Jonas & Amber

Amber eut l’impression qu’une éternité les sépara du bar. Ils marchaient depuis tellement longtemps et chaque pas commençait à devenir plus difficile que le précédent. Si bien que Jonas devint sa béquille pour ne pas s’écrouler au sol. Bordel… Elle avait trop bu. Elle en avait conscience, malgré son état parfait d’euphorie. Elle avait envie de rire de tout. Même une cannette sur le trottoir aurait pu provoquer un ricanement chez elle. C’en était désastreux ! Elle qui faisait toujours attention à l’image qu’elle renvoyait aux autres. Elle avait plutôt l’air d’une gamine qui ne tenait pas l’alcool. Était-ce étonnant vu les shots qu’ils venaient de s’enfiler à vitesse grand V ? Sûrement pas.

Alors qu’ils venaient à peine de s’asseoir à la table de ce restaurant, Amber ne put contrôler ses jambes, qui sautillaient sur place, signe de son impatience. La jeune femme était pourtant du genre à ne pas l’être. Elle aimait quand les choses prenaient du temps et qu’elle devait faire un effort considérable pour l’obtenir. Elle aimait la difficulté, les complications. Si tout lui tombait tout cuit dans le bec, elle ne pourrait jamais trouver cela jouissif… Pourtant, ce soir-là était une exception à la règle. Elle voulait sa pizza et elle la voulait tout de suite. Jonas sembla d’ailleurs le remarquer, puisqu’il se moquait d’elle. Amber poussa un râle d’impatience et fourra sa tête entre ses deux mains.

— Tu n’imagines pas à quel point. Je crois que je pourrais manger n’importe quoi.

Pour faire passer le temps, la jeune femme essaya de lui poser une question, mais l’arrivée des pizzas les coupa dans leur élan. Bien loin d’être raffinée, elle attrapa une part et l’engloutit dans un temps phénoménal. Bon sang, que c’était bon ! Elle eut une pensée pour les Towsen, qui auraient sûrement fait les gros yeux en la voyant s’empiffrer sans aucune élégance et en faisant usage de ses dix doigts. Ils étaient beaucoup trop classe pour elle, parfois.

— Il fallait bien passer ici. J’ai déjà commandé un deuxième mètre de shots avant de partir.

Amber lui sourit grandement, d’un air à peu près sérieux. Elle fit de son mieux, mais l’alcool amplifiait ses émotions et ne l’aidait pas tellement à jouer la comédie. Elle qui gardait constamment un masque et une mine sérieuse, elle ne parvenait même pas à contenir un sourire. Elle avait simplement envie de s’amuser, ce soir-là, et de ne penser à rien d’autre.

Au diable, les examens de fin d’année ! Au diable, les règles imposés par sa famille ! Amber était ici, dans le Londres moldu, et elle comptait bien passer la meilleure soirée depuis le début de l’année. Il fallait dire que Jonas n’avait pas tellement de concurrence. Elle avait fêté le nouvel an avec des sorciers coincés, qui ne savaient pas s’amuser et qui ne parlaient qu’affaire. Amber aimait danser, se trémousser, chanter à tue tête… Pas faire des foutus gala de charité ou des événements du même genre, qui offraient autant d’amusement qu’un escargot rampant sur le trottoir ! Bon, la comparaison n’était pas glorieuse, mais c’était tout ce qu’elle était capable de faire dans son état.

Silencieuse, elle écouta Jonas lui parler de sa vie, de ses exercices professionnels, tout en dévorant sa pizza. Quand il eut terminé son explication, elle en était déjà à la moitié. Le high-tech, ça ne la connaissait pas tellement. Elle était très mauvaise en technologie, mais ce n’était pas étonnant quand on voyait le monde dans lequel elle vivait. À quoi ressemblerait Poudlard avec des écrans plats dans les salles communes, des écrans d’ordinateur et des livres numériques ? Le château perdrait certainement tout son charme.

— Ça a l’air intéressant. Même si ça dépasse largement mes connaissances.

Et voilà ! Amber n’avait plus de filtres, maintenant qu’elle avait bu. Quel jeune moldu ne connaissait rien en high-tech ? Ils semblaient tous extrêmement connectés aux réseaux-sociaux ou scotcher à leur télévision. La jeune femme ne parvenait pas à les comprendre ou à y voir un quelconque amusement. Les sorties de ce style étaient bien mieux que n’importe quelle technologie !

