Qui suis-je ? Cette question Adèle se la posait depuis toute petite. Depuis qu’elle avait compris que son père n’était pas Beaulieu. Autant dire très rapidement. Bien sûr, elle était la fille de Claire. Bien sûr, elle appartenait à une famille influente en France qui se vantait de sa lignée pure depuis de nombreuses générations. Évidemment, elle ne pouvait nier sa ressemblance physique avec sa mère. Elle pouvait aussi retrouver des expressions qu’elle avait l’habitude d’afficher et elle ne pouvait pas ignorer avoir hérité de certains traits de caractère de Claire. Et le reste ? Et son goût pour les interdits, malgré ses airs de fille parfaite ? Et sa rancune tenace ? Et son goût pour la liberté ? Et sa ténacité dans tout ce qu’elle entreprenait ? Ce besoin de relever les défis lorsqu’on la provoquait ? Oui toutes ces choses et d’autres encore, ça lui venait de qui ? Adèle ne voulait pas se résumer à la fille illégitime des Beaulieu toute sa vie. Elle voulait comprendre pourquoi son père ne l’avait pas reconnue, pourquoi il avait disparu. Elle voulait le reste de son histoire. Elle était restée longtemps sans réponse. Un secret si bien gardé, qu’il devait forcément y avoir une histoire sombre là-dessous.  Même sa grand-mère qui connaissait si bien l’histoire de la famille n’était pas en mesure de lui fournir des explications. Son beau-père n’était qu’un type aigri et jaloux et semblait lui aussi ignorer l’identité de l’homme qui avait eu une relation avec sa femme avant lui. Sa mère, la seule donc à savoir, restait silencieuse à ce sujet.

Depuis qu’elle avait changé de pays pour ses études, ses recherches restées vaines depuis, avaient fait un bond de géant. Premier mois à Londres et un type l’avait un poil agressée à cause de son pendentif, simple bijou de naissance pour elle, mais qui s’avérait porter une partie de son histoire. Dire qu’elle avait la réponse à ses interrogations sous le nez depuis le début n’était pas vraiment un jeu de mots. Voilà comment, elle avait appris sans détour que son père était sûrement un loup-garou.  Le bijou en question était le symbole du clan de la lune de sang en France remis uniquement aux proches des membres du clan, ces derniers se tatouant directement le symbole dans la peau. Elle avait voulu croire à une erreur, mais il était formel. On ne trouvait pas ce genre de bijou dans n’importe quelle bijouterie. Oui, elle avait un patronus de louve, oui elle était insomniaque à la pleine lune Non elle n’avait pas une passion pour le bifteck, mais ce n’était pas encore une certitude, si ? Si. Elle avait fait joué ses relations au ministère, enfin pour ainsi dire la seule relation qu’elle avait. Un type proche de sa famille travaillant au sein de la police magique, lui avait dégoté tout un dossier sur ce Français, loup-garou ayant disparu peu de temps avant sa naissance. Ce proche en question avait ensuite disparu de la circulation, une mutation ou quelque chose dans ce goût-là. Il ne lui avait plus jamais donné signe de vie et l’avait laissée avec ce dossier et ses interrogations. Avec ses angoisses plutôt. Car son très probable père était l’auteur d’un carnage et était recherché par le ministère de la magie français. En apprenant tout ça, le choc avait été tel qu’Adèle avait rangé le dossier au fond de sa valise pour ne plus l’en sortir. Avait-elle vraiment envie de retrouver un assassin ? Elle aimait les interdits, mais le danger non sans façon. Voilà comment, elle avait mis fin à ses recherches, enterrant tout ce qu’elle avait appris dans le même temps pour se protéger. Et puis alors qu’elle ne pensait même plus à tout ça, que le monde sorcier était en train de prendre un virage à cent quatre-vingt degrés avec la disparition du secret magique, sa cousine lui avait transmise cette lettre qu’elle avait trouvée chez elle. Une correspondance entre ses parents qui avait une fois de plus remis en question ces certitudes, mais surtout qui l’avait soulagé d’un poids. Non son père n’était pas un meurtrier de sang froid. Il avait fait des erreurs, mais quelqu’un lui avait tendu un piège. Il avait fui, suppliant celle qu’il aimait de l’oublier et de refaire sa vie.

Pour autant Adèle n’avait pas su reprendre ses investigations dans la foulée. Trop de choses étaient venues s’ajouter, le Blood Circle, l’attaque de l’université, le mariage orchestré par sa famille, son émancipation qui en avait découlé et toutes les conséquences qui allaient avec et qu’elle avait dû gérer. Elle s’était jetée dans ses études, désormais sa dernière solution pour accéder à son rêve d’indépendance et le temps avait passé simplement au point que l’obsession de son enfance soit reléguée au dernier plan. Ce qui l’avait fait changé d’avis ? Cette patiente à Sainte-Mangouste portant le tatouage du clan de la lune de sang dans le dos. En la voyant, la blonde avait eu comme un déclic et le désir de reprendre ses recherches était remonté à la surface. Le problème c’était que cette louve était décédée avant qu’elle n’ait eu le temps de lui poser la moindre question. Elle avait néanmoins ressorti le fameux dossier qui contenait toute l’enquête sur son père. Il contenait plusieurs pistes suivies par les Aurors en charge de l’enquête, des témoignages qui situaient la cavale de son père principalement en Europe. Une chose qui l’avait encore rassurée, c’était qu’il n’y avait plus eu aucune victime à déplorer à la suite du massacre de 1999. Les pistes se réduisaient au fur et à mesure du temps, ce qui ne l’arrangeait pas. Un enquêteur avait même noté que si proche de la prescription, il serait préférable de concentrer les recherches sur d’autres cas plus importants. Elle avait tiqué, la prescription ? Renseignement pris, les poursuites étaient abandonnées au bout de vingt ans. Les vingt années étaient écoulées puisqu’Adèle avait vingt ans. Pourtant son père demeurait introuvable. La Française partagea ses avancées et découvertes avec Hestia pestant contre sa famille si compliquée. D’accord contre leurs familles merdiques.

