La musique avait un air des plus répétitifs. Air que jouait l’ongle de Grigori en tapant délicatement contre le verre en cristal. Verre totalement rempli par ailleurs, non pas qu’il n’appréciait pas spécialement le breuvage mais il était pour le moins pensif. La faute à qui ? Son meilleur ami, non pas que ce dernier soit dans le collimateur de Grigori, bien sûr que non, plutôt qu’il était sidéré par cette facilité qu’avait ce type d’obtenir ce qu’il voulait des filles. Bon après, il est vrai  que les filles c’est par définition complètement stupide mais là quand même, Grigori ne parvenait à comprendre la différence entre lui et son meilleur ami. Il y a pourtant de cela quelques temps, ils étaient au même point, ou presque avec leurs deux casses burnes en puissance qui faisaient la tronche par principe. Et là, pour ce qu’il pouvait constater de ses propres yeux, Tristan s’en sortait bien mieux que son meilleur ami. Toute la réflexion de Grigori se portait sur un point est ce que Kiara était une véritable chieuse  - oui oui – ou est ce que Maëlle était le pigeon par excellence. Il ne parvenait pas à se décider sur la question mais une chose était sûre il était toujours déterminé à faire de la chieuse Macmillan son épouse, à accepter qu’elle soit médicomage quand bien même une fille qui reste à la maison pour élever des enfants c’est plus convenable. Lui aussi il voulait danser – mon cul il veut juste se la péter et afficher qu’il a une fiancée – avec Kiara en public. Sauf que pour le moment, la chieuse n’était pas partante, il avait bien essayé de lui acheter un bijou mais la bijouterie avait explosé. Il lui fallait un peu d’aide, il était bien obligé de le reconnaître. Tout ça le gonflait au plus haut point parce qu’il ne savait plus quoi faire au juste. Enfin, il ne l’avait jamais vraiment su, se fiant aux points qu’il gagnait ou perdait pour être guidé et ne pas refaire les mêmes erreurs. Mais là, il ne gagnait pas le moindre point, le jeu s’était terminé bien trop brusquement pour lui.

Il aurait été ravi d’aller voir Tristan pour que ce dernier l’aide… oui encore mais il faut reconnaître qu’il gérait le Vandwyck et pourtant il partait de loin. Sauf qu’il semblait occupé et il aurait été bien crétin de la part de Grigori de venir le déranger.  C’est alors que son regard tomba sur la sœur de Tristan. Il hésita quelques instants, pesant le contre les filles c’est chiant et pour peu que cette histoire revienne aux oreilles de la demoiselle Macmillan, elle allait faire exprès de sauter aux conclusions hâtives, forcément en défaveur du Dimitrov sinon ça n’était pas drôle du tout. Surtout que c’était totalement erroné et en réalité elle le savait très bien Kiara, que Grigori n’était pas le genre de garçon à tourner autour des filles, à chercher un harem ou quoi que ce soit. Non vraiment, les filles ça n’était pas son truc et moins il devait en fréquenter, mieux il se portait. Néanmoins il fallait aussi prendre en compte le pour,  recevoir de l’aide de quelqu’un pour une situation que lui-même ne parvenait à gérer. Le pour prit le dessus, il posa donc son verre, toujours rempli puis traversa la salle de bal d’un pas décidant, évitant soigneusement les piètres danseurs. Ça devrait d’ailleurs être interdit de danser aussi mal. Si en plus des bonnes manières, les parents avaient visiblement abandonné l’idée d’apprendre à danser à leurs filles – même si les garçons c’était un peu la même chose côté abandon des valeurs – tout pour qu’elles soient inutiles à souhait. Qu’importe ça n’était pas le sujet du jour. Il se pointa donc au milieu du groupe de filles, ignora copieusement toutes les camarades de la demoiselle Vandwyck pour annoncer à cette dernière « Il faut que je te parle. » Le bonsoir, pas le temps, lui demander si elle était libre ? ça va elle était en grande discussion avec des filles, ce n’est pas cime si leur discussion était passionnante… Parler bijou, maquillage, grosse éclate.

Alors par contre, il faut reconnaître qu’une lueur d’intelligence parcourait leur esprit puisque sans un mot, elles s’écartèrent pour laisser la Vandwyck avec le Dimitrov. Il les regarda s’éloigner, suivant leur silhouette du regard, n’ayant pas spécialement envie que les autres écoutent ce qu’il avait à dire. Avant même que la Poufsouffle n’ait eu le temps de dire le moindre mot et parce que ça avait quelque chose de rassurant de faire des choses qu’il connaissait  et pour lesquelles il avait été formaté toute sa vie, il s’empara de la main d’Eponine pour l’entraîner sur la piste.

Surtout qu’il commençait à les connaître les relous, il n’arrivait jamais à obtenir quoi que ce soit d’elles sans faire beaucoup d’efforts de son côté. Ce n’était pas naturel pour lui de vouloir faire plaisir aux filles, c’était contre nature pour lui. Alors imposer inviter Eponine à danser, ça ferait plaisir – ce qu’il faut pas faire – à la demoiselle et ça permettrait à cette dernière d’être un peu plus disposée à l’aider.

Une fois sur cette fameuse piste de danse à danser forcément on est rarement sur une piste de danse pour faire de la couture avec sa cadette, Grigori décida d’entrer dans le vif du sujet. « Voilà, j’ai un problème et vu que tu es une fille, je pense que tu devrais pouvoir m’aider. » Il devait à présent lui expliquer ce qui se passait concrètement et contrairement à la fois précédente avec Tristant, il devait éviter de critiquer Kiara au risque de se prendre la solidarité féminine. « Imaginons que j’ai dit un truc que tu as compris de travers parce que je ne me suis pas très bien exprimé et que la chose que je t’ai dit ne t’a pas plu. » Il fit une pause pour qu’elle capte bien tout ce qu’il disait et qu’elle comprenne le fond du problème « Comment tu pourrais être disposée à  me pardonner totalement sans que j’ai à m’excuser et que tu acceptes de m’épouser ? » Oui, autant ne pas passer par quatre chemins et puis ça va, il était disposé à offrir à la demoiselle autant de danses qu’elle souhaitait pour la remercier de se pencher sur son problème.

Une soirée mondaine avait été organisée entre les jeunes sang-purs de Poudlard. Bien sûr, Tristan et toi n’auriez pu louper cela, au risque de faire jaser au sein de l’institution scolaire. Et puis, ces soirées n’étaient pas pour te déplaire même si au fond, la présence de sangs-mêlés ne t’aurait nullement gênée. Néanmoins, il n’était pas question que tu donnes ton avis sur ce point : de telles déclarations pourraient bien entacher ta réputation irréprochable. Alors, comme d’habitude et comme on t’avait bien appris toute ton enfance, tu feignais le racisme envers les non sang-purs, d’autant plus avec les moldus et les nés-moldus.

Laissant ton frère avec sa fiancée, tu avais rejoint un groupe de filles avec qui tu traînais durant ces fameuses soirées. Bien que tu adorais les cours, il te fallait, comme toute personne normalement constituée, décompresser de temps en temps. Les demoiselles qui te tenaient compagnie avaient le don de faire oublier tous tracas avec leurs ragots en général bien croustillants et leur extravagance. A chacune de ces soirées, elles attendaient comme des barbies dans une vitrine à ce qu’un cavalier vienne les cueillir. Car, en effet, cela n’arrivait pas à chaque fois : les traditions se perdaient et cela était bien dommage. La première barbie à être choisie ce soir là, ce fut toi. En effet, le meilleur ami de ton frère, Grigori, se dirigea vers toi, bousculant presque tes camarades tout en les ignorant royalement. Tu connaissais très bien son comportement rustre avec les filles et tu le déplorais. D’ailleurs, tu ne comprenais pas ce que ton frère pouvait bien se trouver de commun avec ce goujat.

