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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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[Terminé] Sans notion de raison - William Ombrage :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Mar 1 Déc - 20:07

Été 2017 - Manchester

Cachée là, j'attendais. Je contemplais. Suspense montant, graduellement, faisant battre mon cœur de plus en plus frénétiquement. Rocher pour armure, appliquée à être contre le vent, toute barbouillée de terre et d'herbe, je savais masquer mon odeur avec soin. Des années que je pratiquais ainsi, que mes approches étaient douces et patientes. Patience, oui, c'est le maitre mot lorsque l'observation de la bête en face est de mise.
D'autres préféraient la manière forte. Enchaîner, battre, torturer, pour plier à leurs volontés cet esprit de feu et de fer. Moi, je l'appréciais au naturel, en liberté, là où il n'y a aucune contrainte, là où tout est vrai, spontané. Tendance à ne pas être attentive au temps qui passe, j'étais l'un de ces professeurs qui arrivaient régulièrement en retard, trop plongée dans mon travail, trop réfugiée dans ce monde qui m'allait mieux que le réel. Aujourd'hui, je pouvais me permettre d'oublier, je n'avais pas d'enseignement à donner.

La bête, impressionnante et majestueuse, s'imposa devant son homologue. Les regards se croisent, et je vois les muscles se tendre, les corps se figer, les babines se retrousser. Le temps ralentit, puis s'arrête. Le chant des oiseaux disparaît, l'eau de la rivière cesse de couler, le monde cessait de tourner. Une fraction de seconde, un instant.
Le battement d'aile d'un papillon.
Un frémissement. Comme un frisson à l'intérieur de mon échine, et mon sujet d'observation se contente d'un rugissement tonitruant avant de faire volte-face à son double et s'envoler.
J'ignore si c'est une véritable déception, ou si c'est simplement l'adrénaline qui chute instantanément dans mes veines, mais mes épaules s'affaissent et je retombe assise sur mes fesses dans un soupir silencieux. Tout ce temps d'attente. Pour rien.
Battement de cils nerveux, je fronce les sourcils en me redressant pour m'éclipser à pas de loup. C'est qu'il ne faut pas éveiller les soupçons de ma venue, je ne suis pas encore seule.
Faufilée, prudente, comme une ombre, je regagne mon cercle de protection soigneusement tracé dans un périmètre juste assez grand pour y poser ma tente.

Ce n'est qu'une fois à l'abri que je me passe l'avant-bras sur le visage pour en retirer grossièrement la crasse, cette dernière s'étant alors agrippée à ma manche. Pull en coton vert aux couleurs du lieu où je me trouvais, il était préférable d'arborer une tenue de camouflage. Sur la table j'attrapais mon journal pour l'ouvrir et saisir le stylo coincé entre les pages si souvent, que le cœur de l'ouvrage était légèrement bombé.
C'est en secouant la tête, un peu par dépit, que je notais mon observation :
"Le sujet 20 est juste con".

J'aurais pu développer davantage si je n'avais pas été interrompue par le battement d'ailes presque imperceptible de Gérard qui vint se poser sur mon épaule. Une missive accrochée à la serre, je la fixais d'abord avec une pointe de dégoût. Qui ose venir me déranger pendant mon jour de repos purée ? Puis, le sens du devoir reprend bien vite le dessus.
Saisir.
Ouvrir.
Lire.

- Merde.

Ni plus ni moins. Ce que je venais d'apprendre se passait de tout autre commentaire. Sans prendre le temps de me changer, donc toujours recouverte de crasse, traces brunes, noires et verdâtre suspectes sur tout le corps, je me précipitais pour saisir mon sac à dos. Baguette magique en main, je transplanais sur le lieu mentionné.
Je détestais la ville, dois-je véritablement le préciser ? Trop de monde, trop d'empressement, trop de stress, trop de bousculade. Trop de trop, et pas assez de pas assez. Ces endroits tant coupés de la nature m'empêchaient presque de respirer. Toutefois, il m'arrivait de faire des exceptions pour venir en ces lieux. Violence envers moi-même, petite sorcière aux airs fragiles, enfant qui a oublié de grandir.
Non sans mal, je déambulais parmi les moldus aussi bien effarés qu'effrayés. Figés par l'incongru que leurs yeux ébahis étaient en train de voir. Il fallait agir vite avant que les défenseurs moldus, les Blood Circles ramènent leurs fraises (oui je reste polie avec ces gens).
Petite tigresse discrète, je m'avançais d'un groupe de sorcier qui essayait tant bien que mal de maitriser le Magyars à Pointes à grands coups de sortilèges. Sans compter que cela m'horripilait au plus haut point, je les entendais en plus prononcer des inepties inacceptables.

- Saleté de Norvégien à crête !!

Petite, mais téméraire, j'attrapais le poignet de l'homme qui venait de parler en lui levant sa baguette. Surpris par mon approche silencieuse et mon intervention, il dû s'exécuter avant de bien vite reprendre le contrôle et récupérer son son bras. Je lui coupais la parole avant qu'il ne vocifère quoique ce soit. Voix d'enfant venue d'ailleurs, les sourcils froncés, je ne le regardais même plus. Il n'avait aucune importance. Le dragon, oui.

- C'est un Magyar à Pointes. Et cessez immédiatement de le blesser plus qu'il ne l'est déjà !

Abasourdis, les quelques sorciers présents hésitèrent avant de s'exécuter. Je les comprenais. À leur place, j'aurais aussi du mal à obéir à une sorcière menue et crasseuse qui surgit de nulle part. Pourtant, c'était bien mes services qu'on était venu chercher pour contrôler ce dragon qui venait de s'enfuir de la banque dont il devait sûrement protéger les coffres.
Animal blessé, presque mourant, particulièrement en colère, c'était dans ces moments qu'ils étaient les plus dangereux, d'autant plus les Magyar. Loin d'être idiote, je savais que je n'allais pas pouvoir maitriser cet animal seule, j'avais besoin du groupe coordonné. Ils suivirent mes instructions non sans que je doive me justifier auprès des plus consternés qui semblaient penser que j'étais sortie tout droit d'une boite de chocogrenouille.

Une fois endormi, anesthésié, je déposais mes doigts fins sur sa chaude anatomie. La rage me rongeait les entrailles. Expérience des dragons qui n'était plus à prouver, je contemplais les dégâts sur sa chair à tel point que ma vue s'embruma des larmes qui montaient. Plaies nombreuses sur tout le corps, certaines bien plus profondes que d'autres. Abondantes écailles manquantes. Dents cassées et aiguisées tant et si bien que ses gencives saignaient, sans doute pour le rendre davantage dangereux et dissuasif. Quelques griffes arrachées, comme des trophées ramassés, signe de torture. Yeux pâles qui ont perdu toute notion de raison, presque aveugle. Ailes trouées, empêchant ainsi le magnifique animal de prendre son envol.
J'avais l'explication de sa venue dans les rues. Il n'avait aucun autre moyen que de marcher. Plaqué au sol, il était ainsi condamné s'il devait retourner à l'état sauvage.

Esclave

Assommée par la santé du dragon, je ne me préoccupais plus de ce qui se déroulait dans mon dos, et je ne fis guère attention à ceux qui m'approchaient.


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[Terminé] Sans notion de raison - William Ombrage CBY7jAc
[Terminé] Sans notion de raison - William Ombrage Banniz10

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Jeu 3 Déc - 23:53

Dans le métier d’oubliator, il y avait souvent des actions faites sur le terrain. Nettoyage de mémoires de moldus, invention de souvenirs crédibles, facilitation de disparition de preuves...
Mais depuis quelques mois, avec la révélation du secret magique à une poignée de moldus, la profession avait pris un tournant décisif. Nous savions que certains moldus connaissaient l'existence de notre monde, mais il ne fallait pas que cela s'étende, que cette connaissance reste restreinte était primordial. Le Blood Circle avait surgi de nulle part et leurs forces avaient déjà eu l’occasion de causer quelques dégâts. Pour l’instant, la population sorcière ne savait pas grand-chose, le Ministre nous demandait de veiller à ce que rien ne fuite et à ce que le monde sorcier n’ait aucune raison de paniquer. Une stratégie compréhensible, compte tenu des événements, mais cela relevait tout de même d’un mensonge servi à la population sorcière et, rien que pour cela, je savais que le Ministre allait perdre en popularité, ce n’était qu’une question de temps. Il se tirait un maléfice dans le pied à faire le choix du silence comme ça. Mais je supposais qu’il devait savoir ce qu’il faisait et qu’il avait dû mesurer les risques, ainsi que le pour et le contre avant de choisir d’aller dans ce sens.

Cette fois, donc, c’était dans cette idée de préserver le secret magique, à nouveau, que je devais me rendre avec deux stagiaires, qui étaient encore en formation, sur le terrain, à Manchester. Une histoire assez habituelle, en fait, un dragon lâché dans le monde moldu... un grand classique.
La procédure était assez simple. L’ordre de mission indiquait que nous devions maintenir la foule, la contenir à distance du dragon, en attendant l’arrivée de la spécialiste mandatée par le Ministère.
C’était la routine, pour moi, ce genre de chose, à ceci près que le dragon était, selon la rumeur qui avait circulé dans les couloirs du Ministère, le dragon qui servait de gardien des coffres dans la salle souterraine de Gringott’s. Mais les rumeurs étaient parfois plus fausses que vraies et nous n'avions aucune preuve que c'était bien cet animal. D'ailleurs, vu son état... comment se serait-il déplacé jusqu'ici ? à moins d'avoir été "aidé" ? En soi, cela ne me regardait pas vraiment. Avec le temps, j’avais appris à ne pas me mêler de ce qui ne me concernait pas.

Mes stagiaires et moi avions donc transplané jusque Manchester, pour pouvoir nous rendre ensuite, à pieds, jusqu’à l’endroit où le dragon était localisé. Près d’un stade dont les moldus faisaient usage pour pratiquer l’un de leurs sports favoris, une sorte de quidditch sans balai, sans cognards, sans souafle et sans vif d’or, mais avec des moldus en short qui couraient sur de l’herbe derrière un ballon rond, qu’ils devaient envoyer dans une sorte de grand rectangle métallique. Je n’étais pas un adepte de ce genre de trucs, alors, forcément, je ne voyais pas vraiment d’intérêt à ce sport. Pour ma part, j’étais plutôt axé sport de combat, sans en être un immense adepte.
Bruma et Flavius, mes stagiaires, en étaient à leur deuxième vraie mission de terrain. Toujours sous ma tutelle. Je n’avais jamais rechigné à former des apprentis, que ce soit pour le métier ou pour la Cause, d’ailleurs. Les jeunes constituaient l’avenir, après tout, et je me voyais mal faire des airs pour refuser d’enseigner ce que je savais.

