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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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All the world is made of faith, and trust, and pixie dust ~ Ft. Alexander Wilson :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Olivia V. Baring
Olivia V. Baring
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Mer 11 Nov - 14:59
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
All the world is made of faith, and trust, and pixie dust.

Parfois au QG, surtout depuis l’attaque une peu surprise des sorciers sur les différentes institutions du Blood Circle, il fallait des gens de garde. Vu les activités parfois peu légales de l’organisation et les ennemis particuliers qu’elle combattait, il n’était pas possible de faire appel à la première entreprise de gardiennage du coin. Ainsi, à tour de rôle, les membres du BC se relayaient pour la sécurité. Le pire des jobs pour la plupart car il ne se passait jamais rien. Aujourd’hui c’était tombé sur Olivia. Bien qu’elle se sente un peu coupable de vouloir une attaque surprise pour rester réveillée, la dernière leur ayant beaucoup coûté, elle désespérait de rester au QG sans rien pouvoir faire d’autre que patrouiller, regarder des écrans ou garder une porte.

Quand la relève arriva enfin, à minuit passé, Olivia les regarda comme si le messie. Après un résumé des événements qui étaient arrivés pendant sa garde, c’est-à-dire rien, elle fila, gambadant presque, dans les couloirs. Elle était enfin libre de se balader ou même de dormir. Un éventail de possibilités, bien que limité par l’horaire tardif, s’offrait à elle, ce que la jeune femme n’allait absolument pas refuser.

Ces dernières semaines avaient été compliquées. Avec encore une nouvelle attaque sur une installation du BC, tout le monde était à fleur de peau, se demandant quand ils répondraient avec la même violence. La nécessité de rester tranquille et de garder l’esprit clair alors que les sorciers continuaient de riposter était difficile. Encore plus lorsque des noms continuaient d’être inscrits sur la liste des disparus de l’organisation. C’était la guerre, Olivia y était habituée : perdre des camarades était horrible mais inévitable. Elle-même avait plusieurs fois vu sa fin arriver et l’avait, à sa plus grande honte, parfois souhaitée. Mourir rendait les choses plus faciles. Plus de problèmes, de cauchemars ou de douleurs. Mais il n’était pas question de se laisser aller à ces pensées. Le monde avait encore besoin d’elle et elle continuerait à servir son pays jusqu’à son dernier souffle. « Jusqu’à la prochaine opportunité » murmura une voix dans un coin de sa tête.

Alors qu’Olivia visait les vestiaires pour se laver, se changer et rentrer vivre une vie un peu plus palpitante que la surveillance d’une porte, une jeune femme rousse, en tailleur et portant une pile de dossiers relativement impressionnante pour la taille de la jeune femme fonda sur Olivia comme un rapace sur un lapin. « Miss Baring ! Enfin je croise quelqu’un à cette heure tardive ! » La miss Baring en question fit un sourire forcé pour accompagner sa réponse. « Jeanine… Mais qu’est-ce que tu fais ici ? Je pensais que tu étais dans les bureaux de Kane… » Jeanine Hummel gloussa comme une dinde. « Je travaille affectivement avec Monsieur Kane. Mais j’avais quelques affaires à régler ici. As-tu croisé Monsieur Wilson récemment ? Je le cherche mais impossible de mettre la main sur lui. » Olivia leva un sourcil. On ne pouvait pas dire qu’elle le cherchait elle-même souvent. Et tous les gens censés évitaient Jeanine comme la peste, Alexander devait en faire partie. «  Alexander ? Non. » Quelques secondes de flottements s’installèrent alors que Jeanine lançait un regard insistant vers Olivia. Cette dernière craqua.  « Mais je peux le trouver pour toi Jeanine. Pour quelles raison le cherches-tu ? » Un grand sourire, encore plus grand que les précédents - ce qui était assez impressionnant en soi – apparut sur ses lèvres alors qu’elle tendait un dossier à Olivia qui n’eut d’autres choix que de s’en emparer. « Ce serait adorable! Il faudrait que tu lui donnes ceci et lui dises de le renvoyer à mon bureau pour lundi. Merci Miss Baring. Bonne nuit » . Jeanine disparut aussi vite qu’elle était apparu, courant presque sur ses talons d’une hauteur suffisante pour être appelés échasses.

Olivia, le dossier dans les bras, fit quelques exercices de respiration pour se calmer et faire appel à toute la gentillesse qu’elle avait en elle pour mener à bien la mission confiée par la bureaucrate. Elle détestait les bureaucrates mais ferait un effort pour la bonne cohésion du Blood Circle. Un simple dossier tendu et son programme pourrait suivre son cours.

Une heure. Une heure qu’elle traînait ses pieds dans tous les couloirs de ce foutu quartier général relativement vide pour mettre la main sur Wilson. Décrétant qu’elle en avait fait assez, que son karma ne serait pas impacté par son échec, Olivia décida de viser son objectif de départ : les douches. Mais au détour d’un couloir, qui n’eut-elle pas la surprise de retrouver ? Alexander Wilson ! L’univers avait parfois un petit côté humoristique qu’elle n’appréciait que moyennement en cet instant. Ce garçon, elle l’avait croisé plusieurs fois depuis son entrée au BC. Belle gueule mais aussi aimable qu’une porte de prison. Olivia étant Olivia elle continuait de le saluer lorsqu’ils se croisaient. Après tout, ça avait bien marché pour Ambrose. Bon ce dernier et elle continuaient de s’insulter régulièrement mais c’était une amélioration par rapport à aucune interaction du tout, pas vrai ? Wilson faisait correctement son travail mais comme toutes les âmes qui s’échouaient ici, son histoire n’avait pas dû être facile. C’était aussi un peu pourquoi Olivia ne s’offusquait jamais des silences ou des fins de conversation abruptes – le plus souvent. Chacun avait ses casseroles à trainer et certains s’en sortaient mieux que d’autres.

Un peu échauffée par la durée de ses recherches, Baring héla Alexander. Elle espérait vraiment qu’il ne ferait pas semblant de ne pas l’entendre sinon elle allait s’énerver.

« Wilson ! Hey Wilson ! Viens par-là deux minutes s’il te plaît. » Olivia montra le dossier et commença à s’approcher de lui. Tel un fauve devant sa proie, elle n’allait pas le laisser filer avant d’avoir mené à bien sa mission. « Ça fait une heure que je te cherche après m’être faite coincée par Jeanine Hummel. Alors t’as pas intérêt à fuir. » Elle ne put s’empêcher de sourire devant le ridicule de la situation et l’admission de sa propre faiblesse, alors même que l’énervement était palpable. Tout le monde savait qu’il fallait éviter Jeanine. Elle n’avait juste pas été assez rapide cette fois-ci.
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Mar 17 Nov - 10:41
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Les insomnies sont depuis longtemps devenues une habitude. Quand la nuit tombe et que toute personne à peu près normale se laisse sombrer dans les bras de Morphée, Alexander lui, a droit à un regain soudain d’énergie tant son esprit est prêt à tout pour éviter la dangereuse contrée des rêves où les pires instants de sa vie reviennent le hanter. Il n’a qu’une seule façon d’y échapper et les quelques nuits qu’il passe réellement à dormir sont toujours précédées de longues heures à s’intoxiquer. C’est un rythme à prendre, pas la meilleure façon de faire et qui laisse des cernes sous ses yeux et donne un teint pâle à sa peau, mais il arrive encore à faire avec pour l’instant. Cela dit, la partie intoxication n’est pas la plus abordable. On ne croirait pas, à voir tous les sans-abris qui se réfugient dans l’alcool et les junkies qui trainent dans des squats, mais sombrer dans la dépendance demande un certain investissement financier et avec plus que quelques livres en poche, Alexander ne peut pas se le permettre ces jours-ci.

Il s’est donné du mal pour trouver quelqu’un au Blood Circle qui soit de garde cette nuit. Beaucoup moins convaincre cette personne d’échanger sa garde avec lui. Il ne se passe jamais grand chose dans ce QG à la nuit tombée, mais Alexander apprécie assez d’y traîner quand le sommeil se refuse à lui. L’ambiance y est telle qu’on se sent vite anesthésié. Ça lui fait du bien, même si ce n’est pas exactement comme dormir ou s'enivrer, il y a un peu de ça et puis il y a aussi la petite boîte en fer qu’il a laissée dans son vestiaire et qu’il a hâte de récupérer. À l’intérieur, le graal : quelques grammes de marijuana qu’il compte bien faire disparaître aussitôt son tour de garde terminé.

Son apaisement ne dure pas jusqu’à la fin de son service, malheureusement. Très vite, le manque de stimulation le rend nerveux et alors qu’il est censé faire le tour des lieux pour s’assurer que tout est normal, il fait un crochet par le vestiaire avec la ferme intention de récupérer sa drogue et de s’offrir une petite “pause clope” qu’il n’est probablement pas censé prendre en plein milieu d’une garde. Personne n’en saura rien de toute façon.

La boîte bien rangée dans la poche de son jeans, le jeune homme s’extirpe des vestiaires en vitesse, avec un seul objectif : sortir de là pour aller fumer. Projet rapidement mis à mal alors qu’au détour d’un couloir, une jeune femme lui saute dessus. Ok, peut-être que ce n’est pas exactement ce qu’elle fait, mais Alexander est tellement surpris qu’on lui adresse la parole qu’il se sent presque agressé. Il essaye vaguement d’étirer un sourire poli, mais abandonne vite quand il réalise que c’est peine perdue. “Salut… Olg… Olivia ?” On pourrait croire que mener une guerre ensemble crée des liens, mais Alexander est plutôt du genre solitaire et isolé dans cette petite bande que forme le Blood Circle. Et souvent tellement ivre que retenir un prénom relève du véritable effort, mais comme la jeune femme n’a pas l’air de vouloir lui arracher les yeux dans les prochaines secondes, il doit avoir retrouvé le bon et se détend légèrement. Pour se tendre presque aussitôt quand la jeune femme se met à lui parler de Jeanine Hummel, l’une des rares femmes dans ce monde qui parvient à filer des cauchemars au brun. Il frissonne rien qu’à l’idée qu’elle puisse le chercher. “Oh euh… Toutes mes excuses, je suis en pleine garde tu comprends.” marmonne-t-il, déjà à la recherche d’un plan pour échapper l’air de rien à un rendez-vous avec la bureaucrate. “Tu peux lui dire que je ne manquerais pas de venir la voir dès que j’ai terminé. Promis.” assure-t-il alors qu’il fait un pas de côté avec la ferme intention de prendre la fuite au plus vite. Il est un peu désolé pour la jolie brune face à lui, mais pas non plus au point de vouloir se retrouver entre les griffes de Jeanine. “Mais là tout de suite, je dois sortir un instant, pour… Prendre l’air. Si tu permets.” Peut-être qu’il peut abandonner son poste et ne plus jamais revenir au Blood Circle ? Probablement pas, mais si jamais on finit par le retrouver et qu’il explique pourquoi il a ressenti le besoin urgent de prendre la fuite, personne ne pourra réellement lui en vouloir...

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Jeu 19 Nov - 12:33
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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L’amabilité d’Alexander, précédemment qualifiée de « porte de prison » se révéla à la hauteur de la description devant le manque total de chaleur qu’il se décida à mettre dans la conversation. « Salut… Olg… Olivia ? » Le ton interrogatif qu’il employa donna envie de soupirer à Olivia alors qu’elle arrivait à sa hauteur. Bordel, il n’était même pas foutu de retenir son prénom, c’était ça ? Après, à la décharge de Wilson, Olivia et lui ne s’étaient jamais vraiment parlés. Mais quand même… Se décidant à ne pas lui en tenir rigueur - après tout, était-elle vraiment capable de nommer toutes les personnes du bâtiment ? -, elle évita tout commentaire sur le sujet. Au moins, il avait trouvé presque du premier coup, ce qui se devait d’être souligné.

« Oh euh… Toutes mes excuses, je suis en pleine garde tu comprends. » Un air dubitatif se fit visible sur les traits de la jeune femme. En pleine garde en plein milieu du couloir menant au vestiaire ? Il la prenait pour une idiote ? Elle s’en fichait bien qu’il soit en train de faire du bobsleigh, Olivia voulait juste lui donner son foutu dossier et continuer sa vie. Elle voulait ses médocs, une bonne douche et au lit. Point. « Ah oui, je vois que tu es à fond… C’est simplement que… » Il ne lui laissa pas le temps de finir. « Tu peux lui dire que je ne manquerais pas de venir la voir dès que j’ai terminé. Promis. » Surprise, Olivia le vit commencer à se décaler pour la planter là. Non mais hors de question. « Mais là tout de suite, je dois sortir un instant, pour… Prendre l’air. Si tu permets. »  Olivia lui bloqua le passage en se décalant également. Il pensait vraiment pouvoir la planter là comme ça ?   « Ça prendra vraiment que deux minutes. Faut juste que tu prennes ce dossier et que tu le ramènes signé à Jeanine. Ça reste dans tes cordes ? Je veux juste m’en débarrasser. » Dit-elle en montrant le dossier qu’elle tenait dans la main.

Alors qu’elle venait de passer une heure, une heure, à le chercher, Alexander voulait se barrer sans même un regard ou une explication ?! Elle avait une gueule de pigeon voyageur ou quoi ? Elle sentait que si elle échouait à cette quête, Jeanine ne la lâcherait plus jamais et il était hors de question qu’elle ait la Hummel sur le dos pour le restant de ses jours au Blood Circle. Plutôt mourir. Chacun avait ses problèmes, la jeune femme le comprenait. Mais ce n’était pas non plus une raison pour les envoyer sur les autres lorsqu’on ne voulait pas s’en occuper. Alimentant son énervement de ses pensées, Olivia avait bien du mal à rester calme et sympathique. Exaspérée par l’ensemble de la situation, elle ajouta « Bon dieu, tant que tu n’auras pris ce foutu dossier, je te suivrai à la trace… Pire je t’accompagnerai chaque seconde de ta vie jusqu’à ce que tu craques Wilson. Et tu ne le sais peut-être pas mais je suis particulièrement obstinée quand je m’y mets. » Une main sur la hanche, face à Alexander, elle n’était pas particulièrement impressionnante, mais son regard était relativement clair sur sa détermination à suivre ses propres paroles. Olivia n’avait vraiment pas envie de suivre Alexander toute la nuit mais la fatigue couplée à l’exaspération la rendait particulièrement tenace, comme un molosse accroché à son os.

