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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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I'm here to explain ♛ William & Rachel :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Jeu 15 Juil - 2:35
Nice to meet you, sir
« Sometimes, we find alliances where we never expected to »
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Troisième étage
Bureau de  @William Ombrage


*Tirant sur ma jupe, j’avance doucement dans les couloirs du ministères. En jetant un regard à ma montre, je constate que j’ai environ 20 minutes d’avance. Perchée sur mes escarpins, ma démarche est maladroite et peu assurée. Je reste au bord du mur, m’assurant de ne gêner aucune âme qui souhaiterait emprunter le même chemin que moi. Silencieuse, observatrice, je regarde le petit carnet dans lequel j’ai noté « William Ombrage - 3ème étage du Ministère - 10h30 ». Mon écriture penchée me remémore ce que je n’avais pourtant pas oublié, mais dont je doute. Mon anxiété n’était pas au beau fixe. J’avais entendu parlé de William Ombrage. Il n’était pas le plus effrayant des hommes dont on m’avait parlé, mais il n’y avait rien de rassurant non plus dans ce que l’on m’en avait dit. Un homme strict et d’apparence froide. Pas franchement le genre d’homme qui vous mettait à l’aise.

Et puis, contrairement à Monsieur Slughorn, pour qui il s’agissait plus d’une première vision, celle d’un ours un peu bourru au coeur finalement des plus tendres, je craignais que ce ne soit, ici, pas que des apparences. Je n’étais qu’une née-moldue, une étudiante en 6ème année à Poudlard, quel légitimité avais-je à demander quoi que ce soit ?

Et pourtant, j’avais pris mon courage à deux mains. La page voisine de celle où était inscrit toutes les informations liées au lieu et à l’heure de mon rendez-vous était, elle-aussi, couverte de mon écriture. Celles-ci sont le fruit de ma réflexion. Une pensée nostalgique pour mes frères et soeurs m’envahit. Je repense à Nepenthéo et sa soeur, ma nouvelle famille, qui m’avait accueilli à bras ouvert. Et si je pouvais affirmer sans mentir qu’ils étaient véritablement devenue une famille, en une année à peine, il aurait été hypocrite d’affirmer que ma fratrie ne me manquait pas. Si mes parents s’étaient montré cruel, sans pitié, je savais que, jamais, ô grand jamais, mes frères et soeurs n’auraient cautionné leur action, ne m’auraient regardé, dans ce sous-sol, sans rien faire.

Si mes parents méritaient d’oublier, et que jamais je ne voulais les revoir, ce n’était pas le cas du reste de ma famille proche. Les plus jeunes ne se souviendraient pas de moi, cela m’attristait, mais ces cinq années à Poudlard m’avait éloigné d’eux. Mais tous ceux âgés de plus de 9 ans aujourd’hui étaient mes trésors. J’avais bercé les plus jeunes, partagés des instants complices avec les plus âgés. Ils avaient été mis au courant de ma magie, et si mes parents la rejettaient, eux, écoutaient mon histoire avec attention.

Ils étaient pourtant bien les seuls que je désirais sauver de l’oubliette. Je n’avais pas vraiment gardé de contact avec mes amis de l’école après être entrée à Poudlard, il se souvenaient à peine de moi, et ne connaissaient pas ma magie. En revanche, en ce qui concernait mes parents et les prêtres de ma paroisse… Ma pensée était bien plus violente. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ils étaient des personnes en qui j’avais confiance. Je ne croyais plus en la religion chrétienne comme mes parents l’auraient souhaité depuis mon admission à Poudlard, ils avaient cessés de me donner de l’affection en apprenant ma différence… Mais ils restaient mes parents. Quels genre de personne ignoble pouvaient regarder son propre enfant souffrir comme j’avais souffert sans dire un mot ? Comment des Hommes, prêchant la tolérance et l’amour de Dieu avaient-ils pu à ce point voulu détruire l’une de ses « enfants » ? L’oubliette était trop facile pour ces gens-là. C’était, néanmoins, la moindre des choses. Mes parents n’avaient pas de regret, à m’avoir envoyé dans cet institut. On leur avait sûrement dit que leur sacrifice protégerait leurs autres enfants, et toute l’humanité. Quelles conneries, en y repensant.

Mes pas me portent jusqu’au bureau qu’une secrétaire m’a indiqué. Perdue dans mes pensées, je n’avais pas vu la marche, pourtant très maladroite, qui m’avait amené ici passer. J’avais fait en sorte de m’habiller correctement pour cette entrevue. Voilà pourquoi j’avais enfilé un haut fleuris allié à une jupe droite crème, qui descendait jusqu’aux genoux. J’avais emprunté la jupe et les escarpins à une amie de la maison, afin d’être suffisamment élégante pour me présenter devant un homme si important. J’hésite d’ailleurs à toquer à sa porte. C’est ce que je finis par faire, et soupire presque de soulagement en tombant sur sa secrétaire. J’avais prévu un peu plus de temps pour remplir les dossiers administratifs, comme l’avait dit M. Ombrage dans sa lettre. Naturel et souriante, la secrétaire me présente quelques papiers, me les fais lire, puis signer, avant de m’assurer qu’elle va prévenir M. Ombrage de ma présence. Elle revient ensuite dans son bureau attenant avec un sourire qui se voulait sûrement rassurant.*

« Il vous attend, Miss White. »

*Je hoche la tête, et me lève, un peu soudainement. Mon pas est raide, et je déglutis en toquant à la porte. Une voix grave me dit d’entrer, ce que je fais. La tête baissée, l’air docile, j’entre, en tenant mon carnet entre mes deux mains, devant moi.*

« Bonjour Monsieur. Je… Hmm, Rachel White. Pour… »


*Je me pince les lèvres. Ce n’est pas simple à dire, mais je prends mon courage à deux mains, inspire un grand coup, avant de me redresser. Tu es une Gryffondor, ma fille, fais honneur à ta maison, bon sang !*


« A propos de mes proches moldus à oublietter, suite à ma captivité au centre des Terry. »


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Jeu 15 Juil - 23:59
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13 octobre 2020

Quand les membres du personnel du Ministère confiaient des tâches à d’autres membres du Ministère, c’était toujours des choses qu’il valait mieux faire… et bien faire. Mais j’avais pour principe de toujours faire mon travail correctement. J’avais eu la chance de pouvoir gravir les échelons rapidement au sein du bureau des oubliators, ce n’était certainement pas pour passer du statut de celui qui a été le plus jeune sorcier devenu chef de bureau à un statut honteux. Certainement pas. Mon image et ma réputation, j’y tenais. Beaucoup.
Ma femme m’avait parfois un peu taquiné sur le fait que j’étais toujours tiré à quatre épingles, même pour les journées les plus banales, mais tendance à penser qu’une journée banale pouvait très bien devenir extraordinaire si le destin s’en mêlait. Après tout, je n’avais jamais réticent pour les surprises que la vie pouvait nous réserver… bien que, pour certains cas, ces derniers mois, j’avais tout de même tendance à me montrer un peu moins réceptif. Sans doute était-ce le signe que je me trouvais au seuil d’un nouveau cap de mon existence.
Bien sûr, je savais aussi qu’une réputation avait toujours tendance à précéder les personnes ayant un tant soit peu d’influence. Aussi, depuis près d’un an maintenant que je faisais partie du Conseil d’Administration, je savais pertinemment que je faisais l’objet de toutes sortes de racontars et autres on-dit. Ce qu’il fallait, c’était pouvoir rester au-dessus de tout cela et prendre ça d’où ça venait. Mais j’avais assez bien l’habitude de n’accorder aucune importance à certaines personnes et à certains propos… le monde, qu’il soit magique ou non, comportait toujours son lot d’imbéciles et son lot d’incapables, alors il était important de pouvoir se tenir à l’écart de ceux-là.

Alors voilà, quand la missive de la jeune femme était arrivée à mon bureau, apportée par un hibou un peu taquin, pour me confirmer la date et l’heure de l’entrevue, je n’avais pas perdu de temps pour lui répondre, en lui donnant les quelques indications nécessaires pour qu’elle puisse trouver aisément mon bureau. C’était une procédure assez classique, somme toute, et je n’avais pas vraiment prêté plus attention que cela à cette affaire. Le contexte m’avait été donné par Eleazar, le sorcier qui avait demandé que cette entrevue puisse avoir lieu, et il me semblait qu’il y avait eu pas mal de jeunes sorciers et sorcières qui avaient été libérés lors de l’attaque de l’institut. Je me souvenais bien de ce jour-là, j’avais fait partie, de manière peut-être un peu improbable, d’une équipe dont j’avais parfois l’occasion de croiser les membres. Nous avions tout de même réussi un beau tour de force.
Il fallait dire, aussi, que le Blood Circle commençait à se montrer de plus en plus hardi et de plus en plus inventif. Il avait été nécessaire de pousser un peu la recherche pour découvrir les parades idéales contre les armes et les technologies nouvelles que possédaient nos ennemis moldus.
Une victime de plus ou une victime de moins, très franchement, ça ne faisait plus une bien grande différence… Mais il y avait ici des circonstances particulières. Des parents moldus qui avaient retourné leur veste et s’étaient ligués contre leur fille. Ces mêmes parents qui devaient être oubliettés. Si j’avais pu, j’aurais suggéré de les rendre tout à fait inoffensifs, à vrai dire. Je m’étais déjà imaginé plusieurs fois ce que j’aurais fait si l’un de mes enfants avait été un cracmol… ou si Septima était allée à Gryffondor au lieu de Serpentard… et j’en étais arrivé à la conclusion que j’aimais trop Marcus et Septy pour vivre sans eux. C’était déjà assez difficile comme cela. Je n’étais pas comme certains sorciers au sang pur qui cherchaient à tout prix à garder une lignée qui soit la plus immaculée possible… J’étais de sang mêlé, même si j’avais été élevé selon les valeurs et les préceptes des sorciers de sang pur une fois que j’étais arrivé en Angleterre. Alors, forcément, une part de moi ne pouvait pas adhérer à cent pour cent à ces idées-là.

Dans mon agenda, Ariane s’était empressée d’ajouter ce rendez-vous, prévu à 10h30. Elle avait annoté l’heure en ajoutant une flèche et le mot TEA écrit en lettres capitales. Il n’y avait pas si longtemps que cela qu’elle était ma secrétaire, mais elle savait que j’aimais le thé et que j’appréciais pouvoir en proposer aux personnes que je recevais. Ariane, pour cela, était bien différente de la secrétaire qui l’avait précédée : au moins, l’actuelle était plutôt souriante et sympathique. Le genre de secrétaire à qui on offrait un bouquet de fleurs pour sa fête. Ou des chocolats, cela dépendait. Mais par principe, j’avais tendance à éviter tout ce qui pouvait prêter à confusion. Chaque geste pouvait être analysé et interprété, alors je faisais en sorte de n’avoir rien à me reprocher. Je tenais bien trop à ce que ma chère et tendre puisse prendre conscience des efforts que je faisais.
Est-ce que cela pourrait changer quelque chose ? Je n’en savais rien. Mais je lui avais dit que j’étais prêt à tout pour qu’elle revienne et cela impliquait de respecter le fait qu’elle m’ait fait part de ce qu’elle ne pouvait plus accepter.

10h20.
La jeune femme n’allait pas tarder. Je pris une gorgée d’eau pour ne pas avoir à boire devant elle, puis je redressais certains objets sur mon bureau. J’aimais que tout soit parfaitement rangé et aligné méticuleusement. Je refermais ensuite l’agenda parcheminé pour le remettre sur le côté de mon bureau et je me levais quand j’entendis frapper à la porte. Celle qui donnait sur le secrétariat et non celle qui donnait sur la salle où mes subordonnés travaillaient.
« Je vous en prie, entrez. » Je lui indiquai un fauteuil en face du mien. « Installez-vous, miss White. » Tout cela était assez protocolaire, mais je me voulais professionnel. Hors de question de gâcher une occasion de bien faire les choses.

Elle m’expliqua brièvement ce que je savais déjà et je l’écoutais poliment, par pure courtoisie.

« J’ai lu le rapport sur cette histoire. Vous avez eu de la chance, il me semble. » Au vu de ce qui avait été découvert dans cet institut, cette jeune fille avait dû subir des choses qui devaient l’avoir quelque peu secouée, pour ne pas dire traumatisée. « Pardonnez ma curiosité, mais… vos parents étaient au courant de ce qui se passait, alors ? »

J’aimais comprendre les choses. Et les motivations des gens. Or, là, il y avait quelque chose qui m’échappait, je ne parvenais pas à me mettre à la place des parents de la jeune femme. Peut-être que j’étais trop différent de ces gens-là ?
Je n’étais pas un moldu, mais j’étais moi-même père de famille. Et il me paraissait très difficile à concevoir que des parents puissent faire quelque chose de semblable à leur enfant. Mais j’étais peut-être un peu trop aimant ou un peu trop papa poule avec ma progéniture… je ne pouvais pas le dire moi-même, ça, j’étais bien trop concerné. Cela dit… mon grand-père mis à part, je ne connaissais pas grand-monde qui aurait pu infliger des traitements cruels à ses propres enfants. Mais, à la réflexion, ce n’était pas non plus un sujet qui devait s’aborder facilement dans des réunions diverses… Personne n’allait se vanter d’être un parent violent, que ce soit physiquement ou psychologiquement. Violent, je pouvais l’être, ça oui, parfois même, cela me plaisait… mais il s’agissait toujours de situations particulières. Jamais je n’aurais fait de mal à mes gosses. C’était une certitude.

« Vous n’êtes pas obligée de me répondre dans les détails, miss White. Je ne suis pas là pour vous faire passer un interrogatoire ou pour vous faire revivre tout cela. Mon travail est de vous aider… mais je suis curieux, simplement. »

Je me voulais rassurant, bien sûr. D’ailleurs, qu’y avait-il de mieux pour détendre l’atmosphère qu’une bonne boisson chaude. Ariane avait préparé ce qu’il fallait et je n’avais donc qu’à proposer à la jeune Rachel.
« Vous aimez le thé ? Je peux vous en préparer, si vous le souhaitez. Nous serons plus à l’aise pour aborder tout cela. »

Je me levais pour aller préparer ce qu’il fallait après sa réponse. J’avais une chance inouïe d’avoir une telle perle comme secrétaire. Il était évident que celle-ci, je comptais bien la garder le plus longtemps possible. Elle avait même pensé au sucre, au miel et au citron. Une vraie perle, vraiment.

Je revins bientôt avec le tout, pour servir le thé.

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Anonymous
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Ven 16 Juil - 18:26
*Avant l’année de mes 17 ans, je n’avais jamais eu à faire au Ministère. J’étais l’une de ces sorcières sans histoire, de celle qui ne se distingue pas des autres, et qui n’en a pas spécialement envie. Je n’avais guère qu’une ambition : vivre une vie tranquille en aidant mon prochain. Pour cela, je ne souhaitais tout simplement pas m’attirer des ennuis. Ce n’était, de toute façon, pas vraiment mon genre. J’étais une fille plutôt sage et respectueuse des règles. Rien à voir avec le caractère tout feu tout flamme de la plupart des membres de ma maison.

Pendant longtemps, d’ailleurs, je m’étais sentie… Différente. J’avais eu l’impression que le choix peau s’était trompé. Pourquoi me mettre, moi, fragile petite chose, à Gryffondor, parmi les têtes brûlées ? J’étais trop calme, trop effacée pour y être vraiment à ma place. Bien sûr, je m’y étais fait des amis, qui n’oubliait jamais de me tendre la main.

Mais je m’étais surprise moi-même, pendant cette année de séquestration et de torture. Pendant ce mois, seule, j’avais été mortifiée et terrorisée. Mais j’avais encaissé, par peur, sûrement, de blesser les autres. J’aurais peut être pu trouver un moyen de me défendre avec la magie. Mais je n’étais pas comme ces monstres. Je ne voulais blesser personne. Du moins, jusqu’à ce qu’ils aillent trop loin. Désormais, ces humains n’avaient, pour moi, plus rien d’humain en eux. Torturer une jeune fille, sa propre fille, sans piper mot, ce n’était pas digne de l’humanité, trop guidé par la peur. Mais c’était en arrivant au centre que j’avais véritablement compris mon appartenance à la maison rouge et dorée. Je m’étais surprise à me lever, à m’interposer, à me montrer forte. Mais pas pour moi. Pour les autres. C’était cela, que je supportais le moins. Voir tous ces enfants, qui me rappelaient inexorablement ma fratrie que j’aimais tant, maltraités, eux aussi.