— En tout honnêteté, j’ai grandi avec une famille qui déteste la technologie. Et je crois que je ne parviendrais jamais à rattraper mes lacunes dans ce domaine.

Amber se gratta l’arrière de la nuque. Elle ne lui avait pas menti pour le coup. Sa famille détestait toute forme de technologie. Son frère avait même manqué de la sermonner en la voyant installer une machine à café moldu dans leur manoir. Elle n’y pouvait rien. Elle trouvait le fonctionnement de cette cafetière surprenante. Ses boissons étaient délicieuses… Mais soit !

Jonas la questionna sur ses occupations. Quelle était l’équivalent de la Protection Magique pour les moldus ? Elle l’ignorait. Elle n’était même plus en capacité de penser clairement, alors elle dévia vers une filière qu’elle aurait rêvé de faire : magizoologiste. Elle s’y connaissait plutôt bien en créatures, autant magiques qu’ordinaires. S’il posait des questions sur le sujet, elle pourrait y répondre plus facilement.

— Je commence ma dernière année en septembre, pour travailler auprès des animaux. Et je n’ai pas quitté Londres depuis mon jeune âge.

La jeune femme n’était pas de nature très bavarde, mais l’alcool la poussait à parler. Elle se méfiait malgré tout de ses effets. Elle ne voulait pas trop en dire, au risque de dévoiler ses capacités magiques. Finissant silencieusement sa pizza, elle releva son regard émeraude dans sa direction, tout en se léchant le bout de son pouce, plein de sauce. Sans doute en avait-elle autour des lèvres, alors elle attrapa une serviette et s’essuya du mieux qu’elle pouvait.

— Je mange n’importe comment, s’amusa-t-elle en passant une mèche de cheveux rebelle derrière son oreille.

Ce week-end promettait d’être plus intéressant que les précédents, même si elle espérait se remettre sur pieds rapidement. Elle avait son entraînement avec William dimanche et il n’apprécierait sûrement pas qu’elle se ramène avec une sale mine ou une gueule de bois de deux jours (même si cela lui semblait compliqué dans l’état actuel des choses).

Jonas & Amber

Amber n’était certainement pas le genre de fille à traîner dans les bars le week-end. Et pourtant… Il fallait dire qu’elle avait pris de sacrées habitudes depuis les vacances d’été. Son père, Thorfinn avait fait usage d’un sortilège impardonnable sur elle. Un impérium pour être plus exact. Et il l’avait obligé à torturer un petit lièvre innocent qui n’avait rien demandé. La visage de la douce créature lui restait en mémoire et elle était tétanisée à l’idée que cela puisse se reproduire. Effrayée par l’attitude de son père, elle avait décidé de trouver refuge dans le Londres moldu, là où aucun mangemort n’était censé croiser sa route pour le rapporter ensuite à Thorfinn. Elle y avait d’ailleurs rencontré Raphaël, un étudiant friand des courts-métrages. Elle avait endossé le rôle d’une voyante et même si ses débuts n’étaient ps très glorieux, elle s’était laissée prendre au jeu. Depuis, elle se rendait de temps à autre dans ces quartiers londoniens et prenait plaisir à apprendre aux côtés des moldus. Leur manière de vivre était différente et intéressante, mais jamais elle ne se serait risquée de le dire à qui que ce soit. Elle tenait bien trop à sa vie pour se mettre en danger. Personne de l’entourage des Towsen ne comprendrait sa décision de fréquenter des moldus. Quelle tête feraient-ils en la voyant draguer un moldu ? Elle n’imaginait même pas, mais cette pensée l’amusait. Amber aimait surfer avec le danger.

Ce n’était pas nouveau chez elle. Pendant son temps libre à Poudlard, elle adorait se rendre dans la Forêt Interdite au risque de se faire attraper et de perdre de précieux points pour sa maison. Elle en avait fait les frais à de nombreuses reprises et sans doute auraient-ils pu gagner la Coupe des Maisons plus souvent si elle n’avait pas fait ces entorses au règlement. Quelques fois, le comptage de points était tellement serré qu’elle s’en voulait et culpabilisait, non pas sans recommencer l’année suivante.

Mais soit ! Ce n’était qu’un détail. Elle s’empiffra la pizza et eut un petit moment d’arrêt lorsque Jonas annonça qu’elle ne tiendrait pas la route. La bouche entrouverte, elle le regarda faussement abasourdie. Elle prit son meilleur air outré (bon, elle avait peut-être joué dans un court-métrage, mais ses talents de comédienne était à revoir).