Détaillant rapidement le regard fuyant d’Alexander, ses sourcils se froncèrent. C’était comme une déformation professionnelle : dès que quelque chose lui semblait louche, elle voulait connaitre les tenants et les aboutissants de l’histoire. Et Wilson lui semblait particulièrement louche. La finesse ne faisant pas particulièrement partie de son caractère, quoique comparée à la plupart des rustres qu’elle côtoyait régulièrement elle passait souvent pour la plus compréhensive, elle se dût de demander. « Ça va ? T’as une de ces gueules... Longue garde ? » Mais non, il venait de lui dire qu’il était en plein dedans… Il avait dû faire partie de la relève pour le créneau qu’elle venait de quitter…. Enfin qu’elle avait quitté il y a une heure encore pleine d’espoir. « Enfin dure journée ou nuit ? Je ne sais pas… Bref t’as compris… J’essaye d’être sympa. » Ne désirant pas se mêler de ce qui ne la regardait pas, Olivia n’avait quand même pas pu s’empêcher de demander. Elle avait toujours pensé avoir ce truc pour comprendre les gens. Enfin le plus souvent. Quand ça n’allait pas fort, elle arrivait le plus souvent à le deviner, surtout quand la personne faisait tout pour le cacher. Peut-être un superpouvoir acquis chez les Baring, où montrer ses émotions ouvertement n’était pas vraiment le genre de la maison ? C’était d’autant plus facile qu’on connaissait la personne. Bon pour le coup, cela ne s’appliquait pas à la situation, puisqu’Olivia ne pouvait comparer le comportement d’Alexander à un état « habituel ». Ces gestes lui rappelaient simplement quelque chose, mais elle n’arrivait pas à mettre la main dessus. De l’empressement ? De l’exaspération ? Non, c’était quelque chose d’autre… Presque comme se voir dans un miroir… Du manque ?
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Mar 24 Nov - 13:57
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Sans chercher à le cacher, Alexander laisse échapper un soupir alors que la jeune femme vient se mettre en travers de son chemin. De toute évidence, elle a bien compris qu’il n’avait aucune intention de coopérer, mais elle a décidé de leur compliquer la vie à tous les deux en se montrant aussi bornée. Il essaye malgré tout de rester calme, à défaut de se montrer poli et tente une dernière fois de lui échapper. Jusqu’à ce qu’elle brandisse un dossier sous son nez et que les épaules du Cracmol se détendent immédiatement. Tout ça pour ça, sérieusement ? C’en est exaspérant, à vrai dire. Au point qu’un nouveau soupir échappe à l’homme qui secoue la tête, dépité. “C’est tout ?” demande-t-il, quelque part entre incrédulité et agacement. “Tu ne pouvais pas commencer par là ?” S’il avait su tout de suite que rien au monde ne l’obligeait à ramper jusqu’à la bureaucrate au milieu de la nuit et alors qu’il est sobre, il se serait montré tout de suite beaucoup plus avenant ! “Je vais le signer, ton truc et tu pourras le ramener à Jeannine dès maintenant.” assure-t-il tandis qu’il cherche dans ses poches dans l’espoir de trouver un stylo et d’en finir rapidement. Enfin, pour ça bien sûr, il faudrait qu’il soit le genre de type à se balader avec un stylo dans sa poche en toute occasion. Qui a besoin d’un truc pareil ? Pas Alexander, en tout cas, qui réalise peu à peu que quoi qu’il fasse, il ne pourra pas échapper à une visite à Jeannine. Honnêtement, ça le déprime profondément et ses bras retombent mollement dans le vide quand il se décide enfin à accepter son destin, comme si tout son corps se liquéfiait à la simple idée d’affronter la rouquine. Comme il n’a pas trop envie de se retrouver avec Olga collée aux talons jusqu’à ce qu’il trouve un putain de stylo, il n’a d’autre choix que de tendre une main vers elle pour accepter son fardeau. “Ok, c’est bon, file-moi ce foutu dossier qu’on en finisse.” souffle-t-il, au comble du désespoir.

Il a désespérément besoin d’un verre. Ou d’une dizaine. C’est ce qu’il se dit alors qu’il prend le dossier et le plie assez salement pour le glisser dans la poche de sa veste. “Franchement, tu m’expliques pourquoi on a besoin de paperasse ici ? On est là pour se débarrasser de la vermine ou pour écrire des poèmes ?!” Ses questions sont tout à fait rhétoriques, il est presque sûr qu’Olya n’en a aucune idée non plus. Olivia. Et puis, qui ça intéresse de toute façon ? Ils en ont officiellement terminé avec leurs affaires, maintenant qu’Alexander a accepté de se plier à ses ordres, pas besoin de retenir son prénom. Enfin du moins, il croit qu’ils en ont terminé, jusqu’à ce que la jeune femme ne se mette à l’insulter en le regardant bien en face, arrachant une grimace outrée au brun. Il n’est pas vraiment vexé, mais il est presque sûr que s’il avait le malheur d’accoster une nana dans les couloirs pour lui faire savoir quelle sale gueule elle a, il se ferait proprement démolir et tout le monde trouverait ça parfaitement normal et même mérité. “Merci.” lâche-t-il en croisant les bras sur sa poitrine. “C’est pas cette nuit qui est trop longue, c’est cette putain de vie toute entière.” Non pas qu’il veuille se présenter comme une pauvre victime, loin de lui l’idée de jouer au petit jeu du type qui s'apitoie sur son sort, c’est simplement un fait et sans aller jusqu’à faire lire son journal intime à Olivia, il ne voit pas pourquoi il cacherait ce qu’il pense. “Donc non, c’est juste ma tête normale quand j’suis pas assez défoncé pour oublier qu’on vit dans un monde de merde. Mais rassure-toi, j’ai bien l’intention d’y remédier dans les prochaines minutes.” Peu de chance qu’elle se sente très rassurée à l’idée que l’une des personnes censées veiller à la sécurité des lieux le fasse en étant sous l’influence de la drogue, mais ça… Eh bien, ce n’est pas qu’il s’en fout, mais un peu quand même. Au pire, elle n’aura qu’à aller le dénoncer à Jeannine qui se fera certainement un plaisir de leur pondre un petit rapport sur le sujet. “Bref, merci pour ta sollicitude, mais à moins que tu ne veuilles venir déplorer la misère du monde en partageant un joint avec moi, je crois que nos chemins se séparent ici. Je ne manquerai pas de faire savoir à Jeannine que tu as rempli ta mission avec zèle.”

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Jeu 26 Nov - 17:07
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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“C’est tout ? Tu ne pouvais pas commencer par-là ?” Ah non mais c’était la meilleure celle-là… Alexander ne lui laissait pas deux minutes pour parler avec ses stupides tentatives de fuite et s’était de sa faute à elle ?! Mais quel tocard ! L’envie de frapper son joli petit visage suffisant effleura l’esprit de la jeune femme. Mais elle se retint. Car elle était correctement élevée et que ce n’était pas parce qu’un garçon la prenait de haut qu’elle devait tout de suite utiliser ses poings… Un mantra dit et répété par Papa Baring alors qu’il était convoqué pour la énième fois dans le bureau du principal. Olivia n’y pouvait rien si les abrutis ne la prenait jamais au sérieux et qu’il n’y avait que la force brute pour leur faire comprendre leur erreur.

“Je vais le signer, ton truc et tu pourras le ramener à Jeannine dès maintenant.”  Ah oui, donc maintenant, elle était la secrétaire du coin ? Pire, la secrétaire d’Hummel ? Elle en frissonna rien qu’à la possibilité. En plus d’un bon gros pigeon, il la prenait pour un petit chien, où la signature d’Alexander serait sa récompense ? Qu’est-ce qu’il se trompait ! De voir Wilson la queue entre les jambes rentrer dans le bureau de Jeanine serait sa récompense. Olivia l’attendrait même avec du pop-corn devant la porte pour ne manquer aucun instant.

Mais la jeune femme ne dut pas attendre longtemps pour voir une scène qu’elle aurait très bien pu qualifier de pitoyable : Alexander réalisant qu’il n’avait rien pour signer le dossier. Bien sûr Olivia aurait pu lui dire qu’elle avait un stylo dans sa poche mais cela aurait été trop facile pas vrai ? Il méritait de galérer et surtout de faire pénitence de son comportement particulièrement hautain. Ce dernier venait peut-être du sang sorcier qui coulait dans ses veines ?

Un sourire de triomphe – et on peut le dire un peu satisfait- vint orner les lèvres d’Olivia alors qu’Alexander tendait la main pour s’emparer du dossier. “Ok, c’est bon, file-moi ce foutu dossier qu’on en finisse.” Sur un ton bien trop doux et sympathique pour être honnête, Olivia lui répondit. « Mais bien sûr Wilson. » Elle lui laissa avec joie les papiers. Toujours avec un sourire, elle ajouta : « Et comme je ne suis pas une putain de  secrétaire, la prochaine fois, je te laisserai gentiment te démerder avec qui de droit vu la gratitude dont tu fais preuve. »

Son côté militaire et les quelques tics qui en découlaient lui firent grincer des dents en voyant la façon dont son interlocuteur traita ce pauvre dossier. La pochette allait finir avec pleins de marques de plis et le papier ne sera plus propre et droit… Mais qu’est-ce qu’elle pouvait bien en avoir à faire bon sang ?! Elle fut ramenée à la réalité par Wilson qui se plaignait de la paperasse. Ah ben voyons. Sans paperasse, ils ne seraient tout simplement pas capable logistiquement d’exterminer la vermine voilà tout ! Pour faire ça, il fallait des gens qui s’occupaient de tout ce que ne pouvaient ou ne savaient pas faire ceux qui exterminaient la vermine. Comme dans une fourmilière, chacun avait son rôle à jouer pour que tout fonctionne. Ce manque de camaraderie et de compréhension du monde était typique des civils qui entraient au Blood Circle et qui parfois lui faisait franchement regretter l’armée. Dans cette dernière, tout le monde se construisait suivant un même moule. Il était alors bien plus facile de partager et de comprendre son prochain. Le Blood Circle, au contraire, se constituait d’un patchwork de personnalités qui parfois ne faisaient pas bon ménage.

Olivia regrettait maintenant de s’être un tant soit peu intéressée à Alexander. Le ton défensif qu’il prit ne fit que renforcer cette idée. Il fallait qu’elle arrête de fourrer son nez dans des choses qui ne la regardaient définitivement pas. “Merci. C’est pas cette nuit qui est trop longue, c’est cette putain de vie toute entière.” Ah bah celle-là, elle ne l’avait pas vu venir. Elle avait tellement l’habitude des personnes qui restaient muettes ou qui se bornaient dans une façade de bonheur, que de voir ainsi Alexander déballer sa lassitude du monde et son envie prochaine de se défoncer la laissa sans voix. La bouche ouverte, comme un poisson hors de l’eau. Encore trop étonnée pour répondre quoi que ce soit, Olivia écouta Wilson et son ironie. Le silence qui suivit dura quelques secondes à peine, le temps à la jeune femme de bien assimiler les informations qu’il venait de lui envoyer.

Les camés l’exaspéraient depuis bien longtemps. Elle était dégoutée par leur manque total de self-control. Alors bien sûr, elle-même n’était pas camée, elle avait juste besoin de médicaments pour ses cauchemars et ses douleurs, ce qui était bien différent que de se créer un paradis artificiel parce « bouhou » ma vie est nulle. Oui elle allait parfois dans des ruelles sombres pour ses médocs mais c’était uniquement en attendant de trouver un médecin qui accepterait de renouveler son ordonnance. Point final. L’exaspération monta en elle. Un autre jour, plus déprimée, elle aurait pu accepter. Mais pas aujourd’hui. « T’es pas en train de me dire que tu vas te défoncer pendant ta garde ?! Excuse-moi de te rappeler que le principe d’une garde, c’est de garder. Ou peut-être qu’il y a un langage différent chez les magiciens ? Oui je comprends parfaitement que la vie c’est de la merde, j’en sais quelque chose, et tu ferras bien ce que tu veux chez toi. Héroïne, cannabis, marijuana, je m’en contrefous. Mais quand tu es de garde, tu gardes. Tu protèges des gens qui comptent sur toi et sur tes capacités d’action et de réflexion... » Elle n’ajouta pas « si tant est que tu en ais » mais le sous-entendu était bien là.

Olivia n’avait pas prévu de passer un savon à Alexander et ses paroles dépassèrent même ses pensées vu leur dureté. Peut-être était-ce cette rage contre elle-même qu’elle projetait ainsi sur Wilson ? Probablement… Mais elle n’était pas psy et ce n’était pas le moment d’essayer de diagnostiquer ses névroses.

Peut-être était-ce parce qu’elle aurait voulu que quelqu’un se soucie suffisamment d’elle pour être présent alors qu’elle prenait ses médocs ou juste parce qu’elle voulait faire chier Wilson mais elle ajouta. « Tu sais quoi, je vais t’accompagner avec plaisir déplorer la misère du monde et te regarder foutre ta vie en l’air avant d’aller faire un rapport à Mackenson ou Kane. » Mais oui, allons-y Olivia, les menaces de tout balancer aux supérieurs… Elle était tombée bien bas. Oui mais que pouvait-elle faire d’autre ? Elle n’était pas son supérieur et ne pouvait donc pas user de son autorité. Les souvenirs de l’attaque du QG et de l’institut étaient encore vivaces. Que ce serait-il passé si un gars totalement défoncé avait été à la porte alors que les sorciers attaquaient ? Aucune alerte n’aurait été lancée et les pertes déjà lourdes auraient été catastrophiques. Hors de question de laisser ce genre de chose passer et tant pis si Alexander la détestait. Elle commença à marcher en direction de la sortie. « Et bien ? On y va ? »
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Lun 30 Nov - 12:35
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Non, mais sérieusement, c’est qui cette gonzesse ? La nouvelle inquisitrice du coin ? D’accord, à sa décharge, Alexander n’aurait peut-être pas dû se montrer aussi honnête sur ses projets, mais franchement elle n’a pas besoin de le sermonner comme ça. En fait, c’est assez miraculeux qu’il se trouve entre les murs du QG sans être au minimum légèrement alcoolisé et ça ne l’a jamais empêché de faire son travail correctement. D’ailleurs, plus il passe de temps avec elle, plus il se dit que c’est impossible de survivre à une heure ici en étant sobre. On ne le reprendra plus à faire cette erreur, c’est certain. Ça, il se retient de le lui dire, cela dit. Non pas qu’il soit particulièrement effrayé à l’idée qu’elle aille le dénoncer à Mackenson ou Kane - ok, il n’est pas non plus hyper enchanté à cette idée -, mais elle commence à lui taper sérieusement sur le système et il préfère ne pas lui donner plus de raison de l’agacer. Il se contente donc de lever gentiment les yeux au ciel et tombe légèrement de haut quand elle décide finalement de l’accompagner. Lui qui se donne tant de mal à être absolument imbuvable pour éviter justement qu’on veuille trop lui coller aux talons… “Comme tu veux, Princesse.” lâche-t-il en haussant les épaules, la parfaite incarnation de l’indifférence, avant de la suivre dans le couloir.

Il n’en mène plus très large, à vrai dire, et reste parfaitement silencieux jusqu’à ce qu’ils soient enfin hors des murs du QG. Il commence à réaliser qu’il y a une bonne chance qu’elle mette ses menaces à exécution et qu’il passe un très mauvais moment dans les heures ou jours à venir. Pourtant, quand ils sont dehors, Alexander n’a visiblement aucune intention de changer ses plans et il va s’installer sur un banc complètement défoncé où il s’installe confortablement et roule son joint avec expertise. “Tu sais, c’est juste de l’herbe.” fait-il remarquer après l’avoir allumé et profité d’une première bouffée encore bien insuffisante. “Ça me rend légèrement plus joyeux, mais rien de grave. Ce n'est même pas vraiment de la drogue, ils en donnent aux cancéreux ! C’est ça, c’est comme si je prennais un antidépresseur, tu vois ?" L’argument est peut-être un peu fallacieux, mais compte tenu de ce qu’Alexander a l’habitude de s’enfiler, la marijuana lui fait souvent l’effet d’une petite brise sans intérêt. Ça booste son humeur, tout au plus. Bien sûr, il ne devrait pas s’attendre à ce que Madame Balai-dans-le-cul comprenne les nuances et il parvient à se retenir de lui faire la liste de tous les trucs bien pires qu’il a déjà consommé. “J’veux bien croire que ça saute pas aux yeux, mais j’suis pas complètement con, rassure-toi.”

Il s’offre encore deux ou trois taffes avant de tendre le joint à la jeune femme. “Tu devrais essayer, ça te ferait un bien fou t’as l’air tellement tendue.” note-t-il, sans parvenir à réprimer un sourire. Il ne croit pas qu’elle va accepter, mais ça l’amuse et puis, il le pense vraiment : elle est beaucoup trop tendue et sérieuse, ça ne peut pas lui faire de mal de se détendre un peu. “Et on dit sorcier, pas magicien, pour info. Ce que je ne suis pas, d’ailleurs, t’avise plus jamais de m’appeler comme ça.” S’il y a encore une pointe d’humour et de légèreté dans sa voix, son regard lui est mortellement sérieux et résolument fixé sur la jeune femme. De toutes les horreurs qu’ils ont échangées au cours des dernières minutes, celle-ci est peut-être celle qui a le plus affecté Alexander. Toutes les insultes du monde lui passent facilement au-dessus, mais qu’on l’associe à ces choses… Il faut croire que dix-sept ans ne suffisent pas à enterrer toutes les rancœurs. “Alors, qu’est-ce qui rend ta vie si misérable, jolie Olga ?” demande-t-il finalement, retrouvant immédiatement son air impassible vaguement amusé - parce que oui, cette fois, il sait qu’elle ne s’appelle pas Olga.

