Ça n’allait pas aujourd’hui, ce n’était la faute de personne, c’est juste qu’il était impossible pour Maëlle de se concentrer. Elle n’y arrivait pas, les bourrasques de vent qui habituellement ne lui faisait aucun effet était aujourd’hui un immense problème. Et là où elle aurait pu se dire que c’était le vent qui était tout simplement trop fort, elle se rendait bien compte que non en voyant les autres personnes arriver sans peine à tenir sur son balai. De la même façon, si habituellement, elle ne se prenait pas la tête à surveiller les batteurs, sachant qu’elle arrivait sans mal à se débarrasser d’eux. Aujourd’hui, elle était mise en échec par ces mêmes personnes qu’habituellement elle tenait en respect sans avoir à forcer. Là c’est bien simple les cognards, elle les voyait arriver beaucoup trop tard, manquant plusieurs fois d’être désarçonnée de son balai.
Si elle s’était rendue compte toute seule comme une grande qu’il ne fallait pas compter sur les 150 points qu’elle pouvait ramener, ce n’est pas pour autant qu’elle ne tentait pas d’attraper le vif d’or. Bon clairement, pour ce qui était de se tenir à la hauteur de Tristan, ça ne fonctionnerait pas. Il lui faudrait un coup de chance pour espérer l’emporter mais la chance, ça peut exister, raison pour laquelle, elle volait quand même, entre deux cognards qu’elle manquait de se prendre. Pour autant, il semblerait que cette fois-ci, la défaite était écrite. En même temps, quand ça va pas, ça va pas et quand tout le long du match, elle ne songeait qu’à poser pied à terre, c’est quand même qu’il y a un soucis. Elle n’était ni malade, ni fatiguée, pas non plus troublée par quoi que ce soit, elle n’avait juste pas la motivation nécessaire aujourd’hui, la tâche était trop dure, elle avait probablement trop forcé lors du dernier entraînement et ça s’en ressentait aujourd’hui.

En fait, ce qui est le plus difficile à reconnaître, c’est que ce fut un soulagement de perdre et de pouvoir arrêter le massacre. Elle n’en pouvait plus tout simplement, elle n’était pas une machine et n’aimait pas du tout être la cible des balles. C’était bien la première fois qu’elle voyait plus de fois le cognard que le vif d’or de la partie, c’est dire le manque de concentration de Maëlle sur la petite balle dorée. Pour autant, il est vrai qu’elle culpabilisait un peu, en descendant de son balai. Même si ce n’était pas que sa faute non plus qu’on se l’accorde bien, elle avait son rôle à jouer mais les autres pouvaient aussi se bouger les fesses pour mettre des points. Elle était conscience de les avoir probablement habitués à être plus compétente qu’aujourd’hui et s’en voulait un chouya même si elle savait aussi relativiser, ce n’était qu’une défaite, personne n’allait mourir s’il perdait – ou alors il aurait dû prévenir son équipe hein –.