J’étais aujourd’hui une Gryffondor, et même si j’étais toujours plus réservée que la plupart des membres de ma maison, je savais que cette maison était bien la mienne. Je l’avais ressenti.

Toujours est-il que, en revenant vivante de l’enfer, ce sentiment d’appartenance n’avait pas été la seule chose qui était nouvelle. Bien sûr, si on négligeait toutes les cicatrices sur mon corps, notamment cette croix qui me rendait incapable de me déshabiller devant quiconque, même mes amies du dortoir, il y avait tout ce qui avait suivi le centre. La paperasse, l’administratif, le témoignage. Celui-ci avait été difficile, mais je le savais nécessaire.

Et comme une suite logique à ce témoignage, les moldus cités dans mon récit devrait être oubliettes. Tous ? Certains méritaient bien pire que d’être oublietter. C’était une sanction qui me paraissait si minime. Des hommes torturent une enfant, et s’en sortent en oubliant son existence ? Des parents vendent leur fille, et la regarde chaque jours souffrir, « pour son bien », et ne subissent aucune répercussion ? Qui savait ce qu’ils pourraient faire à leur autre enfants, « pour leur bien ». Mes parents n’avaient jamais cru mal faire. C’était là, à mes yeux, pire encore. Ils étaient persuadée que cette magie, en moi, qui était pourtant si merveilleuse de mon point de vue, était le démon. Mes souffrances n’étaient rien face à « la joie que je ressentirais quand j’en serais libéré ». Jamais il n’avait considérée que c’était une partie de moi, probablement celle que j’aimais le plus, d’ailleurs. J’étais fière d’être une sorcière, plus encore depuis que j’étais revenue du centre. Evidemment, tous les sorciers n’étaient pas des gens bons. Mais j’avais bien plus confiance en eux qu’en tous les moldus qui m’étaient inconnus. Seuls exception ? Ma fratrie.

C’était eux, que j’étais venu défendre, eux et leur mémoire. Je ne voulais pas que toute ma famille m’oublie. Mes parents n’étaient plus vraiment mes parents, je ne pouvais plus les voir comme tel. En revanche, mes frères et soeurs, eux, n’y étaient pour rien dans les frasques religieuses folles de Ruth et David.

Là, face à cet homme, qui m’avait été décrit comme sévère et sérieux, je me redresse, prenant mon courage à deux mains. Si j’avais pu faire face à mes tortionnaire, ce n’était pas pour courber l’échine pour défendre ce qui me paraissait juste aujourd’hui, n’est-ce pas ? Il m’indique un fauteuil, et je m’y installe en veillant à prendre une position forte, le dos droit, croisant les jambes, avec une certaine élégance que je tentais d’avoir depuis que j’avais été accueilli dans une famille aussi prestigieuse que les Slughorn. Il reprend la parole, et m’affirme que j’ai été chanceuse. Je me retiens de dire que cela dépend du point de vue. Si j’avais véritablement eu de la chance, je ne me serais jamais retrouvé là-bas. En tout cas, je hoche la tête, poliment, en le laissant continuer.

Sa question, néanmoins, me prend de court. J’avais entendu dire qu’il était père : il avait une fille qui devait être dans mon année, et que, dans tous les cas, j’avais croisé plusieurs fois. Septima, je crois.  Peut être était-ce pour cela qu’il était curieux. C’était légitime, après tout. Quel parent abandonne son enfant dans un tel lieu ? La plupart des autres sorciers avaient été capturés. Mais moi, j’avais été donné au Blood Circle par mes propres parents. Alors sa question était plutôt légitime, plus encore pour quelqu’un qui déciderait de qui devait être oubliettes. Il me rassure, en m’affirmant que je n’ai pas à répondre si je ne le désire pas, mais je lui offre un sourire assez doux, peut être un peu enfantin.*

« Non, ne vous en faites pas. J’ai eu le temps de… Digérer tout cela. Je ne sais pas ce que mes parents savaient du centre. Mais ils ont laissé les prêtres de la paroisse me… Maltraiter, sous leur yeux. Alors j’imagine qu’ils savaient au moins en partie ce qui m’arriverait là-bas. Ou qu’ils s’en doutaient. David et Ruth sont très religieux, ils pensaient faire cela « pour mon bien », que la magie en moi était un signe du diable. C’est sûrement ce qui les a aidé à me céder au Blood Circle. »

*Plus de papa ou maman. David et Ruth, deux personnes que je ne connaissais plus, que je ne voulais pas connaître, avec qui je ne voulais plus rien partager, jamais. Les souvenirs étaient trop forts, trop douloureux, pour ça.

Alors que j’inspire, avec un petit sourire calme, il me propose un thé. Je suis surprise de tant de bienveillance, il ne me paraît pas aussi froid qu’on le décrit. Bien sûr, ce n’est pas non plus un homme chaleureux. Mais je sens qu’il tente de me mettre à l’aise, et je ne peux que lui en être reconnaissante. Certains se fichaient pas mal de ce que la personne en face d’eux pouvait éprouver, il faisait leur job, sans chercher plus loin. Alors, c’est avec un sourire un peu plus fort que je hoche la tête.*

« Oui, j’aime beaucoup le thé, Monsieur. C’est très gentil de votre part. »

*Affirmais-je, hésitant à me lever pour lui donner un coup de main. Je n’aimais pas franchement me faire servir, mais il aurait été malpolie de me lever pour lui donner un coup de main, comme si je pensais qu’il était incapable de le faire seul. J’attends donc, poliment, jusqu’à ce qu’il revienne avec deux tasses fumante. Je le remercie chaleureusement, en attrapant cette fameuse tasse. Et finalement, après avoir soufflé doucement sur le liquide ambré, je me redresse, et plonge mon regard clair dans le sien, pour demander.*

« On ne m’a pas dit ce qui était attendu de moi pour cette entrevue. Que voulez-vous savoir, Monsieur Ombrage ? »

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Mar 20 Juil - 20:22
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13 octobre 2020

Le suivi des victimes des moldus était-il suffisant ? Je n’en étais pas certain… et quand je pensais au fait que le Ministère nous imposait parfois des évaluations psychomagiques après des expériences dites « potentiellement traumatisantes », je ne pouvais m’empêcher de songer que les gallions dépensés pour ça pourraient être investis pour aider des sorciers ayant été enlevés, enfermés et violentés. Parce que réintégrer la société sorcière après tout cela, ce n’était pas le plus facile… quand c’était possible. Mais, à force, il n’allait plus y avoir assez de place au service de psychomagie de Sainte-Mangouste, alors, mieux valait prévenir que guérir, non ?
Le cas de la jeune femme que je rencontrais aujourd’hui était assez simple, en réalité, mais il soulevait bon nombre d’interrogations. Et à plusieurs niveaux.
Mon boulot, pour cette affaire, aurait pu être assez simple si j’avais été le genre d’homme à me contenter du strict minimum. Mais ça n’était pas le cas… ça ne l’avait jamais été, d’ailleurs, et c’était ce qui, professionnellement, m’avait sans doute permis de me hisser là où j’en étais aujourd’hui.

Bien sûr, il aurait très facile de retrouver les parents de cette jeune fille, de les oublietter proprement et de remplacer les nouveaux vides par des souvenirs factices. Ce genre de procédure, ça se faisait tous les jours… et il ne fallait pas être chef de bureau pour parvenir à un bon résultat. J’aurais pu confier ça à n’importe lequel de mes subordonnés… mais le cas de Rachel White était particulier : cette histoire touchait de très près le Blood Circle et je ne pouvais décemment pas laisser n’importe quel oubliator lambda se charger de ce nettoyage.
A vrai dire, si j’avais pu décider moi-même, j’aurais surtout interrogé ce couple moldu, pour lui faire cracher le morceau. Certains mangemorts étaient doués pour la légilimancie, dont ma chère et tendre épouse, mais les moldus de ce genre-là, très franchement, j’avais envie de me passer les nerfs sur eux. J’avais suffisamment d’idées et d’imagination pour délier les langues même les plus sèches. Il ne me fallait pas grand-chose, pour l’aspect matériel, bien souvent, je me contentais de ce que l’on pouvait trouver facilement dans tout foyer : un couteau, un éplucheur économique, des cigarettes… mais il m’arrivait, bien sûr, de faire usage de l’un ou l’autre sortilège, aussi. Tout dépendait de ce que j’avais envie d’obtenir ou de ce que j’avais envie de faire.

Cela dit, il y avait quelque temps déjà que je n’avais plus eu à torturer quiconque. Et peut-être que cela me manquait un peu, au fond. Il y avait quelque chose de très cathartique dans cette activité et je l’avais toujours pratiquée à l’instar d’un artiste qui remplissait une toile, faisant de chaque expérience une véritable œuvre d’art… Mon côté esthète et minutieux me plongeait facilement dans l’état d’esprit idéal pour mener à bien de telles séances. Mais à l’heure actuelle, les seules personnes à qui j’avais envie de faire du mal n’étaient pas des gens que je devais interroger… cela revenait, au fond, à avouer mon goût pour la violence et mon caractère parfois rancunier, mais je préférais éviter de me fourrer dans des ennuis du genre. Ma vengeance viendrait quand le moment serait venu. Alors, je n’aurais même pas à intervenir, je pourrais me contenter de regarder la déchéance de ces piètres personnes pour les piétiner mentalement. L’aspect psychologique était bien plus pesant que la douleur physique, la plupart du temps, et voir s’effondrer des imbéciles, cela me ferait très certainement passer un excellent moment. Je préparais cela avec le plus grand soin, depuis plusieurs mois déjà, et je comptais ne négliger aucun détail.

En attendant, cette jeune fille n’était pas ici pour me regarder penser. Et je me devais de rester à peu près concentré. Il était hors de question de commettre le moindre impair… mais cette affaire ne me laissait pas indifférent. Même Marcus, qui pourtant pouvait se révéler aussi détestable que possible, ne m’avait jamais donné envie de lui retourner la cervelle. Ni même le frapper. Je n’avais jamais levé la main sur mes enfants et je ne le ferais jamais. Pour l’avoir vécu moi-même, j’avais parfaitement conscience de ce que pouvait impliquer ce genre « d’éducation ». Je ne voulais pas cela pour Marcus ni pour Septima. Surtout pas.
A l’heure actuelle, on plaçait des jeunes sorciers en famille d’accueil pour moins que cela. Je n’avais jamais voulu acquérir un statut de ce genre, même si le manoir familial était largement assez grand pour accueillir deux ou trois jeunes « réfugiés »… Je n’étais pas connu pour être le plus généreux des hommes et j’avais toujours fait en sorte de rester discret sur bien des points. Alors voilà, j’avais passé mon tour lorsqu’il y avait eu cet appel aux volontaires. De toute manière, la réputation que cette empotée de Dolores, ma petite cousine, avait conférée à mon patronyme avait encore la vie dure, parfois et il fallait bien souvent que je remette les pendules à l’heure. Surtout auprès des sorciers qui avaient eu cours avec elle lorsqu’elle s’était retrouvée à enseigner la Défense contre les forces du Mal à Poudlard. Prestigieux collège de magie et sorcellerie… ouais, eh bien j’étais plutôt content de ne jamais eu à m’y trouver pour écouter les bêtises de cette bonne à rien.

Était-il malvenu de poser des questions peut-être quelque peu indiscrètes à cette jeune femme ? Je n’en savais rien. La bienséance et les convenances m’auraient sans doute été rappelées brutalement si j’avais tenté quelque chose de tel sous le regard sévère et cruel de mon grand-père. Mais ne disait-on pas « Autre temps, autres mœurs » ? J’étais certes devenu un homme ayant une excellente connaissance des bonnes manières et des conventions, mais ce n’était pas cela qui me caractérisait le plus, du moins pas à mes propres yeux. Tout cela, même si c’était important, ce n’était pas le fondement d’une personnalité et s’il était peu probable de trouver qu’une personne n’ayant aucune manière soit quelqu’un d’abordable, l’inverse ne faisait pas pour autant une vérité universelle non plus. Cette jeune fille, Rachel White, en cela, faisait preuve de cran. Ce n’était pas donné à toutes les jeunes personnes de son âge d’oser venir comme cela, seule, pour me rencontrer. Je préférais penser que c’était parce que mon visage et mon nom étaient connus grâce à la presse – ou à cause d’elle, au fond, selon les cas – et non pour une quelconque autre raison.
Quand je la regardais, je ne pouvais m’empêcher de penser à mes propres enfants. Il y aurait sans doute eu des remontrances bien différentes de celles qui avaient eu lieu lors de la libération de ces jeunes prisonniers si cela n’avait tenu qu’à moi. Je n’avais jamais été un fervent partisan de l’extermination pure et simple des moldus, mais je tenais à rétablir l’ordre des choses et à les remettre à la place qui leur revenait de plein droit. Au sein des mangemorts, cela faisait de moi une sorte de progressiste puisque je ne suivais pas la ligne directrice que des conservateurs rétrogrades comme Phoebus Malefoy pouvaient défendre : massacrer des moldus, puis les cracmols… l’étape suivante étant les sang-de-bourbe, puis les hybrides… Une idéologie qui ne pouvait, à mes yeux, plus être d’actualité désormais, mais qui avait fait son temps, sous le règne du Seigneur des Ténèbres.
Ce sorcier au sang pur, qui ne jurait que par la pureté et la supériorité de celle-ci, aurait tôt fait de faire un sort d’une jeune fille fragile comme elle. N’avait-il pas déjà montré de quoi il était capable, après tout ? Sa violence n’avait aucune limite… et quand il avait bu, c’était encore pire… C’était aussi pour cela qu’à la soirée donnée à Poudlard par le Conseil d’Administration, je m’étais efforcé de garder toujours un œil sur Septima. Puisque Phoebus n’était pas loin d’elle, il aurait eu tout le loisir de s’en prendre à ma fille pour m’atteindre. Il en était capable, ce n’était pas nouveau.

Enfin, soit. Rachel White m’exprima donc son point de vue, évoquant des prêtres, de la maltraitance… une histoire de diable, aussi, comme si diaboliser la magie et les sorciers allaient amener les moldus vers une sorte de progrès.
« Désolé pour la comparaison, mais ça me fait penser à la période de l’Inquisition… vous avez peut-être étudié cela en histoire de la magie… Les moldus se sont toujours servis de la religion pour justifier des actes qu’ils ne sont pas capables d’assumer. » Si les cours d’étude des moldus n’avaient jamais vraiment retenu mon attention, l’histoire de la magie, c’était autre chose. Et j’avais beaucoup lu sur le sujet de cette fameuse « chasse aux sorcières ». Au fond, les moldus avaient même éliminé des gens qui n’avaient rien de sorcier en eux, mais qui étaient juste là, à mener une vie un peu en marge de leur société.

Je n’ajoutais cependant rien sur le sujet pour le moment. Les idées se précipitaient un peu dans mon esprit et lorsque ma pensée en arborescence commençait comme cela, il me fallait une bonne dose de concentration pour canaliser le tout. Aussi, le thé vint à point nommé.
Deux tasses furent posées et, bientôt, remplies avec le liquide ambré et brûlant. Elle allait peut-être trouver que j’avais des goûts de luxe, mais cela n’avait aucune importance. « Je ne vous ai pas laissé le choix, mais vous allez déguster un Kabuse Shincha du Japon. » C’était un thé vert, réputé comme étant un grand cru aux notes vives et au goût puissant.
On me trouvait parfois un peu maniéré quand il s’agissait de thé, mais j’avais toujours apprécié la qualité et la finesse des thés rares, donc chers. Cela dit, je ne manquais pas de moyens et mes dépenses en thés n’avaient jamais dérangé personne… et surtout pas mes invités.