Le fils Dimitrov t’interrompu donc brusquement dans tes discussions superficielles. Pas une formule de politesse, rien : du Grigori tout craché. « Bonsoir Grigori. » Une phrase qui avait pour but de lui rappeler qu’il avait oublié quelque chose. Les filles qui te tenaient compagnie t’avaient alors lâchement abandonné dans les griffes de cet hurluberlu. Hurluberlu qui ne rata pas une seconde de plus pour t’entraîner de force sur la piste de danse et il t’exposa ses tracas. Tracas que tu n’avais pas vraiment envie de résoudre à vrai dire. Tu en avais bien assez avec ceux de Tristan et Maëlle pour en plus s’occuper de quelqu’un d’autre et plus encore d’un problème de couple. Parce que, là encore, cela concernait une fille. Tu t’étais toujours demandé ce que Tristan trouvait à cet odieux personnage au point d’être son meilleur ami, aujourd’hui tu leur avais trouvé au moins un point commun.

Suivant le mouvement de ses pas entraînants, tu le dévisageais, bien surprise qu’il te demande des conseils. Sûrement que Tristan avait du encenser ton rôle dans son histoire avec Maëlle, sinon pourquoi viendrait-il te faire confiance à toi alors que jamais le monde n’avait connu plus grand misogyne ? Bon, tu exagérais peut-être, mais tu avais tout de même la sensation qu’il avait été élevé dans la jungle.

Consciente qu’il ne fallait pas le contrarier, tu te doutais que tu allais devoir la jouer fine avec lui. Tu repensas alors à une discussion que tu avais eue avec ton frère il y a peu de temps où il t’avait un peu expliqué les problèmes de Grigori avec… Kiara Macmillan ? D’ailleurs, heureusement que tu étais au courant du problème, sinon ses propos auraient été interprétés de façon bien ambiguë. Néanmoins, tu ne pouvais pas grand-chose pour lui : à vrai dire, tu ne connaissais pas Kiara Macmillan. « Grigori, je suis peut-être une fille comme tu tiens à me le rappeler, mais il faut que tu comprennes que chaque femme est différente. » Et toc, envoyé avec douceur mais bien envoyé quand même.

Le jeune homme semblait vraiment tenir à cette fille, pourquoi venir te voir sinon ? Il détestait le genre féminin ! Tristan avait du lui donner des conseils en plus : pourquoi ne pas les écouter ? Bon d'accord, il n'était pas le mieux placé pour donner ce type de conseils mais tout de même !

Tes sentiments étaient vraiment partagés. D’un côté, tu plaignais la fille Macmillan, mais de l’autre, le meilleur ami de ton frère te touchait (en quelque sorte). Tu savais néanmoins que s’il n’abandonnait pas son immense égo, il n’allait pas aller bien loin avec cette fille à qui il tenait visiblement. « Cela me semble difficile si tu ne comptes pas t’excuser un minimum. Je sais que ce n’est pas vraiment ce que tu veux entendre mais : il va falloir mettre un petit peu ta fierté de côté si tu tiens à elle. » Ton ton était froid mais sans être méchant ni désagréable. Il fallait juste qu’il comprenne qu’il allait devoir faire des « sacrifices ». « Mais, difficile ne veut pas dire impossible : sais-tu au moins ce qu’elle aime ? »

Allez c’était parti, en trois secondes même pas il fallait qu’elle fasse la petite futée, poussant Grigori à prendre une profonde inspiration pour ne pas l’envoyer bouler avec son bonsoir. Non il devait se souvenir que quand bien même elle était chiante, ça aussi un trait typiquement féminin et qui donnait envie à Grigori des envies d’étranglements, il allait devoir mettre ENCORE de l’eau dans son vin pour éviter que ça dégénère et qu’il n’obtienne pas ce qu’il voulait. Il s’efforça donc de prendre sur lui et de répondre, même si clairement c’était forcé « Bonsoir Eponine. » Voilà comme ça elle allait être contente, c’est vrai que dire bonsoir c’était d’une importance capitale, ah bah sinon c’est sûr qu’elle n’allait pas s’en remettre pauvre petite puce. Faudrait que Tristan explique à Grigori ce qu’il trouvait de positif sur sa sœur parce que le Serpentard ne voyait en elle qu’une enquiquineuse de première qui avait décidé d’être pointilleuse sur la politesse alors que bien souvent les bonsoir que les gens disaient lors de ces soirées étaient inutiles au plus haut point parce que tout le monde se fichait éperdument de la santé des uns, des autres et encore plus du fait qu’ils passent une bonne soirée… D’après elle pourquoi y avait-il de l’alcool lors de ces soirées et bien justement pour passer une bonne soirée, un peu de jugeotte par Merlin.

Et le pire, non parce qu’il y a toujours pire, c’est qu’alors qu’il essayait de lui prouver par A + B qu’elle allait être utile parce qu’elle était de la gente féminine et qu’elle devait comprendre au moins le mécanisme des filles et qu’elle pourrait lui être utile, voilà qu’elle lui indiquait que non. Il la regarda, un peu embêté il est vrai, s’arrêtant de danser pendant une demi seconde. Non mais elle le respectait pas du tout, comme s’il n’était pas au courant que chaque femme était différente, il y avait des débiles et des un peu moins bête, il le savait très bien. « Merci de l’information, vraiment je ne sais pas ce que j’aurais fait sans cet éclaircissement. » Non mais elle le prenait pour qui au juste, mais il devait bien y avoir des traits à peu près semblables à toutes les filles comme il y avait des traits relativement semblables, à des degrés différents chez les garçons. Elle pouvait quand même réfléchir à la question.

A quoi s’attendait vraiment Grigori en venant danser avec Eponine, un manuel sur pourquoi les filles sont toujours compliquées, pourquoi rien est simple avec elle, sauf les mettre de mauvais poil. Ah pour ça si quelqu’un voulait de l’aide sur comment se les mettre à dos, qu’ils viennent voir Grigori c’était un véritable champion. Le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’y avait pas de solutions miracles pour revenir en arrière et il faut admettre que c’était blessant et que ça ne lui plaisait pas le moins du monde. Il se renfrogna derechef lorsqu’elle évoqua le conditionnel pour parler de tenir à elle « Pourquoi ça ne va toujours que dans un sens ? » pourquoi c’était à lui de ramer encore pour essayer de retrouver cette fille à qui, il l’admettait sans détour, il tenait beaucoup. Il avait un peu de mal à comprendre pourquoi, il était le seul affecté alors qu’il avait toujours eu cette sensation qu’ils s’entendaient bien. C’était un peu compliqué de savoir comment tout gérer. « J’ai voulu mettre ma fierté de côté Eponine, j’ai été dans une bijouterie pour lui trouver un bijou. » Vu l’opinion qu’elle semblait avoir sur la question, il décida de préciser « Je cherchais quelque chose qui lui plairait à elle, juste pour lui montrer que oui, je l’aime bien et. » Il eut un temps d’arrêt une hésitation « qu’elle me manque et que j’étais sincère quand je disais que c’était elle et pas une autre que je voulais pour épouse. Et bien devine quoi, la bijouterie a explosé avant que je n’aie eu le temps de décider. Je pense que comme frein, c’est plutôt pas mal. »