— Peut-être que je ne tiens pas la route, mon cher Jonas, mais je suis plus douée que toi au jeu des défis.

Elle arqua un sourcil légèrement provocateur dans sa direction, alors que la conversation dériva vers les nouvelles technologies. Outch, elle devait véritablement mettre à jour ses compétences. Jonas lui fit d’ailleurs remarquer qu’il était disponible pour ça, sans même remarquer le double sens de ses propos. Amber n’y manqua pas et un petit sourire séducteur et provocateur orna ses lèvres.

— Eh bien, je serais ravie que tu mettes plusieurs de mes compétences à jour, Jonas.

Il était vrai que la tension sexuelle avait un peu diminué lors de cette escapade à la pizzeria, mais elle décida de s’amuser un peu. Elle laissa son pied glisser le long du sien et remonter petit à petit le long de sa jambe. Assez longtemps et lentement pour lui faire comprendre qu’elle n’avait pas perdu le noir après ces longues minutes.

— Des animaux un peu moins communs, à vrai dire. J’aime bien comprendre leur fonctionnement.

Évidemment que c’était moins commun ! Elle doutait que Jonas ait vu un botruc ou un centaure au cours de son existence. Mais elle préférait lui faire croire qu’elle s’intéressait aux animaux un peu plus sauvages, plutôt qu’aux créatures fantastiques. Elle ne savait pas comment il réagirait et avec les temps qui couraient, elle préférait ne prendre aucun risque.

Jonas proposa finalement d’aller chez lui pour le reste de la soirée, si elle le souhaitait, ou bien de la raccompagner chez elle. Par la barbe de Merlin ! Quelle mauvaise idée ! Déjà, son domicile était un peu éloigné du centre-ville et il risquait de payer une blinde en taxi. Franchement, le transplanage était la meilleure invention du monde ! Ensuite, il ne serait pas très bien accueilli par ses parents. Elle non plus d’ailleurs… Si elle revenait complètement bourrée, ils la sermonnaient pendant deux ans et ce n’était pas le genre de redescente qu’elle voulait avoir. La compagnie de Jonas, en revanche…

— Eh bien, si tu as du temps devant toi, je te suis !

Un sourire s’étira sur ses lèvres, alors qu’elle se redressa de sa chaise et l’accompagna à l’extérieur du restaurant, après avoir réglé leur commande. Amber n’avait pas envie que cet amusement la quitte de sitôt. Elle aimait s’amuser avec Jonas. D’ailleurs, en attendant le taxi, elle joua un petit peu avec lui et son ressenti. Elle rapprocha lentement son corps du sien.

— Tu n’oublieras pas de me rendre ce que tu m’as pris. Il commence à faire froid là-dessous.

En vérité, elle était même totalement gelée. Avec le froid hivernal, ses tétons avaient durci sous son pull et elle tentait de le cacher du mieux qu’elle le pouvait pour ne pas que les passants soient outrés d’une telle vision. Certains britanniques n’avaient pas le sens de l’amusement. Pas autant qu’eux en tout cas. Mais il fallait dire qu’ils s’amusaient d’une manière peu commune…

Finalement, elle passa sa main dans les cheveux de Jonas et se recula de quelques pas, faisant semblant que cette proximité était dû à une poussière sur sa tête, et non pas à un jeu de séduction. Amber adorait feindre l’innocence dans de telle situation. En même temps, elle n’avait pas tellement l’occasion de se vider la tête comme ce soir-là. Entre sa vie familiale et les examens, elle avait toujours l’esprit ailleurs. Elle ne pouvait pas tellement penser à elle et ce n’était pas à Poudlard qu’elle pouvait s’adonner à ce genre de loisirs. Oh, bien-sûr elle ne manquait pas d’imagination ! Mais simplement elle y trouvait les élèves inintéressants et ceux qui l’étaient restaient focalisés sur le fait qu’elle venait d’une famille de mangemorts. Elle n’avait pas une superbe réputation, ce qui faisait qu’elle était souvent seule au château…

Jonas & Amber

— Vraiment ?

