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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Harper MacFusty
Harper MacFusty
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Mer 31 Mar - 23:33
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Nous sommes le 15 août 2020. L’été bat son plein, la chaleur assommante est particulièrement élevée pour le climat écossais. Comme le disait grand-mère Elaine, pour se protéger, restons chez nous ou sortons couvert. Et la chapelle Ste Frigus Locis est parfaite pour supporter une chaude journée d’été.

Surplombant une colline aux abords de la ville d’Edimburg, l’extérieure de la chapelle ne mesure que trois mètres de long sur deux de large. A l’intérieure, l’expression des grandeurs est tout autre : c’est une vaste salle aux hauts plafonds voutés soutenus par de longues colonnes de pierres. La salle est vide. Vide de meuble, vide de tout. Et le moindre bruit de pas résonne sur la pierre nue, à l’instar des conversations d’oiseaux virevoltant dans les bouleaux avoisinants. De la lumière transperce les vitraux bleutés des fenêtres rectangulaires parcourant le mur nord. La pierre brute au sol, dont les jointures usées creusent par endroit des interstices parfaites pour s’y coincer un orteil, confère à la salle une allure presque austère. L’espace vide, l’absence d’ameublement et la pénombre accordent un trait glacial à la pièce qui porte bien son nom : Frigus.

Harper Auburn est installée parterre en tailleur, profondément absorbée par l’observation d’un objet déposé sur son genou. Ses doigts accrochent son menton qu’elle écrabouille pour produire une grimace, symbole de son incompréhension. Enfin, « presque » incompréhension. Elle est admirative du façonnage d’un tel objet magique. C’était incroyable, incroyablement malin.

Un hibou toque trois fois sur une dalle rocheuse pour signaler sa présence. Harper ne détourne pas la tête. Elle tend une main, récupère la missive et l’a lit distraitement. Son interlocutrice a bien reçu son invitation. Il ne lui reste plus qu’à l’attendre.

Le professeur se relève, tapotant son derrière des deux mains pour épousseter son pantalon. Le collier prêté par Abigail retient toute son attention, réquisitionnant l’entièreté de sa curiosité. Entrelaçant la chaîne argentée entre ses doigts, elle laisse pendre dans le vide le cristal blanc dont la pureté ne fait aucun doute : transparent, pas une égratignure, parfaitement poli, les lignes de sa géométrie allongée subtilement dessinées, impeccablement calculées. Le cristal est retenu par un maillon d’argent permettant sa suspension à la chaîne.

Autant vous dire que Harper Auburn est très impressionnée. Elle qui avait côtoyé des Maîtres de Sortilèges plus incroyable les uns que les autres, c’était de loin l’objet ensorcelés le plus extraordinaire qu’il lui avait été permis de rencontrer. La conception est si subtile qu’elle en perd presque son latin. Une fabrication minutieuse mais pas impossible à reproduire. Sans nul doute, le professeur de Sortilège se hâte de le voir à l’œuvre. Abigail lui a promis qu’elle ne serait pas déçue. Et à en juger par la complexité de l’objet, Abigail Mcfusty ne pouvait qu’avoir raison (ajoutez à cela qu’elle tient toujours ses promesses…).

Sa montre lui indique qu’il est presque quatorze heures. Dans sa lettre, l’étudiante a certifié son arrivée au point de rendez-vous à quatorze heures pétante. Elle ne devrait plus tarder. Emerveillée par le médaillon, Harper peine à le quitter du regard. Elle tourne le dos à l’unique porte à double de battant de la chapelle. En cet instant, elle ne se doute pas le moins du monde qu’elle n’est pas au bout de ses surprises.

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Erin Delacour
Erin Delacour
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Jeu 15 Avr - 14:53
⊱ Erin & Harper ⊰

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15 août 2020

Depuis quelques jours, les effets de la pleine lune semblaient n’être devenus qu’un mauvais souvenir. Un de ces souvenirs qu’Erin s’efforçait d’enfouir tout au fond de son esprit dans l’espoir de les oublier purement et simplement. La nervosité, la colère sans cesse prête à exploser, l’impulsivité qui ne lui ressemblait pas et les mots acerbes qui voulaient forcer la barrière de ses lèvres alors qu’elle ne les pensait pas, tout ça avait disparu aussi rapidement que le soleil s’était levé. Au lendemain de sa première pleine lune, la française s’était réveillée avec des sentiments ambivalents accrochés au fond de son estomac. Le soulagement que ça soit terminé, l’épuisement de cette dernière semaine avec les nerfs complètement à fleur de peau, la joie de se sentir de nouveau elle-même. Et puis au milieu de tout ça, il y avait aussi l’horreur de savoir que dans seulement quelques petites semaines ce cercle vicieux allait de nouveau l’entrainer dans les ténèbres, que se bonheur de se retrouver n’était qu’illusoire. Parce que ce serait toujours ainsi désormais, Erin ne serait jamais plus elle-même, pas totalement, les cicatrices causées par la morsure seraient toujours là pour en attester. Elle allait devoir vivre avec mais aussi avec la culpabilité que tous ses secrets entrainaient. Alors elle en était consciente, son soulagement n’était que temporaire, ce n’était qu’une question de temps et elle frissonnait déjà d’effroi à cette idée. Rien ne serait plus jamais pareil et même le fait d’avoir vécu sa première pleine lune sans faire exploser son secret ne parvenait pas à la consoler totalement. Ces derniers jours avaient été si durs à vivre, entre ses nerfs qui lui en faisaient voir de toutes les couleurs et les insomnies qui s’amusaient à empirer les choses, qu’Erin avait cru ne jamais pouvoir s’en sortir. Et pourtant, le soleil s’était levé au lendemain de cette fameuse nuit et toute trace de l’irritation et de l’aigreur avec lesquelles elle avait dû vivre avait disparu. C’était presque comme si de rien n’était. Presque.

Mais cette idée, elle s’efforçait de la repousser de son mieux, elle se sentait enfin un peu plus elle-même, elle ne voulait pas gâcher ce temps qui lui était donné avant la prochaine pleine lune. Enfin, ça n’avait pas été aussi facile que ça à faire puisqu’une attaque de moldus avait eu lieu à Pré-au-Lard le soir même de la pleine lune et que Balthazar y avait été blessé. Le soulagement, Erin n’y avait eu le droit qu’une fois qu’elle avait pu voir son petit ami et s’assurer qu’il serait correctement soigné. Heureusement, les médicomages de Sainte Mangouste savaient ce qu’ils faisaient et le Poufsouffle avait pu se remettre de ses blessures. Ce ne fut qu’à partir de ce moment là qu’Erin s’était autorisée à souffler un peu. Il lui avait fallu encore quelques jours, mais elle avait fait de son mieux pour tenter de reprendre une vie à peu près normale, ce n’était pas simple avec son secret qui se balançait au dessus de sa tête comme une épée de Damoclès, mais elle fit de son mieux, passant du temps avec Balthazar, Evan et parfois même quelques amis. Bien sûr, la Serdaigle n’avait pas oublié que plus les semaines défilaient, plus ils s’approchaient de la reprise des cours et, organisée comme elle l’était, elle avait déjà effectué la plupart de ses achats pour la rentrée. C’est ainsi qu’elle était tombée sur une petite librairie à laquelle elle n’avait jamais fait attention avant : le Part-Chemin. Là elle y avait croisé sa camarade de maison, Ielena, mais surtout elle y avait déniché un ouvrage qui avait aussitôt attiré son œil : De la métaphysique des sortilèges : formules ancestrales et oubliées. C’était un vieux grimoire aux pages jaunies par le temps mais à l’encre encore parfaitement intacte, certainement grâce à un sortilège puisque l’auteur avait l’air d’être un expert en la matière. Ce n’était pas souvent que la Delacour tombait sur des ouvrages sur les sortilèges qu’elle n’avait jamais lus. Elle s’intéressait de près à cette discipline alors elle avait lu tous les livres sur le sujet qu’elle avait plus trouvé, du plus récent au plus compliqué. Ce vieux livre lui avait paru être une aubaine alors elle l’avait acheté sans se poser la moindre question.

Peut-être aurait-elle dû au final, car l’ouvrage se révélait bien plus complexe que tout ce qu’elle avait connu. Dedans, des pages et des pages d’explications se succédaient. Des chapitres entiers étaient dédiés à l’explication de sorts particulièrement coriaces ou originaux. D’autres étaient écris dans un dialecte que la Serdaigle n’avait jamais vu avant. D’autres encore contenait des schémas complexes ou des suites de chiffres qui semblaient sans queue ni tête mais qui devaient avoir eu un sens pour l’auteur. C’était certainement le grimoire le plus étrange et le plus compliqué que la française n’ait jamais eu, alors bien sûr, elle trouvait ça génial. Elle qui adorait les sortilèges, elle n’était pas déçue, ce livre était plein de promesses et elle avait hâte de les déchiffrer. Mais ça elle ne pourrait pas le faire seule, toute Serdaigle qu’elle était, Erin faisait avant tout des études de droit magique et non pas de sortilèges, il y avait des moments où elle devait demander un coup de main. Et ça tombait bien, elle connaissait la personne parfaite pour ça : Harper Auburn, la professeure de sortilège au collège de Poudlard. Lors de son arrivée en tant que professeure, Erin l’avait contacté pour voir s’il était possible qu’elle lui donne quelques cours particuliers de sortilèges, cette matière ne faisait plus partie de son cursus universitaire mais elle était toujours avide d’en apprendre plus. A sa grande joie, la sorcière avait accepté et depuis lors elles se retrouvaient plusieurs fois par mois pour discuter et tester de nouveaux sortilèges que la Serdaigle n’avait pas encore eu l’occasion de voir en cours. Ce fut donc tout naturellement, qu’Erin s’était tournée vers Harper pour lui parler de cet ouvrage si mystérieux.

Quelques échanges de hiboux plus tard et un rendez-vous avait été décidé entre les deux sorcières. Erin devait bien l’admettre, elle avait toujours été du genre impatiente, alors attendre la rentrée pour en découvrir plus sur cet ouvrage, ça ne lui semblait pas possible. Heureusement la professeure semblait de son avis, mieux elle lui indiquait même qu’elle possédait un objet qui leur permettrait de mieux apprendre les sortilèges qu’il renfermait. Voilà qui piquait la curiosité de la Serdaigle, et qui lui offrait aussi l’occasion idéale pour se changer les idées le temps d’un après midi. Le jour J, Erin indiqua donc à Balthazar qu’elle allait retrouver Miss Auburn près d’Edimbourg et qu’elle le rejoindrait plus tard en fin de journée. Son livre soigneusement rangé dans son sac et sa baguette coincée dans sa ceinture, Erin transplana jusqu’au point de rendez-vous. Elle ne fut pas vraiment surprise de se trouver devant une chapelle puisque Harper lui en avait indiqué le nom mais elle haussa un sourcil en voyant que le bâtiment était vraiment petit. Machinalement, la française consulta sa montre, elle était pile à l’heure, parfait. Sans plus attendre, elle alla pousser la porte en bois de l’édifice, qui grinça terriblement sur ses gonds lui interdisant ainsi tout effet de surprise. « Bonjour Harper ! » Lança-t-elle joyeusement en apercevant la silhouette de la professeure assise à même le sol. Sa voix résonna contre les murs de pierre. Alors qu’elle avançait dans la chapelle complètement vide, Erin accueilli avec bonheur la fraicheur des lieux qui tranchait avec la chaleur étouffante qui s’était abattue sur la Grande Bretagne depuis quelques semaines. « La chaleur de l’été n’était plus à ton goût pour que tu te réfugies dans une église glaciale ? » Demanda-t-elle avec un sourire aux lèvres, puisque Harper n’était pas officiellement sa professeure à Poudlard cela faisait un moment qu’elles avaient décidé de passer au tutoiement. Quant à la température, elle le savait, si pour le moment elle appréciait la fraicheur des lieux, dans quelques minutes elle finirait par regretter son short et son t-shirt. D’ailleurs elle se demandait comment Harper faisait pour rester assise à même le sol sans frissonner. En fait, elle avait même d’autres questions en tête, comme quel était cet endroit ou comment l’avait-elle trouvé, mais elle ne voulait pas noyer la sorcière de question alors elle se retint. Chaque chose en son temps.