Est-ce qu’elle n’était pas un peu carrément en train de le juger. D’accord, il l’admettait, il avait très mal commencé avec Kiara, il était venu la demander en mariage alors qu’il ignorait tout d’elle, jusqu’à son prénom. Ce qui a le mérite d’être un peu rebutant, il voulait bien le reconnaître. Néanmoins, au bout de cinq mois à la fréquenter réellement, il pensait la connaître un peu « Pas tout, mais je connais certaines choses. Je sais qu’elle n’est pas sensible à l’argent et que l’acheter avec des cadeaux est totalement impossible. Je sais qu’elle tient vraiment à être médicomage et qu’elle veut prouver à l’univers entier qu’elle a l’étoffe d’être médicomage et qu’elle adore ses patients. Elle aime les histoires d’amour… c’est même flippant de voir à quel point elle y croit. Elle aime les plumes pour écrire et elle en a toute une collection. Elle aime sa famille et il ne faut surtout pas insulter sa sœur sinon gros problème. » Il la regarda dans les yeux « Je sais qu’elle ne m’aime pas. » Mais qu’elle tenait à lui aussi, assez pour mettre de côté ses griefs en venant le soigner – et le tenir au courant qu’il avait bousillé son costume, chose dont il ne s’était toujours pas remis soit dit en passant. « Au fond de toi, tu penses que c’est impossible, n’est-ce pas ? Que pour que ça s’arrange, il faudrait en gros que je sois une autre personne ? » Que pour une action qu’il avait fait avant même qu’il ne sache qu’elle existait et malgré le fait qu’il lui ait dit que ça ne changeait rien pour lui lorsqu’il lui avait annoncé la vérité, voulant vraiment être honnête avec Kiara, il avait fait voler en éclat toute leur entente démontrant au passage à Grigori que les efforts ne payaient jamais, le monde s’efforçant de toujours retenir ce qui n’allait pas parce que c’était visiblement bien plus drôle à leurs yeux que les efforts que le jeune homme pouvait faire en amont.

Tandis que Grigori t’entraînait avec grâce sur la piste de danse, tu levas les yeux au ciel quand son fameux cynisme t’éclata en pleine face. Bien sûr, tu n’allais certainement pas te vexer pour une raison aussi futile. Grigori était comme il était et tu le savais. Tu savais également que, bien qu’il n’ait que peu d’égard pour toi, tu restais la sœur de son meilleur ami. Bien qu’il ne restait qu’une connaissance, tu commençais à connaître ses réactions depuis toutes ces années. Alors qu’il te demanda pourquoi tout allait toujours dans un seul sens, tu lui répondis silencieusement avec un sourire compatissant. Il est vrai que les filles étaient des êtres compliqués, mais il en était tout autant avec les garçons du point de vue des filles ! Tu ne pouvais dire que tu étais une spécialiste des relations homme/femme du fait de ton expérience quasi nulle et pourtant, tes petites manœuvres semblaient plutôt bien marcher sur Tristan et Maëlle.

Tu esquissas un léger sourire lorsqu’il t’informa des goûts de la fameuse Macmillan. Il avait choisit la modestie en minimisant sa connaissance qu’il avait de la femme qu’il convoitait. Grigori n’était pourtant pas du genre modeste. « Pour quelqu’un qui dit ne pas connaître ses goûts, je trouve que tu as bien bossé ton sujet. » A ce propos, tu eus même un éclair de génie. Il cherchait quelque chose pour se racheter, mais quoi de plus touchant qu’un cadeau maison ? Elle avait l’air de quelqu’un de simple au niveau de ses goûts alors, à part le fait qu’elle pourrait le prendre pour un radin, cela n’était pas une si mauvaise idée que cela « Pourquoi ne pas lui montrer que tu tiens à elle en lui offrant quelque chose que tu aurais fait pour elle ? Ou quelque chose de personnel ? » Ton sourire disparu lorsqu’il t’affirma avec certitude qu’elle ne l’aimait pas « Qu’en sais-tu qu’elle ne t’aime pas ? Te l’a-t-elle dit ? En plus, tu me dis qu’elle aime les histoires d’amour : pourquoi t’aurait-elle consacré du temps si elle ne t’appréciait pas un minimum ? »

Il semblait si désemparé que tu aurais presque pu lui faire un câlin pour le rassurer. Néanmoins, seuls Tristan, Rose-Mary et tes amis avaient le droit à ce privilège et Grigori ne faisait pas parti de ces gens. En plus, dans cette assemblée, cela aurait pu être mal interprété. Tu connaissais bien le système des ragots et bien que tu aimais les connaître, tu n’avais aucune envie d’en être le sujet principal. C’est lorsqu’il te dit explicitement qu’il devrait être quelqu’un d’autre que tu lui manifestas un geste tendre. En effet, tu t’étais brièvement arrêtée de danser et lui tu lui avais un peu plus serré la main comme pour le rassurer « Non Grigori, ce n’est pas ce que j’ai dit ! Je t’ai dit ça allait être difficile et non pas impossible. »

Tu soupiras légèrement et l’observas avec un regard empli de compassion. Oui, parce que ce que tu voyais actuellement c’était un jeune homme qui avait enlevé quelques secondes sa carapace de gros dur pour exposer ses faiblesses. « Et si tu me racontais toute l’histoire ? Tristan ne m’a exposé que les grandes lignes sans entrer dans les détails. »

La musique changea pour quelque chose de plus énergique et, prenant la main du Dimitrov, tu l’emmenas hors de la piste de danse, tout en restant dans la salle. Une nouvelle fois c’était pour une question de racontars. En effet, si cela ne tenait qu’à toi, tu l’aurais entraîné dans un endroit plus calme pour discuter mais tu n’avais aucune envie que quelqu’un te voit t’éclipser avec le jeune homme et vienne insinuer des choses fausses.

Parler de Kiara avait quelque chose d’un peu dérangeant malgré tout. C’était une chose d’admettre qu’il tenait à elle, ou plutôt de se planquer derrière le fait qu’il voulait l’épouser, parce qu’il était plus facile de rester sur un sujet qu’il maîtrisait plus ou moins et comme ça il avait l’impression de maîtriser parfaitement la situation. Et que s’il était enquiquiné par le refus de cette fille, c’est bien parce que ça contrecarrait ses plans et pas du tout parce qu’il était déstabilisé. Là où les fois précédentes, il s’en était remis très rapidement, passant à autre chose, là il avait quand même un goût amer en bouche, celui d’avoir été investi du début à la fin et de s’être malgré tout loupé en beauté. Alors oui, il connaissait, un peu son sujet mais pas assez selon lui puisqu’il avait totalement sous-estimé la réaction de Kiara, n’ayant à aucun moment imaginé le fait qu’elle réagirait ainsi et … encore moins le fait de ne plus avoir aucun contact avec par la suite. Enfin, si, visiblement blessé, il arrivait à la faire sortir de son mutisme mais Grigori n’était pas vraiment le genre de personne à se blesser volontairement pour obtenir une quelconque attention. « Je ne le nie pas, j’ai étudié mon sujet. Bien obligé de le faire puisqu’elle veut être heureuse dans son mariage et que les parents laissent leurs filles dicter leur loi. » et certainement leurs fils, Grigori n’était pas dupe non plus mais il était plus aisé de critiquer le comportement des filles puisqu’il n’allait pas se marier avec un garçon et par conséquent, n’avait pas le moindre problème avec la gente masculine. Il n’avait pas vraiment été préparé à ce cas de figure et il s’en mordait un peu les doigts. Alors parce qu’il fallait s’adapter et que toute aide était bonne à prendre, il était prêt à prendre en compte les idées des uns et des autres, ne sachant plus vraiment s’il visait réellement le mariage ou l’amitié de Kiara.

