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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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A quoi serviraient les morts, sinon à aimer les vivants davantage ? :: Extension Charm :: One Shot
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Métier : Professeur de Soins aux Créatures Magiques & directrice de la maison Poufsouffle
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Lumos
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Mon allégeance : Ordre du Phénix
Mar 5 Jan - 16:13
mood


Allongé sur le flanc, paupières fermées, l'on aurait pu croire que le loup était mort. Du lupus, la silhouette n'en avait qu'une vague apparence puisqu'il s'agissait en vérité d'un chien. Un grand chien au pelage cendré, gisant là, entre deux troncs plusieurs fois centenaires de la forêt interdite. À s'approcher et y voir de plus près, la respiration est visible comme une évidence. L'animal est simplement parfaitement immobile, comme endormi. Pourtant, s'assoupir en ces lieux est un risque plutôt élevé, que le canidé semble ignorer. Tout le moins, il n'en est pas inquiété.
Après tout, il est placé de manière stratégique, face au vent, pour que ce dernier emporte son odeur seulement dans la direction opposée, celle de la lisière. Aussi, les effluves de tout ce qui est, ou a été non loin, n'échappes-en rien à l'animal qui se délecte de tout ce qu'il peut renifler. Il y a de ces odeurs moins agréables, comme les excréments, ou encore celles qui piquent terriblement la truffe, comme celles des Acromentules. Mais il y a aussi les quelques spores des fleurs présentes non loin. À côté de cela, il y a les émanations, comme salées et pimentées, des centaures, qui cavalent un peu plus à distance là-bas, au Nord. Le berger les entend, ces sabots en nombre qui martèlent le sol, il ressent les vibrations dans l'ensemble de son corps allongé. Ça n'avait rien d'extraordinaire, c'était dans le fond tout à fait logique, ça découlait du bon sens. Mais il fallait reconnaître que cet animal-là est particulier. Sensible, attentif, et surtout, très bien entraîné. Parvenir à écouter les sons derrière les échos, c'était un apprentissage de longue haleine, mais depuis le temps, avec toutes ces années de pratiques, le chien y arrivait. S'il le pouvait, il n'aurait fait que ça de sa vie, mais hélas, il fallait également réussir à se nourrir, à trouver de quoi s'abreuver, et pas uniquement de corps, mais aussi d'esprit. S'enrichir intellectuellement, s'émerveiller de chaque beauté, et ce, qu'importe la saison.

D'ordinaire, il y parvient bien l'animal, parce que dans le fond, c'est un grand rêveur, né dans un monde trop violent, trop autoritaire. Il est dedans, mais pourtant en dehors, à l'instar de la jeune fille au verre d'eau du déjeuner des canotiers de Renoir. D'une telle œuvre, comment était-il possible de considérer les personnes exemptes de pouvoir magique, comme des déchets juste bons à être esclaves ? Certes, ils n'étaient pas parfaits, mais dans le monde magique, il y avait aussi bien des lacunes.
Il arrivait que le Berger Allemand réussisse à relativiser, à garder foi en l'humanité et en des jours meilleurs.
Mais pas en cette période.
Pas en cette période.

Depuis deux ans, le mois de juin était un synonyme de grand stress dont un profond chagrin en découlerait. Instant aussi précis qu'une note de musique posée sur sa portée, l'animal savait que le refrain du requiem allait bientôt sonner. Grave, abyssal. Il prendrait vie dans ses tripes, pour monter dans les aigües et atteindre son cœur afin de le lacérer et le malmener. Alors, comme témoins, couleront les larmes de chagrin qui ne peuvent rester de marbre face à tant de désarroi.
Ça n'avait été qu'un accident, mais les remords subsistaient, cachés dans l'ombre, assassins, prêts à égorger leur victime, chaque année à la même date.
Stress des autres accumulé avant toute chose, s'en viendrait une libération si soudaine et divinatrice qu'elle rendra son ôte faible. C'est là que la tristesse prendra sa place, terrible opportuniste. Les rayons du soleil d'été ainsi que leur chaleur ne pourront rien y faire : le corps du chien restera inerte. Froid.
Non pas qu'il veuille mourir lui aussi, il aime bien trop la vie malgré tout. Seulement, il y avait trop de ténèbres en lui pour laisser percer la lumière.
Navire errant sans but, naufragé.
N'y avait-il vraiment plus rien à espérer ? Il y avait pourtant tant à perdre.