La situation n’étant pas plus compliquée que de coutume, il n’y avait pas de raison de changer le protocole. Je devais vérifier que tout était respecté, au pied de la lettre. On ne laissait absolument rien au hasard dans ce genre de situation de crise. Il était hors de question de risquer le moindre petit écart de conduite qui aurait pu mettre la puce à l’oreille des moldus.
Pour la procédure, ce n’était pas très compliqué. Maintenir des moldus à distance, c’était facile, il suffisait de faire apparaître leurs espèces de banderole jaune et noire pour empêcher le passage et généralement, les moldus étaient arrêtés par cela. Ensuite, au niveau du discours à leur tenir pour justifier tout ce qui se passait, le plus simple en termes d’excuses que nous utilisions, c’était de prétexter qu’ils se trouvaient sur le lieu d’un « tournage » pour un « film fantastique ». Cela faisait son petit effet et les moldus s’éloignaient facilement, souvent en étant plutôt contents d’avoir été là à ce moment. Cela demandait aussi, évidemment, de concentrer le sortilège d’amnésie sur la foule, ce qui n’était pas toujours le plus évident.

La brigade d’intervention magique qui était présente sur les lieux, composée de sorciers de terrain, plutôt musclés et terre-à-terre, avait le contrôle de la situation. D’après eux, en tout cas. Mais dans les faits, il n'était pas impossible que tout cela ne suffise pas. Et le fait que le dragon ne soit pas un spécimen sauvage jouait aussi. Un dragon domestique, cela devait se préserver encore plus précautionneusement.
Ces gars-là n’étaient pas les plus futés ni les plus cultivés. Généralement, il s’agissait là surtout de gros bras, mais il ne fallait pas leur parler d’arithmancie ou de runes.
Bruma et Flavius sur mes talons, j’avançais à travers la foule pour entendre bientôt une voix féminine corriger une mauvaise analyse de la situation avant d’ordonner à la brigade d’intervetion magique de faire cesser instamment les mauvais traitements que subissait la créature. Un simple coup d’œil au dragon aurait dû suffire à n’importe qui pour identifier l’un des plus dangereux reptiles de notre montre !
J’eus une sorte de petit sourire. En réalité, j’étais d’accord avec cette jeune femme. Il ne servait à rien de violenter l’animal, il devait d’ailleurs être plus effrayé que certaines des personnes présentes, car pour un magyar à pointes, rester aussi calme n’était pas vraiment quelque chose d’habituel. Mais le petit bout de femme qui avait remis à leur place les gorilles de la brigade semblait gérer à la perfection la situation. Le genre de contexte qui donnait tout son sens à des phrases affirmant que ce n’était pas la taille qui comptait. Mais je me gardais bien de faire état de cette pensée à voix haute. Avec mes stagiaires, nous approchâmes de la sorcière et de l’animal, une fois ce dernier entièrement sous contrôle. « Impressionnant… » Je regardais l’animal. Ma fille adorait les créatures, depuis toujours, et elle avait longtemps aimé les dragons. Ce fut la passion de Septima pour les animaux qui me fit poser les yeux sur une mâchoire de grande taille, mais qui, somme toute, me serrait le cœur plus qu’autre chose.
Ma fille aurait sans doute crié au scandale, face à pareil tableau. « Vous pourrez le soigner ? »

Je n’avais pas la moindre idée de ce qui pouvait être nécessaire comme soins pour une telle bête, mais si je pouvais rentrer au manoir ce soir en disant à ma fille que le dragon neutralisé était vivant et en bonne santé, cela me ferait bien plus plaisir que le contraire.
Je voyais bien que l’animal souffrait. Il était abîmé, sans doute avait-il des blessures plus profondes, peut-être des réminiscences qui lui nuisaient… Mais on ne peut pas être un magyar à pointes et être sensible. C’était incohérent aux yeux du monde.

« Mes partenaires vont commencer à oublietter la foule. Avez-vous besoin d’aide ? » Oublietter les témoins, certes, mais il n’était pas nécessaire d’être tout le temps à trois pour parvenir à un bon résultat. Et puis, entre nous, il était agréable de voir mes stagiaires entrer en action.

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Abigail MacFusty
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Sam 5 Déc - 21:13
S'il y avait bien quelque chose que je ne supportais pas dans ce monde, c'était l'esclavagisme. Produit pur et dur de la guerre, mais aussi de la mésentente entre deux univers, deux religions, deux cultures, deux races. Voilà pourquoi j'abhorrais à ce point la violence, car elle ne faisait qu'engendrer la violence. Il y a un cercle vicieux malsain à faire du mal à autrui, qu'importe qui ou quoi. Le sentiment de haine est si puissant et si fort qu'il fait perdre la raison, la peur également en est une pièce maitresse. Tout ceci évidemment va de pair, avec, pour couronner le tout, le fait que la race humaine se sente à ce point obligée de dominer toutes les autres espèces, la sienne comprise par ailleurs. Elle est si risible qu'elle en vient à dominer toute race, de n'importe quelles façons qui soient, au risque de supprimer l'équilibre de son propre monde. Scier la branche sur laquelle elle est assise. À chaque fois que je suis au-devant d'une telle scène, j'ai honte.

J'ai honte d'être humaine. J'ai honte de ce que mes confrères humanoïdes peuvent faire, jusqu'à où ils peuvent en arriver pour obtenir ce qu'ils veulent. L'envie presque irrésistible de me transformer en animal, de fuir, de courir loin et vite, jusqu'à en perdre haleine, me monte à la tête. L'animagie pour moi aujourd'hui, c'est une seconde forme de vie, c'est être ce que je ne suis pas, c'est être ce que je ne peux pas être totalement. C'est appartenir à facette de ce monde qui n'a pas voulu de moi à ma naissance, tout le moins, pas sous la bonne forme.

Là, devant ce Magyar à Pointes à la respiration profonde et rauque, difficile et plaignante, je sens les larmes me monter aux yeux. Des larmes de honte, de rage, d'incompréhension. La magie sait faire toute sorte de choses, merveilleuses, mais également terribles. Plier à sa volonté de cette manière un être aussi noble et parfait que le dragon m'arrachait le cœur. Je le sentais broyé, serré dans un étau dont je ne pouvais me défaire pour l'instant. Sans nul doute me faudra-t-il plusieurs jours pour me remettre du sort qu'a enduré l'animal depuis, sûrement, sa plus tendre enfance.

Car mes yeux d'experte le voyaient très bien, ce que les autres autour de moi ne pouvaient pas voir : son âge approximatif. Même si le corps de la créature était particulièrement abîmé, il y avait des signes qui ne trompaient pas. Le nombre de dents, la forme de la petite pointe au-dessus de son nez, le nombre d'épines qui formaient sa collerette et les bosses, démontrant celles qui allaient bientôt percer. Il y avait aussi les écailles, la courbure si particulière qu'elles avaient. Tout en prenant compte les divers mauvais traitements et la malnutrition, tout ceci m'indiquait que le spécimen était à peine adulte. Un très jeune dragon qui n'avait sans doute jamais été habitué à l'air pur, à la lumière du soleil qui revigore ses écailles, à la nourriture et l'eau fraiche, à la caresse du vent dans ses naseaux.

J'aurais pu fulminer de rage, j'aurais pu hurler, pourtant je ne le faisais pas. Je gardais bien tout à l'intérieur de moi, petite cocotte-minute. Néanmoins, la voix qui s'éleva dans mon dos me fit tressaillir.
À être trop plongée dans mes pensées, j'en avais presque oublié l'endroit où je me trouvais.
Alors, c'est d'un rapide coup d'œil par-dessus mon épaule que je regardais le sorcier qui se tenait à côté de moi et qui admirait l'animal, non pas d'un œil malsain ou apeuré comme beaucoup de sorciers pouvaient l'être. Non, lui, il semblait davantage admiratif. Je ne cherchais pas à savoir pourquoi sur le moment, cette simple constatation me suffisait pour lui répondre d'une voix enrouée par la tristesse.

- Je vais faire le maximum… mais cet animal est sévèrement touché, il a besoin de traitements sur le long terme… Je secouais lentement la tête de droite à gauche, à nouveau désapprobatrice de la situation avant de pousser un soupir si fort que mes épaules s'en relâchèrent totalement et s'affaissèrent. Je ne peux décemment pas me résoudre à le rendre à la banque, il doit être pris en charge dans une réserve appropriée…

Mais je n'étais pas du ministère, ce n'était pas moi qui pouvais décider de ce genre de chose. En revanche, mon expertise avait été demandée, et je savais que mon rapport pouvait peser dans la balance.
Tranquillement, je me relevais, montrant au sorcier qui était venu m'aborder, ma véritable petite taille. Du haut de mon mètre cinquante, je fixais le Magyar à Pointes, les sourcils froncés, apparemment en pleine réflexion. Aucun sorcier digne de ce nom et avec un tant soit peu de bon sens ne laisserait ce dragon retourné d'où il venait. Qui plus est, je doutais fortement que les gobelins qui l'avaient enfermé l'aient acheté en bonne et due forme. Sûrement une victime d'un trafic.

Ainsi à fixer le dragon, je n'avais absolument pas l'air d'avoir entendu la question de l'homme, pourtant, elle ne m'avait en rien échappée. Simplement, je réfléchissais à toute allure. Après un long instant de silence, je tournais mes prunelles sombres dans sa direction pour le regarder, droit dans les yeux. Je travaillais, ma timidité était partie au placard, la situation était bien trop grave, ce dragon était désormais sous ma responsabilité. Fouillant dans ma besace, je sortais une fiole d'un liquide vert émeraude, très captivant pour l'œil.

- Sans vous demander de négliger votre travail, vous est-il possible d'appliquer ce liquide sur les plaies qui saignent s'il vous plait ? Je vais m'occuper de le positionner convenablement pour le chargement afin de l'évacuer. Plus vite on fera les choses, mieux ce sera. Après avoir donné la fiole à mon compatriote, je me dirigeais vers une patte arrière pour la regarder et m'assurer qu'il n'y ait pas de fracture. En jetant un nouveau coup d'œil à l'homme, je reprenais d'une voix à présent plus calme, davantage maitrisée et professionnelle. Savez-vous si le département de contrôle et de régulation des créatures magiques est en route ? J'avais besoin de leur dire deux mots…


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Anonymous
Invité
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Mer 9 Déc - 0:59
Manifestement, l’animal était bien plus mal en point que ce que j’avais pu penser au premier abord. C’était vraisemblablement un œil acéré que celui de cette jeune femme, à moins que ce ne soit moi qui eusse tendance à être tellement impressionné par la taille de cet animal majestueux que je n’en voyais pas les détails tragiques et, parfois, sanguinolents ?
Quand la jeune femme parla de traitement sur le long terme, je ne pus m’empêcher de ressentir quelque chose. Un être aussi noble et grand qu’un dragon... le voir dans un tel état de faiblesse... j’étais loin d’être un spécialiste ès créatures magiques. Je n’avais que les notions de base dans ce domaine, pas par désintérêt, mais parce que, à l’époque, lors du choix des options, que ce fût à Durmstrang ou un peu plus tard à Poudlard, j’avais dû choisir autre chose, qui, sur le moment, m’avait semblé plus pertinent et plus utile que le cours de soins aux créatures magiques. Mais, depuis que j’étais papa d’une fille qui adorait les créatures, j’avais été un peu obligé de m’intéresser à toutes sortes de bestioles. Entre les dragons impressionnants, les boursoufs tout mignons, les fléreurs et autres crabes de feu, il me semblait que Septima avait voulu vraiment développer un savoir encyclopédique sur absolument toutes les espèces de créatures qui existaient. Si elle avait pu rencontrer Newt Scamander, j’étais sûr et certain qu’elle aurait eu une tonne de questions à lui poser.

