Elle dormait mal la nuit la gamine. Souvent elle se réveillait, mais rarement elle rejoignait ses parents. Elle était plus le genre d’enfant qui se réveillait, jouait tranquille avec ses jouets et retournait se coucher. Vraiment un enfant facile quand on y pense. Mais ce soir-là, elle s’était réveillée plus tôt. Assez tôt pour que ses parents ne soient pas couchés encore et qu’elle entende des murmures lointains. Donc elle attrapa Mr. Merlin, sa peluche d’ourson qui chantait ses comptines préférées quand elle le demandait, et se dirigea vers les escaliers. Elle voyait la lumière du salon encore allumée et du bout de ses petits pieds, elle entreprit de descendre les escaliers jusqu’à ce qu’elle entende les voix de ses parents.

‘’Mon chéri, tu ne penses pas que tu vas-‘’
‘’Je ne veux pas en parler, c’était avant, c’était une autre vie, ça n’a plus d’importance maintenant, j’ai toi et…et Viktoria.’’
‘’Je sais, mais tu ne peux pas ne plus y penser, voyons… ça reste ton-‘’

Viktoria sursauta comme pas possible dans les escaliers quand ce fichu Mr. Merlin se décida à lancer une chanson classique pour tenter d’endormir la gamine. Parce qu’il sentait peut-être son petit cœur battre trop fort et la magie dans le jouet s’était activée pour la consoler. Malheureusement, cela fit que ses parents l’entendirent et vinrent dans les escaliers. Elle ne comprenait pas la discussion de ses parents. Pas à cet âge tendre, mais ce moment resta gravé dans sa mémoire et ce ne fut que plus tard que tout cela prit du sens.

***

‘’28… 29… 30! Prêt, pas prêt, j’arrive!’’

Elle entendait le compte au loin, étouffé par la cachette qu’elle avait prise dans le grand rideau qui encadrait une énorme fenêtre au troisième étage. Ils avaient des règles précises quand on jouait à cache-cache dans cet endroit! Après tout, c’était immense. Pas le droit d’aller dans les chambres ce qui était logique. Pas le droit d’aller plus haut que le troisième étage, parce que sinon elle allait le tuer son pauvre grand-père à la chercher comme ça. Le problème c’est que son grand-père connaissait l’endroit comme le fond de sa poche. C’était son premier hôtel qu’il gérait depuis des dizaines d’années déjà. Elle eut à peine le temps de se dire que cette fois ça serait moins rapide que ce dernier la trouva.

Elle l’aimait beaucoup son grand-père, il était gentil et avait toujours une poignée de dragées surprises sur lui! Après avoir bien subit sa défaite, son grand-père la prit par la main en lui faisant faire le tour de l’hôtel pour la énième fois.

‘’Tu vois, Vicky, un jour, ça sera toi qui s’occupera de cet hôtel! Tu vas le connaître aussi bien que moi.’’
‘’Mais non grand-père, je vais être joueuse de Quiddicth!’’
‘’Ah, mais tu pourras après ta carrière de Quidditch…’’
‘’Mais c’est pas ennuyeux un peu?’’

Un rire traversa les lèvres de son grand-père à ses mots, il savait que sa petite fille ne disait pas cela méchamment, ça lui ressemblait bien de dire un truc du genre! Elle avait du cran la gamine.

‘’Hm… tu ne diras plus ça quand tu essaieras!’’

***

‘’HEY, ÇA SUFFIT, LÂCHEZ-VOUS!’’

Le terme exact aurait pu être ‘’lâche-le’’, mais les mots étaient sortis de la bouche de l’enseignante arbitre plus rapidement alors qu’elle accourait vers Viktoria et un joueur de l’équipe de Serdaigle. Viktoria avait le sens de la bagarre. Autant garçon que fille. Le plus idiot quand elle s’en prenait à un garçon c’est qu’il en avait qui se laissait faire par prétexte qu’on ne frappait pas une fille. Ce qui avait le don d’encore plus la mettre en rogne d’ailleurs!

‘’T’es folle! Va t’faire soigner’’
‘’Tu te prends pour qui hein?! Le roi des cons!’’
‘’Miss Xanielov! J’enlève 50 points à Serpentard et vous aurez un mois de retenue!’’
‘’QUOI?! Et lui il va avoir-‘’
‘’Rien du tout! Vous avez réagi beaucoup trop violement pour une petite provocation! En plus avec votre batte!’’
‘’Mais il n’avait qu’à pas…’’
‘’MISS XANIELOV! Ce n’est pas la première fois que cela vous arrive! Si vous continuez, vous allez être suspendue pour l’année au complet!’’

Ouais… parce que la bagarre, elle était bien prompte à la chercher Viktoria. Cette fois-ci, elle se retint alors. Elle ne rouspéta pas plus. Parce que ce qu’elle aimait plus que taper sur les crétins, c’était le Quidditch. Elle lança un regard de glace à ce pauvre type qui avait la gueule plus grande que son courage et elle pivota pour quitter le terrain, se permettant quelques jurons hongrois.

***

‘’Xanielov, t’es pire qu’un cognard! Sauf que tu te limites pas au terrain pour taper sur la gueule des autres.’’
‘’Non, ici c’est pas question, tu as déjà mis en arrêt de jeu deux de mes gars dans les années précédentes.’’
‘’ Ahahaha!!! C’est la meilleure, tu veux venir dans notre équipe? Non, désolée. Tu es peut-être dans les meilleures, mais tu es une joueuse à problème. Tu dois presque avoir un record de suspensions pour tes attaques aux autres joueurs.’’
‘’Je… Oh… Miss Xanielov, non…désolé. Ne soyez pas en colère… mais il est mieux… non, notre équipe est bien complète.’’

Ces gens étaient tous les pires idiots de l’humanité. Sa carrière de joueuse de Quidditch était vraiment en train de tomber. Et de haut en plus. Ils avaient tous une excuse pour ne pas vouloir l’avoir dans l’équipe. Elle avait trop mauvaise réputation, mais ils se prenaient tous pour qui franchement ?! Elle était douée malgré tout. Mais c’était un gros ''malgré tout'' malheureusement. Une fois que tout serait calme, la situation étant en train de changer drastiquement dans le monde magique, elle trouverait peut-être une équipe qui voudra bien d’elle…

***

C’était la première fois qu’elle rentrait au Chaudron Baveur en ayant que le silence comme accueil. Elle entendait l’écho de ses pas sur le sol de bois. Son regard parcourait l’endroit d’une façon bien différente maintenant. Elle avait connu cet endroit dans son adolescence, jamais elle n’aurait pensé un jour que l’endroit serait à sa famille, mais plus précisément à elle. Elle prit une bonne inspiration en allant s’asseoir en premier au bar. Comme elle l’avait fait dans sa vie de jeune adulte. Elle avait connu l’amour ici, l’ivresse, la tristesse et naturellement, la bagarre. Ce lieu était rempli de souvenirs et pas seulement des siens.

C’est pour cela, qu’en parcourant le bar marbrés par l’histoire et le temps, les meubles qui avaient vus plus d’une génération et même l’odeur, qu’elle décida de ne rien changer à l’ambiance. Non, cet endroit était magique et ce n’était pas seulement à cause qu’il accueillait des sorciers.

Mais pour commencer, elle avait du boulot. Donc aussi bien arrêter de rester assise là, à méditer sur la vie et tout de suite s’attaquer à tout ça. L’avenir était devant elle et il fallait simplement qu’elle ne le frappe pas trop fort!