Au bout d’un moment, elle se dit qu’elle ne réfléchissait peut-être pas de la bonne manière. Il lui fallait un lycan qui puisse lui apporter son point de vue sur cette histoire. Les clans, les meutes, les légendes, les bouquins n’en parlaient même pas du quart. Là encore, elle se retrouva face à un nouvel obstacle. Les loups-garous ne se trouvaient pas à tous les coins de rue, et si c’était le cas, elle n’avait pas trop confiance sur le spécimen sur lequel elle tomberait. Passer une annonce ? Ha ça pouvait être efficace (ou pas, puisque les trois quarts des loups se planquaient), mais elle ne voulait pas non plus attirer l’attention sur elle. Cette histoire là restait entre elle et Hestia. A la rigueur Elise si jamais elle retrouvait d’autres pistes dans les affaires de son père. Finalement, la solution se présenta à elle sous forme de rumeurs de couloirs. Accorder du crédit à ce genre de choses, effectivement ce n’était pas son genre surtout quand elle entendait dans la même phrase loup-garou et rituel d’exécution de nouveaux-nés à la pleine lune. Elle secoua la tête en levant les yeux au ciel, mais écouta tout de même la fin de la conversation derrière une étagère de la bibliothèque. Ainsi elle apprit qu’une élève de Gryffondor ne cachait pas sa nature de louve et qu’elle constituait probablement une armée dans la forêt interdite… Elle souffla devant tant de bêtises, mais obtint un nom.

Bon elle la trouvait où cette Maxime Whitefield ? Elle n’allait pas se planter devant la salle commune des lions et interroger toutes les filles qui paraissaient avoir son âge jusqu’à temps de trouver son bonheur ? Elle finit par interpeller plusieurs Rouge et Or pour leur demander où était leur camarade. Enfin quelqu’un finit par lui répondre qu’elle serait possiblement à l’extérieur, en tout cas c’était la direction qu’elle avait prise un peu plus tôt. Adèle fit la moue… Dehors il y avait le terrain de quidditch, les serres, la forêt interdite, des enclos à bestioles… Oh non pitié pas les bestioles… Elle souffla, croisa quelques flemmards qui au lieu de réviser pour leurs examens se prélassaient au soleil, demanda s’ils avaient vu Maxime. Quelqu’un pointa une direction et elle espéra ne pas devoir faire le tour du parc pour trouver cette fille. Elle se retrouva bientôt face à une scène des plus étranges. Elle se dit que l’oxygène ne devait plus très bien arriver à son cerveau après cette marche un peu rapide et décida d’inspirer longuement. Non toujours pas de changement. Mais qu’est-ce qu’elle foutait ? Adèle regarda bouche bée la jeune femme qui correspondait à la description de celle qu’elle cherchait se jeter sur le saule cogneur, courir, zigzaguer, se prendre des branches dans la figure… Ha bah fallait pas s’étonner que des nounouilles racontent après qu’elle faisait des rituels vaudous au milieu de la forêt interdite à la pleine lune. Fallait pas être très très nette pour se frotter à un saule cogneur. Adèle était épuisée rien qu’à la regarder faire.

- Maxime ? Finit-elle par crier pour qu’elle l’entende.

Non mais après, elle avait peut-être une bonne raison de faire tout ce cirque. Un objet qui lui était précieux était peut-être tombé au pied de l’arbre et elle… ouais, non « accio » c’était quand même moins suicidaire.

- Est-ce qu’on peut parler ? Insista-t-elle.

Et tant qu’à faire qu’elle se ramène, parce qu’Adèle n’allait pas brailler tout du long. Déjà qu’elle se demandait bien comment elle allait la convaincre de l’aider, si en plus elle devait se péter les cordes vocales...