Une fois arrivée à la hauteur de la sorcière brune qui s’était relevée, la française attira son sac à elle et fouilla dedans pour en sortir, triomphante, l’épais grimoire à la couverture en cuir d’un vert si foncé qu’il paraissait noir. Sur celle-ci des runes apparaissaient en relief mais le plus important était le titre qui brillait en lettres d’argent De la métaphysique des sortilèges : formules ancestrales et oubliées. Pas de nom d’auteur, pas plus d’indication, ce qui était d’autant plus gage de promesses aux yeux de la Serdaigle qui avait hâte d’en apprendre plus. « J’ai ramené l’objet de toutes mes migraines. » Lança-t-elle avec humour en montrant l’ouvrage à la sorcière. D’un geste, elle le lui tendit pour que Harper puisse le feuilleter si elle en avait envie. Après tout, elles étaient là pour partager alors inutile de se la jouer mystérieuse. En fait, le grimoire l’était bien assez à lui tout seul. Enfin les prunelles bleutées d’Erin furent attirées par l’objet que Harper tenait entre ses mains. Un collier au pendentif de cristal transparent. Au premier coup d’œil ça pouvait sembler être un objet plutôt banal, mais Erin savait qu’il ne fallait pas se fier aux apparences. « Et je suis prête à risquer un nouveau mal de crâne si ça peut t’encourager à partager l’objet de tous tes mystères. » Reprit-elle avec un grand sourire enthousiaste. Ah, ce qu’il ne fallait pas faire pour percer les mystères des sortilèges.

code by bat'phanie


No light, no light
in your bright blue eyes
Would you leave me If I told you what I've done ? And would you leave me If I told you what I've become ? 'Cause it's so easy To say it to a crowd, But it's so hard, my love To say it to you out loud


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Harper MacFusty
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Mar 27 Avr - 8:05
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La voix enjouée d’Erin la salue, le professeur permute sur ses talons pour l’accueillir :

« Bonjour Erin, quelle précision ! » répond-t-elle pour souligner son admirable ponctualité, une caractéristique qu’elle-même ne connaît guère. « Je sais, je sais… » admet-elle, son poignet tournoyant en l’air pour désigner la chapelle. « …c’est complètement morbide, c’est bien pour cela que nous nous y refugions sans risquer d’être dérangée. J’imagine qu’il s’agit d’un ancien lieu de culte déguisé où les sorciers d’antan se rassemblaient, prétendant être de bons chrétiens pour passer inaperçu aux yeux des moldus. Quant à la température ambiante, elle reste inchangée au fil des saisons, et j’en ignore totalement la raison ».

Harper hausse les épaules. Erin tire de son sac un ouvrage imposant. L’odeur du papier ancien fait frétiller ses narines, les yeux d’Harper s’ouvrent rond comme des billes. L’étudiante lui tend le grimoire qu’elle saisit de ses deux mains, gestes lents, mine impressionnée.

« Magnifique ! » se réjouie-t-elle en l’inspectant sous toutes ses coutures. « Le vert sapin – ou peut-être émeraude - n’est plus utilisé pour l’édition de nos jours mais ce pourrait-être un détail voué à fausser notre datation, à l’instar de l’utilisation des adjectifs ancestral et oublié. Certains auteurs pensent trouver de la crédibilité dans l’ancien. D’autres se cachent pour brouiller les pistes qui remonteraient jusqu’à eux. Cet ouvrage est incroyable Erin ! Sans nul doute, l’atmosphère va rapidement se réchauffer. Nos cellules grises vont s’activer ».

D’un coup de baguette, elle fait léviter le grimoire à hauteur de buste pour le consulter sans peine.

« Incroyable ! » Répète-t-elle perdu dans ses pensées.

Mais Erin l’extirpe de ses rêveries en désignant le médaillon. Harper le balance sous son nez pour l’inviter à en prendre connaissance.

« Ma collègue le professeur Mcfusty me l’a prêté. Ce diamant à des capacités insoupçonnées. Une fabrication personnelle, possédant moultes secrets comme ce vieux – ou pas – grimoire que tu as dégoté ».

Elle relâche le médaillon entre les mains d’Erin pour inspecter plus précisément le grimoire.

« Le médaillon », reprend-t-elle, penchée sur le grimoire, « Est capable de nous projeter dans le lieu de notre choix quand on sait correctement l’utiliser. Et ce, sans bouger de l’endroit où l’on se trouve. En l’espace de quelques secondes, on se retrouve sur la muraille de Chine sans quitter l’Ecosse. C’est étonnant ! » Elle s’était exclamée en faisant défiler les pages du grimoire. Sans transition, elle poursuit : « La métaphysique est rarement exploitée chez les sorciers. Savais-tu que personne ne s’est vraiment attelé à chercher notre origine ? Si les moldus sont friands de savoir d’où ils viennent, de découvrir le lien étroit qui les lient à l’univers, nous autre magique n’y accordons que très peu d’importance. Personne n’est allé creuser pour savoir comment et pourquoi (peut-être aussi « depuis quand ? ») nous étions magiques. Je crois que quelques recherches génétiques ont été effectué par des nés-moldus, diplômés en génétique. Sans succès. Notre code génétique ressemble à celui des moldus. Dans le palpable, rien ne nous distingue.  Je crois qu'effectivement la migraine nous menace sérieusement ».

Tandis qu’elle lui tourne le dos, affairé à découvrir l’ouvrage, elle ne remarque pas le médaillon, dans les  mains d’Erin, qui se met à trembler en direction du grimoire, tirant sur sa ficelle, comme attiré…

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Erin Delacour
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Jeu 13 Mai - 16:52
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Pile à l’heure, Erin poussa la porte de la chapelle ou la professeur Auburn lui a donné rendez-vous. Pas un seul instant de décalage n’était permis dans l’esprit de la jeune sorcière, elle était beaucoup trop organisée pour ça. Certains la disaient control freak, un sourire un brin moqueur aux lèvres, elle, elle se disait simplement prévoyante. Certes, un peu trop. Mais quand il s’agissait de mener son existence avec brio, rien n’était trop beau. Comment est-ce que les autres s’imaginaient qu’elle faisait pour tout mener de front ? Mieux, pour tout réussir comme elle le faisait ? Les cours, les stages, son rôle de préfète, sa vie sociale, sa vie amoureuse et toutes ces petites choses qui se glissaient entre ? Ca ne venait pas de nulle part. Erin ne laissait pas grand-chose au hasard quand il s’agissait de son existence. Pour pouvoir vivre comme elle l’entendait, l’organisation était la clé. Prévoir, classer, planifier… L’improvisation ce n’était définitivement pas pour elle. Et puis elle ne se faisait pas d’illusion, c’était ainsi qu’elle réussissait le mieux, alors elle n’allait pas s’en priver. Tant pis si ça donnait une raison de plus à son frère Evan de l’embêter en affirmant que sa vie était si parfaite qu’elle pourrait faire la une de Sorcière Hebdo. Au final, Erin prenait ça pour un compliment, maintenant plus que jamais, puisque la morsure menaçait de tout envoyer balader, au moins ça lui donnait l’illusion de contrôler quelque chose. Alors bien évidemment, ce fut à l’heure précise qu’elle avait indiqué à Miss Auburn qu’elle se présenta dans la chapelle. « Bonjour Erin, quelle précision ! » La Serdaigle eut un sourire. Si elle avait l’impression que son existence lui échappait, au moins elle donnait toujours le change. Arriver à l’heure, c’était tellement futile comparé à tout ce qu’il lui était arrivé ces derniers temps, surtout comparé à Harper dont Erin savait que la ponctualité n’était pas exactement le point fort. Mais il fallait bien qu’elle trouve un peu de satisfaction dans les choses simples. « Toujours avec moi, tu devrais être habituée maintenant. » Lança-t-elle en sentant les coins de ses lèvres se retrousser un peu plus.

Retrouver Harper, c’était toujours un peu plonger dans l’inconnu. Pas un seul instant Erin n’avait été déçue de lui avoir demandé de l’aider à en apprendre plus sur les sortilèges. Ce n’était pas ce à quoi la française se destinait, ça n’avait même rien à voir avec son cursus de droit magique, mais elle avait toujours été fascinée par les sortilèges -et plutôt douée en plus de ça- alors en bonne Serdaigle, elle avait saisi au vol la chance d’améliorer ses connaissances. Et le moins que l’on puisse dire c’était qu’avec Harper comme professeur particulier, elle ne s’était pas ennuyée un seul instant. Il suffisait de voir la petite chapelle abandonnée dans laquelle elle lui avait donné rendez-vous ce jour là. « Je sais, je sais… » Erin eut une expression amusée. Au moins Harper se rendait compte que ce lieu était pour le moins original. « …c’est complètement morbide, c’est bien pour cela que nous nous y refugions sans risquer d’être dérangée. J’imagine qu’il s’agit d’un ancien lieu de culte déguisé où les sorciers d’antan se rassemblaient, prétendant être de bons chrétiens pour passer inaperçu aux yeux des moldus. Quant à la température ambiante, elle reste inchangée au fil des saisons, et j’en ignore totalement la raison. » Erin jeta un coup d’œil autour d’elle mais un final il n’y avait pas grand-chose à voir. La chapelle était une coquille vide, d’épais murs de pierre qui entouraient un grand vide. La blonde n’était pas étonnée de la température glaciale, il en allait toujours ainsi avec les vieux bâtiments, sa France natale en était truffée, mais elle était d’accord pour dire que niveau ambiance, elle avait connu plus chaleureux. « Les sorciers n’ont jamais manqué d’imagination, dommage qu’ils n’aient pas pensé à rendre cette chapelle un peu moins lugubre. Quelques statues, des vitraux colorés, ça aurait presque pu être joli. » Elle haussa un sourcil amusé vers la professeure, clairement consciente qu’il aurait fallu plus que quelques vitres multicolores pour égayer un peu cet endroit. Peut-être des meubles pour commencer.

Mais ce n’était pas là l’objet de leur rencontre. Erin avait en sa possession un grimoire de sortilèges ô combien intéressant et Harper avait affirmé avoir exactement ce qu’il fallait pour le déchiffrer. C’était la combinaison que la Serdaigle s’était désespérée de trouver. Depuis qu’elle avait trouvé cet ouvrage, elle avait tenté de le lire, mais à part quelques pages en anglais, le reste était parfaitement illisible. Les pages étaient couvertes de dessins, de schémas, de signes étranges ou de langues dont elle ne parvenait pas à saisir le sens. Fidèle aux valeurs de sa maison, elle ne s’était pas laissé abattre par cette énigme, mais elle devait avouer qu’elle n’avait pas beaucoup avancé, et qu’en plus elle avait récolté quelques jolies migraines. Sans plus attendre, elle sortit le livre mystérieux pour le tendre à Harper. « Magnifique ! » Oh, oui ça elle avait raison. L’apparence de l’ouvrage était ce qui avait attiré le regard d’Erin en premier lieu. Il fallait dire qu’il faisait très classe avec son épaisse couverture verte, ses runes gravées et son titre argenté. « Le vert sapin – ou peut-être émeraude - n’est plus utilisé pour l’édition de nos jours mais ce pourrait-être un détail voué à fausser notre datation, à l’instar de l’utilisation des adjectifs ancestral et oublié. Certains auteurs pensent trouver de la crédibilité dans l’ancien. D’autres se cachent pour brouiller les pistes qui remonteraient jusqu’à eux. Cet ouvrage est incroyable Erin ! Sans nul doute, l’atmosphère va rapidement se réchauffer. Nos cellules grises vont s’activer. » Erin ne put retenir une moue face aux premières hypothèses de la professeure. En soit elle n’avait pas tort, que le livre ne soit pas aussi vieux que son apparence le laissait penser était une possibilité, certains ne reculaient devant rien pour faire payer un simple grimoire le triple de son prix d’origine. Avec la magie il n’était pas bien difficile de reproduire l’apparence d’un vieux livre d’un autre siècle. Quelques sorts et potions suffisaient. Mais elle espérait franchement que Harper se trompait. Faire chauffer leurs cellules grises sur un ouvrage plein de secret était bien plus intéressant. « Ah mais j’espère bien que c’est vraiment un vieux grimoire ! J’ai passé trop de temps et eu trop de migraines pour que ça soit juste une farce. » S’exclama-t-elle malgré tout amusée par la situation. Un sort fut lancé et quelques secondes plus tard, le livre en question flottait paresseusement dans les airs pendant que la professeure le feuilletait. « Incroyable ! » Erin eut un sourire, au moins sur ça elles étaient d’accord. Ce livre ne ressemblait à rien de ce que la Serdaigle avait déjà vu alors elle espérait bien ne pas être déçue.