Attentif aux dires de sa cadette, il analysait ses propos, n’étant pas certain d’être la personne la plus créative au monde. Offrir quelque chose qu’il avait fait pour Kiara. Voilà qui paraissait un peu compliqué, il se voyait mal lui offrir un dessin. Le pire était dans la proposition suivante, lui offrir quelque chose de personnel, c’est totalement indigné qu’il vérifia auprès d’Eponine « Je devrais lui donner un de mes costumes ? » Oh le scandale, c’était hors de question, ces costumes il y tenait comme à la prunelle de ses yeux et il ne le prêterait pas si la demoiselle avait froid, donc les donner, c’était peine perdue. Ah non, il avait beau l’apprécier, son costume restait son costume et il n’avait pas envie que quelqu’un le froisse. Non tout compte fait, lui faire un beau dessin semblait être une idée merveilleuse pour Grigori… tout plutôt que de filer un de ces costumes.
S’il semblait important pour Grigori d’exprimer une vérité, qu’Eponine ne parte pas sur une fausse route, qu’elle sache que les sentiments de la Macmillan à l’égard du Dimitrov. La demoiselle le reprit, faisant froncer les sourcils à Grigori qui ne s’attendait pas vraiment à être repris sur ce genre de choses. « Non, elle ne me l’a pas dit et pour cause, elle ne me parle plus. » Est-ce que ce n’était pas évident dans ce cas de figure ? Fallait-il vraiment demander une confirmation orale ? De la même façon que Grigori disait rarement aux gens qu’il ne les appréciait pas – pour tout un tas de raison – ce n’est pas pour autant qu’ils étaient crétins et ne s’en doutaient pas. Sur le troisième point, il était indécis, il n’en avait pas la moindre idée. Pourquoi lui avoir consacré du temps puisqu’il n’était pas sa belle histoire d’amour. « Elle pensait que j’allais abandonner, que le jeu n’en valait pas la chandelle et que je passerais à autre chose. Elle s’ennuyait et j’étais une distraction en attendant d’avoir mieux ? » Il n’en avait pas la moindre idée, il spéculait, celle à qui il fallait poser la question c’était Kiara, elle seule était en mesure de répondre à cette question, lui n’était pas dans sa tête et il s’y connaissait très mal en fille et pire encore il avait l’impression de ne plus reconnaître la demoiselle. Sauf que si ça semblait assez évident pour lui, ça l’était beaucoup moins pour Eponine vu le choix des mots. Comme quoi, les filles c’était vraiment des emmerdeuses pas claires.

Ce qui le perturbait c’était le fait de devoir être un autre. Ce n’était pas vraiment faisable et sans garantie que ce qu’il faisait pouvait fonctionner, à quoi bon se prendre la tête. Il avait donné de sa personne. Lorsqu’elle s’arrêta de danser, il la regarda étrangement, quoi ? Qu’est ce qu’il avait dit encore ? Son regard descendit sur la main d’Eponine, sans trop comprendre ce qu’elle faisait, n’étant pas spécialement habitué à ceci. Ce n’est pas ce qu’elle avait voulu dire, Grigori haussa un sourcil sans faire néanmoins la moindre remarque désobligeante, la clarté c’était pas son fort à la demoiselle Vandwyck n’est-ce pas ? Donc ce n’était pas impossible. Voilà qui était une bonne nouvelle, il allait pouvoir se marier avec une reloue, est ce qu’il était gagnant en vérité ? Il se posait vraiment la question parce que ce que la demoiselle qui semblait au départ avoir un tempérament plutôt tranquille, se révélait être capable de bien gonfler Grigori.

Raconter toute l’histoire ? Oh quelque chose, une petite voix interne, soufflait à Grigori que ce n’était pas forcément la meilleure chose à faire. Enfin si, pour être jugé sur ses choix, ses actions, c’était pile poil ce qu’il lui fallait. S’il hésitait, ne sachant ni par où commencer ni s’il avait envie de commencer, Eponine décida qu’ils devaient arrêter de danser et l’entraîna ailleurs. Et pour une fois, quand bien même, qu’elle dirige pour lui était déplaisant, il lui emboita le pas sans rien dire. Après tout, il était venu sur la piste de danse dans le seul but qu’elle veuille l’aider. Si elle jugeait qu’elle n’avait pas besoin de cela, il voulait bien aller dans un coin tranquille… ou s’arrêter juste à côté de la piste. Il lui lança un regard perplexe avant de se dire qu’elle n’avait probablement pas tort d’agir ainsi, si c’était pour que des gens aillent raconter des trucs sur lui… et Eponine, que Kiara l’apprenait, c’était empirer son cas. Il lissa son costume en tout premier lieu avant de raconter « J’ai rencontré Kiara dans une boutique pour acheter des plumes, elle me suivait et a fini par m’accoster en me demandant si j’étais bien Grigori. » Le pourquoi ne regardait pas spécialement Eponine si ? « On a parlé, je l’ai invité à boire un verre, on a discuté sur notre vision différente du couple et du mariage, surtout du mariage. Elle a parlé de points à obtenir, je lui ai demandé combien me fallait il de points pour l’avoir comme épouse. Et suite à ça, j’ai essayé d’obtenir des points. » Alors ce n’était pas très mirobolant au début, il se prenait des points en moins pour des détails qui à lui semblait dérisoire mais vu qu’il voulait sa main, il pliait de bonne grâce. « Tout a dégénéré à la suite de la soirée de nouvel an. Helios me parlait sans arrêt de ma fiancée. » Grigori fit la moue « Je pensais que c’était de l’histoire ancienne. Je n’ai jamais voulu jouer sur deux tableaux. Pour ne pas être un cachotier, qu’elle l’apprenne de quelqu’un d’autres, j’en ai parlé à Kiara. » il ne continua pas à raconter, la suite était évidente puisqu’il était là, elle n’avait pas apprécié, lui avait dit que c’était terminé, qu’ils n’avaient plus rien à se dire

Il était une chose que l’on ne pouvait pas te reprocher : ta patience. Parce que oui, il fallait en avoir avec un personnage tel que Grigori Dimitrov, d’autant plus lorsque l’on captait tous les sous-entendus misogynes qu’il faisait. Avec ce genre de coco – pas vraiment rare dans ton monde – il ne servait à rien de s’énerver. Néanmoins, tu estimais que le jeune Russe avait raison sur un point : les illustres familles de sang-pures laissant les enfants faire leurs propres alliances, était-ce bien sage ? A vrai dire, tu avais tellement été formatée dans l’optique d’un mariage arrangé par tes parents que tu n’avais jamais vraiment réfléchi au laxisme de certaines autres familles « Leurs filles et leurs garçons, n’est-ce pas ton cas également ? » Après tout, lui aussi se donnait l’occasion de choisir lui-même, pourquoi ses parents ne se penchaient pas sur la question ? Tu avais pourtant entendu parler des fiançailles arrangées de son frère, Dimka alors pourquoi était-ce différent pour Grigori ?