Elle sortit donc rapidement des vestiaires, n’ayant pas spécialement envie qu’on lui parle. Sauf que comme dit précédemment, elle n’avait pas vraiment de chance aujourd’hui alors qu’elle voulait être tranquille. Elle sentit un petit coup dans son épaule et tourna la tête pour voir Tristan, n’eut pas le temps de lui faire le moindre sourire, ni même de lui dire bien joué par ta victoire qu’il lui demanda ce qu’elle avait. Quel était le problème ? Elle l’avait snobé sans même le vouloir ? Zut ce n’était pas voulu, loin de là. Elle faisait erreur sur la question puisqu’il s’empressa de parler Quidditch, elle qui avait fuit la conversation avec les autres Poufsouffles, voilà que c’était finalement l’attrapeur adverse qui venait l’enquiquiner. « Je t’ai habitué à mieux ? » Ce qui l’ennuyait le plus c’était qu’il semblait être persuadé qu’il lui arrivait un truc. Elle était d’ailleurs, un brin agacé par le fait qu’il soit si arrogant alors que clairement, en temps normal, ce n’était pas des efforts qu’il fallait au jeune homme mais bien qu’il se surpasse pour arriver à la vaincre mais bon, elle ne voulait pas se lancer là-dedans. Elle se contenta donc de hausser les épaules « Je crois que tu me surestimes un peu Tristan. » Et pourtant, que ça faisait mal de dire ça. Si Maëlle n’était pas le genre de personne qui aimait démontrer par A + B qu’elle était meilleure, parce que ce n’était pas sa façon d’être, ce n’est pas pour autant qu’elle aimait perdre – oh ça non – et qu’un adversaire en rajoute une couche – déjà qu’il l’avait battu sans qu’elle ait réussi ne serait ce qu’à tenir la distance – en osant dire qu’habituellement il lui fallait faire un peu plus d’efforts pour la gagner, ce qui signifiait par ailleurs qu’aujourd’hui, il n’avait pas eu à en faire beaucoup, ça faisait très mal. Mais bon, la vérité était criante à ses yeux et certainement aux yeux de biens des gens alors même si ça la faisait un peu grincer des dents, Maëlle reprit la parole « Tu as gagné, tu es le meilleur, je ne pense pas que ce soit tout à fait honorable de ta part de venir me voir juste pour pouvoir te pavaner devant moi quant à la victoire d’aujourd’hui. Je n’ai aucune excuse, tu as mérité ta victoire et bravo à Serpentard. » Pourtant si elle disait cela, elle comptait clairement remettre les pendules à l’heure la prochaine fois, histoire qu’il ne soit plus en mesure de dire qu’elle l’habituait à mieux… quelle saleté. Est-ce qu’à chaque fois qu’elle ramenait le vif d’or à son équipe, elle allait voir les attrapeurs des différentes équipes afin de leur montrer qu’elle avait gagné ? Non elle était humble, son but n’était pas d’écraser tout le monde, juste de gagner mais bon, il y aurait forcément des jours avec et des jours sans « Tu as pas une victoire à aller fêter ? » Elle n’osait pas poser la question qui pourtant lui brûlait les lèvres, est ce qu’il était venu la voir uniquement pour pouvoir se vanter ? N’étaient ils pas amis pourtant ? Les rivalités intermaisons, c’était déjà assez chiant comme ça, nul besoin qu’un ami vienne l’enquiquiner.

Pourquoi avait il fallu jouer contre Serpentard aujourd’hui, ça ne pouvait pas être les Serdaigles, oui Serdaigle c’est très bien. Aidan, il ne serait jamais venu lui parler pour lui dire qu’elle l’avait habitué à mieux. Mais non, il fallait qu’elle se coltine un Tristan détestable, sans raison en plus. Ce n’est pas comme si elle pouvait lui avoir déplu, il avait gagné et à la rigueur même si elle l’avait fait réfléchir à tout un tas de choses alors qu’il n’en avait pas besoin et bien ça lui serait utile pour la suite. Alors qu’il lui faisait un commentaire et qu’elle répliquait qu’il la surestimait, ce qui était souvent le cas d’ailleurs. Les gens semblaient faire un transfert du père de Maëlle sur elle alors que forcément, elle avait beaucoup moins d’expérience et qu’il ne fallait pas s’attendre à ce qu’elle fasse zéro erreur. Pourtant, il la reprit et à la façon dont il la regarda, Maëlle eut le sentiment qu’il savait exactement de quoi il parlait. Etait ce plaisant ou embêtant, elle n’aurait su le dire avec précision. Elle se contenta de fuir son regard, évitant ainsi de répondre à ses mots.

A partir de là, elle préférait lui dire qu’il n’avait nul besoin de venir vérifier qu’elle reconnaissait sa victoire. Elle reconnaissait, à moitié, sa supériorité et par ses mots faisaient sûrement aussi comprendre qu’elle ne se chercherait pas d’excuses, auprès de personnes, qu’elle ne trouverait aucun responsable que ce soit chez les Poufsouffle ou chez les Serpentard qui pourrait expliquer qu’elle n’avait pas été dans le coup. Il était le meilleur, un point c’est tout. Est-ce que ça plu au jeune homme, au vu de la main qui se posa sur l’épaule de Maëlle, la forçant ainsi à s’arrêter de marcher, on pouvait en conclure que pas vraiment. Bien évidemment, alors que tout en elle voulait qu’elle s’en aille, elle s’arrêta pour l’écouter parler.