Et pour ça, elle comptait sur le fameux objet dont Harper s’était servi pour piquer sa curiosité. Quelque chose qui pourrait aider à leur apprentissage, elle n’en demandait pas moins. Percer les mystères du livre tout en apprenant de nouveaux sorts, ce n’était pas la française qui allait dire non à une telle perspective. Sans nul doute, il doit s’agir du collier au pendentif de cristal que Harper promène juste sous son nez. Un appât qui marchait à la perfection puisqu’Erin ne pouvait en détacher ses prunelles. « Ma collègue le professeur Mcfusty me l’a prêté. Ce diamant à des capacités insoupçonnées. Une fabrication personnelle, possédant moultes secrets comme ce vieux – ou pas – grimoire que tu as dégoté. » Finalement, le médaillon tomba dans sa paume ouverte. Erin en apprécia le poids avant de le lever à ses yeux pour mieux l’observer. Comme ça on aurait dit un simple diamant, mais d’une taille qu’elle n’avait jamais vue. Sauf qu’elle avait appris à ne pas se fier aux apparences. « Le médaillon est capable de nous projeter dans le lieu de notre choix quand on sait correctement l’utiliser. Et ce, sans bouger de l’endroit où l’on se trouve. En l’espace de quelques secondes, on se retrouve sur la muraille de Chine sans quitter l’Ecosse. C’est étonnant ! » Les lèvres de la française s’arrondirent de surprise face à cette explication. Elle n’avait jamais vu un tel objet, elle savait que la magie pouvait à peu près tout faire mais elle n’aurait jamais imaginé que ça puisse aller si loin. Et en même temps, elle trouvait cette idée absolument fascinante. Révolutionnaire même ! « C’est génial ! Comment est-ce que Miss Mcfusty l’a obtenu ? » Tandis que ses prunelles brillaient d’excitation, les questions se bousculaient dans son esprit. Comment est-ce que cela marchait ? Qu’est-ce que ça allait faire exactement ? Quels sorts avaient permis d’obtenir ce résultat ? Erin était déjà fasciné par l’objet et toutes les interrogations qu’il suscitait. Mais la question la plus importante de tout était comment est-ce que le collier allait les aider avec le grimoire exactement. Perdue dans ses réflexions, la Serdaigle entendait à peine Harper philosopher sur la métaphysique chez les sorciers et moldus. En fait, il lui fallut même quelques secondes pour se rendre compte que le pendentif s’était mis à trembler au bout de sa ficelle. Quand Erin y jeta enfin un œil, il était déjà trop tard, le médaillon s’était mis à tirer sur la ficelle pour se rapprocher du grimoire. « Atten… » Le tion ! s’était perdu dans sa gorge avant de pouvoir être totalement prononcé. Trop tard.

Au moment où le pendentif toucha le livre, il y eut un éclat de lumière, Erin eut tout juste le temps de voir Harper se saisir du grimoire avant d’être aveuglée. Plissant les yeux, elle entrevit le cristal devenir rouge, puis jaune avant de se parer de noir. Autour d’elle, les murs de la chapelle se troublèrent jusqu’à former des murs bien différents, en un bois sombre et beaucoup plus proches d’elles. Erin fronça les sourcils, peu sûre de ce qu’il venait de se passer, ses prunelles passèrent du cristal à Harper. Elles étaient ailleurs, mais selon ce que lui avait dit la sorcière… Pas vraiment. Ah oui, la migraine était inévitable à ce point. « Oh, je ne m’attendais pas à ça. » Souffla-t-elle en découvrant l’endroit que le collier avait créé pour elle. Des murs en bois, dans un coin une table avec deux chaises délabrées, des étagères remplis d’objets divers et variés, le tout recouvert d’assez de poussière pour devenir le cauchemar d’un allergique aux acariens. A première vue, elles se retrouvaient dans une cabane paumée au milieu de quelque part. « Je préférais ta Chapelle. » Déclara Erin avec une moue. La chapelle était peut-être vide et froide, mais au moins elle ne donnait pas le sentiment d’être dans un de ces films d’horreurs moldus ou des jeunes se réunissaient dans une cabane paumée. Tout en se demandant où le collier pouvait les avoir emmenés et quel était le rapport avec le grimoire, la Serdaigle s’approcha de la fenêtre la plus proche. Au dehors, il faisait un temps affreux, d’énormes nuages noirs étouffaient le ciel et une pluie diluvienne s’abattait les champs environnants. Peut-être que le grimoire contenait un sort pour réparer les toits qui fuyaient ? Sauf que… « Harper… Je crois que je viens de voir une vache voler. » Souffla Erin d’une voix blanche. Ah non mais les vaches ça ne volait pas, la française le savait parfaitement. Sauf que celle là apparemment si. Mais elle n’avait pas l’air d’apprécier l’expérience vu les cris qu’elle poussait. Il ne fallut que quelques instants à Erin pour comprendre. « Viens… Viens voir ! Vite ! » Appela-t-elle Harper. Elle se poussa pour la laisser observer le spectacle qui s’offrait à elles : une immense tornade qui détruisait tout sur son passage. Et qui bien sûr venait droit sur elles.

En cet instant, Erin aurait certainement dû demander à Harper d’utiliser le collier pour faire cesser tout ça, mais ça ne lui effleura même pas l’esprit. Le pendentif avait créé cette situation après avoir touché le grimoire, c’était donc lui qui devait posséder la réponse. Sans attendre, la Serdaigle récupéra son livre et le posa sur la table pour pouvoir le feuilleter. « Il doit y avoir quelque chose dans le livre ! » Les pages défilaient de plus en plus vite devant les yeux de la française. La réponse devait être là, quelque part, mais comment le savoir alors que certaines pages étaient écrites dans des dialectes qu’elle ne connaissait pas ? Ce fut finalement un dessin représentant une tornade qui la fit s’arrêter. La page était remplie de signes étranges qu’elle ne reconnaissait pas, mais le schéma du résultat du sort était parfaitement clair. Erin se tourna vers Harper. « Tu as déjà mis une tornade en bouteille ? » Ce qui était une activité, somme toute, parfaitement banale.

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Harper MacFusty
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Sam 15 Mai - 14:36
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Je ne sais pas comment Abigail l’a fabriqué. Elle est pleine de ressources. Elle l’utilise pour donner ses cours.

Sacrée Abigail. Elle l’étonnera toujours.

Malgré la froideur des lieux, une atmosphère détendue règne entre les deux jeunes femmes. Qu’elles en profitent car bientôt, la température ambiante va augmenter. D’ordinaire, les exercices qu’elles entreprennent pour travailler des sortilèges divers et variés se passent de façon ordinaire, de manière scolaire, si on occulte les bièraubeurre recette spéciale Harper ou le fait que de temps en temps, elle fasse exploser un pan de mur alors qu’elle était censée « connaître parfaitement ce sort ». Ce coup-ci, la difficulté allait se corser. A la bonne heure !

Le temps que Erin découvre le cristal d’Abigail, celui-ci ne perd pas une seconde à se planter dans le mystérieux grimoire. Et la magie opère. Médusée, Harper observe le cristal passer par toutes les couleurs et, sans transition, la chapelle lugubre se transforme en cabane lugubre. Epatant ! Elle non plus ne s’attendait pas à CA !

On est d’accord, la chapelle, même vide, est beaucoup moins flippante. Je n’en reviens pas ! Toi qui songeais à mettre de la déco, on est servi !

A l’extérieur, une tempête fait rage. Les murs de la cabane fragile tremblent, remuant la poussière déposée en tas dans les moindres recoins.

Qu’est-ce que le livre essaie de nous dire ? Murmure-t-elle à demi-mot, comme pour elle-même.

Alors que Harper se plonge dans une réflexion intense, Erin attire son attention sur une prétendue vache volante. A sa demande, Harper la rejoint à la fenêtre, d’un pas plus que pressé.

Pégase est devenu obèse ?

En se penchant dans l’encadrement de la fenêtre, elles découvrent, stupéfaites, la menace d’une tornade ravageant habitations, champs, faune et flore sur son passage. Tout s’arrache, tout s’envole, tout est dévasté. Tandis que Harper assiste à la désolation du spectacle, hébétée, Erin accourt chercher le grimoire pour en dégoter une solution.

Je n’ai jamais fait ça… tout à une première fois.

Elle avance près d’Erin pour consulter le sort. Le dialecte est inconnu, les pages vieillies, l’écriture presque effacée. Heureusement pour elles que les dessins ont persisté. Harper explore les symboles inconnus, s’aidant de son index, parcourant la page en diagonale, faute de temps.

Incapable de déchiffrer les écrits, Harper se base la mise en page standard de description d’un sort. Généralement, on y retrouve les recommandations particulières en fin d’explication, puis la méthodologie en image.

Vois si tu peux nous trouver une bouteille dans tout ce bric-à-brac !

Tandis qu’Erin fouille la cabane, Harper poursuit son résonnement :

Le schéma nous intime de nous munir d’une bouteille en verre, d’attendre que la tornade soit à 200 pouces…

Elle compte sur ses doigts, se trompe, recommence.

C’est-à-dire cinq mètres… cinq mètres !!!! Elle va nous emporter ! Ah non pardon c’est 20000 pouces, soit cinq cent mètres. C’est-à-dire que la cabane va dangereusement trembler. La bouteille doit être maintenue à équidistance entre la tornade et nous. Il y a un sort à prononcer. Les écritures sont isolées, mais comment les déchiffrer…

Quelque chose de lourd vient percuter le toit de la cabane, Harper sursaute, envoyant valdinguer le grimoire un peu plus loin. Il fait quelques pirouettes sur lui-même en glissant sur le sol et…

Voilà ! Le sort en latin est écrit à l’envers. Il suffisait de retourner ce foutu grimoire.

Jetant un œil par la fenêtre, Harper constate que la tornade ne tardera pas à arriver sur elles.

Il faut effectuer un H en majuscule attaché avec sa baguette en prononçant le sort. La prononciation doit démarrer au début du geste et se terminer à la fin du geste. Maintient la bouteille en lévitation au niveau, à peu près, de la boîte aux lettres, là-bas…

Elle désigne la boite aux lettres à quelques deux cent mètres de là, au-dehors, dans un décor dévasté par les vents, la pluie, et le monstre de tornade se rapprochant. Les murs commencent à trembler, la tornade, emportant tout sur son passage, leur fait face. La bouteille, chahutée par le chaos, arrive péniblement au niveau de la boîte aux lettres. Harper se doute de la difficulté de l’exercice, et encourage Erin à tenir bon. Avalant sa salive, pointant sa baguette dehors, face à la bouteille, face à la tornade, face à l’incertitude que si elles échouent elles se retrouveront dans la chapelle saine et sauve pour un deuxième essai, elle prononce, lentement en exécutant le mouvement de baguette :

Turbinis foras cessabit interior.

Tempête dehors, calme à l’intérieur. Si l’auteur du grimoire est un petit plaisantin, Harper songe que certains ont du temps à perdre. Une lueur violette jaillie profusément, les aveuglants, rendant pénible le contact visuel avec leurs sorts et leurs objets, mais elles tiennent bon et la tornade rentre dans la bouteille comme un géni dans sa lampe. En un haut-le-corps, Harper se sent tirée par la tête, un peu comme lorsqu’on utilise un portoloin. Le chaos disparait. Un nouveau décor nocturne apparaît. Elles sont dans un cimetière. Les pierres tombales sont dans un piteux état. Tout est calme. Une lune presque pleine les éclaire. La bouteille de verre roule par terre, venant se cogner contre les pieds d’Erin. A l’intérieur, on voit la petite cabane se faire saupoudrer de flocons blancs. Petit plaisantin ! Mais quel géni.

Bra…

Harper n’a pas le temps d’ouvrir la bouche, qu’un bras sort de terre. Rapidement, d’autres bras apparaissent, partout devant elles, puis des jambes, puis des crânes, puis des squelettes sans crâne, puis des bras sans squelettes, se mouvant, tous à l’unissons vers elles. Quelle horreur !

Je déteste les morts-vivants. D’ailleurs je déteste aussi les fantômes, admet-elle. C’est un concept qui m’échappe. A mon sens, soit on vit, soit on est mort…

Mais l’armée de squelettes qui les menace semble bel et bien morte et bel et bien vi… mouvante.

On est encerclé !

Pour éviter que les morts-vivants les plus rapides et les plus proches ne les touche, Harper déploie un sort de protection, les enfermant toutes les deux dans un dôme transparent. Les squelettes mobiles sont nombreux, ils s’entassent les uns sur les autres, s’appuyant contre le bouclier magique, frappant de leurs mains dans un cliquetis d’os, ceux qui n’ont pas de bras frappent du crâne.

