Il y avait quelque temps déjà que je venais au bar sans pouvoir le voir. Quelle frustration... moi qui n’étais pas fan du tout du monde moldu, je me retrouvais à prendre une bière pression en espérant qu’Alexander Wilson allait surgir de nulle part pour me rejoindre... J’avais déjà été plusieurs fois déçu.
Au gré de mes venues ici, j’avais eu l’occasion de croiser des personnes qui partageaient quasiment le quotidien de mon beau cracmol. Keith Milton, d’abord, un de ses meilleurs amis - si pas LE meilleur - et également le propriétaire du bar... puis un petit bout de femme dont je ne retenais pas le nom de famille mais qui effectuait toutes sortes de petits travaux dans l’établissement, contre un peu d’argent. Garnet. C’était son prénom. Une fille un peu paumée, apparemment, qui ne rechignait pas à faire toutes sortes de petits boulots, sans trop poser de questions… C’était toujours bon à savoir.

Je ne connaissais pas l’adresse privée d’Alexander, aussi, ce bar était mon seul point de chute pour essayer de le retrouver. M’étais-je attaché à lui ? Sans doute un peu... peut-être trop... en tout cas, ces derniers temps, son absence se faisait cruellement sentir et c’était comme si je venais ici pour retrouver un peu de lui sans vraiment y parvenir.
Ici, on ne connaissait que mon prénom et le fait que la relation que j’avais avec Xander était avant tout une relation charnelle. Mais le fait que je vienne régulièrement aux nouvelles, depuis qu’il avait disparu de la circulation, prouvait sans aucun doute que j’avais pour lui plus d’attachement que ce qui était convenu au départ. Ou plutôt ce que j’avais prévu au départ. Car, au fond, Alexander et moi n’avions rien convenu du tout... c’était moi, et juste moi, qui avais cette putain de tendance à m’attacher.
Comment justifier autrement que le cracmol me manquait ? Si je n’avais pas eu un minimum d’inclination pour lui, il était difficilement explicable que je puisse me sentir aussi vide sans lui... sa jeunesse, son sale caractère, ses manies liées à l’hygiène - un point commun entre lui et moi -, sa fougue et sa spontanéité... oui, tout cela me manquait.

Il fallait dire, aussi, qu’il y avait quelque temps maintenant que Wilson n’avait plus donné de signes de vie. Ni à moi, ni aux autres. En tout cas, personne n’avait pu me dire quoi que ce soit au sujet d’un départ quelconque ou d’une éventuelle obligation de dernière minute…
Mais, au fond, je ne savais que très peu de choses de sa vie privée... disons que discuter n’était pas vraiment notre priorité quand nous nous retrouvions, tous les deux. Il avait ses secrets, j’avais les miens et nous ne nous posions pas de questions. J’avais tout de même eu la décence et l’honnêteté de lui dire que j’étais marié, ce qui ne lui avait pas vraiment posé problème.

J’étais déjà venu la veille et, en échangeant quelques mots avec Milton, nous en étions arrivés à une conclusion très simple : si Alexander avait disparu, il nous fallait tout mettre en œuvre pour le retrouver et le ramener. Sérieux ou pas, j’avais pris cela au mot et j’étais là, aujourd’hui, avec la ferme intention de remuer ciel et terre pour récupérer le cracmol.
Il allait d’abord falloir chercher dans le monde moldu, très vaste et très disparate. Cela prendrait du temps mais la mission n’était pas impossible.
Entrant dans le bar, donc, je me dirigeai directement vers le patron des lieux.

« Ah, Keith ! Vous êtes prêt ? » Je voyageais léger pour ma part, ayant un sac que la magie rendait extensible, je pouvais y stocker autant de vêtements que je voulais, sans que le sac ne soit trop lourd ni trop imposant.

Il allait falloir que je me coltine des moyens de transport moldus. J’espérais que ce soit moins inconfortable qu’il n’y paraissait.
J’avais lu quelques bouquins sur le monde moldu, pour ne pas avoir l’air trop con si Je devais faire face à certaines réalités. J’avais retenu quelques mots pratiques, comme : smartphone, changement de vitesse, ordinateur, PlayStation, géolocalisation, micro-ondes... mais certains de ces trucs restaient tout de même un vrai mystère pour moi et je ne voyais pas l’utilité de tout, d’ailleurs...
Aurais-je l’air idiot si je posais la question à Keith une fois que nous aurions débuté les recherches ? Alexander m’avait montré son téléphone portable qui ne comportait pas de boutons... j’avais dû faire une drôle de tête, mais il avait mis sur le compte de mon âge le fait que je ne sois pas très à la page en ce qui concernait la technologie moldue. « Vous avez un véhicule ou il vaut mieux en louer un ? »

L’argent n’était pas un problème... mais je n’avais, pour ma part, jamais conduit de véhicule moldu. Une moto, cela allait, mais une automobile... je n’imaginais pas bien comment la théorie lue dans les livres pouvait s’appliquer dans la réalité concrète.