Toute histoire commence un jour, un jour bien particulier pour chacun de nous. Pour moi ? C’était le dix avril mille neuf cent quatre vingt dix-huit. Date à laquelle j’ai bien voulu montrer le bout de mon nez. J’ai quitté le ventre doux et chaud de maman pour aller affronter le monde extérieur… Et quel monde ! On est loin de tout imaginer lorsqu’on ouvre les yeux pour la première fois et peut-être que c’est mieux ainsi… Peut-être que c’est mieux de ne pas envahir ce petit être si innocent de toutes les atrocités dont le monde est capable… Mais il y a aussi des belles choses, comme la magie ! Je n’étais qu’un tout petit bébé et pourtant certaines choses m’émerveillaient déjà. J’ai baigné dans ce monde depuis mon plus tout jeune âge et je n’ai jamais rien trouvé de plus extraordinaire. Je me sentais aimé, choyée, protégée dans cette famille qui était la mienne. Et je suis sans cesse à la recherche de cette même sensation depuis que j’ai malheureusement grandit. Les années sont passées et je me suis rendu compte que tout n’était pas toujours rose. Certes ma mère et mes sœurs étaient toujours présentes et je ne manquais pas d’amour, mais déjà je souffrais des absences répétées de notre père…”Il est où papa ?” Demandais-je alors souvent, on me répétait sans cesse qu’il travaillait et reviendrai bientôt… Sauf qu’on oubliait de me dire qu’il lui faudrait toujours repartir… Il y avait quelque chose entre mon père et moi, un lien, j’étais celle qui en était la plus proche et donc celle qui en souffrait le plus. Je n’étais pas l’enfant la plus sage du monde. Oh ne vous y trompez pas, déjà mon caractère se dessinait, j’étais gentille, affectueuse, je savais être douce et patiente quand il le fallait… Mais j’avais déjà un petit côté caractériel que je ne savais pas du tout contrôler. Mes émotions prenaient le pas sur le reste, j’hurlais ma peine, mais pas grand monde me comprenait réellement… Je n’avais que deux ans d’écart avec Kiara ce qui faisait qu’on grandissait ensemble, nous étions très proches presque fusionnelle l’une avec l’autre et ce lien n’a fait que se renforcer au fil des années. J’aime aussi énormément ma grande-sœur et ce petit frère qui est venu au monde quelques années après moi. J’ai baigné dans ce petit cocon de douceur, mais c’était comme si ce dernier était percé, chaque fois, il me manquait quelque chose pour pouvoir réellement m’épanouir. Un manque, une absence...


Des éclats de rire, des enfants qui courent dans l’herbe haute et si verte de l’Irlande. Je n’étais pas bien grande au-delà de mes huit ans, mais je me sentais déjà tellement rattachée à cette terre, à toutes ses histoires que notre mère nous racontait, toutes ses légendes… Elle nous parlait bien évidemment du monde sorcier et nous émerveillait chaque fois, mais les histoires à propos du folklore irlandais avaient quelque chose de plus. Quelque chose qui faisait que je me sentais chez moi. “Le dernier arrivé est un vilain petit leprechaun.” lançait alors la plus grande de mes sœurs. Riant et souriant je me mettais alors à courir de toute mes forces sans vraiment regarder devant moi. Si je l’avais fait, aurais-je vue la racine qui ressortait de la terre ? Me serais-je pris les pieds dedans ? Mon pied s’est enfoncé dans le renfoncement et la chute était alors inévitable et pourtant… Pourtant, je me suis mise à léviter au-dessus du sol alors que mes sœurs et mon petit frère n’y était pour rien. Ce jour-là fût un jour de fête. Mais moi je n’ai jamais douté, je savais qu’il viendrait. Ce jour-là je suis devenue une vraie sorcière et Poudlard m’attendait !


