Attention ! Mauvaise foi en approche… Moi, je ne perds jamais un pari ! Bon parfois, à de rares occasions… Genre comme aujourd’hui… Comment j’ai perdu ? A coup sûr, j’étais cuitée parce que je ne m’en souviens plus. Quoi mauvaise foi again ? Oui bon peut-être que j’étais parfaitement lucide et que c’était plus simple d’oublier… Enfin là pour oublier c’est mort… Ha ben oui parce que je n’ai pas perdu des gallions ou un sac de bonbons de Honeydukes, nope… Pas non plus gagné le droit de jouer les elfes de maison pendant une semaine pour un pote… Tiens parlons-en du pote… Celui là si ses parents apprenaient qu’il faisait encore des paris à la con à son âge, ils en feraient une attaque à coup sûr. Allez hop des relous en moins sur terre ! Moi les miens, je suis tranquille. Tout ce que je risque c’est de leur faire faire des loopings dans leur tombe. Mais je m’égare là. Bref Théo… Ha bah oui Théo ! Évidemment… Qui d’autre ? Quoi vous pensez vraiment que derrière son job d’infirmier c’est un type posé ? Mais alors là vous n’y êtes pas du tout ! Et alors si vous pensez que les années font mûrir… Bref on avait fait un pari, et moi les paris c’est comme un sac de dragées surprises de l’autre Bertie, même si tu sais que y’a un risque que tu rates ton coup, tu les prends quand même. Et voilà, un foirage, un gage. Le pari ? Ha non, mais on a dit qu’on l’oubliait… Le gage pffff… Les couettes, je vous jure ça passait encore… Les rubans j’avais dit non. Faut pas déconner, après les gens ils ne mettraient plus un pied aux Trois Balais, parce que la propriétaire avait trois ans d’âge mental. Et alors le tee-shirt… Misère… Rose déjà… à Paillettes, double combo. Et l’inscription « Princesse des Niffleurs »… Y’a vraiment des gosses qui portaient ça ?

Toute l’après-midi comme ça… ça va que les habitués me savaient un brin originale, même si j’avais dû avouer à plusieurs reprises cet échec cuisant. Evidemment, il avait choisi un jour où je bossais et où à coup sûr la clientèle affluerait. Impossible de me défiler, si je ne voulais pas faire chuter mon bénéfice. Oui c’est vrai je n’étais pas en manque d’argent, mais si je commençais à faire n’importe quoi, le commerce allait crouler… ça restait mon job officiel, ne massacrons pas la couverture par fierté. Bon ok, ce n’était pas bien méchant non plus, et la journée passa quand même assez vite. C’était la fin de soirée et certains regagnaient déjà leur foyer. Je soupirai tandis qu’on m’interpellait pour une boisson plus forte. Ha finalement, tout le monde n’était pas prêt à rentrer chez soi.

- Aucun souci, ce n’est pas la variété qui manque ici !

Ha ça, j’aimais découvrir et faire découvrir de nouvelles saveurs. Ce qui faisait que ma carte était régulièrement approvisionnée de nouveautés, des plus softs aux plus corsés… Je servis la jeune femme tout en l’observant. Elle me disait quelque chose et pourtant ce n’était pas une cliente régulière. Poudlard ? Oui peut-être, mais ça en faisait du monde d’élèves en sept ans d’études. Et cette impression de déjà-vu me paraissait plus récente. Bon sans doute quand j’étais en vadrouille alors… Le monde étant à mon humble avis petit, ça ne me paraissait pas déconnant. Où ? Je ne sais plus, dans un bar où j’avais bossé très certainement. Le pays ? J’en avais tellement écumés… Plus facile de me rappeler des artefacts que j’avais dérobés que des personnes que j’avais croisées.

- On s’est déjà croisées, je crois ? Lui demandai-je alors, enfin même sûrement parlées, parce que des gens on en croise tous les jours, bien sûr.

La dernière fois qu’on m’avait sorti cette formule, ça avait mal fini pour moi. Enfin presque, mais là en même temps, je n’avais pas une mauvaise impression.

