Juliette Capulet n'aurait jamais dû être amoureuse, elle mérite sa tragédie pour avoir été aussi niaise avec son Roméo. Fantine a vendu ses cheveux et ses dents pour sauver Cosette de la misère, mais le nom de la petite fille devint synonyme d'enfants exploités par les adultes envers et contre toute la bonne volonté de sa mère, de celle de Jean Valjean, son père adoptif. Les bons sentiments ne suffisent pas et Callista ne s'en embarrassent pas. Contrairement à Juliette Capulet, elle ne recherche pas l'amour, encore moins la quête de l'expiation de Jean Valjean, qui lui donne la nausée.

La Kane n'a aucun sympathie envers les héros de ses œuvres préférées. Elle a toujours été plus fascinée par un Jack l'éventreur plutôt que par un Sherlock Holmes. Plus admirative du Joker que du Batman. Excepté le Julien Sorel de Stendhal, en qui elle se reconnaît au moins partiellement. Le personnage en qui elle s'identifie le plus, serait sans aucun doute Raskolnikov, de Crime et Châtiment, un jeune étudiant en droit de Pétersbourg qui sous l'horreur de la misère, décide de tuer une usurière pour la dépouiller de ses trésors volés aux démunis afin de payer ses études. Raskolnikov tue la vieille femme à coups de hache. Callista se dit qu'à sa place, elle aurait fait la même chose. Quant à son philosophe préféré, elle hésite entre Machiavel et Marc-Aurèle. Quoiqu'elle apprécie Schopenhauer et sa misanthropie notoire qu'elle prend comme exemple.

Elle aime le noir et déteste les couleurs vives, elle méprise la technologie qu'elle considère comme un aspirateur à intellect et n'utilise son vieux téléphone à clapet que pour répondre aux appels. En cours, elle prend note à la main et étudie sur des feuilles de bloc, elle n'a ni ordinateur ni télévision et n'est inscrite sur aucun réseau social. Autrement dit, dans cette société, la mort sociale. Ses "amis" sont seulement présents autour d'elle car ils sont intéressés par la fortune dans sa famille. Ce sont des zombies. En réalité, Callista ne voit pas énormément de différence entre des mangeurs de chairs putréfiés et les hommes, les uns vivent pour la chair et les autres vivent pour l'argent. Dans tous les cas, ils sont des esclaves.

L'étudiante n'a aucune estime envers sa mère, qu'elle considère comme un simulacre, comme un pantin dénué de volonté. Elle ne s'entend vraiment pas bien avec sa génitrice et est souvent occupée à lui briser le cœur à travers des paroles cinglantes. Quant à son père, elle ne l'estime pas plus, mais elle en a peur et n'ose pas se rebeller face à lui. Pas encore. Elle le fera un jour. Elle attend presque sagement que son trône le ramollisse.

A cause de son caractère violent, de ses paroles tranchantes comme des rasoirs et de son goût pour le morbide, Callista crée bien des soucis à George, mais l'influence de ce dernier suffit à ne pas créer des scandales dans la presse. Pourtant, son père ne lui coupe pas les vivre et continue de s'occuper d'elle pour une bonne raison. Callista brille d'intelligence.

Elle n'a pas son égal pour se mettre à la place des autres, pour les manipuler et déjouer leurs plans. C'est également, de fait, une brillante joueuse d'échec. Elle peut passer des nuits à concocter des plans pour son père, pour le Blood Circle. Elle est l'un des cerveaux cachés du Cercle de sang et la blonde possède une imagination débordante pour traquer les Sorciers. Elle ne sert pas le Cercle avec ses poings ou avec son influence, mais avec ses idées.

Cependant, elle agit souvent trop impulsivement et est très susceptible. N'importe qui peut facilement provoquer la colère de Callista et diminuer ses capacités de rationalisation. Si elle adore la compétitivité, en revanche elle ne supporte pas la défaite. Elle a d'ailleurs souvent tendance à se surestimer par rapport aux autres qu'elle considère comme des invertébrés marins qui ne sont pas plus dignes que des étoiles de mer. D'ailleurs, elle surnomme les moldus "Les Etoiles de mer" car ils sont passifs et moches et les Sorciers "Les Concombres de mer" car ils pensent en avoir une grosse, alors qu'en réalité ils sont mous. 

En dehors de la famille Kane, Callista n'est connue que de nom, même au conseil du Blood Circle elle reste napée d'une aura de mystère et ses liens avec le Cercle sont ténus du point de vue extérieur. En effet, officiellement, Callista n'est ni proche de son père ni proche de son frère. Pourtant, elle réfléchit dans l'ombre et trouve des solutions radicales aux problèmes de son père. En outre, elle est une membre bien plus active et dangereuse qu'elle laisse croire.

