla. Au moins, maintenant, elle sait, et tu pourras laisser tomber ces barrières-là avec elle, ne pas être en permanence sur tes gardes pour ne pas laisser échapper la réaction de trop. Tu ne sais pas encore si tu en es soulagé – c’est déstabilisant, surtout, tellement à rebours de la façon dont tu as essayé de vivre et de t’en sortir jusqu’à présent, de tout ce que tu as intégré depuis ton enfance. Il te faudra sans doute du temps pour digérer tout ce qu’elle te dit. Mais tu n’es pas assez stupide pour continuer à foncer droit dans le mur. Tu aurais pu en rencontrer un autre, cela dit, si elle l’avait mal pris. Elle accuse le choc, bien sûr, mais elle est là, à tes côtés. Et si tu lui as parlé, c’est que tu l’espérais et le savais au fond, au-delà de tes blocages et de tes angoisses irrationnelles. En parler est difficile, te demande beaucoup trop d’énergie et tu sortiras sans doute vidé de cette conversation, mais elle devenait nécessaire, essentielle. Tu ne pouvais pas le garder plus longtemps pour toi. Pas si tu veux avancer. Pas si tu veux t’en sortir. Et tu le souhaites malgré tout, même si tu as l’impression d’être entouré de bien trop d’impasses.
La métaphore du chaudron te tire un sourire vu ton peu de talent en matière de potion, mais Kayla ne fait pas mieux que toi. Tu peux difficilement lui expliquer que les événements de l’année n’ont pas été aussi traumatisants pour toi qu’ils peuvent l’être pour d’autres. Tu as été entraîné pour ça. Tu ne t’illusionnes pas sur le danger ni sur tes propres capacités, mais ça fait partie de ta vie depuis des années maintenant.
— Traumatisme non élaboré ? tu répètes, perdu. Qu’est-ce que ça signifie ?
Le mot doit prendre un sens spécifique en psychomagie, parce que tu as du mal à le faire coller dans ce contexte avec les définitions que tu connais. Quant à tout rejouer dans ta tête… oui, clairement.
— Pas que inconsciemment. Ça arrive dans mes cauchemars. Ou quand quelque chose me le rappelle trop. C’est comme un film, tu vois ? Le même film qui se répète encore et toujours, comme si j’y étais encore, et qui se déclenche trop souvent. Je n’arrive pas à… à prendre de la distance.
Tu grimaces. Elle est ton amie, ce n’est pas son rôle de jouer les psychomages.
— Désolé, je sais bien que tu n’as pas réponse à tout. C’est déjà beaucoup que tu sois là, à m’écouter parler de tout ça.
C’est immense, parce que tout ce que tu lui dis, c’est la première fois que tu le verbalises. C’est aussi sans doute la première fois que tu y penses consciemment, que tu essaies d’organiser le chaos dans ta tête, que tu transformes des sensations et des impressions en mots. Kayla est solide et forte, à tes côtés, et même si tu te sens terriblement vulnérable à lui dévoiler toutes tes failles, tu ne le regrettes pas.
Pour autant, ta culpabilité et la honte ne sont jamais bien loin. Il y a tellement de choses que tu aurais pu, dû faire. Tu as passé ton enfance et ton adolescence à regarder par-dessus ton épaule, parfaitement conscient qu’un ennemi pouvait se cacher derrière chaque visage, prêt à détaler au moindre signe d’alerte ou au moindre mot de ta mère ; il suffit d’un rien pour te réveiller la nuit, pour que tu attrapes baguette ou couteau toujours à portée de main ; hors de Poudlard, tu avais toujours un sac rempli avec l’essentiel, tout le reste pouvant être abandonné derrière toi. Une balle ou un coup de couteau pouvaient te cueillir à la moindre erreur – l’ont fait, d’ailleurs, tu en portes les marques. Alors, un inconnu, dans la rue, dans un contexte dangereux… Kayla secoue la tête face à tes paroles, refusant tes mots de toutes ses forces. Mais tes émotions n’avaient pas à entrer en ligne de compte, elles n’avaient pas d’importance, c’était de rationalité dont tu devais faire preuve. De prudence. Si cette culpabilité te tord autant le ventre, c’est peut-être aussi parce que tu as l’impression d’avoir trahi ta mère, qui a tout fait pour que tu t’en sortes. Et toi, tu oublies ses principes à la première occasion. Mais ça, tu ne peux pas en parler. Les paroles de Kayla entrent en complète contradiction avec ta façon de voir. D’un certain côté, ça te fait du bien de l’entendre, qu’on te dise que non, ce n’était pas ta faute, non, tu ne pouvais pas comprendre, ni deviner, ni faire quoi que ce soit, parce que tout est de la responsabilité de l’autre, tout est de son fait, il t’a piégé et tu ne pouvais pas lutter contre ça. De l’autre, tu as du mal à admettre l’idée de ton impuissance. Tu as besoin de garder le contrôle sur toi-même, sur ce qui est à ta portée. D’avoir cette impression que toute ta vie ne t’échappe pas, que tu peux au moins l’orienter dans un sens qui te convient, même si tu n’atteins pas la destination voulue. Cependant, tu es globalement d’accord avec ce que dit Kayla depuis le début de la discussion, en dehors des points spécifiques liés à ta vie chaotique. Si elle avait raison une fois de plus ? Tu ne sais pas quoi lui répondre, conscient cependant que tu touches à un point compliqué pour toi et que tu ne parviens pas encore à démêler. Pas entièrement du moins. Elle évoque sa rencontre avec Lyam. Elle non plus n’a pas surveillé ce qu’il faisait – et l’idée te noue le ventre maintenant, mais elle ne te touchait pas autant il y a trois ans. Tu avais l’habitude de la violence brutale, soudaine. Pas de quelque chose d’aussi insidieux.
