Atanas entama sa vie dans un contexte familial tout à fait banal. Il est le fils d'Ioana Vassilev et Nikolai Apostolov. Deux parents issus d’un mariage d’amour. Ioana passa de rentière à femme entretenue. Le couple vécut six ans d’amour et rien ne semblait les arrêter. Nikolai était fou amoureux de sa femme. C’est donc naturellement qu’ils eurent un enfant. Un fils qui plus est. Atanas allait être l’héritier de deux grandes familles : les Vassilev et les Apostolov. Cependant, contrairement à la tradition, Atanas prit le nom de sa mère. Les Vassilev avaient accepté le mariage à cette condition. N’ayant eu que des filles, le nom Vassilev risquait de disparaître. Ce fut pour cette raison qu’Atanas se nomma Atanas Vassilev. Mais à la naissance de son fils, Ioana commença à changer. Elle se mit à sortir beaucoup, parlait de moins en moins à son mari et surtout ne s’occupait jamais de son fils. Mais Nikolai était dans le déni le plus total. Il continuait à croire que sa vie était parfaite. Mais les choses changèrent du jour au lendemain. Un matin, il vit un mot sur sa table de nuit : Ioana était partie, laissant derrière elle un mari et un fils.

À seulement deux ans et demi, Atanas se retrouva sans mère et, par la même occasion, sans père. Car bien qu’il vécût encore avec Nikolai, celui-ci délaissa totalement son fils. Sombrant dans l’alcool et la dépression, le père ne supportait plus de voir Atanas qui ressemblait trop à sa mère. Il paya donc une fortune, des précepteurs, des nourrices pour s’occuper de son fils. Atanas grandit sans amour. Pourtant, il en demandait. Le petit garçon se mit alors en tête une idée qui lui restera trop longtemps à l’esprit : il devait se faire remarquer par son père. Alors, l’enfant tenta tout : il passa du parfait héritier de grande famille au garçon qui faisait les 400 coups.

Mais rien à faire. Au fur et à mesure, le garçon qui était si joyeux se renferma sur lui-même. Et puis, autour de ses neuf ans, il eut une lueur d’espoir. Ioana fit son retour. Sans un mot, sans une explication envers son fils, elle reprit sa place dans la famille Vassilev. Il ne faut pas oublier qu’Atanas n’avait que deux ans lorsque sa mère disparut, alors quand celle-ci revint six ans plus tard, il ne l’a reconnu pas. Le garçon n’avait que très peu de souvenirs d’elle. Au début, il fut méfiant, mais très vite, il se rendit compte que cette femme redonna vie à son père. Il arrêta l’alcool et se remit doucement à s’intéresser à son fils. Cela dura un an. Une année qu’Atanas jugera être la meilleure de sa vie pendant longtemps. Parce qu’après une année, Ioana disparut de nouveau. Il n’avait pas les détails à cette époque-ci et pour lui, ça ne voulait pas dire grand-chose. Il faut savoir qu’Atanas n’a jamais et ne sera jamais attaché aux principes du sang. Non, la seule chose qu’il comprit, ce fut que sa mère l’avait de nouveau abandonné. Et son père, lui, sombra à nouveau et cette fois, bien plus qu’avant. Un jour, Atanas le retrouva au bord de la fenêtre du troisième étage. Le garçon le supplia de toutes ses forces, mais Nikolai finit par sauter. Heureusement, un domestique arriva à temps et empêcha le père de s’écraser sur le sol grâce à un sortilège. Après cela, Nikolai fut interné pendant presque un an. Durant ce temps, Atanas alla habiter chez ses grands-parents. Ce fut une année de répit pour le garçon. Certes, il s’inquiétait pour son père, mais ses grands-parents, quoique peu démonstratifs, lui créèrent une sorte de cocon. Ce fut dans ce contexte qu’Atanas arriva à Dumstrang. Il fut sans hésitation répartie dans le clan Blizzard. Atanas, se fit alors ses premiers amis. Il découvrit également le sport, comme le Quidditch, une de ses grandes passions de l’époque.

