Sais-tu pourquoi mon épouvantard est une sorte de feu à la couleur bleu ? Parce qu’il y a quelque chose de fatal, là-dedans. Les cris, la peur. La terreur pure qui submerge tout sain d’esprit dans une tempête agonisante et horrifique. Je me souviens de ce soir-là, où les sorts fusaient, les murs qui s’usent alors que l’incendie faisait encore rage. Il perdure, consumant tout sur son passage. Dévorateur des mondes, il avait engloutit le mien, aussi avare et gourmand qu’il l’était. Le cimetière qui était zébrés de fissures géantes, avaient aussi des crevasses béantes et d’effrayants soubresauts provenant du sous-sol. Les crépitements mués en plusieurs rugissants. Il m’était presque impossible de trouver de l’air dans ce rêve ou devrais-je dire cauchemar. C’était un paysage digne d’une guerre.

Des années après cette horreur sans nom, un autre drame avait touché ma famille, en plus des nombreux qui l’avaient déjà précédé. Nous ignorions la façon dont ils avaient pliés les barrières, traverser nos boucliers pour s’en prendre à cette petite fille sans défense. Des silhouettes devenues monstrueuses dans un combat de lumières incandescentes. Elles traversaient parfois, les pièces immergés par ce feu dont la vision m’était altérer. Je le voyais bleu à cause d’un sortilège de confusion. Et puis, de nouvelles explosions. D’autres cris plus strident déchiraient cette nuit, annonçant la couleur des terroristes. Une mise en garde allant à l’encontre de ma famille, pensions-nous avant de les voir disparaitre dans la nuit, hurlant à la pleine Lune comme les monstres sous le charme de la potion tue-loup... Pendant ce temps, en apercevant le corps inconscient de ma sœur, je tombais à genoux à terre en hurlant de toutes mes forces. Ma magie se transformait en colère.

Colère qui, peu à peu, devenait de plus en plus sauvage et gigantesque dans les airs. Animé d’une rage sans fin, se délectant de ses succins saccages. J’étais transcendé par le carnage des cauchemars éveillés de ma sœur endormie. Nos hurlements communs redoublèrent d’intensités. Je souffrais pour elle, elle agonisait pour moi. Mes mains se serraient jusqu’à me faire mal. Les doigts s’étreignent jusqu’à planter mes ongles dans la chair. Frappant doucement le sol de fines gouttelettes de sang. Ils s’étranglaient à la recherche d’un support mutuel face à terreur brutale. Presque Létale. Puis, le rappel à l’ordre. Un craquement au plafond qui se répercute dans les autres parties de la bâtisse en proie aux flammes magiques. Nous devions bouger, échapper à ce triste sort. La peine nous grignotaient, déjà prête à se transformer en haine. J’avais tout vu, la façon dont elle avait été mordu et trainer sur des mètres comme une vulgaire poupée de chiffons avant d’être jeter aux pieds des escaliers de la maison, aux pieds de mes parents inquiets.

Ce triste sort qui avait frappé dans le dos de Modesty, ces impétueuses flammes qui, gourmandes, léchaient la peau. Ces flammes vengeresses nous dévoraient jusqu’aux os. Bouffé, crevé, annihilé. De leurs corps, tu ne trouveras rien. Nous avions, donc, pris le soin de déménager là où j’habite désormais. Un lieu tenu secret de quiconque n’étant pas de ma famille, ne peut savoir où j’habite. Ainsi partagé entre la nécessité de fuir pour survivre et le désir de la venger et de les suivre. Nous pouvons dire que nous étions présents et porteurs d’un vice que personne ne peut comprendre. Nous sommes un « même tout », animé d’une ire cruelle et sans pitié pour quiconque oserait encore s’en prendre à « nous ». La conscience est une chose fragile, une danse sur un fil trop bien tendu pour ton étroitesse d’esprit, l’ami. Un faux pas et c’est la chute. Un faux pas et tout ton avenir disparait. La chaleur de mes enfers rougit déjà à l’idée de nos épidermes diaphanes.

