Avant de parler de notre cher Eljas Lehtonen, il est nécessaire de parler de ses parents. Otso Lehtonen était l’unique descendant de la famille. En ce sens, il devait donc perpétrer le sang. Les Lehtonen, puissante famille de sang pur, a toujours eu une place privilégiée dans la société. En Finlande, il n’était pas rare de voir une soirée organisée dans leur demeure familiale. Evidemment toujours avec des sangs purs, on ne mélange pas les torchons et les serviettes comme on dit. Otso a donc été élevé dans cette aversion des Moldus, dénigrant au passage les familles de sang mêlé. Il ne comprenait pas qu’on puisse accepter de salir son propre sang. C’est donc sans grande surprise qu’il fallut lui trouver une épouse d’un rang aussi élevé que le sien. Une sang pur, provenant de la bourgeoisie au minimum. Mais cela n’était pas chose aisée, monsieur ayant des goûts un peu particulier. Aucune demoiselle dans toute la Finlande ne trouva grâce à ses yeux. Entre temps, il parvint à obtenir une place au Ministère, grimpant peu à peu les échelons. Il était pourtant trop jeune pour ambitionner le poste de Ministre, se contentant pour le moment de tenter de se rendre indispensable pour le Magenmagot.

De son côté, Aurore était vu comme le vilain petit canard de sa famille. Il faut d'abord savoir que les Mercier sont une grande famille travaillant dans la joaillerie magique. Mercier est au monde magique ce que Cartier est au monde Moldu. Evidemment ce n'est pas Aurore qui aurait hérité de l'entreprise familiale mais c'est un patrimoine non négligeable. Petite dernière de la fratrie, elle n’avait rien de comparable à son frère et sa sœur. Là où toute sa famille prônait la pureté du sang, elle préférait se lier avec des nés-Moldus et des sang-mêlés. Ce genre de chose n’était pas pour plaire à son père qui souhaitait créer une alliance avec une autre famille. Malheureusement, la jeune fille n’avait pas la réputation souhaitée en France. C’est alors qu’on se mit à lui chercher un mari digne de ce nom dans d’autres pays. On faisait alors d’une pierre deux coups. On la mariait à un sang pur, permettant ainsi à la lignée de ne pas être souillée et en plus on avait la possibilité de l’envoyer très loin, permettant à tous d’oublier jusqu’à son existence. Cela pourrait sans doute sembler cruel. Pourtant, aucun choix ne fut meilleur, tant pour Aurore que pour sa famille. La jeune femme se retrouvait là avec une occasion en or de s’émanciper de ses parents.

C’est ainsi que Aurore rencontra Otso, en sachant qu’elle serait sienne. Les choses ne se passaient pas forcément comme elle l’avait espéré. Otso n’était pas un homme tendre. Il avait cette tendance à être distant. Malgré tout, il tentait de la comprendre pour mieux la faire changer d’avis au sujet des Moldus. Mais la française était du genre têtu. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, c’est ce détail qui fit tomber le finlandais sous son charme. Des sentiments apparurent doucement et une belle histoire commença à poindre. Certes, ce n’était pas toujours tout rose, Otso étant capable de se montrer violent et rétrograde. Pourtant, le mariage fut magnifique. Et aussi étrange que cela puisse paraitre, de cet amour éternel naquirent non pas un mais deux enfants. Aurore donna naissance à des jumeaux, un garçon et une fille. C’est ainsi qu’Eljas arriva et que dix minutes plus tard se fut Ariana qui pointa le bout de son nez.

A la naissance de ses enfants, Aurore s’est totalement consacrée à eux, les choyant. Otso, beaucoup moins présent, devint pourtant un père aimant. Il devenait complètement gaga devant ces deux petites têtes blondes. Les enfants ont grandi ensemble dans une parfaite harmonie. Evidemment, lorsqu’ils étaient tout petits les choses étaient assez simple. Pas besoin de nourrice ou quoi que ce soit, leur mère veillant sur eux. De son côté, leur père leur apportait des cadeaux régulièrement. Lorsqu’ils commencèrent à grandir, il joua même de plus en plus avec eux. Le père de famille qui ne se montrait pas toujours tendre avec son épouse était pourtant capable de se mettre à quatre pattes sur le sol, portant ses deux bambins sur le dos. Certes, il faisait toujours parfois preuve de violence envers Aurore. Mais la présence de ses enfants semblait lui apprendre la douceur. Eljas et Ariana ont donc eu un début de vie des plus heureux, entouré de leurs parents. Les choses changent pourtant facilement.