Le problème c’est qu’il avait à moitié raison, elle aussi aurait eu l’impression que c’était moins satisfaisant si l’adversaire en face n’était pas comme habituellement. Elle ne pensait juste pas que Tristan était si observateur, songeant qu’il pensait qu’à gagner et peu importe la manière. Elle s’était trompée. Le truc qui était horrible, c’est qu’elle était à fond ce matin, elle s’était donnée comme d’habitude, elle avait la même fatigue qu’habituellement. C’est juste qu’elle devait se déconcentrer plus vite, elle était moins là mentalement mais physiquement, elle n’avait pas l’impression d’avoir changé un truc.
Elle lui fit un timide sourire lorsqu’il lui fit la remarque sur sa présence et le fait qu’il ne demandait aucune acclamation pour Serpentard, trop tard. Elle attendit qu’il ait fini ses propos, tous ses propos, acceptant ce qu’il disait et reconnaissant mentalement qu’il avait raison, elle remarquerait à la minute où ils seraient sur leur balai qu’il jouait différemment. Elle poussa un profond soupir avant de lui répondre « Déjà, je ne t’ai pas donné la victoire. Si j’avais eu le vif d’or à portée de main, je l’aurais attrapé. Ne minimise pas le fait que tu as gagné. » Elle fit une légère pause avant de reprendre. « Et si, je le remarquerais si tu venais à jouer différemment. » Par ses propos, elle reconnaissait à moitié qu’il avait raison lorsqu’il disait qu’elle avait joué de manière différente.

Peut être essayait elle de se débarrasser poliment de lui en lui indiquant qu’il avait probablement une victoire à fêter avec son équipe. Nul doute qu’il serait sous le feu des projecteurs et que toute l’équipe le féliciterait pour avoir été si performant. Sauf que voilà, lui il n’était pas d’accord du tout avec ce système et quelque part, c’était réellement adorable qu’il songe cela. Même si c’était injuste pour lui-même qu’il ne profite pas de cette victoire.

Néanmoins, ce qu’il faisait, c’était bel et bien se comporter en ami, rester avec elle plutôt que de faire ce qu’elle avait envie, retourner dans son équipe et profiter. Non il restait avec elle, insistant pour savoir des choses. Elle le regarda différemment pendant quelques secondes, ce n’était plus du tout la même personne qu’en début d’année. Elle  avait bien conscience que physiquement, c’était toujours Tristan mais elle le trouvait différent et même si par moment, elle avait comme l’impression qu’il venait pour la faire chier, c’était plus des préjugés de sa part, parce que quelque part, elle avait passé tellement d’années à le détester, qu’elle ne le voyait que comme quelqu’un ayant décidé de lui pourrir l’existence. Alors qu’aujourd’hui démontrait bien l’inverse, il était soucieux, un peu à la manière d’un frère oui alors méfie toi du frère hein XD. Sa voix même semblait un peu plus douce qu’à l’accoutumée ce qui poussa Maëlle à se pencher sérieusement sur la question… pardon, les questions puisque si au début il y en avait qu’une, il décida de l’aider un peu – enfin de l’aiguiller plutôt – en lui indiquant des pistes de recherches. Probablement qu’elle aurait pu se saisir de la perche et dire que oui elle avait été blessée, probablement qu’il s’en contenterait, elle n’en fit rien. Bon et puis à la façon dont il l’observait, il avait l’air de vérifier par lui-même qu’elle n’avait rien. « Tu ne trouveras rien, je ne suis pas blessée. » Il pouvait la croire sur parole, elle aurait été ravie de mettre la faute sur quelque chose, d’avoir une véritable justification. « Je ne suis pas malade non plus, si tu te poses la question. Je crois qu’il n’y a pas de réponses expliquant vraiment ce qui s’est passé. » Elle le regarda dans les yeux « D’accord, moi aussi je me suis bien rendue compte qu’il y avait quelque chose qui clochait. » Ne voulant pas le vexer pour autant, elle rajouta précipitamment « Non pas que tu ne sois pas capable de me battre hein, je ne dis pas ça. » Elle cherchait ses mots pour être le plus neutre possible. « Disons qu’habituellement, je n’ai pas non plus de mal à suivre quelqu’un. » Enfin elle avait l’impression plutôt qu’elle suivait rarement une personne, arrivant assez facilement à doubler les gens, mais aujourd’hui rien du tout. Elle fronça les sourcils « Aujourd’hui, c’était compliqué. Un peu comme si je découvrais mon balai. » Non ce n’était même pas ça, c’était pire que ça « Enfin plutôt que je découvrais le Quidditch. Le vent arrivait à me bousculer, les cognards je les voyais arriver sur moi beaucoup trop tard. Je ne sais pas trop ce qui s’est passé. Je suis passée à côté de mon match. Je n’avais qu’une envie c’était de descendre de mon balai avant que je me prenne un cognard dans la tête. Non parce qu’alors autant moi j’avais du mal, autant les batteurs, ils ont pas changé de comportement à mon égard. » Ah non clairement, ils étaient chiants, puis alors il y en avait un, il avait pas compris les règles, à quel moment il y a marqué dans le règlement acharne toi sur l’attrapeur. Elle frémit quelques secondes en imaginant que ça aurait pu mal finir si Tristan n’avait pas attrapé rapidement le vif d’or. Elle lui sourit donc « Merci d’avoir fait en sorte que ça s’arrête rapidement. »

