Mai 2005 – 9 ans
« Assieds toi. » Action, réaction, je m’étais installée sur le siège et lançai un regard à la boîte de gâteau « Est-ce que je peux avoir un cookie ? » La politesse « S’il te plait ? » Grincheux poussa la boîte de gâteau vers moi et je m’emparais d’un gâteau… puis de deux, oh et en vrai même trois. « Tu sais pourquoi tu es là ? N’est-ce pas. » J’avalai précipitamment ma bouchée tout en hochant la tête « J’ai peut être un peu bousculé Mickael. » « Tu lui as cassé le nez Maxime ! » « C’est un fragile aussi. » « Maxime. » « Il le méritait. » « Maxime » « Je regrette pas. » « Maxime » « Oui, non mais ça va, mon prénom je le connais. » Un soupir accompagna mes dires, je fis donc un petit sourire pour que ça passe mieux, sait-on jamais « Comment est-ce arrivé ? » Hop d’un bond je me levais pour faire une simulation « Alors en fait je me tenais comme ça et j’ai commencé à » Il me coupa, bonjour l’impolitesse « Je te demande ce qu’il a fait pour que tu passes tes nerfs dessus. » Je me réinstallai dans le fauteuil, le regardant l’air grave « Il y avait un chaton dans les fourrés et il y a cet arbre avec des baies, tout le monde sait que c’est du poison et lui, il lui en a fait manger. Moi j’ai juste vu une forme tricolore se tortiller sur le sol. » « Il convulsait ? » Mais c’est quoi cette manie de toujours intervenir, c’est chiant, il pouvait me laisser raconter mon histoire oui ou merde ? « Je sais pas ce que ça veut dire. Je me suis approchée en me demandant c’était quoi ce jouet… Bon à la base je voulais lui piquer. » « Maxime, tu es déjà venue dans cette pièce pour vol… Tu as pas écouté ? » « Si si, voler c’est mal. Mais c’était pas un jouet, c’était un petit chat et il comulsait. » « Convulsait. » « Oui c’est ce que j’ai dit. Il conVUlsait et ça faisait rire Mickael alors je lui ai mis mon poing dans le nez et je lui ai aussi peut être un peu dit que si le chat s’en sortait pas, je le pousserais dans les escaliers pour qu’il meurt. » « Maxime ! » « Je rigolais ! Je vais pas le faire. De toute façon il est parti en chouinant qu’il saignait du nez et je me suis approchée du chaton et j’ai enfoncé mes doigts dans sa gorge pour lui retirer les baies et le faire vomir » C’est moi où Mr Georges me regardait bizarrement « Tu as fait vomir le chat ? » Un hochement de tête très fière avant qu’il ne dise « Tu connais les règles, pas d’animaux dans l’orphelinat. Et tu n’as pas le droit de taper les autres » « S’il avait empoisonné un autre enfant, c’est lui qui serait là. C’est pas juste ! » L’adulte passa une main sur ses tempes, visiblement dépassé « C’est pas bien ce qu’il a fait, mais je ne peux pas non plus tolérer que tu tapes les autres enfants, il te faut une punition équivalente à ta bêtise. »  Je croisais les bras sur ma poitrine, dégoutée sans rien dire, attendant la suite « Que penses-tu de la punition suivante, veiller à ce qu’il n’arrive plus jamais rien à ce petit chat. » Voyant mon regard s’illuminer, il compléta très sérieusement « C’est une grande responsabilité Maxime, tu en as bien conscience ? Il faudra en prendre soin sur le long terme, s’il s’en sort bien sûr » Hop les hochements de tête « Aie l’air au moins un peu triste quand tu sors, que ça ait l’air d’une punition… » Pas de problème ! Je m’efforçai de prendre une moue dépitée fit trois pas avant de me retourner « Je peux avoir un gâteau ? C’est pour mon chat. » « File. » Raté pour cette fois-ci.

