How will you handle this ?
Samedi soir
21h47
Presque comme un rituel, Zephir tourna à gauche, emprunta 500 mètres plus loin la ruelle sur sa droite, évita le trou dans la chaussée pour enfin arriver à sa destination : le London Bar. Juste avant de pousser la lourde porte en bois de l’établissement, elle s’assura que sa baguette magique était bien dissimulée dans la poche secrète de sa cape, en baissa la capuche afin de libérer sa crinière dorée puis pénétra dans l’établissement. Le contraste était saisissant. Alors qu’à l’extérieur tout n’était que grisaille, humidité et fraîcheur, l’intérieur vous accueillait à bras ouverts. Une douce chaleur réconfortante vous enveloppait, la lumière y était tamisée accentuant l’atmosphère intimiste du lieu avec sa musique de fond à laquelle s’ajoutait le brouhaha ambiant. Depuis maintenant plusieurs mois, ce petit bar londonien était devenu son QG. Le lieu dans lequel elle se sentait bien, libérée de toutes pressions, là où personne ne la connaissait -elle et son histoire.
Il lui fallut, pour arriver jusqu’au bar, serrer trois mains, donner quatre accolades et répondre à deux signes de la tête. Entre habitués ils se connaissaient tous, se payant mutuellement des coups et passant leurs soirées à raconter des bouts de vie. Atteignant enfin le bar, Zephir s’accouda sur le comptoir reluisant malgré la foule, guettant le personnel du regard. A sa grande déception, Keith n’était pas présent. « En réserve. » lui annonça l’autre barman. L’héritière Yaxley commanda son habituel double scotch sans glace et parti s’installer dans un coin calme de la salle. Ce soir elle n’avait pas envie de se mêler à la foule. Un doux mélange de solitude au milieu de l’agitation. Son occupation favorite : observer la vie foisonnante, écouter les préoccupations de non-sorciers et s’extasier face aux différents profils d’individus qui passaient par ce lieu de joie.
23h38
Les verres s’enchaînaient pour Zephir qui n’avait toujours pas quitté sa table. Entre temps, quelques hommes plus ou moins éméchés étaient venus lui tenir compagnie, sans succès. Tous avaient été soudainement frappés par une envie de vomir fulgurante, peu importe leur état d’ébriété. Un jeu auquel la louve se prêtait pour écourter les avances de certains hommes. Elle n’était pas vraiment d’humeur pour se faire draguer, encore moins par des illustres inconnus auprès desquels elle risquait de compromettre sa nature sorcière. Déjà traquée par les siens, il ne manquait plus que les moldus s’y mettent, tiens !
Dans un profond soupir mêlant fatigue et lassitude, Zephir avala le fond de whisky que contenait son verre et décida enfin à se lever. Sur son chemin elle accorda un grand sourire à Keith et quelques habitués encore présents puis emprunta la porte de service menant à la ruelle derrière le bar. Un moyen plus rapide pour elle de téléplaner sans être repérée par la foule. Ses sens lupins à moitié engourdis par l’alcool l’empêchèrent d’entendre la porte de service ne pas tout de suite se refermer derrière elle. Zeph’ avait été suivie. En réalité, peu de temps après son arrivée dans le bar, trois hommes étaient entrés, vêtus du même style de cape, dissimulant le même objet qu’elle… La seule différence : le tatouage ornant leur avant-bras. Représentation d’une cause à laquelle elle s’opposait et pour laquelle elle était traquée. C’est au sifflement qu’émit l’un d’eux que Zephir réagit. Dans un sursaut elle se retourna, la main portée à sa poche.
« Doucement… Doucement Yaxley ! On ne va pas te faire de mal voyons. » ricana l’un d’eux.
Redescente brutale mais nécessaire, il ne lui en avait pas fallu plus pour retrouver sa vivacité. La main toujours dans sa poche, elle reculait lentement, les observant entamer une approche. Attaquée sur trois fronts différents, la confrontation semblait inévitable.
« Vous n’avez aucune chance les garçons… Quand est-ce que vous allez comprendre ça ?! » siffla-t-elle, prête à bondir au moindre signe d’agression. Pour réponse, elle n’eut qu’un simple concert de ricanements rauques, moqueurs et clairement ignorants des réelles capacités de la louve.
En une fraction de seconde tout bascula. Ils dégainèrent tous trois leurs baguettes et Zephir opta pour une technique bien différente : le contact. Tandis que les sorts pleuvaient, elle s’arrangeait pour les esquiver les uns après les autres et fonça droit sur le leader du groupe. En un coup de coude placé à la gorge, le bougre était déjà temporairement hors d’état de nuire, bien trop occupé à tenter de retrouver sa respiration. La louve se retourna alors vers ses deux autres agresseurs qui s’étaient arrêtés, choqués par son culot. Un large sourire malsain vint illuminer son visage et elle fonça sur l’un d’entre eux. Percutée par un sort à l’épaule, elle ne s’arrêta pas pour autant et ce fut son tour de faire pleuvoir les coups sur son agresseur, projeté au sol par sa force. « Yaxley ! » Hurla l’homme encore debout, serrant si fort sa baguette que ses phalanges en étaient devenues blanches. Le bruit des coups cessa et Zephir fit face à son dernier adversaire. La folie scintillait dans ses yeux couleur émeraude, incandescents dans la nuit noire. Alors qu’elle se rapprochait de lui, un grincement attira leur attention. Provenant en direction du bar, l’homme, craignant d’être repéré par des moldus, rassembla ses deux amis mal en point et téléplana loins de là dans un claquement sonore.
A présent seule dans l’allée, Zeph’ s’avança vers la source du bruit, essuyant les traces de sang de ses mains sur sa cape noire. Elle plaça sa capuche sur sa tête afin de dissimuler autant que possible son visage et alors qu’elle se trouvait à moins de 10 mètres de la porte de service, elle s’exclama : « Keith ?! ». Impossible de tromper son odorat canin. Elle savait que celui qui les avait surpris était le gérant du bar. La question était à présent de savoir : depuis combien de temps était-il là et qu’avait-il vu exactement ? « Qu’est-ce que tu fais avec les poubelles ? » S’exclama-t-elle en rigolant. Tandis qu’elle essayait de détendre l’atmosphère, elle réfléchissait déjà à comment elle allait bien pouvoir gérer la situation. Utiliser un sort ? Si oui, lequel ? Plutôt partir sur une potion, un mélange de plantes… Modifier ses souvenirs pour en faire le héros de l’histoire ? La situation était tendue. Tout allait dépendre de sa réaction…