Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

Telle une lionne en cage, tu fais les cent pas sur le plancher de ton appartement. Après une longue journée de garde bien ennuyeuse (par bien ennuyeuse, tu voulais dire que tu n’avais eu personne à te mettre sous la dent), tu as de l’énergie à revendre. Il faut que tu te dépenses, que tu penses à autre chose. Tu ouvres la porte de ton salon qui donne sur la terrasse. Le dernier étage de ton immeuble t’offre une vue imprenable sur la ville. Les hauts buildings s’entassent et tu distingues à peine les petits points qui fourmillent en bas, dans la ruelle, symbole de la vie qui foisonne. La quiétude s’empare peu à peu de toi pendant que le vent fait virevolter tes cheveux et que les rayons du soleil picotent ta peau. Tu noues alors ta tignasse en une longue queue de cheval. Le sac de frappe t’attend au milieu de la terrasse, usé par les coups et les entraînements qui se sont succédés depuis trois ans. Depuis ce fameux soir… Un frisson te traverse lorsque tu repenses à cette soirée où pour la première fois, tu as craint pour ta vie, où pour la première fois, tu ne t’es pas sentie en sécurité. Tu ressens encore parfois les frissons qui ont parcouru ton échine pendant que le moldu se débattait et réussissait à te dominer peu à peu. Les soubresauts que subissent ton corps au souvenir de l’événement te poussent à enfiler rapidement tes gants. Après un bref échauffement, tu commences à cogner avec force sur le sac de frappe. D’abord lentement, précisément et avec constance, puis brusquement avec grande vigueur. Puis tu attaques le travail de jambe en augmentant la pression sur les obliques. Pouvoir te défendre en tout circonstance avait réellement motivé l’envie d’apprendre l’autodéfense en premier lieu. Puis, tu avais eu envie d’en apprendre plus : l’attaque. Au fur et à mesure des années, ta technique s’était affinée, tout comme tes muscles qui s’étaient doucement dessinés. C’était plus qu’une drogue désormais et tu ne pouvais résister à ton entraînement quotidien. Les minutes défilent pendant que le soleil débute sa lente descente vers l’horizon tandis que la sueur coule sur ton front et le long de ton dos. Tu termines ta séance par des étirements et un retour au calme progressif.

L’horloge du salon sonne 18h. Il est temps pour toi de filer à la douche. Tu ne passeras pas ta soirée seule ce soir. Tobias doit venir. Cela fait un petit moment que tu ne l’as pas revu. Pas depuis que les Blood Circle ont annoncé avoir trouver un sérum qui permettrait d’annihiler les pouvoirs des sorciers. Voilà encore une de leurs recherches qui te terrifient. Perdre ton pouvoir, l’essence même de ta personne, ce qui fait que tu es toi, serait la chose plus effroyable qui puisse exister. Tu as hâte d’avoir le point de vue de Tobias sur la question. Mais avant cela, il faut te préparer. L’eau brûlante dégouline lentement sur ton corps pendant que tu rumines la nuit passée à l’hôpital. L’avantage avec le fait d’être devenue cheffe de service, c’est que tu as désormais la mainmise sur tout ce qu’il se passe dans le service : les entrées, les sorties notamment. Ce qui te permet de pouvoir sans trop d’entrave faire ton « petit shopping » personnel et récupérer au besoin les corps des défunts pour tes expériences. Mais cela signifiait aussi qu’il fallait se farcir toute la paperasse administrative, les réunions de coordination avec la direction et le conseil d’administration. Bref, tout ce que tu hais. Mais c’était le job, et tu l’avais voulu. Les « pour » dépassaient de loin tous les « contre ». La soumission à l’autorité n’a jamais été l’une de tes qualités et il a souvent fallu se contenir pour ne pas montrer ta véritable personnalité. Désormais, il n’y avait plus personne pour donner les ordres en dehors de la direction, fort heureusement, les quelques réunions hebdomadaires se faisaient rares ces derniers temps, ce qui n’était pas pour te déplaire.

Une fois habillée, tu ne tentes même pas de dompter ton incroyable crinière et la laisses sécher à l’air libre. Tu as à peine le temps de terminer que la sonnette retentit. « C’est ouvert ! » cries-tu à l’intention de Tobias. Un léger sourire s’installe sur ton visage tandis que tu rejoins le salon. Tobias est sur le pallier, à attendre sagement l’hôte de l’appartement. « Alors Towsen, te voilà enfin en Angleterre ? » lui lances-tu allégrement en s’approchant de lui. Le travail de Tobias l’obligeait à quitter souvent le territoire pour voyager à l’international. « Cela fait un bout de temps qu’on ne s’est pas vu ! Des nouvelles ? Subtilement, tu souhaites des nouvelles de l’Augurey. Ont-ils décidé de passer à l’attaque auprès des Blood Circle ? Avaient-ils un plan ? Était-il possible qu’ils fassent quelque chose ? Tu l’ignorais. Peut-être que Tobias allait pouvoir te renseigner. En dehors de cela, Tobias était une personne de confiance, à qui te pouvait parfois te confier. Rares étaient les personnes qui pouvaient prétendre la même chose.

