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Les moldus et élèves de Poudlard du forum se sentent cruellement seuls au milieu de tous ces sorciers adultes,
alors pensez à les privilégier pour vos personnages

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Dazed & Confused :: Three Broomsticks :: Pensine :: Les RPs
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Dim 5 Juil - 19:59
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Dazed & confused


3 janvier 2020


Désemparé...
Confus...
Abasourdi...


Je ne savais même pas exactement comment je me sentais. J'étais à peine rentré de ces quatre jours de "mission" que la réalité m'avait sauté aux yeux. Le manoir Ombrage résonnait. Mes pas n'avaient pour tout écho dans les pièces que le son qu'ils faisaient eux-mêmes...

Bien sûr, depuis quelque temps, nous ne nous voyions plus autant... Elle avait ses obligations, j'avais les miennes... Elle avait ses activités, j'avais les miennes... Bref, c'était plutôt normal, dans un couple, de ne pas toujours tout faire ensemble.
Elianor m'accompagnait pourtant bien volontiers lorsqu'il fallait faire une apparition officielle pour le Conseil d'Administration, tout comme je me faisais toujours une joie d'être son cavalier pour toute occasion qu'elle me proposait... Mais ce n'était sans doute pas suffisant... et elle n’était pas venue à la soirée du nouvel an.

Avais-je délaissé ma femme ? Peut-être bien, oui. Depuis ma nomination au Conseil, je devais reconnaître que je cumulais des horaires peu évidents à gérer et quasiment impossibles à concilier avec une vie de famille épanouie. J'avais pourtant essayé, vraiment, de pouvoir combiner ma profession avec le Conseil et ma famille... mais mon épouse et moi ne faisions que nous croiser ces derniers temps...

Si je devais faire le bilan de nos années de vie commune, pourtant, j'avais vraiment le sentiment que ça allait plutôt bien entre elle et moi. Vingt-quatre ans de mariage, deux beaux enfants... une famille où les choses se passaient plutôt bien, nous avions tous les deux pu faire avancer nos carrières respectives et, en même temps, vivre nos rêves...
Nous avions vécu tant de choses ensemble, nous avions partagé tant de moments, des hauts et des bas, de bonnes et de moins bonnes nouvelles... Je ne comprenais pas.

Depuis combien de temps Elianor avait-elle cette idée en tête ? Des semaines ? des mois ? plus que cela ? Quand y avait-elle pensé pour la première fois ?

Nous avions un accord, pourtant, elle et moi, et cela n'avait jamais posé problème... Nous devions tous les deux rentrer passer la nuit au manoir, avec l’autre. Dormir ensemble et se réveiller ensemble, quoi qu’il advienne... c’était notre deal. Ou alors, il y avait un problème, mais j'étais aveuglé depuis longtemps et je ne m'en étais jamais rendu compte ? Mais pourquoi ne pas m'en avoir parlé, dans ce cas ?

A mes yeux, la seule raison valable pour quitter quelqu'un, c'était l'absence de sentiments... Quand l'amour était mort, cela pouvait se comprendre... mais est-ce qu'Elianor n'avait plus aucun sentiment à mon égard ? Nous ne nous étions jamais enfermés dans une routine, elle et moi, nous avions toujours alimenté la flamme de ce feu sacré sans avoir besoin de réfléchir à la manière de faire...

Elianor et William... je voyais encore nos prénoms entrelacés lors de notre mariage, en 1996... j’avais eu la patience d’attendre qu’elle soit prête, malgré notre différence d’âge... Je n’avais jamais aimé aucune autre femme, pas comme je l’aimais elle. J’avais toujours été prêt à tout pour la voir sourire, pour la voir heureuse... Encore maintenant, plus de vingt ans plus tard, je pouvais sentir mon coeur se serrer à la simple idée qu'il puisse lui arriver quelque chose.
Bien sûr, je savais pertinemment que le fait que je ne sois plus aussi souvent au manoir, auprès d’elle, ces derniers temps devait jouer. Elle avait dû se sentir délaissée... et pour peu qu’elle trouve que je passe plus de temps avec Meredith qu’avec elle, la jalousie d’Elianor avait très bien pu faire le reste.

