Hennissant, l’étalon chevauchant au travers de l’orage
Étouffant les cris des indignes du pouvoir,
Livre, aux Grands dans l’ombre, un espoir de courage.
Idolâtres factices et paix souillée de couards,
Ô impies excluant le Phoenix émeraude,
Soyez éblouis, rejetez la fraude.

Ce petit poème a toujours été dans un coin de sa tête. Tout d’abord simples mots joliment brodés sur une toile encadrée, il fut par la suite la prière silencieuse du jeune sorcier. Helios, dieu couronné du Soleil. Éblouissant, en particulier pour sa mère Meredith Carrow.

La vie bien peu longue à ce jour d’Helios Carrow était ravagée par la perte et l’ennui. La première était un sentiment qui ne l’avait jamais vraiment quitté. Aussi loin qu’il s’en souvenait, un manque lui avait toujours voilé les sens. Un autre poème lui revenait souvent en tête, similaire au sien dès qu’il se trouvait au bord de ce gouffre infini :

Danseuse de l’espoir, miroitant le pouvoir,
Apporte-moi, ô fine pluie d’or et d’argent
Nulles autres armes que ma croyance et mon devoir.
Abolit les forces des mortels ignorants
Et magnifie la sombre envolée de la Mort.

Comme s’il n’avait jamais été entier dès le départ. Ce sentiment toujours présent aujourd’hui l’horrifie et le débecque. Ainsi, tout temps d’ennui qui pourrait le laisser y penser lui fait peur.

Dès sa naissance fin août 1998, les astres avaient choisi sa destinée. Naître la même année que l’Auguray, cela ne pouvait pas être anodin : croire en une destinée extraordinaire pour échapper à une vie ordinaire. Voilà ce qui guidait Helios Carrow. Sa mère fut très présente dans sa jeunesse, du moins comme une femme de la haute société peut l’être. Ils dînaient souvent ensemble le soir et il lui présentait ses accomplissements de la journée. Toujours encensé par ses nombreux précepteurs : « Un prodige ! », « Quelle intelligence ! » « Que vous êtes doué Monsieur Carrow !  ». Comment un enfant ne pourrait-il ainsi pas croire à sa grandeur ? Encore trop naïf pour connaître le pouvoir de l’argent et de la renommée sur le commun des mortels, Helios croyait à son importance. Il travaillait principalement pour entendre les glorieuses paroles de son entourage et se sentir… Puissant.

En grandissant, il se rendit compte qu’où ses connaissances lui manquaient, son joli minois prenait le relais. Il lui permettait d’échapper à bien des choses désagréables. Le vase cassé de la famille ? Un petit sourire peiné, une larme ou une moue désolée et le tour était joué. Cela fonctionnait avec tout le monde. Sauf Niklaus Ollivander, collègue et marié à sa mère en 2001. Le vieux sorcier lui menait la vie dure, n’allant tout de même pas jusqu’à la maltraitance. Il l’obligeait à marcher, à peiner et à suer pour gravir les échelons de son estime, alors que le reste de la maisonnée était prête à le porter pour l’amener au sommet. C’est cet homme qui lui donna goût aux jeux de stratégie où seules les compétences individuelles menaient à la victoire.

En plus des parties hebdomadaires d’échec avec celui-ci, Helios pouvait compter sur Priam Ollivander pour passer le temps. Ils avaient grandis ensemble depuis les épousailles de leurs parents et deux enfants seuls dans une grande maison avaient tout pour s’entendre. Tout comme des frères de sang, Priam et Helios avaient leurs bons et leurs mauvais jours : une équipe indissociable un jour pour voler des biscuits dans la cuisine mais le lendemain ennemis mortels pour une histoire de « jouets empruntés ». Cependant, plus les années passaient, plus la cohabitation entre Meredith et Niklaus devenait compliquée, laissant les deux garçons au milieu des querelles.

