Voici l’histoire de vie d’Amaury de Lestang, jeune sorcier de dix-neuf, en première année d’études supérieures dans la filière droit magique à l’université de Londres.

Son chemin débute un soir de liesse, les éclats de rire, les verres qui s’entrechoquent, les sourires radieux, la musique, on aurait pu croire que tous ces gens de provenances diverses fêtaient la venue au monde du jeune de Lestang et de sa sœur jumelle. En réalité, la fête s’est finie très tôt pour les parents d’Amaury. En effet, Irène Chevalier, devenue de Lestang suite à son mariage avec Antoine de Lestang, n’attendait pas les jumeaux avant le 15 janvier, mais ceux-ci ont décidé qu’ils étaient temps de venir gonfler les rangs de cette famille en exil. En effet, Amaury et sa sœur jumelle, Elise, sont venus au monde à l’hôpital de Sainte-Mangouste, donc en Angleterre, le 1er janvier 2000, aux alentours d’une heure du matin. Pourtant, me direz-vous le patronyme ne sonne pas franchement « English » hein. Eh bien, c’est normal, parce que cette chère Irène, tout en écrasant avec amour les doigts du père de ses enfants, se permettait quelques insultes françaises bien placées, afin de démontrer sa …comment dire…contrariété quant au fait qu’elle était la seule à souffrir par sa faute. Il faut dire que la pauvre femme a dû se contenter du pauvre champomy durant toute la soirée, à voir les autres s’éclater alcooliquement parlant – sans doute trop, vu l’état de certains. Si l’on revient à nos moutons, madame et monsieur de Lestang avaient jugé bon de quitter les terres de France, afin de vivre leur amour en toute sérénité étant donné que la famille côté paternelle ne voyait pas cette liaison d’un bon œil. Toujours, est-il qu’Antoine préférait largement couper les points avec sa famille pour vivre avec la femme de sa vie et surtout en ce grand jour la mère de ses enfants.

C’est sans aucun doute à partir de ce moment-là, qu’il a dû commencer à regretter sa décision. Bien que tous les deux soient parfaitement conscients d’avoir à préparer deux prénoms, car visiblement il y en aurait deux de gosses à élever, il ne s’attendait pas à ça. Non parce que lui, il trouvait mignon quand sa femme râlait en disant que les mioches s’activaient beaucoup et ne s’arrêtaient que rarement. On ne peut que concéder ce point-là, caresser un ventre qui bouge c’est plus sympa que de porter un môme durant des heures parce qu’il hurle. Eh oui, si le petit Amaury restait calme et patientait toujours avant l’heure du biberon, ce n’était clairement pas le cas de sa petite sœur, Elise. Peut-être serait-ce la conséquence au fait que bébé Amaury ait poussé son premier braillement une minute trente avant elle. Déjà à l’époque la petite blonde n’appréciait pas la deuxième place. Alors forcément pour éviter de fortes crises de sa part, les parents campent sur la position du « vous êtes nés à la même heure, même minute, même seconde. ». Franchement, Amaury n’étant pas né de la dernière pluie, se doute bien que c’est lui l’aîné et puis c’est tout. Bref, pour tout dire, si effectivement bébé sœurette souhaitait faire connaître sa voix, son frère ne voyait pas d’autres solutions que d’y mêler la sienne – la solidarité que voulez-vous.  De ce fait, les parents se retrouvaient avec deux enfants essayant de leur transmettre un message, sauf que la langue bébé, bah Antoine de Lestang il ne la parle pas, lui.

Revenons-en sur le lien unissant les deux enfants, voulez-vous ? Des jumeaux, de vrais jumeaux. Ah même au niveau fœtus, ils ne se quittaient pas tous les deux et ça n’a jamais changé encore à l’heure actuelle. Mais lors de leurs premiers jours, premiers mois, premières années de vie, les deux petits ne se lâchaient pas d’une semelle. D’ailleurs, les parents avaient très vite compris que le coup de je fais garder un gamin ici et un autre par-là, ce n’était pas la solution pour qu’ils puissent se reposer. A peine avaient-ils déposé l’un des jumeaux qu’ils se mettaient à hurler en permanence jusqu’à se retrouver. Ce lien si fort avec sa petite sœur donnait toujours l’impression à Amaury de ressentir ses frustrations, sa peur ou sa joie. Les années de vie passaient et les petits passaient par les différentes étapes d’évolution d’un enfant. Malgré les légères différences sur un tel point ou l’autre, dans l’ensemble, ils semblaient s’attendre avant de faire d’acquérir l’étape. Les parents furent largement soulagés lorsque les petits se mirent à marcher, se bousculer, se retenant, la démarche peu sûre et titubante. Mais le répit n’était que de courte durée, car à ce moment-là, deux monstres se baladaient dans la maison familiale. Ils comprirent vite que finalement les deux petits allaient leur pourrir la vie quoi. Les jumeaux, eux, ne voyaient pas le même et s’enrichissaient de la présence des facultés de l’autre.