Ces mêmes flammes qui se rapprochent. Des frissons qui agitent la peau pendant que la sueur glacé roule le long de ton dos, le long de ton front. Ainsi, donc, peut-on dire que les évènements s’enchainent et les atrocités s’entrainent. Arrêtés par de nouveau éclairs de brides de souvenirs. Cette scène qui se défile en un ralenti, m’agonise sous des blessures si profondes. Mes hurlements désespérés pour réanimer ma sœur, se mêlent à ceux de ma mère, principalement, étouffé par la violence de la scène. Puis, tout mon être se mets à trembler. L’âme aussi bien que le corps. Cordes d’un arc tiré à l’extrême pour un ultime accorde atroce. La perspective d’un avenir sans elle, me paraissait impossible à vivre. Tu comprends que je voulais en finir avec la vie. Si c’était sans elle, alors je ne voulais pas vivre. Je préfères mourir si c’est pour pouvoir la suivre. Et j’avais envie de le faire, écroulé au bord du précipice auquel on me l’avait arraché.

Et soudainement, une main qui se referme sur mon épaule, m’entrainant dans une vrille incontrôlable. La rudesse d’un transplanage d’escorte que je ne pouvais consentir, que je ne pouvais prédire. La détresse en urgence, pointe émergée de nos icebergs. Nos cœurs étaient devenus aigris. Dénué de toutes couleurs. Nous n’avions pas conscience que nos pas foulèrent la neige blanche, tapis sur l’Angleterre comme une couverture d’hiver. Pureté souillés par la suie dont nous étions tous, couverts. Trop effondré, le cœur déchiré et la magie mutilé. Recroquevillé en boule dans les bras de mon père, pendant que Modesty était dans les bras de ma mère. Choquée par la pire des tortures. Nous étions conscients de l’amputation cruelle que nous venons de vivre. Et ils allèrent tous payer pour leurs crimes.


La brusquerie du réveil. La sueur froide qui couvre ma peau devenue fiévreuse dans mon sommeil. Cauchemar de cette nuit bien réelle, trauma qui me hantera d'une façon éternelle. J’avais le corps tremblant, le cœur battant. Et le souffle pantelant, étouffé par son prénom qui obstrue ma trachée.  Je peinais à trouver le sommeil, alors qu’elle, elle le trouvait si facilement en compagnie de Morphée, sauf certaines nuits quand la Lune battait son plein dans ce même ciel, qui constamment, nous domine. Recroquevillé sur mon lit, les genoux coincés entre mes bras pour ne pas trembler. Les yeux grands ouverts dans l'obscurité, fixés dans un vide semblable au néant dans ma poitrine. Des draps déchirés, les oreillers éventrés dans un accès de colère, ma magie qui se lamente toujours dans l'air en une mélodie démente. Tout à réapprendre. Comment survivre, comment vivre. Comment maîtriser mes pulsions, mes émotions. Ma magie. Retrouver un semblant de contrôle devenu une nécessité absolue dans ce monde où tout m'était soudainement inconnu.

Ça m'a pris longtemps. Combien, je ne saurais pas dire exactement. Parce que j’avais comblé le vide durant des mois à me comporter comme l’animal que j’étais devenu par choix et non, imposé comme l’était Modesty. Nous avions des barricades érigées en cascade alors que progressivement, je me rouvrais à ma famille. Et puis, un nouveau but que je convoitais avec envie et détermination. Venger ma jumelle, que dis-je l’humiliation dont avait souffert ma famille. Ne plus jamais permettre qu’elle soit victime d'un quelconque mal.  En ces heures sombres, en ayant rejoins Poudlard pour parfaire ma couverture de Magizoologiste en devenir, je savais que les Préfets de cette académie se disputaient entre eux pour savoir qui deviendrait le Préfet en chef qui les dominerait tous.

