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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
Sorcier OP
INRP
Métier : Professeur de Soins aux Créatures Magiques & directrice de la maison Poufsouffle
Messages : 5467
Gallions : 4096
Date d'inscription : 27/11/2020
IRL

Lumos
Je rp en : #cc3333 & lightgrey
Mon allégeance : Ordre du Phénix
Sam 6 Fév - 9:13
I'm scared of ending up alone

mood


Soay, 1 juillet 2020

Juillet. Enfin. Dès la cérémonie de remise des diplômes, aussitôt tout l'administratif bouclé, j'avais fermé mon appartement vide à Poudlard pour transplaner directement chez moi, à Soay. Voilà plusieurs jours que je faisais des allées retour pour préparer ma venue, mais la perspective de ne plus repartir pour plusieurs semaines me mettait du baume au cœur. Certes, la période n'était pas joyeuse pour moi, mais être entre ces quatre murs, les miens, dans mon chez moi, là où je me sentais à l'aise, là où tout m'appartenait, où je n'avais d'autres règles que les miennes, là où je faisais ce que bon me semblait, ça me faisait du bien, tout simplement. Plus personne pour me regarder de travers, plus personne pour me juger, plus d'élèves ou de collègues qui vont me critiquer. J'avais fait tout ce que j'avais eu à faire, et j'en étais fière. À présent, je pouvais commencer donc à lentement dépérir jusqu'au mois d'août. Jusqu'à ce que je retrouve ma famille, là-bas, à Uachdar, au cimetière. Par avance, je savais que je ne voulais pas m'y rendre, mais j'avais aussi un sens aigu du devoir. Je désirais être présente pour les miens, ou en tout cas ma mère, qui, comme moi, n'arrivait pas à tourner la page. Bien qu'elle soit plus forte que moi, car ne se négligeait pas, elle était cette femme habitée par un dragon flamboyant : elle faisait face avec ténacité et passion, même devant les situations les plus périlleuses et les plus pénibles, devant les horreurs de la vie.
Aucun parent ne devrait subir la mort de l'un de ces enfants. Aucun.
C'était un véritable drame qui impactait tout notre clan. Kyle était l'héritier qui porterait plus loin le nom des McFusty, avec Aïko. Sans Kyle, tous les espoirs reposaient à présent sur mon cousin. Et moi ? Et bien moi… moi je ne songeais ni à me marier ni à avoir une descendance. Qui plus est, m'unir à quelqu'un, me demanderait, suivant comment, d'adopter son nom. C'était peut-être très moyenâgeux de penser ainsi, mais pourtant, la vérité était là : la lignée des McFusty pourrait s'éteindre.