Où est le grimoire ? s’inquiète le professeur en cherchant l’ouvrage du regard.

Bientôt, le dôme de protection sera recouvert d’os acharnés, la lumière décroit. Si ça continue, le dôme sera enseveli sous les corps et elles seront plongées dans la plus totale des obscurités. Le dôme n’est pas menacé par les morts-vivants, mais quelque chose lui dit que tout cela à l’air trop facile. Pourvu qu’ils ne trouvent pas de faille.

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Erin Delacour
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Mer 26 Mai - 21:29
⊱ Erin & Harper ⊰

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Ainsi c’était Miss Mcfusty qui avait fabriqué ce cristal. Puisqu’elle avait suivi la première partie de sa scolarité à Beauxbâtons, Erin ne l’avait jamais vraiment côtoyé, mais franchement, elle était impressionnée. Un cristal qui créait des illusions, ça n’aurait pas dû étonner la Serdaigle, elle vivait entourée de magie, elle en avait vu d’autre, mais elle n’avait jamais eu l’occasion d’assister à ce genre de phénomène alors elle trouvait ça génial. Et en plus, elle s’en servait d’une manière qu’Erin trouvait révolutionnaire, nul doute qu’elle aurait adoré avoir Miss Mcfusty en tant que professeure. Apprendre de nouveaux sorts en se plongeant directement dans la situation où il fallait les étudier, c’était une grande première pour Erin et Harper. Habituellement, leurs cours particuliers étaient beaucoup moins… Eh bien, particuliers. Et là, elles étaient servies ! La chapelle dans laquelle elles se trouvaient quelques instants plus tôt s’était changée en une cabane en bois particulièrement glauque. « On est d’accord, la chapelle, même vide, est beaucoup moins flippante. Je n’en reviens pas ! Toi qui songeais à mettre de la déco, on est servi ! » Erin hocha la tête tout en observant leur nouvel univers. Des murs en bois qui suintaient presque, des meubles à moitiés cassés et des étagères pleines d’objets recouverts de poussière. C’était loin de faire rêver tout ça. « J’avoue que je l’imaginais un peu moins cabane de l’horreur ma déco. Je te préviens, si un tueur armé d’une tronçonneuse débarque on arrête tout. » Lança-t-elle avec une pointe d’humour. Ah oui parce que si elle était d’accord pour s’entrainer à de nouveaux sortilèges, il ne fallait pas exagérer non plus. Cabane flippante d’accord, tueur en série non merci observez cette magnifique rime. « Qu’est-ce que le livre essaie de nous dire ? » Alors ça c’était une excellente question. Pour le moment, Erin n’en n’avait pas la moindre idée. Cet endroit était tout sauf rassurant, mais en même temps il ne semblait pas y avoir de danger immédiat ou de situation à régler d’urgence. Mais si le cristal les avait emmenés là, ça devait bien être pour une raison et pas juste pour leur montrer que la déco de la chapelle n’était pas si mal que ça. « Il y a peut-être un sort anti moisissure là dedans. » Tenta la française en observant les murs en mauvais état.

En désespoir de cause Erin s’approcha de la fenêtre -crasseuse bien sûr- la plus proche, songeant que la réponse se trouverait peut-être à l’extérieur. Et quelle réponse ! Une vache volante, rien de moins. « Pégase est devenu obèse ? » La blonde étouffa un rire à cette idée. Oh si seulement ! Parce que ce n’était pas Pégase, mais bien une vache, et d’ailleurs elle ne volait pas, elle était embarquée dans une tornade et ne semblait pas trop apprécier l’expérience. Sous le choc de sa découverte -ce n’était pas tous les jours qu’une tornade lui fonçait dessus- Erin cria à Harper de la rejoindre. Peut-être que tout ça n’était qu’une illusion, mais étrangement la Serdaigle n’avait pas envie de rester là sans rien faire. Le livre ne les avait pas emmenés là pour rien alors elle alla le chercher pour y trouver un sort qui pourrait les aider. Dans la panique elle failli passer à côté de la bonne page mais finalement, elle la trouva. Les écrits étaient incompréhensibles, comme souvent dans le grimoire, mais les dessins étaient plutôt clairs. Elles devaient mettre la tornade dans une bouteille. Face à cette idée, Erin leva des yeux éberlués vers Harper. « Je n’ai jamais fait ça… tout à une première fois. » Ah oui ça allait être une sacrée première fois ! Clairement les deux sorcières n’allaient pas l’oublier de sitôt. Penchée sur le livre, Erin tentait de déchiffrer son contenu mais ça lui semblait peine perdue, elle n’arrivait même pas à déterminer en quelle langue la page était écrite. Autant laisser la main à la professionnelle. « Vois si tu peux nous trouver une bouteille dans tout ce bric-à-brac ! » Elle hocha la tête et sans attendre se précipita vers les étagères pleines d’objets en tout genre. Une boîte en fer, non. Un sablier, non plus. Dans son dos la voix d’Harper continue de résonner. « Le schéma nous intime de nous munir d’une bouteille en verre, d’attendre que la tornade soit à 200 pouces… » Un tournevis, toujours pas. Un parapluie cassé, inutile. Attendez, 200 pouces ? Erin voulait bien aider mais elle était française, elle, ces unités de mesure étrange elle ne connaissait pas. « C’est-à-dire cinq mètres… cinq mètres !!!! Elle va nous emporter ! » Erin s’étrangla à moitié et oublia sa recherche pour tourner de grands yeux vers Haper. « Quoi ?! » Cinq mètres ? Non mais ce n’était pas possible. Illusion ou pas, la sorcière n’avait pas très envie de côtoyer une tornade d’aussi près ! « Ah non pardon c’est 20000 pouces, soit cinq cent mètres. C’est-à-dire que la cabane va dangereusement trembler. La bouteille doit être maintenue à équidistance entre la tornade et nous. Il y a un sort à prononcer. Les écritures sont isolées, mais comment les déchiffrer… » Erin laissa échapper un long soupir. Cinq cent mètres voilà qui était plus raisonnable. Elle reprit sa recherche. Des lunettes, non. Un jeu de carte, non. Ah ! Enfin, une bouteille vide ! « J’en ai une ! » S’exclama-t-elle. Une petite voix dans sa tête lui rappela vaguement qu’elles étaient dans une illusion. Pouvait-elle toucher ces objets sans que tout ne s’arrête ? Pas sûr. Dans le doute, la blonde utilisa sa baguette pour faire flotter la bouteille jusqu’à elle.

Un choc vint se faire sentir contre le mur de la cabane, faisant sursauter Erin qui manqua de faire tomber la bouteille. Elle parvint à retrouver sa concentration de justesse, peu sûre d’avoir été capable de trouver une seconde bouteille dans ce bric à brac. En revanche le grimoire était tombé au sol mais ça n’avait pas l’air d’être une mauvaise chose. « Voilà ! Le sort en latin est écrit à l’envers. Il suffisait de retourner ce foutu grimoire. » Pourquoi est-ce que la Serdaigle n’était pas étonnée que la réponse soit aussi simple et tordue ? « Il faut effectuer un H en majuscule attaché avec sa baguette en prononçant le sort. La prononciation doit démarrer au début du geste et se terminer à la fin du geste. Maintient la bouteille en lévitation au niveau, à peu près, de la boîte aux lettres, là-bas… » Alors que les murs tremblaient de plus en plus, signe que la tornade n’était plus très loin, Erin hocha la tête et se força à approcher de la fenêtre pour voir ce qu’elle faisait. La boite aux lettres était difficile à distinguer vu le déluge dehors mais une fois qu’elle posa les yeux dessus elle ne la quitta plus du regard. D’un geste de la baguette, elle fit passer la bouteille par un carreau cassé et la mena tant bien que mal jusqu’au repère. Enfin, surtout mal, il fallait l’avouer, mais elle finit par réussir. Ce ne furent que ses dents serrées par l’exercice qui l’empêchèrent de demander à Harper de se dépêcher à lancer le sort. Du coin de l’œil, elle vit celle-ci se placer à ses côtés et effectuer les gestes qu’elle lui avait décrit. « Turbinis foras cessabit interior. » Erin était presque sûre qu’il y avait un jeu de mots là dedans, l’auteur ayant tout l’air d’être un plaisantin, mais elle se pencherait sur la question plus tard. Un éclair violet jailli de la baguette de la sorcière, ça aurait pu être beau si elles ne manquèrent pas d’y perdre la vue. Il y eut un instant de flottement pendant lequel Erin se demanda si elles avaient échoué, et puis la tornade se dirigea tranquillement vers la bouteille pour s’y laisser aspirer comme si elle avait toujours prévu de faire ça.

Erin s’empressa de ramener la bouteille à elles, elle voulait voir cette fameuse tornade enfermée dans son récipient. Mais quand la bouteille roula à ses pieds, elles virent qu’elle contenait maintenant la scène qu’elles venaient de vivre : une petite cabane miteuse menacée par une tornade avec une vache volante. Le tout saupoudré de petits flocons. La bouteille était devenue une boule à neige version catastrophe, c’était soit du génie soit de l’arnaque, Erin n’était pas trop sûre. « Bra… » Tiens, pourquoi est-ce que Harper s’était arrêtée. Alertée, la Serdaigle regarda autour d’elle et réalisa qu’elles n’étaient plus dans la cabane. Alors c’était ça la sensation qu’elle avait senti une fois le sort effectué. Le cristal les avait emmenées ailleurs, un cimetière à en croire les pierres tombales à moitié dévastées qui se trouvaient partout. Apparemment, l’auteur du grimoire aimait les endroits décrépis, quel drôle de goût. Ce fut alors qu’Erin les vit, les mains qui sortaient du sol. Suivi par des bras, des torses, et finalement des squelettes entiers -ou parfois juste des morceaux- qui se trainaient hors des tombes. Elle eut un mouvement de recul face à ces êtres affreux qui se dirigeaient vers eux. Yeurk. « Je déteste les morts-vivants. D’ailleurs je déteste aussi les fantômes. C’est un concept qui m’échappe. A mon sens, soit on vit, soit on est mort… » La blonde ne pu qu’hocher la tête avec conviction. Dans quoi le cristal les avait embarqués encore ? Franchement, il n’y avait pas un sort pour brosser des licornes ou bercer des bébés chiens ? Là Erin aurait signé sans hésiter. A la place elle contemplait une armée de morts vivant. « Tu crois que c’est comme dans les films moldus ? S’ils nous mordent on se transforme aussi en zombie ? » Quoi, elle n’était pas Serdaigle pour rien, elle avait toujours pleins de questions en tête. Finalement, elle secoua la tête. « Ah non, c’est vrai on est dans une illusion. Cherche pas, je vais jamais m’y faire, c’est perturbant aussi. » Elle avait beau se dire que rien ne pouvait leur arriver, son cerveau avait du mal à enregistrer l’information, pour lui elles étaient dans une situation de vie ou de mort.

Enfin surtout de mort, parce que les morts il y en avait absolument partout, au point que « On est encerclé ! » Oui, voilà. Comme ça c’était encore mieux. Avant que la bleue n’ait eu le temps de réagir, Harper avait pris les choses en main et formé un dôme de protection autour d’elles. Ce fut loin de décourager les morts qui se massèrent autour d’elle en frappant le dôme et en se grimpant dessus. Bientôt ils allaient finir par le recouvrir entièrement et cette idée fila des frissons à Erin. « Où est le grimoire ? » Mais oui, bien sûr ! Laissant Harper maintenir son sort, la Serdaigle regarda autour d’elles affolée. Et si le grimoire ne les avait pas suivis ? Non, impossible, elles étaient dans une illusion, décidemment elle ne s’y faisait pas. Bon, la dernière fois, il était tombé au sol, ce qui voulait dire « Là ! » S’écria-t-elle en le repérant quelques pas derrière elles. Heureusement il était dans le périmètre du dôme. Elle se précipita dessus et ravala un cri lorsqu’une main surgit du sol juste devant son nez. « Ils creusent ! » Oh par Merlin, c’était vraiment l’angoisse, pourquoi est-ce que l’auteur du livre avait des sorts qui impliquaient les morts ? Un brin paniquée, Erin revint vers Harper pour s’éloigner du bord tout en feuilletant fiévreusement le livre. Mais pourquoi il n’y avait pas de sommaire ? « Ca doit être ce sort là ! » Elle montra la page à la professeure. Dessus des squelettes étaient dessinés, bras en l’air, jambes repliées. Elle approcha le livre de son visage pour réussir à lire malgré le manque de luminosité. Le texte n’était pas de l’anglais, mais elle réalisa qu’elle pouvait le lire. « C’est du vieux français je devrais pouvoir le déchiffrer. Alors, alors… Il faut chantonner la formule, tout en faisant des vagues avec sa baguette comme un musicien. Non ! Un chef d’orchestre. » S’exclama-t-elle au fur et à mesure de sa lecture laborieuse. Pourquoi la précision, elle ne savait pas trop mais ce n’était pas le moment de poser des questions.