Juillet 2006 -10 ans
Prostrée dans un coin de la pièce, pour la première fois de ma vie j’étais éteinte, totalement éteinte. Je sentais mon cœur battre oui, mais je me sentais morte. Des gens inconnus étaient venus me chercher pour faire une batterie d’examen, que je ne leur claque pas entre les doigts et il y avait cet homme qui me demandait sans cesse ce qu’il s’était passé. A chaque fois que je voulais parler, les larmes prenaient le dessus et quand je fermais les yeux, je revoyais la scène. Puis, il y eut cette voix, celle du directeur de l’orphelinat, je levais le regard vers lui, sans bouger, le laissant s’accroupir devant moi « Tu arrives à tenir le coup ? ça va ? » C’était la première fois depuis cette nuit que quelqu’un me demandait comment moi j’allais, pas de raconter des faits. Je secouai la tête négativement « J’ai quelque chose pour toi. » Il posa un doigt sur ses lèvres comme pour dire c’est un secret et ouvrit délicatement sa veste pour libérer Poil-de-Châtaigne. J’attrapais la boule de poils la serrant dans mes bras, nichant ma tête dans son cou, respirant cette odeur qui me semblait différente de d’habitude, plus de senteur mais tellement familière et mes larmes mouillaient son pelage sans qu’elle ne se défasse ronronnant pour se rassurer ou me rassurer, qu’importe ça marchait « J’ai eu du mal à la trouver, elle était terrifiée. Elle m’a griffée ta sauvageonne. » Je regardais ses mains, un sourire incontrôlé se dessina sur mes lèvres, le premier, celui qui me ramena certainement à la vie et mes premiers mots furent pour lui « Tu ne sais pas t’y prendre. »

« Tu peux parler ? » « Oui. » « ça te dérange si on enregistre la conversation ? » Je posais mon regard sur le magnétophone, blasée « Non, c’est bon. » Il appuya sur le bouton, me faisant signe que c’était bon « Il faisait noir et quelque chose m’a réveillé » « ton chat ? » Ah non mais merde, à chaque fois c’était la même chose, qu’est ce qu’ils ont les adultes à vouloir nous couper. Je soufflais signe de mon irritation « Non, pas Poil-de-Châtaigne. C’était comme un ressenti, j’ai su que j’étais en danger. Puis ce loup est apparu » « Un loup ? Maxime, nous sommes en Grande Bretagne, il n’y a plus de loup sauvage depuis le 16ème »Ravie de l’apprendre « Je sais ce que j’ai vu et c’était un très gros loup. » Pour montrer que je ne mentais pas je remontais doucement ma manche là où l’animal avait planté ses crocs et je m’apprêtais à dire quelque chose mais il m’en empêcha « Ce n’est pas plutôt ton chat ? » Non mais sérieux, lui il connaissait rien en mâchoire, je croisais les bras, décrétant par ce geste que je ne dirais plus rien.

« Maxime, tu étais sensé raconter ce qu’il s’est passé, on s’était mis d’accord non ? » Grand silence et je regardais ailleurs « Maxime, je te parle. » Sans blague ? « Pourquoi tu n’as rien raconté ? Il est là pour comprendre ce qui t’es arrivée. » Un reniflement dédaigneux s’échappa de mes lèvres « Non, il s’en fiche. Il veut savoir ce qui est arrivé tout court mais la vérité ne lui va pas. » « C’est compliqué pour les gens d’accepter qu’une petite fille » « Je suis quand même un peu grande. » « Non mais d’accord. Une enfant si tu préfères. » Je hochai la tête « puisse avoir survécu quand des adultes sont morts. »  « Mais qu’est ce que j’y peux moi. C’est pas comme si j’avais décidé de quoi que ce soit. » « Je sais bien. On va aller le voir, tu racontes et s’il te coupe ou te contredit, tu me regardes. » Je levais les yeux au ciel « ça, c’est surtout pas à faire. Après ce sera fini, plus d’orphelinat, c’est promis, c’est chez moi que tu vivras. » La proposition étant plus qu’alléchante « Pour toute la vie ? » Vu qu’il hochait la tête, je me levais docilement pour retourner voir casse burne en puissance et m’installai, écoutai ce que les grands disaient avant que les regards soient tournés vers moi. Je racontai donc ce qui était arrivé ce soir-là « C’était un loup très haut sur patte, obèse même et il nous a tous attaqué. » En racontant cela, je revivais la scène, j’entendais le claquement des dents se refermant sur des os, les hurlements, les râles et ma peur dominant tout ça « Pourquoi tu es en vie ? »  « Oh bah chai pas, la prochaine fois je le croise, on prendra un chocolat chaud ensemble et je lui poserais la question tien. » « Maxime ! »  « Non mais c’est vrai la question est complètement débile ! Vous voulez que je dise quoi, non je n’ai pas trouvé la recette miracle pour le tenir à distance ! Sinon il y aurait plus de survivant ! Mais vous savez quoi ? Je peux vous dessiner l’homme que j’ai vu. » « Il y avait un homme contrôlant le chien ? » « C’était un loup déjà et non non le loup et l’homme sont la même personne. » « Elle est traumatisée, ça sert à rien de lui parler. » QUOI ?! Mais pas du tout, enfin si forcément que j’étais traumatisée, je venais de voir une quinzaine de personnes y passer, et j’avais failli mourir, bien sûr que j’allais pas bien, il sortait d’où lui ? « Je sais que c’est dingue mais c’est vrai, les loups garou, ça existe ! C’est un loup garou qui nous a fait ça. »

