C’est cruel de perdre ses parents à un aussi jeune âge et en plus de cette façon. Assassinés. Owen aurait voulu avoir cette chance d’avoir un père et une mère à ses côtés lorsqu’il ferait ses premiers pas à l’école, dans sa vie d’adolescent et dans sa vie d’adulte. Il y pense souvent à tout ça, même encore aujourd’hui. Il n’aurait pas étudié à Poudlard mais à Ilvermorny. Il ne serait peut-être pas devenu joueur de Quidditch mais Auror comme Matthew, son grand frère, et ses parents. Il aurait sûrement continué à vivre dans l’Etat de Louisiane qui l’a vu naître. La Nouvelle Orléans, cette ville marécageuse à l’héritage profondément français. Les Etats-Unis, ce pays lui manque. Son pays. Venir vivre chez son parrain - qui est aussi son oncle - avait été très difficile pour Owen. Il a été incapable d’aller à l'enterrement de ses parents, ni même d’aller sur leurs tombes avant de partir. Les imaginer six pieds sous terre, c’était trop dur. Beaucoup trop dur pour le garçon de six ans. Plus jamais, il n’aura cette douceur maternelle des bras de sa mère. Ni de cette complicité qui l’unissait avec son père. En mettant fin à leur existence, on avait enlevé à leurs deux garçons laissés pour compte ce qu’ils avaient de plus précieux en ce monde...

Ils avaient au moins cette chance d’avoir un parrain conciliant ayant tout fait pour que ses neveux se sentent le plus à l’aise possible dans leur nouvel environnement. Une maison qui n’étaient à l’origine pas la leur, un quartier dans une banlieue londonienne. Il se serrait les coudes avec son frère, seulement le petit Owen ne se sentait pas à sa place. Un vide béant, la solitude, animait ses journées. Il passait son temps dans ce parc près de chez lui, à voir d’autres enfants rires, jouer. Lui n’avait envie de rien, assit sur une balançoire perdu dans ses pensées noires. A pleurer parfois aussi, même s’il faisait tout pour cacher sa peine. Pourtant ce n’était pas faute d’avoir proposé et à chaque fois, il déclinait. Certains disaient aussi qu’il avait un accent bizarre, forcément quand on vient des Etats-Unis ce n’est pas une manière de parler qu’on a l’habitude d’entendre. Puis un jour, une petite fille est venue lui parler. Cette fois-ci, le garçon était assis sur le bord d’un trottoir en face de ce fameux parc. Elle devait sûrement être intriguée d’en voir un s’isoler des autres. Quoi d’autre sinon ? Owen était réticent au départ. Il ne lui parla pas du drame de sa famille, juste son prénom. Son âge. Qu’il habitait dans le coin depuis peu. Son regard azur peinait grandement à avoir de l’assurance quand levait le nez vers cette fille prénommée Viktoria. Cette même fille, qui allait devenir celle qu’il regarderait le plus;

De fil en aiguille, elle a fini par devenir sa meilleure amie. Elle l’a aidé à se reconstruire, à se dire que, finalement, qu’est-ce que la vie si ce n’est de profiter de chaque instants tant qu’il en est encore temps ? Les deux étaient devenus inséparables, bien qu’ils en venaient quelquefois à se chamailler. Une chose est sûre, le destin avait voulu qu’ils se rencontrent et découvrent par hasard qu’ils sont tous les deux des sorciers. Cela signifiait qu’ils feraient sans aucun doute leur scolarité ensemble, à Poudlard ! Ah quelle impatience ! ...Juste qu’il avait eu le malheur de naître en octobre et par conséquent, sa rentrée n’avait pas se faire que l’année suivante après Viktoria. Bon, il a survécu et puis il y avait toujours moyen de correspondre par hiboux.

Son tour a fini par arriver. Owen avait des étoiles pleins les yeux en arrivant sur le quai 9 ¾, le Poudlard Express prêt à partir. Tout aurait pu se dérouler dans la joie et bonne humeur si des abrutis ne l’avaient pas harcelé dès le premier jour à cause de son accent américain et enfermé dans le placard à balais où il a commencé à paniquer, à tambouriner la porte comme un demeuré parce qu’il avait cette sensation horrible d’étouffer comme si tout s’était compressé autour de lui et qu’il se sentait pris au piège. Super, meilleur moyen de se faire remarquer dès le premier jour. Ce n’était pas sa faute évidemment, ses traumatismes avaient refait surface et sa sévère claustrophobie n’est le reflet que de ce qu’il avait vécu. Mais tout de même, il en avait honte. Au moins, cette mauvaise blague lui aura permis de faire la connaissance d’un de ceux qui deviendra par la suit l’un de ses meilleurs amis, Baelfire O’Ceallaigh, de la même année que lui et encore mieux, envoyés dans la même Maison : celle de Gryffondor. Finalement, cette rentrée n’avait pas été aussi horrible que ça juste que du coup...Viktoria, elle, s’était retrouvée dans la maison rivale. Il le savait bien sûr, avant d’arriver ici. Seulement la voir en face et pas assise à ses côtés avait quelque chose de bizarre. Le blondinet avait du mal à ne pas jeter un coup d’oeil dans sa direction. Et quand leurs regards se croisaient, il affichait du mal à être enthousiaste, n’affichant qu’un simple sourire timide. C’était la première fois qu’il ressentait tout d’un coup un vide, que son amie avait réussi pourtant à combler en lui offrant son amitié.

En fait, il avait peur que tout s’arrête du jour au lendemain;

Les années défilaient, prouvant au Crawford qu’il avait tort de penser ainsi. Son cercle d’amis s’était agrandi avec Tristan, et on ne pouvait pas dire qu’ils étaient les élèves les plus discrets. Certains s’amusaient à les comparer aux Maraudeurs à se faire aussitôt remarquer. La passion du Quidditch les avaient entre autre réunis, d’autant plus que les trois garçons du groupe jouaient pour la même Maison, et au post de Poursuiveurs, en plus de nourrir cette ambition d’intégrer après l’école d’intégrer l’une des prestigieuses équipes de la ligue voire de concourir à l’international. Une promesse qu’ils s’étaient faite, en plus de celle de ne jamais se séparer. Ils étaient des adolescents avec des rêves pleins la tête, désireux plus que tout de les réaliser. Owen espérait ainsi voler de ses propres ailes, en ayant fait ses propres choix. Chose dont il est parvenu à faire en intégrant les Flèches d’Appleby après avoir succédé à passer les tests de sélection. Malheureusement, il se retrouve désormais non pas partenaire, mais rival face à ses deux camarades. Est-ce que les parents seraient fiers de moi ? se demande-t-il souvent, comme ils le seraient sans doute pour Matthew. Parfois, il envie son aîné. Certes, son mariage n’a pas tenu mais au moins il a été en mesure de se poser, d’avoir un enfant. Que lui n’est qu’un incorrigible fêtard, volatile, à profiter de chaque instants comme si c’était le dernier. C’est une façon pour le sang-pur d’apaiser ses peines et de son mal du pays, refaisant surface lorsqu’il est victime d’un coup de blues. Ses relations amoureuses aussi éphémères qu’un papillon de nuit, quant à elles, ne font que noyer une évidence qu’il nie encore aujourd’hui : celle d’un coeur battant pour celle qui l’a sauvé autrefois aussi proche à ses yeux qu’inacessible.