Les hommes fréquentés par sa mère étaient en effet nombreux, ce qui n’était pas au goût de son époux. Un de ceux qui sortaient du lot fut William Ombrage. Un vieil ami de sa mère. Un homme affable. Leur relation était cordiale sans plus de fioritures. Cependant, lorsqu’Helios fut en âge de comprendre la notion et l’importance du sang, une défiance envers ce sang-mêlé se dessina. Tout comme l’ncompréhension de voir sa mère fréquenter un tel homme.

Les disputes du couple ne prirent fin qu’en 2007 avec le décès de Niklaus. Priam et Helios se rapprochèrent davantage après cette tragédie. Helios fut peiné de voir disparaître cette figure paternelle forte et son seul véritable adversaire de plateau. Surtout pour une mort aussi insipide qu’une chute de balais. Mais des pensées égoïstes s’insinuaient bien vite dans son esprit. Sans Niklaus, il n’y aurait plus de dispute et de querelles et sa mère serait enfin en paix. Helios et Meredith. Ensemble contre l’univers entier.

En 2009, il entra, comme sa cousine Thalia, à Poudlard. Fille du frère de Meredith, Cyrus, elle avait un mois de plus que lui et un tempérament bien affirmé. Elle, sa petite sœur Hestia et Helios s’entendaient relativement bien. Dans leur enfance ils passaient régulièrement du temps ensemble, d’adonnant à des jeux qui souvent terrorisaient les elfes de maison. Thalia était une forte tête et cela déplaisait à Helios de voir qu’il n’était pas le plus imposant du groupe.

La vie du jeune sorcier à Poudlard fut pleine de premières expériences. Premières moqueries, premiers échecs, premières désillusions. Les personnes de Poudlard n’étant pas payées par sa mère, elles voyaient ainsi moins le besoin de le complimenter et de le rassurer sur ses capacités.  Premiers amours et premières fois également. La gueule d’ange du jeune sorcier lui servait certainement pour s’attirer les faveurs de la gente féminine tout autant que masculine. Mais ces histoires ne duraient jamais longtemps. Le plus souvent Helios se sentait délaissé et fuyait les relations dès que sa moitié n’était plus en adoration devant sa personne.

Petit à petit, de par son caractère et son besoin de reconnaissance, il s’affirma auprès des quelques amis qui le supportaient. Il n’était pas insultant, ou du moins pas avec ceux qui le suivaient ou avec ses professeurs. Helios avait trop besoin des premiers pour se sentir exister socialement et trop besoin des seconds pour le côté professionnel. Après tout, le jeune sorcier était pragmatique et particulièrement malin : s’il restait dans les bonnes grâces des personnes avec du pouvoir, la vie en était particulièrement plus douce.

Ayant quelques facilités, il n’avait jamais vraiment besoin de se tuer à la tâche et n’oubliait jamais de rappeler à quel point tout cela était trivial pour lui. Moins de temps passé à étudier voulait dire plus de temps pour flâner, faire des rencontres et écraser ses camarades aux duels et autres jeux d’adresse. Le Quidditch ne le tenta jamais vraiment : le sport n’était pas fait pour lui tout comme les longs et ennuyeux cours qui le plongeait dans un état de désespoir sans nom, comme les désastreuses heures d’Histoire de la magie. Il aimait les choses palpables comme la botanique ou les créatures magiques. Surtout s’il fallait en disséquer certaines pour comprendre leur fonctionnement. Plus encore était la musique et le piano. Il pouvait jouer des heures en laissant son esprit être emporté par les notes. Il se sentait vivant et le temps d’un morceau, maître absolu du déroulement des évènements.

Hestia sa cousine, arriva à Poudlard lors de sa deuxième année. Alors qu’il s’était éloigné de Thalia car leur vision du monde était bien trop différente, Hestia restait censée et compréhensive. Il appréciait particulièrement de voir une Carrow digne de ce nom chez Serpentard. Leur amour commun pour les potions leur permettait de discuter des heures durant au meilleur moyen d’améliorer la potion d’Aconit ou si rajouter des ailes de Billywig pouvait véritablement améliorer la potion de Ratatinage.