Amber arqua un sourcil dans sa direction, un doux sourire aux lèvres. Il disait n’avoir pas dépassé ses limites et elle n’attendait qu’à voir ses exploits. Elle se demandait même jusqu’où ils étaient prêts à aller pour montrer qui pouvait repousser ces limites encore plus loin. Ce jeu était peut-être dangereux, mais elle le trouvait excitant. Elle aimait surfer sur cette vague. Amber n’avait pas souvent l’occasion de s’amuser. Sa vie avait toujours été des plus sérieuses et elle ne trouvait un sens à cette définition que depuis l’été dernier. Elle n’avait appris à vivre qu’il y a quelques mois. La jeune femme avait découvert que le sérieux ne faisait pas tout et qu’il y avait un tas d’émotions fortes à explorer dans le monde. Et voilà qu’elle s’amusait à séduire un moldu pour la première fois ! Ce n’était pas bien différent des sorciers. Il n’y avait pas un immense fossé entre eux, comme lui avait décrit ses parents. Seulement un mode de vie différent qu’ils étaient incapables de comprendre. En les jugeant, aux yeux d’Amber, c’était comme si on jugeait un peuple indigène simplement parce qu’on ne comprenait pas leur manière de vivre. Jamais elle ne se permettrait une telle chose, sans oublier qu’elle était curieuse de nature et qu’elle aimait découvrir de nouvelles choses.

Alors, séduire un moldu ou un sorcier ne changeait strictement rien à ses yeux. Pour le moment en tout cas. Si ça se trouve elle serait agréablement surprise de cette nuit, bien plus qu’avec un membre de sa communauté. C’était réellement triste que les mangemorts se ferment tant de portes…

Quoi qu’il en soit, elle s’amusa un peu avec Jonas et la tension grandissante qu’il y avait entre eux. La jeune femme n’avait pas envie de la laisser filer en se contentant de manger des pizzas et de papoter, un verre de soda à la main. Son pied glissa donc lentement le long de sa jambe, discrètement, mais malgré un léger risque qu’ils soient vus, ce qui rendait de toute évidence l’action plus amusante aux yeux d’Amber. Elle n’était pas devin, mais elle était persuadée qu’il l’écoutait d’une oreille distraite à présent. Ses faits et gestes étaient donc parvenus à l’effet escompté. Un sourire amusé s’étira sur ses lèvres et elle se releva de sa chaise pour gagner l’extérieur du restaurant. Ils avaient donc un centre d’intérêt commun, de ce qu’elle pouvait constater dans ses paroles.

— Vois-tu, je me suis quelque peu refroidie avec le temps.

Elle plissa légèrement le nez, comme pour lui montrer qu’elle se moquait de lui. En vérité, l’alcool commençait à perdre un peu de son effet et elle était moins dans un état euphorique. Elle avait un peu plus conscience de ce qu’il se passait autour d’elle et chaque geste était un peu moins maladroit.

Quand elle se sentit attirée contre son corps, elle ne put contrôler un petit hoquet de surprise. Par Merlin, il l’avait pris à son propre jeu ! Elle sentit une vague de chaleur envahir son corps face à ces petits contacts innocents, mais qui lui donnait envie d’en voir davantage. La tension était grandissante et le Uber arriva finalement à destination.

Chaque contact avec Jonas lui donna envie d’en voir davantage et la main sur sa cuisse ne l’aida pas. Elle se mordilla l’intérieur de la joue et tenta de maîtriser ses pulsions du mieux qu’elle pouvait, mais l’impatience pouvait se lire sur son visage. Ce chauffeur avait intérêt à arriver à destination le plus rapidement possible.

Ces six minutes furent les plus longues de sa vie, mais elle décida de s’amuser elle aussi. Eh bien, pourquoi Jonas conserverait-il ce loisir à lui seul ? D’un geste innocent, pendant que le conducteur avait le regard ailleurs ou ne pouvait pas voir ce qu’il se passait, elle déposa sa main sur sa cuisse et remonta légèrement vers ses hanches. Si cela pouvait s’apparenter à une simple caresse, elle n’en restait pas moins emplie de désir et de sensualité. En même temps, Amber ne pouvait pas faire autrement ! Son envie devait se percevoir des kilomètres à la ronde.

Alors, quand ils arrivèrent finalement à l’appartement de Jonas, elle laissa son dos rencontrer sa porte. À chaque fois qu’il réduisait la distance entre leurs deux corps, elle sentait des doux frissons la parcourir. Tout son corps s’animait et ne demandait qu’à en voir davantage. Et quand leurs lèvres se rencontrèrent enfin, un feu d’artifice se déclencha au bas de son ventre. Même si elle ne s’était pas permis de le faire, lorsqu’il l’avait défié de le surprendre, elle n’en avait pas moins eu envie toute la soirée.