Début décembre de sa première année, Atanas reçut une lettre : son père était sorti et il allait beaucoup mieux. Pendant un mois, le garçon était aux anges, il était impatient de rentrer pour Noël. Et puis, les vacances arrivèrent. Aux vues de l’amélioration de l’état de Nikolai, il avait été décidé qu’Atanas retournerait vivre chez son père. Naïvement, le fils Vassilev espérait trouver un père guéri et aimant. Bien entendu, ce ne fut pas le cas. Quand Atanas arriva chez lui, il fit la connaissance d’une femme qui allait changer sa vie : Lumila Toteva. Les premiers jours, Atanas n’eut pas beaucoup l’occasion de lui parler ni d’apprendre à la connaître, mais il l’adora. Pourquoi ? Tout simplement parce qu’elle donnait le sourire à son père, elle le changeait. Mais très vite, Atanas se rendit compte qu’il était de trop. Son père le négligeait encore plus qu’avant. Et quant à Lumila, au début, elle se contentait de ne pas lui adresser la parole. Atanas se renferma encore plus sur lui-même. Lui qui avait cru que son père l’ignorait par maladie se rendait compte qu’il ne voulait juste pas de lui. Nikolai voulait à tout prix oublier son ancienne femme, son ancienne famille, il voulait tout recommencer. Mais Atanas ne voulait pas laisser son père. Pour lui, les choses étaient simples : il devait prouver sa valeur. Pendant ses deux semaines de vacances, il fit tout pour attirer l’attention de son père. Et miracle, ça marcha. Les prouesses d’Atanas à Dumstrang rappelèrent à Nikolai le bon vieux temps. Il alla même jusqu’à parler de sa rencontre avec Ionna. Ce qui fut la goutte de trop pour Lumila.

Atanas, lui, de son côté, ne se doutait de rien. Pour la première fois, il avait un père. Le garçon voyait bien que Lumila ne l’appréciait pas, mais il préféra ne pas y penser et profiter un maximum de Nikolai. Les derniers jours de vacances passèrent vite, beaucoup trop vite aux yeux du Vassilev. Il avait beau avoir passé d’excellents moments à Dumstrang, il voulait rester auprès de son père. Pourtant, il n’avait pas le choix, s'il voulait être la fierté de sa famille, il se devait d’étudier et de devenir un grand sorcier. Cependant, alors même qu’Atanas faisait sa valise, Lumila décida de passer à l’action. Elle ne pouvait pas laisser ce gamin gâcher l’idylle qu’elle avait planifiée. Lumila entra dans la chambre d’Atanas sans un mot et avant même que ce dernier puisse réagir, elle le rossa. Le garçon fut incapable de dire le temps que cela dura, mais pour lui, ce fut une éternité. Quand elle s’arrêta enfin, Atanas laissa échapper une larme, il ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Avant de partir, Lumila l’attrapa par le cou et lui dit des mots qu’il n’oubliera jamais : « Ne reviens jamais ou tu regrettas d’être né. » Et puis, elle sortit sa baguette et soigna le garçon avant de quitter la pièce.

Atanas resta un moment sur le sol. Lumila avait pris soin de le soigner, il n’avait aucun moyen de prouver ce qu’il venait de se passer. Et puis, de toute façon, il n’avait pas l’intention d’en parler à qui que ce soit. Il avait trop honte. Il s’en voulait aussi. Pourtant, le garçon ne comprenait pas ce qu’il avait fait pour mériter cela. Atanas rentra donc à Dumstrang faisant comme si rien ne s’était passé. Au bout de quelques semaines, la peur du Vassilev se transforma en colère : cette femme était dangereuse, en plus d’être violente, elle profitait de la faiblesse psychologique de Nikolai. Elle le manipulait pour profiter de son nom et de son argent. Le garçon n’allait pas abandonner son père, il allait se battre et le libérer de l’emprise de Lumila. Atanas passa la deuxième partie de l’année à se préparer : il délaissa le Quidditch pour les sports de combat ainsi que le club de duel. Il prit soin de s’entraîner tous les jours.