Et maintenant, il en savait un peu plus, est ce que ça voulait dire qu’il allait partir pour rejoindre ses amis ? Elle n’en avait pas envie, enfin qu’il fête sa victoire, si bien sûr, elle comprenait mais elle avait envie de rester avec lui. Après une bonne réflexion, elle lui demanda, un peu hésitante « Si tu n’as rien de mieux à faire, ça te dirait qu’on marche un peu toi et moi ? » Elle le regardait avec espoir, ayant envie d’être avec lui, tout simplement, appréciant sa compagnie.

Bon, déjà, même lui semblait ne pas avoir d’arguments pour prouver qu’il ne minimisait en rien sa victoire. Bien sûr que si puisqu’il semblait imputer ce seul fait aux actions de Maëlle, qu’il ne se méprenne pas, c’était flatteur sans aucun problème mais si ça avait été un adversaire moins talentueux que Tristan, nul doute que la demoiselle aurait quand même réussi à lui chiper le vif d’or sous le nez.

Ce qui se passait sous le nez de la demoiselle aujourd’hui était nettement plus surprenant. Qu’il vienne la voir plutôt que de rester avec les Serpentards, ça l’étonnait un chouya, qu’il pose beaucoup de questions ça aussi, ça l’étonnait mais alors qu’il l’observe comme si elle était blessée, c’était déroutant. Ce n’était pas fait de façon appuyer comme s’il la reluquait, ça n’avait aucun rapport avec cela, il était à des années lumières de la regarder ainsi et elle le savait croyait plutôt parfaitement, ne s’en formalisant d’ailleurs pas une seule seconde puisque ça ne l’intéressait pas plus que lui. Elle n’avait pas envie qu’il s’inquiète pour rien, de ce fait elle s’empressa de lui dire qu’elle n’était pas blessée – excepté dans son amour propre d’avoir été vaincue sur son propre terrain mais c’était un peu sa faute -. Elle rajouta qu’elle n’était pas malade non plus, elle n’allait pas lui mentir, quand bien même ça serait une réponse plausible et suffisante pour Tristan, ce n’était pas gentil de le prendre pour un idiot alors qu’il semblait inquiet, plutôt troublé par ce match.  Elle essayait donc de lui expliquer quelque chose qu’elle n’avait pas forcément compris elle-même, c’était donc coton. Néanmoins, elle n’avait pas à cœur de le blesser, ne voulant pas qu’il la trouve arrogante, elle essayait de trouver les bons mots et eut un soupir soulagé lorsqu’il montra qu’il avait compris ce qu’elle voulait dire, avec un sourire sur les lèvres. Et pourtant loin d’être pleine d’orgueil en l’entendant dire qu’elle était douée, elle fit remarquer « En vérité, j’ai toujours peur de ne pas être à la hauteur, que ce soit des autres attrapeurs, ou de mes prédécesseurs et que l’année d’après, on me refuse dans l’équipe. » C’était sûrement un peu bête, mais étant donné qu’elle de son côté elle comparait ses performances à celle de son père et des autres attrapeurs que ce soit des équipes adverses qu’elle combattait ou ceux qu’elle voyait dans les équipes internationales, il n’y a pas à dire, elle se mettait une pression monstre. D’ailleurs ce fut de parler de ça qui la poussa à poser une question « Tu crois que les membres de mon équipe auront remarqué aussi et qu’ils ne voudront plus jouer avec moi ? » qui en emmena une autre « L’ancien attrapeur de Poufsouffle, tu t’es battu contre lui, il était comment ? »