Spoiler:

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

Ravie de voir ton ami, tu n’arrivais pas à décrocher le sourire de ton visage. Des amis, tu n’en avais pas beaucoup, peut-être même qu’il était le seul en qui tu pouvais vraiment avoir confiance. C’était toujours plaisant d’avoir quelqu’un avec qui tu pouvais partager ce qui t’arrivait et partager également les avancées de tes recherches. Il n’existait peu de personne qui pouvait comprendre ce que tu faisais, comment tu le faisais et surtout pourquoi. Qui aurait envie de connaître les détails morbides d’un cadavre qu’on découpait ou d’un corps encore chaud qu’on ouvrait ? Bien peu en réalité. Et la raison pour laquelle tu en parlais si peu, c’était que c’était bien évidemment illégal. La confiance en Tobias te rendait plus susceptible d’accepter qu’il partage ce secret. C’était peut-être une illusion de le croire, une absurdité. Cela te mettait en danger. Mais tu avais choisi d’avoir la foi, pour une personne aussi calculatrice que toi, ce n’était pas rien. Il était certain que si on l’apprenait un jour, tu finirais à la prison d’Azkaban. Très peu pour toi la vie dans une cage.

« Déjà tu as devant toi, un ambassadeur au conseil d’administration » dit-il, pas peu fier. C’était une nouvelle à laquelle tu ne t’attendais pas ! « Ce n’est pas vrai ! Félicitations ! » Tu ne pouvais que t’en réjouir, c’était une bonne place. Bien entendu, ce n’était pas aussi bien que de siéger au conseil d’administration lui-même, mais c’était déjà un bon début. Les places au conseil étaient chères et se comptaient sur les doigts de deux mains. Sept personnes. Sept personnes pour représenter toute une communauté, c’était peu. Les ambassadeurs comme Tobias avaient des fonctions de représentation bien évidemment mais pouvaient également échanger et apporter conseils et recommandations. Personnellement, tu te demandais comment le Conseil d’Administration ne s’était pas encore entretué. Après tout, la plupart de ses membres s’étaient livrés une bataille sans merci depuis des années. Harry Potter avait tout de même combattu les Mangemorts quasiment toute sa vie. Comment pouvait-il supporter d’être dans la même pièce que l’Augurey, qui n’était nul autre que le digne successeur de Voldemort ? Et comment l’Augurey n’en profitait pas pour poignarder dans le dos le leader de l’Ordre du Phenix ? L’intérêt commun, sans nul doute. Les Blood Circle étaient une menace importante et à prendre au sérieux.

« Malheureusement, les choses n’avancent pas très vite en ce moment, la mise en place du conseil d’administration prend du temps, et toi des nouvelles de ton côté ? » Tu supposes qu’il veut parler de tes recherches scientifiques. Avec Tobias, c'est aussi du donnant-donnant, chacun donnait à l'autre les informations qui pouvaient lui être utiles. Tu soupires doucement et attends qu’il ferme la porte. Ton appartement était bien évidemment assujetti à un sortilège de protection : aucune oreille indiscrète ne devait pouvoir entendre ce qui se disait ici, ou même entendre les hurlements des cobayes. Concernant tes expériences, malheureusement, elles étaient au point mort. Non pas que cela n’avançait pas, mais plutôt parce que tu ne savais plus comment les organiser, tu ne savais plus où chercher. Tu avais commencé par étudier les moldus, mais cela s’était révélé inefficace. Il fallait peut-être en informer Tobias. « Comme tu le sais, j’avais d’abord concentré les recherches sur l’ADN des moldus. Mais je n’ai rien trouvé. Rien. Aucune différence notable dans les gènes entre ceux d’un sorcier ou d’un moldu. » Tu as donc décidé de modifier l’origine même de tes recherches. Il fallait sans doute davantage se concentrer sur les « sorciers particuliers » comme tu les appelais : les Cracmols, les Nés-Moldus. Pourquoi un Cracmol naissait dans une famille sorcière ? Comment un Né-Moldu, avec aucun sorcier depuis des générations et des générations, pouvait naître dans une famille moldue ? Telle était peut-être la variable à prendre en compte. S’il existait vraiment un gène « magique », tu trouverais sans doute la réponse parmi ces sorciers. « Je suis en train de concentrer mes expériences sur des Cracmols et Nés-Moldus. Mais c’est beaucoup plus difficile, ils sont beaucoup moins nombreux que nous autres. Je dois faire bien plus attention. Je ne peux plus prendre n’importe quel sorcier. »  Bref, c’était au point mort… « Moi aussi j’ai eu une promotion, est-ce que tu l’as su ? Tu as devant toi la nouvelle cheffe de service du service de médecine légale de Sainte-Mangouste. C’est aussi pour ça que j’ai moins de temps pour mes expériences plus personnelles. L’avantage, c’est que je peux avoir accès au dossier médical des familles sorcières qui viennent à l’hôpital et avoir accès à la nature de leur sang. » Le désavantage, c’était clairement toute la paperasse administrative, les réunions avec les cadres, les obligations bureaucratiques. Mais le salaire était pas mal. « Tu veux boire quelque chose ? Ou manger ? »

Spoiler:

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

Tu étais quelqu’un de solitaire. Tu avais eu quelques amis à Poudlard, quelques filles qui avaient su mettre un peu de soleil dans ta vie. Quelques personnes avec lesquelles tu avais cru pouvoir changer. La mort « accidentelle » de ton père était venue tout bouleverser. Sûrement parce qu’elle n’était pas « accidentelle » même si tu t’acharnais à penser le contraire, pour ne pas laisser la culpabilité te submerger. Tu faisais semblant, toujours semblant. Semblant de n’y être pour rien, semblant de ne rien ressentir, même si ce n’était pas vrai. Cela avait été dur à Poudlard, tu t’étais renfermée comme une huitre et plus personne n’avait pu t’approcher sans croiser le regard sombre et déchaîné de la colère. Tu n’étais qu’en colère que contre toi-même, à tel point que la souffrance et la solitude étaient devenues tes seules amies, le seul moyen de ressentir une émotion. La douleur, c’était mieux que pas d’émotions du tout.