Aout 2006 – 10 ans
Aujourd’hui ça n’allait pas, physiquement tout allait bien, j’étais juste irascible, incapable de rester assise plus d’une minute sans avoir envie de bouger. Le fait de se retrouver seule ce soir peut être ? « Tu es sûre que je peux te laisser une soirée toute seule ? ça a l’air de t’inquiéter. » Je relevais la tête de dessous la table où j’étais pour récupérer mon crayon « Aie ma tête. Non non ça va je garde la maison et je suis pas seule. » Il tourna la tête vers le jeune chat qui dormait sur son arbre à chat « C’est vrai, tu as ton garde du corps. » Ouai, avec elle sûr que ça irait. Il partit donc, me laissant avec le chat. Les heures passaient puis la lune prit la place du soleil et c’est là que tout dégénéra. Déjà la transformation en loup mais c’est quoi ce délire ? Pas normal et puis ça faisait mal oui mal de chien j’ai la vanne mais je respecte mon perso. Et il y avait cette présence qui s’imposait à moi, aucune chance de lutter, elle m’enveloppait de toute sa puissance, prenant le contrôle sur moi. J’étais là mais incapable de bouger le moindre muscle, j’étais spectatrice dans mon corps. La louve tourna la tête vers Poil de Châtaigne qui s’était redressée et me regardait l’air intriguée, lorsque la truffe s’approcha du corps du chat, ce dernier mû par un réflexe de survie tendit la patte, griffes sorties pour l’abattre sur la joue du loup avant de filer à toute vitesse par la chatière vers l’extérieur. Pauvre chatière, pauvre porte, le loup passa à toute vitesse et bim plus de porte, aie aie, son but je le ressentais dans tout mon être sans pouvoir rien faire, tuer Poil de Châtaigne, la pourchassant sans jamais parvenir  à l’atteindrepour toutes ces personnes qui se sont dit oh  pauvre chat en sentant la douille arriver… non mais vous me prenez pour qui ?

Au petit matin, en plus de me retrouver dans la rue avec une trouille immense que le loup reprenne le dessus de nouveau. Il y avait la culpabilité, j’avais défoncé une porte… enfin est ce que c’était vraiment moi ? et du mobilier en pourchassant un chat. Chat qu’à présent je cherchais. Je ne pouvais pas rentrer là-bas, chez moi. Personne ne me croyait pour l’histoire du loup dans l’orphelinat, si maintenant je sortais que des fois, la nuit, je me transformais en loup, j’étais bonne pour la maison des fous. J’avançai, appelant mon chat quand une voix m’appela « Maxime ! »Une voix inconnue, j’accélérai le pas. « Attends ! » Je me mettais à courir « Je sais ce que tu es ! » Je pilai net avant de tourner la tête vers la voix, quoi ? L’inquiétude me gagnait  « Et je suis quoi ? » Il savait, comment savait-il ? « Tu es une sorcière. » Enfoiré, on m’avait mordu, je ne maîtrisais rien et il m’insultait, je tournai les talons, blessée, je voulais pas être une sorcière. « Attends, tu vas où ! ça fait des jours je te cherche. » Ignores le, vas t’en, tu as un chat à retrouver. « J’étais un ami de ta mère. » Ah curiosité oblige, je m’arrêtai « Vous connaissez ma mère ? » « Je la connaissais, elle a disparu. » « Elle est morte. Il faut dire les mots, on ne disparaît pas. Et elle était comment ma mère ? Il me regarda bizarrement « Euh oui voilà. Un peu comme toi, elle aussi c’était une sorcière. » « Elle s’est fait mordre ? » « Quoi ? mais non. » Il venait de m’attraper par le bras pour m’emmener dans une ruelle « aie aie me touchez pas ! VOUS ME FAITES MAL ! » « arrêtes de crier, je te lâche regardes. Etre sorcier c’est ça. » Il sortit un bout de bois, euh sérieux ? S’il me le lançait pour que j’aille le chercher, je lui balançai dans la tronche. Mais non, la baguette s’illumina de rouge « Trop cool ! Je peux l’avoir ? moi aussi je veux faire ça ! » « Il faut de l’entrainement. » comme d’hab quoi, entraînement pour lire, entraînement pour compter, entraînement pour donner des coups de poings, non je rigole ça c’est inné  « Pourquoi personne m’a prévenu ? « Ils n’ont pas de pouvoirs, tu as jamais fait attention au fait que tu étais… différente ? » Ah ça si, pour ça jamais adopté mais l’explication était bizarre non ? « Tu faisais de la magie tu as ça dans le sang. En attendant que tu reçoives ta lettre pour entrer à Poudlard. » Poudlard ? Qu’est ce que c’est que ça ? ça se mange  pas visiblement. « Tu vas vivre chez moi, j’ai tous les papiers et vu que tu as fait récemment de la magie, ça ne te dépaysera pas. Allons y hop hop hop. » Euh… pardon ? « Je pars pas sans Poil de Châtaigne. »