En parlant de la façon dont elle avait vécu le match, elle parla de cette impression d’avoir découvert son balai. Forcément, il lui demanda si elle avait un nouveau balai, elle secoua la tête de gauche à droite, non c’était toujours le même balai qu’elle possédait. C’était Nymphéa qui avait un nouveau balai, certainement pas Maëlle et quand bien même, elle en aurait eu un nouveau, elle ne l’aurait pas découvert le jour même, ça aurait été du grand n’importe quoi. Elle s’était juste montré très mauvaise et espérait que ça ne se reproduirait pas de si tôt. Néanmoins, elle essayait de voir le bon côté des choses, le calvaire n’avait pas duré hyper longtemps grâce à Tristan qui n’avait pas joué bêtement, il n’était pas resté aux côtés de Maëlle comme d’autres l’auraient fait, il avait compris qu’il n'avait aucun intérêt à la coller et qu’il avait tout le temps de chercher la petite balle dorée. Elle n’en doutait pas que le plaisir était pour lui, une victoire restait une victoire et tandis qu’elle l’écoutait parler, l’embêter, ça s’entendait au ton de sa voix et à l’éclat dans son regard, la demoiselle lui offrit un sourire « Quand tu feras la tête après avoir perdu, je viendrais te rappeler ce que tu viens de me dire, que tu espérais sincèrement que je sois remise. »

La discussion allait s’arrêter là ? Comme ça ? Maëlle regardait autour d’elle, cherchant une raison qui le pousserait à accepter de rester un peu avec elle, juste un peu. La meilleure raison qu’elle trouva, elle était nulle, marcher avec elle, ah oui non mais sacré programme, est ce que quelqu’un un jour s’était dit oh mais c’est la meilleure idée du monde baladons nous toi et moi. Et pourtant, loin de sembler se dire qu’elle avait des idées de merde, ce qui était vrai hein. Tristan accepta de passer un peu de son temps libre avec elle. Il commença à avancer, suivi de près par une Maëlle pour le moins satisfaite, jusqu’à ce qu’il commence à parler de la soirée des vœux. Elle lui lança un léger regard de travers « J’avais presque réussi à oublier que je t’en voulais. » En vrai, outre le fait qu’il avait manqué de prudence et que manque de bol pour eux, les parents avaient remarqué direct qu’ils étaient ensemble, à croire qu’ils avaient un détecteur indiquant que les deux jeunes étaient ensembles, outre tout cela, elle avait apprécié ce moment avec lui. Il y a de cela quelques temps, elle ne se serait jamais confiée à Tristan de la sorte, doutant de lui et le voyant comme une personne attirant des ennuis à Maëlle, ce qu’il était un peu malgré tout bien entendu mais sûrement indépendamment de sa volonté. Maintenant, elle pouvait lui révéler ce qu’elle avait vécu à cause de lui. « Très franchement, ce n’était pas que ses paroles, il avait ce sourire hyper fier comme si nous venions d’annoncer la date de notre mariage. »Ce qui en soit était ultra agaçant pour Maëlle, elle avait l’impression qu’il ne l’avait pas bien écouté lorsqu’elle avait dit, répété, rabâché, au fil des années qui venaient de s’écouler, qu’elle ne voulait pas de Tristan « Il a aussi rappelé pendant les trois jours qui ont suivi à quel point tu étais de bonne famille, au cas où j’étais stupide certainement, à quel point tu étais poli, juste avec un bonjour, tu t’en es drôlement bien sorti quand même. S’il avait eu une pancarte je voudrais que tu épouses Tristan, ça n’aurait pas été très étonnant. » Elle lui fit un sourire parce qu’elle avait eu le temps de relativiser mais sur le coup, elle avait trouvé ça extrêmement frustrant que pour quelques danses, qu’elle avait apprécié en plus, on lui prenne autant la tête.

Avait elle dit quelque chose de drôle ? Maëlle en doutait fortement, un éclat d’incompréhension traversa son regard tandis que son ami rigolait. Impossible de dire en revanche si c’était un rire pour se moquer d’elle, ce qui serait franchement pas ultra sympa ou si c’était pour une toute autre raison qu’elle ne comprenait pas forcément. Elle se contenta de le regarder lorsqu’il parla d’être présomptueux pour eux deux. Pouvait-elle vraiment répondre par la négative à cette question ? Elle n’en avait pas l’impression, c’était plus ce genre de question qui n’attendait pas de réponse de sa part. D’ailleurs, il reprit la parole d’emblée parlant de son niveau à lui sous le regard interloqué de Maëlle. Elle n’avait jamais mis ses compétences en matière de Quidditch en doute. Elle s’apprêtait à prendre la parole pour le lui dire mais il la prit de vitesse en enchaînant sur elle. Ce qui était d’ailleurs encore plus déroutant pour Maëlle, elle ne s’attendait pas forcément à ça de la part de Tristan, enfin des gens en général d’ailleurs mais venant de Tristan, c’était encore plus surprenant de part le fait que c’était un adversaire, un ami certes, elle s’en rendait bien compte tous les jours que ce n’était pas seulement l’attrapeur de l’équipe adverse qu’elle fréquentait mais bien un ami qui n’avait rien à gagner en disant ce genre de phrases.