— Je ne sais pas, Kayla. Je ne sais pas…
Tu ne finis pas ta phrase, tu ne sais pas comment l’achever. Il y a trop de choses qui t’échappent. Les larmes lui viennent aux yeux, tandis qu’elle essaie de te convaincre que ce n’est pas ta faute. Tu t’efforces d’expliquer, de poser ce besoin de contrôle, de maîtrise sur ta vie pour ne pas être trop vulnérable et impuissant, ce besoin aussi de ne pas te laisser submerger par tout ça, mais elle te coupe. Tu t’es fait violer. Le mot te frappe par sa violence, comme un coup de poing en bien plus douloureux, et tu flanches, incapable de dissimuler ta réaction. Un frisson te traverse et tu te sens nauséeux, tu as froid. Extérioriser, c’est bien ce que tu essaies de faire depuis tout à l’heure. Mal, visiblement. Tu baisses la tête un instant, poings serrés, avant de te reprendre.
— J’essaie, c’est ce que j’essaie de faire depuis tout à l’heure ! J’ai essayé de faire comme si de rien n’était parce que je n’avais pas d’autre solution à l’époque. Il fallait que je tienne, peu importe comment. Je ne voulais pas que les profs se rendent compte de quoi que ce soit. Je ne voulais pas que qui que ce soit s’en rende compte. C’était déjà assez difficile de survivre à… à ça pour ne pas y ajouter leur attention, je voulais juste qu’on me fiche la paix. J’avais l’impression d’être un fantôme, de ne pas être dans la même réalité que tout le monde. Une Serdaigle qui est devenue une amie m’a proposé de parler de ce qui m’arrivait, c’est la seule qui s’est rendu compte de quelque chose, mais j’ai refusé. Sur le moment, j’avais l’impression qu’en parler achèverait de tout casser, comme si j’allais tomber en morceaux, et je voulais m’en tenir aussi loin que possible, alors oui, j’ai tout verrouillé, j’ai essayé de tout enfouir. Ce qui s’était passé, mes ressentis, tout ce que j’avais envie de hurler, la souffrance… J’ai bloqué ce que j’ai pu, j’ai espéré que je pourrais oublier ou m’en détacher. Ce n’était peut-être la meilleure solution, sans doute pas vu le résultat maintenant, mais c’est la seule que je voyais à l’époque. C’était une question de survie.
Ta voix vacille. Tu es un peu essoufflé, tu ne sais même pas ce que tu essaies de lui dire. Tu plonges ton visage dans tes mains, les remontes jusque dans tes cheveux, refermes tes doigts sur tes boucles. À quel point les choses auraient-elles été différentes si tu avais parlé il y a trois ans ? Est-ce que ce serait plus facile aujourd’hui ? Tu ne connaîtras jamais la réponse. Mais tu sais qu’à l’époque, te confier était bien au-dessus de tes forces.
— Tout s’est mélangé avec les années, je ne suis même pas sûr de ce que j’éprouve. Ou de ce que je devrais éprouver. Même par rapport à lui. Il ne mérite même pas que je le haïsse, je n’ai pas envie de me venger non plus… J’y pense déjà bien assez, je ne veux pas lui donner encore plus de prise sur ma vie. J’en ai marre de me noyer dans tout ça, j’ai beau essayer, je n’y arrive pas…
Tu t’efforces de détailler un peu plus ta vision des choses. Tu as l’impression qu’elle reste désemparée. Est-ce que tu as vraiment une vision des événements aussi tordue, aussi faussée ? Comment savoir ? Tu comprends sa comparaison avec l’accident de voiture. Évidemment que la victime de l’accident n’y est pour rien et qu’elle peut reprendre le volant. Et qu’elle ait tenté d’éviter l’accident ou n’ait rien pu faire sous le coup de la surprise ou du choc, cela ne change rien, elle n’est pas responsable. Mais pour toi… c’est comme si tu étais au volant de la voiture accidentée et que tu avais dévié de ta route pour te rapprocher de celle qui te fonçait dessus. Tu luttes contre les mots qui veulent sortir, tu te retrouves à faire comme chez Abigail, à ressasser les mêmes choses négatives sans vraiment t’en rendre compte. Ça te montre surtout à quel point tu as besoin que ça sorte, mais ce n’est pas la peine d’infliger tes boucles vicieuses à Kayla.