Le spectacle était vraiment des plus étranges. Adèle n’avait jamais vu quelqu’un faire un truc aussi dingue. Mais pourquoi faisait-elle ça ? Un pari ? Non puisqu’il n’y avait personne autour pour s’assurer de sa réussite. Elle l’observa encore courir entre les branches, se demandant si elle n’allait pas se retrouver à gérer une commotion cérébrale. Enfin vu ce qu’elle faisait, la commotion n’était pas récente… Pourquoi la seule piste qu’elle avait pour avancer dans ses recherches avait l’air complètement dérangée ? La blonde patienta. D’abord parce qu’elle n’avait plus envie de s’égosiller pour se sentir ignorée et ensuite parce qu’après avoir fait tout ce chemin, il n’était pas question de rebrousser chemin et de revenir un autre jour. La patience n’était pas son fort pourtant. Elle détestait attendre, détestait ne pas obtenir ce qu’elle voulait rapidement. Elle se raisonna néanmoins. Depuis le temps qu’elle cherchait son père, elle n’était plus à quelques minutes près. Enfin la jeune femme atteint le tronc d’arbre et se retourna pour l’observer. Mais pourquoi elle s’arrêtait là comme ça, alors qu’elle était au plus près du danger ? Adèle regarda horrifiée l’arbre s’occuper de l’envoyer valser non loin d’elle. Ok, elle était complètement maso en fait. Il était encore temps de changer d’avis, non ?

Non puisqu’elle se releva lui confirmant qu’elles pouvaient discuter. Adèle n’était plus très sûre d’elle. Est-ce qu’elle allait bien au moins ? Enfin sur le plan physique… parce que la santé mentale oh la la xD. Etant donné qu’elle se destinait à une carrière de médicomage, c’était un peu normal qu’elle se demande si elle n’allait pas avoir à réparer un truc chez cette fille qu’elle l’ait cherché ou non. Oh mais qu’elle ne s’inquiète pas. Maxime avait l’air d’aller très bien et déjà elle s’éloignait, comme si de rien n’était, comme si elle n’avait jamais été provoquer un saule cogneur. Elle la suivit des yeux atterrée, avant de voir son geste qui l’invitait à la suivre. Est-ce que pourtant elle n’avait pas assez de signes pour se dire que ce n’était finalement peut-être pas une si bonne idée ? Elle soupira avant de rattraper la jeune femme à une fontaine. Attendez, attendez… Elle était en train de boire l’eau comme ça ? Mais est-ce que c’était seulement potable ? Elle ne pouvait pas prendre une bouteille ou un verre et se servir de sa baguette ? Visiblement non. Elle avait vraiment de drôles de manières… La Gryffondor se tourna finalement vers elle, prête à lui accorder enfin son attention.

- Et bien… Je suis Adèle de Lestang et à vrai dire, il y a encore trente minutes, je n’avais jamais entendu parler de toi.

Ha elle avait déjà fait mieux comme entrée en matière, c’était certain. A cette vitesse, c’est elle qui allait finir par passer pour une folle. Pourtant c’était la vérité, il y a trente minutes encore, Maxime Whitefield, elle ne s’y était jamais intéressée. Les autres en général, s’ils n’étaient pas dignes d’intérêt, elle ne s’en préoccupait pas. Et voilà, c’était ça, Maxime avait quelque chose qui l’intéressait, enfin du moins elle l’espérait.

- Je ne prête pas souvent attention aux rumeurs. Les ragots ce n’est pas mon truc, mais j’ai entendu dire entre autres choses que tu étais… une louve-garou ?

Adèle fit une pause pour guetter sa réaction. Il ne manquerait plus que ça… Qu’elle se soit plantée sur toute la ligne et qu’elle ait perdu son temps à venir demander son aide à quelqu’un qui ne pouvait rien pour elle. Elle n’avait en effet pas pris le temps de vérifier ses sources et se trouvait soudain un peu idiote d’avoir agi sans réfléchir. Dès qu’il s’agissait de son père, elle manquait vraiment de jugement.

- Si, c’est vrai, j’ai besoin d’aide pour euh... disons quelque chose de personnel…

La verte et Argent hésita. Pas question de déballer sa vie à une inconnue si celle-ci n’était pas ce que les autres prétendaient qu’elle était. Elle avait besoin d’une louve pas d’une allumée qui cherchait à bécoter un saule cogneur. Et puis son histoire en plus d’être compliquée, n’était pas vraiment reluisante. Peu importe la manière dont on la racontait, il y avait eu des innocents assassinés. Elle n’avait pas envie d’expliquer que son père biologique était un fugitif, qu’il avait tué des gens il y a vingt ans. Elle n’allait pas ruiner sa réputation comme ça en deux minutes en racontant ses découvertes sur ses origines à une inconnue. C’est vrai, si elle acceptait de l’aider, elle serait forcée d’en dire plus et de se dévoiler, mais pour le moment elle n’avait juste qu’à lui dire l’essentiel.

- Si tu as besoin d’un truc particulier en échange, je peux trouver, ajouta-t-elle alors.

C’est vrai que de son côté, elle ne faisait jamais rien sans rien. Aussi se disait-elle qu’il lui faudrait peut-être négocier un truc pour avoir son aide. Après tout, tout le monde avait besoin de quelque chose. Elle ne devait pas être bien différente des autres sur ce sujet-là. Adèle pouvait bien faire un effort de son côté. Bon sauf s’il s’agissait d’argent, là elle n’irait pas bien loin, fauchée comme elle était.