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Jeu 3 Déc - 14:28
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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Les signes d’exaspération d’Alexander ne passaient pas inaperçu. Il faisait vraiment tout pour être absolument exécrable. “Comme tu veux, Princesse.” Et là encore ! “Princesse” ? “PRINCESSE” ?! Il venait véritablement de l’appeler comme cela ? Mais pour qui se prenait-il cet abruti ?! Elle avait bien envie de lui écraser son poing sur la figure, histoire de lui montrer si la princesse n’était pas capable de lui mettre une bonne droite ! Non mais elle avait l’impression d’être de retour aux cadets de la Royal Air Force, quand les petits surnoms dont on l’affublait étaient à base de “ma jolie”, “jeune fille”… Ou “princesse”. Le regard noir qu’elle lança à Alexander résumait suffisamment bien son état d’esprit pour se passer de mot.

Le silence était pesant alors qu’ils se dirigeaient tous les deux vers l’extérieur. Wilson n’allait pas réellement le faire pas vrai ? Il n’allait pas tomber si bas et se fumer son joint devant elle n’est-ce pas ? Non, il n’oserait pas et ainsi, elle n’aurait aucune raison de le dénoncer. Tout le monde repartirait alors à ses petites affaires et elle n’aurait plus jamais à voir ce foutu garçon, en dehors de quelques gardes ou missions bien malchanceuses. C’était un bon programme. Seulement voilà, à la seconde où les deux débouchèrent dehors, Alexander s’installa sur un banc aussi défoncé que ce qu’il aspirait à être, et s’alluma un joint. “Tu sais, c’est juste de l’herbe.”

Olivia s’étouffa presque dans sa désapprobation en le voyant à l’œuvre. Mais… Mais quoi ?! Non ce n’était pas possible… Et merde. « Juste de l’herbe ? Ah ouai on en est là… » La jeune femme tenta de garder une certaine contenance et prit un air détaché. Enfin cet air ne fit pas long feu alors que Wilson osait impliquait des cancéreux et des antidépresseurs. Ces derniers lui rappelèrent de manière bien trop vivace ses propres pilules qui l’attendaient sagement dans son casier. Et merde. Elle sentit l’envie poindre le bout de son nez. Elle espérait vraiment que cette stupide situation n’allait pas durer trop longtemps. « Oui bien sûr, et après tu vas me dire que la marie-jeanne sauve la veuve et l’orphelin aussi ? » Les bras croisés, elle faisait les cent pas, regardant tantôt Alexander, tantôt aux alentours pour être sûre de pas être impliquée dans ces comportements répréhensibles.

“J’veux bien croire que ça saute pas aux yeux, mais j’suis pas complètement con, rassure-toi.” Bien que toujours particulièrement sur les nerfs, Olivia sentit poindre encore davantage d’exaspération. Comment pouvait-il en être si sûr ? Son joint le lui avait murmuré ? Pathétique. Elle ne put s’empêcher de lui répondre du tac au tac et sèchement. « Oh ? Vraiment ? Effectivement, ça saute pas aux yeux. » Mais qu’est-ce qu’elle foutait là en fait ? C’était trop tard maintenant ! Il fumait sa drogue comme si de rien n’était. Les junkies étaient tous pathétiques… Seulement voilà, Olivia n’aimait pas abandonner les gens derrière et Wilson ressemblait à ce genre de soldat blessé qui allait sombrer si rien n’était fait. Mais qu’est-ce qu’elle racontait ? Elle en avait suffisamment fait. Olivia lui avait donné son stupide dossier, elle lui avait dit ce qu’elle pensait de son comportement, il était grand temps de s’en aller.

“Tu devrais essayer, ça te ferait un bien fou t’as l’air tellement tendue.” Les yeux de la jeune femme s’agrandirent alors qu’elle peinait à trouver ses mots. « Quoi… Que… Moi tendue ? La seule chose qui me tend ici c’est toi Wilson ! J’vais pas me droguer juste pour te faire te sentir mieux. T’es tout seul dans ton trip de junkie ! » Olivia souffla bruyamment en secouant la tête. Elle n’avait pas d’apriori sur le bonhomme avant, c’était maintenant chose faite. Ils n’avaient plus rien à se dire. Alors qu’elle s’apprêtait à le laisser dans sa fumée, le regard d’Alexander se fit soudain bien plus sérieux et noir qu’elle ne l’en aurait cru capable. “Et on dit sorcier, pas magicien, pour info. Ce que je ne suis pas, d’ailleurs, t’avise plus jamais de m’appeler comme ça.” Ce ton mi-drôle mi-sérieux la laissa perplexe quoiqu’intriguée. Olivia était persuadée d’avoir entendu des bruits de couloirs sur l’ascendance sorcière d’Alexander. Était-ce juste des bruits sans fondement ? Ou avait-il simplement tiré un trait sur tout ce qui y touchait de près ou de loin ? Elle se décida à ne pas le confronter directement. Cela avait l’air d’un sujet sensible et elle n’était pas d’humeur à se faire insulter voir en venir aux poings –à quoi menait la drogue ! - parce qu’elle avait osé poser une simple question.

“Alors, qu’est-ce qui rend ta vie si misérable, jolie Olga ?” Olivia laissa échapper un pouffement devant le ridicule de la situation. Entre le mauvais prénom, le visage sans émotion de Wilson et l’énervement d’Olivia, il y a avait ainsi presque de quoi en rire. « Probablement des abrutis de drogués comme toi Alexander. » Rétorqua Olivia vexée. Elle le savait qu’il se foutait d’elle et cela la mettait encore davantage hors d’elle. Elle ne lui ferait pas le plaisir de le corriger, du moins sur son prénom. « Et appelle-moi encore une fois “princesse” ou “jolie” et c’est ma main dans ta gueule que tu vas trouver. » Et elle aurait dû le planter là, lui, sa drogue et ses problèmes. Elle aurait pu même lui faire un doigt d’honneur pour faire bonne mesure avant de s’en aller, prendre une douche, un cachet et se laisser glisser dans ses draps. Alors qu’est-ce qui la retenait ici ? Probablement la curiosité. La curiosité d’Alexander en tant que descendant direct de sorcier et en tant que gars paumé. Car même si elle ne voulait pas se l’avouer, elle se reconnaissait un peu dans cet idiot assit sur son banc. Alors sans desserrer la mâchoire ou décroiser les bras, elle répondit, un peu moins sur la défensive. « Une guerre à laquelle on ne voit pas de fin et l’insignifiance de la vie. Toi ? » Olivia n’avait jamais dit qu’elle serait tout à fait honnête. Car au fond, cette guerre secrète l’avait bien arrangée quand elle avait été réformée. Et si la vie était si insignifiante… Pourquoi alors se sentait-elle si mal d’avoir juste un instant voulu y mettre un terme ? Mais tout ça, Alexander n’avait pas besoin de le savoir. « Et le joint c’est pour te donner un style en infiltration ou y a une vraie raison ? » Oh et puis merde, elle ne pouvait pas ne pas lui envoyer un peu des piques après le caractère exécrable qu’il lui avait servi. « C’est une variété spéciale qui rend détestable peut-être ? » .
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Dim 13 Déc - 12:17
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De toute évidence, Olivia n’avale pas l’argument de l’antidépresseur. La comparaison avec les cancéreux allait peut-être un peu loin, mais sur le fond ce n’est pourtant que la pure vérité que vient de lui servir l’homme. Il comprend malgré tout assez vite qu’elle n’est pas prête d’accepter sa façon de voir les choses et ravale donc ses explications, non sans difficultés. Pourquoi est-ce qu’il perdrait du temps à se justifier alors qu’il ne fait vraiment rien de mal ? S’il y a bien un domaine qu’Alexander maîtrise, c’est celui de la drogue et des excès. L’herbe se place dans la catégorie des soins palliatifs dans la liste de toutes les choses stupides qu’il peut consommer à longueur de temps. Et si Olivia acceptait d’essayer, elle comprendrait vite qu’il ne fait de mal à personne en ce moment. Malheureusement, sans grande surprise, la jeune femme refuse de se laisser tenter à cette expérience. “Comme tu veux.” lâche-t-il donc seulement quand elle l’envoie promener, non sans oublier la petite insulte qui va bien. Lui, un junkie ? Ouais, peut-être. Cela dit, ce n’est pas très juste de sa part de lui parler comme ça juste pour un petit joint de rien du tout. Cette fille est vraiment une drama queen.

Ça non plus, il ne le lui dit pas. En revanche, il n’attend pas plus longtemps pour remettre les points sur les i sur un autre sujet. Elle peut le traiter de junkie et même de connard, tout ce qu’elle voudra, autant qu’elle le voudra, mais il y a une insulte qu’il n’acceptera jamais : qu’on ose le mettre dans le même sac que le reste de la communauté magique. Il n’est pas et n’a jamais été un sorcier. Il est peut-être un peu trop susceptible sur ce point, mais puisqu’Olivia ne saute pas sur l’occasion pour l’agacer un peu plus, il aime à croire qu’elle a compris le message et qu’elle préférera se rabattre sur de bonnes vieilles insultes bien moldues à l’avenir. Ravi qu’ils soient parvenus à un accord à ce sujet, il fait même l’effort de baisser les yeux dans un air vaguement coupable lorsqu’elle lui saute à la gorge pour avoir eu le malheur de l’appeler “princesse”. "Ça va, c’était juste pour t’énerver.” rétorque-t-il dans un sourire. De toute évidence, il a parfaitement réussi. “Mais ok, ça n’arrivera plus. À moins que tu ne recommences à me traiter de magicien.” Il lui lance un regard qui se veut menaçant, mais lâche un rire après une seconde qui vient légèrement gâcher son effet. Un magicien, sérieusement.

Dommage que l’ambiance légère ne s’éternise pas trop, même si pour le coup c’est entièrement sa faute à lui. Il trouve tout de même intéressant que, bien qu’elle fasse l’effort de lui expliquer plus ou moins ce qui rend sa vie si misérable, elle n’abandonne jamais vraiment ses grands airs et ses attaques passives-agressives. Elle ne répond même pas vraiment non plus. “Y a jamais de vraie raison pour consommer de la drogue, non ?” En tout cas, c’est ce qu’elle a dit tout à l’heure, quand il lui a balancé son explication avec les cancéreux et les antidépresseurs. Ce n’était pas juste une remarque pour faire le malin. “Cette guerre, c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée.” reprend-t-il, sans s’attarder plus longtemps sur la drogue, sans s’éloigner tellement du sujet non plus. “Tu sais que quand un sorcier naît dans une famille moldue, le Ministère de la Magie envoie quelqu’un pour expliquer aux parents ce qui se passe, s’assurer que le gosse soit en sécurité et qu’il grandisse avec tout le soutien possible ?” S’il a l’air d’être passé complètement à autre chose, c’est loin d’être le cas et son regard posé dans le vide est un bon indice sur le fait que cette petite remarque sans intérêt va bien plus loin. Il n’est pas trop le genre à jouer sur le suspens et s’amuser d’effets dramatiques, donc elle n’a pas à attendre trop longtemps pour connaître le fin mot de l’histoire. “Va savoir pourquoi, quand un moldu se pointe dans une famille de sorciers, personne ne bouge le petit doigt pour le protéger. On préfère cacher la crasse sous le tapis et prétendre qu’elle n’a jamais existé.” Alors peut-être qu’Alexander est un junkie, mais il a tendance à se dire qu’après tout ce qu’on lui a mis dans la tronche, c’est déjà un miracle qu’il soit encore en vie. Il secoue la tête pour chasser rapidement les pensées qui essayent de s’installer là contre son gré et relève difficilement les yeux vers Olivia. Il a suffisamment plombé l’ambiance comme ça et puis, il ne connaît même pas cette fille. “Cela dit, c’est vrai que ça donne un super style de fumer de l’herbe. Visiblement, ça m’aide pas pour plaire aux femmes, mais heureusement j’ai mon charme naturel pour ça. En revanche, c’est un très bon remède à l’insignifiance de la vie ! Tout devient tellement plus profond et significatif quand t’es défoncé.”


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Ven 18 Déc - 17:25
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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Le détachement dont faisait preuve Alexander en était presque impressionnant. Comment pouvait-il n’en avoir à ce point rien à faire de ce qu’Olivia pouvait bien penser ?! Pourtant les paroles et sous-entendus de la jeune femme étaient plutôt clairs : elle désapprouvait totalement son comportement. “Comme tu veux.” Tel de l’eau sur le plumage d’un canard, rien ne semblait atteindre le jeune homme. Peut-être était-il tellement habitué à être appelé un drogué qu’il en était totalement immunisé ?  Vu les gestes mécaniques qu’il effectuait, ce n’était certainement pas son premier joint. Alors quoi ? Comment en était-il arrivé là ?

"Ça va, c’était juste pour t’énerver.” Un soupir contrarié fut la seule réponse de la jeune femme. Wilson était un con mais au moins, il semblait montrer un minimum de volonté de survie en acceptant d’abandonner ces stupides surnoms. Peut-être que faire le bad boy un peu macho fonctionnait avec les minettes. Ou les minets, allez savoir, mais Olivia n’avait pas la patience de ce genre de comportement. Elle se fit la remarque qu’elle ne connaissait d’ailleurs rien de l’homme qui lui faisait face si ce n’était son nom et sa propension à la toxicomanie.   “Mais ok, ça n’arrivera plus. À moins que tu ne recommences à me traiter de magicien.” Ah bah si, il avait comme tout le monde un sujet qui le mettait immédiatement sur la défensive. Cette histoire de magicien. Rien que ce terme en était risible et Olivia, comme Alexander, ne put retenir un sourire devant le ridicule de la situation. La main droite sur le cœur, et les doigts de la main gauche croisés, elle répondit, pleine d’ironie. « Je le jure, sur le Père Noël lui-même ! »

Son sourcil droit se leva devant la question quasi-rhétorique que lui renvoya Alexander sur l’absence de véritables raisons de consommer des drogues. Peut-être, elle n’aurait su le dire puisque ce n’était pas du tout son genre de prendre des substances. Et non, pour la dernière fois, ses antidouleurs n’avaient rien à voir. « Faut pas être au fond du gouffre ou mal dans sa peau pour la drogue? C’est pas des vraies raisons ça ? » Rétorqua Olivia. Bon dieu, on aurait pu la citer sur une affiche de campagne anti-drogue avec ses grands airs. Elle en connaissait pourtant des gars vraiment bien avec qui elle avait servi. Et beaucoup se tournaient vers toutes formes de substances pour tenter de survivre à la vie civile. Cela voulait-il dire qu’elle était meilleure qu’eux ? “Cette guerre, c’est la meilleure chose qui me soit jamais arrivée.” Non bien évidemment, elle n’était pas meilleure. Comme Alexander, cette guerre était la meilleure chose qui lui soit arrivée. Elle n’avait pas la drogue, elle avait l’adrénaline des combats. Ces paroles prononcés par le Wilson trouvaient un écho bien trop puissant dans les propres pensées de la jeune femme. Resserrant encore davantage ses bras déjà croisés, elle se tortilla légèrement en avouant à demi-mot ce qu’elle ressentait également. « Oui. C’est pas faux aussi. »

Et alors Alexander lui parla du monde magique. Feignant une indifférence agacée, elle l’écouta sans l’interrompre bien plus intéressée qu’elle ne l’aurait bien admis. C’était étrange, elle avait presque l’impression qu’il en connaissait quelque chose de ce monde magique. Les rumeurs étaient-elles fondées ? Olivia ne voyait pas où il voulait en venir. C’était plutôt bien pour ces enfants que quelqu’un les accompagne dans ces pouvoirs pour éviter de les voir faire exploser elle ne savait quoi en devenant incontrôlables, non ? Le détachement dont Alexander faisait preuve rendait presque l’exposé scientifique si ce n’était pour cette lassitude qu’elle lisait dans ce regard qui vint croiser le sien. “Va savoir pourquoi, quand un moldu se pointe dans une famille de sorciers, personne ne bouge le petit doigt pour le protéger. On préfère cacher la crasse sous le tapis et prétendre qu’elle n’a jamais existé.” Étonnée, ça oui elle l’était. Il aurait été mentir que d’affirmer le contraire. Bien qu’Alexander n’ait rien dit littéralement, les informations étaient trop spécifiques pour qu’elles ne proviennent pas de son vécu. Alors peut-être que les rumeurs étaient vraies. Elle le savait pourtant. Chaque personne qui se retrouvait dans le Blood Circle avait des raisons bien à lui ou elle de s’y être engagé, accompagné d’un passif souvent difficile.