Je me souviens encore, de ce que j'ai ressentis lorsque je suis arrivée au pied de ce château pour la toute première fois. La fierté. La joie. L'émerveillement. J'ignorais encore jusqu'à quel point mais, pourtant il allait être important pour moi, plus que je ne pouvais l'imaginer. Ma deuxième maison, un endroit où l'absence de mon père me semblait plus ou moins loin, un endroit où peut-être que j'apprendrais à être assez digne de lui pour qu'il puisse rester à nos côtés ? Ma maison ? Ce serait mentir si je disais que je n'avais eu aucune crainte. Je n'avais pourtant aucune préférence réellement, évidemment j'avais entendu dire que la plupart des sorciers qui avaient mal tournés avaient été à Serpentard et je voulais donc éviter de finir là-bas... Une part de moi serais ravie de rejoindre la même maison que ma sœur et ne pas me sentir totalement isolée... Je me souviens encore de cette façon dont je m'étais tellement sentie impressionnée lorsque cela avait été à mon tour de m'asseoir sur le tabouret et que l’on a posé le choixpeau sur ma tête. Mon regard avait alors cherché celui de Kiara à la table de sa maison, à la recherche de courage puis le soulagement une fois l'annonce de ma maison, c'était alors le sourire aux lèvres que je rejoignais celle qui allait être pour sept ans ma maison. Douce, ouverte envers les autres, je n'avais aucun mal à me faire des amis bien au contraire. Les cours me semblaient plus ou moins faciles du moins les premières années, c'était comme si j'avais toujours baigné dedans et à vrai dire, c'était tout à fait le cas. Je devenais très vite passionnée par la métamorphose, c'était une matière qui me fascinait beaucoup, j'adorais pouvoir transformer tout ce que je souhaitais.

L'astronomie était également une matière qui me parlait, j'avais toujours été intriguée par les étoiles, peut-être parce que mon prénom était inspiré de l'une d'elle ? En troisième année j'ai également découvert les soins aux créatures magiques et l'amour que je pouvais éprouver pour ces dernières. Mais plus je grandissais et plus mon côté caractériel ainsi ma colère envers mon propre père grandissaient également, j'avais beau travailler fort, il ne se faisait pas plus présent. Que devais-je faire pour attirer son attention ? Que devais-je faire pour lui faire comprendre que j'avais tout autant besoin de lui que de tous les autres ? Je prenais alors ma première cuite entre mes quatorze et quinze ans lors de ma quatrième année. Les choses devenaient très vite différentes lâchant peu à peu mes études pour m'amuser, mais est-ce réellement de l'amusement s'il s'agit simplement d'un appel au secours ? D'un manque d'attention, d'une détresse qui veut simplement dire "Hey, regarde-moi, regarde-nous, on est là, on t'attend..." L'année suivante, je suis tombée amoureuse pour la première fois, du moins c'est ce que je pensais, tentant de combler l'absence de cette figure paternelle par un autre. Cherchant ce que toute ma vie on m'avait volé... Mais je n'arrivais pas à réellement m'attacher, comme si je ne trouvais jamais vraiment ce que je cherchais... J'ai fini aussi par ancrer mes cicatrices sur ma peau, tentant d'extirper cette douleur d'une manière ou d'une autre, tentant par la même occasion d'attiser la colère du paternel, une réaction, n'importe laquelle du moment que s'en ai une... Le premier a été deux petites étoiles à l'intérieur de chacun de mes poignets, l'une jaune, la seconde verte. Le second se trouve juste au-dessus représentant une chouette sur une branche, l'un et l'autre représente une partie d'elle, ce qu'elle est et ce qu'elle aime, le second est également un clin d'œil à sa propre chouette qui l'accompagne depuis sa première année à Poudlard...