Bon les présentations étaient faites. Adèle euh... juste Adèle et Maxime loup-garou, enfin d’après les ragots. Du coup, oui c’était peut-être mieux de demander confirmation à la principale intéressée. Non parce qu’en plus si ce n’était pas vrai, non seulement elle devrait se confondre en excuses, mais en plus elle aurait fait tout ce chemin pour rien et perdu son temps. Fort heureusement, elle ne s’était apparemment pas trompée. La Rouge et Or lui parla de difficultés à le lui prouver et pour le coup elle se demanda en même temps quel intérêt elle aurait eu à se faire passer pour un loup-garou.   Dans la tête de la Française, être un loup-garou c’était plus contraignant qu’autre chose. Vu la réputation qu’ils se payaient en plus, non ça ne faisait pas rêver. Qui avait pour envie morbide de devenir un jour un loup-garou ? Oui à la réflexion, ça devait exister… Quant à assister à sa transformation à la pleine lune… Bon d’accord ça devait être impressionnant, mais si elle prenait sa potion, Adèle n’avait pas de raison d’être terrorisée, si ? Est-ce qu’elle avait besoin de preuves ? A la rigueur elle aurait pu l’interroger sur les dates de la pleine lune. C’était le genre d’informations qu’un loup-garou connaissait bien quand un sorcier lambda n’y prêtait pas forcément attention. Non, de toute façon si elle la baratinait, elle n’apprécierait pas le retour.

- Non, ça ira pas besoin de preuves… Je ne vois pas ce que ça t’apporterait de me mentir.

Des ennuis à coup sûr. Si elle l’embobinait et n’était pas capable de l’aider à retrouver son père. Si Maxime jouait avec elle, si elle lui faisait perdre son temps, ça la mettrait dans une colère noire. Et bien sûr, qu’elle ne la laisserait pas en paix et qu’elle lui ferait regretter. Bien, trouver un loup-garou, c’était fait. Maintenant, il fallait exposer la situation, voir si elle pouvait l’aider. La Gryffondor crut cependant judicieux d’apporter des précisions sur ses services. La blonde la regarda d’abord sans comprendre.

- Quoi ? Oh non, je ne cherche pas à me venger ! Et puis entre nous, ajouta-t-elle avec un grand sourire, je préfère largement faire subir une belle humiliation cuisante, oh et m’en charger moi-même aussi ! C’est beaucoup plus satisfaisant !

Elle effaça son sourire en réalisant que ça ne devait pas être du meilleur effet de parler de vengeance avec autant d’enthousiasme. Oui, bon peut-être qu’elle aimait particulièrement faire payer aux autres leurs affronts, leurs provocations ou les sales coups qu’ils avaient osé ne serait-ce qu’imaginer contre elle. Elle avait sans doute une vision bien à elle, de la justice. Bien sûr que ça ne se finissait pas toujours bien, mais elle n’avait jamais remis en question cette mauvaise habitude.

- Non, non je n’ai pas besoin de toi pour faire ce genre de choses ! En plus ce ne serait vraiment pas malin de ma part de filer à un ennemi des armes pour venir me torturer à la pleine lune.

Ha quand même, elle était beaucoup plus futée que ça. Pourquoi filer des crocs et des griffes à quelqu’un ? Elle n’avait pas envie de se prendre un retour de bâton. Et puis même si elle était particulièrement rancunière, elle n’était pas cruelle au point de ruiner littéralement la vie de quelqu’un en le condamnant à une malédiction aussi contraignante.

- Oh et je ne cherche pas non plus à ce que tu me transformes, au cas où tu te poserais la question.

Ha sans façon. Quitte à ne pas dormir la nuit de pleine lune, elle préférait faire des choses utiles, pas cavaler à travers la forêt, se rouler dans la boue, ou courir après des lapins, oui des lapins pas des humains… En plus se procurer des potions, ça allait lui faire un trou dans son budget. En parlant de budget, Maxime ne semblait visiblement pas intéressée par l’argent, par rien en fait. Oh bah ça, elle n’avait pas trop l’habitude. Elle n’allait pas s’en plaindre, mais ça la surprenait. Maxime acceptait de l’aider sans contrepartie, et elle ne lui avait même pas encore expliqué de quoi il était question. Et bah dis donc, heureusement qu’elle ne venait pas lui demander de braquer Gringotts.

- D’accord, euh merci…

Oui la Rouge et Or n’avait encore rien fait, mais Adèle n’avait pas su quoi dire d’autres en voyant qu’elle acceptait de l’aider. Du coup, maintenant il fallait lui expliquer en quoi, elle risquait de lui être plus utile qu’une autre. Il fallait y aller par étape. Par exemple, ne pas sortir directement le dossier qu’elle avait réussi à constituer de son sac.

- J’ai besoin de ton aide pour retrouver quelqu’un, commença-t-elle, je suis à court d’idées et je pense qu’il me faut un autre regard.

Elle avait suivi toutes les pistes des Aurors du dossier, mais ça ne menait pas très loin et elle n’arrivait pas à tout recouper. Elle en était venue à se dire qu’il ne fallait plus penser comme les traqueurs, mais comme le traqué. Elle avait besoin d’un loup-garou, car elle n’en savait pas assez sur eux pour travailler sous cet angle.

- Il s’agit de mon père. Ça doit déjà faire une bonne dizaine d’années que je le cherche, alors je ne m’attends pas non plus à ce qu’on le retrouve en trois jours, mais si j’avais de nouvelles pistes, je serais déjà contente.

