Leona. Un prénom qui résonne dans tes veines. Un prénom choisi par ta mère qui pensait que cela te donnerait de la force.
Tu es née dans la famille des Wright, un nom qui respire la noblesse anglaise. Petite dernière d’une fratrie de trois enfants, ta mère a cru bon de te donner un nom empli de signification. Leona, la lionne née sous le signe du Lion. C’était forcément un signe : tu étais vouée à faire de grandes choses ! S’ils savaient…
Tu étais ce qu’on peut appeler une enfant turbulente. A aimer courir partout, embêter ses ainés, les tanner pour qu’ils viennent jouer… Avant de partir en courant dès qu’on essayait de t’attraper. Une véritable anguille pour le coup. Tu aimais grimper aux arbres, il était même difficile de t’en déloger une fois que tu étais en haut de ton perchoir. On a vite arrêté de compter le nombre de fois où tu es revenue avec les genoux et les mains écorchés. Tu aimais juste ce que tu pensais être la liberté. Mais quand on est enfant, de simples détails peuvent ressembler à la liberté. En grandissant, on se rend compte que ce n’est pas aussi simple.

A l’école, tu ne tenais pas en place. C’était un besoin de bouger qui t’habitait pour le coup et les instituteurs avaient toutes les peines du monde à retenir ton attention. Mais tu avais la chance d’être plutôt douée.  Alors tu continuais comme tu l’avais toujours fais. Mais un jour, il a bien fallu qu’un accident arrive. Tu avais dix ans lorsque tu as fais une mauvaise chute. Voulant échapper à ton frère qui tentait de t’attraper, tu étais à nouveau grimpé dans un arbre. Tu l’avais un peu cherché en même temps cette course poursuite alors tu ne pouvais t’en prendre qu’à toi-même. Et là, ce fut la chute. Direction l’hôpital, et le verdict tomba : fracture du radius. Donc pour parler sans les termes médicaux et avec les souvenirs que tu en garde, tu avais une fracture de l’avant-bras et ne pouvait bouger le poignet. On pouvait donc oublier l’escalade pendant quelques temps ! C’est a ce moment que tu as commencé à t’intéresser à l’anatomie. Oh rien de bien poussé, tu regardais surtout l’emplacement des os du corps humain. C’était de la simple curiosité pour tenter de comprendre que les médecins avaient voulu expliquer.

Ce n’est qu’une fois arrivée au lycée que tu t’es vraiment intéressée à la médecine. Tu avais trouvé ta vocation. Mais tu avais évidemment compris qu’il fallait que tu y mette du tien. Tu as donc étudié d’arrache-pied. Tu savais que tu voulais partir en médecine une fois ton diplôme en poche et rien d’autre n’avait d’importance. Première de ta classe en dernière année, tu étais fin prête pour entamer des études de médecine. Mais tout de même, avant de t’engager dans les études, tu préférais voyager.  Parce que tu savais bien que les notes ne suffisaient pas pour entrer dans une université, que cela ferait toujours mieux sur ton dossier d’être partie ailleurs, quitte à choisir un pays anglophone. Tu pourrais toujours trouver un stage là-bas ou faire du bénévolat. Tu voulais vraiment mettre toutes les chances de ton côté pour entrer en médecine. Et le choix tomba alors sur les Etats-Unis, direction le Connecticut !

New Heaven, Connecticut ◊ 1991


C'est pour cette ville que tu t'es décidée. Le nom sans doute qui t'inspirait. Tu ne te doutais par contre pas à tout ce qui t’attendait. D’abord il a fallu trouver l’hôpital pour ton bénévolat. Ça a été la partie la plus facile. Tes ambitions n’y étaient pas pour rien pour le coup. Trouver le logement ? Tu avais déjà trouvé quelque chose avant de partir donc tu t’en tirais plutôt bien. Certes, l’argent que tu avais pu avoir de côté risquait d’y passer. Mais tu avais ton petit appartement, tu te débrouillais. Il allait par contre falloir que tu trouves un emploi dit alimentaire et que tu arrives à te lier aux gens pour ne pas toujours rester dans ton coin. Pour le petit emploi, tu as pu trouver au bout d’un mois de recherche. Il faut croire que les jobs de vendeuses sont monnaie courante. Et malgré tout, tu arrivais à faire du bénévolat à l’hôpital.