Wilson et Baring ne se connaissaient pas et pourtant il semblait enclin à balancer ce genre de bombes comme si cela ne l’atteignait nullement. Était-ce une stratégie particulière pour se convaincre qu’il allait bien ? Elle aussi avait fait de nombreuses blagues sur son ex-carrière de pilote… Cela ne voulait pas dire pour autant qu’elle avait bien digéré sa fin de service anticipée. Soutenant de nouveau le regard d’Alexander, l’énervement et l’impatience avaient quittés les traits d’Olivia.

“Cela dit, c’est vrai que ça donne un super style de fumer de l’herbe. Visiblement, ça m’aide pas pour plaire aux femmes, mais heureusement j’ai mon charme naturel pour ça. En revanche, c’est un très bon remède à l’insignifiance de la vie ! Tout devient tellement plus profond et significatif quand t’es défoncé.” Un sourire habilla les lettres d’Olivia. Au moins il était drôle. La jeune femme, toujours silencieuse vint s’assoir à côté d’Alexander sur ce banc défoncé. Cela la perdrait peut-être un jour, mais elle était foncièrement gentille. Et quand quelqu’un lui racontait un moment difficile, elle restait et écoutait, car cette personne en avait besoin, même si ladite personne était un peu un bâtard sur les bords. « Charme naturel hein ? Rien que ça… » Olivia regarda face à elle le paysage urbain, avec quelques arbres au loin, dont un sapin. « Il parait. Mais même pour ton charme naturel, je ne m’y essayerai pas de fumer. Faut toujours garder le contrôle, on ne sait jamais quand le prochain combat peut avoir lieu. » Elle se tourna de nouveau vers Alexander. « Ça fera pas grand-chose mais je suis vraiment désolée pour ces enfants dont tu parles, ceux abandonnées. J’aime me dire qu’à notre échelle on participe à leur offrir un avenir meilleur. »

Alexander s’était plutôt étrangement montré honnête avec elle. Olivia pouvait peut-être ravaler sa morale hypocrite et ses commentaires quelques minutes le temps de l’être à son tour. « Je suis pas misérable, ma vie s’est juste avérée prendre un chemin bien différent de ce à quoi j’aspirais. Mais un peu comme tout le monde en fait. » Olivia n’aurait su dire si c’était la fumée d’Alexander qui lui attaquait les neurones où la fatigue de sa garde précédente mais elle semblait avoir des pensées bien trop profondes comparées à son pragmatisme habituel. « On a tous nos merdes. Suffit juste de pas se faire ensevelir… » Elle sourit de nouveau et ajouta pour détendre l’atmosphère qu’elle trouvait trop pesante : « Ça manque d’une bonne bière quand même ce genre de discours ! »
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Mar 12 Jan - 14:33
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Ca fait bien longtemps qu’Alexander n’a pas raconté à quelqu’un de quoi est faite son histoire. Keith, Garnet, Ange. Les personnes qui savent d’où il vient se comptent sur les doigts d’une seule main. Olivia aussi, maintenant, même si elle est encore loin de connaître les détails, de savoir vraiment, il en a déjà trop dit et sa petite démonstration est bien trop spécifique pour prétendre que ce n’est qu’un exemple pris au hasard. Étonnamment, ça ne lui fait pas grand chose, mais loin d’avoir fait son deuil de ce passé douloureux, c’est surtout la drogue qui l'anesthésie assez pour qu’il ne réfléchisse pas à deux fois sur ce qu’il vient d’admettre. Il continue de faire comme si ça ne lui faisait rien, mais se sent malgré tout soulagé quand la jeune femme ne rebondit pas sur le sujet. À la place, il relève la tête vers elle et lui offre un sourire éblouissant quand elle semble douter de son charme naturel. C’est peut-être de la prétention, allez savoir, mais il sait qu’il pourrait réellement avoir ce don s’il s’en donnait un peu la peine. S’il souriait un peu, arrêtait de parler. Le charme est souvent rompu quand il ouvre la bouche. Ce doit être un talent, ça aussi. “Oh, allez,” lance-t-il, moqueur, “je sais que tu me trouves canon au fond.” Il n’est pas question de lui donner raison, d’admettre qu’ils risquent une attaque à tout moment, quand bien même les dernières semaines ont prouvé qu’elle dit vrai. “Je sais ce que je fais, rassure-toi. Je perds jamais totalement le contrôle quand je suis en service, c’est juste un moyen de calmer l'anxiété." Honnêtement, il commence à l’apprécier un peu. Du moins, jusqu’à ce qu’elle se sente obligée de parler des enfants qu’il vient de mentionner. Aussitôt, son sourire disparaît et son regard retourne se poser sur le sol. Pourtant, elle essaye d’être gentille, c’est juste… Tellement naïf ? Quoi qu’on dise, on ne se remet jamais vraiment d’avoir été rejeté par sa propre famille. Pourtant, Alexander ne se souvient pas de grand chose de sa vie avant qu’il ne se réveille dans ce restaurant, tout seul. Il ne se rappelle pas de son propre nom de famille, du visage de ses parents… Seulement de la peine qu’il a ressenti quand il a compris qu’on venait de le renier, de la solitude aussi. Et c’est profondément ancré en lui, cette incapacité à faire confiance, à s’ouvrir aux autres. Tous les membres du Blood Circle qui se battent chaque jour pour prendre leur revanche sur les sorciers ne peuvent pas soigner cette plaie là.

“Ces gamins se fichent complètement de cette guerre. Tout ce qu’ils veulent, c’est que quelqu’un les aime comme ils sont. On devrait peut-être faire comme les sorciers et aller les recueillir dès que ça devient clair qu’ils n’auront jamais le moindre petit pouvoir.” Il regrette cette remarque presque immédiatement après qu’elle lui a échappé. Ça reste la meilleure solution, malgré tout, la meilleure chose que le monde moldu puisse faire pour tous les enfants Cracmols qui naissent chaque année. Il paierait cher pour qu’on puisse changer le passé et que quelqu’un, n’importe qui, même Robin Kane qu’il ne porte pourtant pas dans son cœur, vienne le chercher avant que ses parents ne décident de l’effacer de leur vie. “On pourrait les élever ici dans notre super QG quatre étoiles, ça ferait de super futurs soldats, tu crois pas ?” ajoute-t-il, dans une vaine tentative de noyer le poisson.

Pourquoi parle-t-il de tout ça avec cette fille ? C’est un mystère, qui s’épaissit considérablement quand elle tente de lui rendre la pareille et explique à son tour quel sombre secret du passé l’affecte encore aujourd’hui. Rien de bien grave, visiblement. Un changement de direction dans sa vie, le triste destin de tout un chacun, comme elle le souligne elle-même. Rien de particulièrement traumatisant, à première vue en tout cas. Et pour un bref instant, ce cher Alexander jalouse profondément sa collègue, tant il voudrait se contenter lui aussi de rêves déçus. “Y a quand même différents niveaux de merde.” ne peut-il s’empêcher de souligner, avant de se reprendre pour observer Olivia avec un peu plus d’attention. Elle cache peut-être quelque chose de plus terrible, allez savoir, et se contente d’effleurer la surface comme il a essayé de le faire. Quelques bières aideraient sûrement à ce qu’elle en parle plus librement, mais c’est sur un autre point que l’attention d’Alexander décide de se fixer. “Ah, tu vois !” lance-t-il, presque accusateur. “La drogue, non, mais l’alcool tu approuves. Bravo, bel exemple d’hypocrisie, très chère.” Il sourit de nouveau, ce qui reste un bon point, vu la tournure que prenait cette conversation, mais ça ne veut malheureusement pas dire qu’il a abandonné son intention d’en savoir plus. “J’ai du mal à imaginer ce que tu pouvais vouloir de plus que ça.” reprend-t-il, l’air de rien, en lançant un regard plein de sous-entendus sur le paysage autour d’eux. “Se battre, encore et encore, dans une guerre perdue d’avance contre des ennemis surpuissants qui peuvent nous tuer d’un petit mouvement du poignet. C’est le rêve, non ? Qu’est-ce que t’aurais voulu faire d’autre ?” A sa plus grande surprise, ça l’intéresse vraiment. Il est le spécialiste des projets bafoués, non ? Par deux fois déjà, sa vie a été complètement chamboulée par ce qu’il y a de plus affreux dans ce monde et, peut-être qu’il cherche seulement à ce qu’on lui dise qu’il n’est pas le seul, mais il a bien envie de savoir ce qui a pu arriver à cette fille pour qu’elle se sente lésée de quoi que ce soit.

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“Oh, allez, je sais que tu me trouves canon au fond.” Olivia plissa légèrement le nez dans une moue moqueuse pour montrer à son interlocuteur à quel point elle pouvait en être dubitative. Alexander n’était définitivement pas le plus laid de la bande mais définitivement pas le style de la jeune femme la joueuse est dépitée de dire ça à matthew daddario. Physiquement parlant, il était tout à fait charmant. Mais dès qu’elle creusait un peu la surface… Et bien ça restait un toxico qui s’en était probablement pris plein la gueule. La jeune femme avait certes une tendance à vouloir jouer les héroïnes mais cela se traduisait le plus souvent par foncer la tête la première dans l’action que de sauver des gars de leurs propres démons. Elle n’était pas douée avec les gens. Elle savait écouter et moraliser. Cela s’arrêtait malheureusement là. Alors les gars pas franchement responsables comme Alexander ? Elle savait ne jamais tomber pour eux. “Je sais ce que je fais, rassure-toi. Je perds jamais totalement le contrôle quand je suis en service, c’est juste un moyen de calmer l'anxiété." De nouveau Olivia prit un air dubitatif qu’elle eut bien du mal à dissimuler. S’il le disait… Olivia se demanda très sérieusement si elle ne devait pas l’attaquer là-maintenant pour vérifier ses réflexes, histoire de se rassurer. S’il arrivait à la maîtriser ou au contraire si elle le mettait face à ses contradictions en l’immobilisant face contre banc.

Olivia se douta d’avoir franchi une limite en reparlant de ces gamins. Le visage du Wilson se ferma à la seule mention de ces jeunes gens. Non définitivement, ce sujet était tout sauf anodin pour le jeune homme. Elle aurait peut-être dû éviter de mettre les pieds dans le plat. Arriverait-elle seulement à ne pas le faire à l’avenir ? Peu probable. C’était dans sa nature d’être directe. Elle n’avait pas souvent le temps de prendre en compte les sentiments de son interlocuteur… Enfin à sa décharge, ici, elle avait tenté de faire des efforts ! Elle avait essayé d’être compatissante et voilà où ça la menait…

La réponse quelque peu acide d’Alexander ne se fit pas attendre et Olivia opta pour rester silencieuse, un peu vexée de se faire ainsi reprendre quoiqu’un peu triste d’ainsi être mise face à la misère de certains enfants. Effectivement, sauver les gamins non sorciers nés chez des sorciers, c’était une bonne idée mais…   “On pourrait les élever ici dans notre super QG quatre étoiles, ça ferait de super futurs soldats, tu crois pas ?” Cette fois-ci, Olivia ne sourit pas. Elle le regarda plutôt avec une certaine tristesse. Pas avec pitié non, cela elle ne le supportait pas pour elle-même, elle n’allait pas l’infliger à d’autres. Juste de la tristesse, avec peut-être un soupçon d’impuissance. Elle détourna le regard et repartit dans la contemplation de ce qu’ils avaient en face d’eux en silence.

Après quelques secondes, elle soupira. Finalement, il était peut-être plus facile de se moquer de ces sujets si sombres et insolubles pour ne pas les laisser l’emporter. Elle répondit alors sur un ton moqueur. « Si bien sûr, avec une armée de gamins, quelle bonne année. Personne ne se méfie des gamins. Et puis ce sera colonie de vacances au QG tous les jours, le rêve… » Elle repensa brièvement à ces adolescents qu’elle avait vu sur les dernières attaques des sorciers et une petite voix lui demanda si cela serait vraiment si mal que ça de renforcer leurs rangs ainsi, surtout si leurs ennemis le faisait. Elle préféra ne pas y répondre, ayant peur de sa propre opinion.

Alors qu’Olivia se sentait le besoin… Le besoin de quoi d’ailleurs ? De prouver à Alexander que sa vie pouvait être aussi merdique mais que la sienne ? Ah bah comparer leurs vies merdiques, cela allait être productif, bravo Olivia ! Non, elle, elle voulait plutôt prouver que malgré toutes ses merdes, elle survivait. Elle ne fumait pas, faisait ses gardes correctement et n’avait besoin de personne pour s’en sortir… Un rire moqueur lui parvint de son subconscient, particulièrement en forme aujourd’hui. S’en sortir hein ? Mais ma pauvre t’as jamais été aussi profond. La réponse d’Alexander ramena le regard de la jeune femme sur lui. Ils faisaient une compétition alors finalement ? Les niveaux de merde, elle pouvait pas mal y concourir aussi. Elle n’avait juste pas le besoin de s’épancher devant un collègue qu’au fond elle ne connaissait pas tant que ça ! Elle répéta sa phrase en le fixant. « Y a effectivement différents niveaux de merde. » Peut-être dans une vaine tentative de lui faire comprendre qu’il n’était pas le seul à plaindre sur cette bonne vieille Terre.

Touché. Olivia émit un petit rire à la remarque d’Alexander sur l’alcool. Effectivement, elle buvait. Mais la bière avait quelque chose de festif. Elle se retrouvait avec les collègues pour débriefer autour d’une mousseuse. Cela n’avait rien à voir avec le fait de s’exploser le cerveau à grand renforts de plantes hallucinogènes !  « Hypocrisie que dalle Wilson. Quand je bois, je le fais avec des collègues ou amis, pas sur un banc défoncé à l’abri des regards…. » Elle aurait pu ajouter « comme un camé» tout comme elle aurait pu relever le « très chère ». Mais bon cela aurait rendu sa réponse encore plus désagréable qu’elle ne l’était déjà.

Olivia haussa les épaules lorsqu’Alexander fit la remarque sur savoir ce qu’elle pourrait vouloir de plus que tout cela. Beaucoup de choses, tellement plus de choses. Elle sourit à la description imagée et malheureusement assez proche de la réalité qu’en fit le jeune homme. C’était une bonne question. La réponse vint d’elle-même évidemment. « Oh oui, depuis toute gamine c’était mon projet d’avenir… » Elle soupira devant sa propre ironie. « J’étais pilote de chasse et j’avais un frangin. Puis cinq ans après, je me retrouve sur un putain de banc à… Comment t’as dit ? Mener une guerre perdue d’avance face à des ennemis surpuissants ? Alors autant te dire que j’avais pleins de trucs que j’aurai voulu faire… » Olivia secoua lentement sa tête comme pour essayer de remettre de l’ordre dans ses pensées. Putain, elle venait d’ouvrir les vannes et elle n’était vraiment pas sûr de pouvoir les refermer les traîtresses. Elle détailla d’un regard Alexander et essaya de juger au plus vite s’il était digne de confiance, et si elle pouvait se permettre de balancer des infos sur elle comme ça, sans prendre de pincettes ou de précaution. Une voix intérieure et railleuse ajouta que de toute façon, il devait être trop stone pour se souvenir de quoique, pas vrai ? « J’ai toujours cru que… Que je serai extraordinaire. Et regarde-moi aujourd’hui. » Un peu présomptueux ? Totalement. Mais au-delà de Timothy qui avait sauté sur une mine, au-delà de son foutu accident, au-delà de toutes ces merdes…. Ce qui l’avait vraiment détruite, c’était vraiment de ne plus servir à rien, de ne jamais devenir Air Commodore, de rester juste un autre trouffion… Et cette réalisation la mit mal à l’aise face aux raisons d’Alexander. Effectivement, ils y avaient vraisemblablement plusieurs niveaux de merde et le sien lui semblait tellement moins recevable que celui du Wilson. « Enfin y a des trucs comme ça. Ça arrive mais bref…» Elle se montra puis pointa Alexander du doigt. « Rêves déçus et vengeance, c’est bien ça ? Et ben, on fait la paire dis donc. »
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Mer 27 Jan - 9:51
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Olivia peut bien dire ce qu’elle veut, c’est définitivement grâce à la drogue dans son système qu’Alexander parvient à se tenir là, à avoir cette conversation avec elle, sans que ça ne tourne au drame. Elle est tellement… étrange ? Un instant, il a l’impression qu’ils sont sur la même longueur d’ondes à s’échanger des piques sans véritable volonté de blesser, et puis tout à coup elle dit quelque chose de son ton terriblement sérieux et c’est comme s’ils s’adressaient de nouveau la parole pour la toute première fois. Comme quand il souligne l’hypocrisie dont elle fait preuve - selon lui, du moins - quand elle accepte l’alcool, mais pas l’herbe. Honnêtement, ça revient pratiquement au même. Tout ce qui change, c’est la voie d’administration, mais les effets… Et pourtant, pour cette fois du moins, Alexander n’essaye même pas d’avoir raison, il se contente de faire une blague, à sa manière certes, mais toute trace d’amusement s’envole soudainement alors que la voix d’Olivia raisonne comme un coup de fouet dans l’air. Alors, heureusement qu’il a la tête déjà un peu ailleurs à cet instant, c’est ce qui lui permet de ne pas rétorquer sur le même ton, préférant plutôt lever les yeux au Ciel et répondre, d’une petite voix faussement innocente : “Je suis avec une collègue !” Il se retient de l’agacer plus en laissant sous-entendre qu’ils seraient aussi amis, même si ça le démange, juste pour voir sa tête. Elle a grand besoin de se détendre, elle aussi. Tellement qu’il envisage presque de lui proposer d’aller la boire, cette foutue bière, juste pour qu’elle se relâche deux minutes.