Voilà, si on pouvait lui montrer des choses auxquelles elle n’aurait pas pensé. Peut-être que les loups-garous avaient des cachettes secrètes, des relations, peut-être même qu’elle l’avait déjà croisé ?

- Ha et si j’ai besoin de tes compétences spécifiquement, c’est parce que c’est un loup-garou lui aussi. Je me disais, que peut-être, enfin c’est peut-être stupide, mais tu aurais des idées auxquelles je n’aurais pas pensé. Oh et aussi, est-ce que je peux compter sur ta discrétion ?

Elle ne voulait pas que la moitié de Poudlard apprenne pour ses recherches, qu’ils découvrent aussi que son père appartenait au monde des créatures et que par conséquent son sang n’était sans doute pas aussi pur qu’elle le laissait sous-entendre. Et puis personne n’avait besoin de savoir, c’était bon pour propager de nouvelles rumeurs absurdes ça.

Voilà elles étaient d’accord, inutile de mentir et d’inventer une fausse identité de loup-garou. S’il y avait bien un truc qu’elle détestait en plus, c’était le mensonge. Non vraiment, à l’approche des examens, ça ne l’éclatait pas du tout de se retrouver à planifier une vengeance contre la fille qui avait pour passion de se faire rosser par un arbre. Bref super elle avait la bonne personne devant elle, un loup-garou qui allait peut-être pouvoir l’aider à retrouver son père. Sauf qu’avant de pouvoir exposer sa demande, Maxime l’avertissait déjà qu’elle ne ferait de mal à personne, qu’elle ne serait pas une arme pour une vengeance. Et puis quoi encore ? Elle n’allait pas lui enlever son plaisir de faire payer aux gens leurs erreurs tout de même. Elle rassura donc la Rouge et Or sur ses intentions, enfin du moins l’espérait-elle. Pas de transformation non plus, non vraiment la fourrure une fois par mois, la potion qui n’avait pas l’air d’avoir un goût de fraise des bois, subir les débilités des autres, non merci.

- Oh pas besoin de me convaincre, je n’ai pas du tout envie de me rajouter des problèmes.

D’accord, elle n’était sans doute pas la personne la plus à plaindre, avait réussi à se sortir de ses problèmes de familles et d’argent, mais ce n’était pas une raison pour en rajouter une couche. Une vie tranquille c’était bien aussi. Maintenant qu’elles étaient au clair sur tout ça, il fallait lui expliquer pourquoi elle avait spécialement besoin d’un loup-garou. Elle cherchait son père loup-garou et elle avait besoin du point de vue d’un lycan pour explorer de nouvelles pistes. Elle ne lui demandait pas des résultats, juste de l’aider un peu à penser autrement. Elle n’exigerait pas de cette inconnue qu’elle lui retrouve son père en un claquement de doigts alors qu’elle-même n’y était jusqu’alors pas parvenue, voire même qu’une team d’Aurors était restée bredouille. Adèle resta un moment interloquée devant la réaction de Maxime après qu’elle lui eut demandé de rester discrète sur sa requête.

- Je n’ai pas honte, se défendit-elle, du moins pas de ce qu’il est, c’est compliqué…

Oh non ça ne l’était pas vraiment. Adèle voulait juste continuer à profiter de son nom et de la réputation qui allait avec. Elle pensait égoïstement à toutes les portes qui se fermeraient devant elle, si tout à coup les gens se rendaient compte qu’elle n’était pas sang-pur. Bien sûr, elle ne parlait pas de ses amis, mais des autres. Ne lui avait-on pas appris à soigner ses relations depuis sa plus tendre enfance ?

- Je n’ai pas honte de lui, je ne chercherais pas à le retrouver sinon.

Finalement, même si cette exigence n’avait pas l’air de la ravir, la brunette accepta de s’y plier. C’est surtout qu’il y avait autre chose qu’elle ne voulait pas que les gens apprennent. Le pourquoi son père avait disparu et Adèle savait qu’à un moment ou un autre elle devrait l’expliquer à la Gryffondor. D’ailleurs celle-ci lui expliquait déjà qu’elle avait besoin d’en savoir plus pour l’aider.

- Oui, il a été mordu à quatorze ans et a été recueilli par une meute directement, le clan de la lune de sang, précisa-t-elle en dégageant son col pour lui montrer son pendentif, c’est une meute française et ça c’est leur emblème. Peut-être que tu connais ?

Adèle avait presque eu l’occasion d’entrer en contact avec un membre de cette meute, manque de chance la jeune femme en question était décédée avant qu’elle n’ait pu lui poser la moindre question. Pire elle avait eu le droit au final de l’ouvrir pour récupérer son estomac, merci Fawley… Adèle ne savait pas où trouver cette meute, leur localisation restait secrète. Le loup-garou qui lui avait tout balancé avant de disparaître avait parlé des abords de la Loire et c’était tout. Bon mille kilomètres de fleuve ça ne l’avançait pas beaucoup et elle doutait que la meute ait élu domicile au château de Chambord grave la classe une meute de bourges en vrai :D. Lorsque Maxime lui parla d’effets personnels et d’odeur, Adèle fronça les sourcils déconcertée. Elle ne s’attendait pas vraiment à ce que la Rouge et Or lui parle d’utiliser son odorat en mode pistage. C’était tout de même très curieux comme méthode. Et puis elle n’avait rien lui appartenant, enfin si peut-être, mais les odeurs survivaient dans le temps ?