Ce fut au moment où nous allions pouvoir savourer le Kabuse que la demoiselle me posa la question que j’attendais peut-être un peu plus que ce que je n’avais daigné montrer jusqu’alors. Ce que je voulais savoir… Mon premier réflexe aurait été de répondre « Tout, absolument tout ». Car j’étais curieux aussi bien des lieux, que des noms, des visages, des méthodes, des ressentis et des angoisses… j’avais envie de connaître un maximum d’informations sur nos ennemis, pour mieux pouvoir les cerner et, ensuite, les prendre à leur propre jeu. Mais je m’abstins de ce genre de questionnements, préférant opter pour quelque chose de plus discret.
« Vos parents étaient en contact avec le Blood Circle depuis longtemps ? Avez-vous entendu des noms de membres de cette organisation ? »
Devant moi, le parchemin déroulé où je m’apprêtais à prendre quelques notes n’attendait que les informations pour pouvoir se couvrir de mon écriture fine.
« Avant d’oublietter votre famille, je dois vous demander : pensez-vous que vos parents puissent nous apporter des informations utiles pour la lutte contre ces moldus extrémistes ? »  
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Mer 21 Juil - 3:00



*Déjà calme et polie de nature, face à un homme comme William Ombrage, je devenais cette gentille petite élève parfaite. Je n’avais pas les meilleurs résultats, mais j’étais souvent une élève appréciée des professeurs de par mon tempérament. On aurait seulement pu me reprocher d’être trop effacée, de ne pas assez participé. Au delà de ça, j’étais consciencieuse, sérieuse, studieuse et respectueuse de l’autorité. Alors, à cet instant, dans ma tenue que j'avais voulu aussi professionnelle que possible -quitte à porter d'insupportable escarpins, je faisais tout pour paraître plus adulte que je l'étais, et aussi professionnelle qu'une étudiante de 6ème année pouvait l'être.

J’avais entendu les rumeurs sur William, mais aussi sur sa cousine, évidemment. Mais plus sur sa cousine que sur lui. Enfin… Celles sur William était différentes. Pas très… Bon, disons qu’il n’était pas connu pour être un homme très… Empathique ? En revanche, sa verve se concentrait sur les moldus. Et honnêtement… Je n’aurais pas pu dire que cela m’horripilait. Peut être que ça aurait dû. Ma famille était moldus. Mes frères et soeurs étaient de bonnes personnes, malgré les convictions de nos parents, ils ne les avaient jamais vraiment laissé nous éloigné, malgré mon isolement. Il y avait, bien sûr, des moldus bien. Comme il y avait des sorciers abominables. Mais il suffisait de quelques moldus horribles pour m’empêcher de mettre un pied dans une zone moldu, surtout sans faire de crise d’angoisse à cette idée. Enfin, tout cela pour dire que je ne pouvais pas blâmer William. Si je me retrouvais face à ces prêtres, avec la possibilité de leur rendre leur monnaie de leur pièce… Et même si je n’aurais sûrement pas la force de le faire moi même, serais-je intervenu si quelqu’un souhaitait leur rendre la pareil ? Probablement pas. Et pourtant, j’étais incapable de ne pas tendre la main à une personne dans le besoin, en temps normal. Mais ils avaient détruit mon esprit, suffisamment pour cela.

Enfin, toujours est-il que les rumeurs sur William n’était pas celles qui étaient les plus… Virulentes. L’horrible Dolores Ombrage était toujours moqué à Poudlard. Entre son amour irraisonné pour les chatons, son sens de l’esthétique beaucoup trop rose pour son propre bien, on parlait d’une idiote naïve qui avait succombé à la bêtise, au point d’en torturer des enfants. Pas la plus belle image, ni une très belle représentation pour la famille Ombrage, à n’en pas douter.

Mais je ne faisais pas face à Dolores Ombrage. J’étais plus que bien placé pour savoir que l’on est pas responsable des actes de nos semblable. Pourquoi craindre l’homme devant moi, alors que c’était sa cousine que l’on accusait de tous ces travers ? D’autant que, malgré tout ce que j’avais entendu sur lui, l’homme qui me faisait face, l’air impassible et réfléchit, se montrait curieux et, apparemment… Plutôt emphatique.

A sa réponse, je hoche la tête. Avec un léger sourire, et d’une voix calme et posée, je rajoute, comme pour les défendre, en réalité, pour l’expliquer pour moi-même : *

Ils craignent ce qu’ils ne peuvent expliquer. C’est même d’ailleurs pour cela que la notion de religion existe. J’ai entendu parler de ces événements, ne vous excusez pas pour cette comparaison, elle ne me paraît pas insensée.

*Oui, comment aurais-je pu ignorer l’existence de l’inquisition. Quand j’avais découvert la magie, au tout début, j’avais commencé par la cacher, parce que c’était ce genre de choses que j’avais découvert en cherchant de la magie dans des livres d’histoire. J’avais cherché, j’avais voulu savoir, d’où venaient ces capacités, si d’autres personnes étaient comme moi. En découvrant le sort qu’avaient subi des sorcières dans le passé, dans des mots si durs pour une enfant si jeune, j’avais préféré garder le secret. Et le secret avait tenu plusieurs années. Et encore plusieurs autres années s’étaient écoulés, avant que la peur de mes parents prennent le dessus sur leur amour.

Et c’est d’ailleurs, là, la suite de cet échange. Du moins, une fois le thé bien chaud déposé devant moi. J’offre un sourire un peu plus doux, plus sincère, plus grand, à William Ombrage, avant d’affirmer : *

Je suis certaine que ce sera parfait, merci beaucoup Monsieur.

*Je n’étais pas très difficile. Je prenais ce que l’on me donnait, bien contente que l’on prenne un instant pour moi, même si ce n’était que pour un mot, un sourire, un regard. Je prenais tout, et je le prenais avec plaisir. Un thé, surtout un dont le nom laissait imaginer quelques coûteux breuvages exotiques, ne pouvait donc que me plaire. C’est là, que j’ose demander ce que l’on attend de moi. Et il réfléchit un instant, avant de répondre. J’inspire un grand coup, avant de me mordre la lèvre et de secouer la tête de droite à gauche.*

En réalité…. Je doute que mes parents aient véritablement été en contact avec le Blood Circle. Leur réflexe avait été de contacter la paroisse. J’ai passé un mois, probablement dans une propriété de l’Eglise, avant de partir pour le Centre. J’ai entendu plusieurs prénoms, mais pas de nom. Je pourrais vous les lister, et vous faire quelques portraits robots, si cela peut vous aider. Je dessine un peu et ma mémoire n’est pas mauvaise. Ou peut être serait-ce plus simple de passer par… Une pensine ? Ce sera surtout… Des infirmiers, des petites mains. Toutes… Les expériences étaient faites devant un miroir sans teint. Sûrement pour ne pas que l’on puisse les retrouver, justement.

*Confier ces souvenirs était un immense pas en avant, pour moi. En parler, et confier les souvenirs en tant que tel, c’était énorme. Certes, je ne comptais pas partager les moments les plus douloureux, seulement les visages, les prénoms que j’avais entendu. Mais c’était déjà énorme. Quant à sa question suivante, je posais une main sur le carnet qui reposait sur mes genoux, avant de froncer les sourcils.*

Honnêtement, je ne pense pas. En revanche, il y a une chose dont je voulais vous parler. Je me fiche de Ruth et David. Je trouve qu’ils ne méritent pas d’oublier, d’être torturée par les souvenirs de leur fille torturée sous leur yeux, pendant le reste de leur vie. Mais je comprends qu’il faille les oublietter. Il ne m’intéresse pas. En revanche… J’ai des frères et soeurs. Certains sont grands. Mon premier frère a 16 ans.  Les suivants ont 14, 13 et 10 ans. Et je… Ils ne m’ont jamais fait le moindre mal. Au contraire. Ils écoutaient, avec des étoiles dans les yeux et beaucoup de discrétion, toutes les histoires de magie que je leur contais. Je ne veux pas qu’ils m’oublient. Ils n’en parleront à personne, j’en suis certaine, ils ne l’ont pas encore fait, c’est bien une preuve qu’ils ne le feront pas ! Je suis venue ici pour vous parler d’eux. J’ai déjà tout perdu cette année. Je vous en prie, ne me laissez pas perdre ceux qui m’ont toujours soutenu, que j’aime tendrement, ma véritable famille, ceux qui ne me feront jamais de mal.

*Je suis émue, par l’idée de perdre ces personnes qui comptent tant pour moi. Pourtant, si mes yeux bleus sont humides, aucune larme ne vient mouiller mes joues. Au lieu de cela, je me redresse, même, afin d’inconsciemment prendre une position plus forte. Je serre le poings, contre mon carnet, et en le regardant dans les yeux, j’ajoute.*

J’ai conscience que ce que je vous demande est contraire au protocole. Mais vous savez comme moi que si cette histoire a été confié au chef des oubliators, et pas n’importe lequel de vos hommes, c’est que sa complexité nécessite réflexion. Je… Je ne sais pas si vous avez des frères et soeurs. Je sais que les relations fraternelles ne sont pas simples pour tout le monde. Mais pour moi… Mes frères et soeurs ont été tout mon monde, pendant tant d’années… Je ne vous parlerais pas des plus jeunes. Ils ne pourront pas garder le secret pour nos parents, ce serait trop compliqué, je ne vous demanderais rien pour eux, aussi douloureux que cela puisse être… Je l’accepte. Mais je pense que mes deux frères, de 16 et 10 ans,  et mes deux soeurs, de 14 et 13 ans, sont assez grands pour ça.  Je ne veux pas devenir une parfaite inconnue à leur yeux. Je peux pas devenir une inconnue pour eux.

*Mon souffle était peut être plus fort, et j’observais l’homme qui me faisait  face dans le calme. Pourtant, au fond de moi, j’étais terrorisée. Oser parler comme ça à un homme de son statut ? Avant, ça ne me serait jamais venu à l’idée. Mais ce n’était pas le moment de me cacher, de fuir, ou de me soumettre aux autres. Je devais parler, pour moi, et pour eux, qui ne pouvaient pas s’exprimer dans cette histoire. C’était mon rôle. Et peu importe les craintes que j’avais, vis-à-vis de sa réaction, ce qui se devinait sûrement, si l’on était attentif à ce petit déglutissement qui venait de glisser de ma gorge. J’attendais maintenant la sentence, comme un prisonnier attends son exécution. C’était de ces mots que dépendrait la suite de… De tout. Si je devenais une inconnue face à ces personnes si importantes pour moi…. Mon coeur se briserait, encore une fois. Mais pourrait-il s’en remettre, cette fois-ci ? Je n’en savais tout bonnement rien du tout.*
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Mar 27 Juil - 23:25
I'm here to explain ♛ William & Rachel WillouRach

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13 octobre 2020

Je n’avais pas souvent l’occasion de recevoir de si jeunes personnes dans mon bureau, c’était même plutôt rare… Bien souvent, je me retrouvais face à des adultes, sorciers et sorcières qui cherchaient à obtenir de l’aide ou des réponses, parfois des pistes, aussi… Et encore, dans la plupart des cas, je laissais les cas les plus habituels à mes subalternes. Je n’avais pas forcément envie de tout déléguer, mais il le fallait parfois. Surtout depuis bientôt un an, lorsque j’étais entré en fonction au Conseil d’Administration. Je n’avais pas vraiment laissé les rumeurs m’empêcher d’avancer. Ici, au Ministère, il y avait les mauvaises langues qui pensaient tout savoir mais qui ne savaient rien, au fond… et ceux qui parlaient de moi comme d’un Don Juan ou d’un Valmont en puissance ne savaient rien non plus. Je n’avais jamais fait étalage de mes aventures extra-conjugales et, depuis que ma femme était partie, c’était encore moins le cas. J’avais compris, depuis, que tout cela n’était que des passades, des parenthèses… Rien de bien important, c’était même tellement futile qu’à présent, je n’en ressentais même pas le moindre manque. Comme si, vraiment, tout cela n’était rien.

Ma petite cousine, la fille d’un cousin de mon père, je l’avais reniée depuis bien longtemps. Son manque de goût, son manque de subtilité, son manque de… tout, au fond… Tout cela la rendait si lointaine, c’était tellement loin de moi… Elle était une erreur. Elle n’avait rien à faire dans notre famille. Même mon paternel, aussi aveuglé par l’amour qu’il eût pu être, méritait bien plus que Dolores de vivre. Sur l’arbre généalogique, cette vieille fille faisait tache. Elle était typiquement le genre de personne détestable et détestée… et j’aurais franchement aimé qu’elle eût trouvé un mari, ne fût-ce que pour changer de nom en prenant officiellement le sien. Mais même le pire des abrutis ne se serait jamais risqué à essayer de séduire une imbécile pareille.
J’étais assez peu au courant, somme toute, des rumeurs et autres bruits de couloir. On me les rapportait, bien souvent, mais je ne les analysais qu’après coup, quand j’avais eu l’occasion d’avoir le recul nécessaire et un point de vue un peu moins orienté. Il m’importait d’être au courant des choses importantes, aussi fallait-il que je puisse entendre ce qui se disait pour pouvoir ensuite voir ce qu’il en était.

Je n’avais pas vraiment d’idée de ce que pouvait avoir entendu la jeune femme à mon sujet, mais il fallait que je fasse mon job et que je le fasse bien. J’étais minutieux dans tout ce que j’entreprenais, mais c’était encore plus vrai dans mon travail. J’avais cette habitude de toujours viser la perfection, dans tout ce que j’entreprenais, et cette fois-ci n’échapperait pas à la règle. Je ferais preuve d’acribie, de rigueur et de professionnalisme pour faire de cette affaire quelque chose d’exemplaire…
L’aide aux victimes du Blood Circle passait par toute une série de mesures. J’avais soumis l’idée, à une réunion du Conseil d’Administration, de faire des soins aux victimes de ces satanés moldus une priorité, notamment à Sainte-Mangouste, en ouvrant ce nouveau département spécialisé… ce qui avait été fait, depuis. Mais il manquait certainement de temps et de moyens pour que les choses soient vraiment efficaces. Et tant que les moldus disposeraient de technologies contre lesquelles la magie semblait impuissante, il allait falloir, aussi, alimenter la recherche.

J’avais toujours beaucoup de choses en tête et ce n’était pas toujours évident de faire le tri. C’était là une des difficultés que rencontraient beaucoup de gens comme moi, et la concentration était ce qui pouvait aider le plus. Mais ce n’était jamais gagné d’avance. On s’y habituait, bien évidemment, mais les idées qui s’enchaînaient sans fin, c’était assez perturbant et usant, au tout début. J’étais alors comme propulsé dans un immense couloir où chaque porte menait à d’autres portes, etc. C’était aussi bien un atout qu’une faiblesse, selon les situations, car je pouvais prendre des chemins assez alambiqués pour résoudre des choses simples et je pouvais imaginer tant de déroulements possibles pour une seule et même affaire que, finalement, c’était plus difficile qu’autre chose de m’extirper ensuite de ces pensées envahissantes.
La nuit, il m’arrivait de continuer à penser de la sorte, je n’arrivais pas toujours à me sortir d’une suite d’idées et de pensées débutées plus tôt dans la journée. Le pire, c’était cette drôle de période, l’an dernier, où j’avais peut-être un peu trop consommé de potions de l’œil vif pour tenir le coup et faire tout ce que j’avais à faire, parce que les journées étaient décidément bien trop courtes. Il y avait toujours beaucoup à faire, beaucoup à dire, beaucoup à lire… et le temps filait à une vitesse grand V. Même mon retourneur de temps allait finir par perdre le bon sens dans ces circonstances… Alors, j’avais fini par déléguer certaines choses.
Mais cela n’avait pas été suffisant. Je n’avais pas pu faire en sorte d’être plus souvent au manoir ou d’être plus souvent auprès d’Elianor. Et c’était là qu’avait commencé la glissade vers ce qui nous était arrivé ensuite. Ma femme me manquait. C’était un fait. Nous allions fêter nos vingt-quatre ans de mariage, quand elle était partie. C’était une situation qui me rongeait, vraiment. C’était quelque chose qui me prenait toute mon énergie et qui m’empêchait de bien me concentrer.