C’est là-bas que tu as découvert ton attrait pour les armes à feu. C’est tout de suite plus facile en même temps dans un pays où le port d’arme est quelque chose de très commun. Tu as tout de même mis du temps pour t’y faire. Ce n’est, de plus, pas là-bas que tu as eu ta première arme. Mais c’est tout de même là-bas que tu as fais tes premiers pas en centre de tir. Il y eut d’abord la découverte de toutes les armes. Tu as essayé un peu tout. Et seulement ensuite tu as pu voir un peu plus tes préférences. Etrangement, tu appréciais grandement la précision du fusil sniper. Ta seconde arme de prédilection était plutôt dans les armes de poing. Tu devenais donc capable de te défendre mais aussi de tuer à distance. Qui eu cru que tu pourrais devenir dangereuse à ce point juste en te rendant aux Etats-Unis…

Mais tu y es aussi tombée amoureuse. Il était tout ce dont tu rêvais, il avait un nom des plus significatifs. Warren, un nom plein de sens ici. Et au départ pourtant, rien ne te destinait à lui. Il venait au même centre de tir que toi. Tu as donc commencé à le voir souvent. Et puis un jour, il a décidé de jouer les provocateurs. Cela a fini en petit concours de tir entre vous deux. Tu as finis par en avoir assez et tirer dans sa cible. Et c’est comme cela que vous vous êtes rencontré avec Alexander Warren. C’était quelque chose de presque sauvage entre vous. Il aurait pu ne restait qu’une passade. Mais il a finalement été bien plus que cela. Lorsque tu as parlé de ton retour en Angleterre, il ne lui a pas fallu longtemps pour décider de te suivre. Alors, il est venu avec toi. Il est rentré avec toi et est resté. Moins d’un an après, tu lui disais oui et tu quittais ton nom de Wright pour devenir Warren. Tu avais à peine 20 ans, la vie devant toi avec ton mari. Tu ne pouvais pas demander mieux.

A ton retour tu avais tout de même rapidement reprit tes études et avais été accepté sans mal dans une école de médecine. Ce fut aussi une période où Alexander et toi vous êtes retrouvé impliqué dans une guerre secrète. Vous aviez votre vie de couple, vous aviez vos études et emplois… Et vous aviez la chasse aux sorcières. Votre vie était réglée comme du papier à musique. Le bonheur fut complet lorsque tu tombas enceinte. Il ne manquait plus que cela pour compléter vos vies au final. Mais un grain de sable décida de se glisser dans les rouages pourtant si bien rodés. Alexander paya le prix de la chasse. Tu passais ton temps à tourner en rond. Tu ne pouvais plus te mouvoir autant que tu le voulais. Ta grossesse commençait à se voir alors évidemment, plusieurs membres de ton entourage c’était mis en tête de te protéger. Alexander évidemment mais aussi ton frère et ta sœur. L’un des inconvénients d’être la petite dernière il faut croire…

On fini cependant par retrouver ton mari. Mais il n’était plus le même. Il était physiquement là mais semblait avoir été vidé totalement de son âme. Tu étais enceinte de six mois lorsqu’on l’a retrouvé. Et tu as espéré que ton ventre rond l’aiderait à tenir, qu’il allait se remettre. Mais c’était peine perdu. Il a tenu deux mois à peine avant de décider de mettre fin à ses jours. Et toi tu te retrouvais seule. En études de médecine, proche du terme de ta grossesse. Tu sombras peu à peu dans la dépression. Tu n’étais plus que l’ombre de toi-même. Mais tu ne pouvais pas abandonner ! Et pendant ce temps, la vengeance distillait son venin dans tes veines.

Tu eus un fils. Mais incapable de t’en occuper et ne supportant pas l’idée qu’il devienne une cible dans cette guerre encore inconnue du plus grand nombre, tu l’abandonnas. Evidemment, tu n’avais pas pu cacher cette grossesse. Il n’en fallu pas plus à la famille Mackenson pour te le faire remarquer, de manière acerbe. Tu cherchas le soutien des tiens. En retour, tu as eu droit à un beau-frère qui te répliqua que le petit aurait pu être un Mackenson. Finalement, l’abandon avait sans doute été la meilleure des solutions, il aurait peut-être une chance d’échapper à toute cette folie.

A partir de là, la vengeance commença à t’habiter. Tu voulais détruire ce monde qui t’avait enlevé les tiens d’une certaine manière, sans même te douter qu’il allait t’enlever encore bien plus. Alors tu t’es jetée à corps perdu dans les études et la chasse. Tu t’es mise en tête de soigner ou d’anéantir les sorciers. Parce que pour toi, ce n’est rien de plus qu’une maladie cette capacité qu’ils ont de pouvoir jeter des sorts et utiliser ces baguettes. En plus tes études pour devenir chirurgienne, tu faisais des recherches sur la génétique. Tu étais appliquée mais dormais peu par moment. Tu voulais surtout avancer sur tes recherches. Mais étrangement, tu tenais le coup. Comme si une force invisible te maintenait éveillée. Juste pour que tu puisses continuer tes recherches.