Elle profita donc de ce moment pour laisser ses deux mains glisser le long de son dos, comme si elle voulait le sentir encore plus prêt d’elle. Ils n’étaient pas encore allés plus loin, mais Amber aimait déjà ce qu’elle ressentait en sa compagnie. Délicatement et sensuellement, elle vint chercher sa langue et s’amusa quelques instants avec elle. Cela faisait tellement longtemps qu’elle n’avait pas apprécié la compagnie d’un homme. Cette année avait été une véritable folie pour elle…

Lorsque sa nouvelle connaissance se recula pour lui proposer de boire quelque chose, elle arqua légèrement un sourcil. Essayait-il de recueillir son consentement pour aller plus loin ou lui proposait-il un nouveau jeu pour la soirée ? Elle n’était pas sûre de tenir encore un mètre de shots, mais elle était persuadée qu’ils étaient assez imaginatifs pour trouver des jeux amusants. Amber se mit donc sur la pointe des pieds pour combler la légère différence de taille qu’il y avait entre eux.

— Peut-être que le moment est arrivé de me montrer jusqu’où vont tes limites, murmura-t-elle au creux de son oreille en faisant référence à ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt dans la pizzeria.

Jonas lui avait laissé entrevoir un homme plein d’audace et elle ne demandait qu’à voir ce qu’il lui avait confié un peu plus tôt. Cette soirée allait être amusante, elle n’avait aucun doute là-dessus

Jonas & Amber

Amber avait envie de s’amuser en toute insouciance. Elle n’avait jamais été aussi proche d’un moldu avant Jonas. Elle ne comptait pas sa rencontre avec Raphaël dans le lot. Ils étaient proches amicalement, mais elle n’aurait jamais rien osé avec lui. Et puis, il était sympathique, mais loin d’être son genre d’homme. Elle l’aurait mangé tout cru. Amber savait qu’elle pouvait aller loin, très loin et qu’elle ne se trouvait pas souvent des limites dans quoi que ce soit. Elle aurait très bien pu faire un restaurant-basket, par exemple, mais elle était certaine que Raphaël ne l’aurait pas suivi, alors que Jonas… Elle avait besoin de se sentir vivante, sur un pied d’égalité et qu’on sache calmer ses ardeurs ou ne pas lui donner immédiatement ce qu’elle voulait. Voilà pourquoi elle ne pourrait pas avoir de relation avec Raphaël. Elle n’avait pas envie de gâcher cette amitié naissante entre eux. Il était gentil avec elle et il l’avait aidé à de nombreuses reprises. Son amitié ne pouvait pas être gâcher pour une partie de jambes en l’air.

Avec Jonas, c’était différent. Elle ne le reverrait peut-être jamais. Aucun d’eux n’avait d’attente particulière de cette soirée. Et c’était ce qui la faisait vibrer à cet instant. Chaque seconde faisait naître davantage de tensions que la précédente. Amber était impatiente de se retrouver seule avec Jonas. Elle ignorait si l’alcool agissait encore et rendait l’atmosphère plus intense, mais elle avait envie de lui déchirer les vêtements et de voir où la soirée allait les emmener.

Elle crut d’ailleurs que ce baiser allait les conduire plus loin, mais Jonas s’arrêta en plein action. Lui montrer où étaient ses limites ? Elle avait l’impression qu’il la cherchait et qu’il voulait voir ce qu’elle était capable de faire. Amber avait du mal à gâcher sa frustration. Elle voulait ressentir à nouveau ses mains le long de son corps. Elle voulait ressentir son souffle chaud contre sa peau. Rien qu’à cette pensée, un frisson lui parcourut l’échine.

Pourtant, Jonas s’éloigna et retira l’un de ses pulls, laissant apparaître ses tatouages. Assise en face de lui, la jeune sorcière les contempla de longues secondes. Elle n’oserait jamais se faire graver quelque chose d’indélébile dans la peau, et encore moins la marque de l’Augurey, mais elle adorait contempler le corps des autres. Elle trouvait qu’en plus d’être gracieux, les tatouages racontaient une histoire. Il suffisait de voir le corps de son ami Jaeden. Il était recouvert de motifs, mais elle adorait les contempler sous tous les angles. Malheureusement, elle le faisait un peu trop en combat et elle se faisait souvent mettre à terre à cause de ses étourderies. Quant à Jonas, pour revenir à lui, elle avait surtout envie de lui arracher son tee-shirt et de lui embrasser chacun de ses tatouages, mais elle se retint. Amber était un minimum civilisée tout de même. Elle attrapa donc la bière et but un tiers de la petite bouteille. Toute cette chaleur, toutes ces tensions l’avaient assoiffée.

