Sixième étage de Sainte Mangouste, bureau du Directeur.

Euron Octavius Carrow, récemment nommé Directeur de l’établissement, fait le tour de son large bureau de chêne. Il enlève sa veste qu'il dépose avec soin sur le bord du sofa de velours vert capitonné qui orne la pièce puis il s’installe confortablement dans son fauteuil en croisant les jambes. Face à lui un elfe de maison se tord les doigts, se ronge les ongles, tire nerveusement sur ses hardes et tremble si fort qu’on entend les son de ses genoux s’entrechoquer.

Sans le moindre mot, le directeur caresse la couverture abîmée et rongée par l’usure d’un journal intime du bout des doigts avant de l’ouvrir. Le journal commence donc à se lire tout seul avec la voix de son auteur, comme par magie, tandis que l’accusé se met à transpirer sévèrement.


Très cher journal,

Comme Mus a été très très très très très très très sage, son maître adoré t’a offert à lui en guise de récompense.
C’est moi Mus au fait. Et Mus ça veut dire « souris ».
Je suis tellement tellement heureux. Je vais te raconter touuuut plein de choses et touuuus mes secrets. Et du coup, tous ceux de mon maître… Mais ça reste entre toi et moi d’accord ? Il ne faudra rien lui dire car il n’aimerait pas du tout que je parle de lui. Mais je suis bien forcé de lui rendre hommage ! Mus est tellement insignifiant et son maître est tellement tellement merveilleux.


Dire qu’un regard noir transperça l’elfe de maison serait bien loin de la réalité. Si les yeux bleus d’Euron avaient été dotés de lames, Mus serait sans doute déjà embroché contre le mur. Mus avait l’impression qu’il allait exploser en plein vol.
« Heuhhehehe… c’est sans doute un autre Mus… Mus n’a jamais JAMAIS écrit ça… Ah oui oui c’est sûr… C’est sûrement un autre Mus, d’une autre… famille… Carrow... »
Aucun son ne passa les lèvres du maître. Ce dernier pouvait-il réellement en vouloir à son domestique ? C’est lui-même, étant enfant, qui lui avait fait ce présent.


Maître Euron Octavius Carrow est né le 13 décembre 1981. C’était le jour le plus beau de ma misérable vie. Maître Abercius et maîtresse Arabelle étaient très très heureux, même si Maîtresse Arabelle avait l’air un peu remontée…
« Mus ! Va me chercher une serviette ! »
« Mus ! Donne-moi de l’eau ! »
« Mus ! J’ai mal ! »
« Mus ! Tu me dégoutes ! »
Ca a duré des heures… Il faut dire que Maître Euron était un grand bébé, c’est sans doute pour ça que maîtresse Arabelle criait autant. Mus avait les oreilles toutes cassées de l’entendre crier comme ça !

Avant sa venue, le temps à Ronne (c’est sur l’île de Bornholm au Danemark) me semblait long mais je fus chargé de m’occuper de ce cher petit garçon et alors la froideur de la mer Baltique me sembla plus douce. Il faut dire qu’on était partis d’Angleterre car maître Abercius tenait à ce que son fils fréquente l’école de Durmstrang et pas Poudlard et parce qu’il s’était disputé avec des gens et même avec son frère Abraham et aussi parce que son épouse était originaire d'ici mais c’est vraiment vraiment compliqué et puis j’ai surtout pas tout compris… alors nous voilà au Danemark sur un caillou glacial et venteux.