*bruit de chaînes* J'ouvre les yeux péniblement, du moins j'essaie, une lumière m'aveugle, tout est flou, je ne sais pas où je suis... J'ai peur, mon coeur bat à la chamade dans ma poitrine, mon souffle se fait court, j'ai mal aux poignets... Je comprends alors que c'est parce qu'ils sont suspendus au-dessus de moi attaché avec les fameuses chaînes qui m'ont tiré de l'inconscience dans laquelle j'étais plongée. Depuis combien de temps étais-je ici ? Je ne saurais le dire... Mes derniers souvenirs sont ceux de cette fameuse nuit avec ma soeur... "Kiara..." Murmurais-je alors... Lui avait-on fait du mal ? Etait-elle enfermée avec elle ici ? "Qui est Kiara ?" Une voix se faisait alors entendre alors que je cherchais à comprendre à qui elle appartenait. Un visage moldu apparaissait alors devant moi, je ne connais pas la personne, mais je ne réponds pas, pas question que je leur livre ma sœur, pas question qu'elle finisse ici elle aussi. Je serre les dents, décidant de devenir muette, mon regard se fait dur, se remplit de détermination, je ne dirais rien. "Détaché-là." Annonçait-il à d'autres personnes qui se trouvaient apparemment dans la même pièce. Je sens alors des mains me toucher sans pouvoir voir de qui il s'agissait, je sursaute et pourtant je me laisse faire, car je me dis qu'une fois détachée je pourrais mieux m'échapper. On me défait les fers qui m'enfermaient les poignets et je les frotte instinctivement, je tente un premier geste avant de me rendre compte que je suis totalement bonne à rien... Mon corps est au ralentit, ma vision ne s'est pas améliorée... "Ne tente pas de bouger, ce sera pire, nous t'avons droguée." Quoi ? Bordel mais, où est-ce que je suis tombée ? Je fronce les sourcils, j'ai envie de hurler, mais je n'en ai pas la force, ils finissent par m'asseoir sur une chaise face à un bureau, de l'autre côté se trouve mon bourreau, ou tout du moins celui qui avait l'air de commander... Il ne dit rien, mais sors ma baguette et la pose sur la table, bien trop loin pour que je puisse l'attraper. "Qu'est-ce que c'est ?" Demande-t-il alors en plantant son regard dans le mien. Je tente de rester impassible, mais une grimace se dessine le temps de quelques secondes... Comment est-ce qu'ils l'ont eu ? Je ne dis rien, je détourne le regard. "Tu ne veux rien dire ?" Demande-t-il alors. Je ne lui donnais aucune réaction, restant totalement platonique ce qui n'était pas difficile puisque la fameuse drogue m'y aidait grandement. "Ce n'est pas grave moi je vais te le dire, ceci." Disait-il en prenant l'objet entre ses mains et attirant de nouveau mon attention, rien que l'idée qu'il puisse la toucher me donnait envie de vomir... "C’est une baguette magique." Un sourire étirait alors mes lèvres dans une veine tentative de me foutre de sa gueule, afin de tenter de donner de change et de faire comme si je n'y croyais pas moi-même c'était le mieux que je puisse faire. "Tu ne me crois pas?" demande-t-il en haussant un sourcil, il m'énerve à deviner toutes mes émotions, je déteste cette sensation de savoir qu'il lit en moi comme dans un livre ouvert. "Pourtant, nous t'avons vu l'utiliser." Je reste alors stoïque et ne montre rien sur mon visage qui puisse me trahir. Je ne rappelle même pas les dernières minutes avec Kiara, je ne me rappelle pas ce qui a pu se passer et pourquoi j'aurais utilisé ma baguette en présence de moldu... "Tu vas donc le refaire." Mes sourcils se haussent d'un air de dire, vraiment ? "Oui évidemment nous nous doutions de ce genre de réaction. Très bien, si tu ne coopères pas nous utiliserons la manière forte." Sa phrase me fit frissonner de la tête aux pieds et avant que je puisse réagir je perdis de nouveau connaissance...



Allongée dans un lit comme ceux de l'infirmerie à Poudlard ou presque, je tends le bras, résignée... Tout était devenu une routine ici... Je ne sais pas vraiment qui ils sont, je ne sais pas depuis combien de temps je suis enfermées, j'ai arrêté de compter les jours... "Aie." Dis-je en sursautant légèrement surprise par la douleur. "Pardon." S'excusait alors la jeune femme qui était en train de lui ponctionner mon sang. Etait-elle vraiment désolée au moins ? Je n'en étais pas sûr, mon regard sonde son visage, aucune mine navrée, aucune empathie, cependant elle avait l'air sincère, son but était de me prendre du sang, pas forcément de me faire mal après tout... Chaque jour se ressemblait plus ou moins, j'avais le droit à toutes sortent de test, mon corps en entier n'était plus un secret pour personne dans ces sous-sols où j'étais enfermée, du moins je supposais que c'était ça, cela y ressemblait, il n'y avait aucune fenêtre... J'avais également des tests physiques sans vraiment comprendre à quoi ça servait, si je ne me laissais pas faire ? J'étais affamée, ou menacée de ne jamais revoir la lumière du jour, même si plus le temps passait et plus je me demandais si je la reverrais réellement un jour... Plus je coopérais et plus mon confort s'améliorait, c'était donnant donnant... Du coup, j'avais le strict minimum, parce qu'il était hors de question de céder, hors de question de leur montrer la moindre parcelle de magie qui se cachait en moi... Malheureusement il y avait des choses que je ne contrôlais pas parfois, des choses qui arrivaient et qui les confortaient alors dans leur idée que j'étais bien une sorcière... Je pleurais le soir... Tous les soirs... Je pensais à mes parents, à mes sœurs, mon frère, ma chouette, mes amis... Tous ceux qui comptaient pour moi, me disant que j'avais toujours été en colère, mais qu'au final j'aurais peut-être dû me contenter de ce que j'avais ? Etait-ce pour cela que j'étais puni à présent ? Je donnerais n’importe quoi pour tous les serrer encore une fois dans mes bras… Je suis épuisée, je ne sais même si on me cherche, je l’espère, parce que l’espoir c’est tout ce qu’il me reste dans cet endroit vide de toute âme sauf la mienne...