Elianor était toujours dans un coin de ma tête. Un rien me faisait penser à elle et je me rendais chaque jour un peu plus compte de l’impact que mon épouse avait dans ma vie. Elle était mon essence, d’une certaine façon, celle qui donnait du sens à ma vie, à mon existence… bon sang, ce qu’elle pouvait me manquer !
Elle aurait eu de bonnes idées pour gérer les parents de cette fille, sans aucun doute. Ma chère et tendre était un excellent exemple d’imagination et de finesse d’esprit. L’originalité de ses manières de faire m’avait sans doute séduit autant qu’elle tout entière… Son portrait, sur mon bureau, tirait la tête depuis des mois, maintenant, mais quand je pouvais la voir sur cette peinture, cela me faisait du bien. Même si ce n’était qu’un portrait miniature, même si elle faisait la gueule. Même quand elle était de mauvaise humeur, Elianor était la femme la plus sexy et la plus désirable que je connaissais…

Mais je n’étais pas ici pour penser à ma femme, ni à mes enfants. Même si certaines tâches les rappelaient sans cesse à mes pensées, je devais reprendre le fil, absolument.
La demoiselle avait raison, ce qui faisait peur aux moldus, c’était l’inexplicable. Certains sorciers étaient comme cela également, mais les pires, des deux côtés, c’étaient ceux qui étaient animés de certitudes fondées sur du vent. Avec des concepts comme la pureté du sang, chez nous, ou comme la religion chez eux. Et comme elle me donnait raison pour la comparaison, j’opinais. Tous les sorciers n’avaient pas pris la peine d’écouter en cours d’histoire de la magie, à cause du professeur Binns, sans doute le plus soporifique de tous les enseignants du monde sorcier. Pourtant, l’histoire donnait beaucoup de leçons intéressantes à qui était capable de les suivre.
Elle me sourit et je le lui rendis. Je me montrais bienveillant avec elle. Pas vraiment par compassion, il était assez rare que je m’apitoie sur le sort des gens, je préférais trouver des solutions quand c’était possible, mais parce qu’il me semblait que cette jeune femme avait compris quelque chose d’essentiel concernant l’esprit humain.
Le thé avait infusé et le liquide désormais coloré et fumant, dans chaque tasse, exhalait les parfums forts de ce grand cru. Je présentais alors à mon interlocutrice de quoi agrémenter sa boisson si elle le souhaitait.

« Miel d’acacia, sucre traditionnel, sucre de canne… » Uniquement des produits que j’estimais de bonne qualité. Je n’avais jamais opté pour ce faux sucre magique qui donnait du goût sans apporter de calories, parce qu’il y avait quelque chose qui, à mes yeux, dénaturait le principe même du sucre pour thé. « Ou peut-être un peu de citron ? »
Pour ma part, le Kabuse Shincha du Japon était un thé que j’appréciais nature. Parce qu’il était déjà dense comme cela, que les arômes étaient déjà à la fois vifs et doux, offrant un goût umami bien puissant…

Je repris ensuite place sur mon fauteuil en cuir de dragon, croisai les jambes et pris ma tasse tout en écoutant les propos de Rachel White. Il n’y avait pas grand-chose de nouveau dans ce qu’elle me disait là. Malheureusement. Mais peut-être qu’en creusant du côté des propriétés appartenant aux fabriques d’églises…
« Mais, dites-moi, les moldus par ici sont majoritairement anglicans… donc protestants. Or, les exorcismes relèvent plutôt du catholicisme, il me semble. C’est une pratique validée par le Vatican… que les protestants n’avalisent pas. » A force de travailler du côté moldu, j’avais eu l’occasion d’apprendre bon nombre de choses sur le mode de vie de cette vermine. Et leur religiosité avait suscité ma curiosité à plus d’un égard.
Dans mon pays d’origine, majoritairement protestant, j’avais pu avoir déjà un avant-goût de ce que les moldus trouvaient dans la religion. Je me souvenais parfaitement de ce pasteur que nous avions, mes amis et moi, un peu malmené à l’époque… Mes voyages aux Pays-Bas confirmèrent cela, et lorsque nous allions en France et en Italie, avec Elianor, j’avais pu découvrir un peu les traditions plutôt catholiques.
Je notais mentalement l’utilisation du miroir sans tain. Il m’arrivait aussi de recourir à cela. Enfin, ça m’était arrivé, plutôt, à plusieurs reprises, tant pour des interrogatoires que pour des situations un peu plus intimes. Mais pas avec mon épouse, du coup.

Aurais-je dû prendre des notes ? Je griffonnais deux ou trois petites choses, mais rien de bien intéressant de sortait des propos de la jeune femme. Et puis il y eut sa requête.
Je ne savais pas exactement où elle voulait en venir, mais elle aborda bien vite le cœur du sujet. Se foutre de ses parents, je pouvais bien la comprendre, après tout ce qu’ils avaient fait. Mais ses frères et sœurs… Une sacrée brochette de moldus, en plus, parce que ce n’était pas un ou deux frères qu’elle avait, non, c’était carrément le genre de famille moldue qui pensait que se reproduire plus allait leur offrir de meilleures places pour entrer au paradis. Presque des mormons, en fait. Mais c’était une secte plutôt localisée aux États-Unis, très peu par ici.

« Effectivement, tout cela est contraire aux normes mises en place dans votre situation.  » Peut-être qu’il pourrait y avoir un moyen, mais cela allait demander du temps et la coopération de quelques personnes. Restait à voir ce qui pouvait être le plus profitable pour notre monde.
Nous ne pouvions malheureusement pas capturer « David et Ruth » pour les interroger nous-mêmes dans nos services. Un enlèvement par les mangemorts serait une erreur stratégique qui nuirait à notre image. L’idéal, peut-être, serait de missionner des aurors pour cela… Peut-être que les soumettre au véritasérum avant de les oublietter pourrait être une bonne chose…
Quant à la fratrie nombreuse… même si je pouvais comprendre qu’elle ne veuille pas tomber dans l’oubli pour eux, mais si je m’en tenais aux faits… je pouvais tout aussi bien faire en sorte qu’elle-même en vînt à oublier sa famille.
Elle me posait même la question de ma propre situation familiale, comme pour essayer de me convaincre plus facilement. Et je sirotais mon thé. J’eus une pensée, brève, pour Erik. J’avais huit ans quand il était mort. Les souvenirs que j’en avais n’étaient que des souvenirs de gosse… Quant à Elvira… mouais… ma petite sœur avait onze ans de moins que moi, mais nous n’avions jamais été très proches durant notre jeunesse. C’était Elianor – encore elle, mais quelle femme parfaite I'm here to explain ♛ William & Rachel 1616589981 – qui m’avait poussé à reprendre contact avec Elvira avant la naissance de Marcus. Nous avions renoué, nous passions du temps tous ensemble, en famille… Et ça avait quelque chose d’agréable, oui. Les fêtes de fin d’année, surtout, même si je n’étais pas spécialement en parfaite osmose avec mon beau-frère, je savais que ça faisait du bien à mes enfants de voir leurs cousins, et réciproquement. Et puis, la région était autrement plus belle que ce que nous avions par ici…

« En soi, votre affaire n’est pas si compliquée, miss White. Il y a même des solutions très simples et très rapides. »  
Je reposai ma tasse, décroisai les jambes et fixai mon regard sur le sien.
« Vous ne devez plus penser en termes de famille, miss. C’est là le cœur du problème. Vous êtes actuellement en famille d’accueil, c’est bien cela ? Ce n’est pas pour rien… Si vos frères et sœurs se souviennent de vous comme d’une sorcière, ils seront bien assez vite récupérés et interrogés par le Blood Circle. »
D’ailleurs, la logique des moldus m’échappait un peu. Pourquoi n’avaient-ils pas essayé de comprendre, en expérimentant sur David et Ruth, comment il était possible qu’un couple moldu lambda puisse avoir une fille sorcière au milieu d’une ribambelle de mômes bien moldus ? Il y avait là une grande question à creuser, mais ils n’avaient pas l’intelligence de chercher à comprendre cela, alors que c’était bien le cœur de toute cette histoire…

« J’entrevois deux solutions possibles, actuellement. Chacune a ses avantages et ses inconvénients, évidemment. »  


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Anonymous
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Mer 28 Juil - 3:55
*Qu’est-ce que cela pouvait-il bien faire d’aimer et d’être aimé ? Si un amour supposément infaillible ne l’est pas, comment savoir si l’amour véritable, profond, sincère et éternel existe ? Comment ne pas en douter, lorsque vos propres parents ne vous aiment pas ?

Bientôt, Ruth et David oublieront jusqu’à l’existence de leur fille aînée. Et aujourd’hui, que savaient-ils encore de moi ? Il ne voyait qu’une chose, en me regardant. La magie du diable, le démon, voilà ce qu’ils avaient vu dans cette chose pourtant merveilleuse qu’était la magie. Je ne comprenais pas comment on pouvait imaginer d’une chose si incroyable qu’elle puisse être maléfique. Ma magie ne les avait jamais blessé, ni eux, ni personne d’autre. Tout ce qu’ils en avaient vu était quelques bobos d’enfants soignés et quelques fleurs d’été ayant éclot en plein hiver. Après cela, j’avais appris que nous n’avions pas le droit d’utiliser la magie avant d’être majeure et en quittant Poudlard. D’une nature plutôt docile, je n’avais donc plus jamais utilisé ma magie en dehors de Poudlard. En première année, j’avais bien amené quelques photos bougeantes, un ou deux artefacts magiques, mais rien d’incroyablement… Hors du commun. Du moins, plus pour moi.

Lorsque j’avais découvert ma magie, j’avais rapidement compris que cela ne serait pas bien vu. Et pourtant, immédiatement, j’étais tombé amoureuse de la magie, de ses possibilités, de son monde. Comment ne pas être ébloui par une chose si extraordinaire ? A l’époque, j’avais cru que seul le divin pouvait donner de tels pouvoirs. En arrivant à Poudlard, pourtant, je m’étais très rapidement éloignée de la notion divine que l’on m’apprenait pourtant depuis la naissance… Ou plutôt, que l’on tentait de marteler à coup de bible dans mon petit crâne d’enfant. Peut être, au final, que le souci venait de là pour Ruth et David. J’avais cessé de croire, et pire, j’entraînais mes frères et soeurs dans la pentes descendantes de la parjure. J’étais une apostat, une traîtresse, mais en prime de cela, je guidais les autres sur la voie du malin. Voilà probablement ce que mes parents avaient vu.

Et moi, qui avait toujours aimé les enfants, rêvés de porter les miens, de les chérir comme mes trésors les plus précieux, je n’étais plus sûre de rien. Comment peut-on ainsi traiter la chaire de sa chaire ? Comment ne peut-on pas aimer ceux qui partagent votre sang, ceux qui ont grandi aux creux de vos reins ? Je n’étais plus sûre de rien, et encore moins de l’amour, depuis ce jour où j’avais pu voir, au travers de mes yeux humides de larme, mes parents m’observer.

Peut-on aimer encore lorsque l’on a été trahi ainsi ? Qui pourrais-je seulement aimer, aujourd’hui ? Je ne voyais pas un garçon que je pourrais aimer. Mais pire encore, je ne voyais pas un seul garçon qui serait prêt à m’aimer, moi, la poupée à l’âme brisée et au corps marqué. Peut-on vraiment une femme comme ça ? Pas comme une famille. Cela, les Slughorn m’avait prouvé qu’une tendresse familiale ne s’éprouve pas que pour les gens de son sang. Cela m’avait d’ailleurs beaucoup questionné. Pourquoi des inconnus, et, qui plus est, une famille de sang-pur « conservatrice » pouvait accueillir et veiller sur un enfant dont les propres parents n’ont pas voulu ? En qui avoir confiance ? Comment savoir ? C’était si difficile, de distinguer qui pourrait vous aimer, et qui pourrait vous planter un couteau dans le dos. Ou peut être que ma naïveté et mon innocence me poussait encore et toujours à chercher le bien en chacun ?

Mais comment vivre sans cet espoir ? Comment vivre en imaginant que chaque personne, chaque être, chaque créature que je croiserais, chaque jour de ma vie, n’étaient qu’obscurité et méchanceté ? Je ne voulais pas y croire. Et s’il était encore beaucoup trop dur de croire en un moldu, si différent de moi, et pourtant si proche, je voulais croire en tous ceux qui, à mon instar, possédait en eux une chose aussi merveilleuse que la magie.

Ce sont toutes ces interrogations, et bien d’autres qui me hantent, et qui m’empêchent de dormir. Ce sont elles, aussi, qui me maintiennent éveillée, lorsque j’ouvre les yeux au milieu de la nuit, la peau couverte de sueur, le souffle haletant, le palpitant battant à vive allure dans ma poitrine, retenant difficilement un cri d’effroi, mais jamais quelques larmes de terreur. La nuit, souvent, les souvenirs remontent. Ceux que je parviens à effacer la journée, ceux que j’oublie derrière un masque de normalité pendant ma scolarité à Poudlard, en traînant avec mes amis, ou en me disputant avec Bjorn. Cette normalité-là me permet, l’espace de quelques heures, de vivre, épanouie et sereine. Mais seule, dans ce lit, la nuit, mes pensées reviennent aux galops, et avec elles, les angoisses et la peur.

Pourtant, à l’instant, c’est bien éveillée que je viens y faire face. Pour la bonne cause, pourtant. Du moins, pour l’instant. Les choses sont encore calmes. Il me propose du sucre, et j’en verse une cuillère en paillette pour briser l’amertume du thé proposé, refusant poliment le citron, avant de souffler sur le liquide, dont la surface se plisse avec délicatesse, laissant échapper un fumet blanchâtre qui disparaît dans l’air.

Et puis, nous entamons le sujet pour lequel je suis venue jusqu’ici, prenant une journée de cours -pourtant déjà si difficile à rattraper !- pour me déplacer au ministère. Ah je n’avais pourtant pas besoin de prendre plus de retard que je n’en avais déjà, c’était certain. Mais ce rendez-vous était trop important pour être ignoré. Au vu de son froncement très léger de sourcil, ou peut être était-ce toujours ainsi, avec ce visage impassible, j’imaginais que je ne lui apprenais rien d’intéressant. Il me pose une question, néanmoins, très pertinente, et je hoche la tête.*

C’est vrai, la majorité de la population est anglicane. Mais il y a une partie de la population qui est catholique. Je crois que, du côté paternel, cela vient d’un arrière grand-mère française ? Dans tous les cas, ce n’était pas un ordre venant du Vatican. Le message n’aurait sûrement pas eu le temps de passer, pas si vite. Enfin, je n’y connais pas grand chose, sur l’organisation de l’Eglise. Mais j’ai passé beaucoup de temps à la messe et à faire du bénévolat… Comment dire, tout est très procédurier. Ce devait être… Plutôt une liberté ? Je n’en sais rien. Je ne saurais même pas vous dire où tout cela s’est passé, si ce n’est dans le sous-sol d’une Eglise. J’étais inconsciente quand j’y suis entrée, et trop faible pour voir quoi que ce soit en sortant.

*Voilà ce que je lui explique, en réfléchissant au fur et à mesure de mes mots. Difficile de mentionner tout ce qui s’est passé entre mon arrivée et mon départ. Mais il n’a pas véritablement de le savoir. Il lui suffit, plutôt, d’avoir les noms, qui pourrait le faire remonter au Blood Circle. Néanmoins, je n’avais aucune idée du prêtre qui avait pu transmettre ce contact, et si je connaissais ceux de notre paroisse, dont j’avais déjà donné le nom, d’autres, en revanche, m’étaient inconnu.

Et c’est là que j’aborde le sujet, le véritable sujet pour lequel je suis là, le coeur de la guerre. Et une fois mon discours conclu, je le vois pensif. Mon coeur bat vite, il est empli d’angoisse et de question, mais aussi de ce courage qu’il m’a fallu pour affronter le regard impassible du chef des oubliators qui se trouve devant moi. Je ne peux plus abandonner, plus maintenant. Mais pour commencer, je lui laisse un temps de réflexion, auquel il met rapidement terme en affirmant que tout cela n’est pas très protocolaire.