Au fond, c’était très certainement parce que ma petite princesse était une véritable passionnée que je m’étais ainsi avancé, je savais qu’elle adorerait que je lui raconte des détails, du concret… alors quand la jeune femme manifesta son inquiétude pour la bête, ce fut mon cœur de père qui réagit. En tout cas, c’était l’impression que j’avais. Il n’y avait pas trente-six possibilités : si elle avait besoin d’aide pour ce dragon et si je voulais pouvoir être encore un peu comme un héros aux yeux de ma fille en lui racontant quelque chose d’exceptionnel, j’avais là une magnifique opportunité de faire d’une pierre deux coups.
« Oh, alors, la rumeur est vraie ? » Je comprenais bien cette volonté de ne pas se résoudre à renvoyer ce dragon à son poste à la banque… mieux encore, il me semblait que l’idée d’une réserve appropriée était sans doute bien plus pertinente et plus intéressante… Et c’était assurément une idée qui ne pourrait que plaire à ma petite Septima. « Vous connaissez une réserve qui pourrait faire quelque chose rapidement ? »

En tant que chef des oubliators, même sans avoir un pouvoir de décision direct sur autre chose que mes subalternes et sur ce qui m’était confié comme mission, je savais que je pouvais parfois avoir une certaine influence. Parce qu’il était de renommée publique que j’avais obtenu mon poste très jeune et que je n’avais jamais failli. J’endossais mon rôle et mes responsabilités avec rigueur et précision, j’étais méticuleux, je l’avais toujours été, et le fait d’avoir été le plus jeune chef de bureau de toute l’histoire du Ministère de la Magie me conférait une certaine influence. On recherchait parfois mon conseil, comme si j’étais un exemple de sagesse et de réflexion.
Aurais-je le pouvoir de convaincre des personnes bien placée que ce dragon n’avait plus sa place comme gardien dans une banque ? Dans quelle mesure les banquiers n’allaient-ils pas recommencer avec un autre dragon ?
Je réfléchissais à tout cela lorsque la jeune femme se redressa. Bon sang, ce qu’elle était minuscule… j’avais une vraie bonne trentaine de centimètres de plus qu’elle. Le genre de situation où je me disais toujours qu’il fallait que je fasse attention à mes paroles, pour ne pas choquer ou blesser les personnes de petite taille, mais elle ne semblait pas atteinte de nanisme. Enfin… sa taille me perturba tout de même. Ma fille était à peu près de sa taille, à quelques centimètres près, alors qu’elle avait douze ans…

J’étais là, observant la bête et regardant la jeune femme, tandis que mes stagiaires devaient sans doute s’occuper des moldus les plus éloignés, pour leur refaire la mémoire comme il se devait et effacer toute trace de cet incident.
Dans peu de temps, la brigade d’intervention aurait placé autour du lieu un sortilège de mirage suffisamment alimenté par les baguettes de l’équipe, alors, les moldus ne verraient là qu’une sorte de chantier de travaux ou quelque chose du genre… parfait pour dissuader les curieux, en somme.

Par contre, je ne m’attendais pas du tout à la suite des événements. Dans mon impeccable costume trois pièces, lorsque la jeune spécialiste des dragons me mit à contribution, je dus reconnaître que ma première idée fut d’hésiter. Ce dragon était tout de même bien grand… et puis, mon costume était neuf… appliquer un onguent sur les plaies d’un immense reptile dans un costume à plus de trois cents gallions… ma femme allait me tuer. Ou me forcer à aller acheter mes tenues dans les rayons de seconde main de chez Mme Guipure, sur le Chemin de Traverse… Par Salazar, pour rien au monde je ne voudrais prendre un tel risque ! Mais il ne fallait pas oublier que ce dragon avait besoin d’aide. Et que, à en croire ma chère épouse, j’avais suffisamment de costumes pour ne pas porter deux fois le même sur un mois de temps, en changeant tous les jours. Bon, j’aimais les costumes trois pièces, je les trouvais élégants et terriblement confortables, mais je savais bien que ce n’était pas le plus important et que l’occasion de venir en aide pour un tel dragon ne risquait sans doute pas de se représenter de si tôt.
Je pris donc la potion que me tendais la jeune femme et je fixais des yeux le liquide durant un moment. « D’accord… Mais je devrais retourner vérifier si mes stagiaires appliquent correctement la procédure. Ils n’ont pas encore vraiment d’expérience sur le terrain, ce n’est que leur troisième affaire… »

Et puis je la suivis alors qu’elle se dirigeait vers les pattes arrière de la bête. Je n’allais pas jusque là, préférant des parties du corps où je ne risquais pas de me prendre un coup de griffe… mais je constatais bientôt que les griffes du dragon étaient absentes, cassées, ou limées à l’extrême. C’était assez interpellant. Je commençais donc par le flanc du magyar à pointes. Je n’avais pas imaginé qu’un corps écailleux comme cela puisse être blessé de cette façon… j’avais toujours entendu et lu que le point faible des dragons résidait dans leurs yeux… mais visiblement, certaines personnes avaient jugé bon de créer d’autres points faibles sur ce spécimen-ci. Et cela ne plaisait pas du tout à la petite spécialiste. Mais je ne pouvais pas réellement répondre à sa question…

« Habituellement, la brigade d’intervention ouvre le bal, puis nous continuons les festivités… Le département de contrôle et de régulation des créatures magiques vient plutôt en fin de parcours… » Les premiers et les derniers sur place avaient les postes les plus impressionnants dans ce genre de situation, mais sans les oubliators, ils ne pouvaient pas faire grand-chose. Notre façon de travailler était claire et précise, nous faisions cela depuis bien longtemps et il aurait été dommage de changer une recette qui fonctionnait très bien.

« Pensez-vous que ce dragon a une chance de survie en dehors de la réserve dont vous parliez ? »
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Abigail MacFusty
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Dim 13 Déc - 17:45
Il y avait beaucoup de débat, dans notre monde magique. Savoir comment considérer les centaures ou les vampires par exemple, comme des humains, ou des créatures douées d'intelligence ? C'était sans compter tout ce qui concernait le monde magique et moldu. Tout cela avait pris des années, que dis-je ? Des siècles à être catégorisé, répertorié, et dirigé par des lois. Je ne comprenais donc pas pourquoi, où était la logique, que des hominidés aussi intelligents que des gobelins pouvaient à ce point être cruel avec une autre créature ? Non pas qu'en tant qu'Humaine je me sentais supérieure à eux, mais, apparemment, davantage respectueuse de mon prochain. Qu'il ait la même morphologie que moi ou non n'y changeait strictement rien. Un être vivant était un être vivant, nous étions tous pareils. Pour pousser la chose jusque-là, même les plantes et les arbres étaient capables de se défendre, d'autant plus dans le monde magique.
Alors pourquoi ?
Pourquoi diable ce dragon était-il dans cet état ?
Pourquoi fallait-il toujours qu'il y ait quelqu'un qui se sente à ce point maître des autres ?

Je ne comprenais pas.

Voilà des années que je retournais cette question dans ma tête, s'en était presque lassant, d'autant plus que je ne trouvais aucune réponse.
Le fait que l'homme qui était venu me voir le dise, d'une simple phrase, ne fit qu'ébranler ma foi en l'humanité. Oui, la rumeur était vraie, oui, cet animal c'était échappé de son geôlier, et il était de mon devoir de l'empêcher d'y retourner. Il était certain que je ne puisse dormir la nuit si je le faisais retourner là-bas. Qui plus est, après une analyse rapide de son état, je n'étais pas certaine qu'il survive encore bien longtemps dans ces conditions. Une vie d'esclavagisme pour finir mort à l'aube de sa vie. Ainsi, comme toute réponse, je me contentais de lever les yeux vers mon interlocuteur avant de le laisser me poser une seconde question, plus pertinente cette fois-ci.
Reposant mon regard foncé, presque noir, sur la créature, je ne pouvais m'empêcher de passer des doigts distraits sur des écailles encore miraculeusement en bon état. Là, petite sorcière accroupie à côté de cette immense patte, je faisais pâle figure, et pourtant, j'étais bien plus impressionnée par tous les sorciers qui gravitaient autour de nous, que par l'animal blessé et presque mourant. Sortant ma baguette, j'utilisais un petit sortilège gravitationnel pour pouvoir positionner convenablement la patte du dragon, le regard fixe, je réfléchissais avant de répondre consciencieusement.

- Oui, j'en connais quelques-unes. Hélas, ce n'est pas un individu que l'on peut placer n'importe où, il a besoin de soins très spécifiques.

Les dragons sont des forces de la nature, ils rassemblent à eux seuls parfaitement les quatre éléments fondamentaux. Néanmoins, briser l'une de ces maillons, et c'est la chaîne qui saute. Clouer un dragon au sol, c'est le condamner dans presque tous les cas. Les personnes qui avaient été en charge de cette pauvre bête avaient fait un travail remarquable pour éviter qu'il ne s'échappe. Preuve en était que nous ne pouvions pas contrôler, une fois encore : le dragon avait réussi à s'échapper malgré ses nombreux handicapes.
À tout moment je m'attendais à ce que les "propriétaires" arrivent pour le réclamer. Qu'ils viennent, je les attendais de pied ferme, et c'était sans compter sur la brigade du contrôle des créatures magiques qui ne devaient plus tarder. Ce genre d'événement était en général pris rapidement, surtout lorsque c'était en plein cœur d'une ville aussi importante que Manchester.
Enjambant la grande queue du reptile, je regardais le sorcier qui avait proposé son aide tandis qu'il me parlait de ses stagiaires. Se défilerait-il ? Peut-être que sa proposition n'avait été que pure courtoisie, ce qui, dans le fond, ne m'étonnerais guère. Cela dit, je lui avais bien précisé que je ne voulais pas l'empêcher de faire son travail, d'autant plus que, dans le fond, j'étais capable de me charger de ce Magyar moi-même. Je devais simplement reconnaître que parler à quelqu'un me permettait de ne pas m'enfoncer dans mes pensées, de garder la tête froide dans une telle situation. D'ordinaire habituée à ces interventions, aujourd'hui, ça devait être une journée où j'étais plus sensible que les autres.

- Je vous en prie, faites d'abord ce que vous devez faire avec vos stagiaires, vous n'avez aucune obligation envers moi.