Le Vassilev était persuadé qu’avec l’entraînement intense qu’il avait fait, Lumila ne ferait pas le poids face à lui. Mais le garçon oubliait qu’il n’avait que douze ans et qu’il s’opposait à une sorcière accomplie d’une quarantaine d’années. Les vacances arrivèrent, Atanas rentra la tête haute, mais très vite, il se rendit à la dure réalité. Ce fut un été horrible pour lui. Lumila tint sa promesse et fit vivre un enfer au garçon, qui essayait de se débattre comme il pouvait. Chaque matin et chaque soir, à la même heure, la belle-mère rossait le garçon avec un simple message : « Va-t'en. » Mais le plus dur pour Atanas, ce fut non pas la violence de cette femme, mais son père qui fermait les yeux à tel point que Lumila ne prenait plus la peine de le soigner. Atanas se sentait très seul. Lui qui s’était toujours dit que son père l’aimait malgré tout commençait à en douter. Pour autant, il ne voulait pas l’abandonner. Cette femme l’utilisait, Nikolai était une victime, tout comme son fils.

Atanas continuait ainsi de combattre. Quand il était à Dumstrang, il s’entraînait et quand il rentrait, il se faisait battre. Le garçon faisait de son mieux pour essayer d’ouvrir les yeux de Nikolai, mais cela ne faisait que l’éloigner de lui. Plus il parlait de ce qui lui arrivait, et plus Atanas perdait son père. Il finit donc par se taire. La vie continua et Atanas ne trouvait sa place qu’à Dumstrang. Il était ce garçon populaire à qui on imaginait une vie parfaite. Chez lui, les choses ne faisaient qu’empirer : Lumila Toteva devint Lumila Apostolov. La vie continuait pourtant son cours pour Atanas. Cependant, avec le temps, le jeune homme devenait violent, il lui arrivait de se battre, mais surtout, il intensifiait sa pratique des arts martiaux. Certains sangs purs lui disaient que c’était un sport de moldu, mais Atanas s’en moquait éperdument. C’était le seul moyen qu’il avait trouvé pour libérer sa haine.

Les années passèrent et Atanas eut quatorze ans. Une année qui changea sa vie, car Lumila tomba enceinte d’un petit garçon : Iskren. Atanas eut à peine le temps de voir sa belle-mère que le petit fut né. Le jeune homme fut incapable d’apprécier son frère, c’était regrettable, mais pour lui, il était le fruit d’une union maudite. Atanas évita de son mieux son frère. Mais aux dernières vacances, il ne put l’ignorer. Nikolai n’avait d’yeux que pour le nouveau-né. Cependant, Atanas espéra que ce petit allait enfin montrer à Lumila que l’aîné Vassilev n’était pas une menace, mais il se trompait. Atanas ne se fit pas battre de l’été, il faut dire qu’il avait grandi, peut-être que Lumila ne voulait pas prendre le risque de perdre face au garçon.

Atanas s’était résigné : il ne pourrait pas séparer Lumila et Nikolai, maintenant, il formait une famille dont Atanas ne faisait pas partie. Enfin, officieusement, car Atanas se nommait Vassilev, mais il était également un Apostolov. Plus que ça même, il était l’héritier, l’aîné de l’aîné. Atanas était destiné à diriger une des grandes puissances de Bulgarie. Et pour Lumila c’était problématique, même insupportable. Cet argent devait appartenir à elle et à son fils. Alors Lumila n’avait plus le choix, Atanas devenait puissant, elle devait l’arrêter avant qu’il ne soit trop tard.