Mes mots à moi étaient maladroits. Je n’étais, après tout, qu’une adolescente, face à un homme qui avait l’âge d’être mon père. Que pouvais-je vraiment faire, si sa décision était véritablement prise ? Pourrais-je vraiment avoir un impact sur l’avenir ? Je voulais y croire. Je voulais croire que mon histoire ne serait pas traité comme un cas parmi tant d’autre pour les oubliators. Je n’étais pas juste une gamine qui avait fait de la magie en public, oopsie-doopsie, non, c’était tellement plus compliqué que cela. C’était toute mon enfance, toute ma vie dont on parlait.

Pourtant, William Ombrage m’affirme que mon histoire si compliqué que ça. Et si mon souffle est encore calme, il se masque d’un voile de peur quand il évoque l’idée que l’on pourrait s’en prendre à ma fratrie pour en savoir plus sur moi. J’inspire un grand coup, et me met alors à trembler d’effroi. Je ne peux même pas l’imaginer. Mais comment lui donner tort ? S’ils étaient prêts à torturer des enfants sorciers, pourquoi ne le feraient-ils pas sur ses frères et soeurs, de peur qu’ils utilisent la magie eux aussi ? Mais qui nous disait que le blood Circle connaissait le sort de l’oubliette ? Qui pourrait alors m’affirmer qu’ils ne s’en prendraient pas à eux, malgré tout, pour une soeur dont ils ne se souviendraient même pas ?*

Avant d’écouter vos solutions, si je puis me permettre… Qui nous garantit que le Blood Circle ne s’en prendra pas à ma famille malgré l’oubliette ? Peut être ne les croiront-ils pas, ou peut être tout simplement chercheront-ils un moyen de contourner ce sort ? Ils parviennent bien à bloquer la magie des sorciers, qui sait de quoi ils seront capables à l’avenir ?

*Les poings serrés, refusant de lâcher l’affaire, de laisser toute mon enfance, mon innocence, mon passé et mon identité tomber dans les tréfonds de l’oublis, je reprends.*

Il doit y avoir un moyen de les protéger. Le gouvernement anglais, ou même international, n’approuvera jamais la violence des Blood Circle ! S’il le faut, j’irais montrer mes cicatrices à la Reine en personne pour qu’elle me croit, et que l’on puisse protéger ma famille. Je ferais tout ce qu’il faut, tout, vous m’entendez. Si vous oubliettez ma famille, ce ne sont pas juste quelques souvenirs que vous effacez. C’est une part entière de moi, de mon identité, en tant que sorcière, en tant que née-moldue, sang-de-bourbe, même si vous préférez. Je n’en ai pas honte, c’est ce que je suis. Et je ne veux pas l’oublier, je ne veux pas être oublié. Il doit y avoir une solution. Je ne la trouverais pas seule, Monsieur Ombrage. Aidez-moi, et je ferais tout ce qui sera en mon pouvoir pour vous rendre la pareille. Je sais qu’il est présomptueux de ma part de croire que je peux aider un homme tel que vous… Mais je suis certaine que je peux avoir une utilité pour vous. Prenez cela en compte, dans vos potentiels solutions, je vous en prie.

*Je respire enfin. Pourtant, je suis toujours tremblante. Je n’en reviens pas d’avoir osé ainsi m’exprimer face à un homme si impressionnant, et je ne saurais pas dire si j’étais plus fière de moi, ou plus effrayée par sa possible réaction, peut être son agacement ou son énervement. Mais si je devais subir les foudres d’un ou de plusieurs hommes puissants pour obtenir gain de cause… Après tout, que pouvait représenter quelques représailles sur ma vie quotidienne comparés à une croix en fer rouge brûlant votre peau ?*

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Sam 31 Juil - 22:44
I'm here to explain ♛ William & Rachel WillouRach

I’m here to explain


13 octobre 2020


« On choisit ses copains, mais rarement sa famille. » C’était un peu ce que l’on pouvait dégager des propos de la jeune femme. Mais elle n’était pas la seule dans ce cas. Tout le monde avait des moutons noirs dans sa famille… la différence, c’est qu’elle était celui de sa famille. Cela signifiait qu’elle était rejetée et bannie. Pourtant elle venait ici pour défendre une partie de sa famille. Ses frères et sœurs, ceux qui ne l’avaient pas rejetée, mais qui ne l’avaient pas non plus défendue. Rien que pour cela, sincèrement, pour ma part, il aurait été bien vite décidé de faire le ménage complet dans cette famille. Sans commencer à perdre du temps à s’embêter avec des détails dans le genre. L’efficacité devait primer.

Au fond, les situations où les émotions et sentiments entraient en ligne de compte étaient toujours des situations qui devenaient plus délicates à cause de cela. Il serait tellement plus facile de faire abstraction de nos ressentis, de laisser une façade de neutralité et d’indifférence prendre le dessus… mais il y avait des sujets pour lesquels ce n’était tout simplement pas possible.
Et la famille était l’un de ces sujets, justement. C’était l’une de mes valeurs principales, d’ailleurs, je n’avais aucune honte à le dire. Ma femme et mes enfants, c’était la prunelle de mes yeux. Quiconque se serait approché avec dans l’idée de leur faire du mal aurait bien vite fini par se prendre un petit maléfice ou un impardonnable de ma part. Il était hors de question de toucher à un cheveu d’Elianor, de Marcus ou de Septima.

Moi-même, d’ailleurs, je n’avais jamais levé la main sur aucun d’entre eux. Même si, parfois, la colère aurait pu m’y pousser. Mais je savais très bien que cela ne servait à rien. Frapper ses gosses, c’était une manière désuète et insensée pour essayer de modifier un comportement. J’en étais la preuve vivante : les coups de ceinture reçus durant ma jeunesse n’avaient, finalement, fait que renforcer mon envie d’aller plus loin. Me renforcer moi, aussi. Parce qu’en apprenant à souffrir en silence, j’avais aussi appris la résignation, l’humilité et le renoncement.
Des leçons qu’on apprenait pour une vie entière, tout cela, des choses qui devaient faire leur cheminement pour permettre ensuite de développer un esprit critique et une réflexion affûtée. Une partie de moi estimait que la violence de mon grand-père avait eu un effet bénéfique sur moi.

Avec mes enfants, je n’avais jamais fait cela. Il m’était apparu assez vite que je les aimais trop pour leur faire du mal. Avant Elianor et avant nos enfants, je n’avais pas l’impression d’avoir réellement aimé. Ou, en tout cas, jamais aussi fort.
Il y avait eu d’autres personnes, bien sûr, des histoires qui avaient duré plus ou moins longtemps, qui avaient été plus ou moins intenses… Mais je n’avais rien vécu de comparable que ce que j’avais pu vivre avec Elianor.
Je me souvenais parfaitement d’elle, les premières fois où nous nous étions vus. Elle était toute jeune, mais avait beaucoup d’aplomb et de caractère. Elle était magnifique… et elle l’était toujours, d’ailleurs. Ses cheveux d’un noir de jais, ses yeux clairs… ses lèvres fines et douces… Sans compter le reste de son corps… Je ne m’en lassais pas, je ne m’en lasserais jamais… Cette femme était si parfaite à mes yeux... elle n'avait pas idée de l'amour qu'elle m'inspirait.
Il m'avait fallu du temps pour accepter la rupture et l'éloignement, mais j'avais l'impression que, d'une certaine façon, ça m'avait permis d'ouvrir les yeux sur ma vie, sur mes priorités, sur ce que je voulais vraiment... Et, surtout, l'absence de mon épouse à mes côtés avait énormément renforcé l'idée qu'elle était tout pour moi.

Il ne se passait pas un jour sans que je ne pense à Elianor. Il avait fallu qu’elle me quitte pour que je réalise enfin à quel point, elle était parfaite pour moi, à quel point j’étais bien avec elle… j’étais heureux avec ma femme. Elle illuminait chacune de mes journées et elle me permettait d’être toujours tiré vers le haut, parce que j’avais toujours eu envie de devenir meilleur, pour elle, avec elle… j’avais envie d’être aux petits soins, de lui apporter sa tasse de thé au lit, de lui prouver que j’avais bien compris la leçon et que, désormais, je faisais en sorte d’éviter de refaire les mêmes conneries.
Je ne savais pas encore si j’allais pouvoir calmer un peu mes pulsions ou si j’allais pouvoir les canaliser autrement ; les sentiments de légèreté, de libération et de plénitude qui faisaient suite à l’orgasme étant des sensations dont j’avais vraiment besoin, il allait bien falloir que je trouve une façon de vivre cela sans que ça nuise à mon couple. Accepterait-elle, seulement, que nous essayions, elle et moi, de retrouver cette alchimie physique qui complétait si bien notre osmose d’antan ?
Je voulais y croire.

Nous avions traversé des épreuves ensemble, Elianor et moi, nous avions eu nos hauts et nos bas, comme tous les couples, mais finalement, l’amour avait toujours fini par triompher, nous menant l’un vers l’autre pour des étreintes à n’en plus finir. Je me sentais entier, avec elle à mes côtés, d’ailleurs, depuis son départ, je ne me sentais que vide et incomplet, comme si l’absence de ma moitié me détruisait à petit feu. J’avais perdu l’envie de me battre, j’avais perdu l’envie d’avancer… je ne m’étais jamais rendu compte avant qu’Elianor me quitte de tout ce qu’elle m’apportait, peut-être même sans le savoir. J’en avais pris conscience parce que j’avais perdu tout cela, à mon grand désarroi.
Mais je faisais tout, depuis, pour être meilleur, pour pouvoir mériter qu’elle m’accorde à nouveau un regard, un sourire, un peu d’attention…
Je voulais y croire.

Balayer vingt-quatre ans de mariage d’un revers de manche, cela me paraissait inimaginable. Je ne pouvais pas concevoir une telle chose. J’aurais tant voulu que nous passions le cap symbolique des 25 ans de mariage sans qu’il n’y ait de gros accroc entre nous. Mais le ressac était fort et, somme toute, bien logique. J’avais fini par me dire que j’aurais sans doute fait comme elle, à sa place. Je me serais quitté pour me donner une bonne leçon, pour me faire comprendre que j’agissais sans réfléchir quand je me laissais guider par des pulsions de cet ordre et que mon profil hyper, s’il pouvait justifier ces besoins, ne les excusait certainement pas pour autant.
Pourrait-elle un jour me pardonner ? Je n’en savais rien pour le moment. J’en mourais d’envie, de ce pardon, je ne voulais plus de cette guerre froide - je n’en avais, par ailleurs, jamais voulu -, je voulais retrouver notre communication qui fonctionnait si bien et pouvoir reprendre un peu à la fois les gestes et les mots qui faisaient de nous un couple plein d’amour.

Il n’avait jamais été question de mièvrerie entre Elianor et moi. Nous aimions incarner le charisme et l’élégance, nous aimions les bonnes choses de la vie et, aussi, nous appréciions les choses simples. En toutes circonstances que je pouvais imaginer, Elianor Prince était la seule et l’unique, ma tendre par excellence.
Et s’il nous était arrivé de nous disputer à plusieurs reprises, nous nous étions bien souvent réconciliés ensuite, sur l’oreiller ou ailleurs, parce que l’amour était notre raison d’être. Je finissais souvent par lui donner raison, car les arguments d’une femme comme elle valaient bien cela, et, aussi, parce que j’aimais voir cette étincelle briller dans son regard lorsqu’elle triomphait. Ça la rendait encore plus éblouissante et j’avais alors l’impression de retomber encore un peu plus amoureux d’elle.

Il y avait neuf mois maintenant que nous étions séparés.
Neuf mois que je vivais dans mon manoir, seul, la plupart du temps puisque l’école avait repris et que, par conséquent, Septima était retournée à Poudlard. Ma petite princesse qui avait voulu vivre avec moi, comme pour me montrer que je n’étais pas qu’un connard ou un salaud… comme pour me rappeler que j’étais aussi, et surtout, un père.
Neuf mois que je me sentais comme ça, vide et incomplet, même si j’avais un peu laissé mes démons prendre le dessus au début, ce n’était pas du tout ce que je retenais de cette période.
Neuf mois… C’était le temps qu’il fallait à un embryon pour devenir un enfant. Je ne comptais pas vraiment les jours, mais le temps s’écoulait et je ne pouvais pas le nier. Aurions-nous dû parler d’un autre enfant, Elianor et moi ? Avoir un bébé, était-ce une idée qui aurait pu nous sauver ? Cela n’aurait pas été le but premier de la conception d’un mini-nous, mais j’avais toujours été présent pour mes enfants lorsqu’ils étaient tout petits. J’aimais cela, m’occuper d’eux, être un père, réellement. Mais Septima, notre plus jeune, était une adolescente accomplie, à présent, et je me voyais mal me comporter avec elle maintenant comme je pouvais le faire auparavant. Rien que les moments où j’avais envie de la serrer contre moi, j’avais parfois l’impression qu’elle trouvait ça ennuyeux ou déplacé ou… je ne savais pas exactement, mais ce n’était plus de son âge, visiblement. Pourtant, un câlin, c’était juste un geste tendre, quelque chose de très agréable et de très important pour montrer à l’autre qu’on tenait à lui, qu’on était là pour lui et tout ce genre de choses.

Et voilà qu’une fois de plus, mes idées s’enchaînaient, suivant un fil de pensée que j’étais le seul à saisir, que j’étais le seul à percevoir, même. Un seul constat était possible en cet instant : Elianor me manquait sans nul doute de plus en plus. Il était plus que temps que nous puissions prendre une décision, elle et moi, je n’en pouvais plus de cette attente interminable et sans aucune certitude, finalement. Cela me rendait maussade et me coupait dans bien des élans que j’aurais pu (ou dû) avoir.

Je regardais ma jeune interlocutrice tandis que mon esprit, à tout allure, passait tout cela en revue, sans réellement qu’il n’y ait de lien direct avec ce qu’elle m’avait raconté. Et pourtant… il y avait bel et bien des liens, il y en avait toujours, mais il suffisait parfois d’un seul mot et tout s’enclenchait : une idée en entrainait une autre qui, elle-même, en amenait deux ou trois autres, chacune en apportant encore de nouvelles… Ceux que l’on appelait les « normo pensants » ne pouvaient pas imaginer à quoi tout cela correspondait, ce n’était pas possible pour ceux qui avaient une pensée linéaire ou séquentielle. Cela faisait-il de moi un « anormal pensant » ? Encore une question qui n’aurait guère de réponse, même si je venais à en parler à nouveau avec mon psychomage. Nous avions déjà bien établi que j’avais beaucoup de questionnements à propos de pourquoi là où la plupart des gens s’interrogeaient plutôt sur le comment. J’avais toujours été en décalage par rapport aux autres, depuis mon plus jeune âge, et encore aujourd’hui, cela n’avait pas vraiment changé. Les gens avaient du mal à saisir le fil, avec moi, et souvent, ils ne comprenaient pas pourquoi je m’ennuyais si vite dans des conversations banales, tout comme ils ne comprenaient pas non plus pourquoi certaines choses me tenaient autant à cœur. J’étais extérieur à bien des codes, au fond, et je devais toujours fournir cet effort, constamment, pour à la fois me faire comprendre mais aussi pour éviter de m’ennuyer dans une discussion.
Le contrôle devait être permanent. C’était éreintant et je n’avais pour l’instant plus ma bulle d’oxygène à domicile pour me permettre de me sentir de nouveau bien malgré tout cela. Elianor… on en revenait toujours à elle…

J’écoutais d’une oreille les propos de la jeune fille qui me faisait face. Elle parlait beaucoup trop. Ça me lassait et mes pensées divaguaient, mais je me voyais mal lui dire cela. Ce qu’il y avait à retenir de tout cela, c’était que le Blood Circle ne semblait pas lié directement au Vatican. Il faudrait peut-être juste vérifier cela, mais si c’était, effectivement, quelque chose qui n’avait rien à voir, nous pouvions avoir au moins cette sécurité de ne pas nous retrouver persécutés par tous les chrétiens du monde. Statistiquement, le christianisme n’était-il pas, après tout, la religion présentant le plus grand nombre de croyants ?
Cela dit, elle évoqua le sous-sol d’une église. Et ça, c’était déjà une information plus intéressante, car toutes les églises ne disposaient pas d’un sous-sol. En se procurant les plans des différentes églises de la région, un quadrillage pourrait être organisé pour resserrer l’étau sur les bâtiments religieux disposant d’une cave ou de catacombes.