- Je n’ai rien de tout cela, enfin peut-être une lettre, mais elle est passée dans les mains de ma mère, de mon oncle probablement et aussi dans celles de ma cousine… et elle a plus de vingt ans. Je pense qu’il faut que je commence par le début pour que tu comprennes. Je ne connais pas mon père, je ne l’ai jamais rencontré. Je n’ai découvert son identité qu’à mon arrivée en Angleterre. Un type qui se prétendait loup m’a abordé pour me parler de mon pendentif et de ce qu’il représentait et puis il a disparu du jour au lendemain.

Elle fit une pause. C’est vrai qu’elle s’était un moment demandé si cet inconnu n’était pas un peu fou et si on ne lui avait pas fait une mauvaise blague.

- Je connaissais quelqu’un au ministère de la magie, un parent éloigné de ma famille, il m’a transmis un dossier avant d’être apparemment muté. Celui-ci confirmait plutôt bien le récit du loup.

Adèle jeta un œil à son sac sans oser en sortir ce qu’elle avait récolté comme informations. C’était peut-être idiot d’avoir peur d’être jugée par la fille sur laquelle tout un tas de rumeurs grotesques circulaient, non ? Sans doute parce que ce que son père avait fait n’était pas une invention. C’est vrai elle n’était pas responsable de ses actes, mais peut-être qu’on penserait qu’il était honteux qu’elle veuille retrouver un meurtrier ?

- J’ai besoin de toi pour avoir un point de vue de loup-garou. J’ai peut-être tort, mais peut-être qu’il y a des choses spécifiques que j’ignore, je ne sais pas un code d’honneur qui force les loups à s’entraider et du coup peut-être que tu en aurais entendu parler, ou bien des cachettes spécifiques, des refuges, je ne sais pas, on ne trouve pas grand-chose dans les livres en fait…

Elle regarda Maxime pour observer sa réaction. Si ça se trouve elle se plantait totalement et avait laissé son imagination un peu trop vagabonder sur les meutes de loups-garous.

Ce qui était compliqué, c’était l’histoire de son père. Pas le fait qu’il soit un loup-garou, non. c’est vrai qu’elle avait été surprise au début et puis finalement comme cela lui avait apporté quelques réponses sur elle-même, elle s’était faite à l’idée. Loup-garou, sorcier ou même moldu, elle s’attendait bien à ce que son père ne soit pas le gendre idéal selon les critères de son grand-père. Sinon pourquoi son identité serait restée à ce point secrète et que sa mère aurait menti sur la pureté de son sang ? Le fait est qu’il avait disparu et ça très vite elle s’était dit que ça n’augurait rien de positif. Pourtant même en ne se faisant pas d’illusions, apprendre la vérité avait été un véritable choc à tel point qu’elle avait abandonné ses recherches du jour au lendemain, jusqu’à cette fameuse lettre qui était venue remettre tout en question. Ce n’était pas une histoire dont elle pouvait se vanter. Elle avait même déjà eu beaucoup de mal à la raconter à sa meilleure amie. Alors forcément qu’elle ne se voyait pas expliquer comme ça naturellement à une fille qu’elle venait à peine de rencontrer. Enfin oui, il y avait toute cette identité qu’elle s’était construite vis à vis des autres et elle n’était pour l’instant pas prête à l’abandonner. La réplique de Maxime lui fit froncer les sourcils. Elle ne savait pas du tout pourquoi, elle avait besoin d’une potion tue-loup avec cette petite fantaisie – peut-être qu’elle était hypersensible de l’odorat ?- mais elle ne trouvait pas son problème bien compliqué.

- Oh ça ce n’est pas compliqué ! Répondit-elle, enfin pour faire la potion je ne sais pas, mais je connais quelqu’un très douée dans ce domaine et qui adore relever ce genre de défis ! Demande à Hestia Carrow, c’est mon amie, tu n’auras qu’à dire que tu viens de ma part.

Franchement, rien de bien compliqué pour Adèle de lui trouver une passionnée de potions. Certes ce n’était pas une célèbre potionniste avec des centaines d’articles de recherches publiés dans le monde, mais elle était vraiment douée et Adèle savait qu’elle adorait s’adonner à ce genre d’expérimentations. Voilà rien de compliqué et elle, elle pouvait commencer à apporter des informations. Elle lui montra son pendentif qu’elle avait toujours cru être un simple bijou de naissance. S’il y avait quelque chose à montrer, c’était bien le symbole de cette meute puisque c’était ainsi qu’ils s’identifiaient. Pourtant la Rouge et Or n’en avait jamais entendu parler. Peu importe, elle n’était pas venue chercher spécifiquement un loup-garou qui connaissait toutes les meutes de la planète.

- D’accord, c’est pas un problème, répondit-elle.