Peut-être qu’au fond, ce cher Alexander est un peu vexé. Car lui qui ressentait quelques scrupules à insister pour qu’Olivia lui raconte le fond de son problème, il n’en a tout à coup plus aucun. D’accord, peut-être encore un peu. Il ne lui demande pas clairement et simplement quel terrible drame l’a rendu comme ça, il y a un peu plus de subtilité et de légèreté dans la question qui lui échappe finalement. La réponse suit le même modèle, mais… Eh bien, pas besoin d’être un génie pour relier les points. Pilote de chasse, un frangin. Presque contre son gré, Alexander regarde soudainement le sol, comme si affronter en face la peine d’Olivia était au-dessus de ses forces. Elle parvient pourtant à la cacher d’une façon assez admirable. Il relève les yeux quand elle déplore ne pas être la personne extraordinaire qu’elle aspirait à devenir. “Je sais que ça peut sembler dingue, mais… Peut-être que ne pas être la personne que tu voulais devenir ne t’empêche pas d’être extraordinaire ?” souffle-t-il pourtant assez rapidement. Pourquoi pas ? Pourquoi les gens un peu - très - brisés, ne pourraient-ils pas être incroyables à leur manière ? Alors certes, Alexander représente un très mauvais exemple, il n’a rien d’extraordinaire, mais c’est surtout une question de volonté, non ? Il suffit de trouver la bonne motivation. Il est vrai, cela dit, que tous les deux ne débordent pas d’excellentes raisons pour faire ce qu’ils font de leurs vies. La manière dont Olivia le résume arrache même un petit rire désabusé au jeune homme.

“C’est grâce aux gens comme nous que cette organisation existe.” souligne-t-il, le ton égal. Ça ne le dérange pas, même s’il y a de bonnes raisons de douter des intentions du Blood Circle. Remplir ses rangs de personnes qui se battent pour les mauvaises raisons, c’est un peu… Limite ? Inquiétant ? C’est aussi ce qui lui donne un but dans la vie, un léger espoir de retrouver la paix. “On ne gagne pas une guerre avec des bonnes intentions, pas vrai ?” Il faut déjà en manquer pour choisir le combat armé pour régler ses problèmes. Quelques fois, Alexander se demande s’il espère réellement gagner cette guerre, ou s’il n’est là que parce qu’il ne sait plus où aller, mais ça il ne le dit pas à Olivia. C’est une militaire dans l’âme, au fond, même si elle se contente de cette petite armée privée pour assouvir ses besoins de bagarre, il doute qu’elle prenne très bien ce genre de considérations. À la place, il jette son mégot sur le sol et se relève d’un coup. “Tu veux qu’on aille la boire, cette bière ?” demande-t-il, se surprenant lui-même au passage. Il jette un coup d'œil à sa montre, avise l’heure tardive sans que ça ne change ses plans. “Ma garde est officiellement terminée et je continue de croire que t’as désespérément besoin de te détendre un peu.” lâche-t-il, joyeusement. “Cela dit, je connais plusieurs façons de t’y aider, si la bière te tente pas non plus…” Un clin d’oeil ponctue l’offre pas très subtile, mais ça, il ne le dit que pour l’embêter un peu, bien conscient qu’il y a plus de chances qu’elle lui en colle une en pleine face plutôt qu’elle ne le traîne jusqu’à son lit.

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Jeu 4 Fév - 22:20
Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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“Je suis avec une collègue !” La réponse d’Alexander surprit Olivia et atténua quelque peu son agacement. Elle ne répondit rien, préférant faire la tronche pour la forme. Effectivement, techniquement il marquait encore un point. Il commençait à l’emmerder d’avoir ainsi toujours raison… Les deux semblaient en tout cas en accord sur le fait de s’énerver mutuellement et il aurait peut-être fallu qu’Olivia profite de ce climat peu accueillant pour filer. Mais elle n’en fit rien. Rien non plus lorsqu’il lui demanda ses rêves. Vu sa réponse particulièrement honnête, elle aurait peut-être dû filer finalement. La jeune femme se sentait stupide, comme à chaque fois qu’elle parlait d’elle ou de ce qu’elle ressentait. C’était peut-être un effet secondaire d’avoir été entouré de gars toute sa vie et de l’idée de la masculinité que s’en faisaient certains : un homme, un vrai ça ne pleure pas, ça ne se plaint pas… Des conneries, elle le savait. Mais des conneries qui ne semblaient pas vouloir lui lâcher la grappe ! Et alors les paroles d’Alexander la touchèrent bien plus qu’elle ne l’aurait voulu. Le regard de la jeune femme se posa sur le brun assis à ses côtés, empli de surprise –encore une fois- et d’une gratitude nouvelle. Elle n’avait jamais vu les choses de cette façon. Sa vision de son futur avait été tellement claire depuis sa plus tendre enfance que de vivre sans lui avait paru… Insurmontable. Réfléchir à cette possibilité, se sortir de son propre apitoiement… C’était trop tôt. Abandonner cette grotte rassurante qui l’hébergeait depuis des années pour aller de l’avant vers l’inconnu bien trop lumineux qui l’attendait. Non merci, pas aujourd’hui, pas cette nuit, pas maintenant.

Chose improbable, Alexander l’honora d’un petit rire. La jeune femme fut plutôt ravie de son effet. Et puis cela disait aussi qu’ils allaient changer de sujet et s’éloigner de ses propres faiblesses. Et ce n’étaient peut-être pas plus mal. Elle acquiesça alors que Wilson résumait relativement bien leur situation. Sans des gens comme eux, n’ayant pas grand-chose qu’autre qu’elle-même, l’organisation du Blood Circle se réservait des soldats de choix. L’esprit logique d’Olivia argumenta qu’un soldat était un soldat. Et en tant de crise, on ne pouvait pas se permettre de cracher sur de nouvelles recrues… Aussi instables qu’Alexander soient-elles. Olivia ne se compta pas comme instable. Elle ne l’était pas. Elle était une militaire de métier entrainée qui n’avait rien d’instable. Un certain sauvage de fesses lors d’une mission par Lyam lui revint en tête pour réfuter ces affirmations. Mais Olivia étant Olivia, elle enfouit profondément toutes ces pensées et reporta son attention sur son camarade de soirée.

“On ne gagne pas une guerre avec des bonnes intentions, pas vrai ?” Olivia haussa les épaules. « Je sais pas... Il faut réussir à déterminer ce qu’on est soi-même prêt à faire pour gagner la guerre et à partir de quand le prix à payer dépasse l’acceptable. »  Détournant ses yeux de Wilson, elle ajouta, peut-être plus pour elle-même que pour lui : « Ou prier pour qu’on n’ait pas déjà franchi la ligne rouge. » La soudaine mise en mouvement d’Alexander fit presque sursauter la jeune femme et elle le fixa, interrogative. Avec son herbe, il n’était pas censé planer à dix mille ? Bien plus haut qu’Olivia n’avait été depuis longtemps. Heureusement que la jeune femme était assise car sinon, la surprise l’aurait probablement obligée à s’asseoir. Il l’invitait…. À aller boire un verre ? À quel moment étaient-ils passés de collègues énervants à potos de boisson ? Olivia, bien qu’impliquée du début à la fin, avait l’impression d’avoir loupé un épisode. « Une bière ? Toi ? Et moi ? » Demanda-t-elle pour être sûre de bien comprendre. Sa garde était terminée ?! Celle qu’il avait abandonnée depuis une heure ?! Ah bah effectivement, elles devaient lui paraitre courtes ces gardes s’il s’échappait en avance à chaque fois… Le clin d’œil empli de sous-entendus acheva de la sidérer. Il venait de faire un combo relativement spectaculaire : l’inviter à boire un verre, admettre ses manquements professionnels, l’insulter un peu au passage et conclure en lui proposant une partie de jambe en l’air. Non parce qu’Olivia n’était pas née de la dernière pluie et n’était pas vraiment une prude. Mais bon une proposition de plan cul par un collègue camé sur un banc défoncé à l’arrière du QG du Blood Circle… Bon bah on n’allait pas se mentir, ce n’était pas ce qui peuplait ses rêves les plus fous… Cela en était presque risible. En fait, toute la situation avait quelque chose de comique. Olivia ne put retenir un ricanement. Elle trouvait cette soirée abracadabrantesque, emplie de rebondissements et d’une rencontre fort étrange. Alexander avait le don de l’agacer autant que de l’amuser. La fatigue ne devait pas aider.

Elle se leva à son tour soudainement, une lueur de défi dans le regard. « T’imagine, j’aurais accepté tes avances Wilson… T’aurais eu l’air d’un con. » Elle fit une pause, pensive. « Quoique t’en auras pas seulement l’air si tu ramasses pas ce mégot que tu viens de jeter. Pense à la planète un peu. » Bah oui fallait bien qu’elle l’emmerde aussi. C’était soit ça, soit un coup de poing dans l’épaule alors… « Ok pour la bière… » Olivia réfléchit quelques secondes. À cette heure-ci, il ne fallait pas tarder s’il voulait trouver un endroit ouvert. «  Je connais un bar pas loin d’ici vers les boutiques de fringues nazes. Le patron est plutôt sympa et… » Avait-elle vraiment envie d’emmener un autre homme, surtout s’il s’agissait d’un Alexander défoncé, dans le bar de Keith ? Surtout que cela n’allait pas arranger la vision qu’il avait d’elle en tant qu’accro…  Mauvaise idée. Hors de question d’aller au Little Hopes Pub. Elle toisa son collègue sans finir sa phrase. « Ah zut il va être fermé aujourd’hui…. Tu connais un endroit ? » Remontant son col de veste elle se dirigea vers le bâtiment. « Laisse-moi attraper mes affaires et allons noyer nos vies merdiques dans l’alcool.  J’espère que tu tiens aussi bien l’alcool que tu tiens ta saloperie de fumette… Car je te ramène pas moi. »
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Jeu 18 Fév - 10:17
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Sans doute que sans qu’il ne réalise, la drogue fait déjà assez d’effet à Alexander pour qu’il envisage de passer encore plus de temps avec sa “collègue”, car il s’explique assez mal pourquoi c’est exactement ce qu’il lui propose. C’est pratiquement la première fois qu’ils s’adressent la parole et, contre toute attente, la conversation se révèle plutôt intéressante. Comme s’ils avaient plus en commun qu’ils ne voudraient bien l’admettre. Qui l’aurait deviné ? Au fond, ça semble plutôt logique. Ils sont là tous les deux, prêts à donner leurs vies pour le Blood Circle. Vaguement alors qu’il ne peut retenir une blague lourde, l’homme se demande si tous les petits soldats improvisés de cette organisation sont des gens brisés qui ne trouvent plus leur place ailleurs. Peut-être le découvrira-t-il un de ces jours, s’il se décide à s’intéresser à ses comparses autrement que quand il n’a pas d’autre choix… Pour l’heure, il se contente de lâcher un rire alors qu’Olivia répond à sa provocation. “Heureusement que ça ne t'intéresse pas alors !” rétorque-t-il, joyeusement. Il plonge les mains dans ses poches, prêt à partir loin du QG pour une nouvelle nuit d’ivresse, mais il n’a pas fait un pas que de nouveau, l’adorable Olga lui prend la tête. Incrédule, Alexander se tourne vers elle et lève les yeux au ciel de la façon la plus exagérée possible pour la bonne mesure. Soldat et écolo, c’est bien sa vaine. “T’es vraiment pas croyable.” grogne-t-il en se penchant pour ramasser son mégot. Ce n’est que quand il est redressé, avec les restes de son crime dans la paume de la main, qu’il réalise pleinement qu’il vient d’obéir sans réfléchir. Probablement un autre signe des effets de la drogue sur son cerveau, il ne voit que ça tandis qu’il peste à voix basse et jette le mégot dans une poubelle un peu plus loin. Quand son crime est réparé, il fait de nouveau face à Olivia et lui offre un genre de petite révérence comme un elfe de maison fier d’avoir obéi à sa maîtresse.

Au fond, il s’amuse bien avec elle, même si elle est très agaçante et complètement imperméable à son charme, aussi se surprend-t-il à sourire encore quand elle accepte enfin son invitation. Ce même sourire se fige assez brusquement, cela dit, aussitôt qu’elle fait mention d’un bar près d’ici…. Mais c’est complètement idiot. Ridicule. Il doit y avoir un bar tous les cent mètres dans cette foutue ville. Alors c’est vrai, il en connaît un tout près d’ici, lui aussi, mais… “Vraiment ?” Sa voix sonne lointaine à ses propres oreilles et malgré la brume de l’herbe qui enveloppe son cerveau, il sent poindre une légère panique qui s’apaise difficilement à l’instant où Olivia admet que le bar en question doit être fermé ce soir. Doucement, Alexander ferme les yeux et prend une grande inspiration, chassant au loin toutes les craintes qui sont - à ses yeux du moins - autant de preuves de sa paranoïa de plus en plus prenante. Car honnêtement, quelles sont les chances qu’ils aient pensé au même endroit ? Il est obsédé par ce morceau de sa vie, dont Keith l’a chassé sauvagement, mais c’est tout ce qu’il y a ici. “Je connais un endroit qui ne ferme jamais.” assure-t-il dès qu’il a retrouvé son calme. “Je t’attends.”

Il s’allume un autre joint le temps que la jeune femme retourne chercher Dieu sait quoi dans le bâtiment du Blood Circle, et se sent définitivement mieux quand elle revient enfin, son joint au coin des lèvres et la brume de plus en plus épaisse dans son crâne. Il prétend qu’il n’y a rien de mal ou d’étrange à ce qu’il soit déjà en train de s’en fumer un deuxième et sans un mot, lui désigne la direction à prendre d’un geste du menton. Il marche en silence, une main dans la poche de sa veste, la fumée s’échappant régulièrement d’entre ses lèvres et prend même soin de jeter le nouveau mégot dans une poubelle sans attendre d’y être invité. Le London Bar est déjà fermé quand ils arrivent, mais sans se laisser démonter, Alexander sort la clé de sa poche et ouvre la porte, qu’il tient bien en place pour Olivia qu’il invite à entrer dans un excès de galanterie parfaitement ridicule. “Bienvenue dans mon propre petit QG personnel.” souffle-t-il, vaguement hilare comme s’il venait de raconter la blague la plus drôle de sa vie. “Installe-toi !” Il referme la porte dans leurs dos et se glisse derrière le bar pour servir deux pintes dont une qui attérit devant Olivia tandis qu’il avale une longue gorgée de l’autre. “J’ai eu un frère, moi aussi.” lâche-t-il quand il repose sa pinte sur le comptoir en bois. “Il est toujours vivant, c’est juste qu’il a décidé que moi, je suis mort. À ses yeux, en tout cas.” Il n’a pas envie de parler de ça. Ou peut-être que si, franchement il n’est plus très sûr de ce qui se passe dans sa tête, juste que de penser à Keith a réveillé la douleur cuisante dans sa poitrine, installée là depuis leur dispute et qu’il n’arrive plus à penser à autre chose. “Bref, ce que je voulais dire c’est que… Je sais plus. Comment tu fais pour pas être alcoolique ou droguée dans un monde aussi merdique, sérieusement ?”