Chacun représentant le tout de l’autre.
Ils partageaient tout.
Enfin, peut-être pas tout, non plus.
Non vraiment pas tout, c’est clair.

Peu de temps après leur naissance, alors que les petits jouaient tranquillement sous la surveillance avisée de leur mère, leurs grands-parents du côté maternel évidemment, apportèrent deux peluches. A cet instant-là, ils ne se rendaient pas bien compte de la gaffe monumentale. Je vous rassure, ce n’était qu’une erreur de débutant. En effet, une fois les deux petits peluches, belles et douces, transmises aux enfants, le point de non-retour fut atteint. La première peluche, un petit lynx tout mignon, revint à Elise, malgré le peu de ressemblance entre eux – quelle idée. Quant à Amaury, il reçut un …puissant animal, élégant, vif et fort que l’on nomme mammouth. Oui, vous le sentez venir le drame hein ?  Clairement, le petit Amaury a décidé, comme ils sont jumeaux, qu’Elise devait partager son lynx avec lui, surtout que le mammouth il craignait un peu. Non puis, le garçon a eu un coup de cœur, ça ne se contrôle pas, ou alors il voulait juste piquer la peluche favorite de sa sœur – ce n’est pas toujours des lumières à ces âges-là. Cette erreur flairée par les de Lestang, poussa leur père à rectifier le tir avant que les pleurs des enfants en crise ne fassent débarquer la police. Antoine de Lestang prit sur lui de se rendre dans une boutique moldue afin de donner en mains propres un petit lynx à son rejeton préféré. Croyez-le ou non, Vanille et Orange ont toujours leur place dans les chambres des enfants.

Bon, cette anecdote démontre que les enfants n’en restent pas moins un frère et une sœur férus de ces chamailleries habituelles et ce, depuis leurs premiers jours. Cependant, malgré cette jalousie évidente, il faut bien avouer que les petits savaient faire preuve d’une cohésion à toute épreuve notamment lors des nombreuses bêtises et des regards noirs de leur mère ou de l’air pincé de madame Simmons. On le comprend donc bien, les petits de Lestang aimaient rendre dingues leurs parents et leur nounou en utilisant la bâtisse familiale comme terrain de jeux géant. Oh tout y passait et les bleus se faisaient nombreux sur leurs peaux sensibles mais ils s’amusaient plutôt bien. Et puis, madame Simmons le dirait ces deux petits parvenaient toujours à la surprendre avec une nouvelle bêtise. Les ingénieux chahuteurs restaient de ce fait le sujet favori de leur mère et leur nounou, lorsqu’elle prenait la relève. Les jumeaux ne voyaient pas ce qu’il y avait de si drôle à raconter la façon dont ils avaient lamentablement échoué à jouer à la Grande Guerre des sorciers avec les baguettes de leurs parents. Forcément, ils furent punis. Amaury échappa de peu à la fessée car il refusait de lâcher la baguette. Oui, son père ne voulait pas partager avec son petit héritier visiblement. Et tout cela, parce qu’effectivement la maison s’était un peu transformée en véritable champ de bataille, mais c’était le but, non ? Les adultes n’avaient rien compris.

A l’âge scolaire, madame de Lestang décida que les enfants devaient rejoindre l’école primaire du coin, afin qu’ils s’intègrent aux autres enfants et surtout qu’ils ne finissent pas ignorants comme la majorité des sorciers sangs-pur. Monsieur de Lestang n’appréciait pas du tout cette lubie de sa femme, déjà que depuis leur naissance, il acceptait qu’elle leur montre les différents films, musiques, livres qui berçaient les enfances moldues, mais rejoindre une école remplie d’êtres non magiques restait hors de propos. Pourtant, Amaury se retrouva affublé d’un sac à dos contenant des affaires d’école et un goûter trop rapidement à son goût. Le garçon voyait bien que son père déclinait toute responsabilité et ça ne l’incitait pas à accepter de se rendre à l’école avec Elise, même la promesse d’un gâteau au chocolat de madame Simmons n’y changeait rien. Mais, Amaury n’avait pas voix au chapitre. Très vite, le garçon fit le tour des apprentissages que pouvaient fournir une classe de primaire. Il s’ennuyait et aurait préféré apprendre la magie tout de suite plutôt que d’attendre onze ans. Puis, le garçon a commencé à trouver une utilité à l’école, rencontrer des amis ou des larbins à choix et surtout jouer avec eux à la balle. Il y devint vite accro à ces sports de moldus, à tel point que son père ne perdit pas de temps pour lui mettre un balai dans les mains et l’initier au Quidditch, sous le regard amusé de sa mère. Après c’est sûr qu’il regardait le ballon d’un ami avec un air dédaigneux. Il pestait de ne pouvoir en parler avec eux de leur montrer que son monde à lui serait toujours au-dessus.