Tu sortis bien vite de ta réflexion lorsque ton aîné évoqua la possibilité d’offrir à Kiara l’un de ses costumes. Tu manquas d’exploser de rire, noyant ton réflexe dans un petit gloussement maîtrisé. Était-il à ce point largué sur les codes relationnels ? Avait-il été élevé dans une grotte, privé de chaleur humaine et de sentiments ? « N’as-tu pas quelque chose de… moins encombrant ? Pourquoi pas… une gourmette ou… ta première plume ! » Ta voix était douce et tes mots choisis. Tu ne voulais surtout pas le vexer car tu avais réellement de la compassion pour lui. Et puis, l’idée de la plume était vraiment bonne si la passion de la Macmillan était de collectionner ces objets. Néanmoins, tu ne pus te résoudre à répondre à ses complaintes suivantes car tu ne connaissais pas Kiara, seulement ce que Grigori t’avait dit d’elle. Alors, tu avais décidé de l’amener hors de la piste de danse, prenant sa main fermement tout en l’invitant à te suivre. Tu lui avais alors demandé de te raconter leur histoire afin de comprendre et de mieux cerner la sang-pure ainsi que leur relation. Tu en profitas pour t’emparer de deux coupes de champagne et en tendis une, gentiment, à ton cavalier tout en l’écoutant commencer son récit. Quelle ne fut pas ta surprise lorsqu’il t’apprit que c’était la Macmillan qui était venue l’accoster. Bien évidemment, tu avais entendu parler des déboires du Dimitrov en matière de femme. Et bien qu’il ait toujours été plus ou moins poli avec toi, tu n’avais jamais été surprise du rejet que les femmes éprouvait pour lui. Le fait donc que Kiara soit venu d’elle-même, en connaissance de cause – à moins qu’elle ne soit idiote – relevait de l’exploit. Mais, ce ne fut pas la seule chose qui t’étonna : en effet, tu ne saisissais pas vraiment le petit jeu qu’elle avait mis en place. Sûrement une garantie qu’elle se procurait via un système de point totalement subjectif, mais était-elle à ce point inconsciente de croire que Grigori allait changer du tout au tout grâce à des bons points ? Toujours est-il que le jeune Russe était, contre toute attente, entré dans le jeu de la Macmillan. Plutôt au courant des ragots qui passaient par là et étant la sœur du meilleur ami du Dimitrov, tu avais entendu parlé des fiançailles entre Grigori et l’une des filles Carrow, de même de la façon peu conventionnelle dont il les avait brisées « C’est une bonne chose que tu aies joué la carte de la sincérité. » Une bonne chose, peut-être, mais pourquoi Kiara l’a-t-elle si mal pris ? Certes, tu ne l’aurais pas très bien pris non plus à sa place, mais en réfléchissant à froid, tu aurais sûrement apprécié sa franchise. A vrai dire, tu connaissais plus ou moins la réponse à ta question puisque Tristan n’avait pas omis le fait que Grigori s’était montré plutôt injurieux envers son amie. Néanmoins, tu voulais l’entendre de la bouche du fautif. S’il voulait avancer et avoir la chance de reparler un jour à Kiara, il fallait qu’il admette son erreur, il fallait qu’il se l’entende dire. Tu l’encourageas donc doucement « Et ensuite ? »

A la question de la demoiselle Vandwyck qui ressemblait fortement à une accusation, les traits de Grigori se durcirent, signe qu’il n’appréciait pas tellement le sous-entendu. Dans un même temps, il se voyait très mal dire la vérité à Eponine, à savoir que ses parents plaçaient tous leurs espoirs, toute leur énergie uniquement en et sur Dimka et qu’ils n’étaient pas disposés à aider, s’occuper, guider Grigori qui devait gérer tout seul, ce qui n’était pas aussi évident qu’il l’aurait cru. Non dire tout cela, c’était admettre devant quelqu’un que ses parents se moquaient éperdument de son avenir et il en était bien incapable, son ego ne le supporterait pas tout simplement. Raison pour laquelle il répondit « C’est ça, je recherche le bonheur. » Oh certainement que le sarcasme était perceptible dans sa voix. Non, il ne faisait pas ça par gaieté de cœur, oui il aurait apprécié qu’on lui file une fiancée et qu’il n’ait ni à essuyer d’échecs, ni à devoir se lancer dans un jeu sans autre garantie que la parole d’une fille. D’ailleurs, n’avait il pas raison de se méfier de la parole des demoiselles, parce que dès qu’elle en avait eu l’occasion, ne l’avait elle pas éconduit la demoiselle Macmillan et cette fois, cela faisait bien plus mal que les deux fois précédentes, parce qu’il y avait cru, ne s’était d’ailleurs pas contenté d’y croire, il en avait parlé à ses amis et ce n’était pas chose très agréable de revenir sur ses mots et de devoir annoncer à ces mêmes amis qu’en fait il s’était fourvoyé et qu’en prime et que le comble, il était affecté, cette fille lui manquait, tout simplement. Bref, rien n’allait.

Alors que sa cavalière du jour lui parlait d’offrir quelque chose auquel Grigori tenait, naturellement, il pensa costume. C’était son bien le plus précieux et de loin, quiconque le connaissait savait que Grigori c’était une véritable histoire d’amour. Il semblerait que l’idée amuse un peu dame Eponine. Grigori lui lança un regard noir, n’appréciant pas mais alors pas du tout que l’on rigole à ses dépens. C’était déjà assez compliqué comme ça. Nul besoin qu’une fille se paye sa tête. En fait, il hésita même à la planter sur la piste et aller ailleurs, elle ne l’aidait absolument pas se contentant de le critiquer à demi-mot. Avant qu’il ne se décide définitivement à lui tourner le dos, sans l’insulter et cela uniquement parce qu’elle était la sœur de Tristan, elle lui offrit une réponse. Il resta pensif quelques instants, pour la gourmette, c’était une idée qui semblait, pour Grigori en tout cas, légèrement dangereuse. Certes, qu’il l’ait en sa possession ou non, tout le monde s’en moquait éperdument sauf lui à la rigueur mais est ce qu’il était judicieux de donner quelque chose qui portait son prénom et sa date de naissance, à quelqu’un qui l’avait en horreur ? Le risque n’était il pas qu’elle le jette, bon pas sous son nez, quand bien même elle était en colère, Kiara n’était pas ce genre de personne et ne lui ferait pas de mal pour le plaisir de lui en faire. En tout cas, il l’espérait sincèrement. Mais pour autant, garderait quelque chose qui lui rappellerait Grigori ? Il n’en était pas convaincu. « Si je t’offrais ma gourmette là, maintenant, la garderais tu Eponine ? » Il était convaincu de la réponse négative de la demoiselle aussi enchaina-t-il « Et pourtant, je ne t’ai rien fait, comment tu veux qu’une fille qui m’en veut accepte ce présent ? » D’ailleurs, ce n’était même plus en vouloir, ce n’était pas seulement le mariage avec Grigori qu’elle refusait, ce qui n’était déjà pas génial pour lui qu’on ne se mente, mais sa présence. Pour la plume en revanche, il n’y avait jamais pensé mais il voulait bien la lui donner. Après est ce que ça plairait à la demoiselle, il n’oserait plus s’avancer ayant peur de mal anticiper.