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Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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Effectivement, heureusement que ça ne l’intéressait pas de coucher avec lui. Olivia le détailla un instant en se disant que peut-être s’envoyer en l’air pourrait lui faire du bien après cette journée insupportable puis elle se ravisa. Elle ne couchait pas avec ses collègues, après ça faisait tâche et les gens se comportaient bizarrement. Bon sauf avec Robin mais ce n’avait été qu’une fois. Et ce gars dans l’entité détachée à l’ouest de Londres, et puis… Oui bon elle avait compris l’idée, sa règle, elle la transgressait régulièrement. Mais bon, ce n’était pas le sujet et surement pas avec Alexander. Pour le moment son ego surdimensionné, sa propension aux drogues et son je-m’en-foutisme assumé pesait trop lourd sur la balance de ses défauts pour permettre à Olivia d‘être transcendée par son physique. En même temps, c’était Keith qui ne la rappelait pas aussi ! Aucune nouvelle depuis une seule semaine, certes il devait être occupé ailleurs mais tout de même… Lui pour le coup elle avait très très envie de s’envoyer en l’air avec…

“T’es vraiment pas croyable.”   Un petit air satisfait vint orner le visage d’Olivia alors qu’elle regardait Alexander se baisser. Une petite vengeance pour ce foutu dossier. Un jour ils arriveraient à égalité… En attendant, elle se ferait une joie de le rappeler à l’ordre. Elle ne peut retenir un sourire moqueur devant la révérence à peine exagérée de son camarade auquel elle répondit d’un geste royal de la main. Alors que la jeune femme allait proposer le Little Hopes Pub, elle se retint au dernier moment et réussit par une pirouette plus ou moins réussie à éviter le désastre. Alexander sembla vaguement intéressé mais il eut la bonne idée de proposer à son tour un lieu. Olivia arqua un sourcil alors qu’il parlait de cet endroit « qui ne fermait jamais ». De ce qu’elle avait vu d’Alexander, elle n’était pas très rassurée. Un repère de camés ? Une rave party ? Il serait capable de l’y emmener rien que pour l’emmerder, elle en était persuadée. « Si c’est trop glauque, je m’barre. »   Répondit-elle la bouche pincée.

Olivia quitta Wilson pour retourner à son casier, celui-là même qu’elle visait avant de se faire avoir par cette reloue de Jeanine. Ouvrant à la volée la porte métallique, elle attrapa un pull, sa veste, foulard et son sac avec clés, mouchoirs, chewing-gum et arme de poing. En passant devant le miroir du vestiaire, elle ne put s’empêcher d’y jeter un coup d’œil. En découvrant son visage lessivé, avec de beaux cernes sous les yeux, elle tenta tant bien que mal de se passer un coup de peigne dans les cheveux pour les rendre un peu moins ébouriffée. Une vaine tentative d’atténuer la tête de sortie d’asile qu’elle se trimbalait. Soupirant, elle abandonna cet objectif inatteignable, se disant que de toute façon, la soirée s’annonçait alcoolisée et que tous les gens qu’elle rencontrait seraient très probablement bien trop saouls pour faire une remarque sur sa tête…

À son retour, Wilson était avec un nouveau joint et semblait encore plus défoncé qu’avant. Elle lui lança un regard désapprobateur mais ne dit rien. Elle avait été suffisamment claire sur ce qu’elle pensait de ce comportement. S’il ne voulait pas l’écouter, libre à lui, elle n’allait plus gaspiller sa salive. Vivement qu’elle boive pour s’endormir autant les neurones que lui… Ils marchèrent un moment en silence. La jeune femme releva la fermeture éclair de sa veste. L’air était frais malgré le printemps bien avancé. Elle jetait régulièrement des regards en coin à Alexander sans vraiment savoir quoi lui dire. Les banalités n’étaient vraiment pas son fort. Elle détestait ça. Si elle voulait des infos, elle les donnait ou les demandait, point. Qu’est-ce que cela pouvait bien lui faire que « l’air est frais en ce moment pas vrai ? » ou « oh tu as vu ce nouveau film qui vient de sortir » ! Rien. Alors elle s’en abstenait par égard pour les autres, Alexander y compris. Un petit sourire fit une fugace apparition lorsqu’elle aperçut son camarade de soirée jeter son mégot dans une poubelle. Comme quoi il écoutait parfois ce qu’elle disait, son cas n’était pas totalement perdu… Ils s’arrêtèrent finalement devant une enseigne éteinte. Olivia lança un regard interrogateur. Ça semblait aussi fermé que les autres bars aux alentours. Un tour de clé et une courbette ridicule plus tard, Alexander l’invitait à entrer. Elle le regarda avec suspicion mais se décida franchir la porte.  « Je te jure, si tu me fais rentrer par effraction quelque part, je te ferai bouffer les barreaux de notre cellule… »  Elle ne voulait pas le reconnaître mais elle était franchement impressionnée. “Installe-toi !”  Olivia s’exécuta en posant sa veste sur un bout du bar et ses fesses sur un tabouret. « Pas mal le coin… »  Remarqua-t-elle particulièrement intéressée.

Une bière dans les mains plus tard, Alexander n’eut même pas la décence de trinquer avec elle et il s’enfila une gorgée conséquente sans plus de cérémonie. Elle se retint d’une nouvelle remarque. Elle n’était pas la seule à avoir des soucis à combler…. Non pas que cela soit une nouveauté. “J’ai eu un frère, moi aussi.”  Olivia but sa bière, dardant son regard vert sur Alexander, l’invitant à continuer silencieusement. La jeune femme avait eu la chance d’être toujours aimée par sa famille. Les distances, c’était elle qui les avait imposées après la mort de Timothy. Ses parents s’étaient plongés dans le travail encore plus qu’avant, ils n’avaient jamais été très présents de toute façon. Elle ne leur en voulait pas pour cela mais c’était un fait. Quand à Emily… Un autre sujet bien vaste. Pour résumer, Timothy était le ciment entre les deux sœurs et sa mort n’avait fait que dévoiler le fossé qui les séparait. Regardant Alexander, Olivia ne fut pas sûre qu’il cherchait véritablement à avoir une réponse de sa part. « La famille est parfois plus celle qu’on se trouve en chemin que celle dans laquelle on est né. »  Une banalité. C’était pour ça qu’il ne fallait pas venir la voir pour s’épancher sur son sort. Elle ne savait pas réconforter les gens. Elle savait juste se taire et écouter, ce qui pouvait parfois laisser croire qu’elle n’en avait rien à faire.

Continuant de prendre régulièrement des gorgées, elle s’arrêta alors qu’Alexander lui demanda ses secrets pour rester hors du chemin des addictions. C’était simple, elle n’y arrivait pas. Elle avait ces foutus antidouleurs et l’alcool. Elle était juste douée pour ne pas trop en montrer et ne jamais boire en mission si ce n’était pour faire bonne figure devant les cibles. Un soupir et un haussement d’épaule furent un début de réponse. « Je bois dès que je ne suis pas en service ça aide pour décompresser et laisser les merdes au QG. Sinon je suis sous antidouleurs régulièrement vu les missions que je me tape. Alors ça aide à endormir les pensées avant de se coucher. »  Cela serait la seule allusion qu’elle ferait à ses médicaments. Certains auraient pu interjeter que les raisons avancées par la jeune femme étaient factices mais elle n’en démordait pas : elle avait besoin de ces pilules sans quoi elle aurait trop mal. Simple, basique. « Et puis on fait tout pour le rendre moins merdique ce monde… Ça doit entrer en ligne de compte quelque part non ? »  Elle examina le bar. « D’ailleurs c’est quoi cet endroit ? Me dit pas que t’es proprio, j’te croirais pas… »  Un petit sourire orna son visage alors qu’elle essuya la mousse de bières sur ses lèvres d’un revers de la main.
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Ce qu’il y a de bien avec la drogue - qu’importe ce qu’en pense Olivia - c’est qu’elle aide beaucoup Alexander à relativiser. Tellement qu’il ne lâche guère plus qu’un rire lorsque la jeune femme y va de son petit commentaire sur la famille qu’on se crée plutôt que celle dans laquelle on nait. Il croyait à ça, lui aussi. Les choses changent malheureusement. Il ne la détrompe pas pour autant, parce qu’après tout, ça n’a aucune importance. Ce qui compte vraiment, c’est ce que cette vie craint complètement, que rien ne va jamais comme il le voudrait et il se demande bien comment font les autres pour survivre. Ceux qui souffrent comme lui. Ceux qu’on trouve forts, courageux, parce qu’ils n’ont pas besoin de se mettre la tête à l’envers pour supporter une nouvelle journée. Les gens comme Olivia, si l’on en croit la façon dont elle le juge si sévèrement. Alors, il lui demande tout simplement et la réponse lui semble assez ironique. Peut-être qu’elle n’est pas comme lui, mais elle n’est pas si parfaite non plus. Il se demande bien si elle pourrait se passer de son alcool et de ses médicaments, mais garde cette question-là pour lui. “Ah, c’est donc ça alors…” lâche-t-il plutôt, le sarcasme déjà bien audible dans sa voix alors qu’il n’a encore rien dit. “Peut-être que je devrais tenter les antidouleurs. L’herbe, c’est bien, mais ça n’empêche pas de se poser des questions. C’est même tout le contraire des fois.” En fin de compte, ça l’amuse presque de se dire qu’il n’a jamais essayé ce poison. Il porte toujours son choix sur une drogue qui le fait se sentir faussement euphorique, c’est ce qui lui fait souvent défaut. Quelques antidépresseurs, une bonne thérapie, voilà de quoi il aurait vraiment besoin, mais ça reviendrait à demander de l’aide et ça… Sa petite thérapie personnelle fonctionne aussi bien. La plupart du temps.

Quant à savoir si ce qu’ils font participe à rendre le monde moins merdique… Là encore, il a envie de rire, plutôt jaune cela dit. “T’as l’impression que ça marche, ce qu’on fait ?” Il a vraiment envie d’y croire, mais depuis qu’il est au Blood Circle, il ne se sent pas plus utile qu’avant et tout ce qu’il a gagné, c’est de se faire quelques nouveaux ennemis. Enfin, qu’importe. Olivia ne cache pas son envie de changer de sujet et, bien trop ailleurs pour s’en offusquer, Alexander se contente de suivre le mouvement. “Non, j’suis pas le proprio.” admet-il, non sans lever les yeux au ciel. “Même si je pourrais très bien, si je m’occupais pas de vider moi-même les réserves d’alcool. Je bosse là, comme barman slash client zélé. Cette petite bière que tu te tapes à l'œil, elle sera retenue sur mon salaire alors savoure-la bien.”  Quoi qu’il n’ait pas tellement l’intention de noter ça sur son ardoise, mais elle peut bien se sentir un peu coupable de profiter de lui après l’avoir traité avec tant de mépris. D’autant qu’elle a une bonne descente, quand lui a à peine touché à son verre pour le moment.

Il en avale une longue gorgée maintenant, comme s’il essayait de rattraper son retard et quand il repose sa pinte sur le comptoir, prend quelques longues secondes pour observer Olivia avec attention. “Je peux te poser une question personnelle, ou bien tu préfères continuer de parler de la pluie et du beau temps comme si on était en train de devenir les meilleurs amis du monde ?” demande-t-il, toujours plein de sarcasmes dans la voix. Pourquoi lui parle-t-il comme ça, c’est un mystère. Il l’aime vraiment bien, en plus, mais il faut croire qu’il s’est tellement habitué à jouer au con avec tout le monde qu’il ne peut tout simplement plus s’en empêcher. Il n’attend même pas son accord pour poser sa fameuse question personnelle. “Pourquoi t’es au Blood Circle ?” De toute façon, si elle n’a pas envie de lui répondre, aucun doute qu’elle ne le fera pas. “Je parle de ce que t’as déjà dit sur l’armée et ton frère, je veux dire pourquoi eux en particulier. T’aurais pu faire autre chose. Une milice privée qui va se mêler des combats au Moyen-Orient ou je ne sais quelle connerie. Devenir fleuriste ! Mais tu les as choisis, eux."


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Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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La bière laissa une moustache de mousse à Olivia alors que cette dernière levait les yeux au ciel. Ses médicaments, prescrits par un médecin, n’avait rien à voir avec l’herbe de drogué d’Alexander. Elle s’essuya les lèvres d’un revers de la main. « Alors comme ça l’herbe te fait te poser des questions ? Des vraies ou juste des trucs métaphysiques à cause de ton cerveau qui se détruit à petit feux ? » Dit-elle sur un ton ironique. Chez les cadets, ils avaient eu de nombreux jours de prévention contre les drogues. Elle avait vu ce que cela pouvait faire à un cerveau d’adolescent ou d’adulte et elle tenait beaucoup trop à ses capacités cognitives pour s’essayer à ce genre de choses. L’alcool ? Elle gérait sa consommation : seulement le soir, hors mission, et jamais seule. Quant à ses pilules… N’avait-elle pas déjà mentionné qu’elles étaient prescrites plus depuis un moment mais passons et qu’il n’y avait donc pas à en discuter ?

Ce qu’elle ne voulait pas s’avouer à elle-même, au-delà de cette histoire de médocs, c’était les doutes qu’elle commençait à ressentir dans ses actions. Surtout après l’Institut et ces gens, sorciers, emprisonnés. Il y avait des enfants, bon dieu ! Elle regrettait ses premiers temps dans le Blood Circle. Là où tout était tout blanc et tout noir, où la rage lui mettait des œillères bien pratiques et où les remords étaient inexistants. Elle releva son regard vers Alexander alors qu’il lui posa la question fatidique. “T’as l’impression que ça marche, ce qu’on fait ?” C’était quoi cette question de merde ? C’était elle qui avait posé une question la première ! Il n’avait pas le droit de lui renvoyer la balle comme ça sans se mouiller un minimum. Olivia haussa les épaules, ce qu’elle faisait souvent lorsqu’elle était face à une question trop profonde pour elle. Elle préféra être honnête…. Sur ce sujet, c’était relativement rare pour être souligné. « J’sais pas. J’en ai sauvé quelques-uns des gens maintenant. Alors je me dis qu’au moins pour eux, ça valait le coup. »

Olivia accueillit le changement de conversation avec soulagement. Elle ne put réprimer un sourire ironique devant les explications d’Alexander. Elle prit ostensiblement une nouvelle et longue gorgée de bière puis laissa échapper un petit rire satisfait. « Ton salaire à un petit goût de satisfaction. Ça t’en fera moins pour t’acheter ta merde… »  Fit-elle, mordante. Bon, au moins, il n’était pas proprio. Dans tous les cas, elle commençait à en connaître plusieurs dans l’industrie de la boisson dis donc, entre Keith et Alexander…. Mais n’était-ce pas les meilleures connaissances pour ses penchants alcoolisés ? Très certainement. Elle était particulièrement fière d’elle et recommença à boire, ravie de pouvoir emmerder un peu plus encore Alexander.