Hormis cela, à vrai dire, la jeune femme était là pour me demander d’épargner les mémoires de sa fratrie et ça, je ne pouvais pas l’accepter si facilement. D’abord pour les raisons évidentes de protéger Rachel White, ensuite parce que si le Blood Circle voulait des informations, ses membres pourraient passer à tabac les frères et sœurs de la jeune sorcière… et, enfin, parce qu’il était bien plus pratique de ne rien laisser derrière soi dans un cas comme celui-ci.
Certes, sa question était judicieuse, mais elle ne connaissait pas nos méthodes, pour parler de la sorte.
« Il ne s’agit pas d’un simple effacement de mémoire. Nous travaillons à l’implantation de faux souvenirs dans les esprits des moldus que nous traitons. Et dans les cas les plus importants, nous déplaçons les personnes ailleurs, en leur donnant l’occasion de repartir à zéro. » Dans le cas de Rachel, la solution la plus simple et la plus efficace était celle-ci, justement. La déportation de sa famille, construite autour d’un drame. « Nous pouvons, par exemple, organiser votre mort fictive et faire en sorte que cette tragédie – disons un accident – rende insupportable pour votre famille le simple fait de vivre par ici. Ils déménagent, oublient la religion, le Blood Circle et la sorcellerie. Ils se souviendront de vous comme de la fille – ou de la sœur – tragiquement décédée. »
Il était même possible de simuler que cette mort soit due aux actes du Blood Circle, ou d’un exorcisme catholique. A partir de là, faire éclater un scandale religieux était fort possible également. Il suffisait de glisser dans l’oreille d’un journaliste un peu bavard que la victime présentait des traces de violences sexuelles et le tour était joué. L’Église n’était plus à un scandale près, il y aurait des remous, des accusations… et Rachel White serait alors le symbole d’une lutte contre la pédophilie dans l’Église, à l’instar de tant d’autres petits moldus…

« Nous n’avons aucune certitude, miss, c’est bien là le problème. Ces moldus sont dangereux pour vous, pour vos proches, pour nous, pour notre monde… S’ils parviennent à détecter un de nos sorts avancés, c’est surtout pour vos frères et sœurs que je m’inquièterais : ils deviendraient bien vite des cobayes, torturés pour obtenir des informations sur la magie… Mais si nous ne faisons rien, ils risquent d’être torturés pour leur extorquer des informations sur vous. »
Dans un cas comme dans l’autre, il était évident que les choses n’étaient pas simples et que si elle voulait le bien-être de sa famille moldue, il allait falloir bien plus qu’une simple demande faite poliment.

Je bus le reste de mon thé avant de secouer doucement la tête à ses paroles.
« Vous n’y connaissez pas grand-chose en politique, n’est-ce pas ? » Je l’imaginais aller montrer ses cicatrices à la reine des moldus britanniques… je supposais qu’elle serait reçue bien autrement que ce qu’elle pensait. « Le Premier ministre moldu est lié au Blood Circle, miss White. Ces gens contrôlent bien plus que quelques curés et paroissiens.»  
Je ne savais pas ce qui était au programme en cours d’étude des moldus à Poudlard, mais il était clair que ce genre de choses auraient dû se trouver dans le plan de matière de l’année, ne serait-ce que pour informer au minimum les jeunes sorciers…
« Je comprends votre position, miss, mais vous devez bien avoir conscience de tous les risques qu’implique votre demande. Nous ne pouvons pas laisser de porte d’entrée vers notre monde. Essayez d’imaginer ce que vous aimeriez que vos frères et sœurs gardent comme souvenir de vous. Je peux leur implanter cela de façon sûre et stable. »  
Nous n’étions sûrs de rien avec le Blood Circle, nous savions qu’ils avaient peu de limites et que leur conscience se nourrissait de valeurs altérées et de principes falsifié… Tous ces artifices venaient alimenter un système de pensée qui s’était déjà avéré dangereux à de nombreuses reprises. Je ne pouvais pas permettre qu’un tel risque fût pris sans avoir de réelles garanties… or, pour l’instant, à part la parole – pardon, la logorrhée, plutôt – de cette jeune femme, je ne disposais de rien de tangible ou concret pour appuyer la demande de Rachel.
Aussi, finis-je par le lui demander : « A ce stade, vous ne m’apportez qu’un témoignage. Aucune preuve concrète de ce que vous avancez au sujet de votre fratrie. Le système n’est pas basé sur la parole donnée ni sur la confiance, miss White. Vous devez apporter plus qu’un petit discours. »  
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Anonymous
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Mar 3 Aoû - 1:10
*L’amour est chose étrange. Sans compter la famille, on croise d’autres personnes, et on décide que ce sont nos personnes préférés. Non, en réalité, on ne décide même pas. Elles deviennent les personnes que l’on préfère. Pour de nombreuses raisons. Pour leur humour, pour leur sourire, pour leur gentillesse, pour leur intelligence. Et s’il n’y avait qu’une forme d’amour, les choses seraient simples. Mais non. Il y a autant de façons d’aimer qu’il y a de personne à chérir. Il y a ceux que l’on admire, ceux qui avec qui nous pouvons être nous-même, ceux avec qui on se sent apaisé…

En y réfléchissant, il y avait tant de gens pour qui j’avais éprouvé de l’amour depuis le début de ma vie de sorcière. Il y avait Sybil, ma meilleure amie, avec qui je partageais tout. Je l’aimais pour son humour, pour tout le soutien qu’elle me donnait, pour son sourire et sa bonne humeur contagieuse. Il y avait Nepenthéo et toute sa famille, envers qui j’étais reconnaissante et pour lesquels je nourrissais une tendresse familiale. Il y avait Elyakim, et Il y avait Mme MacFusty, qui m’avait permis de rencontrer Freya, il y avait Nymphéa, et tellement d’autres personnes. A cette liste, je ne savais pas pourquoi le visage de Bjorn m’était apparu, alors qu’il m’énervait plus qu’autre chose. Il était encore simplement un symbole de cette innocence, cette patience et cette naïve gentillesse qui me qualifiait autrefois. Je ne le détestais pas tant que cela, après tout. Il était juste un garçon qui m’embêtait. Au moins, peut être aura t-il remarqué mon absence, lui, parmi d’autre ?

Tout cet amour était en moi, et me permettait d’oublier la haine que j’avais reçu pendant des mois. La haine était un sentiment dur et froid. Si l’amour est très diverse, la haine m’apparaissait, elle, très universel. Peu importait les raisons. Je ne doutais pas un instant que certains moldus aient autant de raison de craindre les sorciers que j’en avais de les craindre. Qui pouvait bien savoir ce que certains avaient fait à ces humains dénués de magie, si faible face à notre baguette ? Si je n’avais pas été attrapé de façon pernicieuse, même moi, j’aurais sûrement pu réussir à m’en sortir, quitte à devoir récupérer mon balais. Je n’étais pas très bonne en vol, mais l’avantage était que je n’aurais pas eu à voler longtemps, et qu’aujourd’hui, les moldus savaient que les sorciers existaient. Je préférais essuyer un savon au ministère et expliquer ma situation plutôt que de me laisser faire. Mais comment imaginer, juste une seconde, que vos propres parents, pourraient vous vendre à la pire organisation qui existait ? Non, jamais je n’aurais pu y songer. Alors j’avais atterrit là-bas. La plupart d’entre nous avions été trahi par des gens que nous aimions. Des parents, des amis surtout. Chez les enfants, presque tous étaient là du fait de leur parents. Et je me demandais comment pouvait-on en arriver là ?

Comment peut-on ainsi abandonner la chaire de sa chaire ? Je n’en savais rien. Mais ces enfants-là, même s’ils n’étaient pas de mon sang, j’avais voulu les protéger, comme s’ils étaient mes frères et soeurs… Ces mêmes frères et soeurs que je ne voulais pas perdre. Que je ne pouvais pas perdre. Comment vivre avec cette idée ? Je n’en savais rien, et je ne voulais pas savoir. Non, j’étais bien mieux sans savoir, en ignorant parfaitement cette sensation.

C’est ce qui se traduit dans ma voix tremblante d’émotion alors que je parle. Trop, peut être. Je ne veux pas l’ennuyer, mais c’est bien trop important pour que je me taise. Bien trop pour que, comme je le faisais d’habitude, je me contente de hocher la tête et d’accepter tout ce que l’on me dirait. Non, je ne pouvais pas accepter cela. Mais William Ombrage ne semble pas du même avis que moi. Bien sûr que non, je ne connaissais pas les méthodes des oubliators. Je n’y avais jamais songé. Pourquoi y aurais-je songé ? On oubliette pas les parents des nés-moldus. Pas sans raison. Et je n’avais pas pensé à cela avant… Et bien, avant il y a bien peu de temps. Peut être aurais-je dû demander l’appui de Monsieur Slughorn, pour qu’un adulte puisse m’épauler. Que faisais-je ici, toute seule, misérable pauvre petite étudiante, face au chef des oubliators ? Est-ce que le moindre mot sorti de ma bouche pourrait avoir ne serait qu’un impact minime dans sa décision ? Plus l’entretien avançait, et plus j’en doutais.

Je déglutis, quand il me raconte cet mise en scène. Celle de ma mort. Une mort à laquelle j’avais tant pensé, que j’avais presque souhaité, dans cette cave sombre. Une mort qui me paraissait si loin de moi, maintenant, et qui pourtant, y semblait si proche pour l’avenir. Morte, voilà ce que je serais pour mes frères et soeurs. Et si je les croiserais dans la rue, se souviendraient-ils seulement de mon visage ? Il serait sûrement flouté pour éviter tout problème.

Je devais être forte, je le savais. Alors mon souffle se fit plus fort, et je redressais la tête pour ne pas pleurer. On ne pleure pas devant le chef des oubliators, bon sang. Mais je me sentais si faible, si impuissante… Comme si, peu importe ce que je disais, il aurait un contre-argument. C’est d’ailleurs ce qu’il fait. On ne sait rien, c’est bien le problème. Il évoque la possibilité que ma fratrie soit torturé, par ma faute, et cette fois, c’en est trop. Mes yeux bleu-gris s’humidifient, je renifle, et passe une main sous mon oeil pour éviter qu’une larme ne coule. J’inspire un grand coup, pour ne pas pleurer véritablement,  à cet idée. Mon imaginaire, pourtant, me joue des tours, et déjà, je peux voir tous mes frères et soeurs, dans un laboratoire semblable à celui où j’étais, à souffrir comme j’avais souffert. Je ne souhaitais pas même cela à mes ennemis, alors à des gens que j’aimais tendrement…

Je baisse les yeux, ne sachant pas quoi répondre à cela. Qu’y a t-il à répondre à cela ? Je ne voulais pas qu’ils m’oublient, évidemment. Je ne voulais pas non plus ne plus jamais pouvoir les revoir. Mais… Mais si mon égoïsme provoquait ce que l’homme face à moi venait d’évoquer ? Comment pourrais-je les affronter, les regarder dans les yeux, si je les envoyais dans cet enfer consciemment ? Ou si la peur me tordait constamment les boyaux, à l’idée qu’ils puissent un jour y être confronté. Mes parents me haïssaient pour ma magie, mais même si, moi, je les détestais, et qu’ils étaient plutôt sévères, ils n’étaient pas de si mauvais parents pour le reste de ma fratrie. Serais-je prête à les séparer, demander à mes frères et soeurs d’abandonner des parents qui ne leur ont rien fait, qui ne leur feront rien, juste pour moi ? N’était-ce pas là un caprice terriblement égoïste ?

Et pourtant… Pourtant, c’est si dur. Si dur de se dire que je pourrais ne plus rien être pour ces personnes qui ont comptés, et comptent plus que tout au monde pour moi, depuis toujours. Ils avaient été ma force, la raison pour laquelle  j’étais rentrée chaque été et à chaque noël. La solitude me tombe soudainement dessus. Voilà près d’un an que je ne les ai pas vu. Peut être était-ce une chose que je pouvais demander ? Les revoir, une dernière fois ?

Finalement, après avoir bu dans son thé, pendant que le mien refroidi, abandonné sur le bureau devant moi, il reprend la parole. Je suis choquée d’apprendre que le premier ministre britannique lui-même est proche du Blood Circle, et cette nouvelle me laisse sans voix. Comment le gouvernement pouvait-il être de mèche avec ces horreurs ? Il n’aurait pas été de trop de comparer les expériences que nous avions subi à celle que d’autres enfants avaient connu, bien avant nous, non pas pour être nés sorciers, mais pour être nés de la mauvaise mère. Je n’arrivais même pas à assimiler les informations qu’il me donne, et cela se lit dans mon regard. Mon visage était très expressif, on lisait sur mes traits et au creux de mes yeux tout ce que l’on voulait lire. J’aurais aimé apprendre à cacher mes émotions et mes sentiments, mais même lorsque je le voulais le plus, sous les lames de l’homme qui m’avait torturé, je n’y étais pas parvenu, et il avait pu y lire toute la peur qu’il voulait lire.

J’inspire un grand coup. Je n’avais toujours pas repris la parole, quand il m’affirme que ma demande n’est pas assez sûre. Il a raison, je n’ai aucune preuve, rien. Je réfléchis, à une vitesse insensée, pour essayer de trouver une solution, mais rien ne me vient, pour l’instant. Mon coeur bat trop vite, la peur habite ma peau et mon corps. Une peur différente de celle que j’ai connu il y a des mois de cela, mais pourtant, une peur bien présente, bien difficile à surmonter, elle aussi. Mon regard se perd sur son bureau, à la recherche de la moindre chose qui pourrait me donner l’illumination, mais rien ne vient. Je n’étais pas stupide, certes, mais je n’étais pas non plus brillante, et pour trouver de bonnes idées, il me fallait souvent pas mal de temps. Alors, je me pince les lèvres, et plonge mon regard dans celui de l’homme qui me fait fasse.*

Si… Si je parviens à vous amener des preuves concrètes, que cela ne laissera pas de porte ouverte sur notre monde… Si je parviens à vous prouver que ma solution est viable, alors… Vous accepterez de m’aider ?

*Je déglutis, avant de me redresser. Mon dos s’était courbé sous le poids de ses mots, mais je ne peux pas rester là, comme une bossue, soumise sur son siège. Je devais trouver un moyen pour empêcher que mes frères et soeurs soient oubliettés tout en m’assurant qu’il soit sain et sauf. Il y avait une solution. Il y en a forcément une. Juste une seule, c’était tout ce dont j’avais besoin. Juste LA solution, l’idée de génie, celle à laquelle je n’avais pas encore pensé, mais que je pourrais, non, que je devrais trouver. Elle existait, il me suffisait de creuser un peu, de chercher, de réfléchir, de lire. Il devait bien y avoir quelque chose, j’en étais persuadée. Et je trouverais quoi.*

Laissez moi juste un peu de temps. Juste quelques semaines, pour que je trouve de quoi vous convaincre, vous et tous vos hommes. Je vous promets que ma solution en vaudra le détour.
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Ven 6 Aoû - 14:34
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13 octobre 2020


Face à des situations incompréhensibles, nous n’avions pas d’autre choix que celui d’essayer de comprendre, pour ce faire, il fallait analyser, s’interroger, chercher ce qui pouvait être le mieux à faire… La plupart du temps, il était envisageable de s’inspirer de situations similaires qui avaient eu lieu auparavant et qui pouvaient servir de modèle, en quelque sorte, pour donner des pistes sur lesquelles réfléchir pour avancer.
Seulement, il arrivait de temps à autre que nul contexte semblable n’eût jamais eu lieu. Ou pas à ma connaissance… et pourtant, il me semblait avoir lu beaucoup de rapports, sur tout un tas de sujets différents qui avaient eu lieu, sur lesquels il y avait eu des enquêtes, des comptes rendus, des études. C’était la première fois qu’un tel cas se présentait. Peut-être simplement parce que le Blood Circle sortait de l’ombre depuis peu de temps, quand on considérait les choses.