Une fois la formule retenue, Erin referma le livre d’un geste sec et le cala sous son bras gauche. Elle ferma les yeux un instant pour se concentrer et tenter d’oublier les squelettes, puis elle leva sa baguette du bout des doigts et essaya d’imiter les gestes des chefs d’orchestre. « Exultant lusibus mortuus est. » Chantonna-t-elle en essayant d’inventer un rythme. Après quelques secondes, un mince fil argenté s’échappa de sa baguette pour venir s’enrouler autour des morts. Erin fit un tour sur elle-même sans cesser de prononcer la formule pour que le sortilège touche tous les squelettes. Il y eut un instant de battement, et puis finalement les morts se calmèrent, ils reculèrent en un seul ensemble. Après une pause, ils se remirent en mouvement, mais c’était différent, d’abord une épaule qui se hausse, une tête qui se penche, puis les bras qui se lèvent à moitié, mains en forme de serre, d’un côté, puis de l’autre. Erin les observa, intriguée et échangea un regard avec Harper. Elle avait déjà vu ça quelque part. Elle creusa dans sa mémoire et ça lui revint, un clip vidéo d’un chanteur américain ultra connu que Balthazar lui avait montré. Par Merlin ces squelettes dansaient du Michael Jackson ! « C’est… Original. Je ne sais pas qui a écrit ce livre mais il devait avoir un humour vraiment bizarre. » Souffla-t-elle en étouffant un rire. Si elle s’était attendue à ça. Mais n’était-ce pas à leur bizarrerie qu’on reconnaissait les génies ?

Alors qu’Erin sentait enfin son cœur reprendre un rythme normal, le cristal s’illumina de nouveau et le décor se métamorphosa autour d’elle. Oh par Merlin, sur quelle catastrophe allaient-elles encore tomber ? Hum, peut-être allaient-elles y échapper ? Cette fois pas de décor terrifiant, elles se trouvaient dans une forêt calme et lumineuse. Pas de bruit étrange, de bête tapie ou de menace imminente. Erin leva les yeux vers Harper. « Ah bah voilà, c’est mignon ici ! On pourrait peut-être y rester » Au dessus d’elles, un grand ciel bleu, un peu partout des arbres verdoyants et juste à côté, une petite rivière qui s’écoulait paisiblement. Et à leurs pieds… « Oh, attention où tu marches. » S’exclama-t-elle en apercevant des brindilles qui se déplaçaient. Non pas des brindilles, des botrucs ! Ceux-ci se massaient sur les bords de la rivière en poussant de petits cris plaintifs, un air désespéré sur leurs minuscules visages. Erin fronça les sourcils, attristée par leurs cris, sûrement leurs arbres se trouvaient de l’autre côté de la rivière mais ils ne parvenaient plus à la traverser.

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La question d’Erin la frappe un instant de pertinence. Se faire mordre, devenir zombie… Plongées dans une illusion, mais à quel point ? Ce pourrait-il qu’en relâchant son bouclier les zombies se jettent sur elles sans provoquer le moindre dommage ? Les illusions dans l’illusion ne sont qu’illusion ? Une attaque d’image, une attaque de fantôme ? La jeune femme ne peut s’empêcher de ressentir comme un énorme doute ou du moins, une hypothèse qu’elle n’ira pas vérifier. Juste au cas où.

La montagne de morts vivants qui s’élève projette après-en son ombre sur les deux prisonnières bientôt recouvertes par la pénombre. Prisonnières de leur protection, prisonnières des morts. Erin ne tarde pas à retrouver le grimoire pendant que Harper ménage ses efforts pour maintenir sa magie. La force des zombies n’est pas assez puissante pour mettre en péril la résistance de son bouclier magique mais il faut avouer que l’incongruité de la situation, le doute planant quant à la véracité du réel danger qui les menace, intimide sa concentration. Mais Harper ne pouvait pas faillir, encore moins pour la sécurité de l’étudiante. Erin n’est pas son élève mais elle se sent mue par la responsabilité de l’aînée.

Comment ça ils creusent ? demande Harper, extirpée de sa conversation mentale. Elle détourne la tête pour constater qu’effectivement ces saletés de morts vivants creusent des galeries sous la bordure du dôme, l’un d’eux se servant même de son bras détaché comme d’une pelle. Quelle saleté ! Comme une cheffe, Erin déniche le sort pour en déchiffrer formule et gestuelle. Comme une cheffe d’orchestre, elle s’adonne à la mise en pratique pour le moins mélodieuses, complètement en décalage avec la mort qui les entoure. Et elle n’est pas au bout de ses surprises. Le filet d’argent tournoie autour des zombies forcés de se replier sur eux-mêmes. Pour amorcer leur départ, ils esquissent quelques pas de danse…

Je rêve ? Humour bizarre ou cynique, Harper écarquille les yeux en observant les morts s’éloigner en moonwalk. L’humour décalé de l’auteur lui donne froid dans le dos. Ca nous laisse présager que l’auteur est probablement né-moldu ou moitié-moitié ou qu’il a côtoyé les moldus de près … à moins que ce soit une ruse pour fausser notre jugement.

Erin qualifia le nouvel endroit (nouveau niveau ?) de mignon, c’est le moins que l’on puisse dire. A peine les morts avaient-ils disparu que le grimoir les transporte dans un nouvel endroit. Les couleurs chatoyantes de la nature environnante éblouies leurs yeux habitués à la pénombre du cimetière. Harper se frotte les paupières puis se masse les tempes. Combien de temps ce petit manège va-t-il durer ? Et si elles étaient prisonnières du grimoire ? Sans nul doute, on finirait bien par remarquer leur absence. Mais avaient-elles seulement prévenu quelqu’un de leur rendez-vous à la Chapelle Sainte Frigus Locis ? Harper esquisse un pas en avant pour s’avancer vers la rivière, quand soudain Erin la prévient de faire attention où elle met les pieds. En effet, une peuplade de Botrucs grouille sur le sol. Ils se jettent au bord de la rivière, désespérés de ne pouvoir la traverser. L’autre rive est à une bonne centaine de mètre. Il suffirait d’amasser les brindilles d’un arbre avec un sort de lévitation pour leur construire un pont capable de les aider à traverser.

Trop facile, murmure Harper avec inquiétude en se tournant vers Erin. Tu as eu la même idée ? Cependant, elle n’entrevoit aucune autre solution. Si la facilité est un piège, elles allaient en avoir le cœur net. Wingardium leviosa. Harper prononce le sort avec le sentiment qu'elle se jete dans la gueule du loup. Pour savoir si on avance dans la mauvaise direction et bien... il faut avancer dans la mauvaise direction !

Un amas de brindilles s’élève au-dessus de la rivière pour former une passerelle que les Botrucs s’empressent d’emprunter avant même que celle-ci soit terminée. De retour dans leurs Arbres, ils se jettent dans leur tronc comme poursuivis par le diable et barricade chaque ouverture. Harper fronce les sourcils.

Est-ce qu’ils n’arrivaient pas à traverser la rivière ou bien étaient-ils pours…

Un bruit retient leur attention dans leur dos. Harper se retourne, baguette en garde, mais se détend bien vite face à une minuscule créature rose, grosse et ronde comme une pomme, sans nez ni bouche mais pourvues de grands yeux noirs mignons (comme cette forêt) avec, en guise de jambes et de bras, quatre boules rouges scintillantes semblables à des fraises tagada. Toujours sur ses gardes, Harper observe la créature les rejoindre en sautillant, répétant sans cesse :

Eat me, eat me,  eat me…

Comme un air de déjà-vu.

C’est la version gore d’Alice aux pays des Merveilles ? Qu’est-ce que c’est ce petit pokémon ?  Soit prudente Erin, je n’…

La créature arrive à la hauteur d’Erin et, sans prévenir ni ménagement, tout en criant eat me, elle saute assez haut pour lui gober la main, entièrement, sa bouche s’étant étendue comme un élastique. Harper esquisse un air de surprise, la bouche grande ouverte, presque à s’en détacher la mâchoire.

La sale bestiole, je le savais ! Ne bouge pas je vais trouver une solution. Tout en pestant contre les Botrucs qui auraient pu les prévenir plutôt que de se contenter de leur aide, elle se jette sur le grimoire, tournant frénétiquement les pages, essayant de ne pas se laisser déconcentrer par la lutte d’Erin pour conserver sa main entière et se débarrasser de cette odieuse petite bestiole mignonne en apparence (comme la forêt). Elle revient quelques pages en arrière, ses yeux attirés par un titre : Meat. Elle s’attarde sur les schémas et reconnaît la bestiole. Le dessin est surmontée d’une bulle de bande dessinée dans laquelle est inscrit Eat me. Sous le dessin, le nom de la créature est inscrit en italique : Me-eat.

Eat-me ? Me-eat ? Repète-t-elle à voix haute. Elle peste : Quel jeu de mot pourrie ! Meat ? Viande ?

Fallait-il chasser un pauvre animal sans défense pour le donner à manger à l’ignoble créature ? Cela avait un sens puisque le bonbon mobile s’acharne à vouloir gober tout rond Erin. Harper se frappe le front, agacée par sa propre bêtise. Dans sa précipitation, elle avait omis que le but de l’exercice est d’apprendre un sort. L’auteur (décidément vraiment pas drôle !), décrit un sort de métamorphose pour transformer un aliment végétal en chaire animale.

Pourvue que ce soit de la chaire inerte. Pourvu que ce ne soit pas de la chaire humaine, espère Harper en se relevant. Elle accourt près d’un pommier aux belles pommes rouges. Comme un air de Blanche-Neige.

J’y suis presque Erin, tiens bon !

Elle dépose la pomme sur l’herbe mouelleuse, s’éclaircie la gorge et avant de prononcer la formule, annonce :

J’ai honte. La formule doit être prononcée en esquissant le signe de croix des moldus chrétiens. Attend d’entendre les paroles.

Elle ferme les yeux pour rassembler ses esprits, projetant sa concentration sur la magie qu’elle allait effectuer.

Bibidi…

Au nom du père. Elle pose la pointe de sa baguette sur la queue de la pomme.

… bibidi…

Du fils. Elle pose la pointe de sa baguette au niveau du centre de la pomme, là où les pépins devraient se trouver, comme s’ils représentaient son cœur.  

…bobidi…

Et du saint. Elle pose la pointe de sa baguette à gauche de la pomme.

…bou.


Amen. Sa baguette touche le côté droit et la pomme se transforme en un beau morceau de chaire rosée bien frais. Elle refuse de songer à quel animal appartient cette viande, elle refuse également de la prendre en main et fait léviter le produit de son sort vers la créature, qui, reconnaissant l’odeur, lâche Erin et se jette sur la viande. Harper se rapproche de l’étudiante. Elle n’a pas le temps de dire un mot que, la créature aillant déjà fini de manger, souhaite retourner tenter d’arracher la main de la jeune fille. Heureusement, avant que la créature n’est le temps de bondir Harper lui… shoot dedans. Sec, net. Bim ! La créature tombe dans la rivière, remonte à la surface et avant qu’elles n’aient le temps de dire ouf, les deux femmes sont à nouveau tirées dans un nouveau monde.

Un monde sombre. Un monde joli. De toute part, le ciel marine de la nuit. Partout, des étoiles scintillent si proches et lointaines à la fois. En levant la tête, elles aperçoivent une aurore boréal traçant son halo loin dans l’immensité de l’espace, là où leur vue ne leur permet plus de voir. Sont-elles dans l’espace ? Non, elles ne pourraient plus respirer. Sont-elles dans le ciel ? Peut-être. Dans ce ciel, elles voguent sur une plateforme de métal, circulaire, longue d’une dizaine de pas, comme des soucoupes volantes aplaties.  Un peu partout, flottent des plateformes identiques et, plus loin au-dessus de leur tête, la plus haute des plateformes brille grâce à une grosse enseigne éclairée de rose sur laquelle est inscrit : Exit. Typique.

Tu n’as rien ? demande Harper inquiète pour la main d’Erin. Et, comme attirée par le vide, elle s’approche du bord de la plateforme pour se penchée un peu, constatant l’immensité du vide sous leur pied. Le ciel est partout. En haut, en bas, à gauche, à droite.

