Le mois d’Août allait enfin arriver. Raphaël avait prévu de passer une semaine ou deux avec sa famille en France pour le début du mois et à la fin du mois de Juillet. Il ne les avait pas vu depuis longtemps et même s’il n’en souffrait pas, la famille c’était important et il se devait de faire ça pour eux. Le jeune homme soupira en regardant sa piaule : il fallait ranger avant de partir. Il s’y retrouvait facilement dans son bordel, mais si les autres colocs avaient des invités et qu’ils rentraient par mégarde dans sa chambre, qu’il ne se tape pas la honte. Pendant un instant, il fut tenté de tout cacher sous le lits, de telles sortes que au premier coup d’oeil, la pièce ait l’air d’être rangée, mais il se ravisa rapidement : ce n’était pas sérieux.

Il entreprit donc de ranger sa chambre, mettre ses livres à peu près droits sur ses étagères, plier les fringues qui étaient en boules, jeter les papier et les emballages qui traînaient. Une fois terminé, il s’installa tranquillement à son bureau pour regarder dehors. Il soupira : il pensait pas qu’il avait tant de choses à faire. Il venait de boucler sa valise, il ne lui restait plus qu’à se rendre à la gare pour prendre le train. Il avait le regard vide pendant qu’il se remémorrait mentalement le trajet qu’il devait faire pour retourner chez ses parents. Il n’observait rien de particulier, jusqu’à ce que son attention soit retenue par du mouvement à la fenêtre d’un appartement en face.

Il y voyait un enfant, sept ou huit ans maximum mais à vrai dire, Raphaël ne savait pas donner un âge à quelqu’un et encore moins un enfant. Dans tous les cas, c’était un gosse. Il avait un déguisement de sorcier : Chapeau pointu bleu, et manteau rouge. Jusque là, rien qui ne puisse choquer le jeune homme, c’était Carnaval en retard, ou Halloween en avance. Ce qui perturba Raph, ce n’était pas non plus le fait que le gamin s’amuse à agiter ses bras comme s’il utilisait de la magie, mais c’était le fait qu’il y avait un meuble qui bougeait dans l’appartement. Merde. Il était désormais témoin d’une activité douteuse s'apparentant à de la magie. Qu’est-ce qu’il devait faire ?

Il baissa le store. Il avait décidé de ne rien voir. Aucune bibliothèque ne s’est déplacée par magie. La politique de l’autruche, il faisait comme les enfants qui mettent leur mains devant leurs yeux pour se cacher “Il peut pas me voir si je le vois pas”. Ce que le jeune homme ignorait, c’était que s’il avait continué d’observer la scène quelques minutes de plus, il aurait vu l’un des parents de l’enfant se relever et féliciter sa progéniture pour ce faux exploit de déménagement magique. Mais ça, Raphaël l’ignorait, il était désormais tourmenté par ce qu’il pensait avoir vu. De toutes façon, il devait y aller. Il ne devait pas rater son train !

Après avoir étreint Samuel et Artémis et serré la main à Thomas, il prit tranquillement la route pour la gare. Il était parti avec énormément d’avance, mais il voulait penser à autres chose. Mais c’est terrible d’essayer de penser à quelque chose d’autres. Quand on ne doit pas penser à quelque chose, on n’y pense forcément. Y’a toujours quelque chose qui rappelle ce quelque chose, et quand ce quelque chose… Non, les pensée de Raphaël n’étaient pas claires pour expliquer le phénomène. C’est comme si il ne fallait pas penser à un Citron par exemple, inéluctablement on ne peut pas s’en empêcher. Ou alors c'est comme éviter de penser à… Et MERDE.

«I just Lost THE Game !» dit-il à voix haute à qui voulait bien l’entendre.