Alors ton amitié dysfonctionnelle avec Tobias te permettait de retrouver un semblant d’humanité. Il était sympathique, souvent avec le sourire. Tobias aimait les gens, cela se sentait. Parfois, tu en venais même à te demander pourquoi il était Mangemort. La pression de la famille sans aucun doute, nul n’aurait pu le blâmer pour ça. Cela se sentait qu’il n’aimait pas vraiment ça. Dans un sens, il te rappelait que ta vie aurait pu être différente, remplie de personnes qui t’auraient voulu du bien, de personnes qui t’auraient aimées, de personnes qui auraient tout fait pour toi. Tu chasses ces pensées de ta tête, cette vie, jamais tu ne l’auras. Mais tu en avais une autre, plus isolée mais moins pénible. Faire le mal était tellement plus simple que de s’acharner à faire le bien. Tu n’es pas foncièrement méchante. Certains te qualifieraient plutôt de marginale. Tu n’as jamais aimé tuer pour le plaisir. Tu tuais plutôt pour le besoin de la recherche, mais aussi pour assouvir le besoin parfois irrépressible de ressentir quelque chose.

« J’avais cru comprendre en effet ! Félicitations à toi ! » Tu souris doucement en annonçant « Il n’a pas été difficile d’accéder au poste si tu vois ce que je veux dire… »  Tu n’aimais pas parler de ces choses-là. Mais Tobias devait se douter que tu n’avais pas obtenu le poste uniquement grâce à tes compétences. L’ancien chef de service était encore dans la fleur de l’âge. L’assassinat avait été le seul moyen d’obtenir le poste plus rapidement. Tout s’était fait dans l’obscurité de la nuit et sans supplice. Le désir de n’être plus le sous-fifre d’un autre avait été plus fort que l’envie de préserver une vie humaine. Tu invites tacitement Tobias à t’assoir sur le canapé pendant que tu lui sers une bière. Tu n’as rien d’autres en réserve. Tu ne bois pas et il le sait. La bière est le seul alcool que tu autorises chez toi, pour les rares invités, dont il fait partie, qui ont le courage d’entrer en ces lieux. Tu trinques avec lui à vos deux promotions, avec un cocktail sans alcool à la main. « À nous deux ! À notre réussite ! »  Après tout, même si tu avais accéléré « la mise en retraite » de ton ancien chef de service, personne n’avait poussé le conseil d’administration à te donner le poste. Tes compétences étaient tout de même reconnues au sein de l’hôpital, et cela ne pouvait que te satisfaire d’avoir été la plus brillante.

D’un coup de baguette, une pizza chaude et prédécoupée se pose délicatement sur la table du salon. « Tiens, mange donc ! »  Tu n’étais pas la reine des fourneaux, ce n’était pas vraiment l’une de tes qualités alors les plats à emporter et les livraisons à domicile se faisaient foison chez toi ! Et c’était un peu une sorte de rituel avec Tobias, tu ne cuisinais jamais quand il était là. Tu te lances à la conquête d’une tranche que tu engloutis en une fraction de seconde. Tu n’es pas le genre de femme qui se soucie de l’image qu’elle renvoie : la nourriture, c’était la vie. Vous mangez en silence, parfois rompu par le bruit de mâchoire. Une fois repus, Tobias lance : « L’autre jour j’ai dû assurer la protection d’anciens prisonniers du Blood Circle, ils étaient bien sûr victime de ce fameux sérum, je leur ai pris un peu de sang, tant que celui faisait encore effet, j’espère qu’il te sera utile. »  Tu avales de travers la dernière gorgée de ton cocktail. « C’est pas vrai ! »  Tu tends ta main pour récupérer la fiole que Tobias a pu récupérer. « Mais c’est vraiment incroyable ! Cela fait des mois que je cherche à en obtenir ! Évidemment que cela va m’aider ! »   Du sang contaminé, du sang contaminé par le sérum des Blood Circle. Tu ne pouvais pas t’empêcher de tenter quelque chose maintenant. Avec une infime précaution, tu dévisses la fiole et verses une toute petite goute de sang sur ton index. Tu portes ton index à ta bouche et le goût amer et ferrique de l’hémoglobine ravive ton palais. Cela allait peut être choquer Tobias, il ne t’avait jamais vraiment vu lorsque tu entrais dans tes délires sanguins. « Je ne sais pas si c’est l’excitation d’avoir du sang qui a été touché, mais j’ai l’impression de sentir quelque chose de différent de d’habitude. »  Tu venais de prendre un risque un peu stupide. Boire du sang où l’on avait injecté le sérum. Même si la dose était très légère pour te causer le moindre dommage, c’était idiot. « Cela va m’aider, c’est certain. Si seulement je pouvais avoir directement accès au sérum… Je pourrais plus facilement trouver un antidote. »  Tu refermes la fiole avec précaution et la mets dans le réfrigérateur. « Tu m’es vraiment d’une grande aide tu sais. C’est tellement difficile de trouver des gens qui comprennent ce qu’on fait. Parfois, j’ai vraiment l’impression qu’on est des héros. » dis-tu en riant. Si jamais un jour tu arrivais à comprendre comment le sérum marchait, tu serais sans doute accueillie en véritable héroïne même si tu ne cherchais pas la gloire mais seulement la sécurité. Et si tu pouvais le vendre au plus offrant, tu n’allais pas t’en priver.