Pour le sujet suivant, Eponine avait décidé de s’éloigner de la foule et pour le coup ça arrangeait bien Grigori, non pas que danser soit une torture, plutôt que les oreilles indiscrètes ennuieraient forcément le jeune Dimitrov. Il avait ce besoin de tout contrôler et cela passait par les informations qu’il donnait, il ne mentait pas et ne voulait pas que les gens déforment quoi que ce soit à son sujet. Là, si fuite et détournement de propos il y avait, ça ne pourrait venir que de sa camarade Vandwyck et que personne ne se fasse d’illusions, il ne la louperait pas, sœur de Tristan ou pas. Si elle lui faisait à l’envers alors qu’il essayait d’arranger les choses, il lui ferait regretter amèrement. Néanmoins, il partait du principe qu’il pouvait lui faire confiance merci l’influence Titi il décida donc de raconter dans les grandes lignes sont histoire avec Kiara. Il termina ses paroles par ce qui était d’ailleurs la fin à ses yeux, ce minuscule insignifiant détail qui avait pulvérisé cette confiance qu’il avait placé en elle  - et elle en lui bien sûr – tout ces efforts qui pouvaient paraître dérisoire aux yeux des gens mais qui avaient été une véritable épreuve pour le Dimitrov peut coutumier du fait. Lorsque son interlocutrice prit la parole, il la regarda dans les yeux « Je voulais que ça fonctionne, je voulais sa main. Je pensais qu’être honnête lui prouverait que » Comment dire les choses, qu’il tenait à elle ? Il n’avait pas envie de l’admettre, préférant se protéger et passer pour quelqu’un se moquant de la façon dont cette fille et uniquement cette fille llà le percevait. Non il préférait dire autre chose. « Je ne jouais pas avec elle. » Ce qui était tout aussi vrai. On pouvait lui reprocher bien des choses mais d’avoir joué avec Kiara ou une autre fille d’ailleurs, certainement pas.

A la question d’Eponine, il lui lança un regard interloqué, comment ça ensuite… mais enfin, il n’y avait pas de suite, justement. Que voulait elle entendre au juste « Elle a rien compris, elle a mal pris le fait que je ne lui ai pas dit pendant ces cinq mois, je l’ai énervé, elle m’a énervé également… il faut dire quelle idée de me tourner le dos alors que je parle. On s’est disputé, j’ai dit des choses pour la blesser. Je ne voulais pas être abandonné pour une erreur donc je lui aie donné une vraie raison de me laisser tomber. » Il s’était montré stupide, il l’admettait puisqu’à présent elle lui manquait mais sur le moment, cela ne lui avait pas semblé idiot. « Elle m’a dit que nous n’avions plus rien à nous dire. » Il ne dit rien de plus et pourtant que ces mots, encore ne lui faisait pas plaisir, voir même étaient douloureux. Il ne comprenait réellement pas comment il pouvait être le seul des deux à être affecté par l’absence de l’autre.

L’ironie que te montra Grigori ne te plu guère. D’ailleurs, tu te crispas lorsque les traits de ce dernier se durcirent instantanément (non pas qu’ils n’étaient déjà pas durs, mais imaginez le niveau au dessus de sa tête de bougon habituelle !). Tu étais au courant que ses parents ne plaçaient aucun espoir en Grigori et jamais tu ne le jugerais pour cela. Au contraire, tu étais compatissante et tu déplorais le fait qu’il n’ait pas eu la chance d’avoir une famille aimante comme la tienne. Cependant, cela n’excusait pas totalement son caractère. Tu comprenais le fait qu’il semble sans cesse en colère, mais ce que tu ne comprenais pas, c’était son profond dédain pour les filles. Pourtant, il allait bien falloir qu’il mette ce dégoût de côté s’il voulait fonder une famille. Tu en étais même au point de te demander quelle serait sa réaction si son premier enfant s’avérait être une petite fille. Cependant, tu ne fis aucun commentaire, pour ne pas risquer de le contrarier. Il n’était pas encore prêt à entendre ce genre de raisonnement. Il fallait que tu continues à le conseiller, en douceur et sans le brusquer, auquel cas il se braquerait et s’en serait fini de toi. Te mettre à dos le meilleur ami de ton frère était bien la dernière chose que tu souhaitais, quand bien même ce dernier pouvait se montrer particulièrement détestable.

D’ailleurs, en parlant de sale caractère, ce dernier n’apprécia absolument pas lorsque tu montras ton amusement pour son histoire de costume. Pourtant, ce rire n’avait rien de dégradant, au contraire, pas une once de méchanceté t’avait traversé l’esprit. Tu te contentas de lever les yeux au ciel tout en continuant à t’appliquer sur tes pas de danse. Cela ne te demandait pas beaucoup d’effort, mais il valait mieux ne pas risquer un seul faux pas avec ce genre de coco. Ton agacement ne s’arrêta pas là puisqu’il sembla contester les solutions que tu lui offrais. Mais là n’était pas la cause de ton soupir puisque, tandis que tu t’apprêtais à lui répondre, il te coupa dans ton élan. Couper la parole à une dame de ton rang était très malpoli et cela te mécontentait. Cependant, une fois de plus, tu gardas ton calme, ne faisait aucune réflexion. Tu n’allais quand même pas lui en vouloir pour ça ! D’autant plus que, une nouvelle fois, ses paroles touchaient ton empathie naturelle « Grigori, cela n’a rien à voir avec moi. Mais, très sincèrement, si j’étais Kiara, je la garderai, oui. »

De retour sur le côté de la piste de danse et après t’être emparée de deux coupes de champagne dont l’une revint à ton cavalier du soir, tu l’écoutas admettre à demi-mots qu’il avait été loin en insultant Kiara. Tu pris une gorgée de ton verre tout en imaginant le déroulement de leur dispute tout en te mettant à la place de ta camarade de maison. Probablement que tu aurais réagit de la même manière, mais tu ignorais sincèrement si tu aurais pu lui pardonner. En effet, ils n’étaient pas encore mariés que Grigori ne la respectait déjà pas et se permettait tout « Ecoutes, ta bêtise est rattrapable mais saches que ça va être dur. » Il allait devoir sacrément ramer, jusqu’à lui décrocher la Lune pour qu’elle lui pardonne et qu’il ait une seconde chance de la conquérir. Tu fis teinter brièvement tes ongles parfaitement manucurés sur ta coupe de champagne tout en réfléchissant à un plan de reconquête « De mon point de vue, tu devrais aller la voir et la forcer à t’écouter. » Forcer n’était sûrement le terme adéquat pour cette brute de Grigori alors tu te dis qu’il était judicieux de le préciser « Bien sûr, en douceur. »  Tu tentas même d’aller un peu plus loin dans ta réflexion, tout en risquant de le décourager et de le mettre en colère. Là n’était pas ton but bien sûr, mais tu ne voyais pas d’autres solutions pour que la Macmillan lui donne une nouvelle chance « Ce n’est qu’une idée, mais tu devrais l’amener dans un endroit qui te tient à cœur et ensuite, après de belles excuses, t'ouvrir à elle. » Le Dimitrov allait sûrement trouver la démarche totalement débile et pourtant, tu n’allais pas t’arrêter là dans tes consignes « Je sais que l’idée ne te plait pas plus que cela, mais tu n’y échapperas pas. Tu lui dois des excuses. Saches que ce n’est pas une preuve de faiblesse quand un garçon de ta trempe fait ce genre de démarche. » Tu esquissas un sourire rassurant et posa une main légère sur son épaule « Et puis, entre nous, les filles aiment bien quand les garçons dévoilent un petit peu leur côté vulnérable. La preuve : cela a marché pour Tristan et Maëlle. » Le chemin serait sûrement bien long encore pour que Grigori obtienne la main de Kiara, mais au moins le dialogue sera renoué « Ecoutes Grigori, si tu le souhaites, je peux t’aider à t’entraîner. Bien sûr, je ne suis pas Kiara et tu ne réagiras sûrement pas de la même façon avec moi qu’avec elle, mais au moins, je pourrais te guider pour que tu te sentes prêt à aller lui parler. »