— Je vois ce que tu veux dire avec cette histoire de voiture… Je crois que j’essaie de me convaincre que ça ne se reproduira jamais, que je peux l’empêcher. Que je contrôle au moins quelque chose dans ma vie, que je ne suis pas à la merci du premier psychopathe qui passera…
Un contrôle qui n’est qu’illusoire. Tu n’as rien pu faire non plus pour empêcher Towsen de te faire ce qu’il voulait. Tu as l’impression de n’être qu’un jouet entre les mains des autres, un jouet qu’ils manipulent à leur guise.
— Je ne sais pas si je suis plus fort. Mais je suis plus entouré, c’est certain.
Et tu es heureux de l’avoir à tes côtés. Tu retrouves son idéalisme, qui est un peu le tien aussi, même si ces derniers temps, tu t’orientes surtout vers les plus jeunes, enfants et adolescents, les premiers à payer les folies des adultes.
— J’espère pouvoir agir dessus, même si ce n’est qu’un peu. Protéger les autres, les plus jeunes surtout… ce sont toujours les premières victimes. Et je crois beaucoup en la justice malgré tout, même si elle n’est pas parfaite.
Pour autant, tu ne te donnes pas le droit de juger ceux qui essaient de faire justice par eux-mêmes. Tu comprends trop bien le sentiment d’abandon, le sens qu’on peut trouver à la vengeance. Et tu ne les condamneras pas tant que leurs bourreaux seront en liberté. Ça te touche qu’elle veuille bien t’accompagner pour porter plainte. Tu n’es pas sûr que la démarche serait très fructueuse, pas si longtemps après, mais dans une autre vie, tu aurais pu te laisser convaincre. Pas dans celle-ci où pour la police, tu es un dossier classé depuis longtemps, une affaire tragique parce qu’elle s’est mal terminée.
— Merci beaucoup de me le proposer, ça me touche vraiment.
Le sujet de ta famille devient délicat. Tu as bien conscience que ce que tu lui dis écorne profondément l’image que tu en donnais. Une famille aimable, bienveillante, présente, ton père parfois un peu sceptique devant la magie, ayant du mal à comprendre ce monde, ce qui pouvait entraîner des tensions légères, mais rien de grave… Un frère et une sœur avec qui tu t’entends bien. Ça ne colle pas avec leur ignorance, avec le fait qu’ils n’aient rien vu. Tu sens tout son scepticisme dans sa voix, mais elle n’insiste pas, ne t’interroge pas et tu lui en es reconnaissant. Tu n’as aucune envie de lui mentir maintenant, même si tu tombes clairement dans l’omission. Alors, tu t’efforces d’être honnête, tu ne peux pas lui promettre de tout lui confier, parce que le reste de ton histoire est à la fois pire et moins douloureux, plus dangereux aussi, surtout par les temps qui courent. Tu as eu bien plus longtemps pour y faire face. Lorsque tu te tais, elle se rassoit, remonte ses genoux contre sa poitrine – et tu comprends que tu as dit quelque chose qu’il ne fallait pas, que tu l’as blessée, même si tu ignores comment. Le problème dans ce que tu disais, c’était toi, pas elle. Tu t’assois à ton tour à côté d’elle. Non, tu ne te rends pas compte, non, tu ne pensais pas que ton aide comptait à ce point ni que tu lui avais tant apporté. Ça te touche, bêtement, de façon absurde, parce qu’il y a toujours ce sentiment vicieux au creux de ton ventre qui te souffle que tu n’es pas digne de tes amis, que tu les parasites plus qu’autre chose. Tu t’en veux de l’avoir blessée, ce n’est pas elle que tu dénigrais, mais toi. Tu déglutis nerveusement, le regard fixé sur tes doigts qui se tordent.
— Pardon, Kayla. Je ne voulais pas te blesser. C’est de moi que je disais du mal, pas de toi. Je… je ne pensais pas que je t’aidais autant, j’espérais que c’était le cas… Mais je ne m’en rendais pas vraiment compte, parce que j’ai du mal à croire que je puisse être bon à quelque chose. Je ne sais pas bien évaluer les choses quand ça me concerne. Mais je suis vraiment heureux d’avoir pu le faire, et de continuer à le faire. Toi aussi, tu m’as tellement apporté depuis un an, et je ne parle même pas d’aujourd’hui… C’est comme un rayon de soleil dans un brouillard perpétuel.
Tous vos échanges, votre vision du monde commune, son enthousiasme… Son amitié te rend plus vivant, elle fait partie des rares personnes avec qui tu échanges librement, malgré tes blocages. Comme si tu redevenais toi-même, comme si tu recommençais à vivre au lieu de seulement exister. Et tu lui fais confiance, absolument confiance, à ta façon tordue. Sinon, tu ne lui aurais jamais parlé, ou pas en premier, pas alors que c’est encore si difficile. Quant à ne pas la choquer… tu baisses les yeux sur tes bras, tes doigts jouent avec les coutures de ton haut, tu penses à tout le reste. Mais la suite te prend au dépourvu, et tu tournes la tête vers elle, figé, sous le choc. Elle ne te regarde pas, les yeux vers le lac. Tu mérites qu’on garde un œil sur toi, tu mérites qu’on t’aime. Les mots résonnent dans ta tête, malgré le « non » qui ne demande qu’à sortir et que tu retiens au bord des lèvres. « Non, je ne le mérite pas », « non, si tu savais ce que je te cache, tu ne dirais pas ça ». Tu n’as pas le droit de lui répondre ça, pas après ce que tu as déjà dit. Il n’y a qu’une personne au monde qui t’a déjà laissé entendre ce genre de choses. Tu entoures tes genoux de tes bras.