Du bruit me tire de mon sommeil agité, des cris, des coups, je ne comprends pas ce qui se passe. Mon coeur bat à la chamade, cela faisait longtemps qu'il n'avait plus rien ressentis... Désorienté je mets du temps à me souvenir que je suis encore et toujours dans cette cellule... Mais cette fois, il y a quelque chose de différent. Ce sont des bruits que je n'ai jamais entendus ici, mais je reconnais certains d’entre eux. Je me colle alors contre les barreaux, je cherche du regard, mais je ne trouve rien. J'hurle alors. "A L'AIIIIIIIIIIIIIDE" Je tire sur les barreaux la rage au ventre. "JE SUIS ICI." Continuais-je de hurler complètement inconsciente. Après tout je me trompais peut-être sur toute la ligne ? Et s'ils avaient juste réussi à se servir de ma propre baguette ? Et si les personnes qui étaient là, étaient pires que les personnes qui me retenaient prisonnière ? Tant pis je devais tenter ma chance, je continue de crier, à m'en faire mal à la gorge, aux poumons je m'en fiche, je pleure, je tremble, je veux qu'on me sorte d'ici, je tape contre les barreaux, je fais du bruit pour attirer l'attention lorsqu’enfin la porte s'ouvre et laisse apparaître celui que j'ai attendu toute ma vie... Mon cœur s'affole encore plus tandis que je comprends à peine ce qui se passe... Les barreaux s'ouvrent et je reste sans réaction. C'est comme si j'étais à l'extérieur de mon corps, je peux alors voir les aurors envahir la pièce, mon propre père avancer vers moi sans aucune hésitation et me prendre dans ses bras. Je m'effondre alors tandis que je me laisse éclater en sanglot, mes bras devenus bien frêles s'accrochent alors à lui de toutes leurs forces tandis que j'entends mon père murmurer mon prénom à l'oreille... "Sélénya..." "Papa..." Murmurais-je alors à mon tour... Le retour à la maison se fit dans un état second... C'était comme si je n'arrivais pas à croire que j'étais sortie, c'était bien trop soudain, je l'avais espéré pendant tellement de temps, jusqu'à ce que l'espoir s'éteigne presque... J'étais à deux doigts de tout lâcher... Deux ans... Ils m'avaient volé deux ans de ma vie... Évidemment j'allais être jugée pour avoir utilisé la magie en dehors de Poudlard, mais dans un premier temps j'avais le droit de rentrer en Angleterre et de retrouver ma famille.




Lorsque je me retrouve devant ce château encore une fois, je me sens tellement différente... Comme si je ne suis plus la même... Une étrangère, une pâle copie... J'ai beau avoir retrouvé ma vie, ce que j'ai vécu pendant ces deux ans resteront gravés en moi que je le veuille ou non... Les cauchemars sont nombreux, je ne compte plus toutes ces nuits à me réveiller en hurlant, mes proches arrivant à tour de rôle ou presque pour venir me réveiller... Même avec eux les choses sont différentes... Je les aime, ils m'ont terriblement manqué, ils ne savent pas à quel point j'ai besoin d'eux... Mais malgré tout je suis plus distante, j'ai besoin de mon jardin secret, j'ai besoin de cette solitude qui m'a effrayé quasiment toute ma vie... Je m'éloigne sans le vouloir alors que ce que je désire le plus c'est de reprendre ma vie là où elle s'est arrêtée et pourtant non... Ce n'est pas possible... Je reprends mes études, parce que même si j’ai terminé mes sept premières années, Poudlard est un endroit où je me sens bien, j’ai besoin d’y retourner. Quelques semaines se sont passées depuis que je suis revenue… Le retour a été plus que difficile, autant pour moi que vous ceux qui m’entourent… Je me disais qu'un retour à Poudlard ne pourrait m'être que bénéfique... Du moins c'était ce que je pensais... Mais de nouvelles règles ont fait leurs apparitions, est-ce que les moldus ne sont pas loin ? Est-ce que je deviens paranoïaque ? Ce n’est pas rare que je regarde par-dessus mon épaule, que je me sente observée, je ne supporte pas que l’on me touche… Malgré mes efforts, j’ignore si un jour je retrouverais une vie plus ou moins normal… Tout ce que je sais, c’est que ma haine envers les moldus ne fait que grandir…