Je te répondrais en tant que rpgiste alors, il n’envisage pas ce cas de figure. Pour lui, il aura obligatoirement un petit garçon, les petites filles ça n’existe pas Ne pas parler de sa famille, il ne le souhaitait pas, ils n’étaient pas assez proche et même sans ça, Eponine n’était qu’une fille, elle ne pouvait pas comprendre. La seule chose que le monde attendait d’elle c’était qu’elle soit belle et qu’elle ferma sa bouche – entre autre chose parce qu’il fallait aussi un mari… des héritiers tout ça tout ça -  Rien de bien méchant en soi mais ce n’était clairement pas ce que l’on attendait de Grigori et surtout ce que lui exigeait de lui-même. Non, le sujet qu’il voulait aborder avec la blondinette, c’était Kiara et il faut reconnaître que ça ne se passait pas ultra bien. C’était un sujet qu’il ne maîtrisait pas le moins du monde, il avait beau essayer de s’adapter à la personne en face, il sentait bien qu’Eponine n’était pas emballée par la conversation. Peut être qu’il n’aurait pas dû venir la voir… crétin. Alors qu’il essayait de lui faire comprendre qu’il prendrait très mal le fait que Kiara refuse son cadeau – ce qui jusque là est normal – utilisant pour exemple Eponine pour démontrer qu’elle ne l’accepterait pas non plus. Cette dernière le contra en disant que ce n’était pas d’elle dont il était question. Merci de l’information, c’est vrai que Grigori ne faisait pas bien la différence entre Kiara et Eponine… Ah non mais un peu plus et il embrassait la Vandwyck, la confondant avec l’autre blondinette. Il n’empêche qu’elle répondait par une pirouette, démontrant qu’elle ne l’accepterait pas non plus, bien que se cachant derrière le fait qu’elle n’était pas Kiara et que si elle avait été elle, elle aurait accepté. Il sentait l’agacement le gagner, elle ne disait pas tout n’est ce pas « Ouai, de peur que je réagisse mal en gros ? » Pourtant, il n’avait pas touché Kiara ce jour là, ou plutôt si mais s’était efforcé de rester calme – ultra difficile – et de ne pas lui faire de mal même si avec le recul – et étant carrément vexé – il se disait qu’il aurait peut être mieux valu, au moins elle aurait eu une bonne raison de ne plus lui adresser un mot.

Une fois sur le bord de la piste, regardant tour à tour son verre, Eponine et le verre de cette dernière. Grigori expliquait dans les grandes -très grandes lignes – ce qui s’était passé, écoutant Eponine lorsqu’elle prenait la parole. Il se retint de grogner lorsqu’elle parla de ce qui était arrivé en utilisant le terme bêtise, tout de suite, c’était un incident tout au plus selon lui mais bon, sentant qu’il n’aurait pas gain de cause, il accepta les dires, se focalisant sur le fait que c’était rattrapable selon elle. Enfin une bonne nouvelle que celle énoncée, son regard s’éclairant sous cette émotion un peu particulière qu’était l’espoir.

Attendez ? Quoi ? Qu’est ce qu’elle venait de dire ? Il devait forcer Kiara à l’écouter ? Oh bah enfin un domaine dans lequel Grigori était excellant, imbattable même. En douceur ? Il cligna des yeux, comment ça en douceur ?  Comment dire que pour Grigori forcer quelqu’un ça n’allait jamais avec le mot douceur. Comment il pouvait arriver à faire ce genre de chose, comment forcer quelqu’un tout en se montrant doux et puis ça ressemblait clairement à de la manipulation ça non ? Mince, depuis des mois il s’était efforcé à ne pas manipuler la demoiselle, à de montrer courtois et éviter – même si c’était parfois très tentant – d’être désagréable et de la critiquer. Il avait donné de sa personne pour gommer au maximum ce côté un peu beaucoup, totalement machiste afin de la traiter en égal, ce qui était quand même un sacré challenge qui monopolisait toute son attention. Si maintenant il fallait la manipuler, il ne comprenait plus rien.

En réalité, les mots d’Eponine furent pire que tout ce qu’il aurait pu imaginer. Autant l’endroit qui lui tenait à cœur, c’était facile à trouver, il voulait bien montrer à Kiara la demeure des Dimitrov… le reste en revanche, bon sang c’était du grand n’importe quoi. S’excuser ? Puis quoi encore ? C’était une question mentale rhétorique elle n’était pas sensée y répondre dans la phrase d’après et encore moins en disant qu’il devait s’ouvrir à Kiara. Non mais ça va aussi, en plus elle savait déjà qu’il la voulait pour épouse, il lui fallait quoi de plus… Il lui avait mal parlé descendance, elle voulait quoi de plus. Et puis flûte à la fin, il était assez clair quand il s’adressait aux gens – un peu trop même -. Il semblerait même que sans parler, il arrive à se faire comprendre d’ailleurs. Il ne nia pas le fait que cela ne lui plaisait pas plus que cela, pas du tout même. Il n’y couperait pas ? En réalité si, il pouvait y couper, la solution serait de faire une croix sur la petite princesse Macmillan qui clairement ne se sentait plus et jouait à un jeu pour le moins dangereux – et agaçant – Il pouvait le faire, il avait réussi par deux fois à passer à autre chose en un claquement de doigt. Qu’est ce qui était différent cette fois-ci ? Qu’est ce qui l’en empêchait ? Il ne parvenait pas à répondre à ces questions et ça l’agaçait d’autant plus. Sans parler du fait que son ego n’appréciait que très moyennement l’éventualité d’excuses et contrairement à ce qu’elle pensait, si c’était une preuve de faiblesse aux yeux de Grigori. Qui faisait cela sérieusement et puis Grigori n’avait pas de garantie de réussite, si c’était pour que Kiara raconte à tout le monde – un peu comme sa crétine de sœur – ce qui s’était passé, merci pour Grigori. Et pourtant, il ne voulait pas être un lâche, voulait bien faire des efforts « Il n’y a pas un plan sans excuse ? Elle sait déjà ce que je pense, je lui ai dit que je voulais l’épouser, c’est assez clair non ? »

Il la regarda étrangement lorsqu’elle posa sa main sur son beau costume, elle n’avait pas intérêt à le froisser sinon il allait très mal le vivre, mais ne dit rien, ni ne s’écarta, comprenant bien que c’était une marque de soutien. Cependant, il s’étrangla dès qu’elle ouvrir de nouveau la bouche… Parler de montrer sa vulnérabilité, Grigori vida son verre d’une traite, ouai il allait avoir besoin de beaucoup beaucoup d’alcool pour que ça passe un peu mieux ce genre de propos et puis alors parlons de l’exemple tout bidon d’Eponine. Il la regarda blasé « Tu peux pas la comparer à Maëlle enfin. C’est la fille la plus con de l’univers, la manipuler c’est un jeu d’enfant, même un gros débile comme Wellington, elle a voulu lui passer son devoir… comme ça pour le plaisir d’aider. Cette même Maëlle qui avec ton frère n’a même pas flairé qu’elle se faisait et qu’elle se fait d’ailleurs encore rouler dans la famille. Non ce n’est pas rendre justice à Kiara que de la comparer à cette niaise de Rosier. » Quand bien même, il faut aussi admettre que c’était ultra pratique d’avoir Maëlle comme cible, preuve en est Tristan s’en sortait à merveille mais les prendre comme référence paraissait un brin compliqué.