Maître Euron a donc été élevé dans la tradition Carrow, avec autorité. Son père passait de lonnngues heures à faire son éducation et il ne tolérait vraiment aucun écart, aucune résistance, aucune erreur. Il faut dire qu’il était très très exigeant. Mais le pire était les séances de Légilimencie pour Maître Euron qui était si secret. Il voulait absolument contrôler contrôler toute sa vie, il l'a même fiancé à une jeune fille sang-pur, comme lui. C'est vraiment affreux... je ne sais pas qui c'est mais Mus est sûr qu'elle doit être affreuse !
Mais Mus sera toujours là pour lui, Mus a toujours été là pour lui. Toujours ! Mon maître pouvait compter sur moi. Oui oui oui ! Quand il était puni je lui ramenais quelques petits gâteaux. Je crois que ça lui faisait plaisir, même s’il préférait rester seul. Il n’était pas proche de sa grande sœur Thémis non plus, il faut dire qu’elle était restée en Angleterre, elle.

Septembre 1992

Il est parti à l’école de magie de Durmstrang, dans le clan des Blizzards… Mon jeune maître a l’air vraiment très heureux. Mus trouve le temps long sans lui. Vraiment long.

Mai 1995

Maître Euron grandit. C’est un garçon incroyable, tellement beau, tellement intelligent, tellement fort... Comme son père, il n’aime pas les moldus… oulala il ne les aime pas, mais alors pas du tout. Il faut dire que c’est pas évident d’aimer des créatures aussi laides et stupides…

Il a d’excellents résultats à Durmstrang. Maître Albercius ne lui en laisse pas le choix mais son fils aime tellement sa nouvelle école qu’il ne revient presque jamais pendant les vacances. C'est peut-être parce qu'il adore les cours qui y sont prodigués... il faut dire qu'apprendre la Légilimencie et l'Occlumencie doit être passionnant.
Il commence à avoir des amis aussi… ils ne sont pas toujours gentils avec Mus.


« Je passais mes vacances à Durmstrang non pas parce que j’aimais y rester mais pour défier mon père. »
Mus cligne des yeux en fixant son maître avec une totale incompréhension.
« Igor Karkaroff était cruel et égoïste et mon père tenait à ce que je reçoive cette… éducation… Alors puisqu’il voulait me dresser je  voulais lui prouver que j’étais assez fort pour endurer et que je ne faisais pas que résister en attendant patiemment que les vacances me libèrent enfin. »
« Monsieur est incroyablement fort et tenace. Mus n’aurait jamais pu... »
« C’était complètement stupide de ma part.» 
Cet aveu laissa Mus coi.
« J’aimais ma maison et elle me manquait. Je me suis privé de bien des choses par amour propre. »
Les oreilles basses, l’elfe de maison regardait son maître avec émotion.

Bien qu’il ne soit pas du tout d’humeur, ces mots le plongèrent dans de lointains souvenirs. Cette époque où il arpentait les sombres mais superbes couloirs de l’école de magie la plus secrète au monde avait été stupéfiante.

Bien peu d’élus pouvaient se targuer d’y avoir mis les pieds et lui se souvenait parfaitement de ses fabuleux espaces, si grands qu’on ne pouvait en voir les limites que lorsque de rares rayons du soleil venaient affleurer ces plaines, se reflétant sur l’eau des nombreux lacs et frapper les crêtes des montagnes. Les arêtes tranchantes des tours du château projetaient des silhouettes menaçantes tout autour du domaine, comme pour prévenir les novices qu’ils entraient dans un royaume sans pitié où même les ombres pouvaient leur tendre des pièges.

Cette école de l’extrême nord de l’Europe, qui n’acceptait pas les nés-moldus, avait été choisie par son paternel pour sa « rigueur ». Là-bas, Euron avait été instruit sur la magie noire, traditionnelle dans sa famille, mais avait également été fortement poussé vers la magie martiale et le duel, à l’instar des autres élèves. Si de nombreux parents avaient enlevé leurs enfants de cette école suite aux mauvais traitements manifestes, Abercius avait toujours encouragé son ami Igor Karkaroff, alors Directeur, à persister sur cette voix qu’il trouvait somme toute justifiée et il avait enjoint le Mangemort a ne pas faire montre de la moindre prévenance envers son fils.