Septembre 2007 – 11 ans
« Je suis Maxime Beurk. T’es sûr que je peux pas prendre ton nom le mien est nul. » « Vas dire ça à tes grands parents. »  « Mais avec joie, j’ai hâte de les rencontrer, ils vont m’adorer ! Et puis je vais en profiter pour leur dire que je veux pas vivre ici, mais chez Monsieur Georges » Monsieur Duncan me regarda en secouant la tête négativement « Pourquoi j’ai promis à ta mère de veiller sur toi déjà ? » « Aucune idée. Tu crois que bientôt je pourrais retourner voir monsieur Georges pour lui dire que je vais bien ? » « Non Maxime, jamais, ce sont deux mondes différents. » Je poussai un soupir, il me manquait terriblement. « Mais tu as dit que certains sorciers naissaient chez les moldus et que ça se passait bien. » « N’insistes pas, c’est non. C’est trop dangereux. » Je crispai mes poings ayant envie de lui cracher que ce n’était pas lui mon père, que je n’avais aucun ordre à recevoir de lui et qu’il en avait mis du temps le protecteur à ramener ses fesses mais me contentai de dire, pleine d’arrogance « Vivement la majorité, je serais libre d’aller où je veux. »

Octobre 2007- 11 ans
«  -70 points pour votre maison. » « QUOI ?! Mais c’est pas juste ! » « Vous discutez ? »  « Bien sûr que je discute » Il me coupa pour dire « -30 points supplémentaires » « Ah non mais vous pouvez tous les enlever je m’en moque. Il m’a insulté de bâtarde ! » « On ne règle pas ses comptes en frappant des élèves ! » Oh non mais l’autre glandu là, mais qu’est-ce qu’il me sortait là « Ah parce que faire des duels ou frapper dans une batte sur une balle pour exploser la tête de quelqu’un c’est plus logique ? » Bah pas de problème, la prochaine fois je ferais ça dans les règles de l’art « -50 points. » Mais qu’est-ce que c’est que cette école « et lui pour insulter les gens il a pas -150 points ? » Bon un jour peut être que j’apprendrais à ne pas rétorquer à tout, c’est ma maison qui allait pas aimer du tout « Vous viendrez en retenue Samedi mademoiselle Beurk. » Quel nom de merde, quelle injustice. Lui ma parole, à la pleine lune je le bouffais… Bon ça marchait pas comme ça, mais l’idée est là.