D’ailleurs, est-ce que je passais plus de temps avec l’une qu’avec l’autre ? Je n’avais jamais vraiment pris la peine de calculer cela... je ne tenais pas un agenda précis de mes contacts avec ma femme et avec mon amie... cela aurait été assez compliqué, me semble-t-il... Et quand j’étais avec l’une, forcément, si je manquais à l’autre, je n’en savais foutrement rien. Ah, si seulement elles avaient pu s’entendre… On aurait pu passer de magnifiques moments, tous les trois… j’avais bien des idées en tête pour cela, mais cela n’avait jamais pu avoir lieu étant donné le regard très négatif qu’Elianor portait sur Meredith.

Quand j'y réfléchissais... je me disais que je n'aurais peut-être jamais dû postuler pour être membre du Conseil d'Administration. J'y perdais bien plus que je n'y gagnais et, de plus en plus, tout cela me poussait à remettre beaucoup de choses en question...
Cette accession au pouvoir, finalement, cela avait fait fuir des relations. Celles et ceux qui ne savaient pas que mon allégeance allait à l'Augurey avant cela... Il fallait dire, aussi, que ma discrétion à ce sujet, depuis le début, avait pu être interprétée comme un mensonge qui durait depuis plus de trente ans... En tout cas, c'était comme cela que certains avaient pris la chose. Et je voyais mon cercle de proches diminuer, laissant çà et là des vides impossibles à combler.
Putain...

Mon ambition avait été trop grande, peut-être. Ou cette ascension trop rapide. Je n'avais pas imaginé que ce poste au Conseil allait me coûter ma femme et des amis.

Aurais-je posé ma candidature si j'avais envisagé cela une seule seconde ? Certainement pas. Peu à peu, je glissais vers ce sentiment de déréliction. La solitude et l'incertitude étaient de bien cruels tourments et, seul dans mon grand salon où j'avais pris l'habitude de prendre place avec mon épouse chaque soir, je sentais bien que, cette fois, je ne me relèverais pas.


Effondré...
Abattu...
Brisé...


Il fallait bien peu de choses pour détruire un homme, en ce monde. Je n’échappais pas à ce constat. L’enchaînement de différents éléments m’avait laissé perdre le contrôle, plus d’une fois. Et c’était ainsi que cela avait commencé.
Quand exactement ? Lors de ma « rencontre » avec Poppy Tiberius, peut-être ? Ou lorsque nous nous étions amusés avec ces cracmols ? Ou le moldu dans ce bar, à Londres ? En tout cas, cela datait d’avant la petite affaire avec Toni Santana. Cette vaine et misérable avocate insignifiante n’était qu’un symptôme parmi d’autres. Un symptôme, simplement, de cette perte de contrôle. A quel moment cela avait-il commencé ? Je n'en savais rien. Je perdais patience de plus en plus rapidement. Je ne supportais plus certains propos ni certains sous-entendus. Je réagissais alors excessivement et sans réfléchir, avec cette impulsivité que je tâchais pourtant de maîtriser en temps normal. Mais ces derniers temps, c’était différent... Je me sentais à l'étroit un peu partout...