Le jeune Carrow n’avait jamais souhaité avoir un traitement de faveur, mais que son propre père requière une telle pédagogie fit naître en lui une rancœur jamais expurgée. Cette éducation le marqua profondément et instilla en lui une violence latente doublée d’insensibilité envers la souffrance d’autrui. Des émotions qu’il dût réprimer pour atteindre son but.

« Mais je ne le regrette pas vois-tu. J’ai toujours voulu être médicomage et malgré tous les efforts de mon père j’y suis parvenu. Je dirai même que Durmstrang m’a offert des expériences qu’il m’aurait été impossible d’avoir partout ailleurs. »

Euron incline alors sa tête en dévisageant son domestique d’un regard perçant. « Comme le seuil de tolérance à la douleur de différentes espèces, l’effet de certains poisons sur leur système nerveux, quels organes frapper en premier et le nombre de fois nécessaire pour une mort lente mais certaine... »
Mus triture le fichu qui lui sert de vêtement à l’évocation sinistre de ces méthodes cruelles puis ses lèvres tremblotent enfin, laissant de petits gémissements terrifiés s’échapper.
« Calme-toi voyons, je te taquine... » Le sourire que le sorcier affiche est sincère et vraiment dénué de perfidie.
« Quant à mes amis… tu aurais dû me dire qu’ils te faisaient du mal. Tu sais que je ne tolère pas qu’on touche à ce qui m’appartient. » Ajouta-t-il sur un ton bien plus sombre.

Janvier 1996

Des choses se passent en Angleterre et dans le monde magique. Un sorcier dont-je-n’ai-pas-le-droit-de-prononcer-le-nom fait parler de lui tous les jours. Maître Abercius lit beaucoup le journal, reçoit beaucoup de communications et il y a de plus en plus d’aller et venus à la maison.

Juin en 1996

Maître Euron a 14 ans.
« ...Les Carrow se doivent d’être unis et présents pour ce combat ! »
« ...Euron est assez grand pour prouver sa valeur.. »
« ...une attaque sur Millennium Bridge… Greyback dirigera... »
J’aimerais les y accompagner mais je dois rester à la maison avec les autres pour m’occuper de la maison.

Maîtres Euron et Abercius sont de retour ! Maître Abercius est très satisfait… Euron s’est illustré mais en quoi ? Une fois seuls, lorsque Mus lui a demandé, il a alors répondu qu’il avait éliminé des moldus. Puis il a levé la tête, comme s’il se souvenait d’un détail.
« Et il y avait une petite fille aussi. »
« Oh. Et elle est morte elle aussi ? »
« Non... je n’crois pas. »
« Ohhh... mon jeune maître est vraiment trop magnanime pour ces horribles chiens répugnants dégénérés mal fichus, moches et m...! »
« Je ne l'ai pas épargnée par bonté d'âme. Je l'ai laissée vivre par curiosité. Je veux savoir ce qu'elle va devenir... comment cette moldue va évoluer. Va-t-elle sombrer ? Être dévorée par la haine ?Ou bien peut-être qu'elle va simplement oublier... »
« C'est un jeu ? Mais c'est méchant... Non ? » Monsieur parut surpris par ma phrase.
« Non, ce n'est pas très gentil en effet... »J’ai cru que j’allais me faire houspiller mais au lieu de ça, il a caressé ma tête et m’a souri. Il est tellement bon. C’est le meilleur maître du monde.