Cette perspective d'avenir me donnait toujours un peu le tournis. J'avais cette sensation désagréable que le destin de ma famille pesait sur mes épaules, alors que ce n'était pas totalement vrai. Chaque été depuis deux ans, cette responsabilité prenait de plus en plus de poids et m'empêchait de me mouvoir avec aisance.
Alors aujourd'hui, j'avais profité que la pluie cesse pour accompagner mes animaux dehors. Sleipnir non loin (je m'étais assurée qu'il puisse convenablement faire le voyage depuis Poudlard), les moutons à l'autre bout de l'île, indépendant, et les deux poules qui elles, picoraient juste là, autour de moi. L'une d'elles vint même sauter sur mon ventre pour s'installer comme si j'étais son nouveau pondoire. Ce n'était pas pour autant que je bougeais ou que j'oscillais. Là, allongée dans l'herbe, laissant le vent caresser ma peau et mes cheveux, mon regard se perdait dans l'immensité bleue du ciel sans nuages. Des fois, je me prenais à rêver que Kyle me voyait de là-haut. Que penserait-il de ma manière de me laisser aller au désespoir à l'approche du jour de son décès ? Que penserait-il de mon comportement au cimetière ? Que penserait-il de ma relation avec Thomas ?
Questionnements inutiles et futiles, je ne pouvais m'empêcher de faire danser toutes ces interrogations dans ma tête sans réussir à les bannir. C'était là, encré en moi, presque gravé au fer rouge.
Je me sentais vide. Il n'y avait plus que ce corps, car l'âme, elle, était trop en peine pour continuer à briller. Flamme éteinte, recouverte de cendre, elle ne semblait plus pouvoir se rallumer. Néanmoins, j'essayais de tenir bon, prendre un minimum soin de moi, manger un tant soit peu, pour le jour où Thomas viendrait à la maison. Il avait accepté de passer une grande semaine ici, avant la cérémonie. Je devais avouer que, la perspective de l'avoir avec moi, et rien que pour moi, me réjouissait et me donnait une raison de ne pas trop me laisser abattre. Alors, pleine de bonne volonté, j'avais fait l'effort à mon réveil de sieste (car je ne faisais plus des nuits complètes) de manger quelque chose.
Ce fut lorsque la tête de Sleipnir vint au-dessus de moi, remplaçant ainsi le bleu du ciel, et qu'il me regarda de ses yeux laiteux que je clignais des paupières pour revenir à moi. Avec un sourire presque forcé, je tendais la main en direction de ses naseaux. Caresse qu'il accepta de bon cœur, il souffla bruyamment, me postillonnant au visage au passage, avant de repartir en hennissant joyeusement, comme s'il venait de me faire la blague du siècle. Obligée alors de me redresser sur mes coudes, je chassais doucement la petite poule qui avait élu domicile sur mon ventre tout en m'essuyant d'un revers de manche.

- Très élégant Sleipnir, merci… ark… dégueu...

Comme s'il avait conscience de ce qu'il avait fait, le Sombral s'en alla au galop en direction des moutons, ce qui me tira un sourire amusé. Sans ce cheval ailé, il était clair que la situation serait d'autant plus difficile à vivre pour moi. Même si le souvenir de sa première apparition à ma personne était douloureux, cet équidé était un soutien important à mon moral. Certains trouvaient cela morbide que je le traine un peu partout, moi, j'appréciais cette compagnie. C'était sans compter sur le fait que le jeune animal me suivait de lui-même. Au contraire, je me devais souvent de le garder enfermé à Poudlard pour éviter qu'il ne me suive à chaque lieu où je me rendais.
Une relation aussi intime avec une créature, ça arrivait qu'une fois dans sa vie, alors, j'en profitais au maximum. Après tout, que pouvait-il survenir d'autre dans mon existence avec les animaux fantastiques ? Éduquer un dragon relevait de l'impossible.
Lentement, je me redressais sur mes pieds, jetant un œil à une île voisine à peine visible au milieu de l'océan. Plissant légèrement le regard, je vérifiais quelque chose, avant de soupirer, puis de me détourner pour me rapprocher de ma maison. Une fois à côté de la porte, je me souvenais que je voulais aller récupérer des légumes que j'avais plantés au printemps sous la serre, non loin de l'étable. Attrapant mon panier en osier au passage, je fis le tour de la bâtisse pour aller voir mon petit potager sous toile.

Immédiatement, la douce chaleur qui y régnait m'envahit et me fit du bien. Frileuse, j'avais oublié de mieux me couvrir tout le temps que j'avais passé à l'extérieur. Un frisson me traversa l'échine et je reniflais un peu, comme une mise en garde sur ma santé, mais j'en profitais pour humer les odeurs de terre humide et de jeunes pousses. De même, les saveurs olfactives des divers fruits et légumes qui mûrissaient ici ravivaient sensiblement mes papilles. Une bonne chose.
À côté de mon petit carré de tomate, je me baissais pour en cueillir une, et c'est là que je le vis. Un oiseau imposant comme un cygne, au pelage rouge vif. Il me fixait de ses yeux remplis de sagesse, mais aussi de fatigue. Il ne me fallut qu'une fraction de seconde pour comprendre à quelle espèce il appartenait, mais au moins cinq de plus pour réaliser qu'il était bien présent. Le phénomène était si rare que je ne pensais pas le vivre un jour.

