De son enfance au Mexique, Soledad garde des souvenirs de chaleur écrasante du soleil, de musique s’échappant des fenêtres du voisinage et des bras apaisants de sa grand-mère. Des jeux qu’elle inventait avec son grand frère et sa petite sœur en compagnie des enfants du quartier et des fêtes traditionnelles qui rythmaient son existence. Elle se souvient de cette impression grisante de grandir dans un entre-deux, au milieu de deux mondes qui, partout ailleurs vivaient séparément, mais qui au Mexique se mêlaient parfois sans même s’en rendre compte. Elle a grandi entre société moldue et monde sorcier, entre croyance et magie réelle, ferveur religieuse et sorcellerie, dans un univers où les frontières étaient floues mais où chacun savait que cela faisait partie du jeu. Elle se remémore encore la déférence avec lesquels les habitants traitaient son abuela, de leur empressement à venir lui poser des questions et de la manière presque religieuse avec laquelle ils écoutaient les conseils qu'elle leur donnait tout en manipulant ses cartes de tarot. Moldus ou sorciers, ça n'avait pas d'importance pour celle qu'ils appelaient sans distinction la bruja et vers qui ils se tournaient avec respect. La vieille mexicaine était proche de ses trois petits enfants, mais c'était avec Soledad que le lien le plus fort s'était formé. Quelque chose les liait, au-delà des simples liens du sang. Soledad se souvient des après-midi passés en sa compagnie, à écouter ses histoires et à apprendre tout ce qu'elle savait sur les arts divinatoires à ses côtés. Dès son plus jeune âge, sa grand-mère la fascinait, avec cette aura de mystère qui flottait autour d'elle et cette sagesse dont elle dispensait quiconque en avait besoin. Alors la quitter avait été une épreuve pour la petite fille.
Soledad avait huit ans quand son père, Luis, avait annoncé à la famille qu'ils quitteraient le Mexique trois jours plus tard pour s'installer en Angleterre, le pays de leur mère, Sarah sorcière anglaise dépêchée par le ministère de la magie britannique en mission diplomatique. Sol se souvient encore de l'incompréhension qui l'avait envahi quand leur père les avait réunis autour de la table de leur salon pour leur apprendre la nouvelle. Son grand frère, Rafael, avait été le premier à saisir l'ampleur de l'annonce tandis que Bianca, leur jeune sœur était bien trop petite pour comprendre ce qu'il se passait. Soledad, elle, n'avait pas voulu y croire. Quitter son pays était inimaginable à ses yeux d'enfants et elle ne voulait même pas songer à laisser son abuela derrière elle. Pourtant, nul n'avait le choix. Ce que Soledad était bien trop jeune pour comprendre c'était que ce déménagement précipité cachait une véritable course contre la montre. Personne n'ignorait que le Cartel de Juarez, et ses branches sorcières, sévissait dans la ville et même au-delà de ses frontières, trafic de drogues, d'objets empreints de magie noire, règlement de comptes, tout ça n'avait de secret pour personne et la famille Velasquez s'était tenue loin de ces sombres histoires, consciente de ce qui arrivait à ceux qui en voyaient trop. Jusqu'à ce que Luis se rende compte que l'associé avec lequel il tenait une boutique d'antiquités magiques se servait du magasin pour blanchir une partie de l'argent du Cartel. La nouvelle lui avait fait un choc mais avait surtout déclenché un signal d'alarme. A Juarez, ceux qui en savaient trop ne vivaient jamais bien longtemps. Aussitôt, sa décision avait été prise, il emporterait ce secret et sa famille loin des griffes du Cartel.