Il eut le droit à quelque insultes amusées auxquelles il ne répondit que par un haussement d’épaules et un air désolé. Il ne savait pas trop ce qu”il ferait chez ses parents. Jouer sur le PC bien évidemment, et peut-être un peu à la console. Quoi d’autre ? Manger ? Oh oui, manger ! Les plats de ses parents lui manquaient terriblement. En dehors de la junk food, il n’avait rien trouvé à son goût à Londres, si ce n’est les célèbres Fish & Chips qu’il trouvait affreusement surcotés. Il continua son trajet jusqu’à Lyon en imaginant les différentes activités qu’il pourrait faire une fois rentré. Et il en conclut qu’il allait bien s’emmerder quand même. Depuis qu’il était en Angleterre, il n’avait presque plus de contact avec ses amis Lyonnais, et c’était la période où ils allaient partir en Vacances.

Son séjour chez ses parents se passa à peu près comme il l’avait prédit : quelconque. Il avait passé la plus grande partie de son temps à jouer, même s’il avait fait quelques sorties avec sa famille au Parc. Ils sont même allé voir ensemble “Le Roi Lion” au cinéma. Raphaël avait adoré la qualité de l’image, même si il y avait des incohérences entre le son et l’image, il avait trouvé le Film agréable et divertissant. La date de son retour en Angleterre approchait, et sa famille commençait à lui mettre la pression pour qu’il n’y retourne pas. En effet, ils avaient eu vent des incidents à Régent’s Park en février, comme le monde entier en fait (Raph s’est bien gardé de leur dire qu’il était présent à la fête foraine ce jour là) ainsi que du nouveau gouvernement Britannique.

«Une troisième Guerre est sur le point de nous tomber dessus ! On te préfère proche de nous»

Mais même si ses parents étaient inquiets, il le jugèrent assez grand pour décider ce qu’il voulait faire, et Raphaël ne comptait pas quitter ses seuls vrais amis. Et il avait encore tellement de projet à accomplir ! Quand il se coucha ce soir là, il se repensa à ce qu’il avait vu avant de partir. Une troisième guerre… Il avait lu différents articles sur des sites douteux qui parlaient de camps de concentration Britannique pour les sorciers. Info ou Intox ? Il l’ignorait. Mais est-ce qu’un enfant, qui n’a rien fait de mal si ce n’est exister et naitre avec quelque chose de différents des autres gens méritent d’être dénoncé ? Dénoncé pour quoi faire ? Un simple recensement ? Le pauvre étudiant était tellement perdu, qu’il ne savait même pas s’il y croyait. Un gosse putain…

Il prit son téléphone et écrivit un message. Il avait déjà prévenu Leah qu’il serait chez ses parents pour le début du mois d'Août. Il espérait  qu’ils pourront se voir à son retour, parce qu’il ne pouvait pas garder ça pour lui et son amie saurait le conseiller, enfin, il l’espérait.

Les derniers instants chez sa famille fut un véritable calvaire. Déchiré, il était un homme partagé, déchiré. Il ne savait toujours pas ce qu’il devait faire à propos de l’enfant. En plus de ça, bien que compréhensive, sa famille continuait de tenter de l’inciter à rester en France. La situation le mettait mal à l’aise et il tentait donc de se réfugier dans le jeu pour ne pas penser à ses problèmes. Malheureusement ces derniers venaient le chercher le soir quand il se couchait, l’empêchant de dormir et le forçant à remuer sans cesse la même question : Qu’est ce qu’il devait faire ?!

Il prit le train avec des énormes cernes sur les yeux qu’il avait à force de jouer tard le soir et de ne avoir un sommeil reposant. Il se regarda dans le reflet de la vitre, il soupira :
« Ma mère m’a toujours dit qu’un jour je f’rais quelque chose de ma vie, elle s’imaginait pas que ça s’rait en zigouillage de zombies sur des jeux, et elle d’vait encore moins s’douter que j’en d’viendrai un moi même... »

Désormais, il ne lui restait que quelques semaines de vacances, et il avait des problèmes à régler.