- Oh la v..ache… putain…

Abasourdie, j'en lâchais le couteau que j'avais saisi pour couper ma tomate, et je me laissais tomber sur mes fesses pour contempler le phénix qui avait, apparemment, décidé d'élire domicile dans ma serre. Il n'avait pas été présent la veille, mais, depuis combien d'heures était-il fourré là, entre mes salades et mes fraises ? Petit à petit, je retrouvais contenance, la surprise passant. Alors, je prenais le temps de plier mes genoux pour m'asseoir convenablement sans chercher à faire peur à l'oiseau. Il était exceptionnel de contempler un phénix dans sa vie, d'autant plus dans son propre domicile, car ces créatures avaient la capacité de disparaître et réapparaître à volonté où ils le désiraient, et il était pour ainsi dire impossible de les domestiquer. À cause de leurs raretés, je n'avais jamais pu voir un véritable spécimen, et je les avais donc que très peu étudiés, toutefois, il ne fallait pas être un éminent magizoologiste pour remarquer que l'animal était vieux et ne semblait pas en forme. Peut-être était-ce pour ça qu'il avait décidé de s'arrêter ici ? Pour y… mourir ? Apparemment, la faucheuse aimait bien m'entourer en ce moment. Les sourcils légèrement froncés, je posais mes doigts sur mes genoux et poussais un long et pénible soupir avant de m'adresser à l'oiseau comme s'il s'agissait d'un être qui pouvait comprendre mon langage.

- Bah alors ? Qu'est-ce que tu fais là ? Je levais le nez pour observer le haut de ma serre avant de revenir sur la créature. Ce n'est pas vraiment l'endroit idéal pour dormir tu sais, la nuit il y a beaucoup de vent, tu ne seras jamais vraiment tranquille. Là, je me mordais la lèvre en réfléchissant tandis que l'oiseau relevait lentement la tête dans ma direction pour me regarder de toute sa magnificence. Impressionnée, je déglutissais. T'as faim ? Attend j'ai peut-être truc pour toi.

Avec délicatesse pour ne pas l'effrayer, je me redressais et me dirigeais vers un petit placard que j'avais installé ici pour y entreposer mon matériel de jardinage. C'était aussi là que je stockais les quelques graines que je récoltais pour Gérard et les poules. M'en saisissant une poignée, je revenais vers l'animal et, avec des gestes lents et calculés, j'approchais ma main avant de lui déposer sa pitance par terre. Tout le long du processus, il ne semblait aucunement me craindre, il ne montrait aucun signe d'éloignement. Il ne bougeait que la tête pour me suivre du regard. En voyant la nourriture devant lui, il baissa le bec pour en ramasser un peu, ce qui me fit sourire. Mes épaules s'affaissèrent comme si je venais de perdre le poids du monde, puis je lui parlais à nouveau. Scène saugrenue d'une petite sorcière s'adressant à un vieil oiseau étranger, pourtant, c'était moi dans toute mon entièreté. J'étais vraie, j'étais moi, les créatures étaient ma passion et je leur parlais comme s'ils pouvaient me comprendre.

- Tu sais, ça ne me dérange pas que tu restes ici, mais s'il te plait, ne t'embrase pas dans la serre. Je n'ai pas encore pris le temps de l'ignifuger… je voudrais éviter de perdre mes récoltes, même s'il y en a peu. Là, je venais me passer une main sur ma nuque avant de continuer. En revanche, la maison est protégée. Tu vois, avec les dragons on n'est jamais trop prudent, donc là-bas je peux te faire un coin sympa où tu seras bien, et lorsque tu te sentiras mieux, tu pourras reprendre ton envol. Précautionneusement, je me relevais. Prends le temps qu'il te faut, d'acc ?