Derrière tout cela, bien qu'elle aime s'en prendre à sa famille et malgré ses différents avec eux, elle ne laisserait personne leur faire du mal. Elle est la seule qui le peut avec ses paroles blessantes. De plus, Callista ne déteste pas foncièrement tous les humains, elle cultive et protège l'étrangeté, la différence. Là où les petites filles sont dégoutées par les monstres moches, Callista les adorent. Elle voit de la beauté dans la laideur, de la grâce dans la boue. Ceux qui ont l'audace d'oser ne pas être comme les autres, ceux-là ont sa sympathie.

En février 2020, les Sorciers menaient la contre-attaque avec leurs équipes de Rafleurs, ceux-ci disposaient de droits spéciaux pour chasser les membres du Cercle. Callista se croyait hors d'atteinte jusqu'à ce soir fatidique. Evidemment, fille du premier ministre, elle était une cible de choix, mais était aussi très protégée.

Alors que le Big Ben dominait la ville derrière elle, quelques lampadaires éclairaient une ruelle de Londres qui donnait sur Downing Street. Callista retournait chez elle, accompagnée d'un unique garde du corps qu'elle connaissait bien et qui était presque devenu un "ami". Elle portait l'uniforme de son université et était coiffée de deux couettes blondes platines. Son maquillage noir contrastait avec son visage pâle cadavéreux qui se confondait avec les obscurités de la nuit.

- Comment vont tes enfants ? Tu as hâte de les retrouver ? Henri va entrer en seconde si il réussit ses examens c'est ça ? demandait-elle. Callista n'avait vraiment pas envie de parler, mais un silence malaisant venait de s'installer entre eux.
- J'ai hâte de rentrer à la maison ! Henri est un peu plus jeune, laisse lui donc le temps de grandir. Il va entrer en troisième. En plus, je crois que ma femme prépare des sushis ce soir, répondait le garde du corps, content que pour une fois la jeune fille s'intéresse à lui.

En marchant, Callista et son garde du corps croisèrent deux hommes et une femme. Quelques secondes plus tard, la femme prononça une formule magique interdite et le garde du corps s'effondra. Son teint devint aussi pâle que celui de Calista, ses muscles raides et froids ne donnaient plus aucun signe de vie. L'homme mort gardait les yeux ouverts et sa bouche ouverte désarticulée effrayait

- Adams ! La jeune fille secouait de toutes ses forces son garde du corps, essayant dans un élan de désespoir de le réveiller de son morne voyage vers ailleurs. En comprenant qu'il ne réagirait plus, Callista recula de quelques pas. Ce visage allait rester gravé dans sa mémoire.

Le second sorcier lança un autre sortilège interdit sur Callista, un craquement d'os épouvantable survenu juste après brisa l'os de la jeune fille. La jambe droite était rouge et gonflée, sa blessure l'empêchait de se relever et de marcher. Un peu trop tard, des policiers arrivèrent sur le lieu alors que la jeune blonde criait à cause de la douleur. Les policiers dégainèrent leurs pistolets et des coups de feu s'en suivirent contre les sorciers. Au talkie-walkie, l'un des policiers appelait des renforts.

Les mages s'attaquèrent aux policiers. Alors que les sorciers s'apprêtaient à s'enfuir avec Callista, d'autres voitures de police arrivèrent sur les lieux et l'un des trois se fit toucher à l'épaule. Dépassés par le nombre de policiers, les sorciers prirent la fuite, laissant Callista sur le sol, tremblante de peur.

Ce soir-là, Callista croyait mourir et avait vu l'horreur de regarder un cadavre dans les yeux. Pour la première fois, elle remarquait de ses yeux à quel point les sorciers étaient dangereux. Ce jour-là, elle prit sa décision : Tuer la magie avant qu'elle ne me tue.

A l'hôpital, elle téléphona à son père, George Kane.

- George.
- Un peu plus et les Sorciers te capturaient. Cela aurait été fâcheux. Tu dois faire plus attention Callista. Je suis déçu de toi, j'en attendais plus. J'envoie des agents te récupérer à l'hôpital, répondait son père.
- Je veux participer à la cause. Je veux entrer au conseil du Cercle et faire payer aux sorciers. Je voulais me tenir éloigner de cette guerre, mais ce n'est plus possible, déclarait-elle à son père, bouleversée par la tentative d'assassinnat.