— Je…
Ta voix se bloque. Tu reprends doucement :
— Ce n’est pas quelque chose qu’on m’a beaucoup dit. J’ai plus l’impression de tout gâcher. J’essaie de me débrouiller seul, de ne pas trop en demander… je ne sais pas ce que je mérite, mais je crois que j’ai encore besoin qu’on garde un œil sur moi.
C’est un peu étrange comme aveu, tu as l’impression de ne pas réussir à dire tout ce que tu veux.
— Merci d’être là. Vraiment.
Ça paraît tellement faible comme mot. Mais c’est encore le plus sincère.
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Kayla Rausale
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Dim 12 Sep - 14:24
Lève la tête, porte ton fardeau Puise ta force en ceux qui t'aiment
Eirian Howl & Kayla Rausale || Début septembre 2020
Il allait me falloir du temps. Beaucoup de temps. Énormément de temps pour encaisser tout ça. Je le sais, ce que vient de me raconter Eirian va me hanter et j’y penserai à chaque fois que je le verrais. Je le sais, je le sens, je suis comme ça ; je ressens trop, j’ai trop d’empathie, les émotions des autres deviennent souvent les miennes et voir mon ami dans cet état me fait prendre conscience à quel point il souffre. Eirian a toujours gardé sa part de secret et je ne lui en tenais pas rigueur, je n’ai jamais tenté d’en savoir davantage, ce n’était pas mon rôle de le cuisiner, ce n’était pas non plus mon envie. L’amitié d’Eirian m’est précieuse, peu importe les secrets qu’il pouvait dissimuler par honte et culpabilité. Je vois bien que c’est l’une de ses difficultés principales ; ce sentiment de n’avoir rien pu faire, de s’être laissé emporter par l’agresseur, comme s’il était coupable de quoi que ce soit. Est-ce pour cela qu’il n’a pas pu se confier à quelqu’un ? Je n’en sais rien mais cela me fait tellement mal au cœur de l’envisager. J’aimerai tellement l’aider, faire mieux que ce que je fais aujourd’hui. Certes je l’écoute, mais je me sens tellement impuissante. J’ai mal, j’ai mal à chaque fois que je le vois, j’ai mal en pensant que l’homme qui lui a fait ça court toujours, j’ai mal en imaginant qu’Eirian ne pourra peut-être jamais se relever de ce traumatisme. Mais peu importe ce que je ressens, peu importe les émois qui m’envahissent, je resterai forte, je resterai présente à ses côtés parce que je le dois, parce qu’Eirian mérite d’avoir une épaule sur laquelle se reposer, parce qu’il mérite qu’on l’aime, tout simplement. Même s’il en est pas du tout conscient. Bien au contraire.
Nous évoquons de nombreuses métaphores aujourd’hui. D’abord celle du coiffeur, puis celle du chaudron maintenant. Et me voilà en train de réciter des trucs que Paul m’a expliqué dans le cadre de son emploi à l’hôpital. Là où ça se complique, c’est quand Eirian me demande d’expliciter ce que ça veut dire. Merde. « Euh, ça veut dire en gros que tant que t’as pas conscientisé le truc, tu risques de le revivre inconsciemment quoi… Enfin, si j’ai bien compris… Je demanderai à Paul plus d’explications. » dis-je. Je ne maîtrise pas bien le sujet, c’est pas du tout mon domaine de compétences. « Mais j’imagine que le fait d’en parler déjà aujourd’hui, c’est vraiment un bond en avant. C’est même sûr. Il faut bien commencer quelque part. » Je trouve mes paroles bidons mais bon. Je dis simplement ce que je pense ; et c’est vrai que je crois, du moins je l’espère fortement, que cette conversation permettra à Eirian d’imaginer un nouveau départ. Un départ où je serai présente à ses côtés, à chaque instant, sans condition.
Il évoque ses cauchemars et le fait que tout se répète en boucle, encore, encore et encore. Je ferme les yeux et je tente vainement de ne pas laisser les images envahir mon esprit sinon je sais que je vais me mettre encore une fois à trembler. Songer à cet agresseur, prenant de force mon ami, c’est trop difficile, c’est innommable. Ma bouche s’assèche encore. Putain, j’y ai pensé. « Oui, je pense que je comprends ce que tu veux dire. » La preuve, cela fait dix minutes que je le sais et ce film, comme il dit, repasse et repasse dans ma tête sans que je puisse l’en empêcher. « Ne t’en fais pas. » dis-je lorsqu’il s’excuse, expliquant qu’il sait que je ne peux pas avoir des réponses à toutes ses questions. Il est vrai que j’ai aussi besoin de me remettre de cette annonce moi aussi. La seule chose qui est claire dans ma tête, c’est le statut de victime d’Eirian ; le reste n’a que peu d’importance à mes yeux.