Je ne pouvais pas compter sur beaucoup de monde, c’était un fait. Si j’essayais de tenir bon, c’était pour mes enfants avant tout. Le reste n’avait plus d’importance. J’avais même déjà envisagé plusieurs fois de retourner en Norvège, pour débuter une vie différente là-bas... J’avais assez de gallions de côté pour emmener ma femme et mes enfants et leur assurer un niveau de confort plus que correct en recommençant à zéro en Scandinavie...
Mais, désormais, cela n’était plus envisageable. A quoi bon essayer de recommencer, d’espérer être heureux si ma femme et moi nous devions nous battre pour la garde de Marcus et Septima ? A ce prix-là, je ne voyais pas comment on pouvait trouver le bonheur. C’était impossible, inaccessible et impensable. Rien que l’idée de bonheur, à ce compte-là, cela me semblait n’être plus qu’un conte de fées ou un rêve lointain, de ceux qui vous animent quand vous êtes gosse et qui disparaissent une fois que, à l’âge adulte, vous prenez conscience que vous ne pouvez pas avoir tout ce dont vous rêviez. Un peu comme les petits garçons ou les petites filles qui veulent devenir champions du monde en quidditch... du très haut niveau, vous voyez ? Nos rêves ne sont-ils faits que pour s’effondrer au bout d’un temps ? C’était bien l’impression que tout cela me donnait...

On dit que le plus grand obstacle au bonheur, c’est de rêver d’un bonheur trop grand. Je n’avais pas l’impression de m’être laissé emporter par la folie des grandeurs, mais je ne pouvais que faire ce constat : le bonheur ne m’était pas permis. Il s’agissait de quelque chose qui s’adressait à d’autres personnes que moi.
J’avais toujours voulu que mon entourage soit heureux, à commencer par ma femme... les sentiments que j’avais pour elle étaient tels que c’était le fait de la voir bien, de la voir heureuse et souriante qui me réjouissait. Quand elle souriait, elle rayonnait. C’était comme un lumos lancé au plus profond de la plus obscure des forêts... d’une certaine manière, c’était ce qui guidait ma vie, ce qui me montrait la voie...

Et puis, il y avait le bonheur de mes enfants, aussi. Même si l’ingratitude de Marcus était loin d’être agréable à vivre, c’était une évidence que lui aussi, je voulais le voir heureux... il était régulièrement insolent envers moi, désobligeant, même, et pourtant... je n’avais jamais réussi à le voir autrement que comme mon fils, l’aîné, celui qui du haut de son jeune âge était le plus à même à veiller sur sa mère quand je n’étais pas là... Je savais bien qu’il me reprochait mes écarts de conduite et je n’avais jamais pris le temps de démentir ou de lui expliquer que c’était un choix de vie que nous avions fait, sa mère et moi, quand nous nous étions mis ensemble, il y avait près de vingt-huit ans... ce n’était pas le genre de choses qu’on expliquait à un gamin, surtout quand c’était notre propre enfant.

Quant à Septima... ma princesse, ma magnifique petite puce... j’aimais énormément la relation que nous avions, elle et moi. Elle représentait énormément à mes yeux et j’aurais fait n’importe quoi pour voir cette petite étincelle s’allumer dans son regard. Ma fille... elle illuminait mon existence, littéralement. Elle m’incitait à être un homme meilleur, à être généreux, disponible, agréable... oui, vraiment, ce petit bout de femme faisait ressortir les meilleurs aspects de ma personne. Et puis, elle avait un grand coeur, c’était vraiment une adolescente qui n’entrait pas dans les cases habituelles... je l’avais toujours trouvée adorable et il me semblait que cela ne changerait jamais. S’il y avait bien une personne au monde pour qui je savais, au fond de mes propres entrailles, que j’éprouverais toujours cet amour fou, c’était elle. Ma petite Septima... la voir heureuse, la rendre heureuse, c’était tout ce qui importait.

Parmi les adolescents qui comptaient beaucoup pour moi, au niveau de mes proches, il restait Julius Lestrange, mon filleul... le fils de mon meilleur ami, Rabastan. Encore un petit bonhomme à mes yeux mais qui avait déjà vécu tant de choses... j’avais en moi cette envie de le protéger, de lui montrer que la vie pouvait apporter son lot d’heurs et pas uniquement de malheurs... l’envie d’être là pour lui, de vraiment jouer le rôle de parrain que son père m’avait confié... À l’époque, je venais d’être l’heureux papa de Septima... et quand j’avais eu Juju dans mes bras, j’avais ressenti tant de choses... j’aurais sans doute pu élever cet enfant, si la vie m’en avait donné l’occasion. Tout sang mêlé que je sois, son père m’avait donné sa confiance et j’avais toujours voulu me montrer à la hauteur. Je me souvenais fort bien des moments où j’essayais de lui apprendre à maîtriser son don de métamorphomagie... Cela nous avait permis d’avoir de bons moments de complicité...

