Il était une fois, moi. Il n’y a rien de bien digne de mention durant mes premières années. Ma mère était moldue, mon père aussi. Il est tombé sous le charme de ma mère vers la fin de l’adolescence et ils ne se sont plus jamais quittés. Quand je dis charme, je parle de sa personnalité incroyable et son physique à tomber par terre. Une chose en entraînant une autre, j’ai fini par arriver dans le décor. Ainsi donc, je suis née il y a de ça 28 ans, le 12 mars 1991 à Oxford. Ma mère se nommait Esther et mon père Maximilien. Ce jour-là, mon père tenait la main de ma mère de toutes ses forces et était plus en état de panique qu’elle. Que voulez-vous, c’est souvent ce qui arrive malheureusement. Les femmes sont beaucoup plus zen face à un accouchement que les hommes. Les hommes pataugent dans l’inconnu alors que les femmes... eh bien, les femmes savent d’instinct ce qu’elles doivent généralement faire. De toute manière, le docteur était là pour les guider. J’ai été le premier enfant de ce couple qui fut des plus heureux

Mon père était vétérinaire. Ceci étant, j’ai grandi entourée d’animaux, nous avions deux chiens et un chat, et je passais beaucoup de temps à la clinique avec lui. J’allais à l’école moldu, pour la forme. Disons que dans le quartier où nous vivions, si une gamine n’allait pas à l’école ce n’était pas normal. C’est là que j’ai rencontré ma meilleure amie, Soledad. Nous devions avoir entre huit et neuf ans quand nous nous sommes rencontrées. Ce n’était pas encore très clair, mais quelque chose nous avait attirées. J’aime me dire que c’est notre magie qui a fait le travail, mais en vrai, je n’en sais rien. J’ai eu de la chance de l’avoir avec moi, car quand mes pouvoirs ont commencé à se faire sentir, et apparemment ça a été sur le tard, bien qu’un représentant de Poudlard soit venu à la maison, la famille Velasquez était aussi avec nous. Ils savaient très bien ce qui se passait et elle a aidé mes parents à gérer la situation. Étonnamment, il n’y a pas eu de crise de larmes, plutôt de l’émerveillement. Mes parents étaient sous le charme, non littéral.

À l’école, j’avais de bonnes notes, mon père m’aidait à m’appliquer dans mes devoirs, en sachant très bien que je ne suivrais pas un cursus normal dans mes études, j’allais aller à Poudlard, comme ma meilleure amie. Le temps passant, c’est comme prévu que j’ai reçu, à onze ans, ma lettre m’invitant à aller étudier dans cette école de magie. Ma mère m’avait préparée à ce moment et mon père était fier et triste de me voir partir au loin. Le grand moment est finalement arrivé et j’ai pris le train vers mon futur. Arrivée à la cérémonie de répartition, je repensais à ce que j’avais lu à propos des maisons. Chacune représentait des spécificités des élèves qui y entraient. Je me sentais beaucoup plus interpelée par Poufsouffle. La maison des gens justes et loyaux, qui aiment travailler et qui sont patients. Je me retrouvais dans cette description. Comme je l’espérais, je m’y suis fait envoyer, par le Choixpeau. Malheureusement pour moi, même si ce n’était pas la mer à boire, j’ai été séparée de Soledad. Elle a été envoyée chez les courageux Gryffondors. J’étais triste de ne pas pouvoir toujours la côtoyer, mais franchement, ça lui allait bien. Nous étions toutes les deux dans nos nouvelles familles. J’ai grandi et je me suis épanouie à travers ces gens qui, comme moi, prônaient les mêmes valeurs, à peu de choses près du moins. Nous nous acceptions comme nous étions. Il y a toujours quelques moutons noirs dans les troupeaux, mais on ne peut rien y faire donc bon. Je devenais une sorcière performante et appréciée de tous.  

J’ai vécu ma vie rondement à Poudlard et ma meilleure amie aussi. Disons que ça m’a beaucoup aidée à me familiariser avec les lieux. Sans dire que j’étais asociale, j’étais plutôt timide et discrète alors avoir Soledad de mon côté m’a plutôt aidée à rencontrer des gens. J’ai continué ma vie au collège. Je me suis concentrée dans mes études, performant à mes B.U.S.E. et en me rapprochant de mon enseignant de soins aux créatures magiques. Cette femme était merveilleuse, calme et douce, toutes les créatures vivant dans les environs l’aimaient. C’est là que j’ai su que je voulais faire comme elle et elle-même se doutait de mes projets. Je venais l’aider régulièrement et je me rendais compte qu’elle me transmettait un peu son savoir pour qu’éventuellement je puisse moi-même l’utiliser. Qu’en sais-je? J’ai donc fini ma scolarité concentrée sur mes études, avec mes copines de l’époque et avec une passion grandissante pour ma vocation qui m’apparaissait de plus en plus clairement. Voulais-je enseigner? Par nécessairement. M’occuper des créatures magiques, ça, c’était certain.