Jonas mit alors un fond sonore et Amber décida de sauter sur l’opportunité pour s’amuser un peu. Elle se releva de son fauteuil et lui tendit la main.

— Tu danses ?

Elle arqua un sourcil dans sa direction et l’attira jusqu’à elle. Amber pouvait s’avérer malicieuse et elle décida d’attraper sa main et de la descendre jusqu’à son fessier, là où il pouvait voir qu’elle ne portait toujours pas de culotte. Il n’allait pas s’en sortir aussi facilement.

— Dis moi… Action ou vérité ?

Son regard pétillait de malice et on pouvait voir très clairement qu’elle préparait un mauvais coup. Comme elle l’avait prédit, Jonas choisit une action. Ils allaient s’amuser. Elle laissa glisser ses lèvres le long de son cou, le parsemant de légers baisers pour faire monter la tension, et s’arrêta au creux de son oreille.

— Laisse-moi faire ce que je veux de toi, pendant cinq minutes.

Son souffle chaud parcourut le corps de son interlocuteur et elle s’éloigna de lui, pour pouvoir voir son visage et ses réactions. Cinq minutes pouvaient être très longs, surtout lorsqu’on n’était pas en capacité d’agir. Amber avait-elle un esprit quelque peu dominatrice ? Parfaitement. Et elle allait d’ailleurs bien s’amuser s’il accédait à sa demande.

— Crois-moi, Jonas, tu vas te rendre compte que ce sont mes limites qui s’arrêtent après les tiennes, et non pas le contraire.

Amber était d’humeur joueuse, alors qu’elle laissa la musique bercer son corps. Elle n’était pas en panne d’inspiration et c’était même quelque chose de rare chez une Serdaigle. Jonas n’aurait qu’à bien se tenir. Il n’était pas prêt pour la suite des événements qu’elle lui réservait. Elle trépignait d’impatience à l’idée de faire ce qu’elle voulait de lui, mais avant tout, elle attendait son consentement. Elle ne voulait aucunement le mettre dans une situation embarrassante ou déplaisante. Il était encore maître de ses mouvements… Pour le moment.

Amber se rapprocha lentement de lui et passa ses mains sous son tee-shirt. Elle lui retira au bout de quelques secondes et le lança sur le canapé à côté d’eux.

— Déshabilles-toi, lui susurra-t-elle à l’oreille.

Elle le laissa s’exécuter et se positionna volontairement face à lui. Son pouce était entre ses lèvres et elle ne se gêna pas pour se délecter de la moindre parcelle de son corps. Il était bien mieux sans le moindre vêtement. Son tee-shirt cachait des abdos à la faire tomber à la renverse. Non ! Elle devait rester sérieuse et ne pas divaguer comme elle le faisait.

Elle sortit son téléphone de sa poche et partit dans ses dossiers pour lancer un chronomètre de cinq minutes. Amber prit même soin de montrer l’écran à son interlocuteur pour pas qu’il n’imagine qu’elle est une psychopathe en train de le photographier.

— Je baisse à quatre minutes trente. Pour enlever le temps de déshabillage.

Un sourire malicieux s’étira sur ses lèvres et elle lança son téléphone sur le canapé après avoir déclenché le minuteur. À son tour de s’amuser avec lui. Sensuellement, elle déposa la paume de sa main contre son torse et le fit reculer jusqu’au mur. Elle l’y planqua assez sauvagement, mais sans le blesser, veillant à ce que ses deux mains soient dans son dos. Son regard émeraude se plongea dans le sien, quelques longues secondes, laissant la tension monter respectivement dans leurs deux corps. Et, quand elle en eut assez d’attendre, elle déposa ses lèvres contre les siennes. Tout en douceur, elle descendit sa main le long de son corps, jusqu’à atteindre ses organes masculins. La partie ne faisait que commencer.