Ce fut le six juin 2004 que le cours de la vie d’Atanas Vassilev bascula. Sa belle-mère tenta de l’assassiner pour la première fois. Le jeune homme avait tout juste quinze ans. Il n’y avait aucune preuve, mais Atanas l’avait reconnu. Et il ne pouvait plus garder cela pour lui. Cette fois-ci, l’héritier fuit, allant se réfugier chez ses grands-parents côté Vassilev. Il leur raconta son histoire. Atanas ne sut jamais s’ils y avaient cru ou simplement pensé que le garçon battu faisait une crise de paranoïa, mais ils décidèrent de l’accueillir.

Pour Atanas, il n’y avait plus de doute : il devait se débarrasser de Lumila. Pas en la tuant, non, cela serait se rabaisser à son niveau, mais passant par la justice. Bien entendu, les Aurors ne le prirent pas au sérieux. À leurs yeux, Atanas n’était qu’un garçon jaloux qui tentait de faire tomber sa belle-mère. Ainsi, pour Atanas c’était simple : si les Aurors n’arrêtaient pas Lumila, alors il le ferait lui-même. Atanas allait devenir Auror même si ce n’était pas forcément ce que voulaient ses grands-parents. De toute façon, avec son argent, il pouvait se permettre de faire tous les métiers du monde.

Cependant, il ne faut pas oublier qu'Atanas n’avait que quinze ans et qu’il avait encore de nombreuses occasions de se faire assassiner avant de devenir Auror. Pendant de longues années, Atanas grandit dans la peur. Il savait qu’à tout moment, il pouvait se faire tuer. Cette peur constante se transforma en paranoïa. Le jeune homme ne dormait plus, ne faisait plus confiance à personne. Il se fit prescrire des potions pour le sommeil, bien qu’il ne les prenait que très rarement, de peur qu’il ne soit pas capable de se réveiller dans le cas où l’on essayerait de nouveau de l’assassiner.

Petit à petit, Atanas se rendit compte qu’il était en sécurité à Dumstrang, il évita alors un maximum de quitter l’institut. Ce fut à cette période que les relations du jeune homme devinrent très compliquées. Il avait très peu d'amis et aucune petite amie. Atanas s'était très vite rendu compte que quelque chose clochait chez lui et il n'était pas le seul, il le voyait bien dans le regard de ses camarades. Ses crises de colère n'avaient rien de naturel et repoussaient les gens de manière encore moins naturelle. Et puis il y avait ses relations amoureuses. Atanas était séduisant, il le savait, mais il y avait autre chose. Les femmes lui vouaient parfois une adulation et puis, sans crier gare, se désintéressait de lui complètement. En plus de son contexte familial plus que compliqué, ses bizarreries l'isolaient. Il préférait rester seul et n'avait jamais confiance en personne. Les réactions de ses camarades envers lui étaient si irréalistes qu'il préférait ne pas s'attacher. Il devint méfiant et cette méfiance accrut sa solitude, mais ce fut grâce à elle qu'Atanas devint un si bon Auror.

Les choses se compliquèrent quand Atanas quitta l’institut pour rejoindre l’université. Il dut s’éloigner du domaine familial pour aller s’installer en ville. Ce fut pendant cette période qu’il subit le plus de tentatives d’assassinats. Mais malheureusement pour Lumila, plus Atanas grandissait et plus l’idée de le tuer devenait illusoire. De plus, il fut protégé par la police magique, discrètement certes, mais assez présent pour avoir déjoué les deux tentatives d’assassinats qu’il subit au cours de ses études.

