Il parait que c’est à ce moment-là que je suis venu au monde. Si pour beaucoup de parents, la naissance d’un enfant est le plus beau jour de leur vie, demandez à ma mère ce qu’elle en a pensé de souffrir plusieurs heures d’affiler attendant que son fils qui n’était pas tellement pressé, veuille bien montrer le bout de son nez. Demandez-lui si c’était génial une fois qu’elle était à bout de souffle à force de pousser qu’une bonne femme qui n’avait rien fait pour apaiser sa douleur pendant tous son temps lui répète inlassablement de bien respirer… Et pis alors est-ce que c’était vraiment génial une fois l’effort fournis de ne pas pouvoir se reposer et d’entendre directement ce petit être qui vient de naître brailler dans vos oreilles ? Ne vous méprenez pas, ma mère m’aime, je suis la prunelle de ses yeux, mais probablement que cette journée n’est pas dans le top dix de ses journées favorites. Ce n’est pas la mienne non plus cela dit puisque je n’en garde aucun souvenir… Mon père en revanche était aux anges, je fus leur premier enfant et le premier héritier des Vandwyck !


Oui oui, vous ne rêvez pas, elle a déjà remis ça… C’est dingue la faculté qu’on les gens à oublier, que ce soit les erreurs des autres, la douleur, les bêtises de ses enfants… Et bien il fallait croire que ma mère avait oublié à quel point c’était éprouvant de mettre au monde un enfant. Ne leur suffisais-je pas ? Ils avaient réussi du premier coup, ils avaient leur héritier, pourquoi vouloir d’un autre enfant ? Si je ne comprendrais sans doute pas avant très longtemps, j’allais apprendre très vite que je n’allais pas m’en plaindre. Bon elle n’était pas hyper intéressante au début, elle dormait beaucoup, gazouillait plus qu’elle ne parlait… Mais elle serait bientôt ma nouvelle partenaire de jeu, quelqu’un qui allait voir le monde de la même façon que moi à mon âge, quelqu’un qui me comprendrait, un lien indestructible que j’étais loin d’imaginer tandis que mes doigts se mêlaient aux siens…


L’un de mes tous premiers souvenir, je n’arrive pas tellement à le situer, à en croire mes parents se serait en deux mille quatre et le beau temps de cette journée dont je me souviens m’indique que cela devait être pendant l’été mais je n’ai aucune certitude de la date exacte. J’étais dans l’un des salons du manoir qui servait à mon éducation. Ma soeur et moi n'avions pas les mêmes, soit disant parce que nous n'étions pas voués au même destin. Je me rappel alors de mes éducateurs qui parlaient depuis certainement un moment déjà, sans même s’être rendu compte que je n’écoutais plus, sans doute n’avais-je même jamais commencé à écouter, non j’étais bien trop intéressé par autre chose, la plume à papote qui ne cessait de gesticuler dans tous les sens depuis que le cours avait commencé. Ce que j’étudiais à cet âge-là ? Mais il faudrait attendre quelques années avant mes leçons commencent réellement à m’intéresser… Et apparemment, il faudrait du temps à mes éducateurs pour comprendre qu’il fallait toujours garder un œil sur moi… Parce qu’en quelques secondes à peine je m’étais retrouvé debout sur la table, me tenant sur la pointe des pieds essayant tant bien que mal d’attraper cette plume qui m’amusait grandement. Est-ce mon rire qui finissait par alerté les deux personnes dans la pièce ? Où s’étaient-ils tout simplement enfin retourné ?

« Monsieur ! Voulez-vous bien retourner vous asseoir ! » Avais-je alors entendu alors qu’un de mes pieds se tenait dans le vide, je fus tellement surpris que je perdis l’équilibre et partait en avant, si mes éducateurs avaient déjà leur baguette à la main, ils n’en ont pas eu besoin… Je flottais déjà tout seul dans la pièce… Plus aucun doute pour personne, je serais bel et bien un sorcier !