Oh, les devoirs, quelle plaie !

Déjà que durant une journée entière, on le bassinait avec des problèmes auxquels il avait envie de répondre qu’en utilisant une baguette ça n’en serait plus un, mais voilà qu’en rentrant de l’école, il devait s’y coller à nouveau. D’autant qu’Amaury ne comprenait pas l’intérêt de devoir s’exercer lorsqu’on maitrisait déjà largement le sujet. Bien sûr, les deux enfants, toujours complices, saisirent que pour survivre il leur faudrait ruser et s’allier ! Depuis leur naissance, les gens confondent leurs deux bouilles d’ange blond aux yeux bleus pratiquement identiques. Alors, lorsqu’un professeur utilisa le mauvais prénom pour interpeller l’un des jumeaux, le plan fusa dans leurs esprits rebelles. Amaury, avec ses cheveux longs, n’avait pas de difficultés pour se faire passer pour sa jumelle et il en allait de même pour Elise, il leur suffisait d’échanger leurs vêtements dans la salle de bain. Ils s’en sortaient bien les deux petits démons, ni vu, ni connu, sans user de magie. Ainsi, ils se permettaient de s’octroyer de petites pauses ou simplement de profiter des cours les intéressants réellement. Leur mère émit quelques doutes auxquels les enfants répondaient d’un sourire angélique en expliquant même à quel point ils a-do-raient l’école pour moldus. Pas vu, pas pris, comme dirait une petite sorcière.

Pendant qu’Elise se cherchait une âme de grande musicienne avec une flute, Amaury avait été convié à s’essayer au piano. Ah, c’était la grande époque. Mais les jumeaux sentaient bien que leur père perdait patience avec ces inutilités comme il tentait d’argumenter son point de vue à sa femme. Témoins de ce désaccord, les enfants ne se contentaient pas de subir en toute fatalité. Ah non, ils exprimèrent leur frustration au vu de la non reconnaissance de leur talent musical. Malgré tout cela, s’entraidant toujours dans la même dynamique avec Elise, les bulletins des jumeaux restaient exemplaires et complètement normaux. Oh, les professeurs se méfiaient notamment lorsqu’il se passait des événements étranges en classe. Sa mère, moins dupe, n’hésitait jamais à leur remonter les bretelles, ce qui avait tendance à refreiner leurs manigances. Amaury restait certain que son père était fier de lui et d’Elise et de l’ingéniosité dont ils faisaient preuve. Ah bah clairement, les enfants n’en restaient pas moins de futurs sorciers convaincus que seul le monde des sorciers leur permettrait de réellement s’épanouir.

A ce propos, les premières questions commençaient à passer outre les lèvres des enfants. Ils voulaient connaître leur monde et surtout leur famille. Ce sujet restait relativement tabou et ils ne voyaient que très peu souvent leur grand-père et leur grand-mère maternelle, ce qui les attristait. Alors, jugeant qu’ils étaient assez grands, les jumeaux partirent en vacances avec eux, en Italie. Amaury en rêvait de ce voyage, l’aventure et surtout l’inconnu l’attirait. Ils pourraient découvrir de nouvelles choses et en apprendre d’autres afin de satisfaire sa curiosité grandissante. Malheureusement, ce fut un peu une déception, les habitants ne comprenaient ni l’anglais, ni le français et ce n’était pas faute d’avoir essayé de communiquer pour avoir des glaces gratos. Ayant sans doute trop écouté la mère des jumeaux, les grands-parents offrirent des cahiers de vacances aux enfants pour les occuper.

Hors de question.