D'un rapide sourire poli, je détournais mon regard de l'homme avant de positionner la deuxième patte postérieure comme la précédente, à l'aide d'un petit sortilège. Rapide et appliquée, j'effectuais des manœuvres presque machinales pour poser un baume sur les plaies les plus saillantes que je pouvais voir, déplorant à chaque instant le sort que l'animal avait subi jusque-là.
Essayant de ne pas faire part de mon trouble au sorcier, je me rapprochais petit à petit de la patte antérieure tout en vérifiant les flancs du dragon. Ceux-ci aussi avaient été mis à mal, qui plus est, la malnutrition dont il avait été victime était d'autant plus flagrante ici. Glissant mes doigts fins sur ses côtes, je frissonnais lorsque je sentis à ce point les os de l'animal. Il était rachitique.
Écoutant les paroles de mon interlocuteur sans en avoir trop l'air, je répondais sans l'ombre d'une hésitation, mais néanmoins l'air grave.

- En dehors d'une réserve, non. Un dragon qui ne peut pas voler, alors qu'il est conçu de naissance pour pouvoir le faire, peut mourir très rapidement. Non pas qu'il devient une proie facile pour d'éventuels prédateurs, mais aussi parce qu'il lui sera difficile de se trouver à manger, ou même un abri. Je haussais un peu les épaules. Enfin, il y a plein de raisons… par exemple, je ne suis même pas certaine qu'il sache vraiment chasser, il a dû être capturé très jeune… Il ne doit pas être atrophié qu'en apparence, je le crains.

À ces mots, je me mordais la lèvre inférieure, nerveuse, navrée, presque au bord des larmes. Penser à une situation était une chose, mais mettre des mots dessus et se les entendre dire en était une autre. La situation de cet animal était dramatique.
J'aurai pu verser une larme si le craquement typique d'une personne qui venait de transplaner n'avait pas raisonné non loin. Et voilà les responsables de la banque, et donc de l'animal, qui s'en venait sûrement le chercher. Pourtant, un deuxième craquement fit apparaître les sorciers du bureau du contrôle et de régulation des créatures magiques. Ouf, sauvée, car ils n'eurent pas le temps de venir vers moi qu'ils étaient déjà tous en train de se parler comme des chiffonniers. Grand bien leur fasse. Sans l'ombre d'un scrupule, je continuais mes soins tout en guidant le sorcier qui m'avait proposé son aide sans toutefois jamais l'empêcher d'aller voir ses stagiaires, qui devaient faire un travail remarquable, je n'en doutais pas un seul instant.
Une fois l'animal en position, je m'invitais auprès des responsables de la banque, de ma petite allure fragile et menue, là, je leur jetais à peine un coup d'œil, signification du dégoût que je leur portais, pour m'adresser directement à ceux qui surveillaient les créatures magiques auprès du Ministère.

- Ce Magyar à Pointes à a peine terminé sa croissance et il est dans un état déplorable. Si nous le remettons dans la banque, il va clairement mourir dans un an, deux tout au plus. Il a besoin de soins immédiats, et surtout, d'être traité avec la décence qu'il mérite.

Les sorciers du ministère me connaissaient de renom, ils n'étaient donc pas étonnés de me voir ici et prenaient en considération mon rapport. C'était évidemment sans compter ceux qui avaient acquis le dragon à l'époque.

- C'est tout à fait absurde, si cet animal a été maltraité, nous le saurions, il est dans cet état uniquement parce qu'il est extrêmement agité dans notre sous-sol. De plus, ce n'est pas une néophyte sans le sous comme vous qui pourriez influencer quoique ce soit. Laissez-nous discuter entre grandes personnes responsables et retournez sur le banc de l'école ma petite.

J'étais habituée à me faire traiter comme une enfant, cela ne m'affectait pas, je connaissais mon allure, et je m'en amusais bien souvent, enfin, j'étais couverte de boue, donc je n'étais pas surprise qu'on me fasse une remarque. En quelques mots, j'en apprenais bien plus sur la personne en face de moi, qui ne se fiait qu'aux apparences, qu'il ne voulait le croire. Toutefois, le regard entendu que j'eus avec la sorcière envoyée du ministère me fit comprendre qu'elle était de mon avis. Je pris donc la liberté de me défendre sur un ton d'un calme olympien. Petite oui, mais imperturbable, ou presque. Je n'étais pas non plus dérangée par le fait que mon premier interlocuteur venu pour oublietter les moldus, pouvait librement suivre la conversation.

- Je suis bien heureuse de n'avoir aucun gallion dans votre banque monsieur, car je serais très inquiète de savoir mon coffre gardé par une personne qui semble être aussi incompétente que vous.


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Jeu 17 Déc - 9:52
L’être humain était capable du meilleur comme du pire. Nul besoin de le préciser à ce petit bout de femme. Ni à ce dragon, d’ailleurs. Je savais bien que j’étais moi-même dans ce cas de pouvoir être aussi cruel que je pouvais être tendre. C’était une question de circonstances, de contexte… Par exemple, jamais je n’avais levé la main sur mes gosses. Pas plus que sur ma femme. Nous formions une famille unie et heureuse, il n’existait nulle trace de violence entre nous. Même pas verbale, pour tout dire. Lorsque j’étais fâché sur Marcus ou sur Septima, j’optais pour une sorte d’indifférence, le temps de digérer moi-même ce qui avait été fait comme bêtise.
Dans une situation comme celle dans laquelle nous étions, il était évident que je n’avais aucune raison de changer d’attitude. La présence de ce dragon ici était un problème, certes, mais la maltraitance animale était un problème également, sans doute tout autant, si pas plus important.

Je n’étais pas spécialement sensible à la cause animale au départ, il ne m’était même jamais venu à l’esprit que le végétarisme aurait pu être une option pour moi montrer plus de respect envers la cause animale. Je savais, bien sûr que cela aurait pu être une possibilité, mais je n’avais jamais songé à passer ce cap, bien que j’aie régulièrement tendance à apprécier de la cuisine à base de végétaux, je ne crachais pas sur une bonne pièce de viande.
Alors quoi, ce dragon était-il bon pour l’abattoir ? Il n’avait pas l’air d’être un vieux dragon... je supposais que son état de santé était dû aux mauvais traitements subis et non à un quelconque souci de maladie…

Au moins, la jeune femme qui était là avait clairement émis l’idée d’emmener la bête dans une réserve, pour qu’elle y soit prise en charge et soignée… Bon, il était clair que cette personne était une spécialiste des dragons, elle était très à l’aise avec l’animal et ne manifestait rien d’autre que de l’inquiétude pour cette pauvre bête.
Et puis, même si j’étais là, tout à fait disposé à l’aider, elle faisait son job comme si elle n’avait pas besoin de mon aide. Ou si peu. D’ailleurs, elle me proposa même de rejoindre mes stagiaires. Ce à quoi je haussais les épaules.

« Ils sont censés savoir quoi faire. Je vérifierai leur efficacité plus tard. » Bruma et Flavius devaient finir leur écolage dans une ou deux semaines, alors, s’ils n’étaient toujours pas fichus de gérer une situation comme celle-ci, il était clair que je ne leur donnerais pas leur accréditation. Je ne voulais pas que la population puisse penser que les oubliators n’étaient plus ce qu’ils étaient. Non, je tenais à garder un certain standing ainsi qu’une équipe efficace et capable de prendre des initiatives.
Et puis je n’avais jamais pris vraiment le temps de regarder de près une spécialiste des dragons à l’œuvre. Elle était rapide et sûre, agissant en parfaite connaissance de cause. Quant à moi… j’avais cet onguent à appliquer, mais je ne parvenais pas à garder un sang froid et un flegme exemplaires.
Elle m’expliqua alors que ce dragon était condamné à mort s’il n’était pas pris en charge dans une réserve digne de ce nom. Elle évoqua des difficultés qui, à vrai dire, ne me seraient pas spécialement venues à l’esprit en voyant l’animal : comment pouvait-on imaginer qu’une bête de cette taille puisse être incapable de chasser ? comment pouvait-on imaginer qu’avec des ailes, un magyar à pointes puisse ne pas être capable de prendre son envol ? Non, cela dépassait quelque peu l’entendement… Mais nous avions là, visiblement, un dragon présentant plusieurs handicaps dus à de mauvais traitements…

J’exécutais la tâche qui m’incombait, tandis que transplanèrent bientôt des personnes que je reconnus comme des collègues du Ministère, bien que d’un autre bureau. Théoriquement, ils auraient dû arriver avant nous, mais je me passerais de tout commentaire sur le sujet. Entre le bureau de contrôle et de régulation des créatures magiques et les propriétaires du dragon, je ne savais pas exactement ce qui allait bien pouvoir se dire et se passer, mais il était clair qu’il aurait été tout à fait immoral de renvoyer un dragon maltraité chez ceux qui le maltraitaient.

La petite sorcière férue de dragons vint donc faire son petit discours pour convaincre. Rien de bien méchant, elle affirmait surtout les besoins du dragon, sans même dire clairement ce qu’elle devait penser de ces banquiers. Je l’écoutais elle, puis je les écoutais eux.
La situation ne risquait pas de se transformer en débat, mais la tentative d’une explication à l’amiable avait été lancée, et aussitôt avortée. Et je ne pus retenir un sourire quand la petite sorcière, désormais couverte de boue, lâcha sa pique aux banquiers qui lui avaient clairement manqué de respect.
Ah ça ! il était clair que s’ils n’étaient pas fichus de voir que leur dragon avait disparu, on ne pouvait que s’interroger sur ce qui allait arriver à des gallions placés chez eux !
Je me redressais pour venir me poster à côté d’elle.

« Vous avez un problème ? »

Je n’étais pas spécialement le genre à chercher la bagarre, loin de là, mais quand il fallait agir et réagir, je n’étais pas le dernier. Le Ministère m’avait envoyé ici pour régler un souci, je n’avais pas besoin que des banquiers avides viennent en créer d’autres.
Entre nous, pour connaître suffisamment Wyvine McLaren, la responsable de la brigade sorcier du bureau de contrôle et de régulation des créatures magiques, je me doutais bien qu’elle n’allait pas laisser ce dragon retourner dans un trou à rats, mais dans une situation telle que celle-ci, nous avions pour habitude de montrer à nos antagonistes que nous formions des équipes soudées entre elles, mais aussi les unes aux autres.