Le chien, lui, s'en rappelait, tout le moins, il essayait. Il se remémorait les bons moments, avec ceux que l'on peut considérer comme des amis. Il y a aussi la famille, brasier incandescent et inébranlable. Il y avait ceux sur qui compter, les éternels, même s'ils n'étaient pas de son espèce. Enfin, il y avait lui. Lui qui avait réussi à l'atteindre il y a peu, et qui lui manquait déjà tant. Oh oui, tant.
À l'image de son visage apparu derrière ses paupières closes, perturbé, le canidé rouvre les yeux en soupirant. Rêverie interrompue, il aurait préféré pouvoir méditer encore, des heures durant. Pourtant, il fallait se rendre à l'évidence, il était temps de rentrer. Les astres ayant fait leurs effets, le soleil n'allait plus tarder à peindre le ciel de ces couleurs rose et orange. Un nouveau jour, avec de nouveaux objectifs, mais toujours la même destination. Puis, lorsque le moment sera passé, cette date butoir si redoutée, la paix reviendra.
Mais il fallait survivre au chemin qui y menait. Car même si le chien était courageux, il n'en était pas moins affaibli, bien malgré lui. Un choc si violent, l'insomnie, la dépression, l'oubli de se sustenter. Tout cela l'affaiblissait grandement, et son corps ne pouvait pas se défendre contre ça, il n'en avait pas la force, contrairement aux autres, ceux en pleine santé.

C'est las et engourdi que l'animal relevait la tête, puis, pliant les pattes, se redressait. Il s'ébroua, secouant ce pelage fait de noir, de brun et de blanc. Étirant ses postérieurs de tout son long, il ouvrit une gueule aux dents si immaculées qu'elles scintillaient presque. Bâillement sonore qui s'échappa de sa gorge, le quadrupède reprit lentement le chemin du retour.
Celui de l'orée de la forêt, puis du parc, à côté de cette immense bâtisse, cette école de renommée Européenne. Pourtant, ce n'était pas là-bas qu'il se dirigeait. Non, en cette fin de nuit, le canidé préférait une autre compagnie. Celle de cet être qu'il avait rencontré à cet instant précis. Celui qui le comprenait mieux que quiconque.
Silencieusement, dans l'herbe qui plie sous ses pas, le grand chien rejoint l'écurie, y pousse la porte, et pénètre dans le box ouvert qui abritait ce si précieux compagnon. Celui que tout le monde critiquait, mais que personne ne pouvait voir, sauf ceux qui avaient subi, et qui savaient.
Ici, il n'y avait que les astres de la nuit qui illuminaient les créatures qui se reposaient, et, en apercevant le prédateur, le cheval ailé n'eut aucune réaction en dehors de celle de pousser un petit hennissement tranquille, comme pour souhaiter la bienvenue à son visiteur. Yearling couché, les ailes repliées sur son corps, il laissa le canidé s'approcher, puis, par jeu d'ombre, se transformer.
Les pattes devinrent bras et jambes, le pelage apparut comme une chevelure brune épousant soigneusement les épaules d'une sorcière au visage triste et fatigué. Cherchant une proximité rassurante, elle glissa ses mains autour de l'encolure du jeune cheval qui ne broncha pas et se laissa enlacer. Malgré qu'il était pourvu de peu de crin, le cou du Sombral était chaud, à cause de son absence de chair, la peau, bien que dure sous les os, était d'un grand confort pour la femme.
Caresses du bout des doigts, elle fixait les yeux blancs et vides de la créature tout en lui murmurant.

- Nous y voilà à nouveau Sleipnir. Chaque année c'est la même chose, et j'ignore comment parvenir à guérir. Je suis déjà épuisée, ma force et ma volonté m'abandonnent si tôt… Sleipnir, combien de d'années vais-je encore pouvoir tenir ainsi ? Elle ferma les yeux en humant profondément l'odeur de son cheval. Comment vais-je réussir à faire mon deuil, dis-moi ?

Il n'y eut aucune réponse. Ni du Sombral, ni du vent, ni des animaux de nuit. Pas même les lucioles daignèrent s'éclairer ou un grillon émettre son opinion. Ce fut un silence lourd, débordant de signification. Un silence de mort.
Ce silence qui est à ce point discret qu'il fait autant de bruit qu'une centaine de notes de musique.
La première perla sur sa joue. Cette larme.
L'Ouverture de l'acte I du requiem.


Never Ending Circles
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