Juillet 2008 -12 ans
« ça te fait pas plaisir de vivre chez moi ? Tu fais la tronche depuis le début des vacances. » Pour cause, je pensais que je pourrais retourner vivre chez Georges une fois scolarisée et tout et tout mais non, pas du tout «  Tu peux m’appeler Papa si tu veux» Je le regardai les yeux ronds, jamais de la vie je l’appellerai papa, ce n’était pas mon père. Déjà le fait que ce soit mon tuteur plutôt que monsieur Whitefield me déplaisait alors papa, même pas en rêve. « Et puis quand tu as envie de te défouler en loup, c’est pratique j’habite près d’une forêt. » « Quand j’ai envie ? » Foutage de tronche imminent « Non mais c’est une malédiction le machin, j’ai pas envie de passer une nuit à cavaler derrière des lapins ou des sorciers imprudents. C’est fatiguant ! » « J’aurais dû te récupérer avant. » Non pas avant, pas du tout, je voulais pas être ici, je voulais être tranquille dans mon coin avec des gens en qui j’avais confiance « On aimait bien l’orphelinat en fait. » « Je sais. »  « Le directeur était ultra sympa. » « J’en peux plus de ton directeur. » Discussion close.

Décembre 2011 – 15 ans
Truffe au ras du sol, la louve, grandement poussée par moi et la prise de potion s’enfonçait dans les bois, cette odeur, réveillait en moi quelque chose. Des souvenirs qui faisaient grogner la louve, inquiète et qui moi me remplissait de joie. Je connaissais cette odeur. Après avoir écumé cette forêt depuis des années c’était la première fois déjà que j’allais si loin, mes pattes s’étaient musclées et surtout que je la sentais. Et pour une fois la pensée tuer qui était habituellement uniquement celle de la louve faisait écho en moi. Moi aussi je voulais tuer.

Juin 2012 -16 ans
« Mais enfin tu n’y penses pas ! » « Bien sûr que si. Il suffit juste de rentrer en contact. » « Non toi ta priorité c’est tes études ! Tes Buses tu les as eus au ras des pâquerettes ! »  « Mais je les ai eu. » « Maxime, tu vas pas te lancer à la poursuite d’une meute de loup. »  « Mais non. » Il souffla soulagé « Un seul m’intéresse. » Il tourna la tête « C’est non, tu étais une enfant, tu es même pas certaine que ce soit lui. » « Il suffirait que j’aille à l’orphelinat. » Puisqu’il doutait de mon flair de loup, ce qui est quand même incroyable vu l’odorat pitoyable des sorciers « C’est non. » « C’est ma vie, je décide. » « Quand tu seras majeure ! » Je claquai la porte excédée.

Avril 2013 -17 ans
« Je suis majeure. » « Tu vas rater tes études. » « C’est pas grave. » « Tu n’as jamais pensé à pardonner ? » Je le regardai, inspirant profondément « Quand je ferme les yeux la nuit depuis ce soir-là, j’entends des claquements de dents, des hurlements et des pleurs. » « Bien sûr, c’est pas facile. » Pas facile, il était à des années lumières de mon vécu, c’est pas possible, il vivait dans son monde « Ma vie cette nuit-là a volé en éclat. J’ai perdu tous mes amis, je suis un loup. Plus jamais je pourrais être sereine un soir de pleine lune à cause d’une personne, une seule. Alors non je ne pardonnerais pas. » « Et tu crois que tu fais le poids ? »  « Je ne peux savoir cela qu’en me battant. » « Et si tu perds ? » « Je meurs, c’est ma vie uniquement. » Il pointa du doigt le chat dormant sur le lit sans un mot. Je ne perdrais pas, je ne laisserai pas mon chat seul mais je comprenais le message, attention à ne pas aller trop vite en besogne. La fougue de la jeunesse ne m’aiderait en rien si je n’étais pas capable de faire le poids.