« Heureux de vous voir, Wyvine. Vous apparaissez toujours comme un magnifique phénix au milieu d’un chaos. » Je lui adressai un sourire entendu. Entre elle et moi, il y avait depuis longtemps cette sorte de complicité de terrain. Nous avions progressé ensemble au Ministère et nos carrières respectives s’étaient bien souvent retrouvées liées, au fil des missions.
Wyvine avait l’âge de mon épouse, elles étaient allées ensemble à Poudlard et étaient d’ailleurs restées de très bonnes amies. Je me devais de lui montrer cette attitude qui était devenue comme un rituel entre elle et moi.
En somme, il ne fallait pas être spécialiste en divination pour se rendre compte que ces fichus banquiers n’auraient guère l’avantage. Le Ministère aurait le dernier mot, c’était une certitude.
Quant à la jeune femme qui m’avait confié le baume à tartiner sur le dragon, peut-être en raison de sa taille, je n’avais pas envie de la laisser affronter seule la bêtise humaine. Je ne la connaissais pas, mais son aplomb et sa conscience professionnelle faisaient plaisir à voir. Mais quand j’étais à côté d’elle, comme en ce moment, la différence de taille était assez choquante. Mais peut-être assez amusante, aussi, dans le sens où ce petit bout de femme se défendait avec la poigne nécessaire face à des imbéciles comme ces sorciers banquiers.
D’ailleurs, en parlant d’eux…

« Ce dragon nous appartient, de toute façon, notre directeur dispose de tous les documents le certifiant. Vous n’avez pas d’autre option que de nous le rendre, sans quoi, il nous suffit d’intenter un procès… »
Par Salazar… je me retenais de lui balancer mon vocabulaire le plus fleuri, sur ce coup. Cet homme était un sale type, prêt à faire passer le fric avant une vie. Le genre de personne qui méritait simplement de se prendre un sort d’amnésie assez puissant pour lui faire oublier tous ses bons souvenirs et le condamner à ne vivre qu’avec les pires. Ah, si seulement je n’étais pas en mission officielle… !

« Essayez toujours. Dois-je vous rappeler que tous les procès intentés contre le Ministère de la Magie ont terminé de la même manière, monsieur… ? » Ce rustre n’était même pas fichu de se présenter, mais il était clair que ça n’allait pas se passer comme cela.
Je sortis un mouchoir en tissu de la poche de ma gabardine et je m’essuyais doucement les mains, avec une minutie qui énervait souvent les gens autour de moi.
Un regard vers Wyvine et il fut évident que la meilleure manière de régler le problème était de se débarrasser de ces gêneurs.
« Vous feriez mieux de faire venir votre directeur. Il va falloir qu’il réponde à quelques questions pour l’enquête. »

Je n’avais rien à voir avec l’enquête en question, puisque ce n’était pas de mon ressort, mais le fait de rappeler à ces banquiers qu’ils n’étaient pas tout à fait en position de négocier, cela me semblait tout à fait normal.
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Abigail MacFusty
Abigail MacFusty
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Ven 18 Déc - 19:28
Je jetais un petit coup d’œil entendu à mon interlocuteur alors qu’il me parlait de ses stagiaires. C’était pourtant lui qui avait dit devoir vérifier s’ils appliquaient correctement leurs procédures. Moi, ça m’était égal, et j’étais fort aise de constater qu’un tuteur pouvait faire confiance à ses subordonnées, moi qui en ce moment même, avait une légère perte de foi en l’humanité, je devais bien admettre que cela me mettait du baume au cœur, même si ce n’était qu’un détail. Si mon métier m’avait bien appris quelque chose, c’était de porter attention aux détails.
Ainsi, il m’était fort aise d’avoir un assistant pour les soins que je devais donner en urgence au dragon. Il était évident que si le dragon pouvait retourner dans une réserve maintenant, je le suivrais pour donner mes instructions au Magizoologues sur place. J’avais déjà mon idée dans quelle réserve l’envoyer. Une spécialisée pour les grands malades et mutilés comme lui, là où son environnement serait adapté à lui, avec des accès simples pour l’eau, des terrains de chasse où il est facile de se cacher, bien boisés, fait de chêne et de sapins. Il fallait transmettre tout ce que j’avais pu observer et constater pour faire en sorte que les soins qui allaient lui être prodigués seraient rapides et efficaces. Ma venue ici avait cela d’important que je devenais directement responsable de la vie de ce dragon. Ce n’était pas toujours plaisant, mais aujourd’hui, moi qui étais couvert de boue parce que j’avais été convoquée en urgence alors que j’étais en pleine observation d’espèces sauvages, j’avais bon espoir que cet animal puisse s’en sortir. Je ne voulais pas le laisser retourner à la banque. Profondément, j’étais persuadée qu’il en était de même pour l’oubliator qui suivait scrupuleusement mes instructions.

C’était sans compter sur sa présence lorsque les autres responsables se rendirent enfin sur les lieux. Je ne fus même pas étonnée que l’oubliator et mon contact du bureau du département du contrôle et régulation des créatures magies se connaissent. Qui ne connaissait-elle pas ? Et lui ? Je l’avais bien regardé, même si je n’en avais pas eu l’air. Il avait des manières, il était bien habillé, même si le ministère le demandait en général, il avait des stagiaires à ses ordres et il m’avait abordé d’une certaine façon m’indiquant qu’il pouvait être aussi poli que malin. C’était typiquement le genre de sorcier qui pouvait aller loin, et je ne doutais pas que cet homme avait déjà fait un chemin impressionnant dans sa vie.
Sa façon d’intervenir face au banquier ne fit que confirmer ce que je pensais déjà de lui, et, d’instinct, parce que j’étais une sorcière timide, je fis un minuscule pas en arrière, pour me mettre en retrait, presque derrière lui, comme une enfant qui se cacherait derrière son parent. Pour cette fois mon alliée, j’étais presque certaine que ma petite taille n’allait que renforcer la fausse idée que c’était déjà fait les banquiers à mon propos. Sales gobelins. Non pas que je n’apprécie pas ces gens, je n’étais pas raciste, mais lorsqu’ils étaient opportunistes à ce point, en dépit d’une autre espèce, cela me hérissait les poils. Ces personnages ne pensaient qu’à eux et à leurs pécules, il en fallait, certes, mais encore une fois, pas au prix de la vie des autres. Tout le moins, aujourd’hui, je n’avais pas accès à la réflexion me menant à penser autrement.

Tout le moins, malgré les paroles du sorcier, les banquiers ne se démontèrent pas. Il sortit une petite balle, de la taille d’une balle de golf moldu, de sa poche, la lança en l’air, puis elle fila comme un Vif d’Or, sûrement en direction de la banque.
Croisant les bras, je remuais un peu le nez, comme décontenancée. Je n’aimais guère les conflits, et par avance, je craignais que le ton monte dès que le responsable de la banque, le directeur, vienne par ici avec des preuves. Je préférais garder le silence avant de dire quoique ce soit, laissant ça à ceux qui m'accompagnaient, car j’étais une bien piètre négociatrice et j’avais toujours été nulle en argumentation. Un désavantage d’être quelqu’un de timide, j’étais extrêmement maladroite pour parler à autrui, aussi bien dans ma vie personnelle que professionnel. Un jour peut-être que j’apprendrais. Un jour.

- Rognar. Répondit l'un des banquiers. Et vous, monsieur…. ?

Il détourna son petit regard suspicieux sur moi et je répondis presque instantanément, un peu impressionnée, je devais bien l'avouer.

- McFusty.

Je lui souriais en lui révélant mon identité. Je ne perdais pas en politesse, car si des négociations devaient arriver, ce n'était pas en les insultants que nous allions gagner du terrain pour sauver le dragon.
Il ne fallut pas bien plus de temps pour qu'enfin le directeur de la banque se mêle à nous, ce Papa Noël. Semblant âgé, avec des lunettes rectangulaires, il s'approcha de nous en maugréant, visiblement peu heureux d'avoir été convoqué. Là, il tendit les papiers à McLaren qui les déplia et les parcourut rapidement. Ses légers froncements de sourcils n'annonçaient rien de bon, mais je préférais attendre.

- Vous m'avez fait me déplacer pour rien, vous savez déjà que tout est en règle, ce dragon va repartir avec nous.

Le silence de ma coéquipière me fit frissonner, et, toujours sans le moindre mot, je lui tendais la main pour l'inviter à me confier les papiers. Même si je n'étais pas du ministère, je connaissais ce genre de formulaires pour en avoir vu passer des centaines dans les réserves. Un détail ne m'échappa, heureusement, pas.

- Pardonnez-moi, mais certes vous avez une attestation de vente et un certificat démontrant que l'animal est à vous, mais où se trouve votre permis de tenir des créatures de classification XXXXX ? Sans doute un oubli de votre part, rien de bien important pour vous n'est-ce pas ? Car, selon vos règles, vous n'en êtes pas l'acquéreur légitime, puisque l'œuf que vous avez obtenu, ou même, le bébé dragon, ne venaient pas de vous initialement. Nous n'avons pas les mêmes notions de propriété si je ne m'abuse. Mon ton restait poli, aucunement condescendant, j'essayais, apparemment de comprendre. Il y avait bien plus que cela dans ma démarche. Comprenez que pour nous, humains, nous avons besoin de ce certificat afin de pouvoir certifier que vous êtes en règle, ce qui n'est pas le cas. Alors, j'imagine qu'en l'absence des preuves manquantes, le dragon viendra avec nous dans la réserve pour être pris en charge et être correctement soigné. Sans compter que le nom de la réserve, qui se trouve en Hongrie d'après l'adresse, ne me dit absolument rien. J'imagine qu'elle a été démantelée suite à du trafic ?

De là, je jetais un œil à l'oubliator ainsi que ma collègue du ministère, cherchant un peu d'aide de leurs parts.

Dé:


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Lun 21 Déc - 19:01
On disait toujours que les excuses étaient faites pour s’en servir. Alors, oui, en effet, Flavius et Bruma pouvaient bien me servir d’excuses, mais… le fait était que quelque chose dans la situation me touchait, sans doute un peu plus que de raison, mais j’étais assez habitué à avoir des émotions excessives. Il ne fallait que bien peu de choses pour susciter mes émotions, à vrai dire, et si je tâchais la plupart du temps de garder cela pour moi, parfois, les émotions me filaient entre les deux avant même que je puisse les voir venir. C’était le côté maudit de ma différence.
Toujours était-il que, dans les circonstances présentes, à devoir choisir entre ce dragon mal en point et mes stagiaires qui devaient commencer à assumer des initiatives et des responsabilités, je n’hésitais pas bien longtemps. Mes stagiaires allaient se débrouiller un peu. De toute façon, en cas de soucis, ils sauraient bien où me trouver, je n’étais pas bien loin et j’avais la conscience professionnelle suffisamment développée pour ne pas me barrer de l’autre côté de la ville en les laissant en plan. Mon job, je l’avais toujours fait consciencieusement, ce n’était pas maintenant que ça allait changer.