Méchante ? Houla non, j’avais vu bien pire et si je devais m’offusquer de toutes les remarques qu’on me faisait, j’aurais fini dépressive. Ha bah c’était comme ça depuis toute petite, vu que j’avais toujours été un phénomène, empirant même avec les années… Bon ok, je ne mettais jamais de choses aussi tape à l’œil et franchement ridicules. Non un style décontracté, mais certainement pas aussi girly enfantin. J’éclatai de rire à sa remarque et me décidai à faire glisser les élastiques qui retenaient mes cheveux de chaque côté. Je passai mes doigts dans mes cheveux pour essayer de remettre plus ou moins en place les mèches. Oh c’est bon, j’avais bien assez rempli ma part du marché. Bon par contre, effectivement je n’allais pas changer de tee-shirt comme ça publiquement…

- En même temps, ce n’est pas vraiment dans mes habitudes non plus. J’ai un pote qui a beaaaaaucoup d’humour.

Ha la la on dit qu’on ne choisit pas sa famille et qu’on ne choi… Ha bah si, ses potes on les choisit… Oui bon ben il y a eu un petit loupé à Poudlard ? Non bon, je reconnais que cet ami-là malgré des épisodes de ce genre, j’étais chanceuse de l’avoir.
Je n’étais pas si vieille ? Ha bah me voilà rassurée ! En même temps, pas encore de rides, les cheveux blancs ? Euuuh, je ne crois pas non plus. La forme physique ? Impeccable, toujours la pêche. Après c’est clair qu’avec cet accoutrement, je ne me rapprochais pas non plus de la classe senior. Elle avait voyagé ! Ha, mes intuitions n’étaient pas si mauvaises ! Allemagne ? Prague ? L’Europe de l’Est me connaissait bien, donc c’était carrément possible… Je m’accoudai sur le comptoir pensive, réfléchissant aux lieux qu’elle avait énoncés. Qu’aurait-on pu échanger à ce moment-là ? Des banalités probablement, sinon je ne l’aurais pas juste dans un flou de ma mémoire. Elle m’avait sûrement marqué à ce moment par le fait que son accent n’était pas local. En entendant sa remarque sur Serdaigle, j’eus un fou rire.

- Ha non, c’est même certain… Je ne sais pas qui aurait le plus souffert, moi ou les élèves de cette maison ! Pourtant j’y avais quelques amis, mais les études, la rigueur, la sagesse ce n’était pas moi du tout !

Moi à Serdaigle ? Pauvre Rowena… Je ne suis pourtant pas la dernière des idiotes, mais je ne me dédiais pas vraiment à de grandes études et à un poste à hautes responsabilités. Cela dit, à la sortie de Poudlard je ne savais pas non plus ce que je voulais faire. Beaucoup de mes anciennes connaissances de l’époque disaient ne pas être surpris de me voir derrière un comptoir de bar, mais s’étonnaient de ne pas me voir dans un truc plus physique. Ha ha, s’ils savaient…
Je relevai la tête surprise en l’entendant évoquer mes déboires avec ma mère à Poudlard. Ha ouais quand même ? Ça remontait à si loin maintenant, j’en avais presqu’oublié à quel point, j’avais pu en baver à cause d’elle.

- Ma mère oui, ça c’est fort possible. Entre sa célébrité puis son hum… tragique décès, on va dire… Après les ragots, pour ça ou autre chose, on va dire que je n’en manquais pas.

Ha bah ça, la fille imparfaite d’une célèbre mannequin qui n’en perdait pas une pour faire des conneries et qui collectionnait les heures de retenue comme on collectionne des cartes de chocogrenouille...

- Si, c’est bien Maggie et ancienne Gryffondor du coup. Rotterdam ?

Qu’est-ce que j’avais piqué là-bas ? Une histoire de tableaux d’art d’un collectionneur dont on avait qualifié la demeure d’imprenable… Oui bah comme plein d’autres sorciers qui se pensaient invulnérables hein…

- Alors Rotterdam, j’ai bossé un temps à la « Mandragore bleue », c’était en 2014, 2015 et sinon j’y suis repassée plus tard en tant que cliente. Et là ça serait plus probable parce que mon souvenir reste vague et comme j’avais beaucoup bu... dis-je dans un rire.

Alors peut-être que nous avions échangé quelques mots au bout de plusieurs verres ? Voire plus...

- Pardon, je n’ai plus ton nom en tête par contre… ça craint, je sais.

Oui bon après j’avais une fâcheuse tendance à coller des surnoms à tout le monde, mais même ça je ne me souvenais même plus ce que j’avais pu lui sortir. J'adressai un signe de la main à un habitué qui quittait le bar. Celui-ci se vidait tranquillement.


HRP: J'ai mis des dates au pif, je peux toujours changer^^