Spoiler:

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

La peur de perdre tes pouvoirs t’avait poussé à faire des choses que tu n’aurais jamais faites avant. Enlever des gens t’avait changé même si tu es encore persuadée que c’est pour le bien de tous. L’avenir des sorciers pouvait en dépendre car les Blood Circle, même s’ils agissaient principalement dans l’ombre, tels des lâches qu’ils étaient, devenaient de plus en plus puissants chaque jour. Chaque jour qui passe permettait à d’autres nouvelles recrues d’agrandir leurs rangs et de plus en plus d’adeptes étaient séduits par leurs idées. Leur doctrine pouvait paraître rassurante, surtout pour les Moldus. Après tout, les sorciers, en tant qu’espèce mutante et bientôt dominante sur la planète, était probablement la nouvelle étape de l’évolution humaine. Les Moldus étaient sans doute vouer à l’extinction dans les centaines d’années à venir ; tel l’homme de Néandertal qui avait fini par disparaître, tu étais toi aussi convaincue que les Moldus s’éteindraient bientôt. Seulement, l’espèce était plus forte que celle des vieux singes d’il y a quelques milliards d’années et possédaient les technologies qui pouvaient permettre d’éviter sa propre disparition et même compenser la génétique. Tu n’étais pas calée en la matière, mais leur attirail nucléaire, les bombes atomiques, les armes à feu, les satellites... Il fallait être fou ou idiot pour ne pas comprendre que l’électronique pouvait égaler voire même neutraliser certains sortilèges. Et le sérum… ce fameux sérum que tu craignais tant… Et si un jour ils parvenaient à en faire un gaz qu’ils laissaient s’échapper en plein Londres ? Et s’ils arrivaient à rendre les effets définitifs ? Ce serait la fin des chocogrenouilles. Vivre sans magie te paraît insoutenable, inenvisageable. C’était la raison pour laquelle tu travaillais si dur ces derniers temps, au point d’en négliger tes autres recherches, notamment celles pour Kesabel. La vie était parfois faite de choix et l’appréhension que tu ressentais dépassait tout le reste.

C’était aussi pour ça qu’obtenir du sang contaminé était si important à tes yeux car cela pouvait t’aider à avancer grandement dans tes recherches. Et sur ce compte-ci, Tobias était un allié précieux, un ami sur lequel tu pouvais t’appuyer. Déjà, il n’avait pas peur de toi, et c’était déjà un bon point. Qui apprécierait de savoir qu’il y avait potentiellement un cadavre à dix mètres de lui ? Mais Tobias ne s’en formalisait pas puisqu’il dévorait sa pizza en moins de temps qu’il ne le fallait pour le dire. Tobias avait commis des meurtres lui aussi, probablement des méfaits aussi abominables que les tiens, mais n’en déplaise à certains, tu avais pour autant toute sa confiance, tout comme il avait la tienne. Ce n’était pas rien d’avouer aux autres qu’on découpait des cadavres dans une pièce secrète de son appartement ou même qu’on gardait des cerveaux dans des bocaux en verre (même si cela faisait une bonne déco, ce n’était pas du goût de tout le monde, malheureusement). La plupart des gens aurait fui, Tobias, lui avait demandé comment tu arrivais à les conserver aussi longtemps. Et ça, c’était un vrai pote. Pour autant, tu sentais que, tout comme toi, Tobias n’était pas foncièrement mauvais et n’appréciait pas de tuer sans raison. Vous vous laissiez parfois surprendre par quelques petits accès d’humanité qui vous faisaient revenir sur terre.

Il ne parut pas choqué lorsque tu goutas le sang. Tu avais toujours caché ça à ton ami, craignant qu’il ne trouve ça dégoutant (oui, dans ton esprit, les cerveaux c’est pas choquant, mais le sang oui…), tu n’étais pas cannibale non plus. Peut-être te qualifierais-tu d’amie des vampires plutôt. Mais bon, il en avait vu d’autres, tu ne te formalisas pas plus que ça, mais tu sentis le besoin de te justifier. « Oui, j’aime bien goûter le sang, c’est pas si dégueu qu’on le dit. » Tu ne savais pas vraiment d’où te venait cette lubie mais elle était apparue pendant tes années d’études de médicomagie. La vue du sang lors des opérations t’avait fasciné plus que cela était permis. Et doucement, une folle addiction s’était emparée de toi et tes lippes affectionnait sa saveur. Cela s’était insidieusement imposé à toi. « Tu vérifies si les effets du sérum peuvent se transmettre par le sang ? » Le ton ironique qu’il emploie te fait sourire. « Ah ah ah » ricanes-tu doucement. « Toujours aussi drôle Monsieur Towsen. Tu continues : « Non, en vérité tu as raison, c’était ridicule de faire ça, ça aurait pu avoir des effets sur moi, même si la dose est infime. J’ai été stupide. Tellement excitée par ce que tu m’apportes que j’en ai oublié d’utiliser mes neurones. Je ne pense pas que cela puisse se transmettre par le sang, mais on ne sait jamais… »