Jonas & Amber

Amber savait qu’elle n’avait pas été très entreprenante jusqu’à lors. Il fallait dire qu’elle attendait d’être dans un endroit plus intime pour s’y mettre pleinement. Si elle avait laissé son pied glisser sur la jambe de Jonas dans la pizzeria et si elle lui avait gentiment donné ses sous-vêtements, ce n’était pas pour rien. Ils avaient tous les deux la même idée en tête. Malgré tout, comme pour se jouer d’elle, Jonas s’amusa à faire monter la tension avant de se retirer et de se rendre sur le canapé. Amber voulut lui lancer un « Vraiment ? », mais aucun mot ne sortit tant la frustration était grande. Son corps avait besoin de s’alimenter de cette puissante énergie qu’il lui transmettait. Elle ne pourrait pas le faire s’il s’affalait dans son canapé.

Alors, la jeune étudiante décida de prendre les devants. Il n’allait pas s’en sortir comme ça. Elle lui proposa de danser, afin d’être sûr d’être constamment en contact avec son corps chaud. Jonas ne repartirait pas aussi facilement. Il ne savait pas quelle bête sauvage il venait de réveiller. Amber détestait la frustration et ne pas obtenir ce qu’elle désire. Elle se donnait toujours les moyens d’y arriver. Même si cette situation s’appuyait en majorité sur ses cours, le sexe n’en faisait pas exception.

D’un air parfaitement innocent, elle relança donc un « Action ou Vérité ? », impatiente de lancer l’idée qu’elle avait en tête. Jonas s’amusa à la prendre au dépourvu en demandant une vérité. La bouche d’Amber s’entrouvrit légèrement, mais rien ne lui vint en tête. Elle n’avait pas anticipé cette réponse de sa part. Heureusement, il se rectifia bien vite, au plus grand plaisir de sa partenaire.

— Je préfère largement cette réponse.

Amber lui sourit grandement, après lui avoir tiré la langue, pour lui faire comprendre que ce n’était qu’un enfant. Bon… En vérité, les rôles s’étaient inversés au moment même où elle avait grimacé comme une gamine.

Trêve de plaisanterie. Il était l’heure de passer aux choses sérieuses. Ni une, ni deux, elle lui demanda de se soumettre à sa volonté au cours des cinq prochaines minutes, et il accepta. Sa seule demande était qu’elle ait un minimum de respect envers lui. La réponse était évidente pour Amber. Elle ne ferait jamais rien qui le mettrait dans une posture désagréable. La jeune étudiante aimait le sexe plutôt soft, mais pimenté de quelques innovations. Elle n’avait pas de fantasme qui sortait de l’ordinaire et qui pourrait choquer son partenaire.

— Ne t’en fais pas pour ça. Je pense même que tu vas me supplier de continuer à la fin du chrono.

La jeune femme lui offrit un sourire à moitié joueur, à moitié amusé. Ce fut ce moment que Jonas choisit pour lui demander pourquoi elle voulait toujours tout contrôler. Elle eut un temps d’arrêt et prit le temps de réfléchir à la question. Elle savait qu’il n’avait pas lancé cette remarque méchamment, mais il toucha tout de même un point sensible. Elle aimait contrôler ce qui était accessible pour elle, tout simplement parce qu’elle touchait à une once de liberté qu’elle n’avait qu’en l’absence de son père. Amber avait eu l’impression d’être sa marionnette toute sa vie et quelque part, contrôler quelques événements anodins lui faisaient croire qu’elle pouvait avoir un contrôle minime sur sa vie. Non ! La Towsen ne voulait pas avoir toutes ses images désagréables en tête pour la suite. Elle se contenta donc de sortir de son moment d’absence en lui adressant un doux sourire, qui pouvait presque semblait innocent de prime abord.

— Tu es un homme compliqué à combler, Jonas. Il faut savoir si tu trouves que je ne prends pas assez les devants ou l’inverse.

Sa voix avait une petite pointe de provocation, mais rien de vilain. Elle faisait simplement référence au fait qu’il voulait qu’elle soit entreprenante et que quand elle l’était, il faisait l’homme choqué. Peu importe. Amber ne s’arrêta pas dans sa démarche et s’avança vers lui. Les minutes qui suivirent furent les plus délicieuses de sa semaine.

La Serdaigle n’aimait pas forcément le contact humain, mais quand elle s’adonnait à une partie de jambes en l’air, elle adorait percevoir le bien-être chez son partenaire. Elle adorait également partager ce moment de tendresse et d’intimité qu’elle ne pouvait trouver nul part ailleurs. Amber se laissait pleinement aller à ses désirs et arrêtait de jouer un rôle. Elle était simplement elle-même, le temps de quelques minutes ou bien d’une nuit.