« Je l’ai retrouvée... »
Mus sursauta en entendant le ton posé de la voix d’Euron.
« He… Qui ça, monsieur ? »
« La fille. »
Les larges yeux brillants de Mus s’ouvrirent en grand.
« Oh… ? Vous a-t-elle remercié de l’avoir épargnée ce jour là alors que vous aviez massacré ses parents ? »
Le livre se baissa, laissant apparaître sur son visage un fin sourire amusé.
« D’une certaine façon... »
La frimousse candide de l’elfe sembla ravie, sincèrement satisfaite qu’une autre personne démontre sa reconnaissance envers son maître adoré. Il n’avait bien sûr pas compris ce qu’Euron voulait dire par là alors Euron développa.
« En 2015 quand nous sommes revenus au pays j’ai décidé de la retrouver, juste par curiosité. J’y suis parvenu. Je me suis arrangé pour engager la conversation avec elle et contre toute attente, nous nous sommes finalement bien entendu. »
Mus écoutait, véritablement enchanté, mais tout-à-fait à côté de la plaque.
« Nous avons passé l’après-midi ensemble et puis la soirée, et finalement la nuit. »
La petite créature ne comprenant toujours pas, le Mangemort inspira profondément et se replongea dans sa lecture. Kesabel avait apprécié cette anecdote à sa juste valeur.


1997

Volde...pas-droit-de-le-dire réunit une armée dont ma famille fait partie pour combattre un sorcier appelé Harry Potter. C'est tellement tellement beau de se réconcilier comme ça pour une cause à laquelle on croit et aller se battre et risquer de mourir. J'ai versé ma petite larme lorsqu'ils sont partis en guerre. Mais j’ai peur, si peur, pour mon jeune maître Euron. Il est fort et combatif mais il n'a que 17 ans.

Maître Euron et son père sont revenus indemnes mais maîtresse Arabelle est décédée pendant le combat qui les opposait à l'Ordre du Phénix. Quel grand, quel immense malheur... Nombre de leurs amis sont également morts, en prison ou en fuite. Monsieur est parvenu à ramener le corps de ma maîtresse et nous l'avons enterrée derrière la maison. Mon jeune maître est bien sombre depuis et il n'en parle jamais. Je ne l'ai jamais trouvé proche de sa maman mais cela semble l'affecter tout de même.


Un ténu soupire se fit entendre. Carrow fut malgré lui transporté à ce jour où il mit sa mère en terre. Ses efforts pour venir à son secours le jour de la bataille à Poudlard furent vains et il n'avait que pu la regarder rendre son dernier souffle dans ses bras.
Durant son existence, elle avait été bien peu chaleureuse. Jamais elle n'avait eu de geste d'amour flagrant envers son fils mais parfois, dans un regard, une attitude, une attention, il y lisait tendresse et fierté.
Difficile d'être démonstratif dans un monde comme le sien où un signe d'amour est une faiblesse. Arabelle avait été douce à ses yeux d'enfant et si elle n'avait pas été une mère parfaite, elle avait été la sienne et c'est tout ce qui avait jamais compté. D’elle il tenait sa plus grande leçon sur l’amour : la distance.

La carapace qu'il s'était forgée s'empêcha de s’appesantir d'avantage, mais la lecture devint plus pénible que ce qu'il ne voudrait jamais admettre.

Octobre 1998

Maîtres Euron et Abercius parlent d'un bébé qui était né avant la grande bataille à Poudlard, et de Lestrange, d'une certaine Delphini et de Volde... est-ce que j'ai le droit de le dire maintenant qu'il est mort ?... Les Carrow d'Angleterre en ont la charge. Le vieux maître est furieux de ne pas être plus impliqué. Quel intérêt peut avoir un bébé ? C'est très très curieux.

Mon jeune maître a repris ses études pour devenir médicomage, bien loin des histoires de Mangemorts et de pas Mangemorts. Depuis la disparition de maîtresse Arabelle, le jeune maître Euron a changé, surtout face à son père. Il n'hésite plus à lui tenir tête et semble ne plus s'embarrasser de son avis, ce qui rend maître Abercius vraiment vraiment fou de rage. Car oui, il ne voulait pas qu'il devienne médicomage. Pourquoi ? Mus n'en sait rien mais à ses yeux c'était un métier méprisable. Parfois j'ai peur qu'il le déshérite, comme il l'a fait avec sa première enfant Laureen.