Il y avait eu des affaires où le Blood Circle avait maltraité des nés-moldus, mais nous avions toujours agi sans demander leur avis aux petits sorciers maltraités. C’était simple, rapide et efficace. Une procédure qui correspondait parfaitement au protocole de préservation du monde magique, puisqu’il ne servait plus à rien d’essayer de maintenir en place un secret magique depuis les attentats de la fête foraine.

Encore un jour dont je me souvenais un peu trop bien. J’étais en compagnie de Myrna O'Malley, ce jour-là… et nous avions assisté à cette catastrophe de loin, en étant pleins d’inquiétudes pour nos enfants, nos familles et pour l’avenir. Mais quand je constatais la tournure qu’avaient pris les événements ensuite, une chose était sûre : j’avais eu raison de parler d’attentats terroristes et de guerre ce jour-là, parce que c’était précisément ce que nous vivions. Cet événement à la fête foraine, ce n’était qu’une déclaration de guerre ouverte lancée au monde magique par les moldus du Blood Circle.
Quand j’y pensais… c’était peut-être à ce moment-là qu’il aurait fallu agir. Un oubliettage de cette ampleur n’avait encore jamais été tenté… mais c’était ce qu’il aurait fallu, peut-être. Vider les esprits moldus de tout ce qui pouvait concerner notre monde et la magie… nous aurions alors pu éviter bien des pertes dans nos rangs…
Je ne siégerais alors peut-être pas au Conseil d’Administration, mais j’aurais pu orienter ma carrière autrement. Peut-être aurons-nous pu développer d’autres métiers, aussi. Et, surtout, peut-être que ma femme serait encore là.

Il s’était passé beaucoup de choses ces dernières années et quand on faisait le point, ce n’était clairement pas que de bonnes choses. Nous avions beaucoup perdu, une fois le secret magique révélé… mais nous pouvions désormais vivre en assumant pleinement nos idées politiques. Que cela plaise ou non, il suffisait de voir quelles personnes disparaissaient alors de notre entourage pour savoir quels étaient les gens qui ne nous appréciaient que pour certaines raisons et pas pour qui nous étions. Ce n’était pas très glorieux, mais voilà, les choses étaient ce qu’elles étaient. La vie était faite de rencontres et de ruptures, il ne servait à rien d’essayer de retenir les personnes qui n’avaient plus rien à faire dans nos vies. Elles reviendraient peut-être, un jour ou l’autre, ou pas du tout. Je ne m’en formalisais pas, à vrai dire. Sur le moment, venant de certaines personnes, ça m’avait un peu fait mal, mais si la découverte de mes opinions politiques leur faisait un tel effet, je préférais en rester là. Tant pis. Je gardais des personnes sur qui je pouvais compter : les frères Lestrange, Tobias, Angus… On disait souvent que les vrais amis se comptaient sur les doigts d’une main. En voici la preuve. Je préférais être moi-même et déplaire à certains plutôt que faire semblant d’être quelqu’un d’autre et me déplaire à moi-même.

Il n’était pas toujours facile pour tout le monde d’être soi-même à cent pour cent. C’était même un luxe que beaucoup ne pouvaient pas se permettre. En termes d’opinions politiques, l’instauration du Conseil d’Administration, après les échecs cuisants de l’ancien ministre, s’était avérée être une possibilité de lever les frontières idéologiques entre tous. Mais la population sorcière se montrait un peu frileuse, par moments, comme si tout cela n’était qu’une vaste mascarade. Si c’était le cas, je supposais que nous aurions été au courant à un moment ou un autre… mais la disparition de Potter semait le trouble, il fallait bien le reconnaître. Pour avoir étudié la question en long, en large et en travers, je pouvais juste émettre des hypothèses… qui avaient été envisagées après quelques enquêtes.
Puisque Potter avait disparu, le Blood Circle allait faire de plus en plus peur à la population. Il ne fallait pas se leurrer, il n’était pas impossible qu’un vent de panique se mette à souffler sur notre monde. Jusqu'où cela pourrait-il aller ? C'était une question à laquelle seuls les voyants pouvaient avoir quelques pistes de réponses... et encore…

Alors, cette jeune fille qui désirait tant ne pas tomber dans l’oubli me semblait assez naïve et innocente pour penser que l’amour pouvait triompher de tout.
Il y avait quelque chose de presque attendrissant dans cette candeur, et je m’en serais presque voulu de lui briser ses rêves de paix dans le monde en la ramenant à la triste réalité, mais il fallait bien que quelqu’un le fasse.
Je constatais, en la regardant, que mes mots avaient atteint leur but. C’était nécessaire qu’elle puisse réfléchir à tout ceci en ayant bien à l’esprit toutes les conséquences possibles de l’un ou de l’autre choix. C’était un peu comme envisager un schéma pour représenter tout cela, une clé dichotomique était la plus simple et la plus claire des schématisations du genre.

Néanmoins, il aurait été quelque peu rapide ou pressant de prendre une décision sans pouvoir tout envisager, parce que c’était sa mille, ses frères et sœurs, bien trop nombreux pour qu’un petit arrangement à l’amiable puisse être possible. Alors, en effet, j’allais avoir besoin de bien plus que quelques mots.
Et en attendant ? Nous ne pouvions pas faire mieux que mandater une équipe de surveillance.

Étaient-ce ces grands yeux humides, prêts à pleurer, qui me poussaient à m’adoucir un peu ? Je n’avais aucunement envie que des sécrétions lacrymales viennent s’écraser sur le sol ou le mobilier de mon bureau.

« Je peux l’envisager. » Je restais assez neutre, pour ne pas lui donner de faux espoirs (à mes yeux, un espoir déçu et déchu était bien pire que n’importe quoi dnautre). Je ne pouvais m’avancer plus que cela dans cette affaire, parce que cela aurait été bien trop difficile à gérer ensuite, s’il s’avérait que la jeune femme était aveuglée par ses sentiments à l’égard de sa fratrie. « Mais tâchez de ne pas vous oublier dans cette équation : cette affaire concerne la sécurité de notre monde, certes, mais également la vôtre. »

Elle avait l’air tellement obnubilée par le sort de ses frères et sœurs qu’il me semblait qu’elle pouvait tout à fait omettre sa propre sécurité. Or, si les nés-moldus comme elle étaient placés sous la tutelle de sorciers ou en famille d’accueil, ce n’étaient pas pour rien. Je me souvenais du jour où il avait été question, au Conseil d’Administration, d’instaurer ce système. Les représentants de l’Ordre du Phénix avaient insisté pour qu’il y ait des certitudes concernant le bien-être physique et psychologique des enfants ou jeunes gens placés en famille. Peut-être qu’un système de vérification devait être mis en place. Dans le cas de Rachel White, sa famille moldue était bien trop dangereuse pour qu’on puisse espérer que ces gens ne tentent rien.

« Votre famille sera surveillée de plus près encore. J’en discuterai avec des collègues en charge de la sécurité du monde magique, mais ne vous attendez pas à un miracle. Les preuves que vous apporterez doivent pouvoir convaincre à la fois mes collègues de la sécurité, mais aussi le Conseil. »  

Il allait de soi que cette affaire serait abordée lors d’une réunion du Conseil d’Administration. Je ne prendrais guère seul de décision de cette ampleur. C’était la collégialité qui ferait pencher la balance. Il n’aurait pas été déontologique ni très correct que je prenne une telle décision seul. Et puis, peut-être que d’autres cas similaires ou identiques pourraient se présenter par la suite… si le cas Rachel White devait devenir un exemple, il fallait que tout soit fait dans les règles de l’art, en envisageant toutes les possibilités et tous les tenants et aboutissants. Hors de question de faire de cette situation quelque chose de bâclé.

Il allait me falloir constituer un dossier pour tout cela. Je pouvais, bien sûr, déjà amener le sujet pour l’ordre du jour d’une prochaine réunion, mais il était important d’avoir des éléments en plus. J’allais devoir composer avec les données dont je disposais, de base, dans cette histoire, mais également ce que la jeune femme m’avait apporté comme éléments neufs aujourd’hui. Et puis, bien sûr, il allait falloir lancer une petite enquête. Je ne comptais rien laisser au hasard, il y avait des vies en jeu : celle de Rachel White, pour commencer, et celles des autres sorciers qui pourraient se retrouver mêlés à tout cela… je songeais à ses amis, bien sûr, parmi lesquels devaient forcément se trouver des jeunes sorciers tout à fait innocents, peut-être même des jeunes gens dont je connaissais les parents.
Les liens entre la famille de Rachel et le Blood Circle étant établis, il était clair que la situation était un peu délicate. Autant ses parents pouvaient nous servir en fournissant des informations diverses, autant c’était là, aussi, quelque chose d’assez difficile à mettre en œuvre, dans le sens où ce couple devait forcément être à présent sous la protection du Blood Circle. Nous connaissions certaines de leurs armes et de leurs tactiques, mais pas suffisamment pour être sûrs de nous en territoire ennemis. En effet, il suffisait que les membres du Blood Circle aient pris la peine d’installer des balises anti-magie en des endroits stratégiques et nous pouvions dire adieu à nos émissaires. Finesse et subtilité devraient donc être de rigueur. Ce qui n’était pas donné à tout le monde, malheureusement.

Je regardais la jeune femme, tout en songeant à tout cela. Elle avait déjà raconté son histoire à plusieurs sorciers avant de me la servir et je me demandais tout de même comment il était possible que personne ne l’ait jusqu’à présent mise en garde contre les conséquences de tout cela… Il y avait eu des manquements dans la gestion de ce dossier, selon toute apparence, un manque de minutie et de rigueur qui pouvait mener à une catastrophe. J’eus un léger soupir.
« Miss White… Je vais utiliser votre situation pour en appeler à une décision collégiale du Conseil d’Administration. Vous n’êtes sans doute pas la seule jeune sorcière dans ce genre de situation et il me semble important que nous puissions étudier la question de manière complète et correcte pour proposer ensuite les meilleures solutions aux futurs nés-moldus dans votre cas. » Je faisais l’effort, depuis que j’avais ce statut politique, d’éviter de prononcer le terme insultant de sang de bourbe pour désigner ces sorciers. Même si l’éducation que j’avais reçue me poussait à mépriser des gens comme cela, qui ne méritaient pas leur magie, je me devais de rester le plus neutre possible et de considérer ces êtres comme des sorciers. A part entière. C’était faisable en faisant abstraction de leurs familles, en réalité, et en considérant chaque personne comme quelqu’un à part entière, ne devant rien à personne. Un peu un principe proche de la méritocratie, en somme… J’aimais ce principe du mérite récompensé, parce que cela pouvait s’avérer être une bonne chose pour tous ceux qui, comme moi, n’avaient pas eu la chance de naître dans une famille au sang pur.

Je n’avais pas vraiment d’idée concernant ce qu’allait m’apporter la jeune femme comme preuves, mais il me semblait que le simple fait qu’elle fasse cet effort de rassembler des preuves était déjà, en soi, une étape importante. Rachel White allait collaborer avec le Ministère de la Magie et nous permettre de trouver des façons claires et précises de gérer des situations de crise.
Prenant la théière, je la présentais à mon interlocutrice.
« Désirez-vous encore un peu de thé ? »  
Pour ma part, vu les litres que je pouvais consommer chaque jour, je ne me faisais pas prier pour boire plusieurs tasses, surtout de grands crus comme celui-là. Bien sûr, ce n’était pas la même chose de partager un thé avec une inconnue ou avec quelqu’un à qui l’on tient, mais le rituel du thé était quelque chose d’important tout de même. C’était un moment de partage et d’échange, avant tout, une occasion de converser autour d’une tasse de liquide bien chaud et parfaitement infusé. Un moment de pause, de détente, de simple communion.

Le thé avait le pouvoir, aussi, de me rappeler sans cesse les moments précieux que j’avais passés avec Elianor. Il y avait toujours du thé, avec ma femme, et c’était toujours un délice. Nous avions quelques rituels liés à cette boisson, tous les deux, et je ne pouvais m’empêcher d’y penser quand j’avais une tasse de thé en face de moi ou dans les mains. Merlin, ce qu’elle pouvait me manquer ! C'était fou de constater cela, mais il suffisait de si peu de choses, un détail, une petite nuance de rien du tout... et mes pensées se tournaient à nouveau vers elle, comme si tout le reste n'avait plus d'importance. Et pourtant, neuf mois de séparation, ce n'était pas rien... et nous avions eu le temps d'apprendre - ou de réapprendre, plutôt - à vivre l'un sans l'autre...

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Dim 8 Aoû - 3:56
*En fermant les yeux, tout me revient clairement. La pièce dont les murs étaient faites de pierres brutes, les matelas fins sur le sol qui s’entassaient, les regards craintifs de la dizaine d’enfants présent avec moi dans cette cellule. De ces dix enfants, seuls neuf avaient été libérés. Dans mes songes, mes cauchemars, les yeux verts de Dean apparaissent devant moi, d’une image claire et limpide, de son sourire rassurant et de sa voix grave et posée. L’instant d’après, Dean est allongée, dans le clair-obscur de la nuit où les lampadaires extérieurs empêchaient la pièce d’être totalement noirs. Ses yeux s’étaient vidés de toute vie, la chaleur avait quitté son corps, et bien des larmes avaient été versé dans un silence morbide. Les autres enfants s’étaient effondrées de fatigue, et j’étais seule, lorsque mon compagnon d’infortune avait rendu son dernier soupirs. Et chaque nuit, encore et encore, cette image apparaissait, comme une malédiction qui ne s’efface pas, comme cette cicatrice au creux de ma poitrine, un souvenir gravé au fer rouge dans mon esprit d’adolescente.

Combien de personnes avaient été capturés dans cet endroit ? Je n’en savais rien. Tout ce que je savais était que mon cas, mais sûrement celui de bien d’autres, étaient une grande première pour toutes les institutions. Comment gérer une crise d’un nouveau genre ? Il avait fallu raconter, faire remonter les souvenirs les plus douloureux, ceux profondément enfouis au sein de mon âme, ceux que même mon esprit refusait de se remémorer pour s’éviter de se briser. Des passages parfois où mon corps et mon âme s’étaient dissociés. Je ne pouvais plus tout raconter. Comme un mécanisme de défense, mon esprit préférait se concentrer sur la vie que j’avais partagé avec les enfants, comme cette bouffée d’air que l’on doit savourer avant de replonger dans le chaos d’une mer agitée et noire.

A cas particulier décision particulière. Voilà ce qui justifiait ma présence ici. Je ne doutais pas que, sans mes appels désespérées au ministère, par le biais de mots, de lettres, de témoignages, le protocole habituelle aurait eu lieu. On aurait tenté de découvrir plus de choses sur le Blood Circle, probablement. Mais je doutais que mes parents, simples fanatiques religieux dénués de toute esprit d’adaptation quant au monde qui les entouraient, auraient des réponses suffisantes. Quant mes frères et soeurs, je doutais même que nos géniteurs les aient tenus informé des raisons de ma disparition prématurée à la fin de cet été-là, ou encore de mon absence à toutes les vacances qui avaient suivies. Les seules personnes pouvant potentiellement intéresser le personnel du ministère étaient les prêtres que je connaissais, puisqu’ils officiaient dans ma paroisse. Pas eux directement, mais ils auraient les noms de ceux qui m’avait fait « interné » au centre. Ces noms-là, je les avais déjà donné. Tous les détails utiles dont je me souvenais, je les avais mentionné. Le lieu. La route. Les visages. Les voix. C’était tout le reste, que je n’étais pas parvenue à évoquer sereinement. Et ainsi, mon témoignage sur ce qui s’était passé sur ce sous-sol avait toujours été balayé par quelques mots. Quelques mots si lointains des souvenirs encore précis dans ma tête, dans un temps où je ne parvenais pas encore à dissocier mon esprit de mon corps. Dans un temps où la douleur physique se cumulait à l’affreuse trahison de mes propres parents.