Des héros… Tu ne te voyais pas comme une héroïne, tu en étais bien loin. Tu rigoles à nouveau en suggérant : « Imagine-nous bientôt dans le manuel d’histoire de la magie : Tobias Towsen, mangemort beau gosse et plutôt futé, a participé aux grandes expériences de la plus belle, la plus intelligente, éminente et brillante médicomage Alexis Fawley ! En découpant des moldus, les cracmols et les nés-moldus, ils ont sauvé le monde de la sorcellerie ! » Tu secoues la tâte en ajoutant : « Tout ça ferait bien tâche ! » Lorsqu’il t’annonce qu’il essayera de procurer du sérum, tu acquiesces doucement : « Écoute, c’est une bonne idée mais fais attention, tu sais comment ils sont dangereux. Risque pas ta vie pour ça non plus. » C’était un peu égoïste dit comme ça, mais tu ne voulais pas prendre le risque de perdre un de tes seuls amis.

Après avoir engloutie la dernière part de pizza, tu attrapes un classeur sur le bureau et le lui montres : « Bon, regarde où j’en suis. J’ai mis au point une nouvelle souche, la numéro 42d sur un moldu, un né-moldu ; j’ai réussi à isoler un agent qui différait entre les deux. La souche 42c était encore trop instable donc j’ai modifié les composants. La souche 42d répondait bien sur les animaux, donc j’ai essayé directement sur deux sujets moldus, le sujet femme 012 et le sujet homme 52. Bon, l’homme est mort au bout de 12 min, et la femme au bout de 28. Rien d’intéressant dans la mort de l’homme. Pour autant, pour la femme, il s’est passé quelque chose d’étrange. J’ai fouillé chez elle dans sa généalogie, pas un sorcier depuis des générations, peut-être même qu’il n’y en a jamais eu. Et pour autant, après l’administration de la souche 42, je lui ai donné une baguette et elle a réussi à exploser un vase. Elle a tellement eu peur de ce qu’elle avait fait que son cœur s’est emballé et elle est morte d’une crise cardiaque. J’ai l’impression que je tiens quelque chose mais je n’arrive pas à mettre le doigt dessus. » Tu lèves les yeux vers Tobias et lui demandes : « J’ai quand même l’impression de tourner en rond… Cela fait plusieurs fois que je modifie cette souche… Il faudrait que je puisse avoir accès à un Cracmol… Où pourrait-on en trouver ? Il n’y aurait pas une liste au ministère sur laquelle on pourrait s’appuyer ? »

Spoiler:

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

Peu de personnes peuvent comprendre que ce qui se trame dans ton laboratoire d’expérience. Tu comptes sur les doigts de la main les personnes de ton entourage au courant de ce qui s’y passe. Pour autant, aucun n’a porté un quelconque jugement sur celles-ci ; Kesabel comme Tobias y trouvent son compte, son propre intérêt. Tes recherches sur le Blood Circle peuvent être utiles au plus grand nombre ; celles pour Kesabel ne le concerne que lui mais elles n’en demeurent pas moins importantes à tes yeux. Aider un ami c’est comme t’aider toi-même et Kesabel a su t’aider à de nombreuses reprises ces dernières années. Alors si tu peux lui rendre la pareille… Mais tout comme tes recherches sur le Blood Circle, celles sur Kesabel n’avancent guère plus. Tu en viens à te demander si tu es vraiment faite pour ça ; mais tu ne désespères pas. Les grandes découvertes impliquent des années et des années de recherches scientifiques et tu ne peux te pencher sur celles-ci qu’après avoir passée ta journée à l’hôpital. C’est peut-être la raison pour laquelle cela n’avançe pas vite.

Tu relèves les yeux pendant qu’il te promet d’être prudent. « Oui, ne prends pas de risques inconsidérés ou inutiles. Tu es plus important à mes yeux qu’une fiole de sang, même si celle-ci vaut de l’or. » Après tout, perdre un ami comme Tobias n’augurerait rien de bon pour ta santé mentale ; celui-ci avait le don de faire de toi une personne un peu plus sociable. Kesabel était le meilleur ami qu’il soit lui aussi, mais il n’avait pas cette alégresse, cette facilité à discuter qui faisait que Tobias était quelqu’un qu’on appréciait fréquenter. Il mettait un peu de soleil dans ta vie, même si ses propres missions en tant que Mangemort ne faisaient pas de lui un enfant de chœur, loin de là, on aurait presque pu dire de lui que c’était une bonne personne. Tu souris en y pensant, vous cachez bien votre jeu tous les deux. Te concernant, ton côté renfrogné ne te permet pas de te faire des amis facilement ; mais Tobias, on aurait pu lui donner le bon dieu sans confession, comme disent les moldus.