Pour ce qui est de la proposition d’Eponine, il était partagé, d’un côté son ego lui soufflait de refuser l’aide d’une fille et de l’autre, il avait envie que ça avance toute cette histoire. Il observa la piste de danse, les mots de la Vandwyck résonnant encore et encore dans sa tête avant qu’il ne pose un regard indécis sur elle « Tu le ferais vraiment ? » Constatant qu’elle avait l’air tout à fait sérieuse, il hocha la tête « Je veux bien de ton aide alors. » Il ferait de son mieux, difficile d’en douter, lorsqu’il avait une mission, il se donnait à fond pour la réussir peu importe le temps et les efforts demandés. Il mit quelques secondes supplémentaires avant de faire l’effort du siècle si si « Merci. »

« Non, il n’y a pas un plan sans excuse. »  Une fois de plus, tu soupiras légèrement, presque abasourdie par les énormités qu’il te sortait depuis le début de votre échange.  Son objectif de base était clairement de se marier avec n’importe quelle fille, pourvu qu’elle soit sang-pure, pour avoir une descendance légitime. Tu avais du mal à comprendre pourquoi il se mettait autant la pression pour son futur.  Peut-être dans un besoin de reconnaissance de la part de ses parents ? Tu n’étais pas psychomage, mais Grigori manquait cruellement d’éducation pour certaines choses. Néanmoins, tu avais bien compris que Kiara n’était pas n’importe quelle fille à ses yeux. Il avait appris à la connaître et commençait sérieusement à l’apprécier. Alors, il pouvait te faire croire ce qu’il voulait vis-à-vis du fait que la seule raison qui l’avait poussé à venir te voir était de sauver ses fiançailles imaginaires avec la Macmillan « Ce n’est pas ce que j’appelle ‘clair’. Kiara veut une garantie : la garantie que tu la rendes heureuse. » Et ça, c’était loin d’être gagné. Tu ne comprenais même pas pourquoi ta camarade de maison s’était engagée dans cette aventure dont l’issue paressait pour le moins… foireuse. Grigori ne comptait pas changer pour ses beaux yeux car il n’arrivait même pas à se remettre en question. Il se trouvait que c’était plutôt problématique, Macmillan croyait clairement au Papa Noël. Le Dimitrov était le genre de personne à croire que tout lui est acquis. Néanmoins, tu étais étonnée qu’il persévère autant avec la Poufsouffle.

Nom d’un gobelin ! Venait-il de sous-entendre que les Vandwyck étaient une famille de roublards ? Bien que tu n’apprécias pas du tout le fait qu’il sous-entende que les Vandwyck étaient une famille de roublards, tes suppositions sur ses sentiments envers Kiara se confirmèrent, bien que cela soit passé par des paroles fort peu aimables à l’égard de ta belle-sœur. Mais même si tu pensais pouvoir exploiter ce filon sur les sentiments de Grigori, tu n’étais plus trop sûre de le vouloir après ce qu’il avait dit de ta famille « Je ne sais pas, comme les Vandwyck ne sont pas très honnêtes, tu devrais te méfier. » Tu portas sur lui un regard sévère, comme une Maman qui grondait son petit. Manquer de respect ta famille pouvait réveiller le dragon qui dormait très profondément en toi. Ce n’était pas quelque chose que tu pardonnais facilement. Les valeurs de ta famille étaient bien trop ancrées en toi pour être ainsi bafouées.

Finalement, tu haussas les épaules et cédas. Après tout, Grigori était ainsi, maladroit et brute de décoffrage dans ses paroles. Tu décidas donc de passer l’éponge, en l’honneur de ton frère, mais également car ce soir là tu avais entrevu la vulnérabilité du Dimitrov qui était pourtant un garçon extrêmement dur, sévère, voire méchant « Oui, je t’aiderai. » Tu posas ta coupe de champagne à peine bu puis tu réfléchis à l’organisation de tout ceci. Une chance que tu connaisses l’emploi du temps du Serpentard. En effet, ton frère et lui étaient dans la même filière et dans la même année « Je te propose que l’on fasse cela le mardi à la pause déjeuner. » Le mardi c’était parfait, vous aviez les mêmes horaires pour manger, mais également une pause relativement longue l’un et l’autre. Bien sûr, cela sous-entendait que vous alliez devoir manger ensemble, mais tu espérais sincèrement que Grigori passerait outre sa honte de lâcher ses copains pour manger avec une fille. Au pire, tu proposerais à Tristan de se joindre à vous si le Dimitrov n’était pas à l’aise avec le fait de devoir passer du temps avec toi. Chaque problème avait sa solution, tu en étais persuadée.

Un sourire bienveillant se dessina à nouveau sur tes lèvres. C’était dans ta nature d’aider les gens qui comptaient et comme Grigori comptait pour ton frère, il comptait également pour toi. A présent, il fallait que le Dimitrov cogite un peu, seul, jusqu’à ce que le mardi suivant arrive. Tes paroles étaient trop fraîches, il fallait qu’il y repense calmement. D’ailleurs, tu espérais sincèrement avoir semé une petite graine dans sa tête qui germerait pour le rendre meilleur. Tu décidas donc qu’il était temps pour toi de quitter la soirée. De toute manière, c’est ce que tu avais prévu à la base : montrer que tu étais bien là, puis repartir après une ou deux heures de passées là-bas « Ne t’inquiètes pas, on va tout faire pour que cela s’arrange. » Bien qu’il s’agissait de Grigori Dimitrov, tu étais persuadée qu’il pouvait y avoir du bon en lui. Il fallait seulement arriver à le faire sortir un instant de sa carapace en béton armé car tu étais certaine qu’il n’était pas aussi mauvais qu’il le prétendait, sinon pourquoi Tristan le côtoierait-il ? C’est toujours avec ce même sourire fixé sur ta bouche que tu lui annonças ton départ « Je te remercie pour la danse, Grigori. Je te souhaite une bonne soirée. » Tu lui tournas le dos pour aller saluer quelques personnes avant de te diriger dans la salle attenante pour prendre ton sac et ton manteau. Lorsque tu sortis dehors, tu décidas d’aller faire une petite balade à l’extérieur avant d’aller dormir. Tu t’installas sur la hauteur où était situé le château de Poudlard et observa le paysage nocturne en contrebas. Certes, il faisait froid et tu n’y voyais pas grand-chose mais, tu pouvais distinguer des formes, notamment celles des sapins de la Forêt Interdite. Tu pris donc un bon bol d’air et, après environ cinq minutes à la fraîche, tu décidas de descendre dans le dortoir Poufsouffle se trouvant dans les cachots.