Sans aucun doute, le garçon se lassa au bout de dix secondes avant de proposer à sa sœur, les yeux brillants, de partir en exploration, échappant à la surveillance de mamie qui tentait la sieste en plein soleil. A leur retour, accompagnés de la police, ils obtinrent le droit de regarder la TV, malheureusement des trucs moldus, qui semblaient plaire à Elise. Amaury fit l’effort de regarder pour elle mais clairement ça ne l’intéressait pas trop. Le hic, c’est lorsqu’ils voulurent changer de disque. Non parce que regarder le roi lion tout l’après-midi, très peu pour lui. Alors, il fit le paon en jurant qu’il savait comment faire pour insérer un nouveau DVD. Je vous le résume, il parvint juste à casser le lecteur et à se faire crier dessus par les grands-parents. Au retour de vacances, les jumeaux subirent un nouveau savon de la part de leur mère et celle-ci entreprit de combler les vides technologiques, se disant qu’ils ne pouvaient pas être de pires élèves que son mari de toute façon. Amaury faisait semblant de trouver tout ça inintéressant pour se montrer solidaire avec son père mais en réalité il adorait faire voler l’avion télécommandé de sa sœur. Il faut dire qu’avec une baguette, ça restait plus sympa mais pour le moment bah il n’en avait pas le droit donc bon il faisait avec les moyens du bord.

Puis, vint le temps de la fameuse lettre de Poudlard ! Ce jour-là, Amaury se mit à sauter partout dans toute la maison en hurlant qu’ils allaient à Poudlard. Il entraîna sa sœur avec lui et, c’est tous les deux, qu’ils réveillèrent leurs parents en fanfare. Le petit blond avait compris que l’école de sorcellerie voulait dire au revoir à l’école moldue et leurs jeux farfelus et sans aucun intérêt. Il décréta que ce serait un jour de fête. Les jumeaux ne perdirent pas de temps pour harceler leurs parents afin d’acheter leurs affaires scolaires et surtout, la petite baguette qui allait faire des étincelles. Sans aucun doute attendris par leurs propres souvenirs, les parents cédèrent sans trop de résistance. C’est ainsi que la petite famille se rendit sur le chemin de travers afin d’y réaliser toutes les emplettes nécessaires. Plus la date fatidique approchait, plus les jumeaux devenaient fébriles, ils allaient enfin découvrir la magie par eux-mêmes. Alors, il se peut qu’une fois les baguettes, les robes et les bouquins en leur possession, les gamins aient décidé de dévoiler l’étendue de leurs talents à leur grand-père. Encore une fois, leur père salua cette brillante initiative tandis que leur mère les sermonna qu’ils n’avaient pas intérêts de faire de la magie hors de l’école. Bon, en réalité, personne ne remarqua le côté expérimental et instructif de leur démarche, lorsqu’un parent terminait de hurler, le deuxième reprenait le flambeau. Bref, Amaury fut sacrément dégoûté, lui qui se voyait déjà un grand sorcier, voilà qu’on lui confisquait sa baguette fraîchement obtenue.

Le jour J arriva. La rentrée à l’école de sorcellerie de Poudlard.

Amaury trépignait d’impatience. Il avait hâte de découvrir le château et d’apprendre à employer la magie comme son père ne cessait d’en vanter les mérites. Ses yeux pétillaient. Il appréhendait quelque peu de se retrouver loin aussi longtemps de ses parents mais la présence d’Elise, à ses côtés, gommait très vite les inquiétudes. Contrairement à d’autres enfants, Amaury ne craignait pas la cérémonie de la répartition. Au contraire, à l’entente de potentiels duels contre des trolls, il en trépignait d’autant plus que de montrer à tous son talent brut. Bon, c’est très déçu qu’il apprit qu’il devait juste enfiler un chapeau qui parle, rien de fou quoi. Tout de même, cela voulait dire que le choixpeau était ensorcelé ou alors qu’il existait une marque de chapeau qui parle auquel cas il lui en faudrait un ! Il n’avait pas d’attente particulière quant à la maison à laquelle il se joindrait. Lorsque son nom fut nommé, il offrit un sourire rassurant à sa petite soeur qui devait être vexée de passer après lui, mais c’est ça quand on est l’aîné ! Bien que tout était la faute à l’ordre alphabétique donc elle pouvait toujours aller se plaindre à la direction de l’école. Dès le moment où ses fesses touchèrent le banc de sa nouvelle maison, le garçon sut que sa vie allait devenir carrément magique.