Cette période ne fut qu’une alternance de recherches, nuits de garde au London Hospital et chasse aux sorcières. Mais finalement, tu as réussi. Tu as tenu le coup et après avoir obtenu brillamment ton diplôme, voilà que tu devenais résidente en chirurgie cardiaque. Evidemment, tu ne ménageais pas tes efforts. Tu as fini par ne plus compter les opérations que tu as pu réaliser. Et tu a continué depuis ce jour. Mais tu avais tout de même un peu plus d’ambition que cela. Tu voulais devenir cheffe du service. Parce que tout de même, cela reste un certain prestige. Et même si ton salaire était des plus alléchants, ce que tu voulais c’était du temps pour étudier les sorciers.

Tu as continué ta petite vie. Chasse, recherches, opérations et gardes de nuit à l’hôpital. Tu ne laissais aucun homme entrer dans ta vie, pourtant veuve depuis environ six ans. Oh évidemment tu as eu quelques aventures mais jamais quelque chose de bien sérieux. Parce que déjà, tu ne voulais pas impliquer quelqu’un d’autre dans cette guerre. Et d’une certaine manière tu étais toujours hantée par le souvenir de ton mari. Tu te sentais coupable de sa mort parce que sans toi, il n’aurait peut-être jamais chassé les sorcières. Il n’aurait jamais subi des choses dont tu n’avais même pas idée puisqu’il n’en a jamais parlé. Et puis tu approchais de la trentaine, tu avais déjà prouvé que tu n’avais pas besoin d’homme dans ta vie et tu continuais de forcer le respect dans le centre de tir où tu te rendais régulièrement.

Seulement, la vie allait te prouver qu’elle n’en avait pas encore fini avec toi. C’était une nuit comme les autres. Une chasse semblable à toutes les autres. Il était fait comme un rat, il aurait dû mourir ! Il n’aurait pas dû pouvoir fuir. Mais pourtant, les choses ont mal tourné. Tu as vu ta sœur mourir sous tes yeux. Et c’est là que tu as commis une erreur. Aveuglée par ta colère et ta tristesse, tu as manqué ta cible. Tu l’as raté mais tu as vu son visage. Il est gravé dans ta mémoire depuis lors. Tu avais perdu ta sœur. Ton soutien, un de tes piliers dans cette vie. Tu te fis alors la promesse de la venger. Ce sorcier, tu te le réservais. C’était devenu une affaire personnelle, tu allais lui faire la peau. Mais tu ne comptais pas le tuer simplement d’une balle dans le crâne. Non, tu voulais qu’il souffre. Qu’il souffre comme tu as toi-même souffert. Et pourquoi pas, trouver le moyen de le priver de ses pouvoirs pour l’obliger à vivre comme n’importe quel être humain.

Quarante-cinq années que tu foules cette terre. Et depuis plus de la moitié de cette vie, tu es veuve. On pourrait croire que c’est long, pourtant tu t’en accommodes plutôt bien. Tu te sens totalement libre de faire ce que tu souhaites, sans ressentir la moindre contrainte de la part d’un homme. Tu as ton chez toi en plein Kensington depuis maintenant quinze ans et tu ne comptes pas en bouger. Tu n’as jamais refais ta vie avec un homme, pas d’enfant depuis celui que tu as abandonné. Mais évidemment, cet abandon n’est un secret pour personne dans ton entourage. Alors tu reportes totalement ton instinct maternel sur tes nièces. Peut-être plus que de raison. Peut-être plus sur Artémis qui a approximativement le même âge que ton fils. Tu veilles de loin, ne te rendant plus autant sur le terrain qu’auparavant. L’âge sans doute me direz-vous. Mais non, tu préfères par moment te concentrer sur tes recherches, pour pouvoir éradiquer ce mal qui a déjà fait tant de dégâts dans ton entourage.

Professionnellement parlant, tu as obtenus ce que tu voulais, devenant chef de ce service dans lequel tu officies depuis déjà plusieurs années. Que demander de plus ? A part l’impossible peut-être…
Tu n’oublies pas ceux qui sont tombés au combat. Tu n’oublies pas ton objectif. Tu n’oublies pas la cible qui subira ta vengeance.