Il enchaîna sur une question, puis deux questions. Elle le laissa s’exprimer, même s’il donnait la réponse lui-même au pourquoi elle ne serait pas à la hauteur parce qu’elle n’était pas son père, elle ne serait jamais son père et d’ailleurs, elle n’avait pas envie d’être son père, pas qu’elle ne l’admirait pas en tant que joueur, voir même en tant que personne, c’était son père donc forcément, à travers son regard complètement biaisé par l’amour qu’elle éprouvait à son égard, c’était le meilleur. Elle fronça une seconde les sourcils lorsqu’il l’appela Distelvink, ne comprenant absolument pas ce mot, ayant visiblement des lacunes en Néerlandais, il faudrait qu’elle demande à ses parents ce que ça voulait dire, n’ayant pas très envie de demander à Tristan et risquer un jugement de sa part dont elle se passerait bien. Elle reprit ses mots pour répondre « Tu as tout dit, j’ai ça dans le sang. Comment accepter que je fasse des erreurs lorsque j’ai ça dans le sang ? Les gens sont persuadés que le fait que je tienne sur un balai, que je sois attrapeuse, c’est tombé du ciel, un peu comme la pureté du sang en réalité, je serais née avec. C’est totalement faux, je peux te l’assurer moi aussi je suis passée par les stades pourri de je tombe de mon balai, du vif d’or que je ne repère pas malgré toute ma concentration, du balai qu’il faut apprendre à maîtriser. » Ah ça, ce n’était pas inné chez elle, c’était une certitude « Sauf qu’en plus de devoir apprendre tout cela, il y a les gens qui m’observaient comme si je faisais pas d’efforts et je ne te parle pas de mon père. Il n’était pas du genre à me mettre la pression mais clairement, on sentait bien qu’il attendait que ça. » Est-ce qu’il pouvait comprendre ? A des degrés différents, Maëlle songeait que oui, comme il lui avait dit lors de la soirée du nouvel an, ils avaient eu des éducations plutôt similaire et à coup sûr, lui aussi des gens avaient attendu des choses de lui, des choses qui lui semblaient à coup sûr insurmontable.

Il ne répondit rien néanmoins sur l’ancien attrapeur de Poufsouffle, ce que Maëlle comprit comme le fait que les comparer était en sa défaveur à elle. Raison pour laquelle, elle répondit simplement, lucide « Ou alors, qu’il n’y avait personne d’autres de motivé pour le rôle d’attrapeur. » Après, ce n’était pas non plus pour lui déplaire, elle aimait le Quidditch, elle aimait jouer alors pouvoir le faire, elle devait admettre que ça l’arrangeait bien. Elle l’observa tandis qu’il tapait doucement son épaule contre la sienne, signe de pure camaraderie avant de tenter de lui remonter le moral sur ses performances désastreuses du jour et elle espérait sincèrement qu’il ait raison, qu’elle puisse continuer et qu’elle ait effectivement prouvé qu’elle valait le coup. Son amour pour le Quidditch prenant carrément le pas sur les maisons de Poudlard, elle demanda « Si tu avais tort et que c’était fini, puisque tu as l’air de penser que je suis d’un niveau pas totalement foireux, tu accepterais de me laisser jouer à ta place de temps en temps ? Un peu de polynectar et pouf, je pourrais faire tes matchs. Promis, je ne ferais pas perdre Serpentard. » Même si, il est vrai, c’était plus agréable de jouer contre lui qu’à sa place. Ça permettait de se taquiner et alors qu’elle l’embêtait sur une prochaine victoire, il prétextait qu’elle devait le laisser gagner, pour son ego. Elle eut un petit rire « Tu serais vexé si je faisais ça non ? Ton ego a l’air de souffrir de ne pas avoir eu un combat acharné alors si je faisais ça, il ne s’en remettrait pas le pauvre. »