Tobias t’annonce : « Tu fais déjà de grandes avancées, réussir à ce qu’une moldue puisse faire de la magie c’est déjà extraordinaire. » En y réfléchissant, il n’avait pas tout à fait tort, pour autant, tu ne peux pas crier victoire trop tôt. Il te faudrait déjà pourvoir répliquer l’expérience à l’identique sur un grand nombre de sujets pour conclure que ton hypothèse était validée. Tu surenchéris : « Oui, mais est-ce que ce n’était pas une réaction réflexe de la baguette… Je ne saurais jamais vraiment, il faudrait que je trouve un autre moyen pour vérifier. » Tu te promets d’y réfléchir plus tard. Pour l’instant, tu préfères ne plus trop y penser.

Lorsque Tobias évoque le Cracmol Circle, tu te mets doucement à réfléchir. Il avait raison, ils faisaient des cibles toutes trouvées mais tu ne tenais pas plus que cela à te retrouver face à eux. Ils faisaient après tout partie de l’organisation surentraînée qui te faisait tant flipper. Tu ne serais même pas étonnée qu’ils soient aussi bon que toi au combat au corps à corps. Alors que tu médites sur cette pensée, Tobias confirme ce à quoi tu pensais en exprimant tout haut ce que tu te disais intérieurement.  « C’est risqué certes, car comme tu te doutes ils sont surentraînés, mais pas invincibles pour autant… » Tu ajoutas : « Non, c’est certain, je suis pas certaine qu’ils puissent me battre en un contre un, c’est plus leurs technologies qui m’inquiètent. Leurs armes, les pistolets, les explosifs, les tasers et j’en passe. La moindre chose qui pourrait nous surprendre. » En voyant ton sac de frappe dans le fond de la pièce, tu rajoutes : « Rien que d’en parler, ça me redonne l’envie de m’entraîner. » Toujours être prête, toujours sur tes gardes, toujours au garde à vous. Ne jamais relâcher la pression ; une seule seconde d’inattention, et c’était la mort assurée au bout du chemin. « L’autre jour, j’ai pu sans énormément de difficulté piéger un de leurs membres… Je n’avais ni autorisation ni aide mais j’ai réussi, c’est bien la preuve que ce n’est pas tout à fait impossible. » Tu admires sa ténacité. « Oui mais tu n’es pas n’importe quel homme Tobias Towsen. » dis-tu en riant à moitié. « Tu devrais t’entraîner avec moi de temps en temps, pour entretenir tes petits muscles. » Tu lui frappes la poitrine pour tester ses abdominaux. Il pouvait bien essayer de te faire la même chose, tu étais surentraînée et tes muscles étaient bien dessinés sous ce vieux sweat. La force physique était devenue une arme que tu avais sous-estimé auparavant, mais plus maintenant ; elle était aussi importante que la force mentale qui t’avait si longtemps servi d’alliée dans tes combats ; aussi importante que la magie également. « En soi, ce ne serait pas une si mauvaise idée que ça de s’entraîner ensemble, j’pourrais t’apprendre à manier le couteau. » Tu étais également une experte en la matière.

Tu te lèves pour aller chercher la coupole de fruits et la places au milieu de la table. Tu attrapes une pomme et croques dedans et fais signe à Tobias de se servir. Des vitamines après la pizza, ce n’est pas plus mal. Tu demandes : « Et du côté des Mangemorts, des nouvelles ? Tu penses vraiment que cela peut marcher, l’alliance avec l’Ordre ? Je n’aurais jamais pensé que cela durerait aussi longtemps, comme quoi, un ennemi commun rassemble même les pires ennemis… » Cette ‘’coalition’’ entre l’Augurey et Harry Potter était plus qu’improbable mais pour l’instant elle fonctionnait ; tu demandes pour encore combien de temps. Personnellement, cela t’importe peu, tu ne participes pas vraiment à cette lutte pour le pouvoir, pour le bien ou pour le mal ; la seule lutte qui t’intéressait vraiment, c’était celle pour la magie.

Spoiler:

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

« C’est pareil pour toi, ne prends pas de risque inconsidéré pour piéger un de tes cobayes. »  Tu acquiesces doucement. Tobias et toi, vous êtes semblables sur plusieurs points. Votre relation vous lie au-delà de la simple amitié ; tu n’as jamais vraiment eu de famille, du moins, pas une famille digne de ce nom. Tobias pouvait combler certains manques et panser certaines blessures, c’était lui ta famille. Avec Kesabel, les liens qui vous unissaient te permettaient de ne pas totalement sombrer dans l’immensité et la noirceur. Tes deux amis n’étaient peut-être pas tes frères de sang, mais ils n’en demeuraient pas moins des frères d’armes. Vous aviez les mêmes ambitions, quasiment les mêmes idéaux, les mêmes désirs de reconnaissance. « Je t’en prie Tobias, tu me connais. Tu sais très bien que je ne prends plus jamais aucun risque depuis... » Ta voix suspendue dans le silence, tu laisses la phrase mourir. Le souvenir ravivé, tu ne peux t’empêcher de penser à cette fameuse nuit, celle où tu avais bien failli perdre la vie. Ce jour-là, oui, tu avais pris un risque. Un risque tellement énorme que le moldu que tu avais attaqué avait réussi à te maitriser. À l’époque, tu n’avais pas la force que tu as aujourd’hui. À l’époque, tu n’avais pas en permanence des couteaux dissimulés à plusieurs endroits sur ton corps. À l’époque, tu n’étais pas si calculatrice, tu ne préparais pas ton coup dix jours à l’avance ; c’était le cas désormais, orchestrant chacune de tes attaques minute par minute. La préparation permettait de minimiser les risques, les incertitudes, l’imprévu. « Ne t’en fais pas. Lorsque j’aurais trouvé un Cracmol, je mettrais en place un plan. » Tobias n’est pas seulement d’une grande aide pour toi, il t’encourage également. Tu en as besoin. Tes recherches sont si difficiles, parfois tu perdais espoir ; Tobias était alors toujours là pour trouver le point positif que tu n’avais pas remarqué, comme ce soir.