Ce qu’elle venait chercher c’était un point de vue de loup-garou, si elle avait des connaissances en plus, c’était encore mieux. Par contre côté méthodologie, le flair de louve ça prenait un peu Adèle au dépourvu. En plus malheureusement pour elle, la blonde n’avait pas vraiment quoi que ce soit en sa possession qui lui ait appartenu et surtout même si elle avait eu quelque chose, ce serait terriblement vieux. Vu la tête qu’elle tirait, il fallait donc qu’elle lui explique que la disparition de son père était loin d’être récente. Il ne manquerait plus que ça que du coup, elle n’ait plus envie de l’aider. Elle lui expliqua aussi ce qu’elle attendait d’elle. Cela restait flou bien sûr, mais elle en était au point mort, alors elle suivait un peu cette idée qu’un loup saurait peut-être mieux qu’elle.

Bon il n’y avait pas de code d’honneur entre loups-garous. Voilà qui n’allait pas arranger son enquête. Elle ne semblait pas beaucoup informée non plus sur des éventuels repaires secrets de lycans et pour le coup c’est Adèle qui commença à avoir du mal à cacher sa déception. Sans compter que de ce qu’elle comprenait la louve n’avait pas fréquenté beaucoup d’autres loups. Elle chassa son désappointement lorsque Maxime se reprit pour expliquer qu’elle faisait partie d’une grande meute maintenant et qu’ils pourraient peut-être l’aider. Bon tout n’était peut-être pas perdu alors !

- D’accord, c’est super! Répondit-elle alors.

Bon par contre, elle n’était pas encore à se dire qu’il fallait organiser un voyage en France. Déjà parce que sans localisation précise, elles ne seraient pas bien avancées et il était hors de question de randonner pendant elle ne savait combien de kilomètres pour trouver un camp de huttes ! non on a dit des châteaaaaaaux ! Cela dit, le fait qu’elle soit prête à l’accompagner l’intéressait beaucoup. C’était plutôt pas mal de partir à la rencontre d’une meute avec un loup-garou avec soi. Maxime lui demanda d’autres précisions sur son père et Adèle se figea. Oui bien sûr que tout ce qu’elle avait donné jusqu’à présent ce n’était pas assez pour qu’elle enquête. Et évidemment qu’elle ne pouvait pas se contenter de dire qu’apparemment sa mère trouvait qu’elle lui ressemblait. Elle jeta de nouveau un œil à son sac avant de chercher où s’asseoir. Le bord de la fontaine ? Oui allez, elle n’allait pas se noyer dans trois litres d’eau même si elle tombait dedans par hasard. Elle ouvrit son sac et en sortit son dossier. Elle soupira et ouvrit la première page pour en décrocher la petite photo qu’il y avait de son père.

- Il a vieilli depuis cette photo, mais je n’aurais pas mieux, dit-elle en la lui tendant, est-ce que tu pourras faire attention ?  C’est la seule que j’ai, enfin non, mais celle de l’article ne le met pas beaucoup en valeur.

Ha ça, pas du tout même. Elle était sinistre. Adèle fixa son dossier, avant d’inviter Maxime à s’asseoir à côté d’elle. Si elle enquêtait pour elle, il fallait qu’elle l’apprenne de sa bouche. Parce que forcément que si elle découvrait quelque chose, elle n’allait pas revenir ravie qu’Adèle lui ait caché des informations aussi sensibles. Et puis Maxime avait besoin d'être au même point qu'elle pour ne pas perdre de temps.  

- Mon père a fait quelque chose de terrible. Il y a plus de vingt ans, il n’a pas pris sa potion et il a…

Mais elle ne finit pas sa phrase et tendit la coupure de journal à la Gryffondor.

Édition française de la Gazette du sorcier du 27 août 1999:

Elle ne lui laissa pas vraiment le temps d’assimiler tout, et enchaîna immédiatement :

- Mais ce n’est pas de sa faute, enfin je veux dire, je ne sais pas ce qui s’est passé exactement, mais il n’est pas fou et je ne crois pas qu’il soit totalement responsable de ce qu’il a fait, à cause de cette lettre.

Lettre:

Et elle tendit à nouveau un parchemin à la jeune femme, scrutant minutieusement sa réaction. Évidemment, elle pouvait toujours changer d’avis et ne plus vouloir l’aider, mais il faudrait qu’elle promette de ne rien dire. Jamais.

Finalement, Adèle était ravie de pouvoir aider Maxime. Même si celle-ci lui avait dit qu’elle ne voulait rien de particulier en échange de sa demande, elle trouvait ça normal de pouvoir lui rendre un service. Bien que ce service ne vaudrait peut-être pas les informations que la Gryffondor pourrait lui apporter. Elle savait qu’Hestia aimerait ce genre de défi et qu’elle accepterait lorsque la Française lui expliquerait que Maxime l’aidait pour son père. Enfin, si elle pouvait l’aider… Adèle s’était peut-être trop emballée en se disant que le premier loup-garou sur lequel elle tomberait ferait l’affaire. Maxime n’était pas une spécialiste de l’histoire des lycans, c’était à peu près ce qu’elle lui disait là, mais apparemment elle en connaissait peut-être, parce qu’elle faisait partie d’une meute. De toute façon la Verte et Argent ne s’attendait pas non plus à ce que la jeune femme revienne dans une semaine avec les coordonnées géographiques exactes de l’endroit où se trouvait son père. Ça prendrait le temps qu’il faudrait, même si elle devait encore attendre une dizaine d’années supplémentaires, ce n’était pas grave. En attendant, Maxime lui demandait plus d’informations et la Française se résigna à déballer un peu plus de son histoire.