La jeune femme arrêta son geste alors qu’Alexander lui demandait la permission de lui poser une question personnelle. Oh merde. C’était jamais bon signe ce genre de demande. Et c’était quoi ce ton qu’il employait ? Non mais il avait cru qu’ils étaient potes justement ?! Il allait devoir se calmer le petit monsieur. Olivia était prête à renvoyer Wilson à son bar mais il ne lui en laissa pas le temps. “Pourquoi t’es au Blood Circle ?”  La jeune femme reposa lentement sa bière alors qu’Alexander ajoutait des précisions à cette question qui la mettait quelque peu mal à l’aise. Elle retint un sourire sur la remarque du fleuriste. Appuyant son coude sur le bar, elle laissa quelques secondes s’écouler, autant pour emmerder un peu Wilson que pour se laisser le temps de réfléchir. Jusqu’où voulait-elle être honnête avec lui ? Elle n’aurait su le dire. Mais sa cervelle lui disait de faire confiance à ce gars-là, né chez les sorciers, qui semblaient en avoir vu des vertes et des pas mûres… Elle accrocha son regard au sien, tentant de lire les émotions qui pouvaient le traverser. « J’ai pensé à fleuriste mais je suis allergique aux graminées… »  Répondit-elle sur un ton moqueur. Elle se remit droite, tentant de faire le tri dans ses pensées. « Je sais pas pourquoi. J’ai pas d’histoires sombres de sorciers. C’est juste que… Ma mère est Mackenson alors la magie j’en connais l’existence depuis un moment. Le Blood Circle était là au moment où j’allais le plus mal et m’a aidé à continuer de sauver des gens qui ne pouvaient pas se sauver eux-mêmes. Faire quelque chose de grand à mon échelle. »  Elle écarta les bras, comme pour excuser l’absence de drames dans son histoire. « Je pouvais plus voler. Fallait bien que je fasse autre chose. »  Olivia se passa une main dans les cheveux. Elle faisiat tout pour paraître détachée de ces histoires, ce qu’elle n’était au fond, pas du tout. « Pas grand chose avec to  histoire dramatique. On a pas la même rage. »  Fit-elle sans moquerie dans ces quelques mots. Juste une remarque.

Olivia pencha légèrement la tête en réfléchissant à ses propres paroles. « D’ailleurs t’as fait quoi entre… Le départ de chez tes sorciers et maintenant ? T’as pas bossé dans un bar toute ta vie, si ? »  Non parce qu’elle s’était épanchée sur l’armée mais lui, il venait d’où exactement ?
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Pour la première fois depuis bien longtemps - sans doute depuis son dernier trip, qui ne remonte pas à si loin que ça - Alexander s’autorise à contempler la réalité en face et comprend lentement pourquoi il se sent si malheureux. Les réponses d’Olivia l’aident plus qu’il ne l’aurait cru, au point qu’il regrette déjà d’être tellement à l’ouest qu’il y a de grandes chances qu’il ne se souvienne pas de tout demain. Surtout que c’est tellement simple. Comme ce qu’elle dit sur le fait qu’ils participent à rendre le monde moins merdique. Il n’a jamais eu l’impression d’aider quelqu’un avec le Blood Circle. Sans doute parce qu’il ne s’implique pas tant que ça dans l’organisation. Ses tours de garde, ses quelques missions, elles ne sauvent personne, ne débarrassent même pas vraiment le monde de la vermine sorcière. S’il voulait vraiment faire la différence, il faudrait qu’il s’implique plus. Voilà la leçon qu’il retire de tout ce qu’elle lui dit. Il est là pour se venger, mais même ça il le fait mal en se contentant du strict minimum. Son histoire dramatique est un bon début, mais ça n’est que ça : un début. Et un mauvais, avec ça. Au final, c’est peut-être même mieux de ne pas avoir d’histoire dramatique du tout, vu comme ça lui met des œillères de ne penser qu’à la vengeance. Penser à tout ça l’exaspère plus que de raison, et alors que la jeune femme vient à bout de ses explications, Alexander ne dit rien et se contente d’avaler une autre longue gorgée d’alcool. “J’commence à croire que la rage, c’est pas une très bonne motivation en fait.” souffle-t-il quand il repose son verre. Elle lui a dit ce qu’il voulait savoir et il ne faut pas être un génie pour voir qu’elle n’a pas du tout envie d’en parler. Il lui doit au moins quelques mots en retour, histoire qu’elle ne croit pas avoir dit tout ça pour rien. Mais tout à coup, il n’a plus trop envie d’en parler, lui non plus, au point qu’il n’hésite pas un instant quand elle change de nouveau de sujet.

C’est fou ce qu’elle s’intéresse à sa carrière. Non pas qu’il la juge, persuadé que lui aussi serait passionné s’il devenait ami avec un dealer. Chacun son poison, pas vrai ? Il lâche un semblant de rire, à la façon dont elle parle de ses parents. Ses sorciers. C’est presque mignon, dit comme ça. “En fait… Si, j’ai plus ou moins bossé dans un bar toute ma vie.” admet-il en haussant les épaules. “Après que mes sorciers m’aient jeté à la rue, on m’a envoyé vivre dans un foyer d’accueil pour mineurs. C’est là que j’ai rencontré mon frère. Et quand on est sortis, on a acheté un bar avec de l’argent dont il a hérité. Il m’a viré y a quelques mois, quand il s’est enfin rendu compte que j’étais qu’un putain de junkie sans intérêt et… Comme je n'ai jamais rien fait d’autre de ma vie, j’ai juste trouvé un nouveau bar à sécher tranquillement.” Il écarte les bras pour désigner la pièce autour d’eux, comme s’il lui présentait une œuvre d’art. Son nouveau royaume, jusqu’à ce que le patron réalise à son tour qu’il a eu tort de lui donner une chance, en tout cas. “Dix longues années d’expérience ! J’ai pratiquement élevé le service de la bière au rang d’art !” Il sourit comme un idiot pour conférer à cette plaisanterie plus d’importance qu’elle n’en a, la forcer à détendre l’atmosphère qu’il sent se charger autour de lui. Comme chaque fois qu’il pense à Keith, à leur vie ensemble, cruellement arrachée à leurs mains par des monstres. “J’me souviens même plus de ce que je voulais faire de ma vie avant ça. On avait pas prévu d’ouvrir un bar, c’est juste arrivé comme ça et c’est devenu une partie intégrante de nos projets.” Il n’a jamais rêvé de devenir pompier ou médecin, ou archéologue, comme tous les gosses le font au moins une fois. Le seul projet d’avenir qu’il ait jamais eu, c’était Keith. Et maintenant qu’on lui a enlevé ça aussi, il se rend à compte à quel point c’était stupide et naïf et peut-être même un peu malsain aussi, parce que sans son meilleur ami à ses côtés, il ne sait plus où aller.

Une affreuse douleur se réveille dans sa poitrine. Il a appris à la reconnaître avec le temps, c’est ce qu’on ressent quand on a le cœur brisé. Tellement brisé que ça n’est plus une simple image, mais qu’on ressent réellement la fissure dans sa poitrine. Il pose une main inutile sur son torse, pour l’éloigner aussitôt qu’il remarque son propre geste inconscient. À la place, ses doigts se referment sur sa pinte qu’il porte à ses lèvres, qu’il vide d’une seule traite. Au lieu de la reposer quand elle est vide, il la remplit de nouveau et fait subir le même traitement à celle d’Olivia, sans lui demander son avis à ce sujet. “Je crois qu’en rapportant cette connerie de dossier à Jeannine demain, j’vais lui sortir le grand jeu, la séduire pour qu’elle me mette sur ta prochaine mission.” lance-t-il dans un clin d'œil, quand il repousse sa pinte devant elle. Il sent les larmes qui menaçent de s’échapper quand il fait ça, mais avec un peu de chance elle croira que c’est à cause de la drogue. Dans le doute, il se penche derrière le bar quelques secondes et quand il se redresse, les notes de musique explosent (), juste assez fort pour couvrir ses pensées. Il sort de sa cachette derrière le comptoir, se plante à quelques pas d’Olivia à qui il tend la main alors qu’il se met à danser. Une petite pilule lui ferait le plus grand bien, mais bizarrement, le fait que sa collègue soit là pour le juger le retient d’en chercher une dans sa poche. Il n’a pas envie de la jeter dehors non plus, pas envie de parler ou de penser une seconde de plus à Keith. Alors il ne reste que ça, danser comme si ça n’avait rien d’étrange. Comme s’il s’amusait, quand il a juste envie de hurler jusqu’à ce que la douleur disparaisse. De toute façon, elle le trouve déjà bizarre, le prend pour un drogué, alors un peu plus ou un peu moins ?


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“J’commence à croire que la rage, c’est pas une très bonne motivation en fait.” Olivia releva un instant son regard vert vers Alexander, surprise. Des gars énervés elle en connaissait des centaines. Il n’y avait qu’à entrer au Blood Circle. Mais des qui se posaient ne serait-ce qu’une question sur leurs motivations ? Le nombre descendait sous la barre des dix. Et en étant honnête, jamais elle n’aurait pensé qu’Alexander soit dans ce groupe-ci. Elle ne cessait d’en apprendre davantage sur lui et elle n’aimait pas là où cette soirée la menait. C’était toujours plus simple de voir les gars brisés comme des déchets, inutiles et sans espoir. Cela faisait se sentir un peu moins mal soi-même lorsqu’on ne les aidait pas à remonter la pente. Elle secoua la tête et préféra retourner à sa bière en changeant de sujet de conversation. Ça allait bien de parler d’elle mais il pouvait bien avoir des choses à raconter lui aussi non ? Mais n’était-ce justement pas exactement ce qu’elle devait éviter : de trop le connaître ? Elle reprit une gorgée de bière. Sa curiosité était maintenant piquée au vif, n’ayant jamais vraiment eu l’occasion de causer avec des gens nés « dans la magie ». Alors autant en profiter. Pour la science évidemment.

Olivia l’écouta en silence alors qu’il lui exposait sa situation. Son boulot dans un bar la majeure partie de son existence, ses sorciers l’ayant jeté à la rue, un mystérieux frère de rue et le junkie qu’il restait. La jeune femme se mordit la lèvre, se sentant quelque peu responsable d’avoir répété à quel point Alexander était un junkie. Elle secoua la tête lentement. « Tu n’es pas un putain de… » Mais voilà qu’il enchainait déjà. Soupirant, elle ne put finalement s’empêcher de sourire en miroir de Wilson, levant sa bière pour saluer la « réussite professionnelle » du jeune homme.

La demoiselle haussa les épaules. Tout le monde avait ses problèmes et elle ne voulut pas se gêner de le lui montrer à nouveau. Ou peut-être était-ce plutôt l’alcool qui commençait doucement à lui délier la langue ? Elle reprit une gorgée pour faire bonne mesure Qu’importe, l’histoire de bar d’Alexander lui faisait très bien penser à sa situation actuelle et elle n’hésita pas à lui en faire part, plus blessée qu’elle ne voulait bien le reconnaître par le sujet. « L’univers des bars c’est la merde. Je me suis fait ghosté par un barman pas plus tard que cette semaine. T’imagine ? Il a abandonné ça ! » Dit-elle en se montrant de haut en bas. Elle leva son verre. « Comme quoi on est tous déçu un jour et on déçoit tous quelqu’un. » Et elle but une longue (et quelque peu douloureuse) gorgée. Keith ne l’avait pas rappelé après leur dernier rendez-vous. Ça ne faisait certes qu’une semaine, il devait être occupé bien sûr mais… Mais il ne veut probablement pas de toi.

La bière toujours en main, la jeune femme détaillait les lieux des yeux. Cosy, sympathique, elle garderait l’adresse en tête. Surtout si elle pouvait faire chier Alexander au bar. Elle sourit à cette pensée alors qu’elle reposait son regard sur le principal intéressé en même temps que son verre quasiment vide. Il eut la décence de le lui reremplir. « Merci, Mais je te rappelle que t’as pas un fond illimité hein… » Elle attrapa le verre. « Tu survivrais pas deux minutes dans mes missions Wilson. Mais si t’arrives à séduire Jeanine… Y a moyen que je t’accueille en héros… » Fit-elle avec un sourire. Mais elle vit bien que les yeux d’Alexander étaient rougis. L’herbe probablement. Elle secoua la tête. En même temps il s‘était fumé combien de pétards avant d’arriver ici ? Il devait probablement planer à dix mille. Olivia attaqua sa nouvelle pinte avec la ferme intention de l’y rejoindre.

D’ailleurs, elle le vit plonger derrière le bar. Il était déjà saoul ? Pas très impressionnant pour un barman… De la musique emplit la pièce. Olivia interrogea du regard Alexander alors qu’il sortait de derrière son bar en commençant à se dandiner. Non mais c’était vraiment n’importe quoi ces substances. La surprise se peigna sur les traits de la jeune femme alors qu’il l’invitait à danser. S’il y avait bien un domaine qu’Olivia ne maîtrisait absolument pas, c’était bien la danse. « Je danse pas moi, c’est… » Dit-elle ne pouvant s’empêcher de sourire bêtement devant les pas d’Alexander. Et puis, traître, l’alcool lui souffla qu’il n’y avait aucun témoin, que Wilson ne se souviendrait de rien et qu’en buvant encore, elle non plus. Olivia fit signe d’attendre à Alexander alors qu’elle s’enfilait sa pinte pratiquement en cul sec, laissant s’écouler un fin filet de liquide ambré au coin des lèvres. S’essuyant la bouche d’un revers de la manche, elle attrapa finalement la main tendue et explosa de rire alors qu’ils dansaient tous les deux au milieu du bar. Elle chantait le refrain, sautant, tournant et virevoltant avec Alexander, un sourire aux lèvres. Elle n’était pas en rythme mais s’en fichait. Pour un instant, ils n’étaient que deux drogués sur une piste de danse vide.

Mais comme toute bonne chose à une fin, la musique se termina. La suivante commença plus doucement. Un coup de batteries et des guitares s’en mêlèrent. Les Pixies. Un classique. Olivia, le souffle court d’avoir tant dansé se recula légèrement. Moqueuse elle pointa un doigt accusateur vers Wilson. « Si tu me demandes de danser un slow, je te jure que je te fais manger le bar ! » Peut-être que je m’avance un peu mais je connais pas la force d’Alexander vu qu’il a pas de points de combat… Olivia se passa un main dans les cheveux. « Faut que tu te trouves un autre truc que la drogue. Le sport, la bouffe, le sexe…. Moi c’est le tricot. Trouve-toi ce truc là et dès que t’es en manques, tu le fais. Ça marche à moitié mais ça prouve aux autres que tu fais des efforts. Peut-être que ça t’aidera pour ton frère. » Elle secoua la tête. « Enfin qu’est-ce que j’en sais, je suis pas médecin moi. » Fit-elle avec un sourire triste. « Bon tu m’avais pas promis de me bourrer la gueule ? Parce que là je suis encore aussi pimpante que Jeanine ! » Les sujets sérieux, elle n’aimait pas s’y attarder. Tout était plus facile avec une petite boutade pour les éviter.
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Sam 27 Mar - 18:02
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Et voilà que maintenant, il lui parle de ses rêves d’enfant. À croire qu’ils sont vraiment en train de devenir amis. Non pas qu’Alexander pourrait s’en rendre compte. Il n’est pas tout à fait doué pour ça et les rares amis qu’il avait autrefois, il les a largués depuis tellement longtemps maintenant qu’il a complètement oublié à quoi ça ressemblait. Bizarrement, il trouve ça agréable. Pas au point d’aller leur tisser des bracelets assortis, mais… ça faisait tellement longtemps qu’il n’avait pas pris le temps de penser à Keith d’une manière un peu plus positive. Avec Olivia, il a l’impression de pouvoir raconter tous les bons souvenirs qu’il veut, sans que ça ne ressemble à une vaste blague. Elle pense déjà qu’il craint, de toute façon, alors elle ne peut pas le juger pour être un tel déchet que son propre frère l’a envoyé valser. D’autant qu’elle n’a plus l’air de vouloir le juger du tout. En tout cas, il n’a clairement pas vu venir la petite confidence qu’elle lui offre en retour, son ton légèrement teinté d’amertume, mais l’intention derrière claire malgré tout. Un peu plus et il croirait qu’elle essaye de lui remonter le moral… Ce qui est d’autant plus apprécié que, malgré ses efforts, même les bons souvenirs n’arrivent pas à effacer la peine qui persiste depuis des mois. Avec son histoire de barman idiot, Olivia arrive au moins à chasser la déprime encore une minute. “Un vrai con.” commente le Cracmol, essayant d’insuffler un peu de sérieux à sa voix malgré le sourire sur ses lèvres. “Malheureusement, on l’est tous. C’est dans le descriptif du poste. Tu peux en croire ma grande expérience, il perd sûrement plus que toi dans l’histoire.” Malheureusement pour leur belle histoire d’amitié naissante, c’est le maximum de compassion dont Alexander est capable de faire preuve, même avec une pinte de bière et deux joints dans le sang. Il n’est vraiment pas doué pour ça. Et probablement un peu trop défoncé pour se soucier de quelqu’un d’autre plus d’une ou deux minutes d'affilée. Il essaye vraiment d’ignorer la douleur dans sa poitrine, mais c’est impossible, il lui faut beaucoup d’alcool pour ça. Beaucoup plus que quelques confidences autour d’une bière. Il a besoin d’un truc plus fort. Beaucoup de bruit, par exemple.