Plutôt que de le laisser partir, après une note positive certes mais c’était le laisser partir tout de même, Maëlle préféra lui proposer un peu de temps passer ensemble. Forcément, ils en vinrent à parler de la soirée qu’ils avaient passé ensemble et qui restait, dans sa globalité, un très bon moment pour Maëlle, même si elle tenta de lui faire croire qu’elle lui en voulait toujours pour l’avoir fait danser devant ses parents. Il n’était pas dupe et elle se le prit dans la tronche très rapidement. Elle devait s’avouer vaincu. « C’est vrai, faut croire que je ne t’en veux pas tant que ça et que j’ai apprécié cette soirée passée en ta compagnie, assez pour en passer d’autres en tout cas » Même si en réalité, elle espérait bien que la prochaine fois, les prochaines fois plutôt, il y aurait pas les parents pour épier leurs faits et gestes mais ça c’était un rêve qui n’était pas prêt d’arriver. Surtout que si elle son père réagissait comme ça, celui de Tristan n’était pas en reste. Comme son ami le disait si bien, ils étaient pires que des gosses. Après, Tristan avait l’air d’être un enfant aussi, sensible aux flatteries à son égard du père de Maëlle, en rajoutant même une couche sur son accent néerlandais… ça devait être ça tien. Et en plus il voulait lui apprendre, alors à coup sûr, elle allait se ridiculiser mais, c’était tentant tout de même « Des cours particuliers pour apprendre l’accent néerlandais, je ne peux qu’accepter ! » Et voilà, c’était parti, les qualités qu’avaient cité le père de Maëlle ne suffisait plus au jeune prétentieux. Maëlle fit mine de réfléchir, bien que sachant pertinemment que la réponse était négative puis elle finit par secouer négativement la tête « Non vraiment, il a dû oublier de parler de ton physique, il s’est dit que j’avais des yeux pour m’en rendre compte je suppose ? Pour ton charisme, il était subjugué voyons, c’était une telle évidence qu’il n’a pas eu besoin de t’en parler. » Elle fit une pause pour relever « Tes notes ? Voyons Tristan, il parle mariage pour le moment, pas  des qualités existentielles  que tu pourrais transmettre à notre progéniture, nous n’en sommespas encore là, tu te doutes bien. » Non ça, c’est sûr que pour le moment, ça restait quand même un père, par conséquent la fille est un peu intouchable et parler d’enfants, oulah c’est sûrement lui que ça traumatiserait en premier. Elle lui fit un sourire, satisfaite de pouvoir parler de tout ça avec lui malgré tout. « Tes parents ne te parlent pas de moi ? C’est peut-être eux que nous devrions convaincre que ces histoires de fiançailles c’est ... mort ?» Y avait il un mot résumant mieux la situation ?   « Si je leur  parle avec l’accent néerlandais, ça fera peut-être son petit effet ? J’espère que tu es un prof excellent et que je suis une élève talentueuse. »

Si douter de ses capacités était monnaie courante chez mademoiselle Rosier. Il y a une chose qu’elle ne remettrait jamais en doute, l’affection de son père, voir de ses deux parents pour plus de précision. Elle était fille unique, était tombée dans une famille n’ayant pas vraiment de préjugé sexiste, en allant encore plus loin, pour une raison purement égoïste mais qui aurait pu, dû, ne pas être dérangeante pour la demoiselle, son père voulait une fille. Choix motivé uniquement par le fait que son ami d’enfance avait déjà un garçon et quant bien même l’homosexualité ne devait pas poser tant de problèmes que cela au père de Maëlle, il faut aussi reconnaître que c’est tout de même moins pratique pour faire des enfants. Elle se doutait bien qu’elle était, en plus de cela, plus importante que le quidditch et que si son père avait dû faire un choix, ça aurait été elle en priorité. De la même façon que pour Maëlle, s’il avait fallu faire un choix entre ce sport et ses parents, le choix aurait été ses parents. Et bien entendu, il n’avait pas exigé de sa fille qu’elle joue au Quidditch, non la seule chose qu’il avait exigé d’elle, c’est qu’elle reste fiancée à Tristan, ce qui passait plus ou moins. En revanche, est ce que ça le rendait moins exigeant envers elle, elle n’en savait rien du tout, elle ne se rendait pas forcément compte puisque de toute manière, la pression, elle se la mettait toute seule et puis il y avait aussi le regard des autres, nul besoin de celui de son père, celui des autres s’attendant à ce qu’elle sache tout sur tout, anticipe tout, c’était bien suffisant « Oui je suis certainement plus importante que le Quidditch et si j’avais voulu faire de la trompette, il m’aurait laissé en faire, aurait probablement acheté une jolie trompette mais pas de chance, j’aime le Quiddtich. En revanche tu te trompes sur un point, tu comprends parfaitement ce par quoi je suis passée parce qu’à une échelle différente, tu vis la même chose.N’a-t-on pas attendu de toi toute ta vie que tu fasses honneur à tes parents au mépris de ta volonté et de tes capacités. » Elle ne rien sur le fait d’être une grande joueuse, ne se voyant pas dire merci, ni même lui faire un sourire touchée par les dires puisque la grande joueuse en question, aujourd’hui, il l’avait dominé de bout en bout.