« Il ne pouvait pas faire une telle chose. J'étais son dernier héritier, sa dernière chance de vivre éternellement. Et s'il ne voulait pas que je devienne médicomage c'était simplement parce que j'avais envie de le devenir, il n'y avait strictement aucune autre raison. »

Euron avait compris finalement que c'était lui qui avait l'ascendant et depuis lors, plus rien n'avait été comme avant. C'est à pleines dents qu'il dévora cette nouvelle liberté.

Février 1999

Monsieur a une nouvelle amie. Elle est jolie mais je sais qu’elle ne le mérite pas. Il va falloir que je le débarrasse d'elle.

Euron ferma bruyamment le journal et pinça l'arête de son nez.

« J'apprécierai assez que tu cesses de t'immiscer dans ma vie sentimentale. Tu as persécuté Maja. »
« Mademoiselle Maja était vraiment vraiment vilaine. Elle fouillait dans les affaires de Monsieur ! »
« Nous en avons déjà parlé. C'est toi qui la rendait folle en volant ses affaires ou en déplaçant les choses pour qu'elle se blesse. »
« Mademoiselle Maja exagérait beaucoup... »
« Mademoiselle Maja est tombée dans escaliers par ta faute... » Mus gratte sa tête comme s'il ne se souvenait plus de ce malheureux épisode. « Une chance que je visais ma carrière et pas ma vie familiale... »
« Monsieur aurait souhaité fonder une famille avec mademoiselle Maja ? »
« Fonder une famille n'est pas une priorité, ni un objectif. »
« Mais les sang-purs ne doivent-ils pas faire des enfants pour perpétuer leur lignée ? Et puis vous étiez fiancé avec une autre jeune f... »
La mâchoire de Carrow se contracta.
« Merci pour ce laïus Abercius... »
Mus déglutit et secoua frénétiquement la tête « Non non non ce n'est pas... »
« Silence... » Souffle-t-il froidement avant de se replonger dans le livre.

Décembre 1999

J’ai trouvé une vieille chaussette de maître Euron derrière l’armoire. Elle a encore un peu de son odeur, je vais la garder dans mon lit (…) ah oui ! Maître Abercius est décédé. C'est vraiment bête. Il faut dire qu'il était très malade. Monsieur l'a enterré aux côtés de son épouse dans le jardin. C'était très étrange. Maître Euron l'a enterré mais personne n'est venu lui rendre hommage et aucun mot n'a été prononcé. Je me demande pourquoi il n'a jamais demandé à maître Euron de lui venir en aide et de le soigner...


« Tu te trompes. Il m'a demandé... il m'a même supplié de le soigner. C'était en mon pouvoir. J'ai tout simplement refusé. »
« M... mais pourquoi ? »
Euron pousse un soupire en levant un sourcil.
« Je n’éprouvais pour lui aucune obligation, je n’avais aucun désir de le voir vivre. Et puis, je n’avais encore jamais vu un cas de Dragoncelle aussi avancé. »
« Il n’était finalement pas tant dénué d’intérêt... » ajouta-t-il d’un air absent.

Juin 2003

Monsieur est enfin un médicomage ! Il va exercer au Danemark. Mais le plus beau c'est que Mus va emménager avec lui ! Et qu'il n'a plus de copine ! Mus est l'être le plus heureux du monde !!

Septembre 2009

Nous quittons Copenhague pour revenir en Angleterre et poser les valises de mon maître à Londres.
Monsieur a maintenant 27 ans et a décroché un travail à la toute nouvelle université Poudlard. Il ne sera plus seulement médicomage mais Professeur Médicomage. Il faut dire qu'il est tellement doué... Il s'occupe toujours si bien de ses patients ! Je suis sûr que certains font exprès de tomber malade ou de se blesser pour que mon maître s'occupe d'eux. En tous les cas, tous ses patients se sont toujours remis de leurs blessures. Sauf celui qui avait été coupé en deux la dernière fois pendant un accident de train... brrr celui-là il avait pas tenu longtemps.
Je sais que maître adorait le Danemark mais depuis que nous sommes arrivés il a revu plein d'anciens amis à lui et même des Carrow : Meredith, Cyrus et les enfants...