Tobias hoche la tête lorsque tu évoques les armes du Blood Circle. Ils sont forts, beaucoup plus forts qu’auparavant. Les années jouaient en leur faveur. Ils avaient eu le temps de s’organiser dans l’ombre depuis toutes ces années. Et l’avènement des nouvelles technologies leur avait permis de rivaliser avec les sorciers. Les sorciers n’étaient plus cachés, et étaient en sous-nombre. Les moldus, cette race inférieure, n’était plus le reflet de l’évolution ; les sorciers oui. Pour autant, menacés d’exctinction, ils devaient faire front commun pour survivre, et tu le savais. Si cela devait passer par des techniques moldues, tu n’es pas contre. C’était la raison pour laquelle tu avais commencé à t’entraîner aux arts martiaux, à la base. Te retrouver désarmée, sans baguette, t’avait placée dans une position de vulnérabilité que tu n’avais jusqu’alors jamais ressentie. Une fois que tu t’étais extirpée de cette situation, tu t’étais promis de ne plus jamais uniquement dépendre d’un morceau de bois : une baguette, cela se perdait facilement, cela se cassait facilement. Un couteau non, des poings non plus ; ils étaient ta nouvelle arme contre le monde, ta nouvelle arme contre la peur indéfinissable qui t’animait lorsque tu repensais à la nuit où ta vie avait failli s’arrêter. T’entraîner avec Tobias ne pouvait qu’être bénéfique et te maintenir encore plus en forme. « Mouais, ça m’a l’air bien flasque tout ça ! » dis-tu en plaisantant, alors que Tobias prétendait entretenir ses muscles. Il est vrai que Tobias avait bénéficié d’un entraînement au combat que tu n’avais pas : en tant que Mangermort, il s’était également initié à l’entraînement à la moldue comme tu l’appelais. « Mais c’est une excellente idée ! Je suis sûr que l’on pourrait énormément apprendre l’un de l’autre. » Tu acquieces doucement et réponds : « Vraiment dommage que tu sois sans arrêt en déplacement, on pourrait faire ça souvent. Mais bon, je ne suis pas certaine que tu voudras t’entraîner avec moi régulièrement si je te mets la pâté à chaque fois ! » Tu ris doucement. « Non sérieusement, m’entraîner plus souvent avec un homme serait intéressant pour moi, cela entretiendrait ma force. » Il ne fallait pas se mentir, même avec tout l’entraînement du monde, les hommes avaient cet avantage génétique sur les femmes : il fallait donc que tu t’entraînes plus, plus souvent, plus fort, mais toujours avec le même acharnement.          

La conversation virait à la politique. « Honnêtement je trouve l’idée bonne en soi. Tu sais que j’ai toujours voulu que les sorciers face un front commun pour lutter contre les moldus. Bon honnêtement ça m’a mis dans de drôles de situations moi … Je me suis retrouvé à faire une mission avec un moldu pour te dire ! » Étonnée, tu relèves la tête et écoutes attentivement le jeune homme. Effectivement… travailler avec des moldus, leur faire confiance… tu ne sais pas si tu le pourrais. Non pas parce que tu les détestes, tu ne les avais jamais vraiment haïs, plutôt parce qu’ils représentaient tes angoisses les plus profondes. « Tu m’étonnes ! » t’exclames-tu tandis qu’il poursuit son récit. « Mais le plus étrange reste quand même que je me retrouve en solo à bosser avec Toni … » Tu avales de travers la gorgée de jus que tu étais en train de boire. Toni Santana… Cela fait plusieurs années que tu n’avais pas entendu parlé de cette jeune femme. Et la manière dont Tobias avait évoqué son nom te questionne. « Raconte-moi. Comment ça s’est passé ? Tu ne l’avais pas revu depuis quoi… trois ans ? Quatre ans ? » Tout cela paraissait tellement loin. Tu avais connu Toni à Poudlard, tu avais été sa tutrice pour certains cours mais vous n’aviez jamais vraiment été amies. Par contre, Tobias était sorti avec elle pendant quelques mois, juste au moment où tu l’avais rencontré. Il en avait parlé d'elle comme étant sa première véritable relation. Tu te souviens à quelle point la rupture avait été douloureuse ; les ideaux de la famille Towsen avaient des idées bien arrêtées sur la question de la lignée... « Qu’est-ce que ça t’a fait de la revoir ? Que devient-elle ? Elle travaille toujours au département de la justice ? » demandes-tu, compatissante. Tu demandes s'il éprouve encore des sentiments pour elle ; cela ne serait pas impossible, son ton de voix avait vascillé lorsqu'il avait dit son prénom. Tu n’as jamais ressenti pour quelqu’un ce que Tobias avait ressenti pour Toni ; les gens appelaient ça de l’amour. Tu n’es pas certaine que ce sentiment t’ait un jour traversé.  