Juillet 2013 -17 ans
D’un coup de baguette, je faisais sauter la lourde chaîne avant de pénétrer dans la propriété. Ça avait mal vieilli mais je pouvais voir par-delà les mauvaises herbes, mon enfance, mes jeux, l’endroit où j’avais sauvé Poil de Châtaigne. Je pénétrai dans ce qu’avait été ma première maison, l’odeur me secoua l’odeur âpre du sang et cette odeur. Je secouai la tête pour m’en débarrasser, c’était bien ça, j’avais raison. Je me dirigeai vers les différents lits me remémorant le nom de ceux qui dormaient dessus « Maxime ?! » Cette voix, cette odeur ? Je tournai la tête juste à temps pour voir une personne me foncer dessus et me serrer dans ses bras « Tu es en vie. » Sa voix se brisa « Tu te souviens de moi ? Georges Whitefield. » Je hochai timidement la tête tandis que mes bras l’enlaçaient maladroitement et ce besoin de m’expliquer « Je suis désolée d’être partie sans prévenir et d’avoir cassé la porte. » « J’ai cru que ton loup garou t’avait pisté jusqu’à chez moi et qu’il t’avait attrapé. » Je secouai la tête négativement, le loup n’était pas responsable, enfin si indirectement et c’était bien un loup qui avait tout démoli mais pas celui dont il parlait « Je n’ai jamais réussi à retrouver poil de châtaigne, je suis désolé, j’ai essayé mais elle n’est jamais rentrée. » « Elle est avec moi. » « Oh. Ton garde du corps ne t’a donc pas quitté. Elle est ici ? » Je secouai négativement la tête, j’avais grandi, j’étais capable de passer quelques heures sans l’avoir sous les yeux, bien que dormir sans elle soit toujours inconcevable « Je suis content de te voir, tu as grandi. » Heureusement, non ? Georges marqua une hésitation avant de dire « Tu m’as terriblement manqué. » Je lui offris un sourire avant de reconnaître, sincère « C’est réciproque. » A mes yeux, c’était lui ma famille.

De fil en aiguille je me retrouvai invitée chez lui. Chose qui me faisait plus que plaisir, comme si le temps n’avait pas eu d’emprises sur nous deux et que je pouvais reprendre ma place dans sa vie. Que tout allait reprendre son court. Je voulais être ici, avec lui… et Poil de Châtaigne, bien sûr. Au moment où j’ouvris la porte pour y retrouver les jours les plus agréables de toute ma vie, je me retrouvai face à face avec des tonnes de coupures de journaux traitant sur les loups et loup-garou. Je le regardai intriguée. « Ils existent, j’en suis persuadé. » Mes doigts caressaient la crosse d’un fusil de chasse. « J’étais une enfant. L’inspecteur avait raison, ça n’existe pas les loups garou. » Mentir pour le protéger me semblait la chose la plus évidente à faire, même s’il y avait beaucoup d’éléments criants de vérité là-dedans. Il partit allumer la bouilloire pour le thé « Je sais que tu es en train de me mentir. Tu n’y crois pas toi-même. L’enfant à qui on m’avait confié la garde après avoir survécu à une attaque de loup a disparu. » Je hochai la tête penaude « Je voulais savoir ce qui t’étais arrivée, j’ai rassemblé tout ce que je pouvais, j’ai écumé les bibliothèques de bien des villes. Ils existent. » Je poussai un soupir comme pour montrer que je n’y croyais pas « Tu le pistes pas toi ? » « Non. » « Mensonge, tu comptes faire cavalier seul ? » « Non. » « Alors faisons équipe. » Je sentis un frisson mélange de peur et de désir de dire oui, et pourtant, qu’est-ce qu’un moldu pourrait faire contre des loups. Pas envie non plus que je passe du statut d’appréciée à celui de danger et que je me prenne une balle « Je disais non pour les loups n’existent pas. » « Mais on sait tous les deux qu’ils existent, j’irai même jusqu’à dire » Il fit une pause, me regardant dans les yeux « Maintenant que je te vois en vie, devant moi, tu en es un. » touché.


Décembre 2015 – 19 ans
« Mais si ça t’entraîne sur l’endurance ! » Je regardai l’attelage d’un air dédaigneux « Non mais je suis pas un chien. » « Maxime bon sang on est dans une forêt personne ne te verra. Tu as pris ta potion ? » « Oui, mais même sous potion, aucun loup accepterait de s’atteler à un traîneau » « Aucun loup garou ne fait ta taille non plus. » « Je suis pas petite j’ai le poil court. » « A d’autres. » Résultat des courses, une fois la lune m’obligeant à me transformer, je parlementai avec mon côté lupin, pour mettre mes pattes dans le harnais et tirer ce machin énorme. Visant toujours l’objectif  prendre du muscle et de la force pour tuer mon loup.