Il tente d’abord une deuxième tournée, suivie d’une mauvaise blague, sans grand succès. Pourtant, il joue bien le jeu, c’est inspirant, vraiment. “Me sous-estime pas, je suis totalement capable de me faire Jeannine juste pour t’entendre m’applaudir une seconde.” rétorque-t-il, quoique sans grande conviction, avant de disparaître derrière le bar. Plan B. La musique. Ça ressemble à la solution idéale. Les notes couvrent vite le flot de ses pensées. Ses grands talents d’acteur font le reste : sourire faussement décontracté, déhanché parfaitement ridicule, main tendue. Il s’attend à ce qu’elle refuse l’invitation, voire même qu’elle saute sur l’occasion pour partir en courant et ça ne l’attriste pas tellement. Il peut danser sans elle et puis, si elle part, il pourra vraiment hurler sans passer pour un dingue. Prendre une petite dose d'ecsta aussi et se convaincre par la même occasion de son bonheur sans faille. Ce à quoi il ne s’attend pas du tout : qu’après un semblant de refus, Olivia vide sa pinte d’une seule traite et prenne sa main. Sa descente l’impressionne, le fait qu’elle vienne danser avec lui encore plus. Et malgré ses talents d’acteur, impossible de cacher ses yeux ronds baignés d’admiration. Une fois le choc passé, il rit avec elle et la fait tourner sur elle-même. Les trois minutes suivantes sont un enchaînement de gros n’importe quoi, de pas de danse aléatoires et mal rythmés, de fausses notes et de rires. Ils doivent bien se marcher sur les pieds une fois ou deux, faire la connaissance d’une chaise mal placée, mais ça n’a aucune espèce d’importance. Trois minutes, quarante deux secondes. Apparemment, il n’en faut pas plus à Alexander pour se sentir mieux.

La piste suivante ne fera clairement pas l’affaire pour lui changer les idées, mais Olivia est la première à s’éloigner. À le menacer. Il lève les yeux au ciel, retourne près du comptoir et de sa pinte. “Aucune chance.” lance-t-il à son adresse. “On est déjà beaucoup trop intimes à mon goût.” Il avale une longue gorgée de bière, persuadé qu’ils vont juste continuer de s’envoyer des conneries comme on se passerait une balle jusqu’à ce qu’elle décide que la soirée est finie, mais une fois de plus Olivia arrive à le surprendre. Il l’observe, perplexe, sans savoir ce qui l’étonne le plus : qu’une fois encore, elle essaye de l’aider ou qu’elle admette enfin, même si ce n’est qu’à demi-mots, qu’elle aussi est accro. Ils doivent vraiment être devenus trop intimes, parce que cette fois, Alexander décide de ne pas l’emmerder en pointant ce petit détail du doigt. “Le tricot ? Le sexe, c’est mort.” Il n’a pas eu une seule relation sexuelle sans être complètement défoncé depuis qu’il a réussi à échapper aux Mangemorts et il doute en être de nouveau capable un jour. Sauf qu’il ne lui dit pas ça, bien sûr. “J’vais finir accro au sexe si je fais ça. Ou obèse, pour la bouffe. Le tricot…” répète-t-il, pensif, avant de se marrer. “Si tu reçois une écharpe dégueulasse à Noël, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même.” Il ne va probablement pas se mettre à tricoter, mais il réfléchit quand même à son idée pendant qu’il s’occupe de leurs servir quelques shots. Trois chacun, pour l’instant. Il en vide un sur le champ. “La musique, ça marche ?” demande-t-il en reposant le petit verre vide. “Je pourrais composer de belles chansons sur le manque et le désespoir. Devenir le nouveau Jim Morrison ! Ou alors… Les mots croisés ? La boxe... ? Putain, je vais me retrouver à tricoter des moufles à toute la ville…” Il passe une main sur son visage et s’envoie un deuxième shot de dépit, il n’y a vraiment pas d’autre façon d’appeler ça. “Ok, sur une note beaucoup plus sérieuse et, s’il te plaît, n’essaye surtout pas d’épargner mon ego… Quelles sont mes chances avec Jeannine, d’après toi ? Si on oublie que je suis presque toujours défoncé, j’suis genre… Au moins un sept, non ? Et elle, allez, un quatre ? Elle ne peut pas refuser.” Non pas qu’il tienne particulièrement à partir en mission avec Olivia. En revanche, ses histoires de tricot lui ont peut-être donné une idée. Il sait très exactement comment prouver à Keith qu’il a changé. En tenant ses promesses, par exemple et en trouvant quelqu’un au Blood Circle qui puisse l’aider à retrouver la trace du type qui les a agressé.


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Olivia V. Baring
Olivia V. Baring
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Alexander Wilson & Olivia V. Baring || QG Blood Circle || 14 Mai 2020 || Nuit
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“Un vrai con.” Il avait le sens de la formule l’Alexander. Olivia haussa les épaules à cette remarque. Non, elle n’aurait pas pu décemment traiter Keith de con. Mais cela faisait du bien à son ego blessé alors elle ne fit pas de commentaires. Cela aurait fait encore plus mal de le ressasser. Et étrangement Wilson ne lui sortit pas de petite pique bien sentie et ne se ficha même pas d’elle. Il eut même l’audace de tenter une remarque de soutien. Mais qu’arrivait-il au drogué du banc aussi défoncé que lui qui la prenait quelques heures plus tôt pour un pigeon voyageur ?! À croire que les joints avaient la capacité de changer véritablement les personnes, et même en un peu mieux…

Olivia lança un regard surpris mais empli de défi alors qu’Alexander assurait pouvoir se faire Jeanine juste pour ses applaudissements. Peut-être était-ce l’alcool qui parlait mais elle avait une folle envie de le voir tenter sa chance, surtout qu’elle était persuadée qui se ferait rembarrer en moins de temps qu’il n’en fallait pour dire « Eurofighter Typhoon »… « Bah écoute j’ai hâte de voir ça alors…. » Laissa-t-elle planer dans l’air, trahissant le fait qu’elle était tout à fait dubitative qu’Alexander aille au bout de sa connerie. Mais avant que la conversation ne s’enlise, le barman lança la musique et Olivia eut un instant de refus devant l’invitation sur la piste de danse. Mais la vie était courte et l’alcool bien présent dans son organisme. Et puis la surprise et la tête de merlan fris d’Alexander alors qu’elle accepta valu bien quelques pas au milieu d’un bar vide.

C’était ça qui lui manquait. Se laisser aller quelques minutes à peine. Laisser tous ses boulets et juste oublier. La guerre, les morts, la tristesse, le deuil, la peur, la colère, tout. Cela aurait pu être n’importe qui mais elle fut reconnaissante à l’univers de lui avoir choisi Alexander : ils ne se connaissent pas plus que ça et il était défoncé. Personne ne jugeait, tout le monde était ailleurs. Mais une musique, ça ne durait pas éternellement et alors que les dernières notes disparaissaient dans l’air du bar, Olivia revint à la réalité. Son souffle était court mais sa moquerie bien présente alors qu’elle mettait en garde Alexander sur un slow. À son plus grand soulagement, il refusa également. Effectivement. Ils étaient déjà trop intimes. Pour deux simples collègues, ils s’étaient déjà balancés de vraies bombes sur leurs vies personnelles et il valait mieux pour tout le monde qu’ils s’arrêtent là. Mais Olivia avait seulement une dernière chose à dire et elle refermerait les portes de ses confessions. Peut-être était-ce le fait de s’être pris un pseudo-râteau récemment ? Elle n’aurait su le dire mais si au moins l’un d’entre eux deux pouvait essayait de se rabibocher avec quelqu’un, c’était mieux que rien non ? « Écoute, le tricot au moins mes aiguilles elles sont toujours dispos et j’ai pas besoin de me bourrer la gueule dans des bars pour tricoter… » Olivia le laissa enchaîner les conneries et instinctivement, elle comprit qu’ils fonctionnaient de la même façon. Le sérieux ça allait mais que pour quelques paroles à peine. Elle haussa un sourcil surprise à la mention d’une écharpe. « Bah je pourrai au moins la brûler en cas de grand froid… C’est pas négligeable. » Répondit-elle moqueuse.

La jeune femme vint se réappuyer sur le bar et elle regarda Alexander leur servir des shots. Au moins, il l’écoutait quand elle parlait. C’était pas mal. Il vida le premier sans l’attendre et elle profita qu’il parle pour rattraper son retard. Olivia eut un petit rire moqueur. « Non mais je propose des trucs hein. J’y peux rien si t’es pas foutu d’avoir une passion. » Dit-elle. Cela se voulait humoristique mais elle trouva cette dernière phrase particulièrement triste. S’il n’avait que la drogue dans la vie, c’était effectivement très triste. Olivia s’enfila le deuxième shot et fronça les sourcils alors qu’il lui demandait d’être sérieuse. Elle failli recracher l’alcool sur Alexander alors qu’elle retint un grand éclat de rire. Se forçant à avaler, elle essuya ses lèvres en secouant la tête. « C’est quoi cette obsession avec Jeanine ! C’est une meuf cinglée et parfaitement insupportable ! Me dit pas que c’est ton type de nana ? Si tu me réponds oui, tu vas encore descendre dans mon estime. Tu t’en sortais pourtant bien jusque-là avec les verres offerts. » Elle en profita pour vider son troisième et dernier shot. Elle prit un air concentré et détailla Alexander. « Vas-y recule toi un peu et tourne sur toi-même que je juge. » Olivia se mordit les joues pour ne pas éclater à nouveau de rire. « C’est quoi l’échelle exactement ? Genre mon barman c’était un bon neuf tu vois…. Toi…. Allez je dirais un six quand t’es pas arraché… Sinon ça tombe à deux direct ! »

Le téléphone d’Olivia tinta. Une petite mélodie basique. Elle étendit le bras et attrapa sa veste pour répondre. Elle jeta un regard sur le numéro et soupira. Elle fit signe à Alexander de rester silencieux. « Ouai Lord Kane ?... Maintenant ? Nope pas possible je suis totalement saoule…. Comment ça demain à sept heure ? Tu fais chier… » Elle acquiesça et l’insulta encore quelques secondes avant de raccrocher. Olivia se leva et commença à se rhabiller. « Le devoir m’appelle. Enfin surtout mon lit pour ne pas être une totale épave demain… » Enfilant sa veste, elle dégagea ses cheveux. « Merci pour la soirée qui était étrangement… Sympathique. » Elle attrapa son sac et commença à reculer. « La prochaine tournée sera pour moi. Bonne soirée Wilson et… » Le monde commençait à être un peu flou. Il valait mieux se dépêcher de rentrer avant que les shots ne lui mettent le coup de grâce. « Fais pas trop de conneries… J’attends de te voir emballer Jeanine. » Dit-elle avec un sourire moqueur, malgré une pointe d’inquiétude quant à le laisser ainsi seul et saoul. Mais Olivia ne pouvait pas sauver l’univers pas vrai ? Elle lui avait déjà dit tout ce qu’elle pensait et tous les conseils qu’elle était capable de donner à un pseudo-inconnu. Elle ne pouvait pas faire plus. « Bonne nuit. » Dit-elle simplement en franchissant la porte.
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Run past the rivers, run past all the light. Feel it crashing and burning, 'til it all collides. Strike a match lit the fire, shining up the sky

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Ven 9 Avr - 10:35
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Alcool et drogue, le cocktail parfait pour transformer Alexander en une personne à peu près supportable. Le mélange des deux fait des miracles sur son cerveau, l’empêche d’ériger les barrières qu’il dresse normalement autour de sa personne pour retenir le reste du monde d’approcher de trop près. Olivia ne s’en rend probablement même pas compte, mais elle assiste à un spectacle relativement unique, on l’autorise à voir le vrai Alexander, celui que les Mangemorts ont bien failli tuer. Celui qui était heureux de vivre malgré les épreuves trop nombreuses. La danse n’était qu’un prétexte pour lui changer les idées, mais les mauvaises plaisanteries qui viennent ensuite, sa motivation à leur servir encore plus d’alcool, ses remarques idiotes, tout vient de son cerveau de plus en plus anesthésié. C’est à cause de ça qu’il se surprend à s’imaginer sérieusement développer une nouvelle passion pour le tricot. Même s’il devine d’avance que cette idée mourra à la fin de la soirée, enterrée sous la gueule de bois sans aucun doute, pour les quelques minutes qu’il s’accorde à y penser, ça l’amuse. Il sourit aux vilaines pics que lui renvoie Olivia, loin de s’en vexer réellement, quoiqu’il soit tenté de prétendre le contraire. Au lieu de ça, il dit : “T’es vraiment méchante comme fille !” d’une petite voix affligée, trop vite suivie d’un rire. “Bizarrement, j’aime ça. Mais si tu brûles l’écharpe que je m’apprête à te tricoter avec soin et amour, ma vengeance sera terrible, sache-le.” Il ne se vexe pas non plus quand elle l’accuse de n’avoir aucune passion, même s’il y a probablement un peu de ça. Sans doute qu’elle ne comprend pas vraiment, au fond, ce que ça fait de vivre sans arrêt sous la coupe des terreurs, angoisses, déprimes. Qu’un nuage noir recouvre toute sa vie, quoiqu’il fasse et l’empêche de voir le monde tel qu’il pourrait être, prend toute la place jusqu’à devenir comme une sorte d’obsession. Aucune passion ne survit à ce genre d’orage. Et si Alexander n’est pas le genre à se dire “je ne souhaite pas ça, même à mon pire ennemi”, il ne le souhaite pas à cette fille-là.

Il change de sujet avant de se mettre à y penser trop sérieusement, mais celui qui vient le remplacer, sous ses airs de plaisanterie, n’est guère plus positif. “J’sais pas, peut-être que ses airs de cinglée réveillent mon instinct de compétiteur acharné !” se défend-t-il pour expliquer son intérêt soudain pour Jeannine. C’est surtout qu’il n’est qu’un pauvre idiot qui ne veut pas se lier à qui que ce soit. On peut jouer un rôle quand il s’agit de séduire quelqu’un, c’est même souvent ce qui se passe. Quelques sourires, quelques remarques bien trouvées, des regards qui en disent long et on n’a pas besoin de donner quoi que ce soit de sincère. Il pense à ça, au point que les mots d’Olivia le prennent de court quand elle exige qu’il parade devant elle. S’il lève un sourcil perplexe, il obéit pourtant docilement, se plante à quelques pas d’elle et tourne sur lui-même comme une vraie petite star de concours de beauté. Il termine par une révérence et attend sagement le verdict. Et n’a droit qu’à un six. Un six ? Il pose une main sur son cœur alors qu’il affiche un air profondément blessé. “T’es sérieuse ? Je suis au moins un 8 !!” Il passe une main dans ses cheveux, comme si se recoiffer un peu pouvait miraculeusement améliorer son score. “Enfin, six ou plus, ça reste la chance d’une vie pour cette pauvre fille que tout le monde prend de haut dans cette organisation ! Je…”

Avant qu’il ne puisse continuer son petit monologue enflammé sur sa future histoire d’amour avec Jeannine, le téléphone d’Olivia lui coupe la parole. Elle répond pratiquement sans hésiter, ce qu’Alexander trouve parfaitement blessant, d’autant plus quand elle lui fait signe de ne pas faire de bruit. Il roule un peu des yeux, mais ça ne change rien au résultat : il obéit. Incroyable ce qu’il est docile, ce soir ! Pendant qu’elle parle avec leur adorable chef, Alexander termine son dernier shot. Peu importe ce que Kane attend d’elle, leur brève conversation vient mettre un point final à cette étrange soirée. D’un signe de tête, le Cracmol répond aux adieux de la jeune femme. Il étire même un sourire à une nouvelle mention de Jeannine. “Tu vas pas le croire quand j’vais me pointer avec elle à mon bras.” rétorque-t-il pour le principe. “Bonne nuit, Olga !” Il la regarde sortir sans bouger, mais dès que la porte se referme dans son dos, Alexander reprend la bouteille sous le bar et décide de s’offrir une nouvelle tournée de shots. Il commencera le tricot demain.


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