Au bout de trois ans d’études, Atanas finit enfin par être Auror. Ce fut à ce moment-là que les choses commencèrent enfin pour le jeune homme. Ce métier, qu’il avait choisi pour arriver à ses fins, devint sa passion. Il enchaînait les missions de plus en plus dures, tout en, sur son temps libre, cherchant à faire tomber sa belle-mère. Au début, il était très difficile de trouver des indices. Mais Atanas ne se laissa pas abattre. Avec son enfance difficile il avait appris beaucoup de chose. Entre son côté manipulateur et son agressivité lancinante, le jeune homme commença à avoir des résultats. Il maniait la vérité quand ça l’arrangeait mais il impressionnait aussi ses interlocuteurs avec sa violence qui bouillonnait dans son regard. Ce fut grâce à cela qu’il se fit vite une petite réputation dans la police magique. Pour ce qui était de ses recherches personnelles, il réussit à recueillir plusieurs éléments. La femme d’un tueur à gage confessa avoir fouillé dans les affaires de son mari décédé. Elle trouva alors un contrat datant de l’époque de la deuxième tentative d’assassinat du Vassilev. Dessus, elle y trouva une description de sa cible qui concordait fortement avec celle d’Atanas. Cependant, elle ne trouva aucune mention du client. Le jeune homme se pencha aussi sur la fois où on avait essayé de l’empoisonner. Il arriva à remonter jusqu’au créateur du poison, qui s’avéra être un fabricant de potions. Ce dernier lui donna une liste de deux mille noms où figurait celui de Bilyana Ivanova. Un nom, qu’avait utilisé Lumila plus d’une fois. Il était clair que sa belle-mère était coupable, cependant, cela ne suffisait pas à l’inculper.


Atanas avait vingt-cinq ans quand il passa à l’action. Il avait besoin d’aveu, c’était la seule façon de faire tomber une femme aussi puissante que Lumila. Pourtant, sa belle-mère préférerait mourir que d’avouer quoique ce soit. Mais Atanas la connaissait personnellement. Cela faisait quinze ans qu’il la côtoyait. Atanas posa les choses : si elle voulait le tuer, c’était pour qu’Iskren hérite de la fortune des Apostolov. Le jeune Auror savait aussi que Lumila et Iskren avaient une relation fusionnelle, qu’Atanas avait souvent jalousée d’ailleurs. Le Vassilev n’avait peut-être pas assez de preuves pour faire tomber sa belle-mère, mais il en avait suffisamment pour effrayer son frère, qui n’avait alors que onze ans. Il était, certes, jeune, mais Atanas espérait que Lumila, pour l’endurcir et en faire un homme fort, choisisse d’embrigader Iskren dans cette histoire. Et il vit juste. Lumila préparait depuis des années son fils à devenir un digne héritier. Elle ira même jusqu’à lui dire qu’il devra l’assassiner lui-même si cette dernière échouait de nouveau. Atanas n’eut pas à faire grand-chose pour faire parler son frère. Il lui énonça les preuves en laissant sous-entendre que certaines, plus solides, l’impliqueraient. Atanas finit par menacer son frère de l'envoyer en prison ou, pire, de la peine capitale. Au bout de plusieurs heures d’interrogatoires, le Vassilev finit par avoir les aveux signés d’Iskren. Il n’avait eu aucune pitié. Son frère avait beau être jeune, il était à l’origine de l’enfer qu’Atanas vivait depuis ces dix dernières années. Bien entendu, en échange de cela, Iskren eut l’immunité.

Atanas s’était imaginé qu’une fois les preuves réunies, les choses iraient vite, mais il s’était trompé. Les démarches judiciaires étaient longues et Lumila avait de très bons avocats. Mais ce n’était pas suffisant. Après sa première arrestation, il eut divers témoignages sur d’autres crimes horribles qu’avait pu commettre l’accusée. De son côté, Nikolai retomba dans une profonde dépression. Ses parents, qui jusqu’alors n’étaient jamais intervenus, l’obligèrent non seulement à divorcer de sa femme, mais aussi à témoigner contre elle. Les Apostolov ne pouvaient pas se permettre de ternir ainsi leur image.