Qu’est-ce que c’est beau !

Harper ne quitte plus le vide des yeux, comme obnubilée.

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Erin Delacour
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Jeu 1 Juil - 22:34
⊱ Erin & Harper ⊰

... ... ... It's in the game

Après la cabane de l’horreur et sa tornade -avec bonus vache volante- voilà qu’elles se retrouvaient face à des zombies qui faisaient un remake de Thriller -merci Balthazar pour la référence moldue. Erin ne comprenait toujours pas comment Miss McFusty avait pu se procurer un tel cristal mais elle le trouvait à la fois impressionnant et angoissant. Sûrement que si son cerveau parvenait à se faire au fait que tout ce qu’elles vivaient étaient des illusions et qu’elles ne craignaient rien, elle aurait pu en profiter un peu plus, mais son côté Serdaigle ne cessait de ressortir et de crier au danger. Il fallait dire que le coup des morts vivants qui tentaient de leur sauter dessus, illusion ou pas, ce n’était pas rassurant. Quant à les voir danser une chorégraphie ultra célèbre, eh bien c’était hallucinant, tout simplement. « Je rêve ? » Oui, ça résumait bien la situation. Erin aussi avait l’impression de rêver. Balthazar lui avait déjà montré plusieurs fois le fameux clip des zombies dansants mais elle n’avait jamais imaginé le voir en vrai. Enfin, en illusion. Bon, vous avez compris. « Ca nous laisse présager que l’auteur est probablement né-moldu ou moitié-moitié ou qu’il a côtoyé les moldus de près… A moins que ce soit une ruse pour fausser notre jugement. » Un rire soulagé aux lèvres, la française observait le spectacle des morts dansants. Elle hocha la tête aux dires d’Harper. Elle n’avait pas tort, utiliser des références moldus serait un bon moyen de brouiller les pistes, mais en même temps ça paraissait être beaucoup d’efforts pour pas grand-chose. Ce recueil de sortilèges n’était pas connu dans le monde sorcier, l’auteur n’avait donc pas vraiment de raison de vouloir garder son anonymat. La blonde avait sa propre petite idée sur la question. « J’ai l’impression que les sorciers de sang-pur ne sont toujours pas très au fait de la culture moldue, mon intuition va plus pour né-moldu ou moitié-moitié. » Sûrement que la suite de leurs aventures leur en dirait plus.

Parce que c’était loin d’être fini, en quelques instant les zombies dansants avaient disparus pour laisser place à un décors de forêt idyllique. Voilà qui était reposant. Pour le coup, Erin s’y serait bien installée un petit moment pour se remettre de ses émotions. Mais à première vue elles n’étaient pas là pour s’allonger dans l’herbe verdoyante, plutôt pour venir en aide à une bande de botrucs qui cherchaient désespérément à traverser une rivière sans jamais y parvenir. Tandis que Harper murmurait pour elle-même, la Serdaigle examinait les environs à la recherche d’une solution qui, au final, était plutôt évidente. « Tu as eu la même idée ? » Levant ses prunelles vers la professeur, Erin hocha la tête. Elles n’allaient quand même pas laisser ces pauvres petits botrucs incapables de rejoindre leurs arbres ! De toute manière, elle ne voyait pas ce qu’elles pouvaient faire d’autre. D’un commun accord, les deux sorcières levèrent leurs baguettes pour jeter un sort de lévitation. En quelques secondes des brindilles se rassemblèrent pour former un pont sur lequel les botrucs se précipitèrent. Sans attendre, ils rejoignirent leurs arbres et bouchèrent les trous de leurs cachettes. Erin haussa un sourcil, et échangea un regard étonné avec Harper, ils ne s’étaient même pas retournés pour les remercier. La Serdaigle n’était pas une experte en créature magique mais il lui semblait que les botrucs étaient des animaux sociables. Apparemment pas cette fois. Pour la gratitude, elles allaient repasser. « Est-ce qu’ils n’arrivaient pas à traverser la rivière ou bien étaient-ils pours… » La phrase de la professeure de sortilèges n’eut jamais de fin, dommage parce que la question de la jeune femme ne manquait pas d’importance.

Un bruit avait coupé Harper et les avait poussées à se retourner. A quelques pas d’elles, les sorcières découvrirent une étrange créature. C’était une petite bestiole ronde et rose, dotées de grands yeux noirs et de petits bras et jambes en forme de boules rouges. Erin l’observa étonnée, elle n’avait jamais vu ça avant. « C’est quoi ça ? Une sorte de boursouf ? » Demanda-t-elle en tentant de se creuser la tête pour trouver le nom de cette bestiole. Elle tendit l’oreille en entendant un son provenir de son… Manque de bouche ? Vraiment bizarre tout ça. Eat me, eat me,  eat me… ah. D’accord. Pas du tout rassurant. « C’est la version gore d’Alice aux pays des Merveilles ? Qu’est-ce que c’est ce petit pokémon ? Soit prudente Erin, je n’… » Si même Harper sentait que quelque chose clochait alors c’était que c’était bien le cas. Est-ce que Erin avait l’intention de l’écouter et de se montrer prudente ? Oui. Est-ce qu’elle en eut le temps ? Absolument pas. La française avait à peine eu le temps d’esquisser un mouvement de recul que la créature avait bondit vers elle. Soudainement elle s’était découvert une bouche dont elle s’était servie pour pousser un cri de guerre et… Gober la main d’Erin. Oui, tout à fait. Elle avait ouvert grand la bouche et l’avait refermée sur la main de la Serdaigle jusqu’au poignet. La française avait fait un bond en arrière mais il était trop tard. « Aaaah ! Il veut pas me lâcher, fais quelque chose ! » D’un air horrifié, elle secoua sa main mais la créature était bien accrochée. Ah mais quelle horreur ! « La sale bestiole, je le savais ! Ne bouge pas je vais trouver une solution. » Tandis que Harper se jetait sur le grimoire pour trouver le sort capable de les aider, Erin continuait à tenter de se débarrasser de la créature. Elle avait sa baguette mais elle avait peur de se blesser elle-même. Après quelques secondes de panique, Erin réalisa qu’elle ne ressentait aucune douleur. Etait-ce parce qu’elles étaient dans une illusion ? Elle avait surtout l’impression que la bestiole n’avait tout simplement pas de dents. Elle tirait sur sa main mais ne sentait rien de spécial, c’était juste chaud et humide. Beurk. C’était un coup de bol, mais en même temps c’était vraiment dégoutant. « Dépêche-toi, il essaye de m’avaler le bras ! » S’exclama-t-elle avec une grimace de dégoût en sentant la bestiole essayer d’avancer le long de son poignet. Serait-elle vraiment capable de s’étirer pour lui avaler tout le bras ? La Serdaigle n’était pas sûre de vouloir la réponse à cette question.

Pendant ce temps Harper marmonnait dans son coin, Erin espérait que c’était parce qu’elle était en train de déchiffrer le sort, elle n’osait pas s’approcher de peur que la bestiole rose ait d’autres tours dans son sac. Tout en gardant un œil sur l’affreuse bestiole qui la prenait pour ses quatre heures, la Serdaigle observait le spectacle de harper qui réfléchissait. Elle tourna les pages du grimoire, revint en arrière, se frappa le front et… S’en alla. Quoi ?! Mais où est-ce qu’elle allait ? « J’y suis presque Erin, tiens bon ! » Ah, elle revenait, et avec une pomme. Ce choix laissa la française perplexe, de son point de vue son bras avait l’air plus appétissant que le fruit mais la professeure devait avoir ses raisons. « Je fais de mon mieux. » Souffla-t-elle en grimaçant. Elle tenait sa main avec la créature accrochée le plus loin possible de son visage de peur qu’elle décide de changer de cible. « J’ai honte. La formule doit être prononcée en esquissant le signe de croix des moldus chrétiens. Attend d’entendre les paroles. » D’accord c’était vraiment étrange comme manière de lancer un sort mais pour le coup Erin s’en fichait bien. S’il avait fallu que Harper sautille sur place en se tapotant la tête et en se frottant le ventre ça ne l’aurait pas plus choqué que ça, tant que le sort marchait. « Pas grave ! Lance le sort ! » La pressa-t-elle. C’était que la bestiole gagnait du terrain, le poignet d’Erin avait disparu et bientôt ce serait le tour de son avant-bras. Enfin Harper entama le sort. Malgré sa panique, la Serdaigle ne put s’empêcher de tiquer. Ah oui c’était vraiment spécial comme formule. Ca lui disait quelque chose non ? Mais oui ! Ca venait d’un de ces dessins animés moldu que Balthazar lui avait montré ! Et le signe de croix sur la pomme ça rajoutait un niveau de bizarrerie à tout ça. Finalement, la pomme se changea en morceau de viande crue (beurk) et, ô miracle, la créature se désintéressa de la main d’Erin pour se jeter dessus. La Serdaigle poussa un long soupir, qui se bloqua aussitôt dans sa gorge lorsque la bête se retourna vers elle. Heureusement les réflexes d’Harper étaient au point, un magnifique coup de pied et la bestiole s’envolait pour atterrir dans la rivière en un plouf particulièrement satisfaisant.

Pas le temps de prononcer un mot, le décor autour d’elles changeaient déjà. Les yeux écarquillés de surprise, Erin se tourna tout de même vers la professeure. « Merci… Si un jour tu penses à te reconvertir, le foot peut être un bon choix de carrière. » Avec un shoot pareil, elle ferait fureur. Enfin, elle prit le temps de regarder où elles avaient atterri. Elles étaient dans le ciel, il n’y avait pas meilleur moyen de décrire les choses. Tout était d’un bleu nuit, avec des étoiles scintillantes. Sous leurs pieds, une plateforme argentée, sorte de planche de surf version alien. « Tu n’as rien ? » Erin s’arracha de sa contemplation des environs. Ah oui, sa main. Elle la leva devant elle pour l’observer, elle était un peu rougie mais rien de bien grave. Elle bougea les doigts, tout avait l’air de fonctionner. Ouf. « Ca va, ce truc n’avait pas de dents. Mais c’était quand même… » Elle frissonna en repensant à la sensation de la bestiole qui lui gobait la main. « Beurk. » Il n’y avait pas de meilleur mot. « Je retire ce que j’ai dit tout à l’heure, je veux pas savoir ce que c’était, d’ailleurs je veux plus jamais croiser de bestiole comme ça. » Ah non, elle n’était pas sûre de pouvoir s’en sortir une seconde fois. C’était une expérience qu’elle préférait ne pas réitérer. « Qu’est-ce que c’est beau ! » Erin se réintéressa à l’univers dans lequel le cristal les avait plongé. Dans le ciel étoilé, il y avait des plateformes argentées qui flottaient un peu partout et surtout une sublime aurore boréale qui s’étirait paresseusement au-dessus d’elles. La Serdaigle émit un sifflement impressionné. « Waouh alors ça c’est du décors ! Je crois que c’est mon préféré. » Il fallait dire que la cabane crasseuse et le cimetière n’envoyait pas trop du rêve. La forêt aux botrucs avait été jolie mais pas exceptionnelle. Celui-là était vraiment magnifique.