Là, je reculais d'un pas puis, comme si de rien n'était, je retournais m'occuper de mes salades, surveillant tout de même le magnifique spécimen du coin de l'œil. Lui, ne me quittait pas un instant des prunelles, comme s'il était en train de considérer mon offre. Ce fut lorsque je sortais la serre que je fus étonnée qu'il me suive, après avoir mangé encore un peu. Alors que je rentrais dans la maison, l'oiseau était sur mes talons, et mes poules suivirent comme si elles étaient intriguées par ce nouvel étranger. Là, je me dépêchais d'inventer un perchoir pour mon invité à plumes afin qu'il puisse se sentir bien. Heureusement, j'en avais quelques-uns en trop, de mes précédents hiboux de compagnie. Gérard avait le sien, je ne voulais pas que le phénix prenne sa place, qui plus est, il était bien plus léger que lui, le cadran ne tiendrait probablement pas sous le poids. Enfin, je rajoutais une assiette creuse, pour récolter les cendres au cas où.
Le bricolage improvisé et un peu moche terminé, je me tournais vers l'oiseau.

- Voilà… désolée c'est pas super top, mais je te promets que lorsque je vais retourner en ville, je t'en prendrai un plus joli.

Il ne me fallut apparemment pas argumenter davantage puisque le phénix s'envola en un coup d'aile gracieux, pour venir se poser sur la structure inventée.
Comme une enfant, je passais ma fin de journée et mon début de soirée à contempler la créature, à écrire sa description dans un carnet, à le dessiner et à lui parler de temps en temps comme s'il était une véritable personne. Lorsque le soleil se coucha, je rentrais les moutons et les poules dans l'écurie, laissant la possibilité à Sleipnir de les rejoindre quand il en avait envie.
Revenue sur mon canapé, je regardais l'Oiseau de feu, pensive, avant que je ne me perde dans mes réflexions que je lui partageais.

- Tu sais… c'est ironique que tu sois là… mon frère est mort, ça va faire deux ans dans quelques semaines… Je… J'avais encore tellement de choses à lui dire. Tu vois… on s'imagine qu'on a tout le temps qu'on veut et un jour… arrive l'inexorable… Ma gorge se nouait, je sentais les larmes me monter aux yeux. J'aurais voulu… le protéger. J'aurais dû… Plongeant mon visage dans ma main, je me laissais aller aux larmes devant la présence mystique du phénix. Sanglots et complaintes lentes qui brisaient le silence paisible de la nuit. Je souhaiterais tellement pouvoir lui dire encore une fois à quel point je l'aime… lui dire à quel point il me manque… Kyle me manque… si tu savais... si tu savais comme il me manque... Avec désespoir, je regardais l'animal, les yeux embrumés. Si… si seulement, comme toi, il pouvait renaître de ses cendres…

Comme si la chose était inévitable, comme si je l'avais invoquée de ma bouche, le phénix écarta lentement les ailes en redressant sa tête. Là, il s'enflamma presque instantanément, d'une façon si violente et soudaine que j'en ressentais toute la puissance dans mon cœur. La chaleur vint me réchauffer brutalement la peau tant je me tenais proche. L'instant ne dura qu'une seconde, puis ce fut à nouveau le silence. Le perchoir était vide, et l'assiette était remplie de cendres. Il avait tout simplement disparu.
Il fallut quelques secondes supplémentaires pour qu'une tête rosâtre surgisse de la poussière grise, laissant échapper de légers piaillements d'oisillon. Cérémonie mystique à laquelle je venais d'assister, je me sentais comme une religieuse face à un miracle, humble, mais aussi privilégiée.
La mort engendra un cycle. La vie après la mort. Le rire après les larmes. La joie après la tristesse. Le printemps après l'hiver. L'espoir après le désespoir.
Dépliant mes jambes, je me relevais pour rejoindre le phénix qui m'accueillit avec ce si petit roucoulement adorable de bébé de son espèce. Du bout de l'index, je l'époussetais de ces cendres, faisant attention à ses minuscules plumes et ailes. Délicatement, je le prenais dans les paumes de mes mains pour le porter juste devant mon visage. Gouttes salées de mes yeux sur les joues, je lui souriais avec une tendresse presque maternelle.
La petite flamme en moi, éteinte jusqu'alors, se ralluma.

- Bienvenue chez toi, Grishkin.

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