Au bout de trois ans, Lumila fut enfin emprisonnée, et ce, à vie. Elle avait échappé de peu à la peine capitale grâce à l’intervention d’Atanas. Ne croyait pas qu’il avait fait cela par pure bonté, non, mais il pensait que la mort était une sentence bien trop douce pour elle. Le jeune homme attendait depuis plus de dix ans ce moment. Atanas s’était imaginé que sa victoire l’aurait libéré de tous ses démons, mais il était toujours aussi perturbé. Il continuait intensément les arts martiaux, participant aux plus de combats possibles pour extérioriser ce qu’il était incapable d’exprimer. Il buvait, sortait, séduisait et travaillait. Atanas aimait son travail : ça ne lui retirait pas ses traumatismes, mais ça lui permettait d’empêcher aux autres d’en avoir. Du côté familial, Atanas représentait une grande fierté pour ses grands-parents, paternels comme maternels. L’Auror réputé qu’il était en train de devenir, redorait grandement le blason des Vassilev et des Apostolov. Cependant, Nikolai ne lui adressait plus la parole. Il ne pardonnait pas son fils. Mais Atanas avait grandi, il n’était plus le petit garçon prêt à tout pour son père. Un père qui ne lui avait presque jamais donné de considération, un père qui avait laissé son fils se faire battre, un père qui n’avait même pas essayé d’empêcher sa femme de le tuer. Atanas finit par couper définitivement les ponts avec lui.

Et puis, arriva ce qui devait arriver : Nikolai s'ôta la vie le vingt-six juillet 2019. Pour autant, Atanas ne lui pardonna toujours pas. Il avait d’ailleurs choisi de ne pas se rendre à son enterrement. Ses grands-parents avaient insisté, mais le Vassilev avait été catégorique, tempi pour son image. Bien qu’Atanas se vantait de ne pas être affecté par la mort de son père, il en souffrait énormément. Il avait beau avoir été un père exécrable, il avait été sa seule famille. Lui au moins ne l’avait pas abandonné, contrairement à sa mère. Bien sûr, il lui restait Irksen. Mais Atanas ne lui pardonnait pas d’avoir été complice des tentatives d’assassinats qu’il avait subies.  Et de même, Irksen ne lui pardonnait pas d’avoir emprisonné sa mère et par la même occasion d’avoir plongé son père dans une terrible dépression l’amenant tout droit au suicide.

Atanas faisait son deuil à sa façon. Il se refaisait sans cesse sa vie. Plongeant dans les pensines, en allant jusqu’à revivre ses pires moments. Il se demandait : et si les choses se seraient passées autrement ? Et si elle ne les avait pas abandonnés ? Ioana Vassilev. Atanas n’avait que très peu de souvenirs d’elle. Ils étaient positifs, pourtant, il commençait à naître en lui une haine puissante à son égard. Elle l’avait laissé seul, non pas une fois, mais deux. Pendant longtemps, Atanas avait tout fait pour oublier sa mère, mais depuis la mort de Nikolai, c’était différent. Il voulait comprendre. Atanas voulait savoir ce qu’il y avait de-ci, repoussant chez lui. Sa mère, son père, sa belle-mère, son demi-frère, tout le monde le haïssait. Atanas décida de partir à la recherche de sa mère. Il allait lui demander des comptes. Le jeune homme ne partait pas de rien. Il savait que ses grands-parents avaient bien plus de renseignements sur elle que ce qu'ils avaient dit à Atanas quand il était jeune. Atanas alla donc les interroger et, étonnement, ils répondirent à ses questions. Ioana était partie vivre en Angleterre et avait trahi son sang en faisant un enfant avec un moldu. Chose qui, chez les Vassilev comme chez les Apostolov était criminelle. Atanas, lui, n’avait jamais eu de problème avec les questions de sang. Ses précepteurs, dits modernes, ne lui avaient jamais enseigné ces traditions archaïques et, pour ce qui était de son père, celui-ci ne prit pas la peine d’enseigner quoique ce soit à son fils. Ce qui le choquait, ce fut que sa mère ne l’avait pas abandonné, non pas par soif de liberté, mais pour aller refaire sa vie. Atanas fut rempli d’une immense jalousie : qu’est-ce que ce moldu et sa fille avaient de mieux que lui et son père ? Pourtant, elle avait fini par revenir. Mais pas par amour, comme l’avait longtemps cru Atanas mais par besoin : elle avait fui l’Angleterre pour se préserver. Si elle était revenue dans sa vie, c’était simplement pour être protégée. Bien entendu, ce ne fut pas le cas. Les Apostolov découvrirent très vite l’adultère, qui plus est, avec un moldu. Ils exigèrent qu’elle soit punie en conséquence. Quant aux Vassilev, ils avaient beau aimer leur fille, celle-ci venait de salir leur nom, alors ils acceptèrent la sentence. Atanas apprit alors qu'Ioana était traquée depuis toutes ces années. Cependant, les recherches ne donnaient rien.