Jonas & Amber

Amber ne regrettait pas une seule minute sa venue dans ce bar. Il ne faisait aucun doute qu’elle n’allait pas être fraîche le lendemain matin, mais elle s’en moquait éperdument. La soirée se déroulait à merveille et ce qui s’ensuivit l’était tout autant. Elle ne s’attendait pas à le faire dans le salon, puis dans la salle de bain, pour finir dans la chambre, tout en mélangeant ce plaisir avec celui de quelques bières supplémentaires. Lâcher prise avait du bon, parfois, et elle devait bien avouer que Jonas faisait partie de ces rencontres inattendues et surprenantes. Chaque seconde passait avec lui était plus délicieuse que la précédente. Il lui fit même découvrir des sensations qu’elle ignorait, des positions qu’elle n’avait jamais testées auparavant… La jeune femme ne manquait pas d’expériences dans le domaine, mais elle n’était pas non plus une experte aguerrie. Elle n’avait pas un nouveau partenaire par semaine. C’était tout juste si elle en avait un tous les trois mois. Mais elle vivait très bien sans. Amber avait toujours mille projets en tête, mille choses à accomplir. Elle ne se laissait pas le temps de profiter, de découvrir un peu plus son corps et celui des autres. Sans oublier que beaucoup d’hommes de Poudlard n’en valaient pas la peine à ses yeux. Tous des crétins ou des vantards. Elle avait tenté une fois l’expérience avec un Poufsouffle et il n’avait pas arrêté de discuter, de choses et d’autres, pendant l’acte. Amber en avait été sidérée. Le seul qui avait gagné son intérêt était Owen, mais il avait préféré la zapper pendant des mois, pour d’étranges raisons qu’elle n’avait appris que l’été dernière.

M’enfin ! Quoi qu’il en soit, Amber avait passé une agréable nuit. Si elle avait eu l’occasion, elle aurait réitéré l’expérience avec Jonas. Elle ne savait pas si c’était dû à l’alcool ou si c’était une réalité, mais la Serdaigle avait senti une connexion charnelle plutôt forte. Elle avait comme l’impression qu’ils pourraient retenter l’expérience, encore et encore, sans qu’ils se lassent de le faire. Ils avaient semblé être sur la même longueur d’ondes toute la nuit. Preuve en était, ils avaient remis ça plus de trois fois. Une première pour Amber, qui craignait de tomber sur une personne étrange ou avec des fantasmes inavouables.

Profondément endormie, Amber ne se réveilla qu’aux alentours de midi. Elle ne sut comment elle s’était retrouvée dans cette position, mais elle dormait en étoile de mer. Son bras gauche et sa jambe étaient étalés sur Jonas, qui n’avait pas d’autre choix que de subir son envahissement. La jeune femme avait un peu trop l’habitude de dormir seule et elle espérait ne pas avoir trop poussé Jonas au cours de la nuit… Enfin, si elle pouvait appeler ça une nuit. Ils avaient trouvé le sommeil relativement tard.

Se frottant doucement les yeux, elle tourna son visage vers la fenêtre et découvrir un hibou qui l’observait avec attention. Quel voyeur, celui-là ! Il ne pouvait pas lui livrer son parchemin plus tard ? Il lui fallut quelques secondes pour comprendre qu’il s’agissait de la chouette de son frère, qui lui apprendrait dans l’après-midi qu’il était fiancé. En attendant, la jeune femme lui fit un signe de la main pour lui dire de repasser plus tard. Jonas n’allait certainement pas comprendre pourquoi un oiseau l’observait en train de dormir. Mieux valait éviter cette situation embarrassante.

S’extirpant délicatement du lit, elle attrapa ses vêtements et commença à se rhabiller. Son partenaire ne tarda pas à entrouvrir les yeux et elle murmura quelques mots pour ne pas le brusquer.

— Hé ! Je vais devoir y aller. Je te laisse mon numéro dans ta cuisine, si jamais tu veux remettre ça, un de ses jours.

Amber haussa simplement les épaules pour lui faire comprendre qu’elle n’attendait pas après lui et que s’il décidait de ne pas la revoir, elle n’allait pas se mettre en boule et pleurer toutes les larmes de son corps.

— En attendant, je récupère ça.

La jeune femme attrapa sa culotte, sur le sol, et la secoua légèrement pour la montrer à Jonas. Elle ne la verrait plus jamais de la même manière… Ce bout de tissu avait connu une sacrée aventure !