Pour répondre à sa dernière question, tu annonces: « Et bien, tu me connais… Me concernant, la politique ne m’a jamais vraiment intéressée. Je trouve ça bien qu’on puisse s’allier contre un ennemi commun mais je ne leur ferai pas confiance pour autant… » En même temps, qu'importe que la personne soit moldue ou sorcière, il y avait bien peu de personnes dans ce bas monde à qui tu aurais pu confier ta vie. Tu as trop appris à te débrouiller par toi-même pour dépendre de quelqu'un d'autre. Tu préfères ne compter que sur toi, cela permettait d'être moins déçue. C'était un choix de vie.            

Nous organiserons la résistance

Tobias & Alexis

C’est étrange comme les gens changent en fonction de leur interlocuteur. Tu te surprends à apprécier tous ces moments privilégiés avec Tobias, lui qui t’assure une amitié sans faille depuis des années. Tu ne prétends pas qu’elle soit parfaite, bien au contraire, mais tu aimes cette amitié dysfonctionnelle qui ne ressemble à aucune autre. Vous vous étiez bien trouvés tous les deux ; puis tous les trois, lorsque Kesabel et Tobias avaient appris à se connaître et que vous aviez commencé à former un trio de choc. La dream team, comme tu aimes l’appeler. Deux amis totalement différents, mais unis dans un même objectif : la survie. Ce n’est pas rien, vous êtes tous les trois des écorchés de la vie ; des gens qui n’ont pas eu de chance. Tu t’imagines des fois la vie que tu aurais pu avoir si ton enfance avait été différente : que ce serait-il passé si ton père n’avait pas épousé ta mère ? S’il ne s’était pas réfugié dans l’alcool ? S’il n’avait pas commencé à se défouler sur ta mère, puis sur toi-même ? Que ce serait-il passé si tu n’avais pas grandi dans la honte, dans la peur, dans l’angoisse des nouveaux coups, dans le déshonneur d’avoir un sang sali, plus pur ? Ces questions te triturent la tête depuis des années même si tu n’es pas sans savoir qu’il ne s’agit parfois pas d’avoir une enfance digne de ce nom pour être un adulte comblé.

« Si tu as besoin d’un coup de main, pour taper du Cracmol, tu sais que Kesa et moi, on sera toujours partants. » Tu ricanes en disant : « Parce que tu crois vraiment que je vais vous laisser vous amuser sans moi ? » C’est faux ce que tu dis, mais c’est pas grave. En vérité, tu diffères un peu de tes amis pour qui le meurtre est quasiment une obligation, un besoin. Pour toi, c’est plus une nécessité qu’autre chose : tu tues non pas pour ton plaisir mais par opportunité. Comme lorsque tu as tué ton ancien chef de service afin qu’on te propose sa place. Les sujets de tes expériences ne meurent plus ; tu préfères les relâcher après un sortilège d’amnésie. Même si c’est risqué, au moins, cela n’attire pas les feux de projecteur sur toi.

« Alors c’est parti ! La prochaine fois que tu rentres en Angleterre, on organise une petite séance !  » t’exclames-tu tandis qu’il approuve ton idée avec ferveur. Cela te ferait toujours un entraînement de plus à près tout. La conversation prend un autre tournant qui te plaît un peu moins. Parler de Toni te fait bizarre. Tu es tellement habituée maintenant à avoir Tobias pour toi toute seule… Tu as l’impression que les sentiments qu’il ressent encore pour elle ne sont pas clairs, peut-être l’aime-t-il encore ? Difficile à dire. Il est nostalgique en tout cas, cela se voit, cela se sent. Tu te promets de creuser la question un jour ou l’autre, mais pas ce soir, tu n’as pas envie de gâcher la soirée à parler amourette. « Je t’avoue que je ne sais pas trop quoi en penser, c’est bizarre et nostalgique à la fois. Je sais bien que je ne suis plus du tout le garçon qu’elle a connu et je vois bien que ça ne lui plait pas. » Tu hoches la tête doucement : « On a tous changé. Nous sans doute plus que les autres. On a grandi aussi. Tu n’es plus celui qu’elle a connu désormais. Ce qui lui plaisait à l’époque n’est peut-être plus là. » Quand tu y repenses, tu n’es plus non plus la jeune fille timide et solitaire que tu étais en première année. Tu es désormais une femme forte, indépendante, calculatrice et intelligente : tu ne fais rien sans raison, Tobias non plus. Il s’imagine une grande carrière et tu le penses bien assez charismatique et intelligent pour le devenir.

Lorsque tu exprimes tes réticences concernant l’alliance temporaire entre Ordre du Phenix et Mangemorts, il se moque de toi en annonçant : « Rohh je ne vois pas pourquoi, le conseil est rempli de personnes transparentes et intègres ! Et puis tu auras bien confiance en moi quand je prendrais la tête du pays ? » Tu souris bêtement : « Bien entendu, si cela arrivait, tu pourras me nommer directrice de Saint-Mangouste, ça serait bien plus simple pour trouver des cobayes ! Même si tu ne penses pas qu’un poste avec autant de paperasse te plairait, cela doit être d’un ennui mortel ! Tu rigoles avec ton ami tandis que les minutes, puis les heures passent et laisse le temps à deux compagnons de galère de se retrouver, d’échanger, de rire. Ce temps si précieux vous emmène loin, bien loin de vos préoccupations habituelles ; l’espace d’une soirée, vous oubliez tout deux à quel point vos vies sont compliquées.

FIN DU RP.