Le garçon n’eut aucun mal à se faire sa place au sein des autres sorciers de son âge. Il s’y plaisait dans ce château. Pour une fois, la quasi-majorité des cours l’intéressait et le passionnait. Ô miracle, Amaury écoutait en classe. Les jumeaux ne perdirent pas leur dynamique d’entraide comptant sur les forces et faiblesses de l’un et l’autre. De plus, il ne manquait pas de dévoiler peu à peu son caractère à l’ensemble de ses camarades ou professeurs. Il s’agissait peut-être d’une mise en garde de sa part ou tout simplement le naturel qui revenait au galop. Il comprit très vite qu’il pouvait être aussi dangereux et persuasif avec ses propos nappés de connaissances qu’avec sa baguette.

Mais un petit détail venait contrecarrer sa tranquille évolution - sa famille. Les autres sorciers de son année aimaient partager leur arbre généalogique à tout va. Amaury et Elise, eux, étaient bien vite coincés. Ils ne savaient rien sur les de Lestang et parler des Chevalier revenait à se tirer une balle dans le pied. Les jumeaux n’assumaient pas vraiment le fait d’avoir du sang de moldu dans leurs veines. Non pas qu’ils aient particulièrement quelque chose contre les nés-moldus mais eux, idéalisaient beaucoup trop les sangs purs comme leur père pour accepter totalement leur condition. C’est ainsi qu’ils décidèrent qu’ils avaient le droit de connaître la vérité sur leur nom de famille. Après tout, il s’agissait là d’un droit de naissance, leur père ne pouvait pas leur mentir éternellement. Le sorcier blond ressentait passablement d’agacement face à sa manière évasive ou parfois trop sévère de balayer leurs questions et bien sûr leurs petites personnes. Ensemble, les jumeaux décidèrent qu’ils trouveraient des indices et forceraient leur père à tout leur raconter. Alors, c’est ainsi qu’ils devinrent de véritables enquêteurs, en fourrant leurs nez partout, scrutant les moindres faits et gestes de leur père, récupérant ses courriers…etc.

Mais les années passaient et les enfants ne trouvaient rien à se mettre sous la dent comme si les de Lestang n’avait jamais existé pour leur père. En plus, comme ils passaient leur temps en cours à Poudlard, ça ne leur laissait que peu d’opportunités pour poursuivre les investigations. La mauvaise volonté de leur mère n’aidant pas non plus. Elle avait décrété que c’était à leur père de leur parler de sa famille et pas à elle. Oh, Amaury avait bien essayé de lui faire le thé, des gâteaux, il avait même tenté une recette française…rien à faire, une véritable tombe. Ah, ils ramaient les deux sorciers en formation et ça, ils détestent. Patience ? Ce mot n’existe pas dans leur vocabulaire, tout comme soumission. Plus leur père leur fermait les portes, plus la détermination des jumeaux se renforçait. Ils redoublaient de volonté et de stratagèmes pour découvrir les secrets bien enfouis de leur cher paternel. Forcément ce dernier ne comptait pas leur laisser le champ libre alors étrangement la petite famille se mit à partir en vacances. Pas dupes, les deux adolescents ne manquèrent pas de leur faire remarquer leur frustration et décidèrent de pourrir leurs vacances. Ils s’y prirent plutôt bien car les parents finirent par partir en amoureux et leur laisser la villa. Les jumeaux ne retrouvèrent le sourire que lorsqu’Elise tomba sur un petit chaton abandonné, qu’ils ramènent évidemment à la villa. On ne pouvait qu’imaginer qu’il s’agissait d’un coup du destin puisque leur parent refusait tout net d’entendre parler d’un animal, soi-disant que leur chouette suffisait largement.

Bref, c’était une nouvelle fois une erreur de sous-estimer les têtes blondes.

Le petit chaton élu domicile à la cave. Ils s’arrangèrent pour se relayer auprès de lui et le nourri discrètement. Amaury s’imaginait déjà ramener Magyar à la maison, lorsque leur père découvrit la supercherie. Quelle idée d’aller à la cave aussi. Bref, pris sur le fait, les gamins ne purent que feindre l’étonnement. Ben tiens, un chaton apparut comme par magie dans la villa ! Leur mère ne trouva pas le trait d’esprit d’Amaury drôle. On la connaît la chanson…hop punis et surtout le chat leur fut enlevé. L’état de siège fut donc déclaré par Amaury, il voulait les venger de cet acte de haute trahison. La menace de finir la semaine chez leurs grands-parents le calma rapidement, alors il afficha le masque de l’adolescent aigri typique en grognant dans son coin.

