Leah était en train de chantonner tandis qu’elle nettoyait quelques tables du London bar afin que d’autres clients puissent venir s’y installer. L’après-midi était calme, faut dire qu’en générale ce n’était pas le moment de la journée où il y avait le plus de monde non plus. Son patron était en déplacement et comme souvent dans ces moment-là, il lui laissait plus ou moins les rennes du bar. Pas parce qu’elle était plus apte à diriger, Leah n’était pas une meneuse née loin de là. Mais simplement parce qu’elle travaillait dans ce bar depuis ses seize ans, même si au début ce n’était que pour se produire, elle n’a été employée qu’à sa majorité bien entendu. Mais du coup elle connaissait bien les lieux, elle connaissait bien les habitudes de son patron et evidemment ce dernier avait une grande confiance envers la jeune femme. Une fois la dernière table nettoyer, elle ramenait son plateau au bar et allait chercher le balai dans la salle à l’arrière du bar, là où se trouvait aussi leurs affaires en générale et les réserves. Elle était en train de passer ce dernier lorsqu’elle la sentie entrer… Une émotion si forte qu’elle se la prenait de plein fouet et qu’elle dû prendre sur elle pour arriver à se relever sans montrer le moindre trouble. Il y avait un mélange de désir de vengeance, d’une peine si profonde que Leah en eu les larmes aux yeux dans la seconde et un vide… Un vide tellement énorme qu’il lui faisait penser à ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle avait perdu Charlie mais en plus puissant. Alors que son regard semblait chercher cette personne qui venait certainement de rentrer dans le bar et lui envoyait sans même le savoir ce genre d’émotion en plein dans le visage, elle entendit sa voix sans le voir en réalité ce qui donnait l’impression qu’elle mettait quelques secondes à réagir à son interlocuteur… D’ailleurs avant de répondre quoique ce soit, les prunelles azure de la jeune femme se posèrent sur l’homme et elle eut du mal à reprendre sa respiration tant ses émotions s’emparaient d’elle, sentant ses yeux la brûler tant elle n’était pas loin de pleurer.

« Euh… Oui. » Répondait-elle un peu perdu avant de se reprendre. « Oui oui pardon nous sommes bien ouverts ! » Reprenait-elle en offrant autant qu’elle le pouvait un sourire amical à l’homme en face d’elle ne pouvant s’empêcher de se demander ce qu’il avait pu vivre pour ressentir de telles émotions aussi intenses… « Vous voulez vous installer ? » Proposait-elle alors avant qu’il ne reprenne la parole pour expliquer qu’il avait vu l’affiche sur la devanture bar. Une collègue était partie, il fallait à présent la remplacer. C’était comme ça, les gens allaient et venait. Il reprenait avant que la jeune femme n’est le temps de dire quoique ce soit. « Oh bien sûr, le patron est absent, mais laissez-moi votre CV je le lui transmettrais sans problème. » Répondait-elle en se montrant serviable comme elle en avait l’habitude. Ne pouvant s’empêcher de détailler l’homme devant elle, elle ne mettait pas longtemps à comprendre qu’il ne venait pas d’ici. « Vous êtes américain ? » Demandait-elle alors plus pour faire la conversation qu’autre chose avant de le détailler un peu plus. Ne vous méprenez pas, Leah n’était pas en train de le mâter ce n’était pas son genre, elle était juste beaucoup trop intriguée, il avait quelque chose chez lui qui lui parlait, tout en commençant par ces puissantes émotions qui ne cessaient de l’entourer et qu’elle s’efforçait d’ignorer du mieux qu’elle pouvait.

« Vous avez de l’expérience ? » Demandait-elle finalement, se mordant un instant la lèvre songeuse. « Pardonnez-moi, je vous demande cela parce qu’au premier coup d’œil, vous n’avez pas vraiment le profil du barman. » Glissait-elle alors sur le ton de la plaisanterie, oh elle ne voulait surtout pas qu’il le prenne mal, elle ne se permettrait pas de le juger et en même temps elle ne pouvait s’empêcher que si elle devait subir tous les jours son désir de vengeance et sa profonde tristesse mêlée à la haine d’Alexander, elle allait avoir de plus en plus de mal à ignorer autant d’émotions aussi négative et cela allait rendre son propre travaille beaucoup plus ardu… Malheureusement, ses collègues ne pouvaient pas savoir ce qu’elle subissait en permanence et ne pourrait de toute façon, sans doute rien y faire…