La situation était on ne pouvait plus claire, à mes yeux. Dès qu’il était question de maltraitance, la justice pouvait s’en mêler assez facilement en faveur du bien-être de la créature. Ou de la personne, selon le cas. Ma femme avait déjà plaidé dans quelques affaires de ce genre et j’avais eu l’occasion de suivre les progrès de ses plaidoiries au fur et à mesure qu’elle les écrivait. Je savais sur quels textes Elianor s’était appuyée, je savais quels arguments elle avait pu avancer et développer lors des différents procès. Sans avoir été présent au tribunal, je savais tout de même, en substance, ce qu’avait écrit et dit mon épouse. Elle était excellente dans son domaine et je savais qu’elle serait, de toute évidence, du côté des démunis et des malmenés de l’histoire. Tant que n’intervenait aucun grief contre notre Cause, Elianor se montrait d’une impartialité parfaite. Et je l’admirais pour cela. Ma femme était exceptionnelle et je savais bien que j’avais une chance inouïe qu’elle m’ait dit oui, lors de ma demande, il y avait de cela un peu plus de vingt-deux ans maintenant.

Je me souvenais comme si c’était hier de ma demande. C’était en plein mois de juin 1995, lors d’une soirée passée dans un restaurant chic. J’avais acheté une jolie bague, en argent finement ciselé, surmontée d’une pierre précieuse. J’avais voulu me montrer romantique et faire les choses en grand, en prenant bien soin d’agir dans le plus grand respect des règles de l’art. C’était le summum pour notre relation. Et son oui avait résonné comme une sorte de miracle. J’ignorais si elle s’était attendue à ma demande, mais sa réponse m’avait empli d’une joie bien réelle.
Et aujourd’hui, après vingt-et-une années de mariage, je pouvais dire que ma femme était bel et bien celle qui me rendait heureux au quotidien. J’aimais me réveiller à côté d’elle, j’aimais chaque instant partagé avec elle… Même si nous avions une façon bien à nous de nous aimer, une manière que la plupart des gens ne pouvaient pas comprendre, parce que c’était nous et que le commun des mortels ne pouvait que trouver paradoxal cet amour très libre. Enfin, libre, pour la partie charnelle, s’entend. Elianor n’aurait jamais voulu que je puisse éprouver le moindre petit sentiment à l’égard de quelqu’un d’autre…

Alors, oui, c’était en pensant à ma chère épouse que j’avais pris le parti de la sorcière plus jeune et du dragon. Et quand les banquiers apparurent, je n’avais guère bougé, parce qu’il me semblait normal d’être là et de faire ce que je pouvais, à mon niveau, face à l’injustice dont était victime cette pauvre bête. Ces banquiers, au fond, ne valaient pas mieux que ces enfoirés de moldus qui détruisaient les ressources de la planète en en abusant en toute impunité et en appelant ça le progrès. Sans blague. Quelle bande d’enflures. C’était l’un des points sur lesquels je ne pouvais pas fermer les yeux. Au risque de passer pour un écolomage extrémiste, je n’allais pas laisser passer cela.
Surtout quand j’entendis le nom du banquier. Je le toisais un instant. Il avait une petite trentaine d’années et avait la même désagréable expression sur le faciès.

« Oh vous devez être Sacha, j’imagine ? Le fils de Misha Rogna. » Je ne lui tendis pas la main. Cette famille ne faisait pas partie des gens que je souhaitais respecter. « Ombrage. J’ai fait partie de l’équipe qui a enquêté sur les exactions commises par votre père il y a une petite dizaine d’années. »

Autant annoncer la couleur tout de suite. Je connaissais cette famille et je ne voulais pas laisser une chance à ce sorcier de poursuivre les œuvres indignes des sorciers que fomentait son paternel.
La sorcière plus jeune se présenta également. McFusty. Un nom auquel je n’avais jamais été confronté jusqu’à aujourd’hui. Sans doute une famille plutôt honnête, somme toute.
Wyvine ne pouvait pour l’instant pas faire grand-chose, il fallut donc attendre que le jeune Rognar fasse venir son directeur. Heureusement que ce n’était pas son père, d’ailleurs, car je ne savais pas si garder le contrôle face à cet homme aurait été dans mes compétences.
Le vieux directeur sortit un parchemin attestant que le dragon était bien le sien et, si Wyvine ne réagit pas, ce ne fut, fort heureusement, pas le cas de McFusty, qui m’apparut alors comme une jeune femme pleine de ressources. La pensée que ma femme aurait apprécié l’intervention de la petite sorcière me traversa l’esprit.
Jouer sur les mots, analyser le document pour en faire autre chose qu’une attestation prouvant la propriété… J’admirais le tour de force qu’elle venait de réaliser, car, finalement, il y avait fort à parier que ce dragon, sans doute issu d’un trafic quelconque n’avait plus rien à espérer en termes de liberté… Mais au regard que m’envoya la sorcière, je réagis comme j’avais déjà vu mon épouse le faire lors de quelques audiences.

« Dès lors, monsieur Rognar, il me semble que ce dragon est une pièce à conviction dans une affaire de trafic de créatures… » Un regard vers Wyvine pour avoir son appui et j’embrayais. « Le département de contrôle et de régulation des créatures magiques devra saisir l’animal. Pour ce qui vous concerne… il faudra vous dépêcher de trouver un bon avocat, mais c’est le genre d’affaire qui est perdue d’avance. » Surtout si cette brochettes de banquiers devait se retrouver devant ma chère épouse, car elle ne ferait pas de quartiers, c’était une certitude ! Elianor détestait les sorciers matérialistes que seul l’argent intéressait, alors, il était évident qu’elle n’en ferait qu’une bouchée.
« A moins que vous ne préfériez éviter de risquer une grosse amende doublée d’une peine de prison ou de travaux d’intérêt général… à vrai dire, c’est difficile de prévoir ce genre de choses, cela dépend beaucoup de la personne qui jugera l’affaire au tribunal… »

A m’entendre, on aurait pu penser que j’étais moi-même lié au tribunal ou au moins à l’enquête. Mais non. Je jouais un rôle qui n’était pas le mien, mais tant que nos interlocuteurs vénaux ne s’en rendaient pas compte, il n’y avait pas de raison de s’en inquiéter. Et puis, dans le pire des cas, il était toujours possible de baratiner quelque chose. Wyvine était douée pour cela.

« Alors, qu’en dites-vous ? » Toujours donner l’impression à l’autre qu’il avait le choix. C’était une technique que j’affectionnais particulièrement, mais tout était fait, bien sûr, pour que le choix n’en soit pas réellement un. Ce n’était pas comme devoir prendre la peste ou le choléra, ici, c’était plutôt la liberté ou la prison. Alors, bien évidemment, tout cerveau normalement constitué n’aurait guère de réelle hésitation.
Tout ce qu’il faudrait, à présent, c’était espérer que ni Flavius ni Bruma n’allaient débarquer avec une question spécifique d’oubliator stagiaire… mais je me disais qu’ils pouvaient y arriver. Ils n’allaient pas tout gâcher maintenant.

« Quant à ce dragon, de toute manière, il a besoin de soins. Alors son sort ne dépend plus de vous pour le moment, monsieur Rognar. » De toute manière, il devait être emmené et pris en charge. On ne pouvait pas laisser un dragon en liberté comme cela, en pleine ville et encore moins du côté moldu. « Pour l’intrusion d’une créature magique dans le monde moldu, vous encourez déjà une amende assez rondelette, en plus de devoir couvrir les frais de déplacements des différentes équipes sur les lieux. Mauvais calcul de votre part… » Il aurait mieux valu pour la banque qu’ils fassent semblant que ce dragon n’était pas le leur, à vrai dire.

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Abigail MacFusty
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Mer 23 Déc - 22:29
Petit retour de force, l'arroseur était à présent arrosé, et c'était sans compter sur l'aide bien précieuse de monsieur Ombrage et madame McLaren. Lire le dépit et l'agacement dans le regard de l'homme en faute me procurait une certaine joie, même si je savais bien que ce n'était pas correct de ressentir ce genre de choses. Il ne fallait pas se réjouir du malheur des autres, cependant aujourd'hui, je faisais une exception. J'avais besoin de savoir ce dragon en sécurité dans un nouveau refuge, là où on prendrait soin de lui et là où il pourrait enfin passer les jours heureux qu'il mérite. Mettre cette existence d'esclave derrière lui.
Habituellement, j'étais quelqu'un d'extrêmement solitaire, pourtant, j'avais cette intelligence de reconnaître que je ne pouvais pas tout faire toute seule. Certes, je me débrouillais très bien moi-même dans bien des domaines, mais typiquement pour ce genre de situation, j'avais besoin d'aide. Pas assez formée pour argumenter, pas assez maligne pour tromper l'autre trop longtemps, trop gentille et sincère pour vouloir enfoncer plus bas que terre mon interlocuteur. Je n'étais pas de ceux qui cherchaient des poux aux autres, qui cherchaient à avoir absolument raison sur tous les points de vue. Je connaissais mon travail, voilà tout, et fort heureusement pour moi, il se déroulait davantage en présence de créatures que d'hominidés. Les situations comme celles que nous avions là, elles étaient exceptionnelles. En général, c'était davantage des sorciers du ministère qu'on déplaçait, pas une personne externe comme moi, même si mes services étaient demandés de temps en temps, mon expertise étant peut-être (sûrement ? ) reconnue malgré tout.

Au début de ma carrière, et même avant lorsque j'étais encore étudiante, mes méthodes, nouvelles, pour observer et approcher les créatures étaient moquées, incomprises. Elles faisaient peur sans nul doute. Mais voilà que maintenant, après quelques années à prouver que mes techniques fonctionnaient, que mes approches douces n'étaient pas que du vent, que j'obtenais de véritables résultats, encrés dans l'animal grâce à la confiance et non pas par la peur, on pouvait m'appeler pour rendre des services. Pour demander conseil. Ou pour me battre pour des causes qui me dépassaient. Présentement, c'était exactement ce qui était en train de se dérouler. Je craignais que nous ne nous battions pas uniquement pour ce dragon, mais aussi pour tous les autres, ceux qui étaient aussi enfermés en cages, abusés, violentés. Dragon ou autre créature par ailleurs. De plus, qui avait réellement conscience des répercussions que ça allait avoir dans l'avenir ? Demain peut-être que la banque de Manchester n'aurait plus de dragon, mais dans une semaine ? Un mois ? Un an ? Et que penseraient les autres banques ? Ou les autres trafiquants de créatures ? Ne feraient-ils pas davantage attention à leurs "marchandises" ? Ne redoubleraient-ils pas de ruses pour nous contourner et ainsi, détourner la loi ?
Nous avions sauvé un dragon aujourd'hui, mais à cause de cela, combien d'autres créatures souffriraient par notre faute ?