Le départ avait été difficile, surtout pour la jeune Soledad qui avait senti son cœur se déchirer en quittant son pays, et surtout son abuela. Du haut de ses huit ans, elle n'avait jamais franchi les frontières du Mexique et n’avait pas imaginé qu’elle se retrouvait un jour dans un pays complètement inconnu dont elle ne parlait même pas la langue. Les premiers mois à Oxford furent difficiles, si Sarah retrouvait sa terre natale, Luis, Rafael, Bianca et Soledad découvraient un univers complètement nouveau auquel ils durent s’habituer rapidement. Heureusement, tout ça ils le faisaient ensemble, car s’il y avait bien une chose qui définissait les Velasquez c’était à quel point ils pouvaient se montrer soudés dans l’adversité. Malgré leur nature sorcière, les enfants fréquentèrent une école moldue avant d’être appelés chacun leur tour à Poudlard. C’était le meilleur moyen pour eux d’apprendre l’anglais et de se faire à leur culture d’adoption. Soledad ne perdit jamais complètement son accent mexicain, et elle ne fit d’ailleurs jamais d’effort pour s’en débarrasser, le timbre chantant dans ses paroles était son dernier lien avec ses racines et les doux souvenirs de son abuela. En revanche elle gagna des amis, grâce à son sourire constant et sa joie de vivre communicative, ce qui l’aida à surmonter le mal du pays. Pour ne pas perdre son lien avec sa grand-mère, elle passait son temps à tirer les cartes de tarot que celle-ci lui avait confié. Sa passion pour les arts divinatoires grandissait de jour en jour, se muant en une véritable fascination. Quelque chose l’appelait dans ces arts, quelque chose de plus fort qu’elle et que son abuela avait également ressentit. Quelque chose de plus qui lui rappelait ses terres d’origines.
Un an après Rafael, ce fut au tour de Soledad de rejoindre les bancs de Poudlard. Elle fut répartit aux côtés de son ainé à Gryffondor, même si l’étrange chapeau dont on l’avait coiffé avait semblé hésiter avec Poufsouffle. N’ayant grandi au Royaume-Uni que depuis quelques année, les Velasquez n’étaient pas vraiment au fait des caractéristiques des différentes maisons de Poudlard et ne pouvait ainsi pas juger de leur répartition. Mais cette maison plût instantanément à la petite Soledad, avec ses couleurs vives et son lion rugissant. Les élèves rouges avaient l’air vifs et exubérants et elle se dit que là elle trouverait peut-être bien sa place. Et puis, surtout, elle était avec son frère, c’était le plus important à ses yeux. Ils avaient beau être différents, elle ne pouvait pas s’imaginer sa vie sans lui à ses côtés et elle avait déjà hâte que leur petite sœur les rejoigne quatre ans plus tard. Elle parvint rapidement à se lier avec ses nouveaux camarades et surtout à se faire un groupe de copines soudées. Souvent, le rire de Soledad envahissait les couloirs ou la salle commune et elle ne s’en cachait pas. Cette part d’elle, un peu légère et frivole, celle qui aimait papoter avec ses amies jusqu’à tard dans la nuit pour échanger des potins en gloussants, elle l’acceptait sans conditions. Soledad savait très bien l’image que les autres avaient d’elle, malgré les rumeurs elle était loin d’être idiote et ne se faisait pas d’illusions. Son goût prononcé pour les conversations futiles et les rires qui s’échappaient fréquemment de ses lèvres avaient rapidement poussé ses camarades à la classer dans la catégorie des sorcières superficielles. Mais ça ne la touchait pas. Elle l’assumait même au grand jour et les années qui passèrent ne changèrent rien, elle était ainsi Soledad, solaire et lumineuse, légère et insouciante, et elle ne changerait pas pour rentrer dans un moule. Il n’y avait aucun mal à ça après tout, mais si c’était tout ce que les autres voulaient bien voir d’elle, alors tant pis pour eux. Elle avait décidé de ne plus prêter autant d’attention à l’avis des autres.