Il s’agace en réponse à l’une des mes phrases, lorsque je lui répète qu’il doit extérioriser tout ce qu’il ressent. « Mais Eirian, bien sûr que c’est ce que tu fais ! Tu n’essaies pas là ! Tu le fais. » Je me tais lorsqu’il m’explique avoir tout tenté, notamment le fait d’être invisible. De raser les murs, faire que personne ne remarque rien. Et je me demande comment les autres n’ont pu rien remarquer à son changement de comportement, cela me parait à moi si flagrant alors que cela fait qu’un an que je côtoie Eirian. J’imagine que c’est mon côté sauveuse de la veuve et de l’orphelin alors que les autres ont peut-être cherché à fermer les yeux. On est tous différent, chacun avait sa propre manière de réagir face aux souffrances des autres. Si me concernant, j’avais envie d’accompagner ceux qui souffrent, je sais que d’autres ne sont pas à l’aise avec la douleur. Je ne blâme personne. Je suis seulement attristée de me rendre compte qu’il a fallu que je rentre dans la vie d’Eirian pour qu’il puisse avoir une oreille attentive. Mais connaissant le jeune Serdaigle, il est probable qu’il n’était pas non plus prêt à se confier sur ses secrets. Qu’est-ce qui a changé ? Je l’ignore. Mais cela a changé. C’est le principal. « T’as fait comme t’as pu Eirian. » dis-je doucement. C’est la seule explication que je conçois, il a fait ce qu’il a pu pour ne pas sombrer, pour ne pas succomber. Pour survivre. « J’ai du mal à imaginer qu’on puisse réagir autrement en fait… On a chacun nos façons de réagir à ce genre de traumatismes et je ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises manières. » conclué-je. Qui peut dire qu’Eirian a mal agi ? Qui peut dire qu’il aurait du faire comme si ou comme ça ? Personne. Jamais je ne pourrais me mettre à sa place et jamais je ne pourrais savoir ce que j’aurais fait si je l’avais été. Ma réaction aurait peut-être été différente, peut-être pas. On en sait rien. Et c’est aussi cette incertitude qui semble tellement perturber mon ami. « On pourra jamais tout contrôler, c’est certain. Et oui, tu es plus entouré. » Je souris doucement. J’appréciais déjà énormément Eirian avant aujourd’hui mais maintenant qu’il a osé me confier cela, je peux vous dire que je ne vais plus le lâcher et que je vais lui coller aux basques. Gentiment bien sûr. Je reste la même personne que j’ai toujours été, souriante, avenante, solaire. Mais je pourrais maintenant faire plus attention aux signes avant-coureurs, aux signes qui montrent que cela ne va pas. Du moins, je l’espère. J’espère que je pourrais être un point de repère dans sa vie et qu’il pourra compter sur moi lorsqu’il en ressentira le besoin.
Lorsque nous évoquons la justice, j’avoue que j’ai un pincement au cœur. J’aimerai tant qu’on puisse faire plus. « Dans un sens, je pense qu’on a pas atterri dans cette filière par hasard Eirian. On a envie d’aider, de protéger. Que ce soit des enfants, des sorciers, des moldus. Parce que c’est notre idéal et parce qu’on croit qu’une justice équitable est possible, qu’un monde meilleur est possible. Et même si je sais que rien n’est plus difficile que d’avoir la paix, j’y crois encore et j’y croirais toujours parce que je veux pas me résoudre au fait qu’ils puissent gagner. » Il y a tellement de personnes qui se dissimulent sous ce ils mais je suis certaine qu’Eirian sait où je veux en venir : les mangemorts, les Blood Circles, les désaxés, les assassins, les violeurs, les malfrats. Et si je me bats chaque jour pour réussir mon diplôme c’est aussi parce que je veux que cela change, je veux apporter ma petite pierre à l’édifice en imaginant que si des milliers d’autres personnes comme moi qui partagent mes opinions le font également, cela pourrait réellement avoir un impact sur le monde dans lequel nous vivons et grandissons. Je ne peux m’empêcher de lui proposer mon appui, le cas où il changerait un jour d’avis et souhaite se rendre à la police. Il me remercie et je dis : « C’est la moindre des choses. » Je ne sais pas s’il se rend compte que tout cela est « normal » ? Il n’a pas l’air de bien comprendre que c’est le principe d’une amitié : être présent quand l’autre le nécessite ou en ressent le besoin. J’imagine qu’il a été tellement longtemps seul qu’il ne sait plus vraiment comment s’y prendre… Mon cœur se serre à cette idée. Eirian a si peu confiance en lui. Il a si peu confiance en ce qu’il peut apporter aux gens alors je m’agace un peu, remettant les choses dans leur contexte. Bien sûr que son amitié m’est précieuse, bien sûr que je lui dois beaucoup. Alors je m’assois tranquillement, les yeux rivés vers l’eau du lac. Eirian s’installe à mes côtés au bout d’un moment et s’excuse. Une larme traitresse coule sur ma joue et je l’essuie rapidement. Il n’a rien compris encore. « C’est le problème Eirian, cela me fait mal de penser que tu puisses imaginer que tu n’apportes rien aux autres. C’est trop dur pour moins de te voir comme ça, douter de ce que tu es et de qui tu es. Mais maintenant tu le sais, tu es important dans ma vie, sans toi, je ne sais pas où j’en serai, je te le répète. » Je repense à ses derniers mots et je souris doucement. « Ah ça c’est mon enthousiasme débordant. Au bout d’un moment, t’en auras marre. » Ou pas. Maxime n’en a pas marre et ça fait des années qu’elle me pratique. Il avoue à demi-mots avoir besoin qu’on garde un œil sur moi. Mes lèvres s’étirent faiblement en un autre sourire triste et je dis : « T’inquiète pas, maintenant, je garde mes deux yeux sur toi. » Il me remercie encore et j’inspire et expire doucement, ne répondant pas à sa dernière phrase. Merci d’être là. Cela me semble tellement naturel.