Je pense que je n’ai plus besoin d’expliquer pourquoi nous sommes là pas vrai ? Cette fois-ci, nos parents ont pris un peu plus de temps… On aurait pu croire qu’avoir deux enfants autant unis pour les bêtises que pour le reste aurait pu les faire réfléchir n’est-ce pas ? On aurait pu croire que cette fois ma mère avait retenu la leçon et avait compris à quel point mettre au monde un bébé n’était pas quelque chose de simple… On aurait pu également penser qu’avoir un garçon et une fille dès le départ était parfait et que du coup pas besoin d’autres enfants puisqu’ils avaient déjà tout ce qui existait. Il ne fallait pas croire que le prochain serait différent, il n’allait pas venir au monde avec un troisième bras n’est-ce pas ? Et pourtant nous y voilà encore une fois. Cette fois je suis plus grand ! Agé alors de sept ans, je comprends ce qui se passe, je sais que maman est enceinte et qu’un nouveau membre va arriver dans la famille et j’ai hâte ! Parce qu’avoir une sœur avait sans doute été la meilleure chose qui m’était arrivé, je me disais qu’à trois se serait encore mieux ! Je n'étais pas le seul d'ailleurs, ma sœur trépignait d’impatience elle aussi. J’espérais un frère, afin d’avoir les deux, mais finalement ce fut une seconde fille ! Ce n’était rien, je ne l’aimais pas moins ! Je me rappelle encore lorsque mes yeux ont croisé les siens. Conscient de sa fragilité à ce moment-là, je me suis promis de la protéger quoiqu’il arrive… Et malgré notre différence d’âge, cela ne nous empêcherait pas de faire tourner tout le monde en bourrique dès qu’on en aurait l’occasion !



Une autre journée assez intéressante… C’est l’une des premières fois ou j’ai compris que je n’allais pas pouvoir forcément pouvoir prendre des décisions dans toute ma vie… Je me souviens que mes parents m’avaient fait appeler. Il n’y avait pas trente-six raisons pour lesquelles mes parents me faisaient appeler, en générale soit ils avaient une excellente nouvelle à m’annoncer ou une mauvaise à la rigueur, soit j’allais passer un mauvais quart d’heure… Cependant ma dernière bêtise remontait à plus d’une semaine et je n’avais toujours pas été punis, j’en concluais donc qu’elle était passée inaperçu, il y avait peu de chance que l’on m’appel pour cela. Arrivant dans le salon principal, mon père m’avait demandé de prendre place aux côtés de ma mère sur le canapé. Cette dernière m’avait offert un sourire chaleureux et avait passé un bras autour de mes épaules, m’attirant vers elle pour une douce étreinte. Elles étaient rares, car on m’avait appris à ne pas faire de démonstration d’émotion mais elles étaient toujours remplis d’un amour sincère.

« Mon fils, il est temps que tu saches de quoi sera fait ton avenir. » avait-il dit alors de sa grande voix, celle qu'il prenait pour les grandes occasions, je comprenais alors que ce qui allait suivre allait être important. « Nos amis en Amérique ont eu une fille, à peu près de ton âge et une alliance a été faite depuis vos naissances, vous êtes fiancés. » Est-ce que vraiment à cet âge-là je comprenais toute l’ampleur de ce que ça voulait dire ? Pas vraiment… « Lorsque vous serez adulte vous allez vous mariez. » Avait-il ajouté. « Comme vous et maman ? » Avais-je alors demandé. « Exactement. » avait-il répondu. « Ne vous inquiétez pas mon enfant, cela se fera dans plusieurs années. » Avait alors reprit ma mère devant mon absence de réaction, était-ce une bonne ou une mauvaise chose ? A cet âge-là, j’étais juste incapable de pouvoir le dire…


On me parlait de cet endroit depuis ma plus tendre enfance et comme tout sorcier qui se respecte j’avais hâte d’y mettre les pieds et en même temps… Je ressentais une certaine appréhension à quitter le manoir pendant plusieurs mois jusqu’aux vacances de Noël. La séparation avec mes deux jeunes sœurs n’allait pas être évidente non plus, jusqu’ici nous avions toujours été ensemble. J’éprouvais une certaine curiosité à découvrir dans quelle maison je serais répartie et en même temps… C’était comme si au fond de moi je le savais déjà. Mes parents m’avaient offert une chouette pour l’occasion qui se nommait Brume-de-Givre et à laquelle j’étais déjà très attaché. Nous avions des chiens à la maison avec lesquels j’aimais jouer de temps à autre, des écuries aussi qui comportaient quelques chevaux pour des balades ou pour la chasse… Mais Brume-de-Givre, elle était à moi et un lien complice c’était déjà installé entre nous.. J’avais également ma propre baguette magique ! S’en était fini d’essayer de mettre la main sur celle de mes parents pour essayer de faire de la magie. Ce qui au passage n’avait jamais fonctionné. Au fond de moi, je n’avais pas peur d’échouer… Je savais que je réussirais, que je deviendrais un grand sorcier ! Mais il me tardait d’attendre deux ans, afin qu’une de mes sœurs viennent me rejoindre.