Et puis, il y avait les enfants de mes amis... à commencer par Helios, le fils de Meredith... même si nos rencontres prenaient bien souvent une tournure de confrontation conflictuelle, j’avais de l’affection pour ce garçon. Je l’avais vu grandir, lui aussi, et je m’étais attaché à lui, malgré son sale caractère, malgré le regard désobligeant qu’il portait sur mon sang qui n’était pas pur... Il n’avait pas toujours été comme cela, pourtant, et dans son enfance, il avait été un gosse vraiment mignon et sympathique. Je ne pouvais pas lui en vouloir d’avoir changé, cela arrivait à tout le monde... mais je ne pouvais pas non plus le laisser me traiter comme un sous-homme. Il n’y avait qu’à espérer qu’un jour il pourrait comprendre que la pureté n’était finalement qu’un concept... et que les vingt-huit familles pures du Royaume-Uni n’avaient été sélectionnées que sur des critères qui n’avaient pas vraiment eu d’autre impact que de maintenir une aristocratie sorcière dont le système reposait encore sur des mariages arrangés et des alliances visant à obtenir toujours plus...
Ensuite, il y avait les Towsen. Tobias, d’abord... un jeune homme beau et fort, taillé dans du roc, doté aussi d’un caractère qui me convenait plutôt bien : il était relativement calme d’une façon générale, et était capable de réfléchir de manière stratégique... nous nous entendions plutôt bien, lui et moi, nous avions confiance l’un en l’autre. Vingt-six ans nous séparaient et c’était sans doute pour lui que j’avais ressenti en premier lieu une forme d’affection particulière, alors que ses parents avaient souvent tendance à me taper sur les nerfs. Je lui avais enseigné les sortilèges impardonnables pour l’aider dans son ascension sociale au sein de notre Cause... je lui avais aussi appris des choses plus intimes sur lui-même, en partageant un moment plus sensuel ensemble... Un moment très agréable, au cours duquel j’avais pu me rendre compte de la confiance qu’il m’accordait... Ce n’était arrivé qu’une seule fois et nous n’en avions jamais vraiment reparlé ensuite, c’était quelque chose que nous gardions chacun secrètement, parce que c’était arrivé dans un contexte un peu inédit, après tout, et que la tendresse et la douceur que j’avais mises dans ces instants avaient mis à nu une partie de moi que peu de mangemorts connaissaient... Tobias faisait partie des rares jeunes mangemorts à pouvoir nuancer qui j’étais vraiment. Je lui faisais confiance. Et il y avait quelque chose de très gratifiant à être le mentor d’un jeune homme comme lui, si prometteur et si doué... En somme, tout avait toujours été plutôt bien, en fait... jusqu’au jour où une pénible avocate avait éveillé ma colère. J’ignorais totalement ce que Tobias éprouvait ou avait pu éprouver pour elle... sur le moment, c’était un profond sentiment de haine qui m’avait envahi et elle en avait fait les frais. Et c’était à ce moment-là que les choses avaient quelque peu changé entre Tobias et moi. Je n’avais jamais eu l’intention de le blesser, de détruire son travail ou de le mettre en colère... mais je n’avais pas assez réfléchi et mes actes avaient été trop loin. Je n’avais, en outre, pas fait dans la demi-mesure... et je méritais certainement de subir les foudres de Tobias. J’avais tout foutu en l’air et j’en avais pleinement conscience à présent...
Quant à sa sœur, Amber... je ne voulais commettre aucune indélicatesse avec elle. Le comportement des parents Towsen envers leur progéniture m’avait toujours fait tiquer un peu, mais Thorfinn était allé trop loin et j’avais accepté d’aider la jeune fille à prendre de l’aplomb par rapport à son père. J’appréciais discuter avec elle... elle n’était pas comme son grand frère, sa personnalité était toute autre, mais c’était une jeune femme qui était prometteuse. Nous avions échangé un peu par hiboux et j’avais découvert une fille dont l’existence avait trop longtemps été voilée par l’ombre de son frère et de ses parents. Alors qu’Amber était véritablement une personne de qualité. J’ignorais si elle rejoindrait notre Cause le moment venu, mais je tenais à ce qu’elle puisse améliorer sa résistance face à ce père qui ne méritait pas d’avoir des enfants aussi charmants. J’avais des défauts, moi aussi, mais je n’aurais jamais soumis un de mes gosses à un impardonnable, tout comme je ne leur aurais jamais effacé la mémoire.