Un silence s’installe doucement entre nous et nous restons ainsi pendant ce qu’il me semble des heures, à simplement observer le ciel et les couleurs apaisantes de l’eau du Lac. Je suis bouleversée par toutes ses révélations et de temps à autres, quelques perles salées viennent noyer mes joues. J’ai toujours laissé mes émotions prendre le dessus sur le reste et je ne veux rien cacher à Eirian. Je ne veux pas lui cacher que ce qu’il m’a révélé me touche parce que je veux qu’il comprenne que ses émotions sont légitimes. Qu’il ne doit pas avoir honte de les ressentir, et qu’il ne doit pas avoir honte de vouloir partager ce poids si lourd qui pèse sur ses frêles épaules depuis trois ans.
PRETTYGIRL
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Au long des siècles marqués par le chaos, les errements, la discorde, la douleur et la peine, de tous temps, il est une chose qui a nourri nos âmes et qui nous a élevé au dessus de notre condition. C'est notre courage.
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Mer 15 Sep - 21:53
Puise ta force en ceux qui t'aiment
« septembre 2020 »
Cette conversation draine toute ton énergie et pourtant tu sens qu’elle est essentielle. Tout ce que tu as voulu enfouir remonte à la surface, et c’est compliqué de lutter contre les souvenirs et les cauchemars, les angoisses et les peurs, tandis que te revient tout ce qu’il t’a pris ce jour-là pour ne laisser que des morceaux en vrac derrière lui. Une partie reste floue, brouillée par la drogue, mais ce qui t’est resté s’est gravé en toi. Les souvenirs restent aussi nets qu’au premier jour, sensations, mouvements, odeurs, et tu y replonges trop souvent, incapable de dresser une barrière entre eux et toi, incapable de t’en protéger, incapable d’y échapper, prisonnier d’une boucle infernale. Trop de choses t’y renvoient sans cesse. Mais tu avais besoin d’en parler, besoin de mettre les mots dessus, besoin de le dire à voix haute, de rendre tout cela concret et réel pour quelqu’un d’autre que toi, pour stabiliser ce magma bouillonnant et essayer de lui donner une forme, à défaut d’un sens. Tu déballes tout à Kayla, pas tant les faits eux-mêmes, mais aussi tout le tourbillon de sentiments qui te noient, ta honte, ta culpabilité, à quel point tu te sens responsable de ce qui s’est passé, à quel point tu aurais pu et dû l’éviter. L’impression aussi d’avoir trahi ta mère après tout ce qu’elle a fait pour toi pendant tant d’années – mais cela, tu le gardes pour toi. Kayla s’efforce de te rassurer, de te convaincre que tu n’y es pour rien. Ses mots te font du bien, mais une part de toi résiste encore. Il te faudra du temps pour assimiler tout ça, tourner et retourner ses paroles. Voir ce que tu en sors. Elle n’a sans doute pas tort… mais admettre que tu ne pouvais rien y faire, rien y changer reste difficile. Tu aimerais pouvoir contrôler ce qui t’arrive, te dire que tu gardes un peu la main sur ta trajectoire, que tu peux faire face à tes ennemis. Et surtout tu détestes cette sensation de vulnérabilité et cette impuissance lorsque tout t’échappe, te rappelant que tu peux facilement te retrouver à la merci de ceux qui te veulent du mal. Ça te noue le ventre, mais à part faire toujours plus attention, rester sur tes gardes, ne jamais te relâcher… rien ne fera jamais disparaître totalement la menace. Et ça, ça reste dur à accepter. Avec le temps, peut-être ? Malgré tes doutes et tes incertitudes, le soutien de ton amie reste entier et c’est plus précieux que tout. C’est un lourd poids que tu lui mets sur les épaules, le genre de secret qui change une vie et pas en bien, mais elle se tient toujours à tes côtés, sans faillir. Tu appréciais déjà énormément qu’elle ne franchisse pas tes limites, qu’elle respecte tes silences, et c’est sans doute là qu’est née la confiance qui t’a poussé à lui parler, à elle. Tu sais qu’elle ne te trahira pas, même si c’est encore un sentiment étrange et difficile à apprivoiser. Tous ces morceaux de toi qui t’échappent, se retrouvent entre les mains d’autres… Mais pour l’instant, aucun d’eux n’a révélé ce que tu lui as confié. Et même si un « pourquoi ? » danse toujours dans un coin de ta tête, tu commences à accepter que tu n’es pas seul.