Le petit garçon était assez casse-cou tandis que sa jumelle était plus calme. Eljas a donc commencé à grimper aux arbres et à courir partout dans les jardins du manoir familial. Cela lui a valu quelques remontrances évidemment. D’abord de la part de son père qui s’attendait à ce qu’il se tienne tranquille. Et ensuite par son grand-père paternel qui en rajoutait une couche, le qualifiant d’enfant turbulent. Aurore ne supportait pas de voir son fils ainsi critiqué ce qui causa quelques disputes à la maison. Du haut de ses cinq ans, Eljas fut témoin d’une scène qu’aucun enfant ne devrait voir. Son père, ne supportant plus d’entendre les jérémiades de son épouse la gifla. Mais quand vous êtes un enfant et que vous assistez à une telle scène, il est difficile de garder une bonne image des femmes. Certes, je garçonnet aimait profondément sa mère. Il aimait tout autant sa sœur si ce n’est plus. Mais à partir de ce jour, il arrêta de se coller dans les jupes de sa génitrice. En revanche, il commença dès lors à protéger sa moitié. Le petit n’hésitait pas à se mettre devant sa sœur, montrant les poings si quelqu’un osait venir lui chercher querelles.

Pourtant, en grandissant il fallait séparer les petits. Aurore ne supporta pas cette idée. Mais il fallait qu’Eljas devienne un homme du monde, qu’on en fasse quelqu’un de puissant. Otso voulait que son fils travaille au Ministère et suive ses traces. Quant à Ariana, il fallait lui apprendre les bonnes manières et en faire une bonne épouse. Cela n’empêchait pas les deux enfants de trouver des combines pour se retrouver. Lorsque personne de les trouvait, leur mère savait toujours où les chercher. Quand elle les trouvait, Ariana se jetait dans ses bras en riant et Eljas restait en retrait. Cette petite graine venant ternir l’image qu’il avait de la femme était déjà planté et n’aurait de cesse de grandir à mesure qu’il grandirait avec elle… Otso avait fait de son fils un homme semblable à lui.

« Eljas vieeeens ! Il fait un super temps aujourd’hui pour aller patiner sur le lac ! » Il n’en fallu pas plus pour que le garçon de sept ans s’élance à la suite de sa sœur. Tous deux adoraient aller sur le lac gelé. S’il est bien une activité qu’ils aimaient autant l’un que l’autre, c’était le patin à glace, passion transmise par leur mère. C’est également un des rares moments où Eljas pouvait redevenir un petit garçon, un des seuls loisirs que son père lui autorisait, allant même jusqu’à en faire une vraie sortie en famille. C’était toujours un évènement quand toute la petite famille pouvait sortir. Ce jour-là, comme à l’accoutumée, les parents portaient les patins tandis que les enfants chahutaient joyeusement. Eljas lançait des boules de neige en direction de sa sœur qui allait bien souvent se cacher derrière les adultes, sachant qu’il n’oserait pas attaquer dans ces cas là. Evidemment, les deux courraient dans tous les sens et auraient donc dû être épuisés en arrivant près du lac. Mais non, ils avaient encore de l’énergie à revendre. Ils continuaient de courir partout, de s’asticoter et Aurore avait toutes les peines du monde à les faire tenir en place pour lacer leurs patins. Même Otso se prenait à rire de les voir ainsi se chamailler, chahuter et ne pas laisser leur mère faire. Pourtant, il y a une chose qui les calmaient invariablement. Aurore se dirigea vers le lac gelé avec sa grâce habituelle et s’élança sur la glace. Son mari était toujours fasciné par un tel spectacle mais bien moins que ses enfants.

Ne laissant pourtant pas beaucoup de répit aux des adultes, les enfants voulaient déjà s’élancer sur la glace à leur tour, chacun avec son domaine de prédilection. Ariana avait tendance à suivre sa mère tandis que son jumeau donnait dans la course de vitesse et faisait parfois quelques cabrioles. Mais pour l’heure, tout se passait pour le mieux. Vint pourtant le moment où Eljas resta le seul sur le glace, le reste de la famille préférant faire une pause. Mais évidemment, il y en avait un qui était infatigable. Il continua donc ses cabrioles « Regardes moi papa ! » Il fit un nouveau saut mais cette fois, ce ne fut pas la glace qui le réceptionna. Elle se brisa sous son poids, sans doute à force d’avoir subi trop de passage. Et il se retrouva alors dans l’eau glacé. Ne sachant pas nagé, il aurait pu y rester. Par chance, Otso parvint à remonter son fils à la surface sans trop de difficulté, ayant été très réactif. L’enfant tomba cependant malade.