Même si elle découvrait de nouvelles matières passionnantes, l’amour de Soledad pour les arts divinatoires ne faiblissait pas. Son abuela lui avait laissé en héritage et elle l’accueillait à bras ouverts. Elle dû néanmoins attendre sa troisième année d’étude à Poudlard pour enfin pouvoir assister aux cours de divinations. Jusqu’à présent elle s’était entrainée à tirer les cartes du tarot donné par sa grand-mère, s’émerveillant sans cesse de la sensation de paix intérieur qu’elle éprouvait à chaque tirage. Mais les quelques connaissances qu’elle avait pu tirer de livres ne lui suffisaient pas et dans ces instants son abuela et son discernement de cet art lui manquaient cruellement. Elle avait déjà tant appris à ses côtés mais ça n’était pas assez. Le premier cours de divination ne fit que lui ouvrir un peu plus les yeux. Dès les premiers instants, Soledad avait voulu aimer ce cours, et le résultat avait été bien au-delà de ses espérances. Ça avait été un coup de foudre. Instantané et évident. Elle était faite pour ça. C’était inscrit quelque part, peut-être que c’était le destin, peut-être que c’était dans son ADN ou dans son héritage. Mais c’était indéniable. Quelque chose de fort et d’inexplicable liait Soledad aux arts occultes. Que ce soit avec un tarot, une boule de cristal ou les lignes de la main, elle ne se contentait pas de deviner comme la plupart de ses camarades, elle voyait.
Les années passèrent. Après avoir passés quatre ans seuls à Poudlard, Bianca vint enfin rejoindre Rafael et Soledad, complétant enfin la fratrie Velasquez. La plus jeune fut répartie à Serpentard, sous les acclamations de ses ainés qui n’avaient jamais compris les tensions qui existaient encore entre les rouges et les verts. Sol était un peu déçue que sa cadette ne les rejoignent pas chez les lions, elle aurait voulu qu’ils ne soient plus séparés pour pouvoir profiter de ces dernières années ensemble avant de quitter le château, mais elle devait bien reconnaître que Serpentard était un choix judicieux pour Bianca qui brillait non seulement pour sa beauté mais aussi pour son ambition et sa détermination. Au fond peut importait, ils étaient ensemble à Poudlard et c’était tout ce qui comptait.

Mais les bonnes choses ont une fin et un an après que Rafael ait quitté l’école de magie, ce fut le tour de Soledad. Avec la sensation de laisser de nouveau derrière elle une partie d’elle, elle sortit de l’école diplômée et pleine d’espoir. Elle voulait poursuivre une carrière dans les arts occultes, mais ne sachant pas encore comment elle pourrait gagner sa vie grâce à la divination, elle céda aux demandes de ses parents et accepta un stage au Ministère de la magie. Le département des mystères était plein de promesses et aurait certainement pu combler ses attentes si elle ne s’était pas retrouvée à un simple poste de secrétaire dénué de tout intérêt.
Soledad avait quitté Poudlard depuis cinq mois quand son existence bascula de nouveau. Ce fut dans son sommeil qu’elle les vit. Ces hommes aux têtes de calaveras, ces crânes décorés typiquement mexicains. Impuissante, elle les vit entrer dans leur maison, noircissant de leur présence malfaisante les couloirs dans lesquels ils évoluaient. Autour d’eux, le monde perdait ses couleurs et quand ils levèrent leur baguette en direction de Luis Velasquez seule la lueur verdâtre de leur sortilège fut visible. Soledad se réveilla au moment où le corps de son père touchait le sol. Un hurlement s’échappait de ses lèvres et il lui fallut plusieurs tentatives pour se dépêtrer des draps qui s’étaient entourés autour de ses jambes pendant la nuit. Le souffle court et le cœur battant à tout rompre, elle s’était précipité dans la chambre de ses parents, terrifiée à l’idée de trouver son père mort. Mais tout ce qu’elle trouva dans la chambre parentale fut ses deux géniteurs paniqués par les cris qu’elle avait poussé. Son père allait bien. C’était un cauchemar. C’était ce qu’elle s’était répété en boucle alors que son frère entrait à son tour dans la pièce. Ça ne pouvait être qu’un cauchemar. Mais alors pourquoi la peur continuait de lui tordre l’estomac ? Pourquoi avait-elle l’impression que son crâne allait exploser sous une vague de douleur ? Elle ne parvenait pas à se calmer et encore moins à se défaire de l’impression que ce qu’elle avait vu était un avertissement. Elle tenta d’expliquer à ses parents ce qu’elle avait vu et de décrire la sensation de drame imminent qui lui étreignait le cœur mais son discours était rendu décousu et difficile à suivre. La peur avait pris le dessus et ses parents tentèrent de la convaincre qu’elle avait simplement fait un cauchemar et que ce poste au département des mystères n’y était peut-être pas totalement étranger. Ce soir-là elle retourna se coucher avec l’intime conviction que quelque chose de terrible allait se passer.