Ces souvenirs-là, aussi pénible soient-ils, je ne pouvais pas les oublier. Comme je ne pouvais pas oublier Dean. Je me devais de me souvenir. Pour ne jamais oublier ce dont l’Homme est capable. Pour ne plus jamais ressentir ce que j’avais ressenti. Pour pouvoir témoigner, et peut être ainsi, aider d’autres personnes qui étaient ou seraient dans mon cas. Pourtant, ces souvenirs étaient aussi mes démons. Des démons, des visions, dans lequel mes hurlements étaient remplacés par ceux de ma précieuse fratrie.

Si je ne faisais rien, tout était possible. Je devais rassembler des preuves de ce que j’avançais. Des preuves concrètes, que ma famille, que ma fratrie, ne serait pas une menace envers le monde magique, et que leur souvenirs de moi ne les mettraient pas en danger. Et pour cela, je devais voir Simon. Le cadet des White avait désormais 16 ans, et je le savais assez mature et indépendant pour entendre ce que j’avais à lui dire, pour lui demander son aide. Il y avait, à vrai dire, bien des choses auxquels j’avais songé. Je n’avais pas été autorisé à communiquer avec ma famille depuis avril. Près de 8 mois, huit mois terriblement long pour moi. Mais aujourd’hui, je savais que je devais briser cette interdiction. Je devais revoir Simon.

Ma crainte des moldus était si forte que je n’avais pas osé le rejoindre, pour le retrouver discrètement, à la sortie du lycée par exemple. Seule, entourée de tous ces gens, dont n’importe lequel pourrait vouloir ma mort, ou pire encore, je n’en avais pas eu le courage. Mais aujourd’hui, il le faudrait. Je n’étais pas du genre à briser les règles, mais j’allais devoir contacter Simon. Seule, je n’étais pas sûre de trouver la solution. Mais à deux, nous trouverions, n’est-ce pas ?

C’est avec cette idée que je hoche la tête, lorsqu’il affirme pouvoir l’envisager, non sans me rappeler que mes arguments devraient non seulement le convaincre lui, mais aussi l’ensemble du conseil. Le poids sur mes épaules venait de s’alourdir encore, mais je gardais la tête haute. Je ne pouvais pas la baisser. Plus maintenant. Car William avait bien raison dans le fil de ses pensées : la sécurité de famille, de tous les gens que j’aimais, primait bien largement sur la mienne. Inconsciemment, peut être, m’enorgueillais-je d’avoir survécu, et peut être de pouvoir y survivre de nouveau, là où j’avais peur que d’autres, avec d’autres esprits, d’autres façons de penser, n’y parviennent pas. Si ce n’était pas là l’orgueil digne d’une lionne… Ainsi, sa remarque sur ma propre sécurité est balayé dans mon esprit. J’avais survécu. Je vivrais encore. Le monde magique, mais aussi les gens que j’aimais, primait sur ma propre vie. C’était ainsi que j’étais, par nature. Penser aux autres avant de penser à soit peut paraître beau. C’est sans doute ce sens du sacrifice qui est toujours prêché comme une forme de courage, d’abnégation, de bonté… Alors qu’en réalité, ce « courage » se teinte de témérité, peut être même de bêtise. La bêtise de ne pas écouter les conseils que l’on vous donne. La bêtise d’accepter, ou même d’envisager soit-même d’affronter ses pires peurs et de plonger dans l’interdit, peut être même par égoïsme ? Difficile ici de distinguer cet égoïsme de l’altruisme. Pour qui Rachel se battrait ? Elle-même n’avait pas la réponse.

Je redresse la tête, quittant mes étranges pensées, pour me concentrer sur le visage, toujours stoïque, du chef des oubliators. Je hoche la tête, d’un air ferme et résolu.*

N’hésitez pas à faire appel à moi si je puis vous être d’une quelconque utilité. S’il faut un témoignage, ou même… Quelques souvenirs. Je vous les fournirais. Tout ce qu’il faudra pour soutenir aux mieux mes camarades d’infortune.

*Un doux sourire s’affiche sur mes lèvres. Ma voix est calme et douce, et pourtant, on y ressent la determination, et l’aura de courage qui emmène de ce petit corps frêle et recouvert de cicatrice. Ces plaies-là guériront, pour la plupart. Mais le courage qu’elles avaient fait naître ne se tarirait plus. Je n’étais pas la seule dans mon cas, je le savais, pour avoir vécu en groupe cette situation affreuse. Si j’avais été là, présente dans les pires moments, je pouvais bien l’être, maintenant que j’étais -à peu de choses près- saine et sauve.

Il me propose de nouveau du thé, et je secoue délicatement la tête, poliment, comme j’ai appris à le faire en vivant auprès des Slughorns. Sang-de-bourbe, peut être, mais bien élevée, cela ne faisait aucun doute. Et même cette insulte n’aurait su me déstabiliser. Je l’avais suffisamment entendu pour ne plus m’en formaliser. J’étais née moldue. Si certains considéraient que cela faisait de mon sang impurs, et refusaient de me considérer… Et bien soit. Je n’avais pas besoin d’être aimé, apprécié, et soutenu de tous. Je l’avais compris aujourd’hui. Alors je ne m’en serais pas vexée.*

Je ne voudrais pas abuser de votre accueil, Monsieur Ombrage.

*Reprendre une tasse de thé aurait sûrement prolongé l’entretien, du moins jusqu’à la fin de ma nouvelle tasse, et je n’étais pas certaine de vouloir rester ici encore bien longtemps. S’il n’était pas désagréable, ne jugeait pas, et se montrait tout à fait poli, Monsieur Ombrage n’était tout de même pas l’homme le plus chaleureux du monde. Il avait su me mettre en confiance, mais il n’avait pas le sourire rassurant de Monsieur Slughorns, avec qui je pouvais passer des après-midi à prendre le thé en sachant pertinemment que je ne l’embêtais pas. Avec l’homme face à moi, j’étais tout simplement incapable de dire s’il était intéressé, amusé, ennuyé ou juste indifférent. Et puis, l’heure tournait, et Poudlard m’attendait. Ma dérogation pour quitter l’école n’était pas éternelle, et Sybil devait brûler d’impatience à l’idée que je rentre, ayant promis -sans trop avoir le choix- de tout raconter à ma meilleure amie de cette entrevue.*

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Lun 9 Aoû - 12:25
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13 octobre 2020

Avec tout ce qui avait été évoqué, l’entrevue touchait à sa fin. Je disposerais du dossier White assez facilement, pour pouvoir potasser tout cela et présenter quelque chose de concret et de bien construit au Conseil d’Administration. Les éléments qu’elle m’avait fournis étaient flous et imprécis, mais c’étaient là les inquiétudes d’une jeune fille ayant été traumatisée par d’affreux moldus.
Je ne pouvais pas imaginer comment j’aurais réagi si j’avais été à sa place. Depuis mon plus jeune âge, j’avais appris à me battre, avec et sans magie, pour devenir un fier élève de Durmstrang par la suite. Puis mon choix de quitter mes parents pour venir vivre en Angleterre avait fait que mes entrainements aux combats avaient dû être modifiés également. J’étais toujours un très bon duelliste, mais j’avais un peu perdu l’habitude de me battre sans magie, avec le temps. Aurais-je été capable, à la place de Rachel, de mettre une raclée à mes tortionnaires ? Pour avoir déjà participé plusieurs fois à des séances de torture de moldus, de cracmols et d’autres traitres en tous genres, je savais surtout que détruire l’esprit était plus important que de blesser le corps, dans ces circonstances.

J’avais tout de même du mal à comprendre plusieurs choses dans cette histoire, mais le regard de mes collègues membres du Conseil d’Administration allait permettre d’y voir plus clair. J’étais heureux que les ambassadeurs n’aient guère leur mot à dire, d’ailleurs, car il y en avait deux qui auraient tôt fait de m’énerver, soit du fait de leur simple présence, soit parce que quand ils ouvraient la bouche, ce n’était que pour tenir des propos incohérents.
Le fait de me retrouver à ces réunions parfois tardives, ces derniers temps, m’avait aussi posé question : si je n’avais pas siégé au Conseil, aurais-je mis ce temps à profit pour ma famille ou pour la carrière ? Et qui aurait représenté notre Cause aux côtés de l’Augurey ? Il fallait des sorciers adultes, responsables, capables de réfléchir et de proposer des choses concrètement faisables et utiles. Des gens capables de travailler avec leurs opposants pour chercher à améliorer le monde magique et la vie des sorciers… autant dire que parmi les grandes figures connues de notre Cause, certains étaient trop extrémistes pour ce rôle.

Ma jeune interlocutrice m’assure de sa disponibilité pour témoigner à nouveau si cela était nécessaire, mais je me contentais de lui dire :
« Contactez-moi par hibou express lorsque vous aurez rassemblé des preuves qui pourront servir. Vous avez déjà témoigné et vos propos ont été consignés, nous ne vous demanderons pas de vivre à nouveau tout cela en nous le racontant. »

Ce n’était pas nécessaire de remuer le couteau dans la plaie. Elle semblait beaucoup tenir à ce que la situation ne se reproduise pas, à ce que son cas soit le seul… et c’était tout à son honneur, en réalité. Si sa souffrance pouvait servir à éviter celle d’autres personnes par la suite, je pouvais bien comprendre qu’elle voulait essayer de faire bouger les choses. Et je pouvais l’y aider.
Même si je méprisais les sorciers nés-moldus. Au fond, ce n’était rien d’autre que du mépris, et je leur reconnaissais des aptitudes magiques et je savais à quel point le statut du sang pouvait impacter une vie. Au moins Rachel White n’aurait pas à subir un mariage forcé, elle aurait le choix de s’unir à qui elle le souhaitait, ce ne serait pas l’objet de quelque esclandre ou scandale. Elle éviterait d’avoir à être obligée d’enfanter des consanguins et serait même peut-être heureuse… mais pour que cela soit possible, il allait falloir agir en amont.

Je ne savais que penser du sourire qu’elle m’offrait. Était-ce un sourire forcé ou un sourire sincère ? Sans connaître la personne, il n’était pas toujours facile de faire la différence. Je le savais pertinemment, ayant moi-même l’habitude d’essayer toujours au maximum de garder le contrôle, de révéler le moins d’informations possible sur mon état d’esprit, sur mes émotions, sur moi-même…
J’aurais aimé, sans aucun doute, être capable de fermer mon esprit. L’occlumancie était une discipline qu’il m’aurait plu de pouvoir étudier et maîtriser, mais pour cela, il fallait que je puisse me trouver un formateur digne de ce nom, quelqu’un qui allait pouvoir m’apprendre les subtilités de cet art… et je ne pouvais pas demander ça à ma femme, surtout pas en ce moment, elle prendrait cette demande comme du foutage de gueule, au bas mot. Et s’il y avait bien une chose que je ne ferais jamais, c’était bien me foutre de ma femme. Elianor ne méritait pas ça et je n’avais aucune envie d’empirer encore les choses avec elle. Pas alors que je faisais des efforts depuis des mois pour essayer de la retrouver et de nous laisser une autre chance.

Rachel refusa poliment ma proposition de reprendre du thé et je n’insistais pas. Cela en ferait plus pour moi et puis le protocole à Poudlard était assez strict concernant les allées et venues d’élèves en période scolaire. Si miss White avait pu avoir une dérogation de quelques heures pour se rendre au Ministère pour cette entrevue, il était plus qu’évident qu’elle ne pouvait en aucun cas dépasser le laps de temps auquel elle avait été autorisée. Je n’avais aucune idée des sanctions auxquelles elle pourrait s’exposer en ne respectant pas le deal, mais il valait mieux pour elle ne pas essayer de savoir ce genre de choses.

« Bien, je vous raccompagne, dans ce cas. » Pas jusque Poudlard, bien sûr, je ne pouvais pas non plus délaisser mon poste comme cela, sous prétexte de raccompagner une jeune fille. Mais la bienséance me dictait d’au moins la mener jusque l’ascenseur. « J’attends votre hibou, miss White. Prenez bien le temps de la réflexion, il faut que tout soit parfait. Je m’engage à présenter votre cas au Conseil de façon à ce que des décisions pragmatiques puissent être prises rapidement. »
J’engageai ma parole, bien qu’à l’heure actuelle de nombreuses personnes n’accordaient plus tant que cela d’importance à la parole donnée. Mais j’étais de l’ancienne école pour ce genre de choses et il ne me serait pas venu à l’idée de compromettre une promesse que je m’étais engagé à respecter.
Enfin, exception faite de cette promesse de fidélité que j’avais faite à Elianor le jour de notre mariage… mais nous étions alors d’accord, elle et moi, sur l’idée que nous pouvions nous amuser, tant que les sentiments restaient une histoire entre elle et moi. Je n’avais pas trahi cela, non, mais j’avais découché. Et dans notre pacte, cela revenait pratiquement au même…

J’en revenais bien souvent à Elianor, en fait. Tout me ramenait toujours à elle. Il suffisait de presque rien et mes pensées la rejoignaient, sans que je ne puisse rien y faire. C’était beau de penser à elle, de la visualiser, de profiter de l’image que j’avais en tête… mais c’était aussi douloureux, puisque je n’avais plus que mes souvenirs pour me raccrocher à la femme que j’aimais. J’avais envie de tout faire pour lui prouver mon amour, pour lui montrer que je tenais à elle plus que tout, que j’étais prêt à tout pour la retrouver… mais je savais bien qu’elle aurait besoin de temps, si jamais elle voulait bien m’accorder cette chance un jour. Et je ne pouvais que comprendre cela.
J’avais merdé. J’étais allé trop loin. Je n’avais pas été assez présent et j’avais abusé de sa patience. A sa place, je n’étais même pas sûr que j’arriverais à pardonner tout ça. Même si mes absences étaient surtout dues à ma volonté de faire en sorte que ma famille ne manque jamais de rien, elle avait fini par manque de moi… et le temps perdu comme ça, on ne pouvait jamais le récupérer, même avec un retourneur de temps.

Je me dirigeais vers la porte de mon bureau, pour ouvrir à la jeune fille, galamment, je la laissais passer devant moi, avant de rejoindre la porte suivante, qui donnait sur le couloir du troisième étage.
« Vous arriverez à retrouver l’accès au réseau de cheminette ? » Une fois qu’elle serait en bas, depuis l’ascenseur, elle n’aurait normalement pas de difficulté à trouver, tout était clairement indiqué. Je posais cette question par pure politesse, à vrai dire, tout en la menant à l’ascenseur où se trouvaient déjà quelques sorciers travaillant ici.
« Miss White, passez une bonne fin de journée. »

Je lui serrai la main, juste avant que les portes ne se referment. Et une fois l’ascenseur mis en branle, je regagnai mon bureau. J’étais un peu las de cette histoire, parce que ce n’était pas protocolaire, parce qu’il allait falloir chercher de nouveaux procédés, établir de nouveaux protocoles et chercher à faire en sorte que la procédure puisse convenir à tout le monde. Ce n’était pas gagné.
Beaucoup d’idées avaient pris naissance dans mon esprit et il était temps que je prenne quelques notes de tout cela, pour amener des choses claires et précises à la prochaine réunion du Conseil d’Administration. Aussi, sur un rouleau de parchemin, sous la forme d’une liste pas encore forcément très organisée, je rédigeais les idées qui m’étaient venues, je notais les avantages et inconvénients de chaque procédure qui pouvait me sembler être envisageable.
Il était important que tout soit clairement pensé et présenté, que chaque aspect de la question puisse être développé et abordé pour que les membres du Conseil d’Administration puissent chacun avoir un dossier complet et précis sous les yeux lorsque je ferais mon intervention. Mais la situation soulevait de nombreuses questions collatérales et il me semblait difficile de ne pas les aborder aussi, ne serait-ce que pour pouvoir protéger au mieux cette tranche de la population sorcière qu’étaient les sangs-de-bourbe. Car si je ne parlais pas en termes de protection et de sécurité, il y avait de fortes chances que je ne puisse pas faire grand-chose pour Rachel White.

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