J’ai fini ma scolarité avec les honneurs et je devais quitter ma deuxième famille, ce qui me rendait assez nostalgique des années que j’avais passé là. Par contre, il fallait que j’aille de l’avant. Je savais ce que je voulais faire de ma vie. Après ma scolarité, j’ai un peu travaillé avec mon père à sa clinique pour ma familiariser avec les créatures non magiques et ensuite je suis entrée à l’université. J’allais être de la première cohorte, c’était bien excitant. Mes trois années d’étude ont fait de moi une bonne zoomage. J’avais fait des stages, mais je voulais apprendre encore plus. Après mes études, je suis allée voir des dresseurs de dragon en Roumanie dans la grande réserve qui y est située. Je suis aussi allée aux Pays de Galle pour voir les Verts Gallois et au Pérou pour y voir les dents de vipère, en Suède pour les Suédois à museau court, en Espagne pour le Boutefeu et au Portugal pour les Portugais à museau court. Je suis aussi allée voir des licornes en Grand-Bretagne et j’ai vu des sombrals dans leur habitat naturel. Cette créature était vraiment fascinante. Je l’ai tellement aimée que j’ai décidé d’écrire un livre sur elles. Il n’est pas encore publié, pour l’instant, il est dans le fond d’un tiroir. Mais avant d’en dire plus, vous allez surement me demander : Mais Ludivine, il faut avoir vu la mort pour voir les sombrals. Moi de vous répondre, eh oui tout bon. J’allais chez ma grand-mère moldue et je suis entrée chez elle à toute vitesse, mes parents me suivant quelques pas derrière moi. Ma grand-mère était décédée sur le sofa.  

Ceci étant dit, je ne ferai pas un compte rendu détaillé de mes voyages, j’en aurais pour des jours entiers à tout raconter. J’ai voyagé d’un endroit à l’autre durant plusieurs années, en apprenant plus sur ces créatures qui me fascinaient. Entre temps, je revenais toujours voir mes parents et j’aidais mon père à sa clinique vétérinaire pour comprendre aussi les animaux « moldus ». Elles ne sont pas si différentes après tout. J’étais très bohème, je me promenais au gré de mes envies, transplanant à ma convenance, prenant l’avion de temps en temps pour essayer, pourquoi pas. J’avais pensé continuer encore un moment à explorer comme. J’aimais être sans attache, ne pas avoir d’attente. Cependant, j’ai dû arrêter mes explorations.

Je m’en souviens encore, nous étions en février 2017. J’avais 25 ans et j’avais la vie devant moi. Ma mère contactée un jour pour me dire que mon père était malade. Je me trouvais en Ouganda à ce moment-là. J’ai pris de la poudre de cheminette pour rentrer chez moi le plus rapidement possible. C’était assez, je devais aider ma mère à s’occuper de mon père et je voulais passer le plus de temps possible avec lui avant son décès. Le cancer des os est une maladie assez fulgurante. La fin pouvait arriver rapidement. Je devais abandonner mon style de vie. Ça ne serait probablement pas facile de rester toujours au même endroit, mais pour mon père je ferais n’importe quoi.

Pendant près d’un an, je me suis occupée de la clinique vétérinaire de mon père. Je m’occupais d’animaux moldus et ça me satisfaisait. J’avais l’impression de me consumer au chevet de mon père, mais c’était la moindre des choses. Il n’y avait rien de plus important pour moi que ma famille. Je crois que mon paternel a fini par le sentir, parce qu’il a pris sur lui de me parler très sérieusement. Les paroles d’un homme malade ont une force impressionnante. Il m’a dit qu’il voulait que je vende sa clinique et que je fasse ma vie. Il trouvait que ce n’était pas une façon de passer ma jeunesse. Je me suis obstinée un peu, lui disant que je voulais rester près de lui. Il m’a dit qu’il n’allait nulle part, qu’il resterait là. Comme à mon habitude, j’ai obéi. Avec l’argent de la clinique dont mon père ne voulait pas, je me suis acheté un local sur le Chemin de Traverse, j’allais ouvrir, à 27 ans, ma propre clinique de Zoomagie. J’allais pouvoir reprendre un vrai contact avec Soledad autrement que par hiboux réguliers.

À l’automne 2018, elle m’a parlé de son projet. De l’ordre et tout ce qui l’entourait. Je l’ai écoutée avec sérieux et tout ce qu’elle racontait résonnait énormément à mes oreilles. Les nés moldus qui étaient des moins que rien, des violences contre les traitres à leur sang d’un côté. Toute cette violence, toute cette rage qui faisait peur, je détestais ça. Soledad voulait aider et elle avait son don qui pouvait se révéler comme une bénédiction. Je comprenais sa presse d’aider et c’est dans des situations comme ça que je la voyais comme une vraie Gryffondor. Son courage était sans borne. J’ai voulu la soutenir, coute que coute. Je l’ai donc suivie. L’Ordre du Phénix avait besoin de toutes les baguettes possibles. Je n’avais que ma bonne foi et ma baguette à leur offrir et c’était tout ce que j’avais pour eux. Maintenant, avec les Blood Circle en plus qui voulaient ruiner la vie des sorciers, je ne pouvais que tout donner pour eux, tout en continuant de travailler. Je voulais aider les sorciers, je voulais aider les créatures magiques dans le besoin et je voulais aider ma famille et Soledad. C’était tout ce que je pouvais faire, aider.