Une photo d’abord qu’elle donna à Maxime lui demandant d’en prendre soin. C’était la seule image qu’elle avait de lui, et depuis qu’elle avait accepté la vérité sur son père, depuis qu’elle avait aussi en tête que la vérité n’était pas complète et qu’il n’était peut-être pas le meurtrier que tout le monde pensait, elle avait de nouveau rêvassé en contemplant cette photo, imaginant son père idéal. Enfin elle tenta d’expliquer ce qui s’était passé il y a plus de vingt ans, mais finit par tendre l’article. Cette article, elle l’avait relu plusieurs fois. Bien sûr le meurtre était terrible et elle n’osait imaginer ce qu’il était advenu de l’enfant et comment il pouvait vivre avec l’idée qu’on avait tué ses parents. Par contre elle ne croyait pas du tout à la thèse du psychomage… Son père avait fait une erreur, il disait qu’il avait été piégé, alors Adèle ne pouvait pas croire que c’était un dangereux psychopathe qui assassinait des familles par plaisir. La Française avait enchaîné trop vite, comme pour empêcher la Gryffondor de fuir à la première lecture de l’article. Elle ne l’interrompit plus, attendant qu’elle finisse sa lecture. Heureusement la Rouge et Or n’avait visiblement pas l’intention de prendre la poudre d’escampette. Elle avait sans doute déjà vu d’autres histoires sinistres, d’ailleurs comment était-elle devenue louve ? Ça n’était peut-être pas une belle histoire non plus.

- Non, ils ne l’ont jamais attrapé, mais ils l’ont pisté à plusieurs endroits en Europe apparemment, et je crois qu’il n’a jamais fait d’autres victimes… Enfin d’après ce dossier qui retrace le travail des Aurors sur le coup, en tout cas.

Elle espérait en effet que ce soit le seul accident de parcours dans la vie de son père. Elle voulait encore se raccrocher à l’idée d’un père idéal. Elle observa Maxime qui lisait la correspondance de ses parents sans parvenir à deviner ce qu’elle pouvait penser en cet instant. Une sacrée histoire de famille lui dit-elle ? Ha ça, c’était le moins que l’on puisse dire. Une histoire comme ça d’après elle, n’était pas passée inaperçue et la meute aurait sans doute des informations. Adèle la regarda sans comprendre lorsqu’elle lui demanda si elle avait peur. Comment ça ? Elle développa et Adèle resta muette en réalisant ce qu’elle disait. Étrangement, jusqu’à présent son cerveau avait réussi à faire l’impasse sur ce détail. Elle avait toujours cru que si sa mère n’avait jamais voulu lui dire qui était son père, c’était pour la protéger de son grand-père. Et si… Si en fait, elle cherchait à la protéger d’un plus grand danger ? Pourtant Adèle en était persuadée, on ne protégeait pas les gens en leur mentant.

- J’ai longtemps essayé de passer à autre chose, surtout quand j’ai eu cet article en main, mais je n’y arrive pas… J’ai besoin de comprendre d’où je viens, je veux savoir ce qui s’est vraiment passé. Je crois que si je ne le fais pas, je le regretterais toute ma vie…

Elle voulait le voir et lui parler, elle voulait entendre la vérité de sa bouche. Elle rêvait aussi qu’il la prenne dans ses bras, qu’il lui dise qu’elle était importante pour lui. Elle voulait un père, mais elle était aussi consciente aussi qu’il pourrait ne pas vouloir d’elle après tout ce temps. Au moins elle n’aurait pas de regret de ne pas avoir essayer. Quant au danger ? Elle ne savait même pas qui pouvaient être ces fameux ennemis. D’autres loups-garous ?

- Je ne sais même pas qui pourraient être ses ennemis… Si tu ne dis pas que ça vient de moi, alors je ne risque pas grand-chose, si ?

Puisque le secret de son père avait été longtemps gardé, alors on ne savait pas qui elle était pour lui. Enfin pour le moment, mais comme elle ne criait pas sur tous les toits qui était son père, et qu’elle s’arrangeait bien pour n’en parler qu’au minimum de personne possible, il n’y avait pas de raison qu’elle se fasse trucider dans son sommeil, surtout à Poudlard.

- Maxime, lâcha-t-elle alors soudain moins sûre d’elle, je réalise qu’en acceptant de m’aider c’est toi qui va prendre des risques pour moi, tu es sûre de vouloir le faire ?

Même si la jeune femme avait un certain enthousiasme à vouloir enquêter pour elle, Adèle ne voulait pas qu’elle se mette en danger. Enfin si danger il y avait toujours…

- Après cette lettre a plus de vingt ans, peut-être que le danger est écarté depuis ?

Oui c’était beau de rêver. Surtout que son père n’était plus considéré comme recherché puisque les faits étaient prescrits, alors il devait forcément y avoir une raison qui faisait qu’il se planquait toujours… Ou alors, il n’avait pas encore réalisé qu’il n’avait plus besoin d’être en cavale voilà tout…