Et soyons honnête, une seule seconde, je suis plus rusé que posé, plus prompt à recourir aux bassesses vils et cruels. J’exploite les faiblesses des autres pour en faire ma force. Je n’étais pas à ce château par hasard. On dit qu’elle a permis à de grands sorciers à se parfaire en Magie et autres roublardises. Je voulais très exactement, faire pareil, juste suivre leurs exemples. Ainsi, des rumeurs naissantes m’ont entouré. Initié à l’intransigeance de celui qui ne permettait aucune erreurs en couverture, alors que dans l’ombre, j’étais le « maître du jeu ». J’étais de ceux qui n’offrait aucune amitié déplacé. Je privilégiais juste les alliances dont je ne pouvais qu’amuser avec profits. En devenant Préfet en chef, j’étais presque devenu un Mythe. Et mon pouvoir d’Animage était un secret de plus que je gardais pour moi. En compagnie de ma jumelle, nous étions l’élégance de notre nom que tout le monde connaissait. Et il signifiait aussi l’élégance d’une violence à peine réprimée. L’attrait de la déchéance. Manipulateurs expérimentés. Nous étions presque « divins ».

Traités comme des « Rois », parmi cette Élite quasi sacré. Nous valsions entre Ténèbres et Lumières avec une certaine témérité. Parce que nous demandons jamais de permissions, après tout. Nous, nous exigeons. Et les autres s’inclinent sur notre décisions. Et si on nous obliges, qu’ils fassent face à notre exubérante colère sans fin. Puisqu’après tout, j’étais de ceux qu’on admirait et craignait aussi. Majestueusement installé dans notre manoir anglais, nous étions de ceux qui avait acquéris une place de choix dans les hautes-sphères de la société. J’en avais profité pour m’initier aux soirées mondaines, aux évènements réservés à l’élite des Sangs-Purs. Petit à petit, je m’étais fait connaitre en compagnie de Modesty. Nous avions et nous avons toujours notre place. Et évidemment, « eux » nous ont approchés. Enrôlé dans un cercle vicieux, nous portons la marque sur nos avant-bras, caché par un sortilège de dissimulation et par un porte-baguette qui prend toute la place sur ce dernier.

Et même si je portais d’abord, mon allégeance à ma famille, il était clair que pour les Mangemorts, j’étais un élément de choix. Aussi précieux que dangereux. Et c’est sans doute pour ça que nous étions tout deux, des Mangemorts d’exceptions. Nous avions une mission, espionner Poudlard depuis ses entrailles. Quoi qu’il en soit, maintenant que tu en sais trop sur moi, je préfère y mettre un terme avant que tu ne puisses y trouver une quelconque faille me concernant. N’espère même pas repartir d’ici en étant vivant. Je te souhaite une belle mort, l’ami. Parce que ton destin s’arrête ici.

- Avada Kedavra !

Et du bout de ma baguette, un éclair vert jaillit. Il traverse la pièce comme au ralenti avant que le coupable de la Malédiction de ma sœur, ne puisse dégainer sa baguette. Touché en plein cœur, le Monstre remplit d’une certaine chaleur, tombe à terre sans vie. Inerte comme la pierre qui avait prit place dans mon cœur. Je le regardais sans bronché, une seule seconde. Il va de soit que je vis avec ce "meurtre" sur la conscience. C'est pas rien de tuer quelqu'un, si bien qu'avec le temps, mes insomnies ne s'arrangeront pas vraiment...Entre temps, je sais que des gens peuvent potentiellement rechercher qui a osé tuer cet imbécile, inerte, à mes pieds. Si bien que j'ai fini par être pris, la main dans le sac. J'ai osé dire que c'était de la légitime défense, ce qui a réduit ma peine. J'ai, tout de même dû aller à Azkaban pendant quelques mois. Et une fois à ma sortie, j'ai dû faire des travaux intérêts-généraux. Et dans un même temps, j'étais surveillé par un Psychomage qui vérifiait juste si je ne récidivais pas. Maintenant, à l'heure d'aujourd'hui, je suis en apparence plus calme. Mais intérieurement, je continue d'être une flamme vengeresse qui n'a pas peur de montrer les crocs en cas de besoin.  Ainsi, donc, vous voilà prévenu. Voici le sort qui vous attends, si vous me posez trop de questions.