En fait, plus j'y pensais et plus je me disais que j'aurais sans doute pu être un meilleur homme. J'aurais pu être plus présent, par exemple, pour les jeunes gens qui m'entouraient... J'aurais pu intervenir, peut-être, pour clouer le bec une fois pour toutes à Thorfinn en lui faisant subir ce qu'il avait osé imposer à ses propres enfants...
Car je ne pensais pas être un type foncièrement mauvais. La preuve, c'était que j'étais tout à fait capable d'éprouver des sentiments d'amour de différentes sortes et de différentes intensités... Me serais-je attaché à mon épouse si je n'avais pas eu de coeur ? Et à mes enfants ? et à mes amis ?


Anéanti...
Torpide...
Prostré...


Elianor était partie. Je ne pouvais qu’en faire le constat. Elle avait profité de mon absence pour faire ses bagages et me quitter. J’avais trahi notre accord, en restant au chevet de Meredith pour la veiller, après cette soirée du nouvel an... et sans que nous ayons pu en discuter vraiment, Eli et moi, je me doutais bien qu'elle avait dû penser que j'avais prolongé la soirée dans les bras de ma maîtresse... Mais j'avais à peine croisé Elianor lorsque j’étais passé pour me doucher et me changer, aux petites heures, j’avais juste eu le temps de lui parler du malaise de Mrs Carrow et de l’entrevue avec Tobias, pour laquelle je ne voulais pas être en retard.
Il avait eu la décence et la politesse d'accepter d'attendre le lendemain pour que nous puissions discuter et j'avais pris cela comme une preuve de sa volonté de régler les choses, même si, au départ, il avait été très clair que le jeune homme était plutôt décidé à en découdre. Je me serais sans aucun doute fait casser la gueule sur place par mon ancien apprenti, si Meredith n'avait pas fait ce malaise. Et, sincèrement, il me semblait que je ne me serais même pas défendu. A quoi bon, après tout ?