Pendant les semaines qui suivirent, cette sensation ne quitta pas Soledad. Pas un jour ne passait sans qu’elle se surprenne à regarder par-dessus son épaule ou à examiner les personnes qui l’entouraient à la recherche de crânes colorés. Elle avait l’impression de vivre sous une épée de Damoclès. La peur et la méfiance étaient devenues quotidiennes. Elle vivait dans l’angoisse constante et fini par en perdre le sommeil et l’appétit. L’inquiétude la rongeait, la rendant nerveuse et effrayée pour un rien. Il n’y avait que quand son père rejoignait finalement le domicile familial, à la fin de la journée, qu’elle parvenait à retrouver une forme d’apaisement, un soulagement qu’elle savait pourtant temporaire. Ses parents ne prenaient toujours pas ses avertissements au sérieux. Tirer les cartes et lire les lignes de la main c’était une chose, ils y étaient habitués avec la mère de Luis et ça faisait partie du folklore de leur pays, mais avoir des visions leur paraissait incongru. Ils balayaient cette idée d’un geste de la main, refusant d’y apporter plus de crédit. Jusqu’à ce que, un matin, ils trouvent sur le pas de leur porte un petit crâne finement décoré de couleurs vives.
A partir de cet instant, Soledad ne fut plus la seule à voir son cœur s’étreindre sous l’effet de la peur. Cette calaveras n’était pas une coïncidence. C’était un avertissement, le signe que la mort était en chemin. Le Cartel de Juarez avait finalement retrouvé la trace de Luis, lui qui s’était enfui après en avoir trop découvert. La menace était réelle et cette fois-ci les parents prirent les propos de Soledad au sérieux. Les enfants Velasquez furent enfin mis au courant des véritables raisons de leur départ précipité du Mexique et une nouvelle fuite fut aussitôt organisée. Pour la seconde fois la famille abandonnait son foyer sous le poids de la menace. Mais cette fois personne ne songea à protester. Même si elle avait passé son adolescence loin de l'emprise de l'organisation, Soledad était cruellement consciente du danger qui planait sur sa famille, et plus particulièrement sur son père. Dans l'espoir de se fondre dans la masse, les Velasquez s'installèrent à Londres, dans un des quartiers sorciers de la capitale. Malgré tout, cette précaution semblait bien faible aux yeux de Soledad. Le Cartel n'était pas connu pour lâcher prise, et encore moins pour sa clémence. Chacun le savait, la seule manière d'assurer une meilleure vie à Luis aurait été qu'il quitte la famille pour fuir plus loin encore, mais personne ne put s'y résigner. Ils avaient déjà perdu leur pays d'origine et laissé leur abuela derrière eux, perdre leur père était inenvisageable. Ce nouveau déménagement fut plus dur encore à vivre pour Soledad, en quelques semaines elle avait l'impression d'avoir muri de plusieurs années. Son monde fait de rires et de futilités s'était vu empoisonné par la crainte. Elle ignorait si elle devait ressentir de l'effroi ou du soulagement face à sa vision. Etait-il possible que son talent avec les arts divinatoires aille au-delà de la manipulation d'artefacts ? Qu'elle puisse réellement voir ce qui allait se passer ? Ca ne lui était pourtant jamais arrivé auparavant, le futur elle le lisait dans ses artefacts, pas dans son sommeil. Les doutes ne la quittaient pas, elle ne parvenait pas à y croire mais elle ne pouvait pas non plus se détacher de l'intime conviction que ce qu'elle avait vu était voué à se réaliser. Et c'était une idée terrifiante.