Cette simple idée me donna le vertige. Un tournis peut-être similaire à celui que devait ressentir le directeur de la banque en ce moment même alors qu'il se voyait dans l'obligation de capituler et donner son dragon aux autorités compétentes.
J'entendais ses paroles, mais je ne les écoutais pas. Seulement, j'avais saisi leurs sens, et ça me suffisait. Donc, avant de m'effondrer devant tout le monde face aux idées noires qui commençaient à m'assaillir, je fis volte-face pour retourner auprès de l'animal que j'avais préparé pour son transport. M'approchant de sa tête, apparemment sans la moindre crainte, je venais poser ma main sur ses naseaux tout en lui chuchoter quelque chose. Certains murmuraient aux oreilles des chevaux, moi, c'était les dragons.
Je voulais lui promettre que tout allait s'arranger, que maintenant, il irait mieux, qu'il vivrait une meilleure vie. Mais surtout, je m'excusais. Je m'excusais de ce qui lui était arrivé comme si j'en prenais l'entière responsabilité et que je n'avais rien fait pour l'aider. Je m'excusais pour les autres créatures qui vivaient son traumatisme et pour les autres, qui allaient le subir malgré moi, malgré mes efforts pour combattre les trafiquants.
Si McLaren n'était pas arrivée à ce moment, les larmes me seraient montées aux yeux. J'indiquais à la femme la réserve à laquelle je songeais, puis, je reculais de quelque pas pour la laisser, elle et son équipe, prendre en charge ce pauvre Magyar à Pointes.

Petit à petit, je détournais le regard de l'animal, ma frange glissant lentement sur ma joue, comme un rideau que l'on ferme à la fin d'un spectacle. Un soupir s'échappa de mes lèvres alors que reposait sur mes épaules tout le poids de ce que je venais d'accomplir, et de ce qui pourrait être. Des suppositions, évidemment, mais des plus probables, tout le moins, dans mon esprit.
Des gens pouvaient vivre en paix avec eux-mêmes en torturant d'autres personnes, en faisant du mal à d'autres êtres vivants. Moi, j'avais du mal avec la simple idée que je venais de condamner d'autres créatures magiques à la souffrance. Après tout, si la vie m'avait bien appris quelque chose, c'était que la médaille avait toujours un revers.
Sans vraiment y porter attention, je sentais la présence de l'oubliator non loin de moi, et, redressant sensiblement le visage, je le regardais du coin de l'œil avant de parler avec une simplicité presque déconcertante.

- Nous en avons sauvé un aujourd'hui, mais au prix de combien d'autres ? Un petit sourire presque ironique se dessina sur mes lèvres tandis que mon regard, lui, reflétait la profonde tristesse que je ressentais au fond de moi. Me retournant maintenant pour faire complètement face à mon interlocuteur, je joignis mes mains dans mon dos, comme une enfant gênée, avant de reprendre la parole. Ce fut un plaisir de vous rencontrer et de collaborer avec vous aujourd'hui. Merci encore pour votre aide précieuse, je n'y serais pas parvenue sans vous.

Vérité simple et nue.


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Jeu 31 Déc - 14:45
Jusqu’à présent, chaque fois que j’avais dû intervenir pour des histoires de dragons dans le monde moldu, il n’y avait pas vraiment une erreur humaine derrière la situation. Mais aujourd’hui, c’était différent… et les coupables allaient devoir être punis.
J’avais de la chance, d’une certaine manière, que la jeune dragonologue ne me connaissait pas. Qu’aurait-elle pensé d’un type tout droit sorti du Ministère qui se permettait de jouer ainsi les avocats de l’accusation pour pousser les banquiers à débarrasser le plancher ? J’outrepassais tellement mes compétences… mais Wyvine me connaissait assez pour savoir que je ne faisais ce genre de choses que lorsque j’étais véritablement sûr de moi.
Était-ce parce que Mrs MacLaren et moi avions plusieurs fois travaillé ensemble que je m’étais rangé de son côté et de celui de Mrs (ou miss ?) McFusty ? je n’en savais trop rien, mais je l’avais fait. Et je ne le regrettais pas. Pour le moment, du moins.
Une partie de moi était assez fière du résultat de mon petit numéro. Et je subodorais que ma chère et tendre aurait apprécié également. Finalement, le droit, c’était intéressant aussi… et cela avait ses avantages de connaître quelques ficelles utilisées dans ce genre de contextes. Il faudrait que je remercie Elianor pour cet enseignement qu'elle m'a fourni peut-être un peu inconsciemment, en me racontant ses différentes affaires. Je ne pensais pas avoir si bien retenu la leçon, mais apparemment, je pouvais me montrer bien convaincant. Cela me convenait bien. Je préférais ne pas avoir à commencer à négocier ou à expliquer des choses que des esprits trop étriqués ne pourraient pas comprendre.

La vie pouvait parfois être étrange, quand on y réfléchissait un peu… Elle mettait sur nos chemins des personnes et des situations auxquelles on aurait très bien pu ne jamais être confronté… et puis le hasard intervenait, créant des contextes particuliers et particulièrement novateurs, parfois. En d’autres circonstances, je n’aurais sans doute jamais adressé la parole à la jeune dragonologue. Et je ne pensais pas non plus que je serais intervenu dans une telle histoire. Non, vraiment, c’était une question de pur hasard, mais il fallait croire que ce jour-là, le hasard avait décidé de bien faire les choses.

Si j’avais eu à assister à la scène depuis l’extérieur, je ne savais pas vraiment de quoi tout cela aurait pu avoir l’air. J’avais apprécié venir en aide à cette jeune femme et à ce dragon. Je n’étais pas spécialement le type le plus serviable du monde magique, mais disons que cela changeait un peu de mes habitudes, ce qui n’était sans doute pas plus mal.
Une chose était sûre, cette petite sorcière m’avait impressionné par sa capacité à apaiser le dragon. Elle lui avait prodigué des soins (et m’avait fait lui en prodiguer également) alors qu’il s’agissait là de l’un des plus grands et des plus puissants reptiles qui existaient à l’heure actuelle, à notre connaissance, du moins, car, évidemment, il y avait encore des choses à découvrir, sans aucun doute. Je ne pouvais m’empêcher de voir en cela un véritable tour de force. De force tranquille, s’entend, bien évidemment.

Ce dragon était sauvé. C’était sans aucun doute ce qu’il fallait retenir surtout de cette affaire. Le directeur de la banque obtempéra, bien certainement malgré lui, mais il le fit. Wyvine compléta les parchemins nécessaires et géra l’aspect paperasse de tout ceci. Je vis Mrs McFusty s’approcher du dragon, du coin de l’œil, tandis que je demeurais face au banquier, en silence. J’observais la petite sorcière, en réalité, et sa façon presque douce d’approcher le dragon, d’avoir pour lui des gestes presque tendres… comme ceux que je pouvais avoir avec nos animaux de compagnie.

Et puis... je finis par laisser Mrs MacLaren gérer avec l’homme de la banque. Je ne lui étais guère utile pour l’instant. Au loin, je voyais que Bruma et Flavius avaient l’air de plutôt bien s’en sortir. J’étais déjà curieux de lire leur rapport sur cette affaire.
Ce fut vers McFusty que je m’avançai. Ou vers le dragon. Un peu des deux, de toute manière, vu leur proximité... mais Wyvine termina sa paperasse et vint s'enquérir de la suite des événements auprès de la jeune femme. Je demeurais alors plus près du dragon que j'aurais pensé être capable de faire...

C'était étrange, à vrai dire, de me trouver si proche d'une créature aussi imposante, mais réduite à un tel état... Il y avait de quoi ressentir encore un peu plus de dégoût pour ces gens qui ne respectaient pas la beauté de la nature... J'essayais de me mettre à la place de ma fille, ma petite princesse passionnée par toutes les formes de vie... Elle aurait réagi, assurément. Et quand je voyais Mrs McFusty, en cet instant, je lui trouvais une étonnante similarité avec ma fille. Cette douceur envers une grosse bête, peut-être... à l’instar de Septima qui était toujours d’une tendresse infinie à mon égard… Enfin, soit, je me perdais dans quelques arborescences, à nouveau.

Et puis elle me regarda et lâcha cette phrase, lourde de vérité et tellement porteuse de sens… Une interrogation qui ne me quitterait pas, sans doute. Elle avait raison… mais il fallait tout de même rester positifs sur cette idée, parce que sans cela, il ne servirait plus à rien d’agir, n’est-ce pas ? Intervenir, d’accord, mais ne pas abandonner ensuite. C’était essentiel.
« Et si cela devait servir d’exemple ? » Ce n’était pas impossible, après tout…
Elle me fit face, avec une apparente gêne qui me fit esquisser un léger sourire. « Tout le plaisir a été pour moi… »

Et donc, nous allions nous quitter comme cela ? Je n’étais pas spécialement très partant pour cette idée. Peut-être parce que j’avais une sorte de pressentiment. Je ne savais pas trop.
« Je suppose que vous devrez venir au Ministère pour le compte rendu de cette intervention ? » Elle avait l’air… je ne savais pas exactement, mais je n’avais pas envie que nous en restions là. « J’aimerais vous inviter à partager un thé. » En tout bien tout honneur, évidemment. Elle devait bien avoir vingt ans de moins que moi… bon, c’est vrai que ce n’était pas une raison valable, mais bref, j’avais plutôt envie de discuter un peu avec elle. « Vous apprécieriez mon épouse, je pense. Elle adore se battre pour des causes comme celle-ci. »
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Sam 2 Jan - 22:48
C'était avec une profonde mélancolie que je regardais le dragon s'en aller avec les responsables du ministère. J'avais pleine confiance en McLaren, et je me fis la promesse solennelle que je retournerais voir l'animal dans quelques jours, lorsque les vétérimages et magizoologistes auront pu établir un diagnostic et avoir le temps d'adapter l'animal à son nouvel environnement. Si ça ne tenait qu'à moi, si vraiment que je m'étais écoutée, je serai partie avec l'équipe pour les aider. Cependant, j'avais diverses tâches administratives à terminer suite à cette affaire, et surtout, je me devais de retourner à mon point d'observation auquel j'avais été arrachée. J'en portais encore la boue et les saletés, et s'il y avait bien quelque chose que je n'appréciais guère, c'était d'être interrompue durant mes observations, car cela pouvait me faire manquer des indices extrêmement intéressants pour mes recherches. Il y avait de ces agissements que les créatures ne faisaient que trop peu peu, rarement vu par les professionnels. Je basais énormément de mes théories sur ce genre d'événements, et si je voulais garder mon crédit en tant que dragonologue, même fraichement diplômée, je me devais d'apporter des preuves tangibles. J'étais déjà bien assez moquée ainsi avec mes méthodes révolutionnaires et largement discutées et peu reconnues.

J'étais une personne qui abhorrait la violence, surtout sur des êtres qui n'avaient rien fait, sur lesquels l'être humain avait simplement besoin d'asseoir une dominance toute discutable. Mes méthodes en tant que dragonologue étaient dites douces. Au lieu de violenter l'animal, j'essayais de l'observer et de l'approcher sans utiliser de magie offensive, le but étant de ne pas traumatiser le dragon, ou n'importe quel animal. Ce genre de techniques avaient déjà fait des preuves impressionnantes sur les animaux moldus, comme les chiens ou les chats. Certes, un dragon n'avait que peu de similitudes avec ces animaux, toutefois, je me plaisais à croire qu'une base similaire dans notre manière de faire existait. Je me devais, simplement (n'est-ce pas ?), l'adapter au monde magique. La simple vérité crevait les yeux lorsque nous devions approcher ne serait-ce qu'un hippogriffe, une créature si fière qu'elle demande à ce qu'elle soit saluée et respectée si nous souhaitons l'approcher. Pourquoi n'en irait-il pas de même pour les autres créatures, et donc pour les dragons ?