En réalité sa façon de concevoir les choses n’était pas mauvaise du tout. Peu importait à la rigueur que Maëlle soit le choix par défaut, ça lui permettait de prendre du plaisir et de continuer à s’entraîner pour la suite de sa carrière, une fois que ses études seraient terminées. Il réussit donc à la perfection son objectif à savoir remonter le moral de la demoiselle. Etait elle sérieuse ou non lorsqu’elle lui demanda si elle pouvait jouer à sa place ? Si elle l’avait été, elle ne le fut plus en voyant son expression ayant même un petit rire loin d’être moqueur, juste amusée. A sa remarque, Maëlle se contenta de faire mine de réfléchir « Tu insinues que je ne saurais pas tenir une conversation à ta place ? » Puis finalement, elle admit « Probablement que j’aurais du mal en effet à faire durer l’illusion. » D’ailleurs elle ne le ferait pas, ayant trop peur de mal faire et de lui porter préjudice.

En parlant de préjudice, voilà qu’à présent, ils discutaient tout deux de la prochaine victoire de Tristan. Victoire que Maëlle ne voulait d’ailleurs pas lui concéder, bien que cela ne l’empêchait pas d’en parler. Elle essaya de s’en sortir par une pirouette « Je crois que je serais bien incapable de te mentir, tu le verrais sur mon visage que je t’ai laissé gagner. » De la même façon, impossible de lui faire croire qu’elle lui en voulait pour la soirée, elle avait apprécié cette soirée en sa compagnie, enfin… la plupart du temps. Chose qui semblait faire plaisir à Tristan, et cela démontrait que même sans éprouver le moindre sentiment amoureux et volonté de finir ensemble, ils arrivaient bien en s’entendre. Et cela même s’il se payait sa tronche avec les qualités que le père de Maëlle avait oublié de mentionner, elle se retint de l’embêter avec le fait qu’il avait visiblement oublier modeste.

Alors qu’elle plaisantait sur la progéniture et les qualités existentielles des parents pour que l’enfant soit réussi, Tristan lui était plus focalisé sur l’avenir en lui-même. Elle eut un vrai rire avant de plaisanter à son tour « Indispensable même, je l’ai toujours dit, je regarde le compte en banque et la position dans la société de mon futur époux, c’est plus important que tout le reste. » S’ils en plaisantaient, ce n’était que pure réalité, chaque famille sang pure faisait tout de même bien attention aux mariages afin d’être toujours au top de la société. De quoi être légèrement stressant pour Maëlle.
Elle dressa un sourcil en l’entendant dire qu’il avait entendu parler d’elle toute son enfance, oui bah s’ils étaient aussi lourds que le père de Maëlle depuis décembre, elle pouvait presque comprendre qu’il en puisse plus de Maëlle et qu’il ait tout sauf envie de la rencontrer « Tu as raison, ça compense, même si j’entendais parler de toi aussi, je te rassure, je savais très bien qui tu étais avant de te rencontrer. » Néanmoins, peut être maintenant avaient ils abandonné l’idée, avaient récupéré la liste de toutes les filles sang pures de l’âge de Tristan et zoupla, Maëlle allait être mise à la poubelle – oui pour son plus grand bonheur à elle -. Elle éclata de rire en entendant non pas qu’elle allait les subjuguer, même si déjà niveau blague c’était pas mal, puisqu’elle était plutôt du genre à passer inaperçu pas à attirer tous les regards sur elle. Mais ce qui la fit rire c’était le coup de leur faire faire ce qu’elle voulait. Comment dire que quand bien même, elle aurait ce pouvoir, elle serait bien incapable de diriger les gens. Néanmoins, elle était bien décidée à apprendre un peu mieux le Néerlandais – bon derrière, elle avait intérêt à trouver un gars parlant cette langue, sinon payes  ton intérêt – mais en tout cas, elle voulait bien s’y mettre de suite, elle hocha donc la tête avant de se prêter au jeu et essayer de répéter ce qu’il disait, en essayant d’imiter au mieux son accent. Ce n’était pas ultra fameux, ce qui la faisait beaucoup rire pour le coup « Est-ce que toi tu es subjugué au moins ? Quitte à subjuguer quelqu’un, je préfère commencer par toi. »