Quatre mois plus tard, Soledad eut la preuve qu'il était inutile de lutter contre le destin. Leur fuite avait été inutile. Alors qu'Rafael et elle rejoignaient leur domicile, ils tombèrent sur leur mère éplorée, penchée sur le corps de son mari. Il y avait des traces de luttes dans le salon, et au milieu du chaos le corps sans vie de son père, sa baguette brisée à ses côtés et une calaveras posée sur son torse. Des instants qui suivirent cette découverte, Soledad n'en garde presque aucuns souvenirs, juste l'impression de manquer d'air et de sombrer. Les mois qui suivirent furent noyés dans un brouillard de douleur et d'incompréhension. Le Cartel avait fait son œuvre et ses membres étaient déjà loin. Le reste de la famille n'avait dû son salut qu'au sortilège de légilimencie qu'un des sorciers avait fait subir à Sarah et qui avait dévoilé qu'aucun membre de la famille n'était au courant des agissements du Cartel. Luis avait été le seul à détenir des informations, le seul à représenter une menace à éliminer. Toute tentative de représailles était inutile ou ne servirait qu'à décimer un peu plus leur famille, surtout que leur grand-mère continuait toujours son existence à Juarez. Les Velasquez en étaient conscients, mais ça ne rendit pas leur deuil plus aisé pour autant. La culpabilité rongeait Soledad, elle avait vu la catastrophe arriver, elle l'avait senti jusque dans ses os, mais elle n'avait rien pu faire. Peut-être que si elle avait été plus forte, plus sûre d'elle, elle aurait pu sauver son père. Cette idée la rendait malade. Néanmoins elle dû aussi se rendre à l'évidence : son don était bien réel et il ne touchait pas que sa maitrise des objets divinatoires.
Il fallut près d'un an à Soledad pour accepter l'injustice de la mort de son père. Malgré le soutien de sa mère, de son frère et de sa sœur, ce fut l'épreuve la plus difficile de son existence et ce ne fut que grâce à sa famille qu'elle parvint à relever la tête de l'eau. Les mois finirent par apaiser la douleur, la transformant en un élancement sourd avant qu'elle ne devienne plus qu'un murmure désagréable qui venait lui tordre le cœur de temps en temps. Il était impossible d'oublier, juste d'apprendre à vivre avec ce trou béant dans sa famille et dans sa poitrine. La vie continuait son cours et Soledad ne pouvait rien faire d’autre qu’avancer avec elle, son père n’aurait pas voulu qu’elle perde son étincelle. Elle ne pouvait pas vivre éternellement dans le passé et les regrets. Tout comme elle ne pouvait pas mener une existence qui ne lui convenait pas.
Ce fut une rencontre qui permit à Soledad d’enfin prendre le nouvel élan dont elle avait besoin. Sur le chemin de traverse une nouvelle boutique avait ouvert, le Witches Bazaar, lieu mêlant apothicairerie, vente d’objets magiques et artefacts de magie occulte. Mais surtout une boutique qui possédait à la fois une partie moldue et une partie sorcière. La partie moldue était accessible par une entrée dans une rue commerçante de Londres c’était là que se vendaient des tarots, pendules et huiles essentielles variées, des articles de divination dénués de la moindre magie mais que les moldus affectionnaient de plus en plus. La partie sorcière était protégée par un sortilège et son entrée se trouvait sur le chemin de traverse, là les sorciers pouvaient trouver des objets et artefacts occultes empreints de magie. L’endroit ne tarda pas à fasciner Sol, elle qui nourrissait depuis enfant une curiosité sans borne pour les formes de magies peu connues ou méprisées. Pour tout ce qui était sous-estimé des autres sorciers, un peu comme elle. Elle ne tarda pas à faire la connaissance de la gérante, Meredith, une sorcière aux connaissances impressionnantes, à l’esprit ouvert et avec l’amour des voyages. Un lien se créa tout naturellement entre elles et la sorcière, consciente du talent de Soledad pour les arts divinatoires, fini par lui proposer un poste de vendeuse au sein de sa boutique. Fatiguée de jouer les secrétaires pour le Ministère et de ne voir aucune opportunité de carrière s'ouvrir devant elle, Sol sauta sur l’occasion. C’était la chance rêvée de se rapprocher un peu plus de sa passion mais également de la transmettre aux autres et de la développer en découvrant de nouveaux objets magiques. A l’aube de ses 21 ans, elle devint la première vendeuse du Witches Bazaar et elle prit enfin son envol.