A l'heure actuelle, tout cela n'avait plus vraiment d'importance. Je me rendais bien compte que j'avais passé la plus grande partie de mon existence à courir après des choses qui, au moment présent, me semblaient bien futiles... Et dire qu'alors, tout cela paraissait tellement important et indispensable... Au fond, tout pouvait changer en un claquement de doigts. Il suffisait de presque rien... et c'était tout un monde qui s'écroulait alors.
Oh, j'avais sans doute mérité ce qui arrivait. Je savais bien que je n'étais pas parfait, loin de là, et qu'un jour ou l'autre, cela allait me coûter cher... mais découvrir que ma femme était partie avec les enfants, c'était bien pire que ce à quoi je m'étais attendu.
Alors voilà, nous allions devoir nous battre pour la garde, à présent ? ou bien allions-nous pouvoir trouver un moyen de communiquer à peu près sereinement pour pouvoir choisir la solution qui conviendrait le mieux pour Marcus et Septima ?
La question me vrilla littéralement la tête. Sans eux, je n'étais pas grand-chose, sinon rien. Et sans Elianor... je ne savais pas du tout ce que j'allais devenir. Comment pouvait-elle tourner la page comme cela, après vingt-quatre années de mariage ? D'autant que la part du contrat que je n'avais pas respectée - à savoir, le fait de rentrer et de passer la nuit avec Eli - n'avait pas été un acte de mauvaise foi... que du contraire... j'avais même plutôt l'impression d'avoir fait ce qu'il fallait... rester auprès de Meredith Carrow et veiller sur elle, pour être sûr qu'il ne lui arrive rien… comme j’avais pu le faire pour Elianor, chaque fois qu’elle n’était pas en grande forme...  Mais le fait était là : je n’étais pas rentré, je n’avais pas dormi avec mon épouse et cela justifiait son départ.
Enfin, ce devait être la goutte d’eau qui avait fait déborder le chaudron, plutôt… cela, combiné à mon manque de présence, à mes horaires invivables et à ma consommation excessive de potions de l’oeil vif… Même ma fille, qui pourtant passait le plus clair de son temps à Poudlard, avait remarqué que j’étais fatigué. Je la voyais encore me faire part de ses inquiétudes, lorsque nous nous étions retrouvés en décembre, à Pré-au-Lard, elle et moi. Manque de discrétion de la part de ma femme et moi, peut-être ? pourtant, nos prises de bec attendaient généralement que nous ne soyons que tous les deux, que les enfants soient couchés et que nous puissions discuter sans craindre de les ennuyer avec nos histoires… Mais bon, je savais bien que l’on n’était jamais à l’abri d’une paire d’oreilles à rallonge ou d’une curiosité de notre progéniture… et c’était légitime, d’ailleurs…

Tout comme, en fin de compte, il était légitime et compréhensible que mon épouse, aussi charmante et tolérante soit-elle, puisse ne pas accepter ce que j’avais dû lui annoncer. Mais, en même temps, je n’aurais pas pu garder cette information pour moi, ce n’était pas quelque chose qui devait se cacher et surtout pas à ses yeux… Elianor avait le droit de savoir. Je lui devais la vérité. Le hic, dans cette affaire, c’était que les dates ne correspondaient pas avec quelque chose qui aurait pu avoir lieu avant notre mariage… Il suffisait de comparer nos vingt-quatre ans de mariage avec les vingt-et-un ans d’Helios pour s’en rendre compte et deviner que Meredith et moi avions des rapports non protégés (pour ma défense, je devais quand même dire que les préservatifs de l’époque n’étaient pas aussi fins qu’aujourd’hui et que, par conséquent, c’était comme s’enfiler une chaussette ou une housse désagréable et ne ressentir quasiment aucune sensation)… Et là, Elianor avait pété un plomb, en m’accusant de le savoir depuis le début, en me reprochant d’avoir été auprès de Meredith durant sa grossesse, alors que j’étais censé m’occuper de mon épouse… Elle me reprocha d’avoir passé du temps avec ma maîtresse et de l’avoir soutenue dans une période difficile, alors que je n’étais pas encore prêt, à l’époque, à avoir un enfant avec ma propre femme… Pourtant, la vérité, c’était qu’être aux côtés de mon amie dans cette période, essayer de prendre soin d’elle, d’alléger son quotidien de femme enceinte puis de jeune maman, ça m’avait donné envie de fonder ma propre famille - même si changer les couches d’Helios ou me faire pisser dessus par ce bébé braillard n’étaient clairement pas les moments les plus appréciables de tout cela. Evidemment. Quand on tenait un bébé dans ses bras, il y avait des choses qui venaient naturellement... la manière de lui soutenir la tête, des gestes tendres et doux, la peur de lui faire mal ou l’affection étrange qui m’avait envahi tout entier… Oui, c’était ce petit bout d’homme qui m’avait convaincu d’avoir moi aussi des enfants un jour et je m’étais promis d’être là pour eux, d’être un bon père de famille et de faire de mes gosses une priorité, quoi qu’il puisse advenir...