La guerre n’était pas perdue pour autant et ils ne s’avouaient pas vaincus.

Ce n’est que l’été suivant que la vérité éclata au grand jour. Les adolescents avaient planifié ce moment depuis plusieurs jours et n’attendaient que d’être seuls pour récupérer les documents que cachaient leur père, après avoir découvert sa cachette. Il faut dire qu’Amaury s’était dévoué pour rester éveiller plusieurs nuits d’affilée afin de repérer les emplacements. Une fois, tous les parchemins, lettres et photos en main, les gamins commencèrent à recomposer le puzzle de la vie de leur père. Les heures passèrent et les découvertes se faisaient pénibles. La réalité les plongea dans un drôle d’état. Ils ne s’attendaient pas à ça. Le garçon s’attendait à tout mais pas à ça. Leur père avait fui la France avec leur mère pour échapper à la volonté de son père. Derrière lui, il avait laissé sa famille et sa sœur. Ils semblaient si proches et pourtant voilà quatorze ans qu’ils ne s’étaient pas parlé. Pour le blondinet cette révélation était invraisemblable et il sentait que sa sœur baignait dans la même confusion. C’est ce moment-là que choisit monsieur de Lestang pour débarquer dans sa chambre. Oh, il n’eut pas besoin de poser de questions, la tête des jumeaux ainsi que le désordre autour d’eux confirmaient ses soupçons : ils savaient tout.

Amaury et Elise ne perdirent pas une miette du visage furieux et décomposé de leur père suite à leurs interrogations. Heureusement, madame de Lestang choisit ce moment pour revenir de son travail au ministère. Elle comprit très vite la situation et convoqua un conseil de famille dans le salon. Pris au piège, leur père prit sur lui pour leur raconter ce qu’il s’était passé avec sa famille. Amaury se renfrognait plus les faits étaient exposés. Dans sa tête, il ne pouvait s’empêcher de comprendre que si son père n’était plus le bienvenu auprès des Lestang, ça faisait d’eux des moins-que-rien – des pestiférés. Le jeune homme était troublé et en colère contre tous ces secrets et cette soi-disant famille. Ce soir-là, son discours au sujet des Lestang changea brutalement. Son nom. Leur nom. A quoi servait-il finalement puisque visiblement ni Elise, ni lui, n’étaient reconnus par leurs grands-parents ? Cela faisait vraiment mal de se sentir pas à sa place et surtout non désiré. Clairement, le blond avait espéré les rencontrer un jour et voilà qu’il apprenait que tout le monde s’en fichait de sa sœur et de lui. Apparemment, il n’existait que deux véritables héritières, leurs cousines françaises…
Le retour à Poudlard fut plus compliqué que ce qu’il n’y paraissait. Cette révélation avait ouvert une brèche dans le cœur du jeune garçon, chamboulant ses certitudes. Cela faisait mal de sentir tout à coup le rejet tout en restant dans une incompréhension totale sachant que le sujet restait fermé à la maison. Les jumeaux s’épaulèrent pour passer cette épreuve et finirent par se convaincre qu’ils étaient mieux sans eux. Le jeune garçon se ressaisit finalement, ce qui était plutôt une bonne chose car il s’agissait de l’année des BUSES. Il ne devait pas les manquer pour suivre les matières voulues en ASPIC. Amaury obtint de très bons résultats à ses BUSES ainsi que ses ASPIC haut la main. Il s’agissait donc d’une évidence pour lui de poursuivre ses études à l’université magique de Londres. Il se réjouissait déjà de suivre de nouvelles matières en droit magique, lorsque la mauvaise nouvelle tomba. Un élément indésirable et surtout digne d’une catastrophe de catégorie sept s’immisça dans leur avenir radieux.

Un nom. Un seul.
Adèle de Lestang.

En plus de pourrir leur héritage, voilà qu’elle débarquait en Angleterre sur leur territoire. Amaury n’en crut pas ses yeux et encore moins lorsqu’Elise lui annonça qu’elles partageraient la même filière. Forcément, sa jumelle s’empressa de divulguer l’information à leurs parents qui, étrangement, prirent plutôt bien la nouvelle. Le sorcier blond se demandait si son père allait aussi lui demander de lui faire visiter Londres. Non, mais il ne comprenait pas la gravité de la situation. A la limite, que les de Lestang pavanent en France d’accord mais pas chez eux, ça ne va pas non.

Et voilà que maintenant, ils allaient devoir garder un œil sur Adèle en plus de la guerre qui se profile à l'horizon, génial.