Vous revenez sur la façon dont tu vis les choses. Le domaine de la psychologie t’échappe complètement. Tu as dévoré des centaines d’ouvrages de la bibliothèque de Poudlard, mais tu ne t’es jamais approché des rayons de médicomagie. Encore moins après ce qui s’est passé. Quand tu lui demandes des explications, Kayla devient plus incertaine. Conscientiser… à quel point tu dois en avoir conscience pour que ça te laisse tranquille ?
— Je pourrai chercher aussi, il doit y avoir des ouvrages de psychomagie à la bibliothèque…
Ça ne t’inspire pas franchement, à dire vrai. Certainement un reste de ta volonté de tout enfouir, mais c’est absurde maintenant. Tu hoches la tête en entendant la suite.
— Oui, c’est un grand bond en avant, voire un grand changement de cap. Ça me paraissait toujours tellement insurmontable d’en parler… Je ne sais pas encore comment ça va changer les choses, j’ai besoin de réfléchir à tout ce qu’on a dit, mais je suis sûr que ça le fera. Je crois que ça me faisait encore plus de mal de tout garder pour moi.
Un changement de cap, comme ce nouveau départ qu’Abigail t’invitait à voir dans le fait de parler à tes proches. Une nouvelle piste à explorer. Tes premiers pas sur ce chemin sont hésitants, incertains. Mais tu n’es pas seul pour les faire.
Quand tu évoques tes cauchemars, Kayla ferme les yeux et tu te doutes de ce à quoi elle pense. Difficile de ne pas faire naître d’images avec tes mots, et pourtant tu n’es pas entré dans les détails. Mais il y a des choses dont l’horreur est évidente sans description, et tu t’en veux de lui mettre ça dans la tête. Il lui faudra sans doute du temps à elle aussi pour digérer tout cela. Elle ne s’imaginait pas sur quoi elle allait tomber en te rejoignant – mais toi non plus tu ne pensais pas pousser les confidences aussi loin.
Tu évoques ta façon de gérer ensuite. C’était de la survie pure et simple ; chaque journée était un combat et le soir tu étais soulagé de voir que tu avais résisté quelques heures de plus tout en redoutant le lendemain. Tu ne sais pas comment tu as tenu jusqu’à Poudlard, les premières semaines après la rentrée sont floues aussi, perdues dans cette espèce de brouillard qui t’entourait en permanence. Fantôme, voilà comment tu te sentais, comme si tu n’appartenais plus tout à fait au monde des vivants, sans être vraiment mort. Tout te passait au-dessus de la tête, seul comptait le fait de ne pas attirer l’attention, de ne surtout pas amener sur toi le regard des autres. Le fait que personne ne s’en soit rendu compte, à part Elise, a toujours l’air de perturber ton amie, mais elle ne réalise sans doute pas à quel point tu étais seul à l’époque. Après six ans à jouer les solitaires, à ne presque jamais te joindre aux autres… forcément, ils ne s’intéressaient plus vraiment à toi. Tu ne leur en veux pas – et tu es surtout soulagé d’avoir réussi – ou qu’ils s’en soient assez moqués pour ne pas chercher à savoir. Tu aurais été incapable de leur faire face, de soutenir leurs questions, et tu aurais fini par craquer. Et ça aurait été moche à voir. Quant à ta famille, tu écornes l’image que tu as construite. Ta mère s’en serait certainement rendu compte au premier coup d’œil. Mais si elle avait été encore là, rien ne serait arrivé.
« T’as fait comme t’as pu. Je ne pense pas qu’il y ait de bonnes ou de mauvaises manières ». Ces mots t’allègent le cœur. Elle ne te juge pas, ne pointe pas les erreurs que tu as faites – parce qu’il y en a eu, c’est sûr, mais tu n’étais pas en capacité de les voir et tu n’avais pas non plus de solutions à y apporter. Elle comprend que tu t’es débrouillé comme tu as pu pour t’en sortir. Et ça te fait du bien de l’entendre. Peut-être que tu n’as pas autant raté, ni échoué que tu le penses. Peut-être qu’il y a des blessures qui sont si profondes qu’il faut déjà arriver à y survivre avant d’apprendre à vivre avec. Tu as fait comme tu as pu, avec les moyens que tu avais, dans la situation qui était la tienne. Tu as toujours considéré que tu aurais dû faire bien plus et bien mieux compte tenu de ce que ta mère t’avait appris et que survivre était le minimum qu’on attendait de toi, le plus bas niveau de réussite. Peut-être que c’est un peu plus que ça. Et c’est une idée réconfortante, même si elle n’est pas très heureuse. Tu réponds doucement :
— Merci. De comprendre et de ne pas juger.