L'autre fois le petit Hélios a voulu jouer au chevalier avec Mus mais Mus n'avait pas compris qu'il devrait jouer le cheval ! Aie aie aie mes oreilles... Mus ne veut plus jouer avec lui, non non non. Heureusement, l'adorable petite maîtresse Thalia m'a caché sous son lit pour qu'il me laisse tranquille. Sa petite sœur Hestia m'a mis des perruques sur la tête et l’une de ses robes, mais ça n'a pas marché, j'ai été découvert.…

Son arrivée au Royaume Uni avait permis de renouer avec sa famille, pour le meilleur et pour le pire… Mais au final ils avaient trouvé un terrain d’entente.
Dès l’ouverture de l’université magique, Euron avait décroché un poste de professeur et animait des cours de médecine magique générale ainsi que la spécialité "Virus et microbes magiques". Il ignorait s’il possédait ou non un quelconque talent pour la pédagogie avant cela mais il apprécia énormément ce passage de sa vie. Former des élèves était gratifiant, d’autant plus qu’il leur avait insufflé, subrepticement, ses valeurs et ses convictions.

C’est là qu’il rencontra Alexis Fawley pour la première fois car il fut l’un de ses professeurs tout le long de sa scolarité. Bien qu’elle soit discrète, cette jeune sorcière n’avait rien de banal et il le décela dès le premier instant. Ses questions étaient toujours étonnement pertinentes, d'une précision chirurgicale et elle assimilait ses cours avec une facilité déconcertante. Il ne fut guère étonné qu’elle ressorte Major de sa promotion.
Le lien qu’elle avait avec Kesabel, un Mangemort avec lequel il partageait une certaine amitié, avait contribué à éveiller sa curiosité à son égard. Du fait, il fut très attentif à son évolution professionnelle, même lorsque la jeune femme quitta l’université pour entrer à Ste Mangouste.

Avril 2015

Les rencontres avec Meredith et les autres Carrow ne se passent pas toujours très bien. Mus s'éclipse lorsque l'ambiance devient trop glaciale. Mais un Augurey les forcent à s'allier quand-même. C'est quoi un Augurey ? Est-ce que ça se soigne ? Si oui, mon maître trouvera certainement le remède !

2018

La marque sur le bras de mon maître a changé. Elle a pris la forme d'un grand oiseau inquiétant.
Hier soir des gens sont venus à la maison et mon maître s'est paré d'un masque effrayant et d'une grande mante noire, comme il l'avait fait lorsqu'il s'était battu pour le seigneur Voldemort. Même s'il n'est pas toujours d'accord avec ses pairs, maître Euron reste toujours fidèle. Les siens peuvent compter sur lui et sur sa maîtrise exceptionnelle de la Légilimencie !


Le soir de ce recrutement forcé avait été violent. Une part d’Euron avait rejeté cette idée, pensant cette action contre-productive, et pourtant, l’autre part de lui-même, plus féroce et enfouie, l’avait tant appréciée…
Mais la fidélité est un trait principal de sa personnalité. Fidèle à lui-même, fidèle à sa parole, fidèle à ses amis. Reprendre le masque de Mangemort avait été une évidence, même si cette cause lui avait déjà coûté la vie de sa mère. Il lui incombe d’assister Delphini dans sa quête, même si elle reste une enfant qui n’a pas encore prouvé qu’elle était capable de diriger, à l’instar de son paternel. Malgré tout, quelque chose d’indescriptible en elle transparaît. Son ascendance n’y est certainement pas pour rien. Elle devra parcourir un certain chemin avant qu’il ne lui confie véritablement son destin, dût-t-elle être la fille de Voldemort.