Un éclat de lumière attira son attention, sur la plateforme la plus élevée un néon rose déclamait Exit. « Ca a au moins le mérite d’être clair. » Elles tenaient leur objectif, il ne leur manquait plus qu’à trouver comment rejoindre cette soucoupe géante et croiser les doigts pour ne pas se faire manger par un alien en passant. Le grimoire dans les bras, elle le feuilleta en espérant tomber sur la bonne page. Heureusement que l’auteur l’avait illustré ! Après quelques instants, Erin tomba sur des dessins qui ressemblaient aux plateformes qui les entouraient. « Je crois que j’ai le sort ! » S’exclama-t-elle avec enthousiasme. Sauf que, ohlala c’était vraiment écrit petit. Elle dû presque écraser son nez sur les pages pour tenter de lire, et en plus un mot sur deux était écrit à l’envers. Il lui fallut presque une éternité pour déchiffrer quoi que ce soit. « Tu as déjà fait du surf ? » Demanda-t-elle en se tournant vers Harper. Ses prunelles revinrent sur la page pour vérifier, c’était bien ça. « De ce que je comprends, il faut diriger cette espèce de soucoupe comme une planche de surf géante. Il y a une sorte de sortilège de poussée qui permet de la déplacer. » Expliqua-t-elle en regardant autour d’elles. Au fond c’était simple, lancer le sort vers la gauche poussait la plateforme vers la droite, le lancer vers là-bas la faisait monter, et inversement. Si seulement c’était aussi simple que sur le papier. « On aura juste pas mal d’obstacles à éviter. Je ne sais pas toi, mais je n’ai pas très envie de savoir ce qu’il se passera si on tombe. » Encore une fois elle avait toujours du mal à se faire à l’idée qu’elles étaient dans une illusion. Et puis son petit côté Serdaigle la poussait à tout vouloir réussir, encore plus quand il s’agissait de sortilèges vu qu’elle adorait ça. Harper étant déjà à un bout de la plateforme, la blonde alla se poster à l’opposé. Elle relu la formule une dernière fois. « Ad infinitum, et ultra. » Ce qui donnait Vers l’infini et l’au-delà. « Je suis de plus en plus prête à parier que notre auteur est d’origine moldu. » A ce stade il y avait de moins en moins de doutes. Après avoir étudié le meilleur chemin à prendre, les deux sorcières se lancèrent dans le pilotage de leur plateforme argentée. Il y eut quelques cahots, plusieurs frayeurs et quelques soucoupes effleurées d’un peu trop près mais Erin songea qu’elles s’en sortaient plutôt bien. Elles finirent par approcher de la plateforme principale. « A toi l’honneur ! » S’exclama la bleue avec un grand sourire. Elle ne tarda pas à y rejoindre Harper et un petit feu d’artifice se déclencha comme pour les féliciter de leur arrivée. Erin avait l’impression d’être dans un de ces jeux vidéo auxquels Balthazar jouait. Elle avait hâte de lui raconter tout ça.

Quand la française détacha les yeux du feu d’artifice, elle découvrit qu’elles avaient à nouveau changer de décor. Allaient-elles devoir faire chaque sort du livre ? Si c’était ça elles n’avaient pas fini ! Mais au moins la pièce dans laquelle elles venaient d’apparaitre était plutôt classique. « Ah, ça c’est un endroit que je connais bien ! » Elles se trouvaient seules dans une immense bibliothèque. Partout, des rayonnages de livres aux couvertures anciennes, et par-ci par-là des tables de travail avec leurs petites lampes vertes studieuses. Un bruit à leurs pieds lui fit baisser les yeux. Un livre à la couverture bleu foncé se trouvait là, posé sur la tranche il semblait se tortiller, comme s’il les reniflait. Non loin, Erin aperçu trois autres livres qui semblaient les observer depuis le coin d’un rayonnage. Après un instant d’hésitation, ils s’avancèrent vers elles en se tortillant sur la tranche. « On dirait des animaux de compagnie, tu crois qu’ils sont apprivoisés ? » Erin avait bien envie de tenter de leur gratouiller la couverture mais sa mésaventure avec la bestiole rose lui avait suffi. Elle se contenta donc de les observer renifler leurs chaussures. Quand elle releva les yeux, elle s’aperçu que d’autres livres arrivaient d’un peu partout, certains sautant de leurs étagères pour les rejoindre. Rapidement, elles furent entourées d’ouvrages qui se comportaient comme des petits chiens. Elle se tourna vers Harper. « Hum, ça devient bizarre non ? » Ah oui parce que jusqu’à maintenant elles passaient une journée tout à fait normale.

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No light, no light
in your bright blue eyes
Would you leave me If I told you what I've done ? And would you leave me If I told you what I've become ? 'Cause it's so easy To say it to a crowd, But it's so hard, my love To say it to you out loud


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Jeu 15 Juil - 22:25
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Qui est cet auteur inconnu ? Quel est le sens de sa vie ? Sorcier des temps moderne ou d’une autre époque, elles sont prisonnières de son grimoire infernal, à la merci de son esprit tordu. Dans quel but sommes-nous capables de créer une mascarade aussi sordide ? Un né moldu ayant besoin de faire ses preuves ? Un sorcier chevronné ignoré de tous, réclamant l’attention de ses pairs ? L’épreuve du grimoire constitut-elle une punition ? Une rédemption ? Un test ?

Au milieu du néant, Harper s’interroge tandis que Erin feuillète le grimoire à la recherche d’une énième solution. La jeune femme se rapproche du bord pour inspecter le vide qui s’étend sous leur pied. Et si elles étaient prisonnières d’une boucle infernale se perpétuant à l’infini ? Cette pensée lui traverse l’esprit, elle frissonne, les yeux rivés sur l’immensité du ciel qui les entoure. Au fond, qu’est-ce qui est le plus flippant ? Le vide alentour ? La boucle infernale ? Les zombies auraient-ils pu les réduire en charpie ? La tornade les aurait emporté ? L’abominable créature rose MeEat aurait-elle pu les gober tout rond ? Dans ce jeu, la mort est-elle possible ? A quel point le danger est palpable ? La trouvaille de Erin l’extirpe de ses sombres pensées. Harper la rejoint.

En première année à Poudlard, j’ai surfé sur un balai en plein vol. En tant qu’adulte possédant une fierté je ne peux pas te raconter la fin de l’histoire.

Erin décrit le sort, laissant deviner les efforts qu’elles devront décupler.

Moi non plus je n’ai pas envie de savoir ! Surenchérit-elle. Ce jeu est abject, la preuve en est : les deux femmes ont la même crainte. Réalité ou illusion ?

Ensemble, elles calculent le trajet à effectuer avant de se mettre à l’œuvre. Elles durent synchroniser leurs sorts et leurs mouvements. La tâche n’est pas simple mais elles réalisent un joli travaille d’équipe. C’est en voulant les éviter qu’elles s’aperçoivent à quel point les soucoupes sont nombreuses et l’espace les rattachant relativement réduit. Harper failli perdre patience et voulu carrément bousculer une petite plateforme dont le positionnement est vraiment enquiquinant. Heureusement que sa coéquipière à la tête vissée correctement sur les épaules. La Serdaigle refuse, répétant qu’il faut s’en tenir au plan élaboré. Harper respire un grand coup pour prendre son mal en patience, et c’est avec un profond soulagement qu’elles atteignent enfin la plateforme finale.

Un petit pas pour les sorciers, un grand pas pour la liberté, déclame-t-elle tandis que son pied foule le sol métallique de la dernière plateforme. Enfin j’espère !

Des feux d’artifices retentissent, teintant leurs visages de milles couleurs. La lumière les aveugles et elles se retrouvent soudain dans un endroit relativement plus calme.

Par Merlin ! Je commence à me demander si nous sortirons un jour de ce grimoire.  Admettons que nous soyons à l'intérieur...

La pièce dans laquelle elles se trouvent est relativement exigu à cause des innombrables étagères où s’empilent des livres par centaines. Les rayonnages sont relativement nombreux, rendant la taille de la pièce impossible à évaluer. Ici, les livres sont bel et bien vivant. Ils se comportent comme de gentils toutous curieux de connaître leurs odeurs…

Les créatures de cuire et de papier reniflent les deux sorcières avec avidité.

Apprivoisés je ne sais pas. Espérons surtout qu’ils soient commodes. Je me demande si tous les livres disposés sur les étagères sont vivants ?

La quantité d'ouvrages est impressionnante. S’ils venaient tous à s'éveiller, elles seraient submergées, largement dépassées en nombre. Sont-ils agressifs ou simplement de grands curieux renifleurs ?

Ayant retenu la leçon de l'épreuve précédente, aucune des deux jeunes femmes ne se risquent toucher les… Livres ? Bestioles ? Livre-bestioles ? Choses ?

C’est plus que bizarre. Surtout après les épreuves que nous avons affrontées. Anticipons, regardons dans le grimoire si une page évoque ces livres vivants.

Mais où est le grimoire ? Comment le repérer au milieu de tous ces livres mouvants, de plus en plus nombreux, infestant le sol de leur nez invisible. Harper peine à masquer son inquiétude. Les livres affluent, s’amassent autour d’elles. C’est un véritable concerto de reniflement.

Peut-être qu’ils ont faim ? Qu’est-ce que ça mange les chien-livres ?

Mouvement de baguette, Erin prononce le sort d’attraction pour récupérer le grimoire. Elle le feuillète, Harper penchée sur son épaule. De plus en plus de livres les entourent, s’agitant autour d’elle, leur nez inexistant toujours fourré de partout. Le grimoire n’évoque rien à propos de livre-chien, ni de livre vivant, ni de bibliothèque hantée…

Un incendio ferait l’affaire si nous n’étions pas dans une pièce close.

Et ça grouille à leur pied, tous voulant les renifler, se grimpant les uns sur les autres pour mieux y arriver, certains commencent à se battre et des déchirures de papiers voltige dans les airs.

Attend ! Reviens sur la dernière page s’il te plait.

Erin ouvre la toute dernière page, celle qui marque la fin entre les tables des matières et la couverture. Sur celle-ci, il est dessiné une balle. Dans la balle, on aperçoit le dessin d’un livre. Une balle. Un livre. Une balle. Un livre-chien.

Tu crois qu’il faut leur lancer une balle ?

Harper se déplace avec difficulté entre les livre-chien en prenant soin de ne pas leur marcher dessus, histoire de ne pas les énerver. Sur une table de travail, elle récupère un parchemin qu’elle froisse dans sa main.

Petroduris, marmonne-t-elle. Et le parchemin roulé en boule se transforme en pierre difforme. Non, c’est trop dur, ça va les dégommer. Genumollis. Et la roche dure se ramollie. Harper le presse dans sa main. Faut que je trouve un sort pour faire pouet pouet. Eh les copains !

Harper lève la boule grise difforme en l’air attirant l’attention d’absolument TOUTE la meute de chien-livre qui se fige, fixant tous à l’unissons le semblant de balle molle.

C’est pour qui ?

Elle fait semblant de la jeter et tous s’excitent comme des puces en folie pour manifester leur mécontentement.

Ca va, ca va, c’était une blague ! Erin, je vais jeter la balle, vise là avec un expelliarmus pour l’envoyer valdinguer le plus loin possible !

Quand toutes les deux sont prêtes, Harper jette la balle improvisée qu’Erin projette loin, très loin, emmenant avec elle tous les livres chiens partant en courant (et reniflant) pour la rattraper, emmenant par ailleurs avec elle tout le décor de la bibliothèque. Un dernier haut-le-corps, et les deux jeunes femmes retrouvent le sol froid de la chapelle. D’abord mue par l’étonnement, Harper consent à attraper le cristal pour l’enfermer dans la poche magique de son pantalon, afin d’être certaine que celui-ci ne vienne plus se coller au grimoire. Le grimoire, à terre, est ouvert sur la dernière page, sur laquelle on peut dorénavant lire :

The end – On s’est bien amusé.


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Mon allégeance : Neutre avec un penchant clair pour l'Ordre du phénix
Ven 6 Aoû - 16:43
⊱ Erin & Harper ⊰

... ... ... It's in the game

A ce stade, Erin n’aurait plus dû s’étonner de rien. Bon de base, elle était une sorcière, alors il n’y avait pas grand-chose qui aurait dû l’étonner. Elle était habituée à côtoyer des choses qui dépassaient l’entendement, alors son seuil de tolérance était déjà élevé. Mais entre le grimoire aux sortilèges mystérieux et le cristal de Mrs McFusty, elle atteignait un seuil totalement nouveau. Elle en avait vu des choses, Erin, vécu aussi, rien que ces dernières minutes en compagnie de Harper en étaient un bon exemple, mais là c’était du jamais vu. Flotter dans ce qui ressemblait fortement à l’espace, sur une plateforme argentée qui avait tout d’une sorte de soucoupe volante, c’était complètement inattendue. Et elle venait de se faire gober la main par une créature rose inconnue au bataillon, c’était pour dire. Il fallait dire que l’espace, même pour les sorciers -surtout pour eux ? Des sorciers se sont-ils déjà rendus dans l’espace ? Vous avez deux heures- ce n’était pas rien. Clairement, ce grimoire était plein de surprises et c’était aussi le cas de son auteur, toujours aussi inconnu. Néanmoins, Erin et Harper s’efforçaient de s’adapter à toutes les situations dans lesquelles elles se trouvaient projetées. Parce que c’était bien sympa tout ça, mais elles avaient consciences qu’elles ne pouvaient rester éternellement dans le livre. D’ailleurs, elles ne savaient pas trop ce qu’il se passeraient si elles décidaient tout simplement de ne rien faire, ou si elles faisaient une bêtise et la Serdaigle n’avait pas très envie de tenter le destin alors elles relevaient les défis de l’auteur les uns après les autres et en profitaient pour apprendre de nouveaux sorts au passage. Bon, pas sûr qu’elles aient besoin d’enfermer une tornade dans une bouteille de sitôt, mais on ne savait jamais, sur un malentendu, ça pouvait toujours être utile.