Entouré d’une petite bande d’amis, Helios passa des années glorieuses à Poudlard. Se sentant tous bien au-dessus de la plupart des élèves, surtout ceux n’ayant pas de sang-pur, ils firent de l’école leur domaine de jeu et de pouvoir. Hélios d’entre tous voulait être populaire et admiré. Malgré quelques crises de colère particulièrement violentes envers des idiots ne le prenant pas au sérieux ou le rabaissant, sa scolarité se passa sans encombre.

Tout au long de ses études, Hélios gardait régulièrement contact avec sa mère même s’il n’était pas mécontent de découvrir le monde par lui-même, libéré de l’emprise maternelle, à la fois apeuré et grisé par cette liberté nouvelle. Cependant, lorsque l'université de Poudlard déménagea au château, il retrouva sa chère mère. La rencontre avec un certain personnage contrebalança la petite déception du rassemblement familial. Phobos A. Asclépiades. Professeur en medicomagie et très proche de Meredith. Le courant passa immédiatement entre celui-ci et Helios. Les connaissances du professeur et le fait d’être enclin à les partager avec le jeune sorcier occultaient les parties de jambes en l’air que Phobos s’octroyait avec Meredith. Ce dernier et Helios discutèrent de nombreuses soirées sur des sujets extrêmement variés, que cela soit la magie noire, comment soigner les sorciers ou les dernières potions utilisées à Sainte-Mangouste. Ils eurent quelques conversations sur les Mangemorts également, très intéressantes pour Helios, lui permettant d’entrevoir une vision bien plus neutre des choses, ce qui n’était pas très au goût de Meredith.

Détenteur de ses ASPICS après sept années de labeurs, c’est tout naturellement que le jeune sorcier s’orienta vers la médicomagie sur les conseils de Phobos. Ce domaine le passionnait et finalement, devoir s’éloigner de sa mère le terrifiait. Rester au plus près d’elle était une évidence tout comme étudier les corps.

Au début de la deuxième année d'université d’Helios, le filleul de sa mère, Julius, entra à Poudlard en première année. Cet étrange petit garçon laissait le nouvellement étudiant perplexe. Sa mère lui avait ordonné de le surveiller et d'en prendre soin. D’abord bien peu enclin à s’intéresser à un si jeune membre de sa famille, bien plus encore quand l’université lui ouvrait les bras avec toutes ces connaissances et possibilités de rencontres, Helios s’y plia de mauvaise grâce. Finalement, il apprit à connaitre Julius et à l’apprécier. Bien qu’étrange et difficile à cerner, Julius était de bonne compagnie. Plus le temps passait, plus Helios appréciait l’idée d’être un modèle et le héros de quelqu’un. Cela lui faisait un bien fou à l’ego. Récemment, Meredith leur a demandé, à Hestia et lui de lui inculquer les principes des Mangemorts et le paraître des Sang-Purs au jeune garçon.

Les cours à l'université furent bien plus passionnants que tout ce qu’il avait pu étudier avant. La filière de magicomage lui offrait toutes les possibilités qu’il voulait et un avenir glorieux s’ouvrait à lui. Il gardait sa même personnalité, cherchant désespérément le soutien d’autres élèves. Être dans l’ombre de quelqu’un et profiter de sa notoriété, beaucoup se proposaient. Grâce à son argent et à la réputation de sa famille et la sienne propre, tout avait toujours souris au jeune sorcier. Et toute cette aide invisible lui avait ainsi fait croire qu’il était doué, bien plus que ceux qui échouaient par manque de moyens ou de relations.

Il y a quelques mois, en septembre 2019 précisément, Helios est officiellement enrôlé chez les Mangemorts. À la demande de Meredith, Rodulphus Lestrange s’occupe de lui et ce duo atypique a, à de nombreuses reprises, travaillé ensemble. Helios avait une vision très romancé des Mangemorts et de ce qu’impliquait ce rang. Sa mère ayant depuis toujours protégé son unique enfant comme la prunelle de ses yeux, Helios n’avait jamais été confronté directement à la violence, excluant la sienne, ou à la mort.  Depuis peu, il se retrouve ainsi à suivre un personnage morbide et violent, bien que sympathique en dehors de leurs missions, l’amenant petit à petit à douter de ses capacités à servir celle qu’il idolâtre tant, l’Auguray.