2019-2020

Mus n'est pas très intelligent mais comment on va faire sans secret magique ? De méchants moldus prénommés « Blood Circle » nous attaquent et des sorciers meurent. Tout le monde est très agité. Les Mangemorts s'organisent.
Les moldus ont même attaqué l'université où travaille Monsieur. C’est terrible, terrible TERRIBLE ! Nous n’avons même plus de droit d’aller au Danemark, ni plus nulle part… Mon maître va désormais enseigner directement à Poudlard, seul lieu d’enseignement encore protégé.

Le Blood Circle… leurs attaques avaient été efficaces, il devait bien l’admettre.
« Cela devait bien arriver un jour. Cette confrontation couve depuis très longtemps. L’abcès est enfin percé. » Murmure-t-il pour lui-même.
Bien qu’il soit médicomage, il a toujours subsisté en lui un instinct guerrier, encouragé par son éducation. L’affrontement ne l’effraie pas, loin de là. En cela, Abercius et Karkaroff ont été forts utiles.
Ces temps de troubles furent propices à l’avènement officiel de l’Augurey. Les Mangemorts avaient nourri de forts clivages, mais le contexte faisait que les membres de cette colonne séditieuse devenait soudain de puissants protecteurs, une réponse adéquate à la menace qui pesait maintenant sur le peuple magique.

Et les sorciers avaient bien raison de leur faire confiance. Les Mangemorts avaient même fini par s’allier à l’Ordre du Phénix pour reprendre l’université et mettre un terme à leurs recherches sur eux. Euron avait été fasciné d’en apprendre davantage sur leurs expériences scientifiques et son intérêt pour ces recherches douteuses ne cessa plus de grandir.

Naturellement, il devait exister un organisme officiel pour entériner l’alliance des Mangemorts et de l’Ordre du Phénix, et le Conseil d’Administration fut alors créé. C’était une très bonne nouvelle car les aspirations d’Euron pourraient sans doute arriver à leur terme : développer les expériences médicomagiques non conventionnelles, et particulièrement celles qui concernent les moldus.

Mus ignorait tant de choses et c’était mieux ainsi. Euron avait participé à l’élaboration d’un protocole de soins particulier pour les jeunes sorciers ayant été extirpés des laboratoires du Blood Circle. Depuis lors, le médicomage épluche avec un soin tout particulier chaque rapport pour se familiariser avec les termes médicaux des non-magiques et étudie les cas des enfants dès qu’il en a l’occasion. Les moldus Souhaitaient-ils réellement repousser les limites de l’horreur ? Ils n’étaient vraiment pas prêts pour ce qu’Euron Carrow était prêt à leur réserver.

En parallèle de son poste d’enseignant à l’université, Euron prête également main forte au service de soins aux victimes d’attaques moldues nouvellement créé, son appétence pour ce sujet ne faiblissant pas.

Août-Décembre 2020

Mon très cher maître a soigné son ami loup-garou suite à un affrontement avec les méchants moldus dans une forêt. Qui ignore le danger du loup-garou un soir de pleine lune ? Dans une forêt ?! Non mais vraiment, qu’ils sont bêtes…
Ah oui… Harry Potter a disparu ! Ce sale petit sorcier minable n’embêtera plus jamais mon maître.


« Harry Potter n’a rien de minable. Nous n’avions pas le même point de vue mais personne ne peut nier que c’était un grand sorcier. » Dit-il sans lui jeter un regard.
« Hehe… évidement maître, évidemment... » dit-il avec un petit rire gêné.

Cette mort ne l’avait pas vraiment endeuillé, elle avait seulement confirmé ce qu’il savait déjà : les moldus ont pris beaucoup trop leurs aises face au monde magique. Ils s’étaient attaqués à une légende vivante, un symbole et l’avait purement et simplement exécuté. Cette marque de faiblesse du monde sorcier était intolérable et ne devrait plus jamais se reproduire. Tout devait être mis en œuvre pour les arrêter, qu’importe le prix.
Ayant eu vent de quelques rumeurs de la récente mauvaise gestion administrative de l’Hôpital de Ste Mangouste, Euron profita des difficultés actuelles du présent Directeur pour soumettre sa candidature et son projet au Conseil d’administration. Il fallait que la magie médicale s’implique davantage dans cette guerre, avec de nouveaux moyens et de nouvelles techniques et son projet fit écho.