Atanas resta deux ans à ressasser ces explications, il se posait maintes questions : qui était sa sœur ? Et ce moldu ? Et puis, le jeune Vassilev eut une opportunité qui ne se refusa pas. Avec la guerre qui faisait rage en Europe, la Bulgarie décida d’envoyer des renforts. Atanas accepta sans hésitation. Il devait quitter ses terres où il avait vécu tant de malheur. Et puis, il s’était décidé : il allait retrouver sa mère pour la mettre face à ses décisions. Atanas allait s’appuyer sur ces idées racistes auxquelles il n’adhérait pas pour faire payer sa mère.

Avant de partir, Atanas voulut tout savoir sur la situation en Grande-Bretagne. Il savait qu’il se rendait sur place en grande partie pour combattre les moldus et il devait savoir à quoi s’attendre. Ce qu’il vit ne lui plut pas du tout. Séquestration, torture, meurtre, les bretons vivaient l’enfer. Mais le pire, ce fut que dans ces victimes du fameux Blood Circle, il y avait des enfants. Et, pour Atanas qui avait été maltraité, c’était inadmissible. On pouvait faire la guerre pour diverses raisons, mais on ne s’en prenait pas aux enfants. Atanas prit dès lors sa mission très au sérieux. Quand il arriva en Angleterre, il se mit à travailler intensément. Le jeune homme se rendit vite compte qu’il manquait de moyens. Que pour combattre les moldus, il fallait plus. Atanas n’était, à ce moment, ni de l’Ordre du Phénix ni des mangemorts, seulement dans le camp des sorciers. L’un était, à ses yeux, inefficace et l’autre, avait des idées qu’il ne partageait pas. Et puis, arriva Piccalilly Circus. Atanas était sur une autre mission ce jour-ci et arriva seulement dans un second temps sur place. Il vit à ce moment-là les mangemorts protéger, non pas uniquement les sorciers, mais aussi les moldus qui les défendaient. Après cela, Atanas eut matière à réfléchir. Il avait besoin de plus de moyens, de savoir et même si les mangemorts avaient encore des idées archaïques, ils n’étaient certainement plus les mêmes qu’à l’époque du Seigneur des ténèbres. Quoique ce soit leur passé, ils se battaient pour protéger les sorciers. Égoïstement, à force de pression familiale, de besoin d’agir plus et d’informations pour retrouver sa mère, quand un mangemort vint lui vendre sa cause, Atanas céda. Au fond, il savait que les mangemorts n’étaient pas des anges, mais l’Ordre du Phénix était aux jours d’aujourd’hui, incapable d’être efficace et il était hors de question pour Atanas de rester en dehors du combat. Il avait été envoyé en renfort, il ferait ce pourquoi il était venu, n’importe les moyens.

Maintenant qu’il était mangemort, Atanas réussit à obtenir un nom : Tom Haig. Ce n’était qu’un début, mais le Vassilev allait faire ce qu’il fallait pour retrouver sa mère et accessoirement sa sœur. La Grande-Bretagne était peut-être dans une situation désastreuse, mais pour Atanas c’était un nouveau départ, une nouvelle vie loin de ses histoires de famille tordues.