Mai 2017 -22
Comme bien souvent lors des soirs de pleine lune, je quittais mon père de cœur pour qu’il y ait aucun risque, bien que la potion soit d’après Monsieur Duncan assez puissante pour que je me contrôle en présence d’un moldu, bien qu’il soit horripilé à l’idée que je fréquente des moldus, ce mec avait un gros problème. Cette nuit-là, je laissais la louve contrôler en grande partie, ce qui était moins fatiguant. Puis, il y eut cette odeur de loup qui me fit revenir directement aux commandes. Un loup, ici ? Je courrais, ventre à terre pour rejoindre Georges qui m’accompagnait toujours, à distance pour ne pas que je l’attaque. Vite, vite, mes pattes effleuraient à peine le sol tant je cavalais. Le hurlement du loup ayant flairé sa proie me glaça le sang, plus vite, allez.  Le hurlement de la victoire, non pas ça. Je déboulai quoi trente secondes trop tard le loup avait débusqué l’humain, je poussai un grondement de mise en garde avant de foncer droit sur cet animal. Qui de moi ou de la louve prenait le dessus, aucune idée, quoi qu’il en soi, j’avais les capacités de tuer un loup, ce fut une certitude quand mes dents se refermèrent sur sa gorge pour ne plus la lâcher jusqu’à ce que ses muscles se relâchent complètement, signe que je l’avais tué pour défendre ma meute.
Quelle rude bataille que de poser son museau sur l’abdomen en sang de la personne que j’aimais le plus au monde et de ne pas laisser la puissance dévastatrice de la louve en moi prendre le dessus et finir le travail. Et cela, malgré la potion. « Je crois que je ne serais pas là pour t’aider dans ta bataille contre Greyback. » Je gémissais « Je n’ai jamais eu le loisir de te le dire mais tu es la plus belle chose qui me sois arrivée. Merci d’être revenue à la maison. Je t’aime ma fille. » Je le regardai, moi aussi, je l’aimais. « N’oublie pas, ne te précipites pas. » J’entendais son cœur ralentir, il peinait à prendre sa respiration et j’étais impuissante « Prends ton temps, impose-toi dans sa vie. » Il tourna la tête vers le cadavre de loup « Petite Louve peut rentrer dans la cour des grands. » Mais qu’avait-il fallu perdre pour qu’on soit fixé. Il ferma les yeux, sa main caressant mon pelage, caresses de plus en plus espacées jusqu’à ce qu’il n’y en ait plus et que le seul cœur qui batte par ici soit le mien.  Je restai toute la nuit allongée à ses côtés hurlant ma douleur et ma peine.

Juin 2017 -22
« C’est ce qui arrive quand les moldus apprennent l’existence des sorciers ou des loups. » Ses leçons, je m’en moquai, j’analysais la situation « J’ai pas été assez rapide et ce loup avait rien à faire ici. » « Il n’aurait jamais dû être au courant Maxime. »  Mais qu’est ce qu’il croyait le Duncan que c’était délibéré ? « J’avais même pas dix ans bon sang, j’y connaissais rien, j’ai raconté ce que j’ai vu. » « Et tu l’as entraîné dans ta folie vengeresse. » « J’ai entraîné personne ! » « Tu es retournée chez les moldus non ? Je t’avais dit vas-y pas et toi qu’est-ce que tu as fait ? » « T’es en train de dire que c’est ma faute ?! » Il ne se rendait pas compte que ça faisait mal, que c’était à vif et que ce n’était pas le moment de me prendre à rebrousse poils ?« Je dis juste que si tu n’avais pas mis les pieds dans ce monde moldu pour retrouver l’odeur d'un loup-garou. Rien de tout cela serait arrivé. » « Tu sais quoi. VAS TE FAIRE »C’en était trop pour moi. Je prenais ma veste avant de me diriger vers la porte « Tu vas où ?! » « LOIN DE TOI. JE VEUX PLUS JAMAIS TE REVOIR. JE TE DETESTE ! » Et je le détestai depuis le début quand j’y pensais, lui qui m’avait empêché de vivre la vie que je voulais tout ce temps, tout ça pour une promesse dont je me fichais vu que ma mère, moi je ne l’avais jamais vu et qu’à mes yeux, elle manquait carrément de tempérament. Je passais à peine la porte quand un tourbillon tricolore grimpa sur mon épaule, on s’en sortirait très bien toutes les deux.

J’abandonnai au passage ce nom de famille que je détestais pour prendre celui de Georges, les Beurk, ce n’était pas ma famille, moi j’étais une Whitefield. Et moi, j’avais une mission, un but et j’étais presque prête.