« Bon sang mais qu’est-ce qui vous a pris ? » Cette fois-là, mon père était furieux, je ne l’avais jamais vu autant en colère, en générale il contrôlait plutôt bien ses émotions mais là… La soirée de la veille avait été rude pour tout le monde et voilà qu’en plus mon indiscrétion lui était revenue aux oreilles… Si jusqu’ici sa colère avait été centrée sur ma fiancée qui avait osé clamer haut et fort qu’elle ne m’épouserait pas devant tout le monde, à présent, sa colère était dirigée vers moi car il savait que j’avais eu mon rôle à jouer dans cette histoire. « Savez-vous depuis combien d’année votre mère et moi-même espérions cette alliance ? » Allez, c’était reparti sur le même couplet… « Si au moins vous aviez eu l’intelligence de ne pas vous faire prendre ! » Ah cette-fois se fut au tour de mère d’être indignée, mais elle ne se risquait pas à une quelconque remarque, pas maintenant alors que l’orage n’était pas passé. Me faire prendre avait été toute l’intérêt de la manœuvre justement, mais je n’allais pas le dire en sachant que cela allait être pire… Elle avait échoué en plus… Ils n’avaient pas annulé nos fiançailles, juste suspendue pour le moment, mais elles planaient toujours au-dessus de nos têtes. « Vous allez réparer cette erreur Tristan, ou votre mère et moi seront dans l’obligation de vous reniez de cette maison ! » Est-ce que j’avais bien entendu ? « QUOI ? » C’était sorti tout seul et si je n’étais pas aussi interloqué, j’aurais rougis de tant d’impolitesse, je me reprenais rapidement. « Pardon, qu’avez-vous dis ? » Répétais-je alors en tentant d’apaiser sa colère, cherchant le regard de ma mère pour y chercher un peu de soutient, mais même si cela lui briserait le cœur, elle ne pourrait rien y faire… « Vous avez très bien entendu, cette discussion est terminée, vous pouvez vous rendre dans vos appartements. » Par vous pouvez, il faisait bien entendre que je n’avais surtout pas le choix. J’avais quitté la pièce en fulminant contre cette fille qui avait osé me rabaisser devant toute la noblesse des Pays-Bas mais qui en plus maintenant mettais en péril mon avenir au sein de ma famille et tout ce qu’on avait attendu de mois jusqu’ici… Jamais je n’aurais pensé qu’une si petite erreur pourrait avoir autant de conséquences…


Je dormais comme un bien heureux depuis plusieurs heures, si bien que ma petite sœur mit du temps à me réveiller. « Tristan » Chuchotait-elle tout en me secouant avec douceur, elle répétait se stratagème plusieurs fois, elle dût hausser le ton tout en ayant peur de se faire prendre et finalement je finissais par l’entendre, lui répondant par un grognement non content de me faire réveiller en pleine nuit. Mais qu’est-ce lui prenait à la fin ? Sauf que je n’avais pas le temps de dire quoique ce soit que sa main se plaquait sur ma bouche. « Ecoutes ! » Me disait-elle alors tandis que je n’entendais rien d’autre que le silence dans un premier temps… Puis je finissais par déceler le bruit de la pluie qui tombait dehors sur les feuilles, les fenêtres, le toit de la maison… « C’est l’heure. » Chuchotait-elle alors. « L’orage ne va pas tarder. » L’orage ! Ce putain d’orage que nous attendions depuis des mois. Ma sœur n’avait pas besoin d’en dire plus, je sortais du lit, enfilait quelques vêtements et suivais ma sœur à l’endroit où nous avions cachés nos fioles ! On y était ! La dernière étape pour devenir animagus ! J’avais l’impression que c’était hier que nous avions pris cette décision ensemble, cela me trottais dans l’esprit depuis un moment, j’avais tout d’abord été curieux à ce sujet, j’avais besoin de me sortir de la tête le fiasco de mes fameuses fiançailles, j’avais ce besoin de montrer que je n’étais pas qu’un raté aux yeux de mes parents, une façon d’avoir quelque chose qui m’appartiendrait, qu’à moi et ce dont personne n’aurait décidé d’avance.