Tu regrettes toujours ton manque d’emprise sur ce qui t’arrive, mais tu es plus entouré pour l’affronter.
— Mieux entouré aussi.
Elle ne te lâchera pas, tu le sais, et c’est toujours aussi étrange et rassurant. Tu as tellement tout verrouillé, tellement essayé de gérer seul… Qu’on puisse te tendre la main, qu’il y ait quelqu’un à tes côtés pour te soutenir et te retenir quand tu trébuches… tu as besoin de temps pour cela aussi. Sean est là aussi et peut-être Sévastian, si tu poussais la porte derrière laquelle il attend patiemment depuis si longtemps.
Tu es toujours aussi peu enclin à porter plainte, sans savoir ce que tu aurais fait si ça avait été une réelle possibilité. Tu ne peux qu’approuver ses paroles. Ce n’est pas anodin que vous ayez tous les deux choisi ce chemin, vous avez le même idéal, le même sens de la justice. Toi, c’est les enfants que tu veux protéger, qu’aucun n’ait à vivre ce que Garnet et toi avez traversés, et vous êtes loin d’être les seuls. Les enfances brisées et saccagées par les folies des adultes continuent de te retourner le cœur.
— Moi aussi, je refuse qu’ils gagnent.
Blood Circle, Mangemorts, agresseurs de toute sorte, peu importe. Et tant pis si on te juge trop naïf, trop idéaliste, trop inconscient de la réalité du monde et des hommes. Bien sûr que le mal a toujours existé et existera toujours. Pour autant, ce n’est pas la peine de le laisser prospérer en s’en lavant les mains. Évidemment, tu ne changeras pas le monde. Mais tu crois plus aux actes posés jour après jour qu’aux grandes épopées héroïques.
— Même si… tu vois, je trouve que c’est un peu paradoxal. Je crois en la justice, je veux devenir Auror. Et pourtant je n’arrive pas à porter plainte pour moi.
Tu ne sais pas si t’accompagner au commissariat est vraiment la moindre des choses, mais c’est à l’aune de tout ce qu’elle t’apporte depuis qu’elle t’a rejoint. Tu en ferais autant pour elle, pour tes amis, mais… Pourquoi c’est si compliqué d’accepter que d’autres puissent faire des choses pour toi ? Veuillent réellement t’aider ? Le fait est que tu n’as jamais vraiment pu compter sur quelqu’un d’autre que toi et ta mère, c’était plus simple de fermer toutes les portes, de fonctionner à deux. Maintenant que tu commences à les ouvrir… tu as l’impression de découvrir un monde nouveau. Kayla s’énerve quand tu essaies de lui expliquer ta façon de voir les choses. Ce n’est pas elle qui est en cause. Tu la rejoins, t’assois à côté d’elle au bord de l’eau. Le cadre est enchanteur, à des lieues de la tonalité de votre conversation. Tu l’écoutes avec attention, et ça te touche profondément. Toi qui as toujours l’impression de ne pas compter, que si tu disparaissais du jour au lendemain… eh bien, ce ne serait pas si une grande blessure – ce qui n’était pas plus mal en un sens, même si c’était douloureux. Tu fixes les eaux du lac qui viennent s’échouer à tes pieds. Un soupir t’échappe.
— Je crois… ça fait partie des choses qui sont un peu cassées, le fait que je n’ai pas confiance en moi. Que je pense que je ne suis pas important pour mes amis.
Tu lui souris.
— Mais je le sais maintenant, et je suis vraiment heureux d’avoir pu t’aider.
Tu secoues la tête en entendant la phrase qui suit, lui réponds doucement :
— Non, je n’en aurai jamais marre.
Tu admets cependant que tu as besoin qu’on garde un œil sur toi, et c’est peut-être la première fois que tu le reconnais à voix haute. La première fois aussi que tu ne te reproches pas de ne pas être capable de t’en sortir seul. Sa phrase sonne comme une promesse, et tu sais qu’elle la tiendra. Elle ne répond pas et tu ne relances pas. Les bras autour de tes genoux, tu te perds dans la contemplation du lac. Le calme vous entoure, l’eau clapote doucement à vos pieds tandis que le soleil entame sa descente derrière l’horizon. La paix du moment t’aide à te relâcher, de même que le soutien muet qu’elle continue de t’offrir. Parfois, tu vois des larmes sur ses joues, et tu lui souris doucement en guise de réconfort, assis aussi près d’elle que tu en es capable, le cœur bien moins lourd que quelques heures plus tôt, que ces trois dernières années peut-être. Enfin, tu as réussi à partager tes blessures les plus profondes ; enfin, tu as réussi à déposer une part de ton fardeau entre des mains bienveillantes et amicales, qui veilleront sur toi et tes secrets. Merci.
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Spoiler:
On the run, falling to the depths
Do you know what it's like when You wish you were someone else Who didn't need your help to get by ? Do you know what it's like To wanna surrender ?
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