2021

Mon maître est devenu Directeur de Ste Mangouste ! C’est une juste rétribution de ses efforts et de son travail acharné. Je suis tellement fier de lui… je crois qu’il ne saura jamais à quel point Mus l’aime.


La lecture était enfin terminée.

L'index d'Euron tapotait sur son bureau, comme le son ininterrompu et rythmé de gouttes sur un plancher. Un son qui déchirait le silence étouffant qui régnait dans la pièce. Lorsque Mus croisa le regard de son maître, il sut alors qu'il avait commis une très grave erreur. Pourquoi ? Il n’en avait pas conscience, mais il pinça ses lèvres pour s'empêcher de fondre en larmes, de ramper à ses pieds en criant, priant de le pardonner. Il savait que c'était inutile, que son maître ne serait pas apitoyé, bien au contraire.
Sa baguette en main, le Directeur ne lâchait pas des yeux le petit être tremblant qui lui faisait face. D'un ton sombre il demanda alors, très distinctement, comme pour être sûr d'être bien compris « Es-tu certain que personne n'a pu lire ceci ? » Chaque syllabe était comme un coup porté dans la poitrine de Mus. C'était trop, beaucoup beaucoup trop de pression pour un pauvre hère comme lui. Tout se mélangeait dans sa tête douloureuse. Il n'arrivait plus à réfléchir. Pris de démence, ses doigts crochus se mirent à griffer son  visage, sa bouche et son crâne, comme pour extirper de force la réponse de sa tête. Combler son maître, le protéger, c'était ça son unique souhait, son ultime dessein.
« Legilimens ! » Sa voix puissante résonna comme un coup de tonnerre, puis la torture pris fin. Les images défilèrent dans sa tête et dans celle de son maître. Il n'avait plus besoin de chercher ses mots, de rassembler ses idées, tout était là.

Lorsque tout s'arrêta il sanglotait misérablement par terre, soulagé du poids de la réponse qu'il n'avait pas pu donner mais meurtris par les blessures qu'il s'était lui-même infligé.

Le Directeur se tenait au-dessus de son bureau en chêne massif, là où gisait le livre ouvert encore bariolé de l’écriture brouillonne de l’elfe de maison puis d’un mouvement leste du bras, une étincelle à l’aveuglante blancheur sortit de la baguette magique et foudroya l’ouvrage de plein fouet, le réduisant totalement à néant.

Mus baissa la tête, des larmes coulant de ses immenses yeux ronds. C’était là que sa misérable petit vie allait finir, il le savait. Il  entretenait avec son maître un lien très particulier et étrangement fort depuis qu’il était venu au monde. C'était certes peu conventionnel, mais cela ne pouvait pas suffire à pardonner ce qui ne pouvait l'être. Mais il n’était pas fâché, tout cela était de sa faute. Si sa disparition était bénéfique pour Monsieur, alors il était satisfait de son sort. Il prit une profonde inspiration et attendit.

« Flectere. » Une bande blanche de tissu sortie de la baguette magique et entoura avec douceur la triste tête du domestique, pansant ses plaies. L’incrédulité se lisait dans ses yeux globuleux tandis que ses doigts noueux touchaient le bandage qui cerclait sa tête. Il observa sans un mot le médicomage. Celui-ci remettait sa veste, l’ajustant à ses larges épaules, épousseta d’un mouvement vif sa chemise blanche et se dirigea vers la porte de son bureau qu’il ouvrit.

« Peut-être souhaites-tu dormir ici ? » Dit-il, un sourcil levé, non sans agacement.
Le visage garrotté de Mus s’illumine, exhalant une joie comme on vit rarement tandis qu’il accourt vers Euron Carrow, son cher, son infiniment cher maître.