C'était sans compter la relation très étroite que j'avais avec Sleipnir. Nous étions plus qu'un Sombral et sa cavalière, nous étions une équipe, un binôme. C'était une sensation véritablement magique que de sentir sa créature agir parce qu'elle en a envie, et non pas parce qu'elle est obligée de le faire. Bien sûr, je ne suis pas naïve, et je sais que les dragons ne sont pas des créatures qu'il est possible d'apprivoiser, mais il est possible de les habituer à certaines choses, comme à la souffrance à l'aide d'un son spécifique hélas. C'était d'ailleurs sans doute ce que ce jeune Magyar avait dû subir durant toute sa vie. Ce bruit, il ne l'oublierait jamais, et je mettrais ma main à son propre feu que des bruits similaires le feraient réagir jusqu'à sa mort (dans plusieurs années je l'espérais). Ce traumatisme serait tout à fait comparable à celui qu'un humain pourrait avoir subi, sans le moindre doute.
Mes épaules s'affaissèrent alors que l'Oubliator essayait, sûrement, de me remonter un peu le moral. Il y avait pourtant tant d'agissements que je ne comprenais pas. À croire que je n'étais pas faite pour être née humaine, il y avait eu un problème de parcours lors de ma conception.
D'un sourire un peu forcé, je lui répondais tout glissant une main dans mes cheveux.

- Peut-être bien. Mes yeux bruns se relevèrent pour admirer le stade dans lequel nous nous trouvions, tout en cherchant des moldus qui seraient encore présents et qui auraient pu voir ce qui venait de se passer. Là, un peu perdue dans cette immensité, je me permettais un dernier commentaire. Je ne comprendrais jamais pourquoi, lorsque ça nous semble différent, nous devons juger, violenter. Puis dominer.

D'un petit regard complice du coin de l'œil, je l'observais, comme s'il était en train de réfléchir à quelque chose, ou plutôt, qu'il avait une idée derrière la tête. Pourquoi me demandait-il si je devais retourner au Ministère ? Et même si c'était le cas, qu'est-ce que ça pouvait bien lui faire ? Rapidement soupçonneuse (parce que j'étais timide), je haussais un sourcil, le laissant s'expliquer. Explications qui ne viennent guère et qui ne me réussirent pas à me convaincre. Néanmoins, elles avaient le mérite de me faire sourire, décrispant sensiblement ce visage incrédule et inquiet que j'avais adopté.

- Monsieur Ombrage, voulez-vous m'inviter pour prendre le thé par politesse ou pour faire davantage connaissance avec moi ? Ou pour me parler de votre épouse ou même me la présenter ? Malhabile, je m'essayais à un petit sourire taquin avant de détourner rapidement le regard du sorcier et d'enfoncer ma tête dans mes épaules à l'instar d'une petite tortue. Peut-être en avais-je trop dit, pourtant, je m'étais simplement essayé à une plaisanterie innocente. Je ne comprenais pas très bien ce que sa femme venait faire là-dedans. Toutefois… Mais mmh… j'adore le thé. Pivotant, exposant ainsi mon épaule et mon flanc au sorcier, je balayais le stade du regard afin d'y retrouver ses deux stagiaires qui devaient sans doute terminer leurs labeurs eux aussi. Je dois effectivement remplir quelques papiers administratifs. Ce… ce serait avec plaisir que nous pouvons passer un peu de temps ensemble, autour d'une tasse de thé.

Il y avait de nombreuses raisons pour lesquelles j'appréciais le thé, certaines évidentes, d'autres, bien moins. Mais je n'allais pas m'étendre sur toute cette argumentation avec un inconnu de la trempe de monsieur Ombrage. D'autant plus, quelque chose me tracassait chez lui, comme si tout ce qu'il faisait était pensé, calculé. Dans un sens, je me sentais quelque peu manipulée, et c'était une sensation que je détestais au plus haut point, moi, petite sorcière qui appréciait à ce point ma liberté. Toutefois, je me jetais dans la gueule du loup. Pourquoi ? Encore une fois, il y avait bien des raisons à cela, mais la principale était que… j'avais la sensation que ce sorcier pourrait m'apporter quelque chose. Je voulais savoir de quoi il s'agissait.


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Lun 4 Jan - 22:39

Difficile de pouvoir percevoir ce que chacun pouvait penser dans les différentes situations du quotidien. Ou dans les situations moins habituelles, comme celle de ce jour. Enfin, ce n’était pas tous les jours que nous avions l’occasion de sauver un dragon. Surtout un spécimen de cet acabit. Il me semblait que nous pouvions considérer la situation comme une chance, en réalité. Et je savais d’ores et déjà que je pourrais faire rêver ma fille avec un récit détaillé de ce sauvetage de magyar à pointes. Je savais bien que Septima serait émerveillée par une telle histoire... et j'étais prêt à tout pour que ma fille me considère comme son héros. Quoi de plus normal, pour un père ?

Ce n'était pas tous les jours qu'on assistait à un sauvetage de dragons. Surtout lorsqu'au départ, la mission ne mentionnait pas vraiment un sauvetage, mais plutôt une incursion magique dans le monde moldu. En soi, c'était une question de bon sens plus que de terminologie, mais il était bon de souligner ce fait tout de même. Nous n'étions pas d'emblée venus ici pour envoyer un dragon maltraité dans un refuge pour le remettre sur pattes.

« On peut toujours l'espérer... » Je préférais envisager les choses sous un oeil positif. Parce que le négatif avait tendance à prendre toute la place, si on lui laissait une minuscule ouverture. Je ne voulais pas de cela. « C'est toujours un peu la même chose, dominer ce qui est différent, c'est une façon de dominer sa propre peur, d'une certaine manière. Cela a un côté rassurant, pour certains. »

Je ne savais pas si je pouvais aller plus loin dans cette idée, en tout cas, j’avais l’impression que si je faisais un peu plus en détail le point sur le sujet, j’aurais vite fait d’aborder des sujets un peu tangents... ou un peu trop « à la limite » du raisonnable ou de l’acceptable. Il fallait du politiquement correct, après tout… Et face à l'incompréhension de la jeune sorcière, je n'étais très certainement pas le mieux placé pour apporter des réponses saines et cohérentes. N'avais-je pas moi-même régulièrement recours à la violence dans certaines situations ?
En réalité, face à ce genre de questionnement qu’abordait la jeune femme, je ne pouvais pas me permettre de dire ce que je pensais vraiment. Car si les dragons m’inspiraient un peu de compassion, il fallait tout de même bien que je puisse reconnaître que ce n’était pas le cas pour tous les être vivants et que je me voyais bien mal recueillir l’un de ces sous-êtres qu’étaient les moldus… même pour les beaux yeux d’une jolie sorcière, je ne l’aurais pas fait. Alors raconter cela à une inconnue qui se demandait pourquoi les êtres humains étaient si méchants envers ce qui était différent…
Mais d’un autre côté, quand je réfléchissais un peu plus loin, faire preuve de violence pour asseoir un pouvoir, cela se faisait tout le temps et depuis des lustres… un roi envers ses sujets… un professeur envers ses élèves… un adulte envers un adolescent… mon grand-père envers moi… On avait tous déjà vu ou vécu des choses du genre. Et on ne pouvait pas feindre l’indifférence ou l’ignorance, ce n’était pas possible.

La présence de cette jeune femme n’était pas désagréable. Elle avait un petit je ne savais quoi qui me poussait à vouloir la connaître un peu. Peut-être était-ce son attitude envers le dragon qui me faisait cela, mais j’avais le sentiment qu’elle était dotée de qualités que je ne pouvais pas laisser filer. Nous n’avions sans aucun doute pas les mêmes centres d’intérêts ou de préoccupations, mais il était évident que nous avions partagé un point commun aujourd’hui et que cela pouvait être un bon point de départ. Pour quoi ? Allez savoir… je me fiais à mon instinct.
Et mon instinct avait eu raison pour le thé, mais à part cela… je me trouvais un peu con, sur le moment, lorsqu’elle me dit cela, car… au fond, je ne savais pas. Était-ce de la politesse ? L’envie de passer du temps avec elle ? L’envie de faire plus ample connaissance ? Je me voyais mal passer des heures à lui parler d’Elianor, mais il y avait quelque chose à exploiter, entre elles. Et rien à voir avec des histoires plus ou moins louches de coucheries, non non, promis. Et à son sourire, je crus bon tout de même de préciser.

« Je pense juste que votre approche des créatures associée à ses talents d’avocate pourraient peut-être sauver quelques autres animaux. Mais ce n’est qu’une supposition. » Mettre en cheville une dragonologue avec ma femme, cela me semblait être une bien bonne idée, sur le moment. A elles deux, n’allaient-elles pas pouvoir faire des miracles pour sauvegarder les espèces de dragons ? Peut-être même que cela redorerait un peu le blason d’Elianor aux yeux de ma petite Septima… mais bon, ça, ça restait à voir, Sept’ avait un sacré caractère et elle avait tendance à être assez tranchée dans ce qui concernait sa mère.
« Je ne veux pas vous forcer la main, mais j’ai le sentiment que vous pourriez mener une collaboration assez fructueuse dans le domaine de la sauvegarde des créatures. Et, entre nous, je suis certain que cela peut avoir un impact positif pour mon épouse aux yeux d’une personne très importante. »

Les certitudes… quand on avait des enfants, elles pouvaient être bien vite ébranlées, mais il fallait tenter le coup, cela ne coûtait rien. Et puis, de toute évidence, nous avions au moins le goût pour le bon thé en commun.
« Ma secrétaire prépare le thé avec un véritable talent. Elle se fera un plaisir de nous faire une démonstration en direct. »

Ariane était douée, c’était sûr, mais la préparation du thé par cette femme relevait véritablement de l’art. Elle choisissait les essences de thé chez des spécialistes, elle accommodait elle-même les saveurs et puis la préparation en tant que telle ressemblait à une véritable danse. C’était très agréable à voir. Et encore plus à déguster.

« Lorsque vous passerez au Ministère pour votre rapport, venez donc me voir, au troisième étage. Il me semble que vous avez peut-être quelque chose à faire avant… » Peut-être allait-elle se changer ou se rafraîchir un peu… elle devait avoir sans doute transplané en urgence pour arriver ici dans cet état, mais je n’avais fait aucune remarque ni aucun commentaire. Je savais bien que j’étais parfois un peu trop maniaque et maniéré au goût de certains.
Je lui adressai un sourire. Le fait qu'elle ait accepté mon invitation était une chose positive. Et Salazar seul savait où tout cela nous mènerait...

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