Victime d’une pneumonie, il laissa ses parents un peu perdus. Une maladie Moldue mais un enfant de sang pur… Il était inconcevable pour le père de famille que son enfant aille dans un hôpital Moldus, aucun de ces êtres inférieurs ne devait toucher son fils ! Mais ils ne pouvaient pas non plus l’emmener à l’hôpital magique ! Les parents ne savaient plus quoi faire, ils ont finalement décidé de garder l’enfant à la maison. Ce fut une rude expérience pour tous. Eljas oscilla pendant plusieurs jours entre la vie et la mort, sans pouvoir être soigné. Aurore passa tout son temps à le veiller, Otso se jeta à corps perdu dans le travail, allant jusqu’à négliger sa fille. Et Ariana ? Elle semblait tourner en rond. Pour la première fois, votre lien de jumeaux avait quelque chose de visible : la petite semblait étrangement inquiète et ne jouait plus comme avant. A partir de ce jour, on a su que quand l’un de vous deux était malade ou souffrant, l’autre ressentait une étrange inquiétude, même si vous n’étiez pas ensemble. Ariana fut envoyé quelques jours chez les grands-parents paternels. Ce n’est qu’au réveil de son jumeau qu’elle put revenir, tout inquiétude envolée. Et Eljas dans tout cela ? Il venait de découvrir le grand frisson, celui de la caresse de la mort. Et il voulait de nouveau la sentir…

A partir de ce moment, Eljas n’a eu de cesse de frôler la mort. Cela eu le don de donner des cheveux blancs à sa pauvre maman. Là où sa jumelle restait toujours calme, il faisait le pitre quitte à se blesser. Il y allait d’abord doucement, ne sachant pas trop quoi faire pour se mettre lui-même en danger. Mais quand les jumeaux sont entrés à Durmstrang, il a trouvé bien des manières de se mettre en danger. Naturellement sociable, le garçon allait facilement vers les gens, s’adressant même aux plus grands sans la moindre crainte. Pas forcément bagarreur, préférant la puissance des mots à la force des poings, il démontra tout de même qu’il valait mieux ne pas lui chercher querelle et encore moins attaquer sa sœur. Cela lui valut un nez cassé à force de la défendre mais lui permit également de gagner le respect de certains. Il alliait à lui seul la force et l’intelligence, parfait équilibre. Très jeune, il a découvert le Quidditch. Il en a évidemment profitant, trouvant là un nouveau moyen de se mettre en danger mais également de se défouler. Poursuiveur de son équipe, il a toujours eu un peu de mal avec les règles que lui imposait son capitaine. C’est en toute logique qu’il est devenu capitaine avant de quitter l’école, en digne meneur qu’il était. En quelques années, il a eu le temps de faire de superbes chutes, jouant encore et toujours avec le sort. Il s’est pris des Cognards, nombre de ses os ont subi au moins une fracture. Son bras droit a d’ailleurs été cassé au moins trois fois ! Mais au bout d’un moment, à force de faire des cabrioles dans le ciel, il était devenu un vrai petit prodige sur son balai. Son modèle ? Il s’agissait évidemment de Viktor Krum ! Certes, ils n’ont pas occupé les mêmes postes mais tout de même ! Il a toujours été impressionné par Krum… Sa passion ne plaisait pas toujours à Ariana qui savait bien qu’il en profitait pour se mettre en danger…

En grandissant, il profita de tous les moyens pour se mettre en danger. Mais il découvrit aussi un amour inconditionné pour briser les règles. Il ne tenait pas en place, prenait un malin plaisir à contourner le règlement. Il arrivait également à jouer des mauvais tours sans qu’on ne se doute que c’était lui. Il entrainait parfois sa sœur dans ses frasques également. Et comble de l’histoire, le finlandais se trouva des amis qui lui ressemblait. Pas forcément aussi versé dans le danger que lui mais tout aussi fourbe. Jouer des mauvais tours ? Sortir en douce pour fumer ou boire ? C’était dans leurs cordes. Un petit trio se dégagea tout de même, dont aucun n’était le meneur. On aurait pu penser que le blondinet serait le décideur du moindre élément mais non, il régnait un équilibre parfait avec ses deux compères. Ils étaient comme les doigts de la main et jamais ne se quittait. Bien qu’il soit le plus fourbe et le plus manipulateur du trio, il restait cependant le plus sage quand il était question d’alcool et de cigarettes ou autre. Non pas qu’il ne soit pas versé dans n’importe quel vice mais il n’avait pas besoin de cela pour se sentir puissant.

Le summum fut tout de même l’été de ses quinze ans, été où il se retrouva face à des Magyars à pointes. Comme toujours, Eljas a voulu faire le fier, avoir des aventures a raconté à son retour à l’école. En résultat alors une brûlure dans son dos et quelques traces couvrant ses bras. Mais il se moquait bien d’être blessé. Une fois de plus, il avait frôlé la mort. Ce ne fut évidemment pas au goût de sa mère et de sa sœur. Son père en revanche y voyait une grande force de caractère : son fils supportait la douleur. Il se jouait d’elle et de la mort. Il pensait que son fils lui montrait qu’il était digne de reprendre la direction de la famille. Et Eljas dans tout cela ? Il se sentait invincible.