Si je n’avais pas osé sauter le pas tout de suite, ce fût ma petite sœur, la plus âgée des deux qui finissait de me convaincre et on avait alors décidés de faire cela ensemble. Nous avions quelques tentatives qui avaient échoués, si bien que je n’en pouvais plus de cette feuille de mandragore qu’il avait fallu garder dans notre bouche un mois entier et cela à plusieurs reprises… Mais cette fois, nous étions proche du but ! Tout ce qui nous manquait, c’était cet orage et enfin il montrait le bout de son nez ! Si nous nous débrouillons bien, ce serait la dernière fois que nous aurions à répéter l’incantation ! Ensemble nous récupérions alors notre fiole de cristal, le soulagement m’envahis lorsque nous constatâmes que le contenu était bien de couleur rouge sang ! Ensuite nous transplanions ensemble dans un endroit à l’abris des regards. Je pouvais sentir les battements de mon cœur s’emballer, ma main venait chercher celle de ma sœur. « Ensemble. » Disait-elle alors que nous positionnons nos baguettes respectives vers notre cœur Amato Animo Animato Animagus puis chacun de nous buvait alors le contenu de sa fiole, le dernier réel souvenir que j’ai de cette première transformation est cette vive douleur qui m’arrache alors un cri et mon rythme cardiaque qui devient tellement rapide qu’il en devient assourdissant à mon oreille…



J’allais bientôt rentrer en seconde année de médiation magique, j’avais eu mes aspics avec brio si bien que cela avait plus ou moins calmé la colère de mon père qui avec le temps semblait tout de même moins m’en vouloir… Même si ça menace planais toujours au-dessus de ma tête et qu’il ne reviendrait probablement pas dessus. Pas besoin de chercher de qui je tenais ma difficulté à pardonner les fautes des autres… Il faut dire que si j’avais eu ma période de rebellions, cette phase semblait m’être passé et je prenais de plus en plus conscience de mes responsabilités depuis quelques temps ce qui semblait rendre mon père fier à nouveau, la seule ombre au tableau restait toujours ces fiançailles qui étaient plus ou moins un peu tombé dans l’oubli…  Installer sur le fauteuil dans un des salons, j’étais plongé dans un bouquin qu’il me faudrait étudier pour l’année qui allait arriver, lorsque ma sœur, la plus âgée des deux venaient me rejoindre. Agée de dix-sept ans maintenant, elle était de plus en plus belle et notre complicité elle, n’avait jamais changé.

« Tu ne devineras jamais ce que je viens d’entendre, Tristan il faut que tu me promettes de ne rien répéter ! » Je levais les yeux au-dessus de mon livre, sa dernière phrase était inutile, elle savait que je ne répèterais rien, je n’avais jamais rien répété, en revanche, elle voulait attirer mon attention et elle avait réussi en une seule seconde. Je fermais alors mon livre, avec ce petit sourire en coin comme chaque fois que l’on préparait un coup en douce. « Tu sais très bien que je ne dis jamais rien petite sœur. » Elle sourit alors à son tour avant de venir murmurer à mon oreille… « J’ai entendu les parents parler, une certaine fiancée serait présente à la rentrée à Poudlard cette année ! » Lançait-elle alors toute fière d’elle. Elle n’ignorait rien de mon envie de vengeance, ni du fait que je ne lui avais jamais pardonné son affront… Mon regard changea alors du tout au tout, elle était fière de son petit effet… Pas besoin de lui demander si elle en était sûre, elle en était certaine ! Je ne répondais rien, en revanche les rouages de mon cerveau se mettait déjà en marche… Voilà l’instant que j’attendais depuis des années, j’allais pouvoir me venger comme je l’avais toujours désiré…