Pour le moment, elles devaient s’échapper de l’espace, rien que ça. Heureusement, la sortie était clairement indiquée et quand Erin expliqua à Harper la marche à suivre, celle-ci ne parut pas particulièrement inquiète. « En première année à Poudlard, j’ai surfé sur un balai en plein vol. En tant qu’adulte possédant une fierté je ne peux pas te raconter la fin de l’histoire. » La française étouffa un rire. Voilà qui était bon à savoir. Sa professeure de sortilège, surfant sur un balai volant, l’image lui traversa l’esprit et la fit sourire. Dommage, que la brune ne souhaitait pas en dire plus, Erin était prête à parier que cette histoire serait terriblement divertissante à entendre. « Ca c’est dommage, tu piques ma curiosité. » Souligna-t-elle avec un regard entendu. De son côté, la Serdaigle n’avait jamais fait de choses aussi folles, elle aurait pu vivre par procuration l’anecdote d’Harper. Enfin, après ce qu’elles étaient en train de vivre, elle en aurait des choses à raconter ! Du moins, si elles ne tombaient pas dans le vide. « Moi non plus je n’ai pas envie de savoir ! Ce jeu est abject, la preuve en est : les deux femmes ont la même crainte. Réalité ou illusion ? » Erin hocha la tête, pas mécontente de voir qu’Harper partageait son point de vue. Elle avait beau savoir qu’elles étaient dans une illusion, elle n’arrivait pas à se dire qu’elles ne risquaient rien. L’idée même de tomber dans le vide ou de percuter à toute allure une de ces soucoupes la faisait frissonner de crainte. Clairement, elle était bien trop sage pour tenter quoi que ce soit. « J’ai envie de voter pour illusion mais franchement mon cerveau ne veut pas s’y faire. » Tant pis, elles feraient les choses sérieusement, elle laissait la bravoure aveugle aux Gryffondors. Si elle avait été répartie chez les aigles, ce n’était pas pour rien, elle ne pouvait pas se contenter de mettre son cerveau sur pause.

Le sortilège qui allait leur permettre de manœuvrer leur plateforme pour sortir de là n’était pas bien compliqué à lancer mais par contre toutes les soucoupes qui les entouraient leurs compliquaient fortement la tâche. Lorsque Harper voulu carrément foncer dans l’une d’entre elle, les rôles s’inversèrent et Erin refusa que la professeure fasse n’importe quoi. Elle ignorait ce qu’il se passerait si elles touchaient une de ces choses, peut-être rien, mais elle n’avait pas envie de la savoir. Son seul objectif était le panneau lumineux exit et rien d’autre. Après ce qui parut une éternité, elles y parvinrent enfin et la bleue laissa la professeure grimper sur la plateforme finale en premier. « Un petit pas pour les sorciers, un grand pas pour la liberté, enfin j’espère ! » Un feux d’artifice -rien que ça- les accueilli en fanfare. La française aurait aimé en profiter mais le cristal et le grimoire avaient d’autres plans. Le repos ce ne serait pas pour tout de suite, elles avaient à peine eu le temps de souffler que déjà elles se retrouvaient happé dans un autre univers. Pour le coup, celui-là n’était pas inconnu à Erin puisqu’elles se trouvaient dans une bibliothèque aux immenses rayonnages emplis de livres. « Par Merlin ! Je commence à me demander si nous sortirons un jour de ce grimoire.  Admettons que nous soyons à l'intérieur... » La Serdaigle hocha la tête, elle aussi se posait la question. Ce n’était pas qu’elle ne passait pas un bon moment, mais elle se demandait si elles allaient retrouver leur monde un jour. Rapidement, un bruit retint son attention, la coupant dans ses réflexions. A leurs pieds, un ouvrage se promenait sur la tranche et avait l’air de renifler leurs chaussures. Puis, un second le rejoignit. Et un troisième, un quatrième… Tous se comportaient comme de petits animaux de compagnie curieux de voir une présence humaine. Erin les trouvait plutôt drôles, mais après avoir manqué d’être gobé par une bestiole rose, elle restait méfiante. « Apprivoisés je ne sais pas. Espérons surtout qu’ils soient commodes. Je me demande si tous les livres disposés sur les étagères sont vivants ? » Ah. Elle n’avait pas pensé à ça. Un simple coup d’œil autour d’elles lui confirma que si tous les ouvrages de sa pièce se mettaient à leur sauter dessus, elles seraient débordées en moins de deux. Elle observa les rayonnages, l’air soucieuse, prête à bondir au moindre frémissement des livres qui s’y trouvaient. « J’ai beau adorer les livres, je crois que je préfèrerai que ça ne soit pas le cas. » Soudainement l’idée d’avoir un livre comme animal de compagnie ne lui paraissait plus si bonne que ça.

Surtout que plus les secondes passaient, plus elles se trouvaient entourées de livres. Ils étaient maintenant plus d’une douzaine, et d’autres continuaient d’arriver. « C’est plus que bizarre. Surtout après les épreuves que nous avons affrontées. Anticipons, regardons dans le grimoire si une page évoque ces livres vivants. » C’était une bonne idée, agir tant qu’elles en avaient le temps pourrait leur éviter de devoir faire face à une catastrophe. Sauf que… N’était-il pas déjà trop tard ? Les livres étaient de plus en plus nombreux mais, et leur grimoire dans tout ça ? Ne le voyant pas, Erin échangea un regard avec Harper. La professeure commençait à avoir l’air inquiète et le même air se peignait sûrement sur les traits de la française. « Peut-être qu’ils ont faim ? Qu’est-ce que ça mange les chien-livres ? » La question était pertinente, mais Erin craignait un peu d’entendre la réponse. Elle avait déjà failli se faire manger par un monstre rose, elle n’avait pas envie de réitérer l’expérience avec des livres. Elle ne voyait pas comment elle allait pouvoir se plonger sereinement dans ses révisions futures, si elle commençait à cauchemarder à propos de livres mangeurs de sorciers. « Des marques pages ? » Tenta-t-elle d’une voix teintée d’un mélange d’espoir et d’inquiétude. « Je perds toujours mes marques pages, ça expliquerait tout. » Et ce serait mieux que de l’humain. Bon, elles n’avaient pas de temps à perdre. Levant sa baguette, elle fit venir à elles le grimoire de sortilèges pour y chercher une solution. Erin feuilleta l’ouvrage à la recherche d’une illustration de livres ou de chien-livre comme disait Harper. Elle s’efforça d’accélérer en sentant les livres s’agiter à leurs pieds. « Un incendio ferait l’affaire si nous n’étions pas dans une pièce close. » Oui, alors pourquoi pas, si seulement elles ne risquaient pas de brûler avec les livres. Elles étaient toujours dans une illusion, mais leur magie, elle, paraissait bien réelle.

A leurs pieds, les livres commençaient à s’énerver, sûrement déçus de ne pas recevoir d’attention. Certains se grimpaient dessus pour s’approcher et des bruits de déchirures commençaient à se faire entendre. Erin feuilleta encore plus vite en voyant du papier voler. « Attend ! Reviens sur la dernière page s’il te plait. » Aussitôt, elle obéit à Harper, remontant les pages qu’elle venait de passer. Son regard s’arrêta sur le dessin d’un livre, à côté, ce qui ressemblait à une balle. Une balle pour un livre qui se comportait comme un chien, aussi étrange que ça pouvait paraitre, ça faisait sens. « Tu crois qu’il faut leur lancer une balle ? » Erin fixa la professeure, éberluée. Ca paraissait si simple, si évident… Si fou ! Ca ne pouvait qu’être ça. Elle regarda les livres à leurs pieds avant de reporter ses prunelles sur Harper et de hausser les épaules. « Ca vaut le coup d’essayer. » Elles n’étaient plus à ça près. Erin s’appliqua à ne pas bouger quand la brune s’éloigna, inutile d’énerver encore plus la meute. Elle laissa Harper se saisir d’un parchemin et en faire une balle grâce à quelques sortilèges. Elle hochait la tête au fur et à mesure des explications de la sorcière. Dégommer les livres n’était pas leur but, juste les éloigner. Quant à faire couiner la balle, c’était une bonne idée, ça marchait toujours avec les chiens. Quelques essais plus tard, Harper tenait leur salut dans ses mains. « Eh les copains ! » D’un même mouvement, absolument tous les livres se figèrent vers elle. Erin se fit la réflexion que c’était un peu terrifiant quand même. « C’est pour qui ? » Un faux lancé et les livres se mirent à bondir dans tous les sens, presque enragés. La Serdaigle serra sa baguette, prête à intervenir sir Harper avait besoin d’aide. « Ca va, ca va, c’était une blague ! Erin, je vais jeter la balle, vise là avec un expelliarmus pour l’envoyer valdinguer le plus loin possible ! » Concentrée, Erin hocha la tête. Au moins, c’était un sortilège qu’elle connaissait sur le bout des doigts, elle ne se faisait pas le moindre souci. Non parce que morte dévorée par une horde de livre ça le faisait moyen sur une tombe, même pour une sorcière. « Compte sur moi ! » Affirma-t-elle, les yeux fixés sur la balle improvisée. Quand Harper la lança, la bleue jeta le sortilège, envoyant la balle se perdre dans les méandres de la bibliothèque. Sans perdre un instant les chien-livres se précipitèrent à sa poursuite, en bondissant joyeusement sur leur tranche. Deux secondes plus tard, un calme presque irréel avait envahi la bibliothèque.

Quand Erin releva les yeux, elle réalisa que le décor avait -encore- changé, sauf que cette fois elle reconnaissait les lieux. Ces murs de pierre, cette ambiance austère, c’était la chapelle dans laquelle elle avait retrouvé Harper. « On en est sorties ? » Demanda-t-elle d’une voix qui trahissait sa surprise. Elle avait du mal à y croire après tout ce qu’elles venaient de vivre. Pourtant, les secondes défilaient et rien ne se passait, signe qu’elles étaient bien de retour à leur point de départ. Harper se saisit du cristal pour le ranger dans sa poche tandis que le grimoire était au sol. Erin y posa les yeux pour y lire un dernier message. The end – On s’est bien amusé. Un rire nerveux l’envahi. On s’est bien amusé, oui pourquoi pas. « On en est sorties ! » Répéta-t-elle avec plus de conviction. Les jambes un peu tremblantes, Erin s’assit à même le sol. Elle passa une main dans ses cheveux et jeta un nouveau regard autour d’elle comme si elle craignait qu’une nouvelle créature étrange leur tombe dessus. Mais non, rien ne se passa, elles étaient vraiment de retour. Elle leva un regard un peu ahuri vers sa professeure. « Je ne sais pas si j’ai trouvé tout ça absolument terrifiant ou complètement génial. » Souffla-t-elle. Malgré tout, un sourire vint flotter sur ses lèvres. Même si son cœur battait fort dans sa poitrine, elles n’avaient jamais vraiment eu à craindre pour leur vie, n’est-ce pas ? « Il va me falloir plusieurs jours pour me décider. » Elle n’était pas habituée à vivre de telles choses mais sûrement finirait-elle par conclure que cette aventure avait été géniale. Et puis, elle avait appris de nouveau sorts au passage, ce n’était pas rien. Elle tendit le bras pour feuilleter le grimoire désormais inoffensif sans le cristal. « C’est quand même dommage qu’on en sache pas plus sur l’auteur de ce grimoire, sorcier de sang-pur ou pas, ça avait l’air d’être un sacré personnage. » Elle voyait d’un autre œil les gribouillages étranges qui couvraient les pages. C’était son seul regret, ne pas en savoir plus sur l’auteur, elle aurait aimé avoir son nom, son histoire, comprendre comment il en était venu à créer des sorts aussi étranges pour des situations encore plus étranges. Au bout de quelques secondes, la Serdaigle se saisit de son ouvrage et se releva. « Merci pour cette aventure, Harper. » Elle adressa un grand sourire à la sorcière. D’accord, elle avait cru mourir au moins trois fois, mais quand même, elle n’avait pas l’occasion de vivre ça tous les jours. « Une fois que je m’en serai remise, on pourra peut-être recommencer. » Après tout, le grimoire avait encore plein de pages qu’elles n’avaient pas exploré.
code by bat'phanie


No light, no light
in your bright blue eyes
Would you leave me If I told you what I've done ? And would you leave me If I told you what I've become ? 'Cause it's so easy To say it to a crowd, But it's so hard, my love To say it to you out loud


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