A partir de cet instant les choses s’enchainèrent pour Soledad. Trois ans après ses débuts au Witches Bazaar, et après avoir peu à peu gagné en responsabilités, Meredith la nomma co-gérante. La sorcière, éprise de voyage, comptait bien reprendre la route pour dénicher de nouveaux objets rares à vendre, elle ne savait pas quand elle allait revenir mais elle savait qu’avec Soledad elle laissait sa boutique entre de bonnes mains. A 24 ans Sol se retrouva donc à la tête de son propre commerce, un véritable défi qu’elle entreprit de relever du mieux qu’elle le pu. Les mois qui suivirent lui permirent de prendre ses marques dans sa nouvelle vie, notamment en achetant un appartement dans le Londres sorciers. Alors que, pour la première fois depuis longtemps, Soledad avait l'impression d'avoir trouvé un équilibre, son existence fut de nouveau bouleversée par l'arrivée de sa cousine, Mahra. Celle-ci ne tarda pas à lui révéler les dettes que son père avait contractées auprès de sa famille pour financer leur fuite du Mexique. Consciente qu'elle ne pouvait tout laisser retomber sur sa mère ou sa petite sœur, et que son frère, travaillant dans la police magique, serait trop droit pour céder, Soledad accepta de prendre cette responsabilité. Pour éponger les dettes de sa famille, elle accepta de travailler au cirque de sa cousine : Neverland. Ce qui devait être une contrainte se révéla peu à peu être l'opportunité rêvée pour elle d'exercer ses dons en divination. Elle devint donc la diseuse de bonne aventure du cirque, octroyant conseils et aperçus du futur une fois la nuit tombée.
Même si elle continuait d'évoluer dans le domaine de la divination, Soledad mis près de 10 ans à avoir une deuxième vision. Alors qu'elle s'apprêtait à sortir pour rejoindre des amis, elle perdit connaissance et se réveilla quelques minutes plus tard avec un mal de crâne lancinant et l'impression viscérale que son amie Beth courrait un grave danger. Les souvenirs étaient flous mais elle se rappelait avoir vu une ombre, gigantesque et inhumaine, se jeter sur la sorcière pour l'engloutir dans les ténèbres. A son réveil elle avait la sensation que les hurlements de la tireuse d'élite résonnaient toujours à ses oreilles. Elle tenta d'avertir son amie, mais tout comme sa famille des années auparavant, celle-ci ne se montra pas réceptive. Son avertissement fut balayé d'un geste de la main et d'un rire léger. Beth n'avait jamais véritablement pris au sérieux les dons de Soledad en divination et jusqu'à présent ça n'avait jamais gêné la sorcière. Mais cette fois c'était différent, ce n'était pas la première fois qu'elle avait ce genre de vision et elle avait bien vu la dernière fois qu'il ne servait à rien de fuir le destin. Elle craignait le pire pour Beth mais les mois passèrent et son amie continuait de lui affirmer que tout allait pour le mieux. Néanmoins, à chaque fois qu'elle lui répétait ces mots, elle pouvait la sentir s’éloigner un peu plus d'elle. Si elle n'avait pas à craindre pour Beth, elle finit par avoir peur pour leur amitié. C'était la première fois que ce qu'elle distinguait du futur -que ce soit à travers des objets divinatoires ou une vision- ne se réalisait pas et ça la plongea dans un trouble profond. Pouvait-elle réellement croire ce qu'elle voyait ? Ou s'était-elle fourvoyée dès le début ? Elle qui avait une confiance absolue en les arts divinatoires venaient à douter de tout, et surtout de ses capacités.
Malgré les doutes et l'incertitude qui la rongeaient, Soledad ne put rester insensible face à la remontée des mangemorts. Elle n'avait pas connu les deux guerres essuyées par les sorciers britanniques, mais elle savait ce que c'était que de vivre dans la peur constante, de regarder sans cesse par-dessus son épaule ou de perdre un être cher. Elle n'était peut-être pas une combattante hors pair, mais elle avait d'autres talents qu'elle offrit de mettre à disposition de l'Ordre du phénix. Elle avait beau être sous-estimée par tous, Soledad ne comptait pas rester sans rien faire. Pas lorsque toute son existence risquait une nouvelle fois de basculer. Pas lorsque tout ce en quoi elle croyait était menacé.