Ces promesses, je les avais tenues, de ce qu’il me semblait. Mais j’avais sans nul doute un peu trop délaissé ma femme et c’était là le cœur du problème. Mes absences avaient fait place à une jalousie de plus en plus forte à l’égard de Meredith et, à présent, la situation était arrivée à un point de non retour.
Ma femme partie, qu’allais-je devenir ? J’avais ignoré ses rêves, peut-être, j’étais allé trop loin… sans vraiment me rendre compte de ce qui se passait… et là, j’aurais voulu lui dire que je l’avais toujours aimée… que je l’aimais encore… et que je l’aimerais toujours… Mais il était trop tard…

Je ne connaissais pas énormément de personnes de mon âge qui se faisaient plaquer de la sorte par leur femme, après autant de temps… Rabastan avait bien viré Cassiopée, mais il y avait des raisons bien différentes à cela… en réalité, ce n’était pas du tout comparable… Comment fallait-il faire pour vivre après une telle situation ? Et qu’allaient devenir Marcus et Septima ? Comment étions-nous censés nous organiser après un tel bouleversement ?
Jamais je n’aurais pensé que nous en arriverions là, Elianor et moi… Allions-nous pouvoir garder une relation sereine et agir ensemble au mieux pour nos enfants ? Je n’en savais rien. Tout ce que je savais, c’était que j’avais tout gâché…
Mon amour était partie. Sans nul doute pour toujours…. J’avais l’impression d’avoir perdu ma vie en la perdant elle... Comment allais-je pouvoir continuer à exister, à présent ?
Déjà, le manoir me paraissait être d’un vide immense… incommensurable… le genre de vide qui ne se comblait pas facilement… Et le sentiment de solitude qui allait avec ce vide ne faisait que me donner envie d’arrêter de penser… devenir complètement idiot, pour un temps seulement, pour ne plus me sentir tourmenté par tout cela… ne plus penser… m’enfermer dans un vide total…

J’eus, durant quelques instants, l’envie soudaine d’appeler les elfes de maison et de leur demander de remonter de la cave deux bonnes bouteilles de whisky pur feu, pour que je puisse simplement me bourrer la gueule et anesthésier toute pensée en moi… cela aurait été tout simple, après tout, boire pour oublier, n’était-ce pas ce que beaucoup de gens faisaient ? Mais je m’abstins. Cela n’allait que me permettre d’avoir un mal de crâne carabiné et incomparable demain matin… Non, il fallait que j’évacue autrement. Je pensais alors au moldu qui était dans le donjon. Cet homme que Julius m’avait fait parvenir quelques mois plus tôt… C’était là, sans nul doute, la meilleure solution. Ne pas exagérer sur la boisson et laisser libre cours à mes pulsions de violence, voilà comment j’allais pouvoir me sentir un peu mieux…

Je me servis tout de même un verre de whisky, comme pour me donner la force qu’il me manquait, et je me dirigeais vers le donjon où le moldu était apprêté. J’emportais tout de même la bouteille de whisky pur feu du salon, celle qui était à température ambiante, pour le principe de ne pas arriver les mains vides et je descendis les marches qui me séparaient de la salle de torture.




Le cadeau de mon filleul était idéal pour me passer les nerfs, encore aujourd’hui, j’en avais la preuve… mais je ne voulais plus le voir pour le moment. Je me rhabillai rapidement et remontai de la cave pour aller à la salle de bain. Une bonne douche allait me faire du bien.
C’est en faisant couler l’eau chaude sur mon corps que je me sentis d’un seul coup complètement perdu. J’avais comme envie de me laisser aller, de déverser des flots de larmes de colère et de tristesse, de déception et de désespoir… mais je continuais à mordre sur ma chique. Car un homme ne devait pas se laisser aller à ce genre d’effusions… même en étant seul, même en étant sous la douche où, finalement, la moindre petite larme serait passée totalement inaperçue… C’était quelque chose que mon grand-père m’avait inculqué il y a longtemps et que j’essayais toujours de respecter, pour les convenances, pour le regard des autres et pour ne jamais montrer sa faiblesse… Mais mon grand-père n’avait jamais été très sensible et, de plus, il n’avait jamais non plus manifesté la moindre tendresse à l’égard de quiconque. J’étais bien différent de lui…
Je dus bien laisser couler l’eau sur ma peau durant près d’une demi-heure. Comme si en s’évacuant, le liquide savonné et parfumé emmenait avec lui tout mon ressentiment et toutes ces émotions mélangées… J’aurais vraiment aimé ne pas être seul, ce soir, mais je n’avais pas le choix. Et si je cherchais à contacter Meredith ou même Alexander, il me semblait que cela allait tout faire foirer.
Je sortis de la douche, m’essuyai et enfilai une robe de chambre par-dessus un boxer, puis je vins me poser dans le canapé du salon, avec un thé légèrement sucré.
Peut-être que c’était cela, ma faiblesse… j’accordais à des gens une importance qui me rendait vulnérable, parce que je les aimais, d’une façon ou d’une autre. Qu’il s’agisse d’Elianor, de Marcus, de Septima, de Julius, de Tobias, d’Amber ou même de Meredith et d’Helios… tous constituaient des points faibles de ma carapace, comme des fissures par lesquelles s’engouffrer. Je ne pouvais pas en arriver là. Je ne devais certainement pas laisser quiconque s’en prendre à eux, je me devais d’être là pour les défendre, les protéger du Blood Circle, des aléas de la vie et de tout danger possible et imaginable…

Nous étions le 3 janvier… dans trois jours à peine, mes enfants allaient reprendre les cours… Je devrais alors chercher une solution, une vraie. De quoi prouver à mon épouse qu’elle se trompait en me larguant et que, mine de rien, je pouvais encore lui apporter beaucoup… ainsi qu’à Marcus et Septima… Oui, voilà, j’étais bien décidé à récupérer ma femme et à retrouver ma vie avec elle, quitte à faire quelques sacrifices pour cela. Je ne pouvais pas abandonner sans au moins essayer. S’il y avait bien une chose dont j’étais sûr et certain, c’était de mes sentiments pour Elianor. J’avais tout gâché, sans aucun doute, mais putain, qu’est-ce que je l’aimais !
Je ne savais pas encore comment j’allais m’y prendre, mais je voulais tout faire pour essayer de reconquérir le cœur de ma bien-aimée, dussé-je me battre pour cela, ou même perdre autre chose… Je ne voulais pas envoyer valser nos vingt-quatre ans de mariage comme ça, d’une pichenette, sous prétexte qu’Elianor avait besoin de prendre le large. Je lui laisserais un peu de temps, mais je reviendrais vers elle. Il fallait que je retourne vers elle. Pour nous, pour nos enfants… pour que notre famille reste unie et soudée… C’était la seule chose à faire, je devais me raccrocher à ces sentiments que m’avait toujours inspirés ma femme, à ces espoirs de ne plus tout gâcher, d’être à la hauteur… et tout mettre en œuvre pour qu’elle puisse se rendre compte et comprendre qu’elle était toujours la femme de ma vie, que je ferais tout pour elle et que j’étais prêt à reprendre notre relation, sans commettre les mêmes erreurs. Je ne pourrais jamais tout arranger, ce qui était fait était fait et ne pouvait pas être changé, mais je pouvais peut-être limiter la casse, en n’aggravant rien de plus… Cela prendrait le temps qu’il faudrait, mais je tenais à ce